Il n’y avait que quelques mètres qui me séparaient de Carrie et Juliet qui étaient de l’autre côté de l’arrière pont… Je ne savais pas de quoi elles parlaient… Peut-être que Carrie l’avait simplement croisée et que, tout comme moi plus tôt, elle voulait en savoir plus sur la biographie de Don. Comme je n’avais pas vu de trace de Carrie quand j’étais sorti de la cabine tout à l’heure, je pouvais me dire que c’était simplement ça.

Quoi qu’il en soit, il fallait que je sache et, surtout, revoir Juliet une deuxième fois dans la soirée dans un contexte tout autre pouvait être grisant.  

-Victor ! C’est ma foutue veste !

Je m’arrêtai d’un coup de marcher vers les deux femmes quand j’entendis la voix bien reconnaissable de Ben Masters… Il était là lui ? Putain, il semblerait que ouais ! Et, visiblement, c’est sa veste que j’avais volé un peu plus tôt. Sur tous les invités, il fallait que ça soit sa veste à lui ? Je n’avais pas vraiment de chance sur ce coup-là.

-Ah oui ? Excuse-moi mais j’ai exactement la même.

Il fronça les sourcils une fois à ma hauteur. Il me regarda de haut en bas avant d’hocher négativement de la tête.

-Non ! C’est la mienne ! Rends-la moi !

Ben Masters peut-être un gamin quand il le voulait… Je jetai un œil vers Carrie et Juliet. Aucune envie de traiter quarante-cinq ans avec Masters. Je me tournai entièrement vers lui.

-Non. Je ne te la rendrais pas. Prends ça comme un payement pour l’argent que tu me dois encore pour mes honoraires.

Masters entrouvrit la bouche, choqué.

-Mais j’ai tout payé !

J’hochai de la tête approuvant Masters.

-Oui. Tout. Mais pas dans les temps. Relis le contrat. Je garde la veste. Et si tu insistes, je serais obligé de faire valoir la clause pour obtenir mon argent.

Il grommela mais ne renchéri pas et je m’éloignais de lui pour arriver près des deux femmes. Je vins passer mon bras autour de la taille de Carrie l’embrassant brièvement dans le cou.

-Je t’ai cherché partout, Carrie.

Non en fait mais passons. Elle sourit.

-J’étais en train de parler à la charmante Juliet. N’est-ce pas Mademoiselle Jones ?

Difficile de savoir ce qu’étais en train de penser Carrie en cet instant mais c’était le jeu. Je souris à Juliet.

-Bonsoir Mademoiselle Jones. Alors ? Qu’est-ce ma femme était en train de vous dire ?

Oui que je sache avant de me prendre les pieds dans le plat comme je l’avais fait plus tôt avec Reed…

Mon cœur s’était figé dans ma poitrine quand, en sortant de la cabine dans laquelle je venais d’avoir une relation sexuelle avec son mari, je me retrouvais nez à nez avec Carrie Hughes. J’aurais aimé avoir le temps que s’évapore de ma peau, la sueur de son homme avant d’entamer une discussion avec celle qui était bien malgré elle plus d’une fois trompée. Elle se disait ravie de faire ma connaissance alors que pour une première fois de ma vie, je ne trouvais pas les mots pour lui répondre, un comble pour une écrivaine !

- Je… Oui, moi également !

Je lui tendis la main avec laquelle j’avais caresser le sexe de son mari pour serrer la sienne qu’elle avait brandit la première. Comme situation malaisante, on ne pouvait faire pire ! Ou mieux ? Ceci dit, je fus heureuse que Carrie ne se penche pas sur moi pour me faire la bise, dans les circonstances, j’aurais été capable de me reculer et me connaissant, j’aurais probablement fuis à grandes enjambées.

Pour écourter le supplice, j’allais m’excuser poliment, prétextant un mal de mer mais Victor se pointa, comme si la situation n’était pas assez délicate et inconfortable comme cela. J’assistais à un geste qui pouvait paraitre d’une extrême douceur entre un homme et son épouse mais qui, de mon point de vue, était hypocrite à souhait. Victor voulait sauver les apparences, je n’allais certainement pas le blâmer, au contraire !

Ensuite Victor me salua, comme si nous nous rencontrions pour la première fois de la soirée. Je jouais donc le jeu, affichant un sourire courtois mais je ne lui tendis pas la main à l’instar de sa femme, préférant éviter tout contact avec mon amant d’un soir.

- Bonsoir Monsieur Hunter.

La question de Victor était pleine de sous-entendu que seuls lui et moi pouvions décoder. Évidement, il devait s’inquiéter de la teneur de la conversation qu’avions Carrie et moi avant son intervention. Il sera soulagé d’apprendre que nous en étions encore qu’aux politesses les plus élémentaires et que par conséquent, il n’y avait aucun dommage à colmater.

- Votre charmante épouse et moi faisions connaissance.

Carrie était tout sourire, rayonnante et belle comme une fleur. C’était à se demander pourquoi Victor avait tant de facilité à la tromper. L’envie de creuser le sujet m’effleura l’esprit mais je me ravisais puisque ce n’était pas sur eux que j’avais le mandat d’écrire, mais sur Don Hughes et que le couple ne faisait office que de figurants dans l’histoire.

- Quelle magnifique soirée, n’est-ce pas ? Je ne pouvais demander mieux pour mon retour à Los Angeles qu’une fête donné par Daniele Ricci et me remettre à jour sur les figures de proue de la jet-set d’ici. Londres n’est pas autant trépidante.

Même écrire un centième bouquin sur la vie de la famille Royale ne serait pas comparable à ce qui se passait ici.

- J’ai cru apercevoir votre frère sur la plage. On peut dire que MTI est bien représentée à la fête d’un manager de BSC. Espionnage industriel ou simple camaraderie

Ma question n’était en rien sérieuse et mon ton dénotais bien du sens de mes intentions. Je fis signe à un serveur de s’approcher, si cette conversation se poursuivait, j’allais avoir besoin de support alcoolisé !

C’était une situation assez cocasse de se retrouver, la même soirée, avec mon amante d’un soir et ma femme… Je parlais d’adrénaline, plus tôt, avec Reed et je devais avouer que j’étais exactement au moment où j’allais, probablement, en ressentir le plus. Parce que je ne savais pas ce que Carrie avait potentiellement vu ou entendu ou même ce que les deux femmes s’étaient déjà échangées avant que je ne remarque qu’elles discutaient ensemble.

Alors, je décidais de m’immiscer dans leur conversation après avoir été momentanément importuné par Ben Masters. J’allais faire comme si je rencontrais Juliet pour la première fois alors que, très sincèrement, j’avais encore l’odeur de son parfum sur moi. Mais cette odeur était diluée par celle de l’alcool et de la cigarette alors j’étais pratiquement sûr que Carrie n’y verra que du feu.

Je vins me coller, en quelque sorte, à celle qui était ma femme pour saluer la jolie Juliet. Elle me rendit la politesse alors que je ne pouvais m’empêcher de sourire avant d’essayer de savoir ce que les deux femmes s’étaient déjà échangées mais, d’après Juliet, elles étaient encore à la phrase « faire connaissance ». Parfait ! J’esquissai un petit sourire.

-Je vois. On a beaucoup entendu parlé de vous.

A travers Don, bien sûr. Carrie, elle, souriait alors que je savais qu’elle n’en pensait pas moins. Bien qu’elle n’en voulait pas nécessairement à Juliet d’avoir accepté une telle proposition de la part de Don. A vrai dire, elle en voulait surtout à son père et à Harris.

Juliet continua alors la conversation en parlant de sa présence ici. Je voyais que Carrie était intéressé par ce que disait Juliet. Mais c’est moi qui repris la parole. Que voulez-vous ? Je ne peux pas m’empêcher de parler il parait.

-Pour être magnifique, elle l’est ! J’avoue que j’ai déjà eu l’occasion de bien m’amuser alors que la soirée est loin d’être terminée.

Ok. Il y avait pas mal de sous-entendu que seul Juliet pouvait comprendre. Mais c’était plus fort que moi. J’en esquissai même un petit sourire malicieux pour la cause.

C’est Carrie qui reprit alors, la parole.

-Londres est une ville avec bien des qualités… Mais c’est vrai que si vous voulez vous remettre à jour sur la jet-set, vous êtes au bon endroit.

Ce fut de Julian que Juliet parla. Je rigolai un peu quand elle parla d’espionnage industriel. On pouvait entendre que Juliet faisait de l’humour et Carrie le prit ainsi en rigolant à son tour. Je savais que bien des questions brulaient les lèvres de ma femme concernant la biographie de Don Hughes mais elle semblait vouloir passer par toutes les politesses possibles avant.

-Mon frère accompagne sa femme qui n’est autre que la fille du patron de BSC, Jimmy Reed, et la protégée de Daniele. Julian n’est, en général, pas très friand de ce genre de fête. Il préfère s’enfermer dans son garage pour travailler sur ses voitures. Quant à nous…

Elle se tourna légèrement vers moi en faisant une petite moue avant de sourire en regardant, à nouveau, Juliet.

-Victor adore ce genre de fête… D’habitude, je ne viens pas mais aujourd’hui, j’avais envie de voir certaines têtes que je n’avais plus vu depuis longtemps.

Sniper… Elle parlait de Sniper. Pourtant, ça ne faisait pas si longtemps qu’elle ne l’avait plus vu… Je savais qu’elle l’adorait. Moi, je le trouvais parfois limité, le Sniper. Il peut parfois être bien naïf et trop gentil.

Ça le perdra.

-Personnellement, je ne rate jamais une fête chez Ricci. Et ça depuis mes 16 ans. Enfin, sauf quand j’étais à New York mais, là-bas, on peut trouver de très bonnes fêtes aussi.

J’allais enchainer et parler encore mais Carrie, cette fois, fut plus rapide. Elle avait appris, avec le temps, que pour en placer une, il fallait aller vite.

-Dites-moi, Mademoiselle Jones… Avez-vous pu rencontrer Eleanor Harris ? J’ai appris qu’il s’avère que cette femme est ma demi-sœur. J’aimerais en savoir plus sur elle.

Voilà, nous y étions…

Comme situation malaisante, on ne pouvait faire difficilement mieux ! Je me retrouvais face à face avec la femme de mon amant d’un soir, quelques minutes à peine après qu’il m’avait quitté en toute subtilité. Je devais avoir la lettre écarlate fraîchement étampée dans le front pour que le hasard ait si bien joué ses cartes, je ne voyais pas autre chose. Et comme si la cerise sur ce gâteau n’était pas assez sucrée, Victor se joignit au duo improbable pour former un trio de bien mauvais goût.

Lui comme moi devions garder la face pour ne pas éveiller les soupçons de sa femme quoi que selon Don Hughes, Carrie était la seule qui ignorait encore que son mari aimait explorer d’autres vallées que la sienne. L’ignorait-elle vraiment ou se contentait-elle de garder la tête haute ? La question pouvait se poser mais la réponse n’en serait pas pour autant facilement trouvée.

- En bien, je l’espère !

Victor jouait les mêmes cartes que moi et devais lui aussi espérer que sa femme n’avait pas de joker dans sa manche. Je soulignais que la fête était magnifique et que pour mon retour à Los Angeles, je pouvais difficilement demander mieux ce à quoi Victor rétorqua que la fête était réellement magnifique et qu’il avait déjà eu l’occasion de s’amuser.

- Alors souhaitons que votre plaisir persiste tout au long de la soirée et que les occasions de vous amuser à nouveau serons nombreuses.

Dis comme cela on aurait pu croire que je lui lançais une invitation à la récidive. Peut-être était-ce que j’en avais envie, encore. Seul l’avenir nous le dirait. Quant à Carrie, elle n’avait que retenue, il semblait, que Londres n’était pas la ville qui fêtait le plus fort dans le monde. En tous les cas, en comparaisons avec Los Angeles, elle faisait pâle figure.

Malgré l’inconfort de la situation et mon désir d’y mettre fin rapidement, je ne pu m’empêcher de souligner la forte représentation de la famille Hughes ici ce soir. Je me permis même de blaguer en parlant d’espionnage industriel mais Carrie, qui avait bien saisi mon humour, répondit tout simplement que Julian était ici pour accompagner sa femme et qu’elle accompagnait elle même son époux.

- Donc, les héritiers Hughes ne sont pas de grands amateurs de fêtes tape à l’œil mais sont de bon conjoints dévoués, si je déduis correctement.

C’était en gros ce que comprenais de l’explication de Carrie. Les Hughes semblaient tous préférer rester plus à l’écart dans l’ombre alors que leurs douces moitiés elles prenaient toutes la lumière possible. Intéressant.

Victor expliqua qu’il ne ratait jamais une occasion de prendre part à ce genre de fête et ce, depuis l’âge de seize ans. Il me fit sourire en parlant de New York, une ville que j’affectionnais particulièrement et que je ne visitais pas assez souvent à mon goût.

- Personnellement, je pense que New York surclasse facilement Los Angeles mais ceci est mon opinion personnelle. Le mythe autour de cette ville la rend fascinante. C’est d’ailleurs pour cela que plusieurs de mes histoires s’y déroulent.

Je songeais même à y déménager dans un avenir rapprocher.

Carrie me ramena rapidement sur le pont, avec eux en me questionnant sur Eleanor Harris. La biographie de Don Hughes dérangeais pas mal plus que je ne l’aurais imaginé et en toute honnêteté, j’adorais ça.

- Je ne compte pas vraiment lui donner voix, dans mes écrit puisque la biographie sera écrite à partir des souvenirs de votre père et comme il n’a pas de liens avec Eleanor Harris, il m’est inutile de la contacter. Tout ce que je sais d’elle est probablement identique à ce que vous savez, qu’elle est issue d’une aventure extraconjugale, qu’elle est une bénévole dévouée et appréciée à St-John’s et qu’elle performe avec brio en ce moment à Broadway. Je suis désolée de ne pouvoir vous informer davantage.

Avoir eu plus d’informations sur la demi-sœur de Carrie, je les aurais gardés pour moi !

- Je dois admettre cependant que j’ai bien eu envie d’aller voir le music-hall et tant qu’à y être, faire un peu de shopping sur la cinquième avenue.

J’esquissai un petit sourire en coin quand Juliet déclara qu’elle espérait que mon plaisir aller persister tout le long de la fête. Serait-ce une invitation, Mademoiselle Jones ? Au fond de moi, je devais avouer l’espérer un peu.

-Je le souhaite aussi !

Carrie ne s’était pas attardé sur le sujet préférant parler de Londres avant que Juliet ne parle des Hughes présent à une fête organisée par une des représentants les plus connu de BSC. Une incohérence dans la matrice… Mais Carrie s’empressa de rationaliser la présence de son frère ainsi que la sienne. Livia était là parce qu’elle avait tout la légitimité de l’être et moi… Bah, j’aimais la fête. Bien que je n’avais en rien obligé Carrie à venir, hein ! J’aurais même préféré qu’elle reste à la maison à boire un verre de vin blanc devant un film à l’eau de rose comme elle à l’habitude de le faire…

Juliet en vint à une conclusion qui me fit un peu rigoler. Carrie, elle, souriait aussi et hocha de la tête.

-Oui. C’est exactement ça, Mademoiselle Jones.

Des conjoints dévoués et aveugles. Pour la cause j’en rajoutai une couche :

-Très dévoués. Même si Carrie sait faire la fête quand elle le veut. Ce qui n’est pas le cas de Julian qui a toujours l’air coincé du cul.

Carrie me donna un léger coup de coude en faisant une moue mi-outrée et mi-amusée. Voyons Carrie ! Il faut voir les choses en face ! Julian Hughes ne sait s’amuser qu’en rafistolant des bagnoles !

J’avais enchainer en disant que je ratais rarement ce genre de fête depuis mes 16 ans bien que j’avais dû faire une « pause » pendant mon temps passé à New York. Juliet déclara préférer New York à L.A. mais pour tout autre chose que les fêtes.

-J’imagine que pour une écrivaine ça doit être plus inspirant. Difficile de trouver l’inspiration pour l’horreur sous le soleil de L.A.. Bien que… Avec de l’imagination…

Carrie semblait en avoir marre de platitudes et engagea la conversation vers, je le suppose, sur le sujet qui la taraudait depuis un bout. Eleanor Harris. Juliet déclara que la biographie était celle de Don et que, donc, elle n’aura qu’une brève place de le récit. Elle n’avait, donc, jamais parlé avec elle et elle énuméra uniquement ce qu’elle en savait. Une petite Sainte. Voilà comment Don avait décrit sa fille. Je vis, sur le visage de Carrie, que d’entendre encore une fait les haut faits d’Eleanor ne lui plaisait guère.

-Une Sainte ! Voilà ce que ta sœur est, Carrie.

Je dis ça en affichant un petit sourire. Mais ça ne faisait pas rire Carrie.

-Oui, il parait qu’elle fait de grandes choses à Broadway…

Juliet disait avoir été tenté d’aller la voir… Je ne savais pas tant si c’était pour Eleanor ou bien simplement pour la ville, Broadway et le shopping.

-Je suis tenté d’y aller aussi… Rien que pour me faire ma propre idée de qui elle est.

C’est ce que venait de dire Carrie et je levai un sourcil en la regardant. Elle n’avait, jusqu’ici, pas exprimé l’idée de rencontrer sa demi-sœur.

-Ah oui ?

Elle hocha de la tête.

-Voir si elle est vraiment une Sainte.

Je m’esclaffai.

-Personne n’est un Saint, Carrie… Je suis sûr que même ta parfaite demi-sœur a des squelettes dans le placard.

Cette conclusion sembla la satisfaire et elle sourit à Juliet.

-Avez-vous un petit ami, Mademoiselle Jones ? Parce que si ce n’est pas le cas, je peux vous faire rencontrer des gens intéressants, ici.

Je levai un sourcil. Elle veut jouer les entremetteuse maintenant ?

Victor espérait pouvoir continuer de s’amuser ce soir, qui étais-je pour le priver de cet espoir on ne pouvait plus humain ? Je lui répondis donc que lui souhaiter de nouvelles occasions de s’amuser et si cela nous conduisait à nouveau dans un coin intime de ce bateau de luxe, pourquoi pas ?

Je ne pus m’empêcher de relever le fait que la famille Hughes, rivale directe de BSC était fièrement représenté à la fête du manager le plus populaire de la maison de disque concurrente. Je ne devais pas être la seule à m’être faite cette réflexion mais Carrie avait une réponse tout indiqué pour quiconque qui, comme moi, oserais poser la question. Elle me fit sourire avec son explication et ensuite, ce fut Carrie qui rigola doucement à la conclusion que j’en tirais.

- Don à formulé la chose autrement mais effectivement, Julian est plus réservé et effacé.

Était-ce pour cela qu’il se baladait seul, comme une âme en peine ? Où se cachait sa femme, elle était à son bras un peu plus tôt. Visitait-elle une cabine en bonne compagnie ? Mon imagination sans limite me permettais de le croire.  Quoi qu’il en soit, la réflexion de Victor sur son beau-frère lui valu un regard doux amer de la part de sa femme qui bien qu’elle semblait partager son opinion, aurait visiblement préféré que son mari la garde pour lui.

Victor était un adepte des fêtes de ce genre depuis ses seize ans mais avait dû freiner le rythme alors qu’il se trouvait à New York, une ville que j’affectionnais particulièrement et qui m’inspirais grandement pour mes histoires.

- Je ne saurais dire si c’est le soleil de Los Angeles qui bride mon imagination mais pour moi, New York a toujours été prolifique.

Carrie perça l’abcès, la raison pour laquelle elle avait voulu engager la conversation avec moi, comme l’avait fait Victor en tout premier mais ça, je me gardais de le lui faire remarquer. Si je le faisais, j’attirerais les interrogations de Carrie puisque son mari et moi venions de faire comme si nous venions de nous rencontrer. L’aînée de Don Hughes désirait des informations au sujet de la biographie de son père, plus précisément, sur sa fille illégitime. Malheureusement pour elle, elle devrait se contenter de ce que je savais c’était donc dire à peu près rien. Don n’avait encore aucune relation de bâtie avec Eleanor Harris et tout ce que je savais d’elle tenait dans le creux d’une main, pas de quoi composer un chapitre.

- Attendons avant de la canoniser. Sait-on jamais ce qui se cache sous un vernis trop lisse…

Ma maîtrise du suspens me permettais d’affirmer que personne n’était autant parfait qu’il pouvait et voulait nous le faire croire. Eleanor Harris ne devait pas échapper à cette règle. Dans la foulée, j’avouais avoir envie de me rendre à New York et d’assister au music-hall. Il serait intéressant de voir Eleanor sur scène et peut-être, avec un peu de chance, discuter avec elle après le spectacle.

- Vous faire votre propre idée d’elle est sans aucun doute la meilleure chose à faire. Vous savez si elle est restée dans l’ombre tout ce temps, peut-être que cela veut dire qu’elle n’est pas intéressée à rentrer dans votre famille. Il ne faudrait pas lui prêter de mauvaises intentions avant qu’elle ne les affiche elle-même.

Carrie était curieuse, qui pourrait l’en blâmer ? Si, du jour au lendemain,  je découvrais avoir un frère ou une sœur, je serais tentée de découvrir qui est réellement cette personne. En tous les cas, je voudrais men faire ma propre opinion. Victor rejoignit ma pensée en disant que personne n’était vraiment parfait.

- Parole d’avocat, je suppose. Vous devez en entendre de tous les genres de gens dont on ne soupçonnerait rien.

Carrie changea brusquement de conversation en me demandant si j’avais un petit ami. La surprise me laissa un instant muette avant que je ne me reprenne et répondis à sa question par la négative.

- Je suis encore un cœur à prendre alors j’accepte volontiers votre proposition. Qui sait si vous ne jouerez pas le rôle de cupidon ce soir.

Julian est un foutu reclus, voilà ce qu’il est. C’est ce que Don avait dit à Juliet en des termes plus polis. Carrie n’était pas du même acabit bien qu’elle aimait passer des soirées devant un film bien coincé dans son divan…

Carrie ne défendit pas plus son jeune demi-frère. De toute façon, il était clair que Julian était peu à l’aise à ce genre de fête. Surtout qu’il ne buvait pas ou quasi pas d’alcool. La présence de sa femme ne changeait absolument rien à son attitude. C’est en tout cas, ce que j’avais pu voir de loin.

Juliet avoua adorer New York. Apparemment, cette ville était le meilleur endroit pour être inspirée pour ses romans d’horreur. Je souris à cette réflexion. J’imagine que c’est plus facile d’être inspiré dans une ville où il pleuvait souvent que dans une ville où le soleil était sans cesse présent.

Quoi qu’il en soit, Carrie se mit alors à parler d’Eleanor Harris. Sainte Eleanor Harris. C’est comme ça que Don nous l’avait présentée, en tout cas. Une bénévole qui, en plus de toute, avait un talent d’artiste vu qu’elle était actrice de comédie musicale. Avec assez de niveau pour percer à Broadway. Elle devait tenir ça de sa mère parce qu’aucune des Hughes n’avait de talent artistique particulier. Ou alors Eleanor était la Victor Hunter de la famille Hughes. Celle qui a des talents drastiquement différent des autres membres de sa famille. Bref… Le profil d’Eleanor laissait témoigner d’une âme sainte. Mais je ricanai un peu quand Juliet disait qu’il valait mieux attendre avant de la canoniser.

-Effectivement. Si ça tombe, c’est une meurtrière et on ne le sait pas.

Carrie fit la moue.

-Ou alors c’est vraiment une bonne âme… Mon père en semble certain en tout cas. Bien qu’il ne juge pas toujours bien les gens. Il t’a toujours détesté.

Elle me regarda en disant ça. J’haussai des épaules.

-Ton père n’aimais pas non plus ton ex-mari… Il n’aime pas que tu sois mariée, je pense.

Quoi qu’il en soit, on ne pouvait que spéculer sur le cas « Eleanor ». Aucun de nous ne la connaissions. Pas même Juliet qui n’avait jamais rencontré la fille cachée de Don. Carrie, elle, était prête à rencontré sa demi-sœur, ce qui m’étonna. Une idée validée par Juliet. Elle jugeait même qu’Eleanor ne voulait peut-être pas faire partie de la famille Hughes.

-Peut-être que vous avez raison. Si ça tombe, elle ne veut rien n’à voir avec nous.

Carrie fit une moue pensive alors que moi, je fis la moue.

-Pourquoi elle ne voudrait pas ? A cause des médias ? Ou parce qu’elle en veut à Don ?

Peut-être les deux. Je ne saurais le dire, je ne connaissais absolument pas cette femme.

Bref, tout ça pour dire que personne n’était parfait. C’est ce que j’affirmai alors que Juliet déclara que, dans mon métier, je devais en entendre sur les gens qu’on ne soupçonnerait rien. Je souris.

-Je ne vous le fait pas dire… J’ai déjà défendu un type dont tout le monde disait que c’était un ange. Toujours serviable et tout… Il s’avère qu’il avait tué dix personnes, en fait, en l’espace de 3 ans… J’ai dû m’employer pour lui éviter la peine de mort… Je dis toujours à mes clients que s’ils veulent tuer quelqu’un qu’il le fasse en dehors des états où la peine de mort est applicable… Ça me facilite la tâche, ainsi.

Carrie roula des yeux mais elle était tout de même amusée. Je le savais. J’avais appris à connaitre ses regards.

Puis, elle changea de sujet du tout au tout me surprenant au passage. Elle demanda à Juliet si elle était en couple et se dévoua pour jouer les entremetteuse. Juliet confirma qu’elle était un cœur à prendre et accepta la proposition de Carrie. Je fis la moue.

-Et qui tu vas lui présenter ?

Carrie afficha un petit sourire en coin avant de regarder Juliet.

-Quel est votre type d’homme, Mademoiselle Jones ? Plutôt mystérieux ? Plutôt fêtard ? Un hommes d’affaire ou un artiste ? Ici les choix sont limités, je l’avoue.

Je pense qu’elle aime bien les avocats blondinet, Carrie, tu sais…

Carrie avait amorcée la conversation avec un but précis en tête. Je l’aurais vu venir si je n’avais pas été décontenancé par le fait que je venais de coucher avec son mari. Parlant du loup, pour ajouter au malaise, il nous avait rejoint probablement inquiet ou par soucis de prévention. Ceci dit, l’un comme l’autre avaient croisés mon chemin ce soir dans le but d’en savoir un peu plus sur la biographie de Don Hughes. Elle faisait couler beaucoup d’encre, celle de ma plume mais je n’allais pas lever le voile si facilement, malheureusement pour eux.

Je pouvais cependant me permettre de lâcher des brides, sans importances, comme lorsque le benjamin de la famille vint sur le sujet mais ce fut surtout et sans grande surprise Eleanor Harris qui alimentait les passions bien malgré elle. Je savais par Don que la jeune femme avait donné son consentement à ce que je parle d’elle au travers mes pages mais que pour le moment, elle ne semblait pas très encline de nouer une relation avec son père et ses autres enfants. En un sens, je pouvais la comprendre bien que si j’étais dans cette situation, la curiosité l’emporterait sur tout le reste, question de me faire ma propre opinion.

Victor suggéra que peut-être la jeune Eleanor était peut-être une meurtrière alors que, étonnamment, Carrie restait sur la réputation de Sainte non sans cependant avouer que son père jugeait toujours très mal les gens. Ça me fit un peu rire quand elle ajouta que le patriarche Hughes avait toujours détester Victor.

- Est-ce qu’un père peut vraiment aimer le mari de sa fille ?

C’était une question qui méritait d’être posé.

J’avais avoué caresser l’envie de me rendre à New York pour voir Eleanor sur scène et qui sait si elle aurait envie de me parler, ensuite. Carrie exprima elle aussi son désir de faire ce genre de voyage. Cela pourrait permettre aux deux femmes d’être franche l’une envers l’autre et ainsi, Carrie validerait les véritables intentions d’Eleanor.

- Je crois qu’elle cherche malgré tout à ne pas attirer les projecteurs sur elle. Elle n’apparait sur presque aucune photo de la troupe de Grease.

Pourquoi ? Seule Eleanor le savait.

Bref, le cas de la fille cachée de Don Hughes n’avait pas fini de faire parler jusqu’à ce que, sans prévenir, Carrie change drastiquement de sujet de conversation pour me demander s’il y avait un homme dans ma vie. Étant un cœur à prendre, je jouais le jeu en affirmant ne pas être contre qu’elle me présente quelqu’un. Je sentie le regard de Victor sur moi, comme si la conversation l’intéressait davantage alors qu’il était déjà bien impliqué sur le précédent dossier. Peut-être qu’il était curieux de savoir s’il répondait à mes standards ou si j’avais couché avec lui sans avoir un minimum d’intérêt. Victor pouvait se rassurer, il était pile dans le genre que je recherchais.

- Oh… Je dirais que… J’aime qu’on cultive le mystère, avoir de la conversation est incontournable. Homme d’affaire ou artiste n’a aucune importance, mais il doit aimer lire.

Mon partenaire serait indéniablement mon premier public, je m’attendais à pouvoir partager mes récits et recevoir de franches et honnêtes critiques de là l’importance d’avoir de la conversation.

- Limités parce que ? Parce que la majorité des hommes présents ici ce soir sont mariés ? Je ne perds pas espoir qu’il en reste encore quelques-uns de célibataire. Ou devrais-je jouer du coude ?

Carrie n’avait pas besoin de craindre pour son ménage. Si je devais me laisser aller à nouveau dans les bras de son époux, je ne ferais jamais en sorte de le lui voler définitivement. Ce n’était pas dans mes plans et, même que, je devais me ressaisir et cesser de lorgner dans la cours de Carrie.

A première vue, Eleanor ne semblait pas avoir de défauts bien que ça ne signifiait pas qu’elle n’avait pas des squelettes dans le placard. J’avais, sur le ton de l’humour, émit l’hypothèse qu’elle soit une meurtrière. Qui sait ? On ne la connaissait pas, après tout. Mais Carrie, elle, se remettait au jugement de son père bien qu’elle disait qu’il n’était pas toujours juste en faisant référence à ce que le vieux Don pensait de moi. Juliet se demanda alors si un père pouvait réellement aimer le mari de sa fille. Carrie haussa des épaules.

-Je ne sais pas… En tout cas, il adore sa belle-fille. Mais en ce qui me concerne il a toujours désapprouvé mes choix de maris…

Oui, le vieux Don aimait bien la jeune Livia… Sans doute parce que, dans son esprit, Livia n’était pas une menace pour l’héritage de son fils alors qu’un homme pourrait tout à fait s’emparer de l’héritage de sa fille. On dit que c’est Jimmy Reed le misogyne mais il est évident que Don a aussi des idées préconçues. Du moins, c’est ce que je spéculais.

Juliet émit alors l’hypothèse qu’Eleanor Harris pourrait ne pas avoir envie d’avoir le moindre lien avec la famille Hughes. Je me demandais bien pourquoi et j’émis, moi aussi, quelques pistes à ce sujet. Visiblement, d’après Juliet, ça serait les projecteurs que fuiraient Eleanor Harris. Je ricanai.

-Si elle devient réellement une très bonne comédiennes et qu’elle devient connue, les projecteurs finiront par être sur elle. Fille de Don Hughes ou non. Elle va devoir faire des choix à un moment donné si elle a tant de talents.

Le choix de rester dans l’ombre et se contenter d’une carrière modeste ou percer complètement et, dans ce cas, vive les paparazzi ! Moi, j’avais bien du mal à concevoir qu’on puisse ne pas vouloir avoir quelques instants de gloire. A moins que Harris manque cruellement de confiance en elle. Si c’est le cas, elle n’est en rien une menace pour l’héritage.

Ce qui m’arrange, je dois bien l’avouer.

Carrie changea alors de sujet à ma surprise et à celle de Juliet. Elle se demandait si l’écrivaine était en couple. Quand elle apprit que ce n’était pas le cas elle chercha à creuser quel genre d’homme plaisait à la jolie brune. Moi, j’avais ma petite idée mais ça ne m’empêchait pas d’être extrêmement curieux à la réponse que donnera Juliet.

Et quand elle répondit, j’affichai un petit sourire en coin. Carrie sourit.

-Je vois. Vous avez de bons goûts. J’aime les hommes qui savent aussi faire la conversation et qui en ont dans la tête.

Comme moi en sommes. Les deux femmes avaient les mêmes gouts. Sauf que, de mon avis, Juliet avait bien plus d’atouts que Carrie.

-Tu me flattes, Carrie.

Elle rigola et déposa un bref baiser sur ma joue. Elle avait, plus tôt, dit à Juliet que le choix d’un bon parti était limité ici. Juliet tenait à savoir pourquoi.

-Il y a une bonne floppée de célibataires, c’est vrai. Mais disons que la plupart des gens ici sont soit centrés sur eux-mêmes, soit écervelés… Les meilleurs sont déjà pris. Sniper par exemple. C’est un cœur d’or mais il est pris. Par contre, Kyle Davis n’est pas pris mais qu’est-ce qu’il est bête…

Ok. Kyle n’est pas une foudre de guerre, c’est vrai. Et je pouffai de rire à l’explication de Carrie.

-Sniper n’est pas tellement dégourdi, en fait…

Carrie me regarda avec un drôle d’air.

-Sniper est très intelligent.

N’importe quoi !

D’ailleurs, parlant du loup, il monta sur scène… Je souris à Juliet.

-Sans doute que Juliet saura trouver chaussure à son pied. Si pas ici, ailleurs. N’est-ce pas ?

Je lui fis un petit clin d’œil que Carrie ne remarqua pas parce qu’elle regardait vers la scène.

Eleanor alimentait notre conversation alors qu’elle n’était même pas là pour donner son point de vue. Nous avions plusieurs hypothèses pour parler de sa prétendu Sainteté, des crimes qu’elle avait ou pas commis et de son désir de rester le plus loin possible des projecteurs malgré le succès qu’elle récoltait sur les planches de Broadway.

- Il est certain qu’un jour ou l’autre, la célébrité va la rattraper mais elle ne semble pas courir après. Peut-être qu’elle cherche simplement à faire sa place tout en douceur et sans qu’on lui reproche d’être la fille de Don, comme ce fut le cas pour Olivia Corte, corrigez-moi si je me trompe.

Olivia Cortez avait connu une ascension rapide et miraculeuse puis nous avions appris ensuite qu’elle était la fille de Jimmy Reed et ce qui devait arriver, arriva. Elle devait son talent à son papa qui l’avait prise chez BSC alors qu’il ne voulait aucune femme.

Nous pourrions extrapoler pendant des heures sur la vie d’Eleanor et de ce qu’elle désirait ou ne désirait pas. Cependant, Carrie changea drastiquement de sujet de conversation pour s’intéresser à ma vie privée, en particulier sur le type d’homme pouvant m’intéresser. En toute honnêteté, sa question m’avait décontenancée et j’aurais préféré trouver un échappatoire plutôt que d’avoir à y répondre. Je répondis tout de même, devinant qu’il n’y avait pas vraiment d’échappatoire et que d’y répondre ne me compromettais pas réellement.

L’homme de mes rêves se devait d’avoir de la conversation et cultiver un côté mystérieux. Je voulais qu’il puisse me surprendre. Il devait intelligent et aimer lire, ça allait de soit ! Ce qu’il faisait de sa vie ne m’importait peu, tant qu’il était heureux et qu’il ne trainait pas les casseroles du travail à la maison. Ma réponse fit sourire Carrie qui affirma que j’avais bon goût tout en ajoutant qu’elle aussi, aimait les hommes qui avait de quoi dans la cervelle ce qui inévitablement, flatta Victor qui récolta un baiser de sa femme.

- Alors disons que nous avons cela en commun.

Carrie pensait cependant que le choix était ce soir limité. Était-ce parce que la majorité des bons partis était marié ? Selon l’héritière Hughes, c’était plutôt parce que les célibataires présents ici ce soir étaient centrés sur eux-mêmes ou écervelés, voilà de quoi me refroidir. Je hochais de la tête en l’écoutant me parler du cœur d’or de Sniper bien que non célibataire et de Kyle Davis, libre comme l’air mais un peu bête.

Les époux Hunter ne semblaient pas avoir la même opinion de Sniper, y aurait-il un peu de jalousie là-dessous ? On dirait bien que oui. Ça me dit sourire de constater que Victor, le coureur de jupon semblait craindre un peu que sa femme entretienne le même genre de passe-temps.

- Je trouverai bien, un jour où l’autre, un homme qui saura me combler mais je n’en ressens pas l’urgence. Je viens de me séparer et je me sens usée. Avant de me recaser, je préfère profiter de ce que la vie à de meilleur à m’offrir.

Et si pour l’instant, le meilleur se trouvait dans des aventures sans lendemain, je saurais m’en contenter amplement.

- Je vais vous laisser profiter de votre soirée, je sens que l’inspiration me guète. Je vais me trouver un petit coin tranquille pour rassembler mes idées. Ce fut un plaisir de discuter avec vous.

Je les saluais et, en passant près de Victor, alors que Carrie s’était complètement tournée vers la scène où se trouvait Sniper, j’échangeais un regard plein de sous-entendu avec Victor, avant de m’éloigner. Qui sait si nos chemins se recroiseraient à nouveau ?

Nous étions tous les trois d’accord pour nous dire que la célébrité finira par rattraper Eleanor Harris qu’elle ne le veuille ou non. Et si ce n’est pas par son talent ça sera, inévitablement, par son lien avec Don Hughes. Les paparazzis vont venir l’ennuyer dès qu’ils apprendront la nouvelle. Je me demandais si Harris se rendait compte de ça…

D’après Juliet, Eleanor ne cherchait pas la célébrité et voulait prendre sa place en douceur. J’haussai des épaules.

-A partir du moment où tout le monde saura pour le lien qui la lie à Don, tout vas lui échapper. Mais c’est vrai que si elle laisse de la distance, ça peut fonctionner. Bien que… Les gens risquent de spéculer… C’est inévitable.

Carrie était d’accord avec moi parce qu’elle hocha de la tête. Et d’Eleanor on passa à un tout autre sujet que, je devais l’avouer, je n’attendais pas. C’est Carrie qui s’était d’un coup intéressé aux goûts de Juliet en matière d’homme. Et l’écrivaine avait joué le jeu et répondus ce qui avait provoqué un échange entre les deux femmes et, aussi, de quoi flatter mon ego.

En gros, elles se trouvaient des points communs. Carrie émit alors son jugement sur certaines personnes présentes ici. Ainsi ce pauvre drogué de Kyle Davis en prit pour son grade alors que, comme d’habitude, Carrie encensa le vieux fossile qu’est Sniper. Moi, je ne pus me retenir de dire que Sniper était très peu dégourdi.

Juliet, elle, était persuadé de finir par trouver chaussure à son pied. Et j’appris qu’elle était séparée depuis peu et qu’elle profitait de ça pour… Profiter tout simplement.

-Je vous comprends… J’ai vécu un divorce aussi. La différence c’est que si j’ai divorcé c’est parce que je me suis épris d’un autre.

Elle me montra du doigt. Moui. J’avais brisé le mariage de Carrie. Mais qu’importe ! Elle était malheureuse dans sa relation avec Michael Brown, donc… Aucun remord.

-Donc, je n’ai pas pu profiter comme vous. Mais c’est sans doute la meilleure façon de faire pour se remettre d’une rupture.

Juliet prit alors congé alors que Carrie était, désormais, absorbée par son amant spirituel qui avait, semble-t-il, décidé de continuer la révolution stonienne.

-Ce fut un plaisir aussi…

Carrie dit ça d’un ton distrait. Elle n’avait plus d’yeux que pour Sniper.

-Passez une bonne soirée, Mademoiselle Jones. Au plaisir de vous revoir.

Juliet échangea un regard avec moi. Plein de sous-entendus. Un regard que je lui rendis espérant, finalement, pouvoir remettre le couvert plus tôt que prévu.