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 Yesterday's got nothing for me [PV Jordan] *terminé!*

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MessageSujet: Yesterday's got nothing for me [PV Jordan] *terminé!*   Yesterday's got nothing for me [PV Jordan] *terminé!* I_icon_minitimeJeu 9 Jan - 22:21

Los Angeles, le 5 décembre 1978. Ruby a 21 ans.

Maman,

J'espère que tu vas bien et que les filles aussi. Je m'excuse pour le peu de nouvelles que je vous ai données depuis deux ans. A Los Angeles, tout se passe bien. Cette ville est incroyable ! Je ne sais même pas comment te décrire tout ce que j'y vis. C'est encore mieux que ce qu'on voit à la télé. Tout est grand ici : les rues, les magasins, les concerts, les parcs,... On se croirait dans un décor de cinéma !
Los Angeles est vraiment très différente de Nashville mais je suis sûre que les filles et toi vous vous y plairiez. Il faudrait que vous veniez me voir un de ces quatre ! Je vous présenterai à mes nouveaux amis et je vous ferai une visite guidée de la ville. Ce serait super non ?

Passe le bonjour à tout le monde à Nashville de ma part. A l'avenir, j'essaierai d'écrire plus souvent promis !

Je t'aime fort.
   
Ruby.

Que de mensonges j'ai écris dans cette lettre. Mais je préfère ne pas inquiéter ma mère, déjà qu'elle doit se faire du souci à cause du peu de nouvelles que je donne. Si Los Angeles est réellement une ville super, rien ne se passe très bien pour moi ici. Depuis quelques mois, je traverse une mauvaise passe. J'ai l'impression de sombrer gentiment mais sûrement. Je me sens seule. Je ne vois presque personne. Je passe mes journées à traîner chez moi et mes soirées à bosser au bar. Encore, si j'avais des collègues ou des clients sympas, mais ce sont presque tous des vieux machos aux mains baladeurs ou des garces qui me voient comme une alien avec mes tatouages. Et j'ai l'impression d'être tout le temps fatiguée alors que je ne fais quasiment rien. Bref, ma vie en ce moment ne ressemble en rien à celle que je m'étais imaginée en quittant Nashville pour Los Angeles.

Je plie ma lettre et la glisse dans une enveloppe. J'irai la poster ce soir, en allant au travail. Mais avant cela, je file sous la douche. Je suis d'humeur morose et quelque chose me dit que cela ne va pas s'arranger avec la soirée qui m'attend. Je prends une douche chaude, en espérant qu'elle me détende un peu. Si je veux pouvoir tenir une soirée sans péter un câble, j'ai intérêt à tout faire pour rester zen. Et prendre une bonne douche est un bon départ.
J'avais tout faux.

20h30. Cela fait maintenant deux bonnes heures que je sers de vieux pervers qui n'arrêtent pas de me reluquer. Pourquoi est-ce que les personnes qui viennent boire un samedi soir sont toujours aussi lourdes ? Qu'est-ce que je donnerai pour leur en coller une ! Mais je dois me tenir à carreaux si je ne veux pas me faire renvoyer. Déjà que j'ai eu pas mal de problèmes la dernière fois quand j'ai insulté un mec qui m'avait mis la main aux fesses. En même temps, il l'avait bien cherché !

21h05. Je prends un quart d'heure de pause. Je me rends aux toilettes pour reboutonner ma chemise. Peut-être que ces gros lourds arrêteront de me mater s'ils n'ont plus rien à reluquer. Je sors par la porte-arrière donnant sur une petite cour. Je tombe sur Stan, un de mes collègues qui s'occupe des livraisons. Il est en train de fumer une clope. Je le salue, il m'en propose une. Je refuse poliment. Je n'ai même pas la tête à fumer ce soir. En fait, je n'ai la tête à rien du tout. Je veux juste que cette soirée pourrie se termine pour que je puisse rentrer chez moi et dormir. On tape la discut' pendant dix minutes James et moi. Puis je retourne à l'intérieur.

Les samedis soirs sont moins pénibles d'habitude car j'ai Sarah pour me tenir compagnie. Elle est la seule véritable amie que j'ai à Los Angeles et on travaille dans le même bar comme serveuses. Seulement, elle a demandé congé pour ce soir alors je me retrouve toute seule. Quelle lâcheuse...

21h30. Le bar commence à se remplir. Je suis tellement fatiguée que toutes les voix des clients résonnent en même temps dans ma tête à mesure que je passe d'une table à l'autre, plateau en main. Je n'arrive plus à me concentrer sur quoi que ce soit et je manque de renverser une bière sur les jambes d'une cliente. Heureusement, je rattrape le verre au dernier moment. Catastrophe évitée.
Après avoir servi deux shots de vodka à un type assis près de la porte d'entrée, je me poste derrière le comptoir, en attendant d'autres commandes.

C'est à ce moment que je vois débarquer une tête connue. Enfin, façon de parler. Il s'agit en fait d'un client que j'ai aperçu plusieurs fois. Il a retenu mon attention parce qu'il sort un peu de l'ordinaire et ne ressemble pas trop aux autres gros lourds qui sifflent lorsque je passe devant eux. En général, il arrive aux alentours de 22h00. Il s'installe devant le comptoir, passe commande et reste un bon moment comme ça, seul, sans parler ni bouger. Il ne va pas draguer les jeunes filles qui se trémoussent devant le jukebox, il ne commande pas shot sur shot, finissant endormi sur une table, dans une flaque de bave. Il reste simplement dans son coin, à se perdre dans ses pensées j'imagine.

Lorsqu'il vient s'asseoir, je me déplace jusqu'à me trouver devant lui. J'affiche un sourire radieux (et totalement forcé étant donné ma fatigue grandissante).

- Bonsoir. J'vous sers quoi ?
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Dernière édition par Ruby Ashcroft le Lun 27 Jan - 20:55, édité 1 fois
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Jordan Keller
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MessageSujet: Re: Yesterday's got nothing for me [PV Jordan] *terminé!*   Yesterday's got nothing for me [PV Jordan] *terminé!* I_icon_minitimeVen 10 Jan - 22:37

22h. Je m'installai à ma table habituelle dans un bar obscure de L.A. Un juke box tout neuf, qui contraste avec l'aspect miteux du reste de l'endroit, est posé dans une coin. Le reste de la décoration va de la tête de cerf à de fausses statues d'Oscar du genre de celle qu'on vend aux touristes dans les boutiques souvenir d'Hollywood. Les clients sont à l'image du bar, poussiéreux aux points qu'ils semblent vieux avant l'âge, et tellement à côté de la plaque qu'ils confondent films d'action et parties de chasse de leur enfance. La seule touche de couleur et de lumière étaient les cheveux blonds de la jeune serveuse qui était, elle aussi, ici tous les soirs. J'avais tendance à la voir comme une sorte d'ange déchue par erreur. J'allumai une cigarette, et mon regard ce perdit dans le vide.

Trois ans. Ca faisait trois putains d'années que j'avais quitté l'US Army, les Marines, dans la peur qu'une boucherie comme le Viet-nâm recommence. Parce que c'était ce que ça avait été: une boucherie. On nous demandait de tuer, juste de tuer, peu importe ce qu'on tuait. Et on le faisait, sans poser de questions, parce que c'était eux... ou nous.

Ca avait été inutile... En quoi aurait-ce été utile pour mon pays de tuer des femmes et des gosses à des milliers de kilomètres d'ici?

C'était probablement cette idée qui avait transformé beaucoup de types bien, des frères d'arme, en épave à leur retour aux States. Parce que revenir dans le confort après avoir appris à tuer pour survive dans la chaleur humide et étouffante de la guerre, c'était trop dur. Et je pouvais les comprendre, même si j'avais pris un tout autre chemin.

J'avais fait mon instruction policière à L.A., deux ans, et j'avais détesté ça. J'avais l'impression de perdre mon temps à aller au tir avec de très jeunes américains, à apprendre à tenir correctement une arme de poing alors que j'avais eu tout le temps de m'entraîner sur cible mouvantes, pour ne pas dire vivantes... Et surtout, pour 80%, innocentes. Mais j'avais serré les dents, et j'avais continué, persuadé que devenir flic me permettrai de protéger bien mieux ma famille et mon pays que dans les Marines.

Mais malgré toutes mes bonnes intentions, mes belles pensées, je me retrouvais quand même tous les soirs dans ce bar sombre à boire quelques bières, juste assez pour atténuer la force des cauchemars, pas assez pour être totalement bourré. Je n'étais pas différent des autres vétérans du Viet-nâm, en fait. Je n'étais pas non plus plus fort. Loin de là. Tout ce qui m'empêchait de sombrer, c'était qu'il me restait une famille à protéger. C'était tout ce qui me sauvait. Sinon, je serais une épave sans domicile comme beaucoup d'autres.

C'est la voix de l'ange qui me sort de mes pensées. Je la regarde, secouant la cendre de ma clope dans le cendrier au milieu de la table. Derrière moi, un gros porc vulgaire grogne depuis un moment il parle de femmes, évidemment... Et pourtant, pas de doute que quand ce type rentrait chez lui, personne l'attendait à la maison. Ou pire, sa femmes et ses enfants l'attendaient bel et bien, terrifiés, pleurant d'avance à l'idée de son retour.

Je me frottai les yeux.

-Bonsoir... Heu... Ouais je vais prendre un bière, s'il vous plait.

Je sais pas pourquoi j'ai hésité à répondre, je prenais toujours des bières. Peut-être parce que j'avais l'impression que le porc juste sur la banquette derrière moi vociférait de plus en plus fort, mais c'était probablement dans ma tête. La jeune femme s'en alla alors vers le bar pour préparer ma commande. Mais au moment où elle passa à côté du porc qui n'avait pas encore fini de muter en humain, celui-ci lui envoya une claque sur les fesses.

Mon sang ne fit qu'un tour.

Sans un bruit tant mon mouvement fut rapide, comme quand on se déplaçai dans la jungle, je me retounai et passai mon bras autour du coup du monstre. Il davait faire deux fois mon poids. Mais l'étranglement sanguin était une valeur sûre: moins douloureux que l'étranglement respiratoire et bien moins dangereux, il était pourtant bien plus efficace. Il suffisait de placer son bras correctement et de serrer, pressant ainsi les carotides. Le cerveau manquait vite d'oxygène et provoquait un engourdissement pratiquement instantané du corps. En quelques secondes, la personne pouvait se retrouver dans les vappes mais ce n'était pas mon but. Je voulais juste faire peur. Et ça marcha. Quand je sentis l'autre paniquer parce qu'il se sentait défaillir, je lui murmurai à l'oreille, alors que les regards commençaient à se tourner vers nous.

-Casse-toi. Casse-toi maintenant.

J'avais prononcé ces mots sans m'énerver, resserrant juste subtilement la pression avant de brusquement le relâcher. L'homme-porc pris ses affaires et sans alla, sans un regard ni à moi, ni à la serveuse. Je repris ma place comme si rien ne s'était passé et rallumai une cigarette. Je pouvais pas supporter ce genre de mec.

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MessageSujet: Re: Yesterday's got nothing for me [PV Jordan] *terminé!*   Yesterday's got nothing for me [PV Jordan] *terminé!* I_icon_minitimeDim 12 Jan - 0:56

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]J'attends que cet homme peu ordinaire émerge de ses pensées, en se frottant les yeux. Debout, devant lui, je laisse quelques secondes mes yeux se reposer sur lui. Il y a quelque chose de particulier chez lui. Je crois que c'est dans son regard. On peut y voir une étincelle briller. On dirait de la rage ou de la colère. Il raconte une histoire. On le sent à sa manière de bouger, de se déplacer dans l'espace. A sa manie de ne prononcer que peu de mots. Comme si tous les autres étaient restés coincés dans sa gorge, étouffés et assourdis par les événements qui ont marqué sa vie.

J'aimerais beaucoup qu'il me raconte son histoire.

Lorsqu'il relève la tête, je détourne rapidement le regard. Il vient se poser sur l'horrible type qui n'arrête pas de vociférer depuis toute à l'heure. Sa voix est grasse et lourde. Elle vient te frapper les tympans comme les coups réguliers d'un tambour. Les femmes sont toutes des salopes. La vie est une salope. Comme toutes les femmes. Je crois que le disque est un peu rayé mon gars. Ce genre de personnage pourrait énerver n'importe quel client. Mais pas les serveurs. Nous, on encaisse, on oublie. On fait comme si on n'entendait rien. On se contente de leur servir à boire, de les regarder ingurgiter tout cet alcool, comme s'il allait leur permettre de se noyer dedans, puis on vient récolter la monnaie. Le reste, on ne doit pas y accorder d'importance. Tant pis si une main vient de temps en temps se balader sur ta cuisse. Tu ravales ta fierté et le dégoût qui prend la forme d'une grosse boule dans ta gorge et t'encaisses. Parce que tu n'as rien de mieux à faire.

Après quelques secondes d'hésitation, mon mystérieux solitaire commande une bière. Comme d'habitude. Simplement quelques bières. Il n'est jamais complétement à la ramasse, lui. Juste un peu ailleurs. En fait, il doit être quelque part d'autre, à des milliers de kilomètres d'ici.

J'aimerais bien qu'il m'emmène avec lui.

- Je vous apporte ça.

Je fais demi-tour et me dirige vers le comptoir pour lui préparer sa boisson. Je passe devant la banquette où est assis l'horrible personnage. C'est rapide. J'ai à peine le temps de sentir sa main venir claquer ma fesse. Je me mords la lèvre inférieure. Ne réagis pas. Je ne dois pas réagir. Si je perds ce boulot, je suis foutue. Je poursuis mon chemin, sans me retourner. Pourtant, qu'est-ce que je donnerai pour lui en coller une.

Je me retourne cependant lorsque j'entends un cri étouffé. Le mystérieux client est en train d'étrangler ce gros porc. J’écarquille grand les yeux, surprise par la rapidité avec laquelle il lui a sauté à la gorge. Je regarde un de mes collègues accourir pour les séparer mais cela ne sert à rien. A peine est-il arrivé vers eux que mon ange gardien a relâché sa proie, lui ordonnant de se casser. Mon collègue me jette un regard accusateur. Je lève les épaules, secouant la tête. « C'est pas ma faute », voilà ce que disent mes gestes.

Mon héro se rassied sans rien dire de plus et moi je reste plantée comme une potiche debout, à mi-chemin entre le bar et la banquette où il est assis. Est-ce que je dois aller le remercier ? Oui, je devrais. Mais je ne sais pas pourquoi, je n'ose pas le faire. Comme si ces mots étaient inutiles. Je me résigne et continue mon chemin jusqu'au bar.

Je remplis à ras bord le verre, essuyant avec un chiffon la bière qui a coulé sur les côtés. Une de mes collègues s'approche alors de moi pour me demander ce qui s'est passé. Je lui réponds qu'il ne doit s'agir que d'une petite tension entre consommateurs. Elle accepte mon explication sans demander plus de détails. C'est comme ça qu'on doit fonctionner : tu laisses couler.

Je retourne, plateau en main avec la bière posée dessus, jusqu'à la table de cet homme. Je pose le verre devant lui, avec un sourire complice.

- C'est la maison qui offre.

Je lui adresse un clin d'oeil malicieux. C'est ma façon à moi de le remercier. De lui dire que j'ai vraiment apprécié son geste.

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Jordan Keller
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MessageSujet: Re: Yesterday's got nothing for me [PV Jordan] *terminé!*   Yesterday's got nothing for me [PV Jordan] *terminé!* I_icon_minitimeDim 12 Jan - 12:51

Je n'avais sur moi aucun signe distinctif. Je n'avais pas récupéré mes grades sur mon uniforme militaire pour les recoudre sur la veste en cuir toute simple que je portais. Je ne portais plus jamais ma parka comme le faisaient beaucoup de vétérans estropiés. Je ne trouvais aucune fierté à afficher que j'étais un tueur.

La seule chose que j'avais gardé sur moi, et que je n'enlevais jamais, c'était mes plaques d'identification. Pas pour me rappeler la guerre, non. Le fait qu'elles étaient toujours en un seul morceau me rappelait que j'étais toujours en vie et qu'il fallait que je continue à avancer. Sans pour autant oublier le passé. J'étais une sorte de soldat inconnu, un monument dédié à la mémoire, mais toujours en vie.

Et c'était en ce moment que j'étais bien content que mes plaque soient cachée sous mon t-shirt blanc. Tous les regards s'étaient tournés vers moi après ma petite altercation avec le gros porc. Et quelques secondes s'étaient passées avant que les conversations ne reprennent leur cours. Et si on avait pu m'identifier comme vétéran, je n'aurais plus été tranquille... Parce qu'on était loin d'être des héros: on avait perdu cette putain de guerre après tout.

Le jeune serveuse était repartie vers le bar et les conversations avaient repris là où elles avaient été abandonnées. Cependant, les regards ne pouvaient s'empêcher de se tourner vers moi ou vers l'ange blond qui faisait couler ma bière dans un verre. Cette dernière ne tarda pas à revenir vers moi avec un verre tellement rempli qu'il lui fallait faire attention pour ne pas le renverser. J'écrasai ma clope dans le cendrier au moment où elle posa le verre sur la table, fouillant dans la poche de ma veste pour trouver la monnaie pour la payer. Je la regardai dans les yeux quand elle me dit que c'était la maison qui offrait. C'était un regard qui se voulais sympathique, mais je ne me rendais pas compte que j'avais le regard tellement fixe et perçant que ça pouvait prêter à confusion ou mettre presque mal à l'aise. Je posai la monnaie sur la table.

-Si c'est la maison qui offre, gardez la monnaie pour vous.

Je tutoyais les hommes la plupart du temps, mais j'avais tendance à vouvoyer les femmes. J'avais une grande admiration pour elles, ayant vu ma propre mère trimer pour ses quatre gamins après la mort de mon père. Et le respect que j'avais pour elles se traduisait par la seule chose que je pouvais offrir: un vouvoiement respectueux.

Elle me fit un clin d'oeil, que je lui rendis. Si c'était sa façon de dire "merci" c'était ma façon à moi de dire "de rien".

Je me levai alors, pris une clope que je mis dans ma bouche sans l'allumer et pris mon verre de bière. Je m'adressai alors à la jeune femme.

-Je vais fumer dehors. Je ramènerai le verre.

Puis, je lui tendis mon paquet de clopes comme pour lui proposer de m'accompagner. En arrière-plan, je vis le regard d'un autre serveur (ou était-ce le patron) qui s'avançait comme s'il allait intervenir. Mon regard passa alors de la jeune femmes aux yeux bruns du serveur, qui s'arrêta net dans sa progression. Et il savait. Il savait que demain, à 22h, je serais encore là. Donc l'ange blond avait intéret pour lui à être toujours là aussi.

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MessageSujet: Re: Yesterday's got nothing for me [PV Jordan] *terminé!*   Yesterday's got nothing for me [PV Jordan] *terminé!* I_icon_minitimeLun 13 Jan - 23:52

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Alors que le mystérieux homme plonge son regard dans le mien, j'essaie d'y lire une quelconque trace de son passé. Qu'a-t-il vécu dans sa vie, quels événements l'ont conduit jusqu'à ce bar où il est à présent assis ? Après quelques secondes, je détourne les yeux, tellement son regard est profond. Il ne me met pas forcément mal à l'aise. C'est juste que je n'ai pas l'habitude de prendre le temps de détailler le visage d'un client. Et je ne suis même pas censée le faire en fait.

Je ne sais pas quoi faire devant la monnaie qu'il me présente quand même. Je sais bien que je devrais accepter cet argent, par principe. Il répond à mon clin d'oeil et je crois bien que je me sens rougir. Sans plus me poser de questions, je fais glisser les pièces de monnaie dans la poche de mon gilet noir.

- Merci, c'est gentil.

Mon charmant client se lève alors, clope au bec et verre de bière à la main. Il m'avertit qu'il va fumer dehors, précisant qu'il ramènera le verre après. Il me tend alors son paquet de cigarettes, comme pour m'inviter à l'accompagner à l'extérieur. A ce moment, j'ai le très mauvais réflex de regarder autour de moi. Mon regard croise alors celui de Frank, mon patron. Ce dernier affiche une mine plutôt sévère. Je connais très bien cette tête. Elle signifie « Ruby, arrête de faire ta pute auprès des clients et va plutôt aller servir la table numéro 5. Le client attend depuis plus de 5 minutes ! » Comme je souhaiterais, non en fait, comme j'aimerais de tout coeur lui envoyer mon plateau à la figure. Peut-être que ça détendra un peu les traits boursouflés de son visage !

- Je n'ai pas encore terminé mon service.

Alors que mes mots ne sont pas des plus cordiaux (pour ne pas encore recevoir des remarques de mon patron), mon ton est, quant à lui, plutôt chaleureux. Toujours la même expression dans le regard de mon mystérieux client. Est-ce que tu me laisseras un jour y déchiffrer les traits qui ont marqué ton visage ? Est-ce que j'aurais un jour le droit d'en savoir plus sur toi ? Est-ce que tu me diras pourquoi tu t'assieds ici tous les soirs, sans dire un mot ? Est-ce que tu mes les diras à moi, tous ces mots qui restent enfermés en toi ?

Je regarde le jeune homme faire demi-tour et passer par la porte d'entrée. J'ai le temps d'observer pendant quelques secondes sa carrure robuste avant qu'il ne disparaisse dans le froid du soir. Quant à moi, je retourne à mes plateaux. Je m'en vais servir le client de la table numéro 5 qui n'attendait que depuis 3 minutes au passage.
Si mon corps est encore bien au chaud, à l'intérieur, enveloppé dans la brume de tabac s'échappant des cigarettes allumées, mon esprit est dehors. Avec mon mystérieux héros.

Je ne tiens pas 10 minutes. Après avoir servi un jeune couple, je passe derrière le comptoir, passant une porte sur laquelle il est écrit « personnel uniquement ». Ça tombe bien, j'en fais partie tiens. Je dépose mon gilet sur une chaise, attrape mon blouson en cuir et ressort tout aussi rapidement. Je tombe nez-à-nez avec Frank.

- Je prends une pause.

Aucune justification. Aucun argument. Je n'ai pas à m'expliquer. Et je crois que mon patron est tellement surpris par le ton autoritaire que j'ai pris qu'il ne sait même pas quoi répondre. Tant mieux car je ne lui en laisse pas le temps. Je repasse devant le comptoir sans me retourner et sors du bar sans demander mon reste. Tant pis si c'est la dernière fois que j'y pénètre en tant qu'employée. J'en ai marre de me faire traiter comme une potiche.

Arrivée à l'extérieur, je trouve l'homme ténébreux appuyé contre le mur, en train de fumer. Le verre de bière, déjà vide, est posé à ses pieds. Je m'approche de lui en souriant comme une enfant.

- Surprise!
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MessageSujet: Re: Yesterday's got nothing for me [PV Jordan] *terminé!*   Yesterday's got nothing for me [PV Jordan] *terminé!* I_icon_minitimeMar 14 Jan - 11:45

La jeune femme me dévisageait elle aussi. Sauf que je considérais qu'elle en avait un peu plus le droit que les autres. Parce que c'était elle que j'avais "défendue". Je ne me posais pas vraiment la question de savoir ce qu'elle pouvais voir en me regardant comme ça. Je n'avais jamais fait attention de savoir ce qu'on pensait de moi, je faisais mon truc, de mon mieux pour me démerder et le reste... Je m'en foutais un peu: tant que mes frères et ma mère étaient en sécurité et avaient de quoi bouffer, j'en avais rien à foutre d'aller risque mon cul au Viet-Nâm. Tant que le plus gros de ma solde leur arrivait.

La jeune serveuse, que j'invitai à me suivre dehors, pensant bien que ça lui ferait du bien à elle aussi de prendre l'air, me remercia, mais ne voulu pas me suivre. Je n'y voyais pas d'inconvénient. Je pouvais aisément comprendre qu'elle tienne à son boulot. Je souris légèrement.

-Ok.

Avant de me diriger vers la sortie, fusillant du regard un homme dans la quarantaine, la face toute rouge et bouffie à force de boire, qui semblait vouloir se mesurer à moi. Un des potes de l'autre? Peut-être... Fallait que je me méfie.

J'étais sortit. Dans les rues de ce pays civilisé que j'avais retrouvé. Je m'appuyai contre le mur et pris le rythme: une bouffée de nicotine, une gorgée de bière, lentement. J'avais encore l'impression d'être à Saïgon. La rue sentait comme celles de Saïgon: la pisse, la gerbe et la vielle bière mélangés. Même l'air, chaud, bien que moins humide que là-bas, me semblait être le même, activant ma mémoire bien plus que je ne l'aurais voulu.

Cela me rappelait cette jeune Vietnamienne. Perdue dans un village qu'on avait napalmé. Je pense qu'on avait flingué à peu près toute sa famille aussi en arrivant, depuis les hélicoptères. Dans ma section, il y avait de tout: un tout jeune gars d'à peine 18 ans qui pissait dans son froc à chaque fois qu'une balle était tirée; un perpétuel shooté au LSD qui, le soir, nous tenait des discours hippies, et en combat, tirait dans le tas parce qu'il prenait de mauvais trips; et enfin, un gars complètement fou, un gros balèze né pour tuer du Viet.

Ce dernier avait quitté la section... Je m'en suis rendu compte après deux ou trois minutes. Et quand je l'ai retrouvé, il tenait la jeune Viet par la nuque et la poussait devant lui. Le temps que je me mette à courir vers eux, ils avaient pénétrer dans un cabane. Pas besoin de me faire un dessin. La petite asiatique allait passer un sale quart d'heure et j'étais même pas sûr qu'en plus, elle était majeure.

Elle était déjà à moitié nue quand j'arrivai dans la cabane et l'autre était près à lui sauter dessus. La poitrine de la fille n'était même pas à maturité. J'avais pointé mon PM Walther MPK sur mon frère d'arme. J'avais rien contre lui, c'était un très bon soldat quoique complètement cinglé. Mais au Viet-Nâm, plus t'étais taré, plus t'avais de chance de survivre. Au chaos, seul survivait le chaos.

Je l'avais interpelé en criant, menaçant de le flinguer s'il ne rejoignait pas la section directement, pour couvrir le bruit des bombes qui tombaient ou explosaient autour de nous. Déjà, c'était vraiment pas bon de ne pas être visible par les nôtres en plein massacre.

Le gros balèze avait pas demandé son reste, laissant la la fille sans lui accorder un seul regard. Il n'avait pas insister parce qu'il savait très bien que j'hésiterais pas: la guerre permettait de se connaître les uns les autres bien mieux que n'importe quelle situation "ordinaire". Il était sortit de la cabane, mitraillant à tout va de frustration. Je pouvais pardonner beaucoup de dérives à la guerre, mais le viol ne faisait pas partie des choses que je pouvais supporter.

Le fille m'avait alors regarder et nos regards s'étaient croisés. Et elle avait alors écarté les jambes, pensant que j'avais viré l'autre pour prendre sa place, sans doute. A la place, je m'étais rapidement dirigé vers elle, avait pris une couverture à moitié déchirée qui gisait à terre pour couvrir le haut de son corps dénudé et lui avait ordonné de se tirer de là. Après quoi...

J'entendis la porte du bar s'ouvrir juste à côté de moi, qui était appuyé contre le mur. Cela avait suffit à réactiver toute mon attention. Réflexe de survie. Mais les pas qui descendirent les trois marches pour arriver à ma hauteur étaient trop léger pour que ce soit le gros lard qui m'avait regarder avant que je sorte. Et c'est la serveuse, souriante, qui apparu devant moi.

Elle était atrocement belle à mes yeux rien que parce qu'elle était capable de sourire comme une gamine insouciante. Mais elle devait de toute façon être très jeune. La vingtaine à peine passée. Elle s'exclama et ça me fit rire, pas longtemps, mais c'était déjà ça.

-Content que t'aie pu sortir.

Je lui proposai à nouveau une clope en lui tendant mon paquet et en repris une moi-même que j'allumai avant de l'aider à allumer la sienne.

-Tu devrais pas te laisser faire par ces mecs. Si tu le fais comme il faut, ils finiront par te craindre. Et la crainte amène le respect. C'est malheureux, mais c'est comme ça.

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MessageSujet: Re: Yesterday's got nothing for me [PV Jordan] *terminé!*   Yesterday's got nothing for me [PV Jordan] *terminé!* I_icon_minitimeJeu 16 Jan - 11:06

Je souris de plus belle lorsqu'il se met à rire. C'est la première fois que je l'entends rire. En fait, c'est même la première fois que je le vois sourire. Il me dit alors qu'il est content que j'aie pu sortir. Enfin, pouvoir n'est peut-être pas le mot exact... Mais, en tout cas, je suis contente que ma présence lui fasse plaisir. Et je dois avouer que j'avais besoin de prendre l'air. Je commençais à sérieusement étouffer à l'intérieur.

Mon mystérieux client me tend une nouvelle cigarette, que j'accepte cette fois-ci. Il m'aide à l'allumer et j'inspire une grosse bouffée de nicotine avant de l'expirer dans l'air de la nuit. Cet air saturé de la ville des anges.
Il n'y a presque personne dehors à part nous deux. Plus loin, au bout de la rue, j'aperçois deux hommes qui discutent, chacun une cannette de bière à la main. De l'autre côté, il y a un petit groupe de filles qui rient un peu trop fort. Leurs voix viennent percuter contre les façades des bâtiments et leur écho parvient jusqu'à nous.
En fond sonore, on peut distinguer le bruit des voitures qui roulent rapidement sur le sol humide. On entend également le doux ronronnement de l'aération du bar, qui recrache dans l'air toute cette fumée de tabac que les cigarettes des clients répandent dans l'air.

Au milieu de tout ça, la voix de l'homme qui se trouve à côté de moi sonne clairement à mes oreilles, venant briser la douce harmonie de cette rue endormie. Pourtant, elle très agréable à entendre. Moi qui n'avais que eu le droit à des « bonjour » et des « merci », je suis ravie de l'entendre enfin parler.
Parle-moi encore. Dis-moi ce que tu penses. Raconte-moi toutes les choses qu'on peut lire dans ton regard sans en comprendre le sens. S'il-te-plaît.

- Oui je sais. Mais, ce n'est pas facile tous les jours...

Je me tourne alors vers lui, mon visage devient tout-à-coup très sérieux.

- ... De me battre, je veux dire.

J'inspire à nouveau une bouffée de nicotine, regardant ensuite la fumée se répandre dans l'air. Je sens la fatigue m'envahir de plus en plus. J'essaie donc de me concentrer pour ne pas quitter des yeux cet homme mystérieux. Maintenant que j'ai enfin l'occasion de discuter avec lui, je ne veux pas gâcher cette chance.

- Pourtant j'essaie vraiment, de toutes mes forces. Mais il y a des moments où je me dis que cela n'en vaut pas la peine. Alors, je me résigne. Je me fais une raison et j'encaisse.

Je me mets à contempler mes mains, dont l'une d'entre elles tient toujours la cigarette. Pourquoi est-ce que je lui dis tout ça moi ? J'imagine que cela ne doit pas l'intéresser le moins du monde. Je me demande d'ailleurs pourquoi est-ce qu'il a réagi aussi violemment toute à l'heure. Pourquoi moi ? Qu'est-ce que je peux bien avoir de différent pour que ce soit sur moi que tu aies posé ton regard ? Est-ce que tu me le diras un jour ?

- C'est pathétique hein...

Je relève la tête, plongeant à nouveau mon regard dans le sien. Je lui adresse un sourire un peu triste. J'inspire encore quelques bouffées de ma cigarette avant de projeter le mégot au sol. Un petit filet de fumée s'en échappe encore pendant quelques secondes avant de mourir dans l'humidité du par-terre.

Je me demande si quelqu'un l'attend chez lui. Est-ce qu'il a une femme, des enfants ? Une petite-amie peut-être ? Ou habite-t-il seul, comme moi ? J'aimerais qu'il me raconte ses journées, qu'il me décrive tout ce qu'il fait chaque jour avant de venir s'installer sur cette fameuse banquette. J'aimerais qu'il me dise pourquoi est-ce que je lis autant de rage dans ses beaux yeux bleus.

J'écrase le mégot du pied.

- Je me demandais... Est-ce qu'il a un nom, le mystérieux client de la banquette ?
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Jordan Keller
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MessageSujet: Re: Yesterday's got nothing for me [PV Jordan] *terminé!*   Yesterday's got nothing for me [PV Jordan] *terminé!* I_icon_minitimeVen 17 Jan - 16:14

Je l'écoute attentivement et en silence raconter comment elle s'en sort dans ce bar miteux. Je suis attentif en même temps à tout ce qu'il y a autour de nous. Chaque fois que la jeune femme tire sur sa cigarette, elle le fait pendant deux secondes, le petit cylindre de cendres grandissant à chaque fois, jusqu'à ce qu'il soit assez grand pour tomber tout seul par terre. Elle garde ensuite la fumée dans ses poumon quatre ou cinq secondes, prenant une grande inspiration pour bien s'en imprégner avant de recracher longuement la fumée. On a un peu la même façon de fumer, à ce détail près que je ramène plus vite ma clope à ma bouche pour tirer une nouvelle fois dessus. Certainement parce que je suis plus nerveux qu'elle.

Je ne peux pas non plus m'empêcher de tourner mon regard de temps en temps sur ces filles au bout de la rue qui parlent fort, comme en patrouille quand les gens élèvent la voix. En général, ils suffit qu'ils repèrent nos uniformes pour que cela se calme instantanément. Mais je n'ai pas cet avantage ici. De toute façon, ce sont juste des jeunes filles un peu folles, peut-être un peu bourrées. Rien de grave, juste assez pour me garder alerte.

Les deux gars et leurs bières ont l'air beaucoup plus calme, eux. Pour l'instant, mais ce genre de discution au clair de lune bière à la main peut vite changer de ton. J'anticipe. Et j'ai tendance à anticiper beaucoup trop.

Toutes ces pensées, en réalité, se font inconsciemment et en quelques secondes. Scan et évaluation de l'environnement, c'était fait. Mon regard se reporta alors sur mon interlocutrice. Et tout ça en comprenant tout à fait ce que la jeune serveuse me disais.

-Encaisser, c'est déjà se battre. C'est la première chose qu'on apprend à n'importe quel combattant. A encaisser. Et ce n'est pas pathétique, c'est le plus difficile à faire.

J'avais été assez drillé pour le savoir. A l'armée aussi, on apprenait d'abord à encaisser. Et surtout à encaisser psychologiquement. On nous traitait comme des sous-merdes pendant des mois à l'instruction, on était insultés du matin au soir, humiliés. Après ça, les coups physiques n'étaient plus qu'un défouloir.

Je souris à la jeune femme, la regardant, tête baissée alors que j'écrasais moi aussi ma cigarette avant de m'appuyer à nouveau contre le mur. C'était pas anodin comme position en fait: personne ne pouvais m'attaquer par derrière. Et la plupart des mouvements que je pouvais faire, des positions que je prenais, étaient le résultat du drill.

Elle détourna alors la conversation, me demandant mon nom. Je répondis sans hésiter.

-Keller.

Réponse réflexe. A l'armée, on avait pas de prénom... Et c'était déjà bien quand on avait un nom et pas un surnom à la con. Je me repris. J'étais plus à l'armée.

-Jordan.

Nouveau coup d'œil vers elle. Ah ouais... Ici, j'avais le droit de poser des questions.

-Et toi? T'en veux encore une?

Je lui posai cette dernière question en lui tendant à nouveau mon paquet de cigarette. Comme si cette conversation me rendais nerveux. C'était que j'étais plus habituer à parler avec des collègues qu'avec des civils, toute ma famille étant encore dans le Nevada.

-Ca fait longtemps que tu travailles ici?

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MessageSujet: Re: Yesterday's got nothing for me [PV Jordan] *terminé!*   Yesterday's got nothing for me [PV Jordan] *terminé!* I_icon_minitimeSam 18 Jan - 21:18

Maman, ça t'est déjà arrivé de rencontrer une personne avec laquelle t'avais l'impression de pouvoir tout dire ? Sans avoir peur des jugements, des arrières-pensées. Une personne avec laquelle il suffisait d'échanger un regard pour que vous vous compreniez. Une personne avec laquelle les mots étaient simples, sans compromis. Des mots que tu laissais échapper de ta bouche en sachant qu'ils seraient bien recueillis là où ils allaient. Est-ce que tu as déjà rencontré une personne dont la simple présence suffisait pour que tu sentes bien ? Il fallait juste qu'elle soit dans la même pièce que toi. Tu n'avais pas besoin de l'entendre parler ou de lui adresser la parole. Tu savais qu'elle était là et qu'elle serait aussi là le lendemain. Et les jours suivants. Et c'était tout ce qui t'importait.

Mon mystérieux client se tourne alors vers moi pour me dire que encaisser, c'est déjà se battre. Je trouve son point de vue intéressant car je n'avais jamais vu les choses ainsi. Pour moi, encaisser, ne pas réagir, c'était se défiler. Il ajoute que c'est ce que n'importe quel combattant apprend. Combattant ? Serait-il un ancien soldat ? Il a en tout cas la carrure pour.

Alors que j'aimerais lui poser la question, me voilà déconcentrée. En effet, il vient de m'adresser un sourire des plus charmants. Alors je ne dis rien et profite pour admirer son visage s'illuminer. Sourire lui va si bien. Il devrait le faire plus souvent. Son expression est très différente de celle à laquelle j'ai été habituée. Vous savez de laquelle je parle. Cette expression qui indique que, même si tu es physiquement présent, tes pensées sont très loin de l'endroit où tu te trouves. Elles voyagent dans d'autres pays, d'autres contrées. Elles sont accaparées par des autres visages, très différents de ceux qui peuplent le bar où je travaille. Que te disent ces visages ? Sont-ils des fantômes de ton passé qui continuent à te hanter la nuit ?

Je le regarde écraser sa cigarette du pied. Il répond alors à ma question de manière automatique avec un simple « Keller ». J'en déduis qu'il s'agit de son nom de famille. Drôle de réflex que de se présenter par son nom de famille. Mais cela confirme mes soupçons : il doit sûrement être un ancien soldat. Il me révèle alors son prénom. Jordan. Jordan. J'aimerais le prononcer à voix haute mais je me retiens. Le sentiment de pouvoir enfin mettre un prénom sur ce mystérieux visage m'est précieux. Il me demande alors mon nom, tout en me proposant une nouvelle cigarette.

- Moi c'est Ruby. Non merci, la clope a tendance à me donner soif. Et je ne crois pas qu'aller me servir à boire maintenant serait une bonne idée. Je n'ai aucune envie de recroiser mon patron.

Je lui souris, parce que je ne sais pas quoi faire d'autre. J'ai toujours réagi ainsi. Dès que je suis mal à l'aise ou que les mots viennent à me manquer, je me mets à sourire. Parce que c'est ce que je sais faire de mieux. C'est ça ou alors je pleure. Et je ne vois aucune raison de pleurer là tout de suite.

- Ça fait déjà plusieurs mois. Je ne sais pas si on peut dire que ça fait longtemps. Mais quand tu dois supporter des types dans le genre de celui de toute à l'heure tous les soirs, oui ça passe lentement.

Je marque une pause, tentant en vain de lire dans ses yeux bleus une quelconque émotion. Pourquoi je n'y arrive pas ? J'aimerais que tu t'ouvres à moi Jordan. S'il-te-plaît.

- Et toi, tu fais quoi dans la vie ?

Alors que je lui adresse cette question à voix haute, question détournée qui me permettra de confirmer mes soupçons, je réalise qu'on est passé naturellement du vouvoiement au tutoiement. Comme si les murs du bar nous imposaient une certaine distance. Distance que nous avons brisée en sortant à l'extérieur.

On est tous les deux appuyés sur le mur, faisant face au vieil immeuble qui monte haut devant nous. Les doux murmures de la ville endormie continuent leur symphonie autour de nous. Pourtant, j'ai l'étrange impression que le temps s'est arrêté. Que le monde a cessé de tourner et qu'il ne reste plus que nous deux. Anges déchus dont les ailes ont été brûlées par les souvenirs de notre passé. Ne pouvant plus voler, nous sommes venus nous échouer là, dans cette ruelle humide et sale de Los Angeles. Dans l'espoir d'y trouver un refuge peut-être. Ou alors pour trouver quelqu'un comme nous. Quelqu'un pour lequel les autres anges ont oublié de prier.
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MessageSujet: Re: Yesterday's got nothing for me [PV Jordan] *terminé!*   Yesterday's got nothing for me [PV Jordan] *terminé!* I_icon_minitimeDim 19 Jan - 18:58

La jeune femme vient s'appuyer elle aussi contre le mur. Mon regard allant et venant des différents points stratégiques potentiellement dangereux de la ruelles aux yeux de la serveuse. J'ai peut-être une tendance à regarder trop les gens dans les yeux, avec un regard trop fixe, trop sûr. Mais ce n'est qu'une façade. Je ne suis pas toujours sûr de moi. Loin de là. Même si j'essaye au maximum d'éviter les moments de doute.

A l'armée, au garde à vous, le regard doit être fixe et ne doit pas suivre les mouvements des chefs de section ou des supérieurs faisant des aller et venue. Regard Fixe, à l'horizon. Même quand un supérieur viens vous éclater les tympans et hurlant des insultes ou autres ordres à deux centimètres de votre visage. Ne jamais regarder dans les yeux. Je l'avais appris plusieurs fois à mes dépend... Mais je n'avais jamais cessé de le faire.

Puis la guerre m'avait donné un autre regard. Un regard qui mettait parfois mal à l'aise. Mais ce ne semblait pas être le cas de l'ange blond. Elle le supportait, même s'il semblait que parfois, elle n'arrivait plus qu'à sourire, comme incapable de trouver ses mots ou de rassembler ses idées. La fatigue, peut-être, le ras-le-bol du travail merdique qu'elle faisait...

Je l'écoutais d'ailleurs en parler, acquiesçant. Elle déclina la clope, argumentant son choix. Je haussai les épaules. Elle faisait ce qu'elle voulait, je n'avais pas besoin d'en connaître les raisons. Pas que ça me dérangeait qu'elle m'en parle, pas du tout. Sa voix était tellement douce que ça me faisait du bien. Pour une fois que je sortais hors de mon appart et que ce n'était pas pour entendre vociférer des mecs bourrés... Mais elle avait bien le droit de refuser, si elle n'avait pas envie de fumer.

Cela ne faisait que quelques mois et ça lui semblait déjà des années. Ce n'était pas mon cas. Les mois filaient tellement vite que je n'avais pas le temps de les voir passer depuis que j'étais au LAPD. Mais je comprenais totalement quand elle reparla du type de tantôt. Elle ne devait voir, en majorité, que des gens comme ça. Tout comme moi, dans mon boulot, je parlais plus souvent à des cinglés ou des petits cons qu'à des personnes lambda. Et même si c'était ça aussi qui faisait l'intérêt du boulot en ce qui me concernait (puisque aussi, je l'avais choisi), il y avait des jours où ça me cassait tellement les couilles que j'avais parfois envie de me laisser aller. Et malheureusement, cela n'arrivait qu'à trop de collègues.

Et pour une femme, qui plus est dans un boulot de serveuse où elle avait tout juste à fermer sa gueule, ce devait être difficile. D'autant que j'avais remarqué que son léger accent n'était pas d'ici. Elle aussi était probablement déracinée, loin de sa famille... Elle devait elle aussi avoir son histoire qui l'avait amener à venir jeter un coup d'oeil à ce soit disant paradis qu'était Los Angeles.

-Ouais. Je peux comprendre. Ce genre de connard coure les rues, malheureusement. Et malgré tout, je me demande si je préfère pas les voir dehors avec leurs semblables que de les penser enfermés chez eux avec leurs mômes.

Je pensais bien que c'était la première vraie phrase, la première longue phrase, que je disais depuis le début de la conversation. Elle trahissait mon instinct protecteur même pour les gens que je ne connaissais pas, que je n'avais jamais vu. Pour le bien de toutes les personnes innocentes qui n'ont pas la force ou les capacités pour se défendre. Cet instinct qui ne m'avait pas fait reculer devant la guerre du Vietnam. Cet instinct qui m'avait poussé à continuer dans cette voie une fois au pays.

Je fis un clin d'oeil à celle qui s'était présentée comme étant Ruby.

-Alors si ça peut changer quelque chose pour toi, Ruby, tu peux penser que par ton travail, le temps que tu t'en occupes, des plus faibles que toi ne souffre pas.

Bon, quand ils rentraient complètement mort après, c'était une autre histoire. Si on pouvait tout contrôler, ça se saurait. C'était pas génial comme truc pour la rassurer ou lui donner la motivation pour continuer, mais c'était tout ce que j'avais à offrir.

Puis vint la question à 100 000 dollars. Celle qu'il était impossible d'éviter. Celle à laquelle chacun de nous, au LAPD avait sa façon de répondre. Certains répondaient juste "fonctionnaire". Mais je ne trouvais pas ça juste, même si c'était pas faux. D'autres ignorait la question, inventaient quelque chose. Moi, j'avais pas encore tout à fait trouvé comment y répondre. Je n'avais pas trouvé MA réponse à cette question. Quoi que. Quelques secondes avaient passé et je n'avais pas remarqué que mon regard n'avait pas quitté Ruby.

-Je suis flic.

Et je ne pensais pas que ma réponse allait changer en fait. Je comprenais ceux qui voulaient se protéger, ceux qui avaient peut-être honte aussi et ça arrivait plus souvent qu'on ne croyait. Moi, ce qui me dérangeais surtout, c'était qu'une fois que les gens savaient ça. Je n'étais plus QUE ça à leurs yeux.

Je scrutai Ruby... Certain déjà que sa réaction ne serait pas une réaction lambda. Parce qu'une fille lambda ne serait pas venue me retrouver dehors, parce qu'une fille lambda n'encaissait pas.

Mon regard se perdit à nouveau dans le vide. J'étais persuadé que je pouvais aller plus loin.

-Et avant ça, j'étais un marine.

Clope en bouche, j'allai chercher d'une main mes plaques dont le métal froid se faisait sentir contre mon torse, et les fis passer par au dessus de mon t-shirt blanc pour les dévoiler à la vue de Ruby.

-Et toi, tu n'es pas d'ici.

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MessageSujet: Re: Yesterday's got nothing for me [PV Jordan] *terminé!*   Yesterday's got nothing for me [PV Jordan] *terminé!* I_icon_minitimeLun 20 Jan - 19:44

Je ne détache pas mon regard de Jordan, écoutant attentivement chacun de ses mots. J'apprécie la tonalité douce et grave de sa voix. Il parle de façon calme et posée. Je l'écoute sans l'interrompre, hochant la tête à ses remarques. D'un côté, il n'a pas tort. Au moins, lorsqu'ils sont au bar, tous ces ivrognes ne risquent pas de cogner sur leur femme ou leurs enfants. Ce commentaire me révèle un côté protecteur chez Jordan.

Ce qu'il me dit ensuite me va droit au coeur. Non pas parce que je l'ai pris comme un compliment, mais parce qu'il vient de donner un certain sens au boulot ingrat qu'est celui d'être serveuse. Peut-être que ma présence n'est pas si futile ? Peut-être que mes sourires hypocrites ne sont pas si inutiles ? Mais comment apprécier un tel boulot lorsque l'odeur de l'alcool finit par nous donner la nausée ? Comment se réjouir de passer ses soirées au fond de cette pièce dont l'air est saturé de tabac ?

- Merci...

Voilà tout ce que je trouve à dire. En effet, je suis à nouveau déstabilisée par le regard de Jordan qui vient de me lancer un clin d'oeil. Je ne sais pas si c'est le froid mordant de la nuit ou autre chose, mais j'ai l'impression que mes joues se sont légèrement empourprées.

Cette sensation me fait penser à toutes les pauses que j'ai passées devant cette même porte, en compagnie de Sarah. La présence de chacune réconfortait l'autre. Des fois, on se défoulait, on se moquait des clients, de nos autres collègues ou de notre patron. D'autres, on se prenait à refaire le monde, à le rêver différent, meilleur peut-être.
Je ne pourrai compter le nombre d'heures qu'on a passées ainsi. Ces moments peuvent paraître dénudés d'intérêt pour les autres. Mais pour moi, ils sont précieux. Ils font partie de ces petits moments du quotidien dont tu apprécies la beauté et la sincérité. Je crois d'ailleurs que c'est ça que j'aime dans mon amitié avec Sarah. Elle est sincère, pure. Il n'y a pas de compromis. Juste deux personnes qui partagent un petit bout de leur vie. Pour être moins seules.

- Le problème, c'est que j'ai l'impression de ne pas les aider en les laissant se noyer dans tous ces verres d'alcool. Dès fois, je me sens vraiment mal pour ces personnes. Mais je crois que le pire ce sont celles qui ne disent rien.

Alors que j'ai prononcé cette dernière phrase à l'attention de Jordan, j'enfouis mes mains dans mes poches. L'air froid de la nuit commence à me piquer la peau. Je me mets à repenser à toutes les fois où j'ai laissé mon regard se perdre dans les traits marqués du visage de mon mystérieux client. Je repense à toutes ces soirées où je me racontais son histoire. Mais est-ce que je connaîtrai un jour sa véritable histoire ? Celle qu'il garde enfouie quelque part au fond de son coeur et qu'il tente d'oublier dans ses verres de bière ?

Alors que je laisse mon esprit se repeupler de tous ces souvenirs, nos regards restent figés. On ne se quitte pas des yeux. J'ai l'impression de connaître les siens par coeur, alors que cela ne fait que quelques minutes que nous nous perdons ainsi, dans la contemplation de l'autre.

Jordan me répond qu'il est flic et qu'avant il était marine. Je comprends mieux. En fait non, j'aimerais comprendre. J'aimerais qu'il me raconte ce qu'il a vécu. J'aimerais qu'il me conte son histoire.
Lorsqu'il dégage ses plaques de dessous son t-shirt, je m'approche instinctivement de lui. Je n'ai toujours pas quitté ses yeux. Lentement, je pose une main contre la sienne, celle qui tient entre ses doigts les plaques métalliques. J'émets une petite pression.

- En fait je viens de Nash...

Des bruits de verre brisé retentissant au coin de la rue m'interrompent. Je me retourne brusquement et j'aperçois les deux hommes qui sont en train de se battre. Oh non... Il ne manquait plus que ça. Je reporte mon attention sur Jordan, je redoute sa réaction.
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MessageSujet: Re: Yesterday's got nothing for me [PV Jordan] *terminé!*   Yesterday's got nothing for me [PV Jordan] *terminé!* I_icon_minitimeLun 20 Jan - 21:28

Elle ne me quittait pas des yeux. Et moi non plus. je n'avais pas l'habitude qu'on soutienne mon regard comme ça mais l'expression que la jeune femme arborait n'était pas une expression de défi. Loin de là. C'était comme si elle essayait de lire en moi sans pouvoir le faire. Et je l'espérais bien. Je n'avais pas de choses à cacher à proprement parler. J'avais toujours essayé de faire les choses comme je pensais qu'elle devait être fait. Et je pensais avoir fait les bons choix.

Non, ce que je ne voulais pas, c'était qu'elle remue la merde qu'il y avait dans ma tête, dans mes souvenirs. Je ne voulais pas qu'elle en soit éclaboussée. Parfois, il y avait des choses qu'il valait mieux ne pas savoir, ne pas connaître. Certains étaient fait pour poigner dans cette merde à pleine main, comme moi, justement pour que les gens jeune et innocents n'ait pas à le faire. Pour les protéger. Et pourtant, même Ruby le faisait à son niveau, comme je le lui avait expliqué.

Parfois, j'avais l'impression qu'elle était déstabilisée. Dès que mon regard changeait en fait. Dès que je laissais transparaître que j'étais au final un type comme les autres, qui pouvais sourire, ou avoir des émotions. Mais je ne lui fis pas la remarque. J'étais pas naïf et j'avais pas besoin qu'on me fasse un dessin.

Mais elle ne semblait pas totalement convaincue cependant par son utilité... Je haussai les épaules, soufflant la fumée que je venais d'inspirer. Et j'eus un sourire un peu ironique à sa petite phrase qui me visait directement sans en avoir l'air. Pas bête, mon ange blond.

-Parfois y en a pour qui il n'y a plus rien à faire. Y en a qui doivent combattre leurs démons tout seul. Et qui y arriveront.

C'était la réponse la plus correcte que je pouvais donner. Je ne m'avouais pas vaincu, je ne me laissait pas sombrer. Je lui dit le peu qu'elle pouvait savoir jusqu'à maintenant, répondant à sa question déjà plus précisément que je n'aurais pu le faire. Et lui accordant du même coup, le peu de confiance qui me restait dans les gens en dehors de mon binôme au travail.

Elle s'approcha de moi, et pris ma main qui tenait mes plaques dans la sienne. Première véritable approche de sa part. Ca la démangeait déjà depuis quelque soirs, je pensais bien. Mais si j'avais observé ses réactions, analysé ses regards, j'en avais oublié de réfléchir à comment réagir si jamais elle venait vraiment vers moi. Alors il n'y avait qu'une chose à faire: laisser aller agir au feeling. Comme quand ça tire dans tous les coins, que le chaos règne et qu'aucun plan structuré ne peut nous tirer de cette merde.

La chaleur de sa main, qu'elle avait enfouit dans sa poche quelques secondes avant, réchauffait la mienne. Et au moment où j'écartais les doigts pour lui laisser prendre les plaques en main, pour qu'elle puisse, je sais pas, lire les inscriptions gravées dessus, ce qui lui donnerait mon lieu de naissance, un bruit de verre brisé me fit me retourner.

D'un mouvement presque totalement naturel tellement je l'avais fait avec Jack, je poussai Ruby dans l'encadrement de la porte du bar. Cela la protégerai un minimum des regards et elle pourrait toujours rentrer si ça tournait mal. Seulement après l'avoir mise dans une relative sécurité, je me retournai pour voir ce qui se passait vraiment. Je soupirai.

Ces deux mecs étaient bourrés. Et l'alcool les poussaient l'un contre l'autre alors que 10 minutes plus tôt, ils rigolaient encore ensemble. L'un avait éclater sa bouteille de bière contre le mur et menaçait l'autre avec le tesson.

-Merde hein...

J'avais dit ça calmement et d'un ton un peu blasé. J'étais pas en service, mais j'allais pas les laisser s'écharper pour la cause, pas devant moi.

-Hey! Dégagez!

J'approchai, sans jeter un coup d'oeil à Ruby parce que ça aurait trahi sa position. Les deux bourrés se tournèrent vers moi. Et je devint leur nouvelle cible. Bah au moins, ils étaient de nouveau d'accord. Je jetai ma clope à terre.

-Mêle-toi de tes oignons, ducon!

-Allez vous entretuer ailleurs. Le reste, j'en ai rien à foutre.

Bah ouais j'étais quand même pas en service. Et puis l'un comme l'autre n'avait pas l'air d'en valoir la peine. Bon, ok, c'était peut-être subjectif comme jugement... Mais je défiais quiconque de venir me démontrer que la justice pouvait être objective.

Le gars avec le tesson avança vers moi, menaçant. Avec les bourrés, c'était facile. Ils avaient aucun équilibre. Je me laissai tomber quand il arriva à ma hauteur et balayai les jambes du gars d'un coup de pied. Il fini à terre et le tesson atterrit un peu trop loin de lui pour qu'il puisse le reprendre direct.

Je me relevai et m'approchai du gars qui était à terre. L'autre avait déjà reculé et faisait moins le fier. Je shootai un coup dans les côtes du cette vermine à la con.

-J'ai dit: "Dégage".

Il se releva et son pote l'aida un peu. Comme quoi, ils avaient quand même un peu de complicité. Mission accomplie: ils dégagèrent et n'avaient plus trop l'air d'avoir envie de s'engeuler. Et pourtant, j'avais pas fait grand chose.

Deux ans plus tôt, j'aurais littérallement massacré ces mecs. Mais maintenant, je n'étais plus militaire. L'ordre n'était plus "tuer" mais "rétablir la sécurité". Le gros ennuis, c'était quand les deux ordres se ressemblaient trop.

Quand je fus sûr qu'il avaient tourné le coin de la rue. J'attendis encore quelque chose comme une minute et 30 secondes. Avant de revenir vers Ruby.

-Ca va?


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MessageSujet: Re: Yesterday's got nothing for me [PV Jordan] *terminé!*   Yesterday's got nothing for me [PV Jordan] *terminé!* I_icon_minitimeMar 21 Jan - 18:35

Sans comprendre vraiment ce qui m'arrive ni comment Jordan a réussi à bouger aussi rapidement, me voilà poussée dans l'encadrement de la porte d'entrée du bar. Sous le coup de la surprise, mes yeux se sont ouverts très grands et mon coeur a commencé à battre très fort dans ma poitrine.

J'ai peur. Je ne sais pas du tout pourquoi. En fait, si, je crois que je sais pourquoi. Les hommes sont deux et Jordan est seul. Pourquoi est-ce que je me mets à paniquer maintenant ? Pourquoi est-ce que je ne peux pas réagir comme une adulte pour une fois ? Pourquoi est-ce que je dois toujours me comporter comme une vraie petite fille ?
J'aimerais sortir de ma cachette, pour me tenir aux côtés de Jordan. Mais je ne sais pas si c'est vraiment une bonne idée. Peut-être qu'il n'a pas envie que je me mêle de ça ? Autrement, pourquoi m'aurait-il repoussée derrière lui ?

J'entends Jordan crier un « Dégagez ! » des plus secs aux deux hommes. Bordel, pourquoi est-ce qu'il leur parle comme ça ? Je n'ai pas envie de devoir appeler à l'aide. Je n'ai pas envie qu'il se mêle à leur bagarre. Je n'ai pas envie de voir son visage marqué à nouveau. Je ressens tous ces sentiments alors que je n'ai toujours pas quitté la cachette où je me trouve. Le dos plaqué contre le rebord de la porte, les joues en feu et le coeur battant à tout rompre dans ma poitrine.

Je ferme les yeux, essayant de faire le vide autour de moi.

Dis, Maman, est-ce qu'il t'est déjà arrivé de ressentir un si grand besoin de protéger quelqu'un ? Est-ce que ce sentiment t'as déjà fait réaliser à quel point tu es faible face à la violence de ce monde ? Qu'est-ce que je donnerais pour être plus forte, pour être un tant soi peu courageuse. J'aimerais avoir la force de me poster devant l'ennemi. J'aimerais avoir le courage de barrer la route aux maux de ceux que j'aime...
Dis-moi, Maman, que ferais-tu à ma place ? S'il-te-plaît, aide-moi à comprendre. Aide-moi à comprendre pourquoi j'ai tant peur pour Jordan. Et guide-moi Maman, je t'en supplie. Ta Ruby est encore une enfant. Elle n'a pas la force de se dresser devant les autres. Ta petite Ruby se cache encore sous les couvertures quand elle est mal. Ta petite Ruby a toujours peur de l'obscurité de ses pensées qui l'envahissent la nuit.


Les deux hommes répondent à Jordan, haussant à leur tour leur voix. Puis vient le tour de Jordan. Lorsque j'entends le bruit sourd d'un corps qui tombe à terre, j'ouvre rapidement les yeux. Je n'ose cependant pas pencher la tête, je n'ose pas regarder. Je suis un petit peu rassurée en entendant à nouveau la voix de Jordan. J'ai l'impression d'assister à cette scène de loin, de très loin. La voix grave du marine percute les murs pour revenir jusqu'à moi.

Puis plus rien. Le silence. Une longue putain de minute de silence pendant laquelle tous les scénarios possibles et inimaginables me viennent en tête.

Quand Jordan réapparaît enfin, je sens mon coeur faire un bon dans ma poitrine. Un triple looping de soulagement. Automatiquement, naturellement, instantanément, je me jette dans ses bras, comme la simple petite gamine que je suis. Je passe mes bras autour de son torse et le serre fort, très fort contre moi. Je ferme les yeux. J'ai eu peur.

- Oui ça va !!, je réponds, la tête enfouie contre son torse.
Je dois te dire que, depuis ce jour, il m’a été plus facile de faire face, de me relever. Et tu sais pourquoi ? Parce que je sais que tu me regardes toujours. - Nana.

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Jordan Keller
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MessageSujet: Re: Yesterday's got nothing for me [PV Jordan] *terminé!*   Yesterday's got nothing for me [PV Jordan] *terminé!* I_icon_minitimeMar 21 Jan - 20:52

Le problème était règlé. J'avais "rétablit l'ordre" comme j'étais censé le faire. Comme j'avais été reprogrammé pour le faire. Les deux gars avaient titubé jusqu'au bout de la rue et n'étaient pas revenus, même après plus d'une minute. Ils ne reviendraiet donc pas.

Puis j'étais revenu vers Ruby. Elle avait les sourcils froncés tellement elles forçait sur ses paupières pour garder les yeux fermés. Je ne la touchai pas, de peur de l'effrayer et de prendre un mauvais coup réflexe de la part de la jeune femme. Je lui demandai, à distance suffisante, si ça allait. Il ne lui en fallut pas plus pour ouvrir les yeux et sauter dans mes bras, que j'écaratai instinctivement, la laissant entourer mon torse et serrer avec une force dont je ne l'aurais pas cru capable. C'est une enfant... Ce n'est qu'une enfant. Et c'est probablement pourquoi je sais comment réagir, d'instinct.

Nouveau flashback. Je dors paisiblement dans notre vieille maison en carton-pâte de Carson City. Je suis trop crevé pour dormir autrement que paisiblement de toute façon. J'ai 12 ans, et entre aller à l'école où j'ai essayé vaguement de récupérer au cours de math; aller rechercher mes frères à l'école; aller faire des courses pour que maman puisse préparer à manger; aider mes frères à faire leurs devoirs au détriment des miens pendant que maman nettoie la maison; essayer de réparer cette foutue fuite au lavabo de la salle de bain et aller  balayer la cour du voisin, pleine de sable venu du désert, pour gagner 5 dollars et aller acheter des bonbons pour mes frères (qu'on a planqué derrière une plinthe dans ma chambre pour ne pas que maman le sache); débarrasser la table et faire la vaisselle tous ensemble et enfin, courir après Duncan, 5 ans, qui est dans sa passe où il ne veut pas prendre son bain; je suis exténué.

Un orage éclate... Mais je ne réagis pas, je dors, bordel... Jusqu'à ce que je me réveille en sursaut......... En entendant Duncan hurler. Avec l'habitude, j'ai appris à avoir l'oreille sélective. A savoir déterminer quels bruits, dans la nuit, sont importants et lesquels ne le sont pas. Je n'ai encore aucune idée, à l'époque, de l'importance de cette capacité qui me sauvera bien des fois la vie dans la jungle humide des environs de Saïgon.

Et les cris de mon frères sont importants. Au moment où je déboule dans la chambre de mon petit frère, il me saute dessus et serre très fort mon petit torse de prépubère. Mon coeur se met à battre plus fort... C'est dans ces moments-là que je comprends que tout ce que je fais, même si des fois, je suis mort fatigué, sert à quelque chose. Le petit pleure. Enfouit son petit nez dans mon t-shirt. J'entoure mes bras....

Autour de Ruby. Réplique exacte des gestes que j'avais avec mon petit frère à cette époque.

-Hey... De quoi t'as peur?

Question plus profonde que je ne le voulais. Je n'imaginais pas combien de réponses elle pouvait me donner. Elle avait le visage complètement enfouis contre mon torse et je frottai doucement son dos. Tous les gestes que je faisais étaient des souvenirs. Des réflexes protecteurs quej'avais appris naturellement. Des gestes que j'aurais avec mes enfants, si j'en avais. Mais c'était bien loin d'être le cas.

-T'inquiète. Ce genre de mecs sont plus dangereux pour eux-mêmes que pour les autres.

Et c'était pour ça que j'étais intervenu. Parce qu'on aurait très bien pu les laisser faire sans être inquiétés. Et surtout, elle avait eu peur de la situation... Mais au fond, qui était le plus dangereux? Eux qui tenaient à peine sur leurs jambes et étaient un peu cons, L.A. ... Ou moi?

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MessageSujet: Re: Yesterday's got nothing for me [PV Jordan] *terminé!*   Yesterday's got nothing for me [PV Jordan] *terminé!* I_icon_minitimeVen 24 Jan - 18:05

Blottie là, contre le torse de Jordan, je me sens bien. J'ai l'impression d'être une enfant, d'être toute petite face au reste du monde. Je me sens aussi bien que quand mon père me prenait dans ses bras quand j'étais petite. Aussi bien que quand je me perdais dans la douceur des bras de Ted. Cette douceur masculine m'a manqué et je laisse celle de Jordan me bercer doucement.
Lorsque mon héros passe ses bras autour de moi, je sens comme une agréable chaleur s'emparer de mon corps et me détendre les muscles. Je serre un peu plus Jordan contre moi, profitant de ce moment de tendresse pour mémoriser son odeur. Un parfum très masculin. Une odeur d'homme.

Comment se fait-il que je me sens si attachée à lui ? J'ai l'impression que tous ces soirs passés à l'observer lui ont attribué une place dans ma vie. Une place dont j'ignorais jusqu'à l'existence. Peut-être que demain je trouverai des réponses à mes questions. Peut-être que demain je prendrai le temps de réfléchir à ce qui est en train de se passer entre nous. Demain m'apportera peut-être les solutions à mes problèmes. Mais, pour l'instant, je me contente de profiter de ce rapprochement soudain.

La voix douce et grave de Jordan vient me chatouiller les oreilles. Il me demande de quoi j'ai peur. J'ai envie de lui répondre mais j'attends encore un instant, le temps de profiter encore un peu de ses gestes tendres, de ses mains qui viennent frotter doucement mon dos.
Je relève alors lentement la tête pour plonger à nouveau mon regard dans le sien. Un regard profond dont je n'arrive toujours rien à lire.

- J'ai eu peur qu'il t'arrive quelque chose...

J'ai eu peur de le perdre comme j'ai perdu Ted. J'ai eu peur de le perdre comme j'ai perdu toutes les personnes auxquelles je tenais, en m’enfuyant loin de Nashville. J'ai eu peur de voir son visage meurtri par les coups violents des deux hommes. J'ai eu peur de devoir affronter ça toute seule, sans savoir quoi faire. J'ai eu peur de ne pas avoir la force de le sauver, de rester plantée comme une débile sans rien oser faire.

- Je sais... J'ai l'habitude de ce genre de types. La seule arme capable de les détruire est leur propre solitude. Mais c'est normal que je m'inquiète pour toi. T'étais tout seul contre les deux.

Je lui dévoile mes pensées et mes inquiétudes sans hésitation, parce que j'ai l'impression que je n'ai plus besoin d'artifices avec lui. Les sourires hypocrites et les « bonjour » amicaux sont inutiles à présent.

- Et je n'ose même pas imaginer s'il t'était arrivé quelque chose. Je m'en serais tellement voulue !

On est toujours blotti l'un contre l'autre et, après un instant, je desserre un peu mon étreinte. Je me dégage lentement de ses bras, presque à contrecœur je dois bien l'avouer. Mais je ne voudrais pas profiter trop longtemps de sa bienveillance. D'abord parce que je ne sais pas s'il a agi ainsi par politesse ou par sincérité. Et aussi parce que je dois faire de l'ordre dans toutes ces pensées qui se bousculent en moi.

Je me mets à fixer le sol, je deviens un peu gênée en repensant à ma réaction et à mon geste. Qu'est-ce qui m'a pris de venir lui sauter dans les bras ? Comment aurais-je réagi s'il m'avait repoussée ? Pourtant, il ne l'a pas fait. Il m'a acceptée, il m'a offert un peu de sa tendresse, tendresse que je peux enfin lire dans ses yeux alors je redresse à nouveau la tête. Dis-moi, Jordan, à quoi penses-tu ? A qui penses-tu ? Est-ce que, toi aussi, tu as l'impression qu'on se connaît depuis toujours ? As-tu, toi aussi, l'impression que ce lien qui s'est créé entre nous est la solution à notre solitude qui est devenue quotidienne ?
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MessageSujet: Re: Yesterday's got nothing for me [PV Jordan] *terminé!*   Yesterday's got nothing for me [PV Jordan] *terminé!* I_icon_minitimeDim 26 Jan - 12:06

Je la laisse blottie contre moi, bien conscient qu'elle me lachera dès qu'elle se sentira mieux. J'ai pas vraiment le coeur à la repousser, même si ça vaudrait peut-être mieux, parce que son contact est agréable. Et parce que ça fait tellement longtemps que personne ne m'a donné d'affection, hormis ma mère et mes frères, à distance au téléphone, que j'en ai presque oublié ce que ça faisait. Comme quoi, je ne suis peut-être pas aussi irrécupérable que je ne le pense souvent.

La réponse qu'elle donna à ma question alors qu'elle était toujours contre moi me surpris. J'aurais pensé qu'elle répondrait quelque chose de plus terre à terre. Du style que ces deux gars auraient pu lui faire du mal. Mais non, c'était pour moi qu'elle s'inquiétait. Alors qu'on se connaissait depuis à peu près dix minutes... Le regard perdu dans le vide, je posai ma tête sur la sienne, respirant l'odeur de ses cheveux, une bonne odeur légèrement recouverte par celle de la cigarette parce qu'elle était déjà restée trop longtemps dans le bar. Non. J'avais l'impression que ça faisait beaucoup plus longtemps.

-J'ai rien. Ils sont partis.

Pourquoi? Peut-être parce qu'elle avait les réflexes de tous ceux que je m'étais fait un devoir de protéger jusqu'à maintenant: ma mère, mes frères, Conrad, mes frères d'armes, les civils au Vietnam et finalement, les civils à L.A. Cela faisait beaucoup de personnes à protéger. Probablement de trop.

J'avais eu une discussion avec un collègue d'une trentaine d'années, qui parlait avec amour de son gamin de 4 ans, pas plus loin que la semaine dernière. Il m'avait posé une question qui m'avait surpris après m'avoir demandé si j'avais une femme et des gosses et que j'avais répondu "négatif". Il m'avait demandé: "Mais alors, c'est quoi ton but dans la vie? S'il ne reste rien de toi après ta mort?". Et ce qui m'avait encore plus surpris, c'était que j'avais réussi à répondre du tac au tac.

"Je suis un one shot. Je vis et je fais ce que je fais pour permettre à mes frères de vivre paisiblement. C'est ça mon but. Après, je peux aussi profiter de la vie parce que personne ne m'attend à la maison."

Et puis aussi, comme ça, si un jour quelque chose foirait, que ça tournait mal, je ne laissais personne dans la merde. Ce à quoi, le collègue m'avait répondu.

"Ce que tu prends pour de l'hédonisme, ça n'en est pas. C'est un sacrifice que tu fais."

J'avais juste haussé les épaules. C'était peut-être pas faux, même si je ne le ressentais pas comme ça puisque je n'avais pas l'impression de me priver de quelque chose. Et puis je ne connaissais pas vraiment la signification "d'hédonisme".

Ruby se décolla de moi d'elle-même, comme j'avais prévu qu'elle le ferait. Mais elle se recule et regarde le sol, comme si elle était honteuse de ce qu'elle avait fait. Il n'y avait pas de raison. Au contraire, ça me donnait, comme avec Duncan, l'impression que ce que je faisais, ce que j'étais, servait à quelque chose. Je lui relevai doucement la tête.

-Baisse jamais la tête. N'ai jamais honte de ce que tu fais, assume-le. J'ai fais des choses dont je pourrais avoir honte, tu en as peut-être fait aussi. Mais chercher la protection n'en est pas une.

Je bougeai ma main de son menton et mis mes deux mains dans mes poches.

-Tu trouveras ta place à L.A., mieux que celle que tu as maintenant. Mais faut jamais hésiter. Etre opportuniste, c'est une qualité ici, pas un défaut.

Je pris une nouvelle clope, l'allumai. J'étais prêt à partir... Je trouvais déjà que je parlais un peu trop et que je devais l'ennuyer.

-Je reviendrai encore demain probablement... Tu seras là?

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MessageSujet: Re: Yesterday's got nothing for me [PV Jordan] *terminé!*   Yesterday's got nothing for me [PV Jordan] *terminé!* I_icon_minitimeDim 26 Jan - 14:35

Tu es comme un chat sauvage qui n'en fait qu'à sa tête, tu es très fière et libre, mais... Tu portais une blessure incurable. Moi qui suis candide, j'admirais aussi cet aspect de ta personnalité sans savoir combien tu souffrais. - Nana
La vie continue autour de nous. Les clients du bar sont toujours à l'intérieur, à noyer leur tristesse dans des verres d'alcool. Les serveurs continuent de leur apporter leurs verres. La fumée qui s'échappe des cigarettes continue de se répandre dans l'air. Le jukebox qui passe de vieilles chansons des années 60 continue de rythmer les pensées nébuleuses des clients. Tout ce petit monde continue son bout de chemin sans nous. Non, nous on n'est plus là. Avec Jordan, on est ailleurs. Perdus dans cette ruelle humide, portant toujours nos ailes brûlées comme un fardeau, on a décidé de s'abandonner. De s'exiler dans le regard de l'autre.

Lorsque Jordan passe sa main sous mon menton, pour relever ma tête, je ferme pendant une fraction de secondes les yeux. Je les ouvre cependant très vite, comme pour mieux assimiler chacune de ses paroles. Ne jamais baisser la tête... Je ne peux compter le nombre de fois que je l'ai fait, le nombre de fois où j'ai détourné le regard, où j'ai ravalé ma fierté et j'ai fuis. Il me dit de ne pas avoir honte de mes actes. Il me dit d'assumer. Mais... comment faire ? Comment faire pour croire en ce que je fais dans un monde où tout est si sévère ? Dans un monde où chacune de mes actions est amplifiée par les tragédies des autres. Un monde où mes défauts et mes regrets sont le reflet de tout ce que j'ai vécu ?

J'écoute chacun des mots de Jordan avec attention. Un jour, oui, un jour peut-être que je trouverai ma place. Mais laquelle ? Comment savoir quand je l'aurai trouvée ? Et qui me laissera avoir ma place ? Qui me donnera la chance d'occuper une partie de sa vie ? Un ami ? Un amour ? Une amie ? Un membre de ma famille ? Qui donnera donc à la petite Ruby un peu de son bonheur ? Qui la laissera partager avec lui son quotidien ? Et quand ? Quand trouvera-t-elle la bonne personne ?

Je n'ai plus de mots qui me viennent en tête. Je n'ai plus l'esprit assez clair pour répondre quoi que ce soit.

- D'accord... Mais toi, Jordan...

Je relève encore un peu plus la tête, fixant sans détourner mon regard les yeux profonds de l'homme qui se trouve devant moi. Entre-temps, il s'est allumé une nouvelle cigarette, qu'il porte à sa bouche pour inspirer une grande bouffée de nicotine.

- Tu ne dois plus laisser les silences t'envahir. Promets-moi que tu me parleras encore comme tu m'as parlé ce soir.

Je veux qu'il extériorise tous les démons qui sommeillent en lui. Je veux qu'il me conte toutes les histoires qu'il garde pour lui et qu'il laisse le ronger de l'intérieur. Je désire plus que tout qu'il me reparle comme il vient de le faire. Je ne sais pas très bien pourquoi... Mais j'ai besoin de savoir ce qu'il pense. J'ai besoin de sa présence pour me sentir en sécurité.

- Je serai là demain.

Voici ma promesse, le cadeau que je lui offre. La promesse que quelqu'un l'attendra demain, et après-demain, et tous les autres jours qui suivront. La promesse que quelqu'un pensera à lui, dans le froid de la nuit, en se rendant au travail. Quelqu'un qui n'attendra que le moment où il passera à nouveau la porte du bar pour venir s'asseoir à son éternelle banquette. Quelqu'un qui lui servira à nouveau la même bière dans les mêmes verres.

Je lui adresse un dernier sourire avant de me retourner. L'ange déchu doit regagner son enfer dont l'air brûle encore de la fumée des cigarettes. Un enfer qui est devenu son refuge de chaque soir. Mais un enfer qui s'est un petit peu coloré par la présence d'un autre ange vient s'y échouer à présent. Un ange qui, à cet instant précis, cigarette à la bouche, marche d'un pas lent. Il s'envole doucement loin de moi.

Mais je sais qu'il reviendra. Alors je ne suis pas triste.

Tu sais Jordan, j'ai souvent repensé à cette soirée où tu t'es enfin ouvert à moi. Elle est restée à jamais gravée dans ma mémoire, comme ton odeur d'ailleurs. Avec du recul, je me dis que notre rencontre m'a fait le même effet que lorsque j'écoute une chanson pour la première fois : j'ai eu la certitude, dès les premières notes, que tu allais compter pour moi.
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