Je pensais vraiment que je n’arriverais pas à trouver le sommeil après une journée aussi riche en émotion. Ce matin, en nous levant mon mari et moi, nous avions le cœur léger et remplis d’espoirs même si dans nos têtes plusieurs doutes régnaient. Sauf que même si ces doutes sonnaient forts comme des signaux d’alarme, le cri du cœur restait tout de même plus fort.
Et je voulais y croire.
Je le voulais tellement !
Nous avions toute une putain de montagne à gravir. Mais ensemble, main dans la main, nous avions décidé de suivre le sentier le plus long mais le plus sûr, prendre les obstacles uns à uns et surtout, le plus important selon moi, se faire mutuellement confiance. Sans Hank pour me soutenir, je ne serais pas là où je suis aujourd’hui. J’aime croire que je lui ai apporté un peu aussi, à ma façon, et que mon amour lui a été tout autant bénéfique.
Mais voilà que la montagne a prit des allures d’Everest avec l’éventualité amené par le Docteur Roberts. Même si tout pourrait pointer en la direction de Hank, je préfère et je crois dur comme fer que le problème vient de moi. Ça ne peut que venir de moi de toute façon. Avec le train de vie que j’ai eu pendant longtemps, et même si j’ai donné naissance à un petit garçon en santé, il me semble évident que j’ai bousillé ma fabrique a bébé en continuant de le shooter à l’héro, en couchant avec des hommes pas trop recommandables, puis, pire, en pensant faire le meilleur choix pour moi en me soignant à coup de stabilisateurs d’humeurs et tellement d’autres choses que ça a du court-circuiter tout le bordel en dedans et voilà.
Je suis resté la tête haute.
Dans la voiture, j’ai ravalé mon chagrin en demandant à Hank de nous conduire chez ses parents. Chez eux, j’ai rigolé en visionnant les films de famille. J’ai parlé ouvertement de la situation avec Diana en essuyant la vaisselle du repas que nous avons partagé en toute simplicité. Une conversation franche et privée entre ma belle-mère et moi qui m’a fait un bien indescriptible. J’ai pu lui exposer mes pires craintes, dans mes propres mots, sans me sentir jugé ni même blâmé. Et avec son sourire réconfortant, j’ai pu lâcher un peu prise, sans pleurer toutes les larmes de mon corps, en laisser quelques unes couler alors que mon mari et son père parlaient de leur côté, de voiture, de sport ou bien de femmes… ou de bébé qui ne viendrait probablement jamais.
Je ne sais pas en fait de quoi parlent les hommes.
Tout ça pour dire que j’ai tenu bon parce que je savais que si je flanchais, je ferai plus de mal à Hank que je m’en exorciserais.
Ce n’est peut-être pas pour rien que je trouvais rapidement le sommeil malgré tout.
J’ai l’impression que je n’ai dormis que le temps d’un battement de cils puisque le soleil filtre déjà au travers des rideaux de la chambre. Je lève ma main au niveau de mes yeux en allongeant le bras comme pour me protéger de la luminosité étrangement forte, à croire qu’il est passé midi ce qui voudrait dire que j’ai fait le tour de l’horloge ! En m’asseyant dans le lit, je me trouve quand même un peu égoïste d’avoir si bien dormis alors, que, connaissant mon mari, il a du se laisser ronger par ses pensées toutes la nuit. Pourtant, il n’a pas raison de le faire. Je le sais, tout ira bien cette fois. Paresseusement, je m’étire en joignant les mains ensembles et en les levant jusqu’au dessus de ma tête en courbant le dos vers l’intérieur ce qui fait bomber mon ventre encore plus.
Il est si gros qu’on dirait bien que je vais exploser ! C’est normal, a quelques jours de la date prévu de mon accouchement. Je dois réfléchir à la jambe que je vais étirer en premier pour poser mon pied au sol, de quel côté je prendrai appuie pour sortir du lit pour garder mon équilibre. J’ai l’air d’une pastèque montée sur deux spaghettis et ça fait trop bien marrer Hank qui me surnomme affectueusement sa jolie baleine !
Je n’ai que trois pas de fait et je suis à bout de souffle. Il est grand temps qu’il sorte de la, ce bébé-là ! Je dois prendre appuie contre le mur du corridor pour marcher parce qu’on n’a pas encore inventé le chariot maternité permettant de supporter le ventre et de le « rouler » à notre guise pour nos déplacements. Et le docteur a été formel : Il n’y en a qu’un ! Je m’attendais à sentir l’odeur alléchante du café mais au lieu de ça, je fronce du nez en sentant plutôt l’odeur de la peinture. Donc au lieu de descendre l’escalier, ce qui aurait représenté n exploit, je continu et entre dans la pièce qui faisait office d’une chambre « à débarras ». C’est quand même la troisième plus grande après la nôtre et celle qu’occupe présentement Julian.
Je pousse doucement contre la porte qui est à demi fermée et je vois Hank, justement en compagnie de Julian, tous deux armés de tout ce qu’il faut pour rendre la pièce parfaite avant le grand jour. Tous les accessoires ont été soigneusement choisis tout comme la couleur et les premiers petits pyjamas. J’ouvre un tiroir du chiffonnier et j’en prends un que je place devant mon ventre en rigolant. J’ai l’impression que ce sera trop petit vu la grosseur de mon bidon ! Et Hank de rigoler tout autant que moi, lâche son rouleau et vient s’agenouiller devant moi et m’embrasse le ventre avant de murmurer au petit être qui sommeil en moi qu’il à hâte qu’il soit là pour pouvoir lui montrer la belle chambre qu’il aura.
Le moment parfait saisi par Baby North pour pointer le bout de son nez. Contrairement à ma première expérience, je ne panique pas. Je suis complètement zen et j’ai totalement confiance en Hank qui m’entraîne déjà dans ses bras jusqu’à la voiture alors que Julian amène ma valise. Non plus qu’une fois à l’hôpital, je ne ressens pas la même douleur. Je ne dis pas que c’est forcément agréable mais je me sens parfaitement capable de passer au travers de cet accouchement sans hurler de douleur comme pour Anthony.
Hank et moi, parvenons même à rigoler en disant que mon gros ventre ne sera plus un obstacle à nos rapprochements torrides quoi que le bébé en lui-même, freinera probablement nos ardeurs par autant de façons que nous pouvons faire preuve d’imagination quand vient le temps de se grimper dessus. Et quand vient le temps de pousser, je le fais, avec la force que seule une mère sait le faire au moment d’accueillir son enfant en ce monde.
Le bébé sort après seulement trois poussées. Ce fut tellement rapide que l’infirmière s’exclame que je suis faite pour donner naissance à des enfants ! Avec un peu de chance, notre bébé aura des frères et des sœurs. Quand enfin je peux l’avoir dans les bras, et que je découvre avec émotion son parfait petit minois, je pleure à chaude larme, découvrant la vraie signification d’aimer inconditionnellement.
Ce petit ange est tout simplement parfait à tout point de vu ! Hank se penche et le prend dans ses bras, le portant tout contre lui et moi, épuisée, je passe une main sur mon front puis dans les cheveux en regardants les deux êtres que j’aime le plus au monde, un sourire attendrit sur les lèvres.
Dans un murmure, je lui souffle le prénom que j’ai depuis longtemps choisis. Il ne pouvait y avoir plus approprié pour Baby North.
- Baby North se nommera H…
BANG !
-
ARGH! ! Aïe !Péniblement et me frottant le front, je m’agenouille sur le plancher de la chambre, confuse après être tombée en bas du lit. Instinctivement, je porte les mains à mon ventre, plat et bien entendu, vide. J’ai rêvé et ça semblait si réel ! J’ai tenu dans mes mains mon bébé et formée avec Hank une véritable petite famille. Je sais bien que ce n’était qu’un rêve mais il y avait quelque chose là dedans qui me fait y croire. C’était ne prémonition, ça ne peut pas faire autrement ! Je le sais, je le sens !