J’avais fait des pieds et des mains pour pouvoir participer à la tournée de The Lightening. J’avais même été jusqu’à demander à pouvoir voir Don Hughes en personne pour lui exposer mon problème depuis que The Lightening avait signé avec Maria Watson.

Je m’inquiétais pour Billy, tout particulièrement, parce qu’on entendait même plus parler de The Lightening depuis leur signature. Et je n’étais vraiment pas sûr qu’une manager indépendante à elle seule ait les épaules assez larges pour supporter un groupe imprévisible comme The Lightening. Pas plus que je ne pensais qu’elle sache vraiment comment allumer la flamme qui leur permettait de se mettre au travail. Lenny Knowles avaient déjà énormément de mal, mais il y était arrivé de temps en temps.

Mais là, je savais que Cash Izbel se méfiait de Maria Watson plus ou moins comme de la peste… Et quand Cash ne veut pas quelque chose…

Tout ça ne constituait pas mon problème, cependant. Mon problème résidait dans le fait que je n’avais pas été assigné à un nouveau protégé par MTI. BleedingHeart n’en avait pas encore besoin et ce n’était pas dit qu’on leur assigne des gardes du corps s’ils n’en demandaient pas, voire s’il le refusait, ce qui ne m’étonnerait pas, venant d’un groupe punk.

Du coup, j’étais au chômage technique, en attendant… Enfin pas vraiment. Je travaillais toujours, mais à des postes plus techniques comme le montage et le démontage avec Abel Hudson… Ou à la préparation de la pyrotechnie avec Delfino Alvarez. Restait que je n’avais ni leur expérience dans ces domaines, ni les formations pour… Alors à la limite, j’avais l’impression de leur donner deux fois plus de boulot plutôt que de les aider puisqu’ils devaient m’expliquer.

Et mon boulot, en gros, finissait toujours par trimballer de caisses ou du matériel de gauche à droite. Bref, pour faire simple, je commençais un peu à m’ennuyer, au point que je me demandais si ça valait toujours la peine de rester là.

On était dans une période creuse, en même temps, le nombre de concerts d’amenuisant puisque la tournée mondiale de The Burning Fire se préparait. Cette tournée était peut-être une occasion de me refaire ma place quelque part au sein de MTI.

C’était pourquoi j’étais allé voir Don Hughes qui m’avait écouté attentivement et m’avait aiguillé vers Timmy Evans à qui je n’avais eu l’occasion de parler que par téléphone.

De fil en aiguille, j’avais obtenu une place comme steward sur le Dynamite Tour et ça me soulageait grandement. Je n’étais plus garde du corps et ne suivais plus un artiste en particulier de près, mais ça restait dans le domaine de la sécurité alors ça me motivait déjà beaucoup plus que ce que j’avais fait depuis le départ de The Lightening.

Ma check list en main, la première étape de mon travail pour cette première date au Hollywood Bowl était de vérifier que tout était parfait au niveau sécuritaire : vérifier les issues de secours, les extincteurs, la fixation des barrière Nadar qui étaient placées de sorte qu’il y ait un espace de trois mètres entre le public et la scène où nous pouvions, nous, stewards, déambuler et réceptionner les fanatiques du crowd surfing. Mais ce serait également l’endroit où quelques photographes ayant l’autorisation de MTI et des organisateurs auraient l’occasion de prendre des photos des deux concerts.

C’était dans cet espace que j’étais en train de relire pour la cinquième fois ma check list pour être sûr de ne rien avoir oublié. Après ça, je pourrai aller en coulisse boire un coup avant que les concerts ne commencent. Et comme tous les fans, je me réjouissais de voir ce que BleedingHeart et The Burning Fire nous réservait.

@ Billy Lighter

La tournée avait débutée et The Burning Fire ainsi que BleedingHeart allaient pouvoir montrer de quoi ils étaient capables à travers le monde entier. C’était une épreuve du feu pour moi aussi car je n’avais encore jamais gérer une tournée d’une telle envergure à la tête de deux groupes. Ceci n’allait point être simple mais le défi me plaisait.

Nous étions à quelques heures de l’entrée de BleedingHeart sur scène et je m’étais donné la mission de passer un peu partout pour être certain que tout soit en ordre. C’était une habitude que j’avais prise lors de ma toute première tournée il y a de cela quelques années.

Les loges étaient prêtes et arrangées au goût de mes protégées. Les roadies me semblaient en forme et ils travaillaient d’arrache-pied depuis hier afin que tout se déroule dans les meilleures conditions et pour donner au public un fabuleux spectacle.

J’étais satisfait de ce que je voyais et j’avais pris la direction de l’avant de la scène où j’avais repéré Liam Taylor. Il s’agissait de l’ancien garde du corps de Billy Lighter. Le passage de Lighter de MTI à la manager indépendante, Maria Watson, avait conduit à la séparation du musicien et du garde du corps qui semblaient former une équipe soudée. Je n’avais aucun pincement au cœur par rapport à cette histoire car j’avais vu, en Liam, un soutien parfait pour Luke Werner pour la tournée. Il n’avait point été engagé en tant que tel sur la tournée mais c’était, pourtant, une des fonctions que je désirais lui donner. Luke m’ayant fait savoir qu’un coup de main ne serait point de refus pour empêcher le batteur de s’attirer trop d’ennuis.

J’avais pu entendre Liam au téléphone il y a peu mais je n’avais point eu le temps de lui parler en long et en large de l’entièreté de ses fonctions sur cette tournée. Désormais, j’avais quelques minutes pour le faire.

-Bonjour, Monsieur Taylor.

Je luis avais serré la main. Pour les tournées, j’avais l’habitude de laisser mes costards au placard. Il était plus agréable de se déplacer d’un endroit à l’autre des salles de concert en tenue décontractée.  

-Je suis heureux de vous avoir avec nous sur cette tournée. Je sais que ces derniers mois ont dû être pénibles pour vous mais j’espère que vous trouverez de quoi amener vos compétences sur cette tournée.

Ces mots étaient dit par politesse plus que par compassion car je n’en ressentais point.

J’étais plus grand que Taylor mais plus fin que lui qui avait une carrure digne de son métier.

-Au téléphone, je n’ai pas eu le temps de vous parler en détail de ce que vous aurez à faire ici en dehors de vos fonctions de steward. Mais avant d’aller plus loin j’ai une question à vous poser : être vous proche de Luke Werner ?

S’il y avait une quelconque affinité entre les deux hommes, les choses pourraient être encore plus simples.

@ Billy Lighter

Je ne me retournai que lorsque j’entendis une voix, teintée d’un fort accent, derrière moi. Et je du lever les yeux pour croiser le regard du manager Timmy Evans à qui je serrai la main. Nous ne nous étions que croisés poliment dans les couloirs de MTI, jusqu’ici, étant donné que j’étais alors lié à Lenny Knowles et The Lightening et non à The Burning Fire comme maintenant.

Il était grand, fin, charismatique. Parfois, les magazines en faisaient tout un plat sur certaines personnes et en fait, quand vous les rencontriez en vrai, ils n’étaient pas aussi impressionnant. Parfois aussi, c’était l’inverse et je pouvais personnellement témoigner pour ce qui était du cas Izbel. A lire les magazines, c’était un junkie libertin et dépravé… Ouais, ok, ce n’était pas tout à fait faux, mais ce n’était quand même que la partie émergée de l’iceberg… Parce que Cash Izbel était bien plus que ça, sans que ce soit possible de le définir.

Timmy Evans n’entrait dans aucune de ces deux catégories. Il était à l’image de ce qu’on racontait de lui : posé, classe et extrêmement poli. British quoi.

-Bonjour, monsieur Evans… Vous pouvez m’appeler Liam, si vous le souhaitez. Ce ne sera pas pour autant que je vous appellerez par votre prénom.

J’étais roadie, il était manager. Et si certains roadies pensaient qu’il n’y avait pas de hiérarchie au sein d’une maison de disque sous prétexte qu’on travaillait dans un domaine « artistique », ils se trompaient lourdement. J’en avais vu, des roadies qui se croyaient les égaux des managers voire des artistes qu’ils appuyaient… Et ils ne faisaient jamais long feu.

Pourtant, ce n’était pas vraiment une question d’égalité ou non… C’était plutôt une question d’ordre. Si on voulait que ça tourne, il fallait des leaders et des gens capables d’effectuer leurs tâches en fonction de leurs capacités. Et si j’étais contre les inégalités et la discrimination quelle qu’elle soit, je n’étais pas pour autant un anarchiste.

Il pouvait y avoir une hiérarchie saine, basée sur les compétences et non le sexe, la race ou la classe sociale.

Le manager Anglais affirma qu’il espérait que je trouve ma place sur cette tournée. Je regardai autour de moi, puis ma check-list avant de lui sourire.

-Je suis très content d’avoir cette place, Monsieur Evans. Je ne vais certainement pas me plaindre de pouvoir suivre un groupe comme The Burning Fire en tournée. Ce n’est quand même pas donné à tout le monde.

Je voulus lui montrer la check-list, lui faire mon rapport, en gros, en lui désignant les points critiques auxquels il faudrait faire attention. J’étais là lors de l’émeute de St-Louis pendant la tournée de The Lightening et les sorties de secours étaient devenue une vraie obsession pour moi. Un problème qui n’en serait pas un au Hollywood Bowl puisqu’il ne s’agissait pas d’une salle mais d’une sorte de théâtre en plein air permanent.

Mais je n’en eus pas le temps… Timmy Evans semblait avoir pour principale préoccupation de déterminer clairement mes fonctions au sein de cette tournée. Cependant, sa question me laissa un peu interdit.

-Heu… Oui, bien sûr… Je connais Luke. C’est un très bon gars. Il veut bien faire.

Il était aussi un peu impulsif parfois. Mais toujours dans l’optique de faire son boulot convenablement. Je n’avais pas envie qu’on l’évince parce que j’étais désormais disponible vu que Billy Lighter avait changé de « maison de disque ».

-Pourquoi ? Il y a un problème avec Luke ?

Grattant l’arrière de ma tête en me demandant où voulait en venir le manager, je désignai la direction des coulisses.

-Je pensais aller boire un café dans notre salle de repos avant le concert… Je crois qu’on a aussi du thé, si ça vous dit…

@ Billy Lighter

Liam Taylor était à son poste et faisait le travail qu’on lui avait demandé. Don Hughes l’avait toujours qualifié de très bon professionnel et c’est ceci qui m’avait convaincu que l’accepter sur la tournée en vue de lui donner une fonction plus spécifique mais point moins physique.

Nous nous étions salués l’un et l’autre. Liam Taylor souhaitait que je l’appelle par son prénom. J’allais me conformer à son choix. Nous allions devoir passer des mois ensemble, nous en viendront bien vite aux familiarités. Certains roadies m’appelaient Timmy car cela faisait des années que nous nous connaissions et avec la future fonction de Taylor, nous en viendront très vite à cela.

-Comme vous voudrez, Liam.

Il était important pour moi de ne point brusquer Liam et de d’abord voir s’il prenait sa place au sein de cette tournée. Je savais qu’il connaissait quelques-uns des roadies car ils travaillaient dans la même maison de disques mais ça n’empêchait que l’entourage de The Burning Fire était différent de celui de The Lightening. Liam se plaisait bien parmi nous et se trouvait chanceux de pouvoir suivre The Burning Fire. Il n’était pas rare d’entendre les roadies tenir un discours similaire bien que certains soient dans le métier depuis tellement longtemps qu’ils ne voyaient plus ceci comme un honneur ou une chance mais comme une routine. Liam ne faisait pas partie de ceux-ci et cela malgré son expérience au sein de MTI.

-Vous m’en voyez heureux de cela.

Il était temps d’aborder le cas Stone ainsi que le job plus précis que je voulais donner à Liam. Pour cela, j’avais abordé Luke. La question pouvait semblée étrange pour Liam mais il s’agissait, pour moi, de savoir si l’alliance entre les deux gardes du corps était possible. Il était obligatoire qu’ils s’entendent bien pour que tout ceci fonctionne. Cela me semblait être le cas. Cependant, mon questionnement avait plus que surpris l’ancien garde du corps de Lighter. C’était évident que cette question était plus qu’étrange pour quelqu’un qui ne savait point le but de ce questionnement.

-Non, rassurez-vous. Il n’y a aucun problème avec Luke, au contraire. Je suis très content de son rendement.

Liam m’avait invité à boire quelque chose avec lui dans la salle de repos. Nous y serons plus à l’aise pour parler.

-Oui, je vous suis. Un thé me ferait plaisir.

Nous allâmes dans cette salle et quand nous fûmes arrivés, je m’étais servi moi-même mon thé pendant que Liam se préparait un café. Je n’avais point attendu que nous soyons installés pour commencer à expliquer ce que j’attendais de Liam.

-Je vous parlais de Luke parce que je souhaiterais que vous l’épauliez dans son travail de garde du corps auprès d’Howard Stone. C’est Luke lui-même qui a demandé à avoir un coup de main et vu votre expérience auprès de Lighter vous me sembliez être l’homme de la situation. Je ne vous demande pas ça pour le protéger des fans qui vont s’avérer, parfois, hystérique mais bien pour le protéger de lui-même.

Je lui avais laissé le temps de digérer cette information afin, d’ensuite, lui expliquer un peu mieux le cas Stone.

@ Billy Lighter

Les « présentations » faites, j’avais déclaré à Timmy Evans que j’étais très heureux de faire partie de cette tournée mondiale de The Bruning Fire. Professionnellement, c’était une belle opportunité, surtout pour moi qui nageait un peu dans un grand vide depuis le départ de The Lightening. Et puis personnellement, je trouvais que c’était une chance à ne pas manquer car peu de gens pouvaient se vanter de pouvoir voir tous les concerts d’une tournée, si ce n’étaient quelques groupies (hommes ou femmes) qui avaient assez d’argent et de temps pour le faire.

Mieux encore, cela signifiait participer à l’élaboration de la chose ! Et ça, ce n’était pas rien !

Bref, je n’allais certainement pas râler de me retrouver là.

Timmy laissait peu d’émotion transparaître sur son visage distingué. Pas qu’il ne souriait pas, que du contraire, mais il était comme indéchiffrable. Ce devait être le flegme anglais. Et j’en étais à me dire qu’il devait être un excellent joueur de poker, surtout quand la conversation dériva sur Luke.

Pas moyen de savoir, dès le premier abord, si le manager cherchait à ce que je parle en mal de Luke, à ce que je dénonce quelque chose ou s’il y avait vraiment un problème avec le garde du corps de Stone.

Heureusement, l’Anglais me rassura tout de suite en affirmant qu’il n’y avait pas de problème avec Luke. Je me sentis me détendre alors même que je n’avais pas remarqué que ça m’avait un peu raidi de pouvoir penser qu’Evans puisse croire que j’allais peut-être dire du mal du jeune homme. Mais non… en fait, le manager était bien content de Luke.

Alors, je le regardai, un peu perplexe, avant de lui proposer d’aller boire quelque chose. C’était mon plan à la base, alors autant proposer à Evans de m’accompagner, lui affirmant qu’il trouverait du thé chez les roadies. Il accepta l’invitation, qui n’en était pas vraiment une puisque Timmy Evans pouvait aller partout là où il voulait, ce soir.

Je me préparai un café, Timmy s’occupa de son thé, tout en m’expliquant où il voulait en venir avec Luke.

Je m’appuyai contre, un mur, ma passe fumante en main, pour regarder à nouveau Evans et ça fit très vite sens, le manager n’y allant pas par quatre chemins. Luke voulait un coup de main pour s’occuper de Stone.

-Oui, j’imagine que pour ce qui est des fans un peu enthousiastes, Luke se débrouille bien…

Protéger quelqu’un de lui-même, c’était une autre paire de manche et, évidemment, comme il y avait Billy Lighter sur mon C.V. et que Lighter était toujours vivant, je passais pour un expert à ce niveau-là.

Je regardai Evans dans les yeux.

-Stone n’est pas vraiment Lighter… Le problème n’est pas le même. Mais je serais heureux de pouvoir donner un coup de pouce à Luke, puisqu’il le demande. En aucun cas, je n’aurais voulu lui être imposé…

Je pris une gorgée de café avant de continuer.

-Je connais d’Howard Stone ce qu’en dit la presse et les bruits qui courent parmi les roadies. Je sais aussi, comme tout le monde, qu’il a été agressé dans l’Eastside… Mais ça peut arriver à tout le monde, dans ce quartier… Alors, si vous pouviez me briefer, que je sache plus ou moins à quoi m’attendre, ce serait bien… même si ce sera à l’usure que je finirai par cerner le batteur…

@ Billy Lighter

Nous étions allé ensemble à la salle de repos afin d’y boire une tasse de thé et de café en même temps que nous discutions. Je savais que ma façon d’aborder les choses en parlant de Luke avait légèrement laissé perplexe l’ancien garde du corps de Lighter mais c’était bon obtenir une réponse sincère sur ses rapports avec Luke sans qu’il ne soit orienté par mon jugement personnel.

J’avais la grande chance que Taylor s’entende bien avec le garde du corps de Stone. Je pouvais ainsi lui parler du travail qu’il devra réaliser auprès de Werner en toute confiance. Le travail qu’il aura à faire était plus complexe qu’un simple travail de garde du corps car il s’agissait plutôt de protéger Stone de lui-même. Je savais que Taylor avait une certaine expérience en la matière parce qu’il avait été aux côtés de Lighter pendant plusieurs années. Si The Lightening n’avait point signé avec Maria Watson, Liam serait encore derrière Lighter à l’heure qu’il était. J’avais la chance, pour cette tournée, que la vie avait porté au loin l’ancien groupe de Lenny Knowles.

Je m’étais retourné vers Liam avec ma tasse de thé en main. Nous ne pouvions point dire, lui comme moi, que Luke ne se débrouillait pas bien avec les fans un peu trop entreprenant.

-En effet. Il sait parfaitement gérer cet aspect de son travail.

Cependant, il lui était plus difficile de gérer l’aspect auto-destructeur de Stone. Nous avions comme cas un alcoolique qui avait un certain don pour s’attirer des ennuis avec des gens dangereux. Taylor savait que son travail ne serait point le même qu’avec Lighter. Les deux artistes étaient sensiblement différents. Ceci ne l’avait point refroidi à accepter ce travail.

-Bien. J’en suis heureux.

Cependant, Liam n’avait aucune idée des dangers que représentait Stone pour lui-même. Il avait bien senti que mes inquiétudes venaient de l’agression qu’il avait subie sans trop s’avancer sur la chose. Son professionnalisme l’avait poussé à m’en demander plus.

-Les bruits qui courent et ce que raconte la presse sur Stone n’est que la partie émergée de l’iceberg. Son agression dans l’Eastside n’était pas un hasard. Il l’a sans aucun doute cherché. Stone a de nombreux vices communs à d’autres rockstars. Il est alcoolique mais ce n’est pas cela qui m’inquiète le plus à son sujet.

Je m’étais arrêté pour apprécier quelque peu mon thé et rassembler mes idées afin d’être le plus concis possible.

-Stone est un parieur invétéré. Il parie sur tout ce qu’il est possible de parier. Cependant, il a l’art de parier avec les mauvaises personnes. Souvent des gens puissants et dangereux et il n’est pas réputé pour miser des sommes anodines. Sans compter qu’il parie très mal en général. Je doute qu’il paye toujours ce qu’il leur doit d’où mes suspicions que son agression dans l’Eastside était plus une histoire de règlement de compte qu’un simple hasard de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment.

J’étais un parieur, je savais comment ce monde fonctionnait. Il n’était point rare de voir divers mafieux ou chefs de gangs parier. J’avais déjà vu Stone converser avec eux à plusieurs reprises.

-Je souhaiterais que vous le surveillez afin qu’il ne trempe pas dans des affaires qui le conduirait à subir une autre agression voir bien pire. Vous avez réussi à obtenir la confiance de Lighter, je suis plus que certain que vous arriverez à obtenir la confiance de Stone. Il n’est pas bien complexe et vous n’aurez pas de mal à le cerner, j’en suis plus que certain.

Stone n’était point compliqué d’approche. Ce n’est pas là la difficulté du travail que j’offrais à Taylor.

@ Billy Lighter

Appuyé contre le mur, mon café en main, j’écoutais attentivement Timmy Evans. Il était agréable d’écoute, son accent ayant quelque chose de raffiné qui rehaussait encore l’intelligence de ses propos.

Car maintenant que j’avais accepté de donner un coup de main à Luke, le manager me briefa sur Stone. Et la mission allait pas être simple. Que Luke demande de l’aide face à un artiste autodestructeur là où lui considérait son job comme de la protection vis-à-vis de menaces extérieures n’était pas tant une surprise. A nous deux, on pourrait se compléter. Moi, les yeux sur Stone, Luke, les yeux sur les fans.

Bien qu’en fait, c’était plus compliqué que ça. Il ne s’agissait pas seulement de gérer un alcoolique que son addiction pouvait tuer, mais carrément d’un aimant à emmerdes. Paris, dettes et mauvaises fréquentations s’ajoutaient à la liste, en dessous de l’alcoolisme.

Je fis une moue de réflexion :

-A vous entendre, j’ai l’impression que Billy Lighter est un petit joueur.

Avec Billy, toutes les menaces étaient irrationnelles et provenaient de lui. J’avais fini par trouver le truc pour le ramener à la réalité et à l’y ancrer. J’étais devenu, pour Billy, la cause même de ses retours au calme presque par ma simple présence.

Mais Stone… Avec lui, je ne pourrais pas jouer la carte de la figure rassurante… Et si je me mettais à la jouer paternaliste avec un ado attardé, je pouvais déjà considérer la mission comme un échec.

Je regardai Timmy dans les yeux.

-Je vois… Il ne faut pas que je lui donne l’impression de le surveiller, sinon, il va s’amuser à jouer au chat et à la souris.

Je souris :

-Il faut que je devienne son pote.

@ Billy Lighter