Je levais les yeux lorsque j’entendis la voix d’Apolline s’élever parmi les convives et je portais attention à son discours  qui me faisait déjà chaud au cœur. Pour l’avoir entendu en primeur lors de ma Bachelorette Party,  je savais que la chanson qu’elle et Howard allait jouer sur mes émotions.  Que voulez vous ? Je suis sensible, moi !

Me levant, je m’excusais auprès d’Alexie avec qui j’étais en conversation quand Apolline et Howard s’étaient installés sur la scène, puis je traversais le jardin pour rejoindre Hank. C’est dans ses bras que j’ai envie, et que je dois être, pour écouter ce vibrant message.

Je viens tout de suite, quand je le trouve, me blottir contre lui, mon dos contre son torse, ramenant ses bras autour de ma taille comme la seule couverture dont j’ai réellement besoin.

Les premières notes se font entendre, je relève la tête jetant un petit coup d’œil à Hank, un sourire amoureux sur mes lèvres, puis je regarde de nouveau Apolline, belle comme une pluie d’étoile, nous offrir  notre chanson. Chacune des paroles ne peut être plus vraies.

Notre histoire nous lie au-delà des mots, marchant main dans la main malgré la tempête. Elles ne m’effraient plus de toute façon, justement avec l’amour de Hank pour me protéger.

Légèrement, je bouge des hanches, nous faisant balancer au rythme de la douce mélodie, me laissant imprégner par l’ambiance chaleureusement romantique de la chanson.  J’ai même l’impression de sentir le cœur de Hank battre fort alors que ma tête repose contre son torse.

Il n’y a rien dans cette chanson qui ne vient pas directement toucher notre parcours amoureux.

Un moment, une larme coule sur ma joue. C’est le bonheur, ni plus ni moins. Mon cœur est sur le point d’exploser tant il ne peut plus se contenir. Je n’y croyais plus, je ne pensais pas qu’un jour ma vie pourrait aussi être teinté de rose bonbon.

Furtivement, j’essuie ma larme et me retourne pour enlacer Hank et, relevant la tête pour le regarder, caresser son dos en remontant jusqu’à ce que mes mains viennent sur sa nuque le faisant se pencher pour m’embrasser sans cesser de doucement danser.

- Je t’aime, mon amour !

Je lui murmure contre ses lèvres, au moment où la chanson  se termine. Les applaudissements fusent de partout, tout le monde ont  adorés la chanson il n’y a aucun doute. Cette chanson qui, à partir d’aujourd’hui, est devenu notre chanson. Celle qu’on se murmurera au creux de l’oreille après l’amour.  Celle qu’on écoutera lors de notre premier anniversaire de mariage et qui nous fera le même effet. Celui d’une envolée de papillon dans le ventre et qui nous fait prendre notre envole.

Il faut dire quelque chose, pour ce magnifique cadeau. Mais je suis incapable de le faire, trop prise par l’émotion du moment. C’est encore plus fort que lorsqu’elle me l’a fait la première fois. Peut-être parce que Hank l’a entendu lui aussi ?  Ma main dans celle de Hank, je crois que le mieux c’est d’aller les rejoindre sur la scène et de les remercier en les serrant dans nos bras. Parce qu’aucun mot ne saurait traduire ce que je ressens.

J’étais en train de jouer au ballon avec les jumeaux d’Helen quand une nouvelle voix s’éleva au micro. Une voix que je ne connaissais pas, ou plutôt que je ne reconnus pas direct parce que je ne l’avais entendue qu’une seule fois et pour ce qui était du dernier album de The Burning Fire, j’avais tendance à bobiner les chansons où c’était elle et pas Williams qui chantait… Et pas spécialement à cause de ce qui s’était passé entre nous… Plus simplement du fait que je n’aimais pas ces chansons-là plus qu’autre chose.

J’avais relevé les yeux, me détournant des enfants en leur demandant gentiment d’attendre deux secondes et leur mère prit le relais, leur demandant à son tour doucement de me laisser écouter ce que la dame avait à dire au micro.

Apolline commença donc son discours. Connaissant mieux Bailey que moi, elle avait donc centré celui-ci sur la mariée, ce qui était normal. Mais là où je souris, ce fut quand elle avoua platement ne pas avoir été pour ce mariage à la base, pas plus que pour nous écrire une chanson d’ailleurs.

Au moins, je ne pouvais pas lui reprocher de ne pas être sincère. Plus sincère que ça, elle allait avoir du mal à faire. Et ce fut cela que j’appréciai beaucoup dans son discours… Et le fait qu’elle avait su faire abstraction de nos différends et de ce qu’elle pensais de moi pour accepter l’invitation de Bailey et aussi honorer la demande de mon épouse pour ce qui était de la chanson.

Puis juste avant qu’ils ne commencent, j’avais pas pu m’empêcher de regarder Howard, installé à sa batterie et complètement bourré. J’eus un rire rien qu’à le regarder tout en accueillant une Bailey toute chose entre mes bras, qui guida mes bras autour d’elle.

Je baissai la tête pour l’embrasser au creux de son cou, mes deux mains jointes devant elle sur son ventre. Mon regard, lui, était tourné vers la scène et mon attention sur les paroles que Mclagan chantait… Et… Et j’étais en train de me demander pourquoi les autres chansons, celles de The Burning Fire, j’arrivais pas à les écouter.

Peut-être parce que j’étais pas concerné alors que dans cette chansons-ci… Comment elle avait fait pour être aussi juste ? Sans me connaître ? En se basant sur ce que Bailey pouvait lui raconter quand elles se voyaient ? De ce que Howard avait pu lui dire ? Ou des deux ?

Je le montrais pas vraiment, mais j’en étais ému quand même. Surtout parce que ce qu’Apolline était en train de faire, soit passer au-dessus de tout ce qu’elle pouvait penser de moi, j’aurais pas été capable de le faire.

Elle venait de faire le premier pas vers moi, alors… peut-être que je devrais faire le suivant, plutôt que de me contenter de la laisser penser que j’étais qu’un enfoiré violent. Que j’étais… mais pas tout le temps.

Je sentais Bailey tout contre moi qui se laissait aller à ses émotions comme je n’aurais jamais su le faire non plus. La colère, ça, je savais faire… Parce que c’était tellement fort que j’arrivais pas à la contenir. Mais le reste : l’amour, la tristesse, la joie, bref, les bonnes émotions, c’était moins évident pour moi de les laisser s’exprimer.

Pourquoi ? Si j’avais la réponse à ça, je pourrais probablement régler le problème, vous pensez pas ?

C’était Bailey qui nous guidait pour nous balancer doucement au rythme de la musique, dansant sans réellement danser. Moi, j’étais juste hypnotisé par ce qu’Apolline disait dans la chanson.

Mon épouse se tourna vers moi et je vis la légère trace d’une larme sur sa joue tandis que ses mains remontaient dans mon dos. Je lui souris en retour…

-Hey… faut pas pleurer comme ça…

Ses mains arrivèrent dans ma nuque et je me penchai pour l’embrasser, mes bras la tenant tout contre moi tout en continuant de suivre ses mouvements. Je savais danser. Je pouvais danser si c’était dans le script. Mais dans la vie réelle, ce n’était pas un truc que je faisais naturellement. Mais guidé par Bailey, ça allait.

La chanson prit fin et j’eus l’impression qu’il me fallut quelques secondes pour atterrir et arrêter de continuer à danser avec Bailey dans mes bras. Les applaudissements ne me semblèrent venir que petit à petit comme de loin après un moment et je secouai la tête en m’en rendant compte. Pendant quelques secondes, il n’y avait plus eu que Bailey, la musique et moi.

Je finis par m’arrêter, laissant Bailey libre de ses mouvements et la première chose qu’elle fit fut de prendre ma main dans la sienne pour nous guider vers la scène.

Alors qu’on traversait le jardin pour aller rejoindre les artistes, je me réveillai un peu de ma douce transe et montai avec Bailey le court escalier menant à la scène en deux enjambées. J’allai naturellement en premier vers Howard, lâchant la main de Bailey pour qu’elle puisse aller remercier Apolline à sa façon.

Je tendis la main vers Howard par-dessus sa batterie pour qu’il tape dedans et la serre comme on avait l’habitude de le faire. Et je rigolais en même temps.

-Merci vieux ! Merci pour tout…

Y compris la bouteille de vodka dans la figure de mon ex-femme, ça avait fait du bien.

Je le soutins pour le faire sortir de l’enchevêtrement de sa batterie parce qu’il était mort plein.

-Tu t’es remis à la vodka-whisky ou quoi ?

Je le laissai à Bailey, échangeant avec elle pour me retrouver face à Apolline. Et là, j’y allai avec moins de certitude et beaucoup de gêne, frottant l’arrière de ma tête d’une main et lui tendant l’autre.

-J’ai jamais eu l’occasion de m’excuser. J’avoue avoir jamais cherché à le faire non plus…

Je me raclai la gorge et relevai mon regard pour la regarder dans les yeux…

-Je suis pas comme… comme le jour où on s’est rencontrés. Et je suis sûr que t’es pas comme j’ai pensé que t’étais à ce moment-là.

Je haussai les épaules…

-Enfin bref, merci pour ça… Cette chanson, ta présence aussi, c’était important pour Bailey.

La chanson est terminée mais elle n’a pas fini de me faire vibrer le cœur. Apolline et Howard n’aurait pu faire mieux et, égoïstement, j’espère qu’ils l’ont aussi enregistré pour qu’Hank et moi puissions la réécouter autant de fois que nous prendra l’envie.  Ce serait  mieux que de les faire venir à la maison chaque fois, non ?

Au travers de nos invités qui applaudissent chaleureusement la prestation,  mon mari et moi nous nous dirigeons vers la scène spécialement aménager pour la fête et une avons-nous rejoins Apolline et Howard que je vais serrer mon amie dans mes bras. Je n’ai pas les mots pour lui dire concrètement tout ce que je pense de ce magnifique cadeau, et de ce qu’il représente. Je lui avais déjà exprimé bien des choses lorsqu’elle m’en avait offert la primeur pendant mon Bachelorette’s party mais de l’avoir partagé avec Hank et toutes notre famille et nos amis, elle a prit une toute autre signification pour moi. Comme une ode à notre amour le scellant définitivement.  Je l’embrasse sur chacune de ses joues et, l’étreinte terminé, Hank me fit en quelque sorte passer à Howard.

Je n’ai plus en tête la chicane qui oppose  Apolline à Hank et je ne fais pas attention à ce qu’ils peuvent bien se dire. En fait, je n’ai d’yeux que pour Howard qui passe son doigt sous les miens en me demandant si j’ai aimé leur chanson.

- C’est la plus belle chanson qui m’est été donné d’entendre.

Lui aussi, je l’embrasse et le serre dans mes bras.

- Merci !

Et ce n’est pas qu’un simple merci. De tous ceux que je connais,  Howard est celui qui est là depuis le plus longtemps. Celui avec qui j’ai traversé et vécue tellement de choses que nous pourrions en écrire plusieurs romans.  Parfois, c’est lui qui me tenait la tête hors de l’autre alors qu’à d’autres, c’est moi qui  le tirais pour pas qu’il touche le fond, même si ce serait mentir que de prétendre que nous nous sommes fait que du bien. Mais ça n’a plus aucune importance et tout ce qui compte c’est la façon dont nous nous en sommes sortis et d’être là pour témoigner du bonheur de chacun.

Je mets fin à l’étreinte, encore empreinte d’émotion. Faudra voir si c’est ma médication qui fait que je suis devenue une vraie pleureuse ou bien si c’est naturel, chez moi, finalement. J’espère bien que non !

Me tournant un peu plus pour regarder Hank et Apolline, et constater qu’il y a apparence de trève entre eux, ce qui ne peut qu’ajouter à mon bonheur, et fort probablement aussi à celui d’Howard, je reprends la main de Hank dans la mienne.

- Je vais essayer de ne pas la massacrer celle là, mon amour !

Je fais bien entendu référence à mes piètres talents de chanteuse. Combien de chanson je peux ruiner avec ma voix de poêlon rouillé ?  Mais Dieu sait combien j’adore chanté et que toutes les occasions sont bonne pour moi de m’égosiller au grand dam de mon mari.

Quelqu’un cria « Lance ton bouquet Bailey ! »  je ne sais pas de qui ça venait mais de toute évidence une femme voulant se marier dans l’année. Stopher s’approcha du bas de la scène pour me le lancer et  je regardais Apolline l’air de dire « Ben vas-y, je vais le lancer en ta direction ».

Une fois que je fus sûr qu’Howard, qui disait avoir été le cobaye de sa propre invention alcoolisée, allait tenir debout tout seul, j’avais passé le relais à Bailey avant de m’approcher de Mclagan. Ma gêne était perceptible parce que je ne savais pas comment elle allait réagir à mes remerciements qui étaient sincères, mais qui n’enlevait pourtant rien à la violence dont j’avais fait preuve envers elle.

Déjà à l’hôpital après l’agression de Howard, je n’avais pas été très sympa, mais la deuxième fois, j’avais carrément jeté sa télévision par la fenêtre de son apparemment avant de lui mettre une baffe assez forte pour la faire tomber et lui éclater la lèvre. J’étais d’ailleurs content de voir qu’elle n’en portait aujourd’hui aucune marque.

J’avais donc présenté mes excuses à la guitariste et advienne que pourra. Ce n’était pas comme si j’avais quelque chose à y perdre, bien au contraire, puisqu’il n’y avait de toute façon que du ressentiment, entre elle et moi, jusqu’ici.

Je me détendis quand même un peu quand la guitariste me sourit. Bon, pas dit qu’on deviendrait un jour les meilleurs amis du monde, mais si on pouvait au moins se retrouver dans une pièce sans essayer de se bouffer la tronche, ce serait déjà pas mal, ne fut-ce que pour Howard et Bailey.

Je souris en retour à la guitariste qui admettait comme moi qu’on s’était trompés l’un sur l’autre. Elle probablement influencée par la presse et moi ma vision d’elle étant à l’époque complètement tronquée par ce qui se passait entre Kate Julian et moi.

Elle affirma que je serais parfait pour Bailey… Et je ricanai…

-Ouais, j’essayerai, en tout cas.

Quant à Mclagan, elle affirma qu’elle aimait Howard, qu’elle ne lui ferait jamais de mal et qu’il était l’homme de sa vie. Je me tournai brièvement vers Howard pour voir mon meilleur pote et ses yeux complètement dans le gaz et rigolai…

-Ouais…

Elle avait eu aussi la femme de sa vie, qu’elle disait, Apolline. Ouais, ben elle n’était plus avec non plus, apparemment… A moins qu’elle vive une double vie, ce qu’elle venait de dire ne faisait pas sens pour moi. Mais je fis pas de commentaire. Je savais aussi que Bailey avait eu des expériences avec des femmes dont Apolline et je préférais, dans mon petit monde à moi tout seul, penser que c’était juste dans le cadre de son ancien travail que Bailey avait fait ça. Pour l’argent et pas par plaisir.

Chacun faisait ce qu’il voulait, je m’en foutais. Mais dans ma tête, mon monde devait tourner rond et dans le sens horaire, si possible.

Bailey s’approcha alors de nous et affirma que la chanson qu’on venait d’entendre, elle ne la massacrerait pas. Je ricanai en la regardant et en secouant la tête.

-Je donne pas 24 heures avant que tu ne faillisses à cette promesse, Bailey.

J’aimais entendre Bailey chanter parce que c’était, chez elle, un signe d’excellente humeur ! Mais qu’est-ce qu’elle chantait mal ! Apolline et Bailey se prirent dans les bras l’une de l’autre et je retournai vers Howard et lui montrant un certains nombres de doigts et en lui demandant combien il en voyait mais c’était peine perdue.

Bon, avec tout ça, quelqu’un dans l’assemblée demanda à ce que Bailey lance son bouquet et Christopher, au taquet, apporta ledit bouquet à Bailey. Souriant, je les regardai faire après que la guitariste soit venue chercher un baiser sur les lèvres, qui devaient avoir le goût de vodka, du batteur, avant de retourner avec les autres folles furieuses prêtes à s’entretuer pour un putain de bouquet de fleurs.

Trois fois, j’avais vu cette scène et trois fois, je m’étais dit que s’il y avait eu plus d’invitées, ça aurait ressemblé à une émeute.

Je me penchai vers Howard et lui glissai.

-Croise les doigts pour que ta copine soit pas forte en baseball…

Mais ce ne fut pas Apolline qui attrapa le bouquet, mais bien la productrice de The Girl And The Beach qui sortait accessoirement avec Dylan Turner… De temps en temps.

-Sauvé, Howard.