Je n’avais toujours pas de nouvelle de Cash, ni de Sean, ni de personne. L’enregistrement approchait à grand pas. J’étais entrain de remettre ma vie en ordre. Comme si mon accident avait été un déclic… En fait, je ne savais pas si c’était l’accident ou si c’était Ruby le déclic. Quoi qu’il en soit, j’allais bien mieux. Il ne me restait plus qu’à remettre le groupe sur les rails. Mais bon, je comptais un peu sur Lenny pour ça.

J’avais envie de sortir vu que mon humeur était stable depuis trois heures maintenant. La question était : sortir où ? J’étais un peu trop connu pour pouvoir me dire : n’importe où… Non, je devais choisir et faire attention. Pas question d’aller au Crazy Ginger, je risquais de finir dans une bagarre ou l’autre… Le Stryge ? Non, je risquais d’y rencontrer Eddy et je n’avais pas envie de le voir. J’optai donc pour le Rainbow, un bar où j’allais souvent quand je suis arrivé à Los Angeles.

Je me préparai, donc, enfilant un jeans délavé, un t-shirt « Harley Davidson » et ma veste en cuir noir. J’avais, au préalable, appelé Liam, mon garde du corps, pour qu’il me rejoigne à mon appartement. En l’attendant, j’achevai de m’apprêter en mettant une casquette et mes lunettes de soleil pour passer « incognito ».

Liam arriva et nous montâmes dans sa voiture. Le Rainbow n’était pas loin et on ne prit même pas 10 minutes pour y aller. Sur tout le chemin, Liam n’avait pas arrêté de me demander pourquoi j’étais d’une aussi bonne humeur. Je ne savais pas vraiment donc j’étais incapable de lui donner une réponse valable.

On arriva au Rainbow et on y entra. Je demandais à Liam de rester à une distance respectable vu qu’il était vraiment très reconnaissable. Je regardai à gauche, et à droit. L’endroit été vraiment très coloré, tout comme les gens qui y venait s’amuser. On pouvait entendre une musique glam sortir des amplis vu qu’il n’y avait pas de concert aujourd’hui.

Ok, personne n’avait fait attention à moi et c’était déjà ça. Je m’avançai vers le bar et y repérait une femme. Elle était habillée d’une manière déjanté mais pas la même que tout les autres gens ici. Je m’installai à ses côtés. A vrai dire, j’en avais rien à faire qu’elle me reconnaisse ou non. Je la regardai furtivement me cachant derrière la carte des boissons du bar. J’avais déjà vu sa tête quelque part mais je ne savais pas où… Et ça commençait à me taraudé l’esprit. Fallait que je l’aborde.

J’abaissai légèrement ma carte.

-Heu… Salut…

Bon je devais avoir l’air d’un type complètement à côté de la plaque… Mais je n’étais pas doué pour aborder les gens, surtout dans la phase psychologique dans laquelle j’étais actuellement.

-J’ai l’impression de t’avoir déjà vu… C’est possible ?

Ou alors c’était dans un rêve…

La femme au style si atypique n’était pas du genre timide. Elle n’avait pas hésité à me demander si ça allait. Avec un genre de spontanéité dans la voix qui montrait une certaine assurance. J’approuvai de la tête pour lui confirmer que j’allais bien. Elle me parlait comme si on s’était déjà vu ce qui n’était pas le cas. Je savais que les personnes qui ne sont pas timides n’avaient pas froid aux yeux.

Elle avait un grand sourire aux lèvres ce qui m’en arracha un aussi. Sa bonne humeur était assez communicative il fallait le dire. C’était une chanteuse qui se produisait en concert ou dans des bars. C’est probablement dans un bar que je l’ai aperçue. J’avais rencontré quelques musiciens ces derniers temps, mais pas encore de chanteuse. Elle essayait d’en vivre, elle disait. Beaucoup essayait de vivre de la musique et ce n’était pas un mince à faire même à L.A.

-C’est vrai ? Une chanteuse ? Tu t’appelles ?

Si j’avais son nom je pourrais peut-être me rappeler précisément où et quand je l’avais vue. Mais son style me disait vraiment quelque chose. Elle me retourna la question, en quelque sorte. Elle m’avait aussi déjà vu quelque part. Bon… Apparemment je ne passais pas encore assez inaperçu. Je regardais à gauche et à droit pour voir si quelqu’un nous fixai. Comme ce n’était pas le cas je relevai mes lunettes de soleil.

-Moi c’est Billy…

Je lui laissais faire le lien pour le reste. J’avais envie de passé une soirée tranquille avec cette femme qui m’avait l’air intéressante.

-Tu pratiques quel style de musique ?

J’étais peut-être un peu curieux. Mais j’aimais bien parler musique… Après tout c’était mon métier et j’avais, en face de moi, une professionnelle. Et une chanteuse… Surtout !

Carmen Hell. Le nom de famille me disait quelque chose, mais impossible pour moi de mettre le doigt dessus. C’était trop bête… J’avais du déjà l’entendre. J’en étais persuadé. Peut-être qu’entendre la jeune femme chanter me donnerai bien plus d’indice. Mais je savais que ce serait impossible de l’entendre ici, cela attirerai l’attention.

En parlant d’attention, j’avais mis ma tenue incognito. Mais j’avais précautionneusement relevé mes lunettes pour que Carmen puisse voir mon visage et l’associer à mon nom. A vrai dire, je redoutais sa réaction. Allait-elle me griller ? Stop la paranoïa Billy, ce n’est pas le bon soir pour ça.

En fin de compte, mon visage lui arracha un petit rire. Je souris à mon tour devant la réaction de Carmen qui s’était faite toute en douceur. Pas de : « Oh mais t’es Billy Lighter. » Non, juste un rire et cela me faisait plaisir. Cela me prouvait que la jeune femme avait un certaine classe, un savoir vivre et de l’expérience.

Elle situa son style entre le rock et le jazz. Cela devait être plaisant à entendre. Et, à vrai dire, j’avais vraiment envie d’entendre quelqu’un chanter aujourd’hui.

-C’est deux styles que j’aime beaucoup. Et avec ton style ça doit donner super bien. Moi j'ai l'habitude de chanter du rock, mais j'aime bien plusieurs styles.

Et pourtant, je ne la connaissais pas… Ou alors je ne m’en rappelais plus. C’était dommage… Je regardais autour de nous. Le monde affluait de plus en plus dans le Rainbow. C’était bientôt l’heure de pointe et j’allais commencer à étouffer. Pourtant, j’avais pas envie de partir sans avoir entendu chanté Carmen.

-Hey… J’ai une idée… Il va commencé à il y avoir du monde, ça te dirais de venir chez toi. Tu pourras me montrer comment tu chantes et je pourrais peut-être me rappelé où je t’ai vu.

Je souriais. Allait-elle accepté ?

Je ne m’étais même pas pris un verre tellement j’étais pris dans ma conversation avec Carmen. Il faut dire que son sourire et son style m’avait donné envie d’en savoir plus sur elle et le fait qu’elle soit chanteuse aussi.

Elle avait accepté ma proposition de venir chez moi. Elle en était même ravie. Ca semblait être une fille qui se fichait des préjugés… Le genre à ne pas se prendre la tête. Cela tombait bien, je n’avais pas envie de me prendre la tête non plus. J’affichai un sourire digne d’un gamin auquel on venait d’accepté qu’il aille chez son pote un mercredi après-midi.

-Cool ! Suis-moi.

Je relevai encore mes lunettes pour lui faire un clin d’œil. Je fis signe à Liam que c’était l’heure de s’en aller. Mon garde du corps nous fraya un chemin jusqu’à la sortie du Rainbow. Quand nous fûmes dehors, Liam nous ouvrit la porte arrière de sa voiture. Le genre de grosse bagnole avec les vitres teintées. Je montai à l’arrière avec Carmen alors que Liam pris place à l’avant afin de conduire.

Le trajet ne dura pas vraiment longtemps. A peine de temps de deux chansons bien rock. Nous arrivâmes à mon appartement et j’invitai Carmen à y monter. J’étais vraiment d’une humeur… Trop bonne pour être vraie. Mais c’était tout bénéfice pour Carmen qui était l’une des rare à pouvoir voir le « Billy des bons jours ».

J’ouvris la porte d’entrée qui menait à mon grand salon. C’était un appartement de stars… Le genre spacieux et chic. Le genre que j’aimais.

-Voilà. C’est mon super chez moi. Je rêverai d’habiter ailleurs mais je n’ai pas encore eu le temps de déménager.

Je souris à Carmen. L’invitant à s’installer dans mon divan. Je me posais alors une question existentielle.

-Tu veux quelques chose à boire ?

C’était la moindre des choses. Et puis si elle avait des questions je lui laissais libre de me les poser. En attendant sa réponse, j’enlever tout mon attiraille « incognito ». C’est-à-dire les lunettes de soleil, et ma casquette.

Carmen voulait une bière. Je souris, j’achevai de tirer tout mes affaires. La jeune femme avait l’air vraiment ravie d’être ici. Elle semblait fasciné par la déco. Et pourtant, moi je ne pensais qu’une chose : partir d’ici. Comme quoi quand on avait tout, on voulait encore plus. Mais ce n’est pas vraiment le luxe que je veux, en fait, mais plutôt la paix.

Cette histoire de déménagement avait attiré une question de la part de mon invitée. Partir pour où ? Bonne question.

-Je sais pas vraiment. En fait j’aimerai un endroit calme où il y a pas trop de monde. Une grosse propriété entourée d’arbres où je pourrais vivre en paix avec ma petite-amie. Sans que personne ne m’emmerde toutes les cinq minutes à sonner à ma porte.

Ce qui était bizarre dans cette phrase c’est que j’avais dit avoir une petite-amie. Or, personne n’était au courant, pas même les membres de mon groupe et encore moins les journalistes. Et voilà que je révélais cette informations à une femme que je venais à peine de rencontrer. Bordel, je n’étais vraiment pas normal.

-Mais bon, si je fais ça, on n’aura pas de nouvel album avant les vingt prochaines années.

Je rigolai alors que je recevais un compliment de Carmen.

-Merci.

J’avais l’habitude des compliments. Même si les trois quart du temps ça venait de managers ou de journalistes qui essayaient de m’amadouer par le biais de compliments sans âmes. Mais ici, je sentais bien que c'était sincère.

Je me dirigeai vers la cuisine afin d’y prendre suffisamment de bière pour tenir une soirée. Je revins et les déposais sur la table basse du salon qui, pour une fois, était vide de tout objet. J’en ouvris une et la tendit à Carmen.

-Alors, comme ça tu chantes. Montre-moi !

Une petite chanson a cappella ça devrait le faire. C’était la meilleure manière de voir la qualité de la voix de quelqu’un. Un truc sans artifice.

Elle était surprise que je lui dise que j’avais une petite amie. Mais elle semblait contente pour moi me demandant, par la même occasion si je souhaitais aller à la campagne. Je réfléchis quelque minutes. La compagne pourrait être géniale, mais cela me rappelait bien trop mon Indiana natal. Non j’étais plus sur une idée de gros mégalomane.

-Oui, personne sait pour ma copine… A part toi. Donc, shut !

Je lui souris mettant mon doigt devant ma bouche comme les petits enfants, avant de faire un clin d’œil à Carmen.

-La campagne… Ouais c’est vrai que c’est calme. Mais je voyais plutôt un truc genre Malibu. Dans les collines. Ou il y a que des gens paranos comme moi enfermé dans leur grosse baraque entourée d’un mur avec système d’alarme partout.

Bah, au moins, j’étais sincère sur ce coup là. Parce que c’était un peu ça que je voulais. Fallait des murs pour avoir la paix dans ce monde ! Je me demandais bien ce que Carmen pouvait bien penser de ça… Peut-être verra-t-elle ça comme un gros caprice de stars. Fallait pas se leurrer… J’étais vraiment le genre de stars à demander des trucs impossible dans sa loge avant ses concerts ! Ouais j’étais bien ce genre de type !

Elle prit une bière et je sortis mes cigarettes alors que je lui avais demandé de chanter. Je me demandais vraiment comment elle chantait, quel était son timbre de voix. Quelles paroles elle pouvait me sortir. Après tout, j’écrivais mes propres lyrics et j’aimais savoir ce que faisaient les autres.

Elle commença alors, sans appréhension. Ses doigts battent la mesure. La mélodie est d’abord douce et je fume ma cigarette tout en ne détachant pas mon regard de Carmen. Puis, changement de rythme, une voix jazzy superbe et de temps en temps un son rock qui met du piment à la chanson. J’écoute les paroles. Elles veulent sûrement dire beaucoup de chose pour la jeune Carmen. Une histoire qu’elle à vécu. Mais j’arrive à m’approprier les paroles et elles me parlent à moi aussi. On pouvait sentir de la colère, sentiment que tout le monde avait déjà ressentit. La voix de Carmen colle parfaitement aux lyrics. Et là, c’est le tilt… C’est bien dans un bar que j’ai entendu cette voix. Je ne sais plus lequel, je ne sais plus quand. Mais je me rappelle du son, des sentiments que ses chansons me procurent. C’était le même que ce jour là.
La chanson est finie et je fixe toujours la chanteuse.

-Waw !

C’est tout ce que je pouvais dire… Etonnant que je n’aie pas plus entendu parler d’elle. Etonnant que je ne l’ai pas vu plus souvent que ça dans des salles de concerts…

-Les paroles sont magnifiques… Il y a une histoire derrière, ça se sent…

Je voulais la connaitre et en même temps, j’aimais ne pas tout savoir. J’aimais garder la magie de lyrics dont tout le monde peux s’approprier le sens sans en connaitre l’histoire réelle.

-Mais je me pose une question… Tu n’as jamais eu d’offre d’aucune maison de disques ?

Si c’était le cas… C’est que je n’avais pas encore compris le business.

Sa me fait plaisir , j'inspire rapidement confiance au gens , mais de la a se que tu me dit ça . Mais j'en suis ravie , je te fait a mon tour un clin d’œil d'un air amusé et complice .

_ t'en fait pas !

La campagne , a dire vrai je n'y connaît rien , mais je n'en est pas entendu que du bien en y réfléchissant un peu mieux . Mais malibu , je ne peut m’empêcher de rire un peu , tu a des rêves bien grand , mais bon a la hauteur d'une stars . Je ne sais pas se que s'est , mais si j’étaie a ta place je pense que je serait un peu capricieuse au sujet de mon lieu d'habitation . Je me suis toujours débrouiller , mais je dort toujours dans des endroits un peu miteux , je m'y fait , mais un peu de luxe ne fait jamais de mal .

 _A choisir , si tu peut s'est sur que Malibu s'est le rêve !

Puis quand je me met a chanter , je suis fasciner par ton regard , j'aime quand les gens comprennent aussi bien mes chansons , je ne souhaite plus être un bruit de fond , je veut être celle qui en fera réagir les gens . Face a ta petite remarque je sourit a nouveaux avant de te répondre .

_ Oui , en réalité sa parle de la mort de mes parents .

Je ne dit pas ça d'un air triste , je suis calme , juste calme . J’aurai beaucoup plus a en dire , mais je préfère juste te dire ça , je t'en dirait peu être plus , plu tard .J'ai apprit avec le temps a contrôler mes émotions , et a ne montrer mes sentiments seulement lorsque sa en vaut la peine . Je ne suis plus de ses gens faibles dont je faisait parti plus jeune , le temps a forger mon caractère , et pas toujours de la plus douce manière . Quand tu aborde le thème de la maison de disque je soupire , je ne suis pas agacez , je ne comprend juste pas le business .

_ Tu sais , les gens se base énormément sur le physique , beaucoup plus que je ne l'aurait pensé . Beaucoup me dise que mon look est trop glam , pas assez rock , pas assez jazz . Certain me disent meme que je suis trop vieille , a un point que j'ai parfois la sensation d'avoir soixante ans , enfin bon , il y  a toujours quelque chose qui ne va pas .

Elle n’allait rien révéler. Bizarrement je la croyais. Peut-être à cause de son clin d’œil. Cette fille avait un certain charme naturel c’était indéniable.

Je lui parlai de mon rêve d’habiter à Malibu. En fait, je pourrais le faire… Mais je manquais de temps et d’envie. Peut-être que demain j’aurais même plus envie d’habiter là-bas après tout… Et puis il y avait tout les trucs légaux comme acheter la baraque… Tout des trucs qui prennent du temps. Ca me décourageait déjà…

Mais j’étais d’accord avec Carmen, j’ai la possibilité de la faire… Donc pourquoi pas. J’approuvai la jeune femme de la tête avec un sourire aux lèvres. C’est vrai que pour certain c’était un rêve…

Elle avait, ensuite, chanté et j’avais écouté attentivement sans perdre une miette des émotions qui transparaissaient de cette chanson. Quand elle eu finis je lui posais de manière détournée la question du sens véritable de la chanson. De ce qu’elle voulait raconter par celle-ci. Elle me répondit sans hésiter un sourire aux lèvres. Elle souriait, mais c’était pourtant d’un truc assez triste dont elle parlait. Perdre c’est parent ça devait… Heu… Dans mon cas, ça me ferait ni chaud ni froid… Mais je savais que pour d’autres c’était tragique. Et pourtant, je ne voyais aucune tristesse dans le regard de Carmen. Je ne voulais pas en apprendre plus.  Je n’avais pas envie de remettre à jour de souvenir peut-être douloureux. Je préfère donc lui demander pourquoi aucune maison de disques ne l’avait encore repérer.

Et sa réponse… Ben elle me révolta un peu. Son look… Elle avait un superbe look ! Trop vieille? N’importe quoi, elle était hyper jolie.

-Ils ont dit ça? Bordel, comment ils peuvent dire ça.

On sentait bien que j’étais révolté. Je détestais tout ces managers qui croyaient mieux savoir ce que c’était la musique que tout le monde. Mais en fait, c’est pas une question de musique, c’est une question d’image.

-Comment ils ont pu dire que t’étais trop veille ? Il n’y a pas d’âge pour faire de la musique ! Ils sont vraiment con !

Je tirais sur ma cigarette afin de me calmer un peu.

-Ta voix est superbe, tu as des choses à raconter ! Et ton look est parfait pour le métier… Je les comprends vraiment pas … Mais ils vont comprendre !

J’avais envie de sonner au big boss de MTI pour lui faire entendre raison. Mais je savais qu’il ne m’écouterait pas… J’avais bien moins d’influence que je ne le voudrais.

-Ca fait longtemps que tu essayes de percer ?

Je ne savais même pas si elle venait de L.A. ou d’ailleurs comme moi.

J’adorais le sourire de Carmen, il avait quelque chose de mystérieux qui lui donnait du charme. C’était le petit truc en plus qui me faisait vraiment dire que tout ces gars dans les maisons de disques étaient vraiment des enfoirées. Le style de Carmen était un atout considérable… Quelque chose de spécial se dégageait d’elle. Mais je savais que ce n’était pas simple pour une fille de percer, surtout quand elles n’entraient dans aucun cliché. C’était triste quand même…

Elle disait qu’elle ne changerait pas de look pour eu et je souris. Ca me rappelait quand j’étais arrivé à L.A. Je faisais un peu paysan par rapport à tous ces citadins et j’avais obtenu pas mal de critique. Mais ce n’était pas les gens qui m’avaient fait changer de style. Non, c’était L.A. lui-même. Car ce n’est pas les gens qui déterminent les autres gens. Ce n’est pas les critiques qui faisaient changer les styles. Les gens le changent d’eux même en fonction de la d’où il vienne et de où ils veulent aller.

-T’as bien raison. Il ne mérite pas ta musique ! Tu vaux bien mieux qu’eux.

Ca devait quand même pas être cool pour elle car ça ne devait pas être simple de vivre de sa musique quand on a pas de contrat… The Lightening était passé par là…

Elle me disait essayé de percer depuis toujours. Même si ce n’était sérieux que depuis son arrivée à L.A. Elle était comme moi alors, elle n’était pas d’ici.

-Tu viens pas de L.A., alors. Tu viens d’où ?

Je devais être franchement chiant avec mes questions. Je me levai alors, allant mettre un vinyle dans ma platine parce que je n’aimais pas ne pas avoir un bruit de fond… Enfin… Je reformule : aujourd’hui je n’aimais pas ne pas avoir un bruit de fond.

Je ne savais pas vraiment ce qu’aimait Carmen… Je mis alors un vinyle de Pink Floyd, en l’occurrence Dark Side Of The Moon. Je revins ensuite m’assoir aux côtés de Carmen replongeant mon regard dans le sien tout en fumant toujours ma cigarette.

Elle venait de New York ! J’étais passé à New York lors de la dernière tournée de The Lightening, mais fallait dire que je n’avais pas vu grand-chose de la ville. Quand tu es en tournée t’as pas vraiment le temps de visiter quoi que se soit.

-Cool, j’aime bien l’ambiance de New York. Le public est sympa là-bas.

Ce qu’il fallait dire, n’était pas le cas dans toutes les villes. Je n’avais fait qu’une tournée américaine mais j’avais bien vu que les mentalités changeant vachement d’un état à l’autre. Comme si c’était des peuples totalement différents, qui n’avaient rien en commun…

Elle était surement venue à L.A., parce que L.A. c’est l’endroit rêver pour percé dans la musique. Et si tu n’y arriverais pas, tu pouvais quand même en vivre un minimum. Comme le faisait Carmen, apparemment.

Quand je mets le vinyle, elle se met à fredonner les paroles. J’étais content qu’elle aime ce que je venais de mettre. Je ne savais pas vraiment quels étaient ses goûts et donc j’avais eu un petit stress. Ouais, moi et ma manie de vouloir tout bien faire… Je suis sûr que ça allait me tuer… Enfin soit, Carmen finit par me poser une question. Une question légitime…

J’écrasai ma cigarette dans le cendrier et pris ma bière avant de reposer mon regard sur la chanteuse.

-Ben… En fait notre groupe c’est formé vers… 1975, si je me rappelle bien. On n’avait pas la moindre thune… On vivait comme on pourrait. Donc, il nous à fallu à peu près 4 ans pour sortir notre premier album et percer… On a eu du bol…

Ca a été rapide… Trop rapide…

-On a eu rapidement des thunes… Beaucoup trop de thunes. Comme si un SDF avait gagné au lotto… Je te jure que c’est à en perdre la tête.

Les thunes nous avait permis tout les excès possible. Il nous le permettait toujours. Je n’avais plus du tout la notion de l’argent. Je le claquais n’importe où sans le moindre remord. J’achetais sans compter des trucs que je n’utilisais jamais… J’ai payé l’hôtel pour des chambres où je n’ai jamais mis les pieds parce que j’allais squatter ailleurs… Là encore je ne dérogeais pas au cliché du mégalomane qui en a rien à foutre de ses thunes. De la rockstar qui claque son fric dans n’importe quoi. Non, j’étais un cliché vivant et ça ne me faisait ni chaud, ni froid.

Je m’enfonçai un peu plus dans le divan, buvant cul sec ma bière.

-Tu joue d’un instrument pour accompagner ta voix ? Si c’est le cas, t’es la femme parfaite.

Je rigolai. Parfaite musicalement bien sûr.

J’avais changé de sujet. J’aimais beaucoup parler musique avec Carmen. Malgré le fait qu’elle avait eu beaucoup de refus de la part des maisons de disques pour des raisons misérables, elle restait quand même confiante et, surtout, elle continuait à faire ce qu’elle aimait le plus : de la musique.

Et d’ailleurs, elle faisait de la guitare. Le mot même me fis penser à Cash. Cash… Le meilleur guitariste du monde… Mon meilleur ami… Mais là, maintenant, tout de suite, je me demandais bien ce qu’il était entrain de faire. Se droguait-il ? Buvait-il ? Ou jouait-il ? Je voulais vraiment que se soit la troisième solution…

Je finis par sortir de mes pensées afin de regarder mieux Carmen.

-C’est vrai qu’on s’attache beaucoup à ses instruments de musique. Personnellement, je n’en ai pas. Mais je sais que Cash garde toutes ses guitares même celles qu’il n’utilise plus.

J’aurais aimé entendre Carmen jouer de la guitare tout en chantant, mais je n’avais aucune guitare ici. J’avais offert la seule que j’avais à mon meilleur ami.

J’ouvris une autre bière, les buvant à une vitesse non recommandée. Carmen souriait et cela me fis sourire aussi. J’appréciai beaucoup sa compagnie, ça m’apaisait.

-Au fait, t’as de la famille ici ? Parce que tu viens quand même de loin… Enfin pas que j’y connaisse grand-chose en affinité familiale… Mais il parait que vivre loin de sa famille c’est pas cool.

Elle n’avait peut-être plus ses parents. Mais un frère, une sœur peut-être. Voir un petit-ami… C’était peut-être curieux de ma part mais… Bon, tant pis. J’aimais bien parler avec cette fille alors pourquoi m’en priver.

Je commençais à m’affaler de plus en plus dans le divan. J’avais toujours en tête la voix spéciale de Carmen.