J’aurais voulu qu’Howard soit dans le coin et pas en tournée ! Parce que cette course-là valait vraiment sacrément le coup ! Bordel ! Les courses dans le désert, c’était bien, c’était fun, c’était plein de poussière et tout !

Mais Malibu, ça, c’était mon speedball ! Parce que Malibu, c’était que des tournants en épingle dans un paysage lunaire avec au loin, le couché de soleil sur la mer ! Un vrai délire, du vrai frisson.

Parce qu’il y avait un vrai danger.

Résultat des courses (c’est le cas de le dire) : trois bagnoles déclassées, deux pilotes dans un état critique et un blessé… Tous transférés au Los Robles Hospital sur Malibu avec les moyens du bord parce qu’on appelait jamais les secours sur ce genre de courses. Vu que tout ça n’avait rien de légal et qu’on risquait tous gros si on se faisait arrêter par les autorités.

Mais à part ça, la course s’était bien passée et les organisateurs étaient balèzes et très bien rodés. J’avais mon Talkie-Walkie, comme chaque pilote, qui leur permettait de nous prévenir au moindre danger imprévu comme des voitures qui ne faisaient pas partie de la course mais comme ça se faisait de nuit sur des routes peu fréquentées, le risque était minimisé…

Et j’avais gagné cette course ! Je ne pouvais pas dire que c’était systématique parce qu’il y avait d’autres très bons pilotes mais j’étais quand même le plus souvent au moins sur le podium. Et actuellement, très peu faisaient le poids face à ma Chevrolet Camaro Z28 !

Spoiler:

Oh… C’était pas avec mon salaire d’ambulancier que j’avais pu me l’offrir, non… Je l’avais gagnée, cette bagnole, lors d’une course, en janvier, en un contre un entre ceux qui étaient considérés comme les meilleurs pilotes de l’an dernier : moi, et un italo-américain de la Casa Nuova, Luca Conti.

Ben il avait perdu. Et j’avais gagné sa bagnole. Ce qui m’avait permis de vendre l’ancienne à un autre pilote et de me faire un peu de blé au passage.

Encore aujourd’hui, j’avais gagné ! Franchissant la ligne avec quelques secondes d’avance sur le deuxième ! Un très beau résultat, un temps record, je pouvais être fier !

Et la course terminée, tout ça laissait place à un grand barbecue en plein air, au milieu de nulle part dans les collines désertiques de Malibu et il n’y avait que les voitures, garées un peu partout, plus tape à l’œil et trafiquées les unes que les autres, qui témoignaient que c’était plus qu’une simple rave-party.

Les gens venaient me féliciter et tout, alors que je mangeais mon troisième pain saucisse et que je buvais ma sixième bière… Il y avait une petite scène un peu plus loin où des artistes du coin mettaient l’ambiance… Pas des noms connus mais c’était l’opportunité pour eux de se montrer un peu.

Puis alors que je mâchais tranquille ma nourriture en rigolant avec d’autres pilotes, je vis un gars avec un masque et tout qui se dirigeait vers la scène et les concerts, et le regardai avec un bel air étonné. Avant de lui faire signe et de lui lancer avec mes mains (et mon sandwich) en porte-voix :

-Hey ! Halloween c’est que dans 7 mois, mon vieux !

Je secouai la tête en souriant. Je me foutais pas vraiment de sa gueule, c’était juste qu’il m’intriguait.

-Viens voir un peu ici… D’où est-ce que tu sors ?

@ Billy Lighter

Le gars déguisé en monstre réagit au quart de tour, se tournant vers moi en me demandant si je cherchais les embrouilles et en ajoutant qu’il était une star dans son pays. Ce à quoi, je répondis par un haussement d’épaules alors qu’il approchait.

-Bah… Dans ton pays… Ça veut dire que ça compte pas ici…

Puisque, vu qu’il disait qu’il était une star et que je ne le connaissais pas, j’imaginais qu’on avait pas le même pays. Quand il fut plus près, je constatai qu’il était pas si petit que ça… Mais petit quand même… Son costume était vraiment pas mal et de près, je pouvais voir tous les détails.

-Puis même si t’étais une star ici… Ça me changerait pas grand-chose… Tu restes juste un gars, masque ou pas masque. Tu sais, les stars, c’est pas ce qui manque dans le coin…

Le gars s’emballait toujours… D’un autre côté, s’il avait pas porté son costume, personne lui aurait fait de réflexion. J’étais prêt à parier que je l’aurais même pas vu… Il aurait été qu’une personne parmi d’autre à circuler dans la plaine, en quête de bière, de barbecue et de fun.

Je rigolai.

-Woow… Direct… Je me fous pas de ta gueule, vieux. C’est juste que c’est pas tous les jours que j’ai l’occasion de rencontrer un zombie cosmonaute. En dehors d’Halloween, je veux dire.

J’enfournai le reste de mon pain saucisse dans ma bouche. Il venait de Finlande qu’il disait. Puis il se dégonfla tout d’un coup, s’excusant en disant que s’énerver, c’était une sale habitude qu’il avait. Je lui souris, me retournai pour piocher une bière dans une boîte en carton et la lui lancer.

-T’inquiète, j’en ai vu d’autres des petits nerveux. Puis si tu joues sur scène, je pige mieux… j’imagine que tu te balades pas comme ça tous les jours.

Je regardai autour de nous et haussai encore les épaules.

-Je m’appelle Sonny. C’est moi qui ai gagné la course, juste là maintenant. Toi, tu t’appelles comment ?

@ Billy Lighter

Le type s’appelait Magnum, qu’il disait… Enfin je supposais que c’était plutôt le zombie cosmonaute qui s’appelait Magnum parce que si ses parents l’avaient appelé comme ça, c’était qu’ils l’aimaient pas beaucoup…

-Ok. Enchanté Magnum.

Je souris parce qu’un compliment sur mes performances me faisaient toujours plaisir. Après, quand je faisais des courses de merde, j’étais aussi le premier à le reconnaître et à rager sur moi-même. Je terminai mon pain saucisse et frottai mes mains l’une contre l’autre pour en virer les miettes.

Il disait que c’était pas avec sa « boîte de conserve » qu’il ferait une course comme ça. Je haussai les épaules et me retournai pour prendre deux canettes de bières qui traînaient dans un frigo-box plein de glaçons et lui en tendis une au zombie, en espérant qu’il savait boire dans son déguisement.

-Ben… J’ai commencé dans une boîte de conserve, ça veut rien dire.

J’ouvris ma canette et en pris une bonne gorgée alors qu’il m’annonçait, en me montrant sa basse, être bassiste indépendant.

-Ah ok… Tu vas jouer sur la scène tantôt alors… je viendrai voir un peu ce que ça donne.

Puis il enchaîna en disant que je devais me demander pourquoi il avait choisi une basse de cette couleur-là, noire et blanche… Et dans la foulée il m’expliqua la raison. Ok, ça se tenait… Alors quand il me regarda pour demander confirmation, je le regardai un peu perplexe parce que…

-Heu… Mes réflexions vont pas jusque-là, j’en ai bien peur.

Je rigolai mais c’était de ma propre gueule que je me foutais, cette fois-ci.

-Moi, je vois juste un type déguisé en zombie avec une basse noire et blanche. Mais après, je crois que la vitesse m’a grillé pas mal de neurones.

J’essuyai mes lèvres du revers du bras.

-Moi, les questions que je me pose, c’est : numéro un : T’as pas trop chaud là-dessous ? Et deux : Tes parents t’ont vraiment appelé Magnum ?

Pas que ça m’inquiétait, mais un peu quand même.

@ Billy Lighter