C'était sa période rebelle. Enfin, il fallait dire que Gaïana n'en était jamais sortie mais en ce moment, elle commençait vraiment à se connaître. A comprendre comment elle parvenait à s'amuser. L'anarchie, c'était son péché mignon. La drogue, elle ne touchait pas encore trop mais par contre... L'alcool, la clope ou la baise. Elle connaissait déjà pas mal. Même pour ses 19 ans révolus.

Los Angeles avait troqué une Gaïana timide à l'avenir doux et paisible pour une fille qui n'avait pas froid aux yeux et dont le future semblait très peu certain... On ne doutait juste pas qu'il serait très... Palpitant.

La soviétique avait le coeur battant, ses longs cheveux noirs battant son dos. Elle sortait tout droit d'un nightshop que tenait un petit pakistanais. Elle tenait une bouteille de Jack Daniels dans ses bras. Bouteille qu'elle venait de voler. D'où le fait qu'elle courrait comme une forcenée pour semer le paki. Elle passa par-dessus la haie qui la séparait du parc et courra un instant entre les arbres et quelques ronces manquant de s'étaler plusieurs fois avant d'arriver sur une pelouse en pente. Droit devant, un banc avec une femme allongée dessus surement en train de dormir. Elle s'en rapprochai dangereusement, son pas de course s'accélérant de lui-même dans le dénivelé. Et c'est un mètre avant d'arriver au dossier du banc qu'elle se cassa la gueule alors qu'elle regardait derrière elle pour voir si on la suivait. Son pied gauche trop proche s'était accroché à sa jambe droite, la faisant tomber sur le banc, recevant le dossier du banc de plein fouet au ventre, lui coupant le souffle d'un coup. La douleur fut directe alors que ses mains se posait devant elle, sur la jeune inconnue, pour l'éviter de rouler par-dessus.

Gaïana tentait vainement de reprendre son souffle alors que la jeune femme sous ses mains bougea, sous le choc aussi, sûrement. Se rendant compte qu'elle n'était sans doute pas la seule à s'être faire mal, la soviétique s'excusa.

« Oh !! Excusez-moi, vraiment désolé !!! Pardon !!! »

Et alors qu'elle rejettait ses cheveux en arrière d'un coup de tête pour mieux voir ce qu'il se passait, dans un équilibre encore précaire sur le dossier, elle remarqua enfin où était posées ses mains. L'une, avec la bouteille de Jack Daniels, sur le ventre plat de l'inconnue tandis que l'autre... S'était posé sur son sein, vraiment par le plus grand des hasards. Gaïana grimaça en pensant à la douleur de recevoir un coup sur son sein avec la même brutalité qu'elle avait du tomber sur la dame. Avant de prendre conscience qu'elle ne bougeait pas elle-même... D'un mouvement, elle leva sa main pour soulager la poitrine de la femme en reprenant de nouvelles excuses pour cet incident...

« Oh Putain... Oh merde, merde, merde !!! Encore désolé vraiment, je.. je... Vraiment désolé !! »

Le souffle saccadé, elle se redressa pour se déloger de là et ses mains vinrent se mettre sur son ventre qui était le plus douloureux, se pliant encore un deux. Son regard fou balayait les environs... Pas encore de paki en vue !

Visiblement Madame-je-squatte-le-banc-du-parc-pour-faire-ma-sieste n'était pas heureuse de sentir Gaïana lui tomber dessus. Mais la jeune fille, apart déblatérer les mêmes excuses n'y pouvait pas grand chose. Et à vrai dire, elle y pensait à peine. Assise à même le sol à côté du banc, la soviétique tentait désespérément de reprendre son souffle alors qu'elle balayait les environs du regard alors que la femme semblait prise de remords concernant son comportement. Et elle s'excusa à son tour. Gaïana l'arrêta dans son blabla d'un petit revers de la main, juste pour dire que ça n'avait aucune importance.

« Putain, Irina m'a toujours dit que j'avais mon mollet droit était plus gros que l'autre !!! Il doit être carrément difforme pour que je prenne mon pied dedans !! »

Elle relatait d'un air désinvolte sa petite enfance avec cette prof de danse classique complètement sadique, Irina. Elle qui avait toujours tendance à exagérer ces propos au possible afin de démonter les moins courageuses qui n'avaient pas leur place dans ce monde mais également pour rabaisser ces filles qui faisaient tout pour devenir un rat de l'opéra.

Gaïana se releva d'un coup, sa bouteille de Jack Daniels toujours en main. Elle prit le bras de Carmen, sans même la connaître ni demander son avis, non, absolument rien mais elle avait besoin de passer inaperçue dans le parc si un le fameux paki passait par là... Faire semblant d'être amie avec elle avait l'air d'être la meilleure solution possible. L'ukrainienne ramassa le chapeau de la femme par la même occasion et le posa sur sa tête en y cachant ses cheveux. Vraiment juste le top !

« Waaaah ! Il a l'air trop cool ton chapeau ! Tu permets ? »

Elle parlait assez fort pour être entendue par qui le voulait, les gens qui passaient non loin de là et en passant un bref regard autour d'elle, elle aperçut un monsieur basané scruter la foule... Gaïana regardait de nouveau Carmen alors qu'elles marchaient comme si elles faisaient une petite balade entre amies...

« S'il me lâche, on partagera la bouteille ! »

La jeune femme l'avait presque murmuré à l'inconnue tout en désignant la bouteille de Jack Daniels qu'elle tenait de la même main que celle qui tenait aussi son bras pour qu'elles aient l'air proches.

La femme comprit la détresse de Gaïana et, n'oubliant pas de prendre sa guitare en chemin, la guida dans tout le parc, empruntant quelques chemins que la jeune fille ne connaissait pas. Wawou ! Sacré bout de femme ! Gaïana l'appréciait déjà !

Elles se tenaient l'une l'autre et sortirent bien rapidement du parc, retrouvant les rues, les carrefours et les voitures. Mais l'inconnue ne s'arrêta pas pour autant. Elle continua son chemin et c'était maintenant Gaïa qui la suivait. Où allaient-elles ? Au fur et à mesure les quartiers semblaient moins fréquentables et elles s'arrêtèrent dans une ruelle puante.

L'ancienne danseuse de ballet lâcha un énorme soupire de soulagement, elle prit la femme dans ses bras pour la remercier !

« Tu m'as sauvé la vie meuf !!! Putain !!! Waaaw ! »

C'était vrai. Elle lui devait maintenant une fière chandelle et alors qu'elle relâchait son étreinte, Gaïana s'adossa contre le d'un immeuble. Elle ouvrit la bouteille de whisky et but au goulot tandis qu'elle se laissa descendre en glissant contre le mur. Peu importe que le sol soit sale. L'alcool brûla sa gorge et Gaïana tendit alors la bouteille à sa nouvelle amie.

« Tiens, tu en veux ? »

Mais là, la femme partit dans son délire. Comme quoi elle allait pas bien dans sa tête, bref, le petit sermon habituel.

« Oh, du calme ! C'était juste... comme ça. »