Je ne m’en faisais pas trop pour Brooke que j’avais laissée dormir à l’hôtel en lui laissant une toute petite mission sur une note. Je lui faisais entièrement confiance et, en plus, j’étais persuadé que tout ce que me voulait Mademoiselle Page, c’était me donner quelques documents en rapport avec le management et que Brooke aurait donc pour interlocutrice la secrétaire de mon patron et non mon patron lui-même.

Et puis si c’était réellement moi qu’il avait voulu voir, il n’avait qu’à prévenir plus tôt. Je n’allais pas remettre mon rendez-vous avec Fireworks pour le bon plaisir de Jimmy Reed, d’autant que ce que je faisais là, c’était aussi pour lui en mettre plein les poches.

J’avais donc pris un taxi jusqu’à l’Hilton Hotel sur la Grand place de Bruxelles. Publicité mensongère s’il en était. Certes, la Grand Place se situait non loin de là, mais la vue donnait sur la Gare Centrale, ses SDF et autres personnages atypiques pleins comme des barriques même à 10 heures du matin. Le peuple belge, pour ce que j’en avait vu jusque-là, me semblait comme atteint de schizophrénie collective : à la fois attachants et emprunts d’une agressivité latente.

En résumé : gentils, accueillants, prêts à faire la fête, mais il ne fallait pas les emmerder.

Malgré tous leurs défauts, la ville et son peuple dégageaient quelque chose d’indescriptiblement sympathique. Et c’était ce qui la rendait contradictoire… je comprenais mieux pourquoi on disait que c’était le pays du surréalisme.

J’étais entré dans l’hôtel Hilton en face de l’entrée duquel le taxi m’avait déposé. J’avais payé ma course (longue, pour ce qui était pourtant un court trajet, due aux embouteillages) et était entré dans l’établissement.

Le luxe régnait à l’intérieur, contrastant avec l’aspect un peu vieillot et sale de l’extérieur.

Je me dirigeai vers la réception et me présentai à l’homme en costume tiré à quatre épingles.

-Bonjour. Je me nomme Jack Perry. J’ai rendez-vous avec messieurs Dan Edwards et Walter Stevens… Serait-il possible de m’annoncer, s’il vous plait ?

L’homme sourit, répondit par l’affirmative et ouvrit son registre. Cela lui pris beaucoup de temps et plus il cherchait, vérifiant plusieurs fois, plus il fronçait les sourcils. Mais je patientai, tranquillement. J’étais un peu en avance, rien ne pressait et je ne voulais pas mettre la pression à cet homme sachant que je ne serais probablement pas son seul problème de la journée.

-Je suis navré, Monsieur Perry, mais je ne vois ici aucun Dan Edwards, ni aucun Walters Stevens d’ailleurs.

Je fis la moue, fronçant à mon tour les sourcils.

-Et à Fireworks ?

Le réceptionniste chercha à nouveau, sans succès.

-Je suis navré, pas de Fireworks non plus.

Un homme vint alors se placer à côté de moi au comptoir.

-Monsieur Perry ?

Je le regardai, surpris, alors qu’il me tendait la main et je la lui serrai, plus par réflexe qu’autre chose.

-Oui, c’est bien ça.

L’homme, qui devait avoir entre 35 et 40 ans souris. Peut-être était-ce l’un des musiciens avec qui j’avais rendez-vous.

-Si vous voulez bien patienter, vous installer dans le hall, je vais aller vous chercher qui de droit.

Je souris, remerciai l’homme et allai m’installer dans un fauteuil en me disant que… C’était quand même bizarre que leurs noms ne figurent pas au registre de l’hôtel.  

@ Billy Lighter

Je sentis qu’on me secouait doucement…

Oh non…

-Howard…

Non, je veux pas me réveiller…

-Howard, réveille-toi…

Oh non, tais-toi, Scotty… J’suis fatigué.

J’ouvris doucement les yeux parce que Scott arrêtait pas de me secouer. Je fis la moue.

-Je suis fatigué... J’veux encore dormir dix foutues minutes.

Scott me regarda durement et fini par tirer la couverture pour me découvrir complètement. Je gémis pas vraiment content de me faire réveiller de la sorte.

-P’taaain, Scott… Qu’est-ce tu fous ?

Ma voix était pâteuse et encore bien endormie. Faut dire que j’avais un p’tit peu trop fait la fête hier soir en arrivant. Faut m’comprendre… Faisait froid dans ce foutu pays et l’alcool ça réchauffe alors j’en avais bu plein hier en faisant le con dans le bar et le hall de l’hôtel avec David. David qui dormait encore dans mon lit. Tenait chaud la nuit, le David.

-Vous avez rendez-vous avec Jack Perry à 10h30 et il est là ! Alors grouilles-toi de sortir de ton lit, Stone. Toi aussi David !

L’étais stressé le Scott… Je soupirai et me frottais les yeux avant de regarder le réveil.

-P’taaain, mais Scotty, l’est que 10h15 et l’est déjà là ? C’est bien du Jack Perry, ça…

J’regrettais de pas avoir contacté Ricci, finalement…

-Heureusement qu’il n’est que 10h15 ! Vous n’êtes pas prêt !

Quel stressé ce Scotty…

J’soupirai encore et tapai un p’tit peu sur David.

-Allez Dave, faut s’réveiller sinon Perry va s’barrer…

J’suis sûr qu’à 10h31, il va s’barrer… L’est bien comme ça le Jack Perry.

J’me levai difficilement du lit pendant que Scotty tentait de réveiller David. C’était pas toujours simple de le réveiller. Les médocs le foutaient dans le cirage à mort.

Je filai à la salle de bain pour me brosser les dents et passer de l’eau sur ma figure rongée par la gueule de bois. Puis, j’mis un peu de gel pour avoir l’air plus ou moins présentable…

J’sortis de la salle de bain alors que Scott essayait de faire prendre ses médocs à David et de l’aider à s’habiller pour qu’on puisse aller voir Perry… L’étais quelle heure-là ? 10h25… J’soupirai. On arrivera pas pile à l’heure, c’est clair.

J’enfilai un pantalon noir et ma chemise noir que j’eus pas le courage de boutonner jusqu’au-dessus… Puis, j’enfilai mes baskets multicolores. Après ça, je me tournai vers David… Ah non, vers le réveil avant.

10h30…

Oh… On a une minute pour descendre les escaliers…

Vodka avant…

Je pris la vodka et j’entendis Scott soupirer. J’en bus deux longues gorgées. Fallait bien que je fasse disparaitre la gueule de bois.

Je me tournai vers Scott et David.

-On y va !

On sortit de la chambre David et moi et on prit l’ascenseur qui nous mena au hall. Je baillai et me frottais les yeux. J’avais toujours mal à la tête.

L’ascenseur s’ouvrit sur le hall et on marcha vers Jack Perry qui était installé dans un fauteuil. J’affichai un sourire m’asseyant en face de Jack.

-Salut Jack ! T’as vu ? L’est…

Je levai les yeux vers l’horloge du hall et mon sourire se fit plus fier.

-10h35 !

C’était presque à l’heure ça !

@ Billy Lighter

Oh froid !

Où on est ?

Au Pôle Nord, je crois…

Mais qu’est-ce qu’on FOUT au Pôle Nord, David tu peux me dire ça ?

Heu…

On a…

Je sais pas en fait…

Froid…

Je me recroquevillai sur moi-même sur le lit.

Les couvertures ont disparu !

J’ouvris vaguement les yeux.

Oh j’ai encore bavé.

J’ai mal à la tête.

Mélange vodka-Leponex c’est pas…

Peut-être pas une bonne idée.

Est-ce que SydG va venir me rendre visite ?

Où est-ce qu’on est ?

J’avais froid, malgré que je portais deux t-shirt, trois sweats, ma veste, un boxer, un short et deux pantalons par-dessus et trois paires de chaussettes différentes.

On est en Belgique.

Il fait froid.

Et la voix de Scotty était dans ma tête !

Je pris mon coussins et le plaquai sur ma tête.

-Aw…

Quelqu’un m’a tapé !

Je rouvris les yeux et regardai Howard en faisant la moue.

-Qu’est-ce qui se passe ? Pas prêt pour quoi ?

C’est qui encore, Jack Perry ?

Scotty arrêtait pas de bouger et de parler autour de nous.

Je frottai mes yeux, regardai Scott…

Puis refermai les yeux et me rendormis…

Mon cerveau est réveillé mais pas mon corps.

David ! Non ! Ne ferme pas les yeux… On a besoin de Dan Edwards. Tu peux dormir mais réveille Dan Edwards.

J’ouvris un œil, puis l’autre.

-Ok…

On a rendez-vous avec Jack Perry pour le single de Fireworks.

- On a rendez-vous avec Jack Perry pour le single de Fireworks.

Le visage de Scotty s’illumina.

-Ouais ! C’est ça ! Exactement ! Lève-toi ! Il faut prendre tes médicaments.

Je fis la moue.

-Dan Edwards prend des médicaments ?

Scotty prit mon bras en soupirant et me tira pour me redresser sur le lit.

-Pourquoi tu as mis autant de vêtements ?

Je le regardai d’un air torve.

-Il fait froid, Scotty.

Howard avait disparu dans la salle de bain, Scotty me donna mes médicaments avec de l’eau. J’avais mal à la tête.

Mais je crois qu’ils s’en foutait.

On avait pas le temps d’avoir mal la tête qu’il disait.

Mais j’eus droit à des médicaments en plus.

Plus jamais je boirai de vodka.

Enfin, jusqu’à ce que t’oublies, David.

Je suis Dan Stevens. Déjà. Voix de mes deux.

Dan Stevens ?

Ouais.

T’es sûr ?

On y va !

Je tournai la tête vers Howard. Scotty m’avait fait enlever des couches de vêtements jusqu’à ce que je ne porte plus qu’un boxer, un short, un pantalon, un t-shirt, un sweat et ma veste.

-On va où ? Je veux pas sortir, il fait trop froid.

Mais je suivis quand même Howard par… réflexe…

Enfin jusqu’à ce qu’il entre dans un ascenseur. Là, je m’arrêtai net, me mordillant la lèvre.

-Je préfère l’escalier.

Il y avait un miroir à l’intérieur en plus.

Mais Howard ne me laissa pas le choix et Timmy avait dit que je ne pouvais pas faire de crise.

Je fermai les yeux, tendis les mains devant moi et entrai dans l’ascenseur, je ne rouvris les yeux que quand les portes s’ouvrirent et qu’on put sortir, bondissant presque hors de l’ascenseur.

Puis je suivis encore Howard.

J’étais encore assez alerte mais quand le Leponex allait faire effet, ça allait être autre chose.

On avança dans le hall jusqu’à un homme en costard, blond, l’air coincé.

Mais qui n’était pas Timmy.

Howard l’appela Jack. C’était donc Jack Perry.

Et il n’était que 10 :35 !

Je tendis la main à Jack Perry, mes yeux un peu trop grands ouverts parce que je voulais avoir l’air éveillé.

-Bonjour. Je suis Dan Stevens.

@ Billy Lighter

Je regardai ma montre… Il était déjà 10 :31. Je soupirai, m’installant plus confortablement dans le fauteuil que j’avais choisi d’occuper dans le hall de l’hôtel.

Y avait-il, sur cette planète, un seul artiste qui ait « ponctualité » dans ses qualités ? Ou je pouvais définitivement abandonner cette idée d’en rencontrer un jour ? Je passai mes mains sur mon visage en me disant que la prochaine fois, je trainerai un peu plus au lit avec Brooke, pour ce prix là… Tout en sachant que jamais j’y arriverais.

Quatre minutes plus tard, je vis les portes de l’ascenseur s’ouvrir sur… non… C’était juste Howard Stone et le fameux claviériste qu’ils avaient sortis de je ne savais où pour le faire remonter sur scène  Londres… Après une dépression d’après ce que j’avais pu lire… Mais d’après ce que j’avais pu lire aussi, il était en pleine forme maintenant ! Sauf que les photos que j’avais vu de lui, le genre « before – after » disaient un peu tout le contraire.

Bref, ce n’était pas eux que j’attendais, même si j’aurais bien massacré Stone qui, de mon point de vue, avait fait éclater le couple stable que Natacha avait construit avec Sniper il y avait quelques mois de ça. Et maintenant, elle était repartie courir les routes du mondes dans des pays plus dangereux les uns que les autres parce qu’elle avait cru être enceinte et qu’elle ne l’était pas.

Je fis la moue quand je vis Howard se diriger vers moi. Si c’était pur venir me saluer, c’était ni le moment, ni le jour, ni l’heure. J’avais pas encore digéré 1977 alors ce qui venait de se passer pour Natacha en rajoutait une bonne couche.

Mais si… Idée de merde pour idée de merde, Howard se dirigea vers moi, suivi de près par son claviériste qui… n’avait vraiment mais vraiment pas l’air bien.

Howard s’assit en face de moi me faisant remarquer qu’il était 10 :35 et je fus tellement interloqué par son entrée en matière que dans ma confusion, j’en oubliai complètement de lui envoyer mon poing à la figure.

-Je sais qu’il est 10 :35, Stone. J’ai une montre. Qu’est-ce que tu…

Mais je n’eus pas le temps de lui demander ce qu’il me voulait (hormis ramasser en pleine poire toute la nouvelle salve de reproches injustifiés que j’avais à lui faire), que David McAvoy me tendit la main pour se… présenté.

Et moi, complètement désorienté, j’avais réagi par réflexe en me levant pour lui serrer la main en le regardant… pas dans les yeux parce qu’il regardait plus ou moins le sol en biais mais l’idée y était.

-Dan… Stevens ?

J’ai rendez-vous avec… Dan Edwards et Walter Stevens.

Je regardai à nouveau Howard.

-Qu’est-ce que c’est que cette arnaque, Howard ? Si c’est une blague, je ne trouve vraiment pas ça drô…

Attends, Jack…

Je regardai l’un, puis l’autre, repensai à la chanson que j’avais écoutée… Et me laissai retomber dans mon fauteuil. Bouche bée avant de les désigner l’un puis l’autre de l’index.

-Ne me dites pas que vous êtes Fireworks.

@ Billy Lighter

-Bah, on va voir Jack Perry, vieux… J’sais qui fait froid mais ça va aller…

L’était souvent à côté de ses pompes le pauvre David… Me faisait pitié parfois. Mais là, j’avais besoin de lui pour aller voir Jack Perry. J’voulais en foutre plein les yeux au manager de BSC.

Scott avait bien fait comprendre à David qu’il était Dan Edwards… C’était cool mais Jack se rendra vite compte que Dan Edwards n’existe pas.

Bref, David me suivit hors de la chambre et on arriva devant l’ascenseur. Mais il voulait prendre l’escalier.

-Boh non… On va être encore plus en retard si on prend l’escalier.

J’voulais pas que Jack soit parti quand on arrivera en bas. Ça serait pas cool pour la sortie de notre single.

Alors on entra dans l’ascenseur. David y entra en fermant les yeux. Je levai un sourcil surtout qu’il garda les yeux fermés pendant toute la descente. Il ne les rouvrit que quand les portes s’ouvrirent. Fallait le temps que les médocs fassent effet. Quand ils feront effets, il fera moins de trucs moins bizarres…Mais il sera un peu larvique…

Je repérai vite Jack et je souris avant de m’approcher de lui pour lui faire remarquer qu’il était 10h35. Moi, j’étais fier. J’avais jamais eu que 5 minutes de retards, moi. Mes retards variaient toujours entre 15 minutes et 4 heures. Même si quand je suis en retard de 4h, bah, en général, j’me dis que c’est mort alors j’y vais pas du tout.

L’avait pas l’air de bonne, Jack et il me fit remarquer qu’il avait une montre. Mais il eut pas le temps de finir sa phrase que David se présenta en disant qu’il était Dan Stevens… Dan Stevens ? Ooohw nan, David, c’est Dan Edwards pas Dan Stevens. Stevens, c’est moi… Mais c’était un p’tit peu drôle surtout que Jakc se leva pour lui serrer la main sans se poser de questions. J’me retins de rigoler un p’tit peu. Fallait pas que j’me foutes de la gueule de Perry sinon l’allait pas sortir mon single.

Jack répéta le nom que lui avait donné David et, l’temps que la pièce tombe du côté de Perry, j’regardais David et fis bouger mes lèvres en articulant bien mais sans le son pour lui dire : « Non. C’est Dan Edwards que tu es ». J’arrêtais de parler sans parler quand Perry se retourna vers moi pour me demander ce que c’était cette arnaque. Ah, la pièce tombait doucement ! J’esquissai un p’tit sourire avant que la pièce ne tombe définitivement.

La tête de Perry n’avait pas de prix. C’était trop drôle.

-Si c’est bien nous !

J’souris encore plus.

-C’est David et moi… On a enregistré le single entre les deux tournées. J’me suis occupé du chant, de la batterie et de la bass et David des deux guitares. On a enregistré ça en un jour et j’voulais que tu sois le manager de mon p’tit groupe clandestin.

J’plongeai mon regard dans celui de Jack.

-J’te demande rien de plus que de le sortir sous le label BSC. C’est tout… C’est un groupe éphémère. J’voulais juste faire ça pour emmerder Timmy. Il croit qu’il est intouchable. J’voulais lui montrer qu’il l’est pas.

Moi, j’étais fier de ma p’tite manigance.

-J’suppose que si tu nous as donné rendez-vous, c’est que t’as aimé… T’as vu ça, Dave, l’a aimé notre truc, Perry.

J’souris à David.

@ Billy Lighter

J’avais déjà oublié l’ascenseur.

Ouais, te réjouis pas trop vide, Davidounet, va falloir remonter après.

Davidounet ?

Je suis Dan Stevens…

T’es toujours sûr ?

Ouais.

Bon, ok.

Dans le hall, Jack Stone… Perry… nous attendait.

Enfin il attendait Walter Dan et Stevens Edwards.

Les médicaments font effet ?

Haaan… j’en ai bien peur.

La poisse.

Il était habillé bizarrement, notre manager.

Tu t’es déjà regardé, David ?

Arrêtez de me persécuter !

J’avais tendu la main à Jack Perry et m’étais présenté.

Mais il avait l’air à côté de ses pompes, Jack Perry.

Même s’il savait très bien l’heure qu’il était.

Alors je me tournai vers Stone en haussant les épaules en faisant la moue.

-Apparemment, il nous connait pas.

Puis Howard me souffla que j’étais Dan Edwards, pas Dan Stevens.

Je plaquai ma main sur ma bouche.

-Merde ! Je me suis trompé !

Je mordis ma lèvre, regardant Howard qui s’était assis et puis Perry qui était en train de se laisser tomber dans le fauteuil.

-Pardon pour ça.

Puis j’allai m’installer près de Howard et mes yeux s’agrandirent quand Jack nous resitua comme étant Fireworks !

-Oh ouais… c’est ça…

Oh… Je pensais que j’avais plus de punch…

Puis Howard parla pendant que je jouais avec les manches de mon sweat.

-Il fait froid quand même un peu, non ?

Ouais, c’est un pays de merde la Belgique.

On viendra plus.

Je hochai la tête en un « oui » silencieux quand Howard dit à Perry que j’avais enregistré la guitare sur le single.

-J’ai aussi vu Peyton.

Mais je crois qu’elle était pas réelle.

Je secouai la tête pour faire « non ».

-Ouais, on encule Timmy Evans. Il fait enfermer les gens, vous savez ça ?

Puis je fis un grand sourire quand Howard dit que Perry avait bien aimé notre truc. Moi aussi je l’aimais bien, notre chanson.

Howard voyait une histoire dedans.

Moi, j’en voyais une autre.

Il y avait comme une double histoire.

Mon sourire était un peu luisant parce que le Leponex commençait à me faire saliver.

Je déglutis et commençai à me perdre un peu plus souvent dans le vide.

@ Billy Lighter

Affalé sur mon fauteuil, les mains sur les accoudoirs, après avoir salué David McAvoy qui affirmait se nomme Dan Stevens, je regardai les deux musiciens, pratiquement bouche bée.

Alors c’était eux, Fireworks… Je comprenais mieux pourquoi ça m’avait semblé sentir The Burning Fire à plein nez. Il y avait plus de The Burning Fire dans Fireworks que dans le The Burning Fire officiel et actuel.

Et plus Howard parlait, plus je crois que mes yeux s’écarquillaient et ma bouche s’ouvrait de plus en plus.

Howard Stone était en train de me demander de sortir un single pour lui chez BSC pour emmerder son propre manager de chez MTI.

Mon regard passait de temps en temps, à David qui faisait des commentaires, le regard… semi-absent… Timmy faisait enfermer des…

Je fronçai les sourcils.

-Vous avez trop abusé de drogue… Ce n’est pas possible autrement…

Mais la chanson existait bien, elle, et uniquement sur une démo que j’avais dans ma chambre d’hôtel actuellement. Et c’était une bonne chanson. Pas étonnant, maintenant que j’en avais les auteurs devant moi. Parce que je pouvais avoir autant de griefs que je voulais envers Howard Stone, dont celui d’avoir abusé de la naïveté de Livia, il n’en restait pas moins un musicien talentueux, ce qui rendait cette histoire plus frustrante encore.

David confirmait qu’ils voulaient enculer Evans.

Je secouai la tête, comme si j’étais le seul ici à essayer de remettre tout ce foutoir en place.

-Vous avez enregistré cette chanson en une journée ?!

Elle était prête ! Elle était juste prête à être mise sur un disque et vendue comme des petits pains !

Fireworks était un groupe éphémère… Ce qui voulait dire que Stone ne voulait pas que je sois leur manager (Dieu merci), il voulait juste son ticket d’entrée pour un single chez BSC.

-C’est… une maladie chez The Burning Fire ou quoi ? Faire fonctionner la concurrence ?

J’étais… complètement troublé par cette histoire.

Je finis par soupirer.

-Pourquoi moi ? C’est un plan à la Daniele Ricci, ce que tu me racontes là…

Ouais, pourquoi moi alors qu’il sait que je ne peux pas le piffer ?!

Mais je ne lui laissai pas le temps de répondre avant de poser une énième nouvelle question en regardant David d’un air inquiet…

-Tu es… Vous êtes sûrs que tout va bien ?

@ Billy Lighter

Ah ben si, Dave… Il nous connait et c’est bien ça le truc. Il s’attendait à voir des gens qu’il ne connaissait pas, c’est tout. Enfin, j’allais pas expliqué tout ça à David surtout qu’il savait même plus c’était quoi son faux nom et quand j’lui soufflais le bon, il mit ses mains devant sa bouche, jura et s’excusa. J’lui soufflai toujours en mimant avec ma bouche : « c’est rien vieux ! ».

Puis, la pièce chez Jack tomba et il comprit que c’était nous Fireworks. David confirma mollement et moi aussi. Enfin, moi j’confirmai avec plus d’entrain que David et j’allais même plus loin expliquant tout à Jack pendant que David faisait des p’tits commentaires comme « il fait froid ». J’approuvai de la tête. Ouais, fait froid… Puis quand j’parlai de l’enregistrement, David disait qu’il avait vu Peyton. Mes lèvres se pincèrent un p’tit peu.

Ouais… Peyton… J’l’avais vu aussi. De près… P’tètre même d’un peu trop près. Et j’m’en voulais encore de l’avoir frappé même si c’est qu’une garce. Mais comme j’avais aucune nouvelle, j’supposais que ça allait… Enfin, pas de nouvelles, bonne nouvelles, non ? C’est ça qu’on dit ? P’tètre qu’elle avait trop honte de dire que c’était moi qui l’avait frappé. Ou p’tètre qu’elle s’en rappelait plus. J’sais pas.

Je me reconcentrai après ça alors que David déclara qu’Evans enfermait des gens et qu’on l’enculait. J’souris.

-Ouais, on l’encule !

Mais tout ce que Jack déclara c’était qu’on avait trop abusé de la drogue. J’levai un sourcil.

-Pour une fois non. De la drogue, j’en prends plus depuis longtemps et David non plus…

Enfin, sauf si les médocs ça compte comme drogue… Dans ce cas, David en prends…

Perry s’étonna qu’on avait enregistré la chanson en un jour. J’sais pas comment j’devais prendre ça… Il nous sous-estimait ? Ou alors c’est notre réputation qui faisait qu’il nous croyait incapable de cette prouesse. Dans le doute, j’souris.

-Bah quoi, tu nous crois pas capable de ça ? Ouais ! Une journée seulement. On était inspiré.

Inspiré à faire chier Timmy… Et aussi inspiré tout court parce que c’est chanson, elle sortait tout droit de ma tête… Et la mélodie de celle de David.

Puis, Jack demanda si c’était une maladie dans mon groupe de faire marcher la concurrence. Il devait sûrement faire allusion au single d’Apolline avec Livia… Le truc c’est que, nous, les artistes, ça nous passe un p’tit peu au-dessus de la tête ces histoires de rivalités… Tellement que moi ça me faisait strictement rien de donner un p’tit peu de mon talent à l’ennemi. Surtout que, au-delà de ça, j’y voyais plein d’avantage. Ça fera chier Timmy et j’pourrais p’tètre même négocier mes dettes avec Reed. L’est pas belle la vie ?

J’haussai les épaules en me sortant une cigarette que j’allumai. Je soufflai la fumée.

-T’sais, moi, je m’en fiche des rivalités entre maison de disques… Mais Timmy, lui, s’en fiche pas, alors… Ouais, j’fais marcher la concurrence mais je le fais exprès alors, c’est cool.

J’suis plus malin que j’en ai l’air, Perry…

Je jetai un œil vers David qui semblait avoir un p’tit peu déconnecté. Ça faisait souvent ça quand il prenait ses médocs. C’est sûrement pas bon pour la santé ces médocs-là.

Perry enchaina en se demandant pourquoi lui alors que c’est un plan à la Daniele Ricci. J’fis la moue mais n’eut pas le temps de répondre à Jack qu’il fixa David et nous demanda si tout allait bien.

J’regardai vers David qui regardait dans le vide.

-Oh ouais tout va bien… T’en fais pas. L’est juste sous médocs. Il a un traitement pour la schizophrénie. C’est tout.

J’regardai à nouveau Jack.

-Et si j’ai pas été voir Ricci c’est parce que j’aime pas Ricci… C’est un connard. J’te rappelle que mon ex, Maria, m’a trompé avec lui… J’veux faire chier Timmy mais j’veux pas que Ricci prenne les honneurs. J’ai un ego quand même… Et j’t’ai choisi toi parce que j’te connais et j’sais que tu feras ça bien.

J’souris.

-Alors… Ça marche ?

J’soufflai la fumée de ma cigarette en souriant toujours.

@ Billy Lighter

Ok, j’étais soulagé.

C’était rien si je m’étais trompé.

C’était ce que Howard disait avec sa bouche.

Bien David ! Howard dit des trucs avec sa bouche…

-Tu peux mettre le volume, tu sais…

J’avais dit ça à Howard.

Parce que lire sur ses lèvres ça demandait encore plus de concentration.

Et de la concentration, j’en avais pas de trop.

Je m’affalai à mon tour sur le divan à côté de Howard.

Jack croyait qu’on avait pris de la drogue…

Howard a de la COKE ?!

Je clignai des yeux et secouai la tête

-Non… non que du Leponex et du Lysanxia.

Puis je secouai la tête dans l’autre sens.

Pour faire « oui » à la place de « non ».

On avait été inspiré…

Pour la chanson…

Daaaaaaaaaaaaavid !

Quoi ?

Rien.

Han…

Absence…

Howard attira mon attention que quand il parla de médocs.

Merde ! J’ai raté un épisode !

J’ouvris de grands yeux en regardant Howard.

-Je… j’ai… Pas trop suivi…

Howard disait que j’étais schizophrène.

Je baissai la tête et jouai à nouveau avec mes manches…

-Oh. Ouais. Mais je vais bien… C’est… pas tout le temps… Je ne fais plus de crise…

Je secouai la tête.

-Je n’ai plus de troubles… de l’attention… juste une peu de migrmauxdetête.

Puis Howard parla encore à Jack Stone d’un type, Ricci et de son ex, Maria…

Je fronçai les sourcils.

-C’est pas Apolline, ton ex ?

Mais ce qui intéressait Howard, et moi aussi, c’était de savoir si Jack voulait bien sortir notre single.

Enfin celui de Fireworks.

Celui de Dan Stevens et Walter Edwards.

Je regardai Jack avec des grands yeux interrogateurs, attendant le verdict.

@ Billy Lighter

Donc… Tout ça, toutes ces manigances à la Howard Stone avaient pour unique but d’emmerder Timmy Evans ? Et bien… C’était l’ambiance du côté de chez MTI. Bon, de notre côté, Ricci ne se portait pas vraiment mieux pour le moment, mais heureusement et contre toute attente, Roadtramp semblait s’autogérer un minimum.

Alors la question la plus légitime qu’il me sembla d’être posée, ce fut de leur demander, nom de Dieu, ce qu’ils avaient pris. Parce qu’en plus de leur plan saugrenu, ils n’avaient sincèrement pas l’air au mieux de leur forme, aucun des deux. Il y en avait un dont le discours était complètement incohérent et l’autre qui puait la vodka à un kilomètre.

Mais d’après Howard, ni l’un, ni l’autre ne prenait plus de drogue depuis longtemps.

Je le regardai plutôt sceptique, gardant le silence.

Avant de m’étonner qu’ils aient pu enregistrer la chanson que j’avais entendue en une seule journée. Howard s’offusqua presque que je puisse en douter. Je les désignai tous les deux d’un vague signe de la main.

-Vous vous êtes regardés dans un miroir, récemment ? Parce qu’à voir vos têtes, je me demande même comment vous êtes arrivés à vous extirper de votre lit.

Et pourtant… et pourtant je devais donner raison à Howard puisque la chanson existait bel et bien. Elle était sur une K7, dans ma chambre.

Je demandai alors à Howard si c’était une manie chez eux de faire de temps en temps un don de talent à BSC. Apolline Mclagan l’avait fait en duo avec Livia. L’accueil du single avait été mitigé au niveau du public mais n’empêche que ça faisait quand même une ligne en plus sur le CV de Livia.

Howard, lui, répondit qu’il se foutait de la rivalité de MTI et BSC, mais que son manager, c’était une autre histoire et qu’étant donné qu’il voulait l’emmerder, c’était le bon plan.

Je passai une main sur mon visage en soupirant, réfléchissant déjà à l’éventualité de le faire sortir, leur single, parce que la chanson était vraiment belle.

Mais des questions d’éthique me poussaient à réfléchir. Howard avait abusé de Livia, Howard avait aussi ruiné l’avenir de ma petite sœur…

Mais si je passais à côté de ça… Ça se saurait. Et si je ne voulais pas vraiment devenir un manager célèbre, privilégiant tout de même ma vie privée, ma relation avec Brooke… Une éventuelle famille ? Mais, je ne voulais pas non plus me faire virer ou me fermer des portes… J’aimais le management d’artistes.

Et cracher sur la main tendue d’Howard Stone pour un single qui marquerait probablement longtemps l’histoire du rock justement pour l’anecdote qui se cachait derrière, ce ne serait pas une belle question d’éthique… Ce serait juste une belle connerie.

Et pendant qu’Howard parlait, j’avais demandé s’ils allaient bien… Parce que McAvoy, lui, avait l’air complètement à côté de ses pompes. Et c’est là que la réponse d’Howard me fit ouvrir des grands yeux.

Alors McAvoy n’était pas en dépression… Mais schizophrène et en plein traitement ?! Je regardai David qui avait les yeux complètement dans le vide et bavait presque.

-Bon sang ! Mais c’est inhumain de l’emmener en tournée ! Il ne devrait pas être… je ne sais pas… suivi ou quelque chose comme ça ? Vous êtes sûr qu’il va tenir la tournée ?

Pour quelqu’un de sain c’était déjà pas évident mais là… Est-ce qu’il arrivait seulement à aligner deux notes ? Normalement oui puisque j’avais un enregistrement qui en témoignait mais…

Mais son petit plan intéressait plus Howard que la santé de son pote, apparemment et il m’expliqua pourquoi il me voulait moi et pas Ricci. David revint parmi nous, affirmant qu’il n’avait rien suivi et… ne comprenant plus rien aux histoires de cœur (ou de cul) de Stone…

Soit… J’essayai d’en faire abstraction pour répondre à la dernière question d’Howard, regardant le batteur dans les yeux.

-Je veux bien faire sortir votre single sous le label BSC, à partir du moment où tu peux m’assurer que le produit est totalement fini, que je n’aurai rien à faire de plus que de vous faire signer de la paperasse pour les droits, qu’il s’agit bien de quelque chose de ponctuel… Et par-dessus tout, que je n’aie pas à m’occuper de vous.

Je souris à Stone.

-Alors là, on aura un deal.

@ Billy Lighter

On ne prenait plus de drogue… Enfin, j’prenais plus de drogue parce que David prenait des médicaments aux noms imprononçables… J’savais pas comment il fait pour les retenir.

En tout cas, Perry semblait étonné qu’on ait enregistré la chanson en une journée ce qui était un peu vexant. Il déclara en gros qu’on avait une sale tête. J’levai un sourcil.

-Bah c’est parce qu’on s’est extirpé de notre lit qu’on a cette tête-là…

Bah ouais, l’est tôt, Perry… Tu serais venu l’après-midi, on aurait eu le temps de s’attifer un p’tit peu mieux.

J’essayai toujours de vendre notre single à Perry jusqu’à-ce qu’il demande si David allait bien. L’avait juste une absence ce qu’il avait souvent. Mais c’était parce qu’il était schizophrène ce que je confiai à Jack. Le manager était choqué de ma révélation ce qui me fit lever un sourcil. Il trouvait ça inhumain de le prendre en tournée dans son état mais David se défendit tout seul en disant qu’il allait bien. Bah ouais, l’allait bien.

-Bah ouais il va tenir la tournée. Il prend son traitement, t’en fais pas. On a un roadie qui s’occupe de lui tout le temps.

Moi, je m’en faisais pas pour David…L’était sûrement pas schizophrène depuis hier et il avait quand même fait plusieurs tournée avant celle-ci même si c’était y’a plusieurs années.

Je passai sur David en expliquant pourquoi j’étais pas allé voir Ricci pour mon plan… Et quand j’évoquai mon ex, Maria, David me demanda si c’était pas Apolline mon ex. Bah si mais…

-Bah si mais j’ai plusieurs exs, Dave…

J’en avais même énormément même si j’crois que c’est avec Natacha, la sœur de Jack, que j’étais resté le plus longtemps.

Mon regard retomba sur Jack quand il reprit la parole. J’souris quand il déclara bien vouloir sortir notre single. Mais il voulait être sûr qu’il faudra juste sortir ça et qu’il aura pas à s’occuper de nous. Moi, j’voulais pas que Jack s’occupe de nous… J’avais assez avec Timmy. Donc, on était sur la même longueur d’onde. J’souris un peu plus.

-Deal ! J’te promets que t’auras jamais à t’occuper de nous.

Maintenant que c’était acté, j’étais pressé de voir la tronche de Timmy quand le single allait sortir.

@ Billy Lighter