Il y avait tout le monde.

Tout The Burning Fire.

Autour de la table.

Devant les micros.

On passait à la radio.

David ?

On…

Quoi ?

Je regardai derrière moi.

Il n’y avait rien.

Je fis une moue bizarre.

Puis me retournai vers Kayden.

Qui parlait.

Répondant à la question de…

La journaliste…

Sydney Grey.

Je rougis.

Baissai les yeux.

Mais personne le vit.

Personne me regardait.

Enfin j’espérais.

Parce que j’avais pas trop…

…pas trop envie de parler au micro.

J’étais trop timide pour ça.

Alors j’avais des…

Davey !

Tics…

Mon cœur accéléra.

Elle va te poser une question, David !

Non…

Non on aura pas le temps.

C’est comme avant.

Comme en classe.

Je calculais.

D’abord c’était Kayden.

Puis Nathan.

Puis Howard.

Puis…

Peut-être moi.

J’espérais pas.

Et si elle fait par ordre alphabétique ?

Alors David.

Vient avant Howard.

Non.

Non elle ne va pas faire ça.

Je regardai Sydney.

Qui regardait Kayden.

Et quand elle se tourna vers moi.

Je baissai les yeux.

Jouant avec la base du micro.

Ou avec mon casque.

Je dis tout bas.

-Elle a les yeux bleus… De vraiment beaux yeux bleus…

A qui tu parles ?

Je ne sais pas.

Imbécile.

-Hein, David !

Je sursautai.

Redressai la tête.

Me tournai vers Kayden.

-De quoi ?... J’étais…

Je me mordis la lèvre.

Voulus regarder Sydney.

Mais fuis son regard.

-J’étais distrait… Je suis désolé…

Kayden rigola.

-David est plus souvent dans sa tête qu’avec nous… On disait que tu gérais sur « I’m Not The Only One ».

Je rougis.

Clignai des yeux.

Plusieurs fois.

Pour ne pas qu’on voit.

Qu’il y en avait un qui…

Qui clignait tout seul.

Je grimaçais un peu.

-Oh ouais… C’est une… C’est une belle chanson… Le clavier est important.

T’as rien de plus intelligent ?

Non.

Là tout de suite.

J’essaye juste que mon cœur n’explose pas.

-David est très timide… Il ne parle jamais beaucoup…

Trouillard.

J’étais vraiment pas à l’aise.

Je détestais ça, en fait.

Les interviews.

Je n’aimais pas non plus…

Être interrogé à l’école.

Je ne veux pas être…

Explosé…

Analysé…

Et sur scène alors ?

Ben je suis caché.

Derrière le clavier.

Les gens regardent que Kayden.

Sydney Grey se remis à parler…

Avec les autres…

Ouf…

Sauvé…

Pas que je voulais pas qu’elle…

Qu’elle me parle…

J’aurais aimé parlé avec elle.

Si j’avais été un peu plus…

Un peu plus sûr de moi.

Si… Si rien que le fait d’y penser…

Ne m’angoissait pas à ce point.

A un moment donné.

Elle se tourna vers moi.

Et mon premier réflexe fut de…

De faire « non » de la tête…

Avec un air paniqué dans les yeux.

Comme si la moindre question…

Pouvait me tuer.

@ Billy Lighter

Pour ma première vraie interview officielle, j’ai droit à The Burning Fire et son chaos.  Je n’ai pas dormis de la nuit, préférant réviser mes questions, réfléchir à comment j’allais amener certains sujet,  penser à mes transitions entre les membres du groupes pour ne pas que ce soit toujours Kayden, identifié comme le leader, à juste titre en sa qualité de chanteur. Pour bien des groupes, c’est souvent le cas d’ailleurs.

Je vis mon premier vrai gros stress à la barre de mon émission, toute nouvelle en onde de L.A.Rocks.  Y’a de quoi être rongée par la nervosité.

Malgré ça, je me débrouille plutôt bien et j’ai réussis jusqu’à maintenant à  garder le cap sans perdre le contrôle. Les cafouillages, parce qu’il y en a eu de toutes les parties, ont simplement fait place à de magnifique moment cocasse.

Franchement, si je pouvais coller une belle étoile doré sans mon cahier d’animatrice radio, je le ferais !

Les membres sont tous très volubiles, sauf David McAvoy, le claviériste qui reste en retrait, bafouille les quelques phrases, si pour autant il en fait vraiment une et je ne sais pas pourquoi, il évite mon regard. À force, je commence à me demander si je n’aurais pas un truc au visage, un feu sauvage ou un bouton. Je vais avoir mes règles bientôt ! J’ai forcément un bouton qui a décidé de pousser sur mon visage, c’est évident que c’est ça !

- Oui, ‘’ I’M Not The Only One’’ est l’une de mes pièces préférée de l’album A Brave New World et comme le dit Kayden, ta technique au clavier est impeccable.

Je vois bien qu’il n’est pas à l’aise avec les questions. J’ai eu toute l’entrevue pour m’en rendre compte.  Même pendant les pauses musicales, il  s’est contenter de garder la tête baissée, de jouer avec ses doigts les plaçant tantôt en prière, tantôt en les tordant, d’autres fois en appuyant sur ses phalanges pour les faire craquer un a un.

Il a un charme indéniable !

Je trouve ça franchement mignon moi, la timidité.  Je n’aime pas ceux qui sont trop exubérant, qui prenne trop de place, comme le fait Kayden en parlant pour les autres, les reprenant même  parfois alors qu’il s’était déjà exprimé. Je m’attendais, je l’avoue, à ce qu’Howard ou Nathan prennent un peu plus leurs places.

Après une dernière série de question sur l’agenda chargée qui attend le groupe, je leur laisse le dernier mot et, quand mon regard se pose sur David, et qu’il baisse le regard en faisant non de la tête, je souris et passe la parole à Nathan pour conclure cette interview.

À peine l’émission terminée, Kayden a déjà franchit la porte du studio et file dans le corridor, probablement trop pressée d’aller rejoindre je ne sais qui et faire je crois savoir quoi de beaucoup mieux.

Nathan emboite ensuite le pas mais, plus sympathique, prend le temps de me remercier et de signer l’affiche qui orne le mur du studio. Je pourrai l’apporter chez moi et je sais déjà où je vais l’installer !

- Merci, vous avez été très généreux ! Je n’oublierai pas cette interview !

Quand l’affiche porte la griffe de tous les membres moins un, je les suis dans le corridor par soucis de politesse, et rien de plus. Bon ok, peut-être aussi dans le but de poursuivre la conversation  et espérer un petit je ne sais quoi de la part de David.  Il m’est tombé dans l’œil avec sa timidité et ses murmures.

Il a un petit quelque chose de craquant, je ne saurais dire quoi, exactement.

- Est-ce que…

‘’ Est-ce que quoi, Sydney ? ’’

Je ne sais pas du tout où je m’en allais avec ça, pour dire vrai !  J’ai simplement amorcé une question que je suis incapable de finir, si ce n’est pas le comble…

- Est-ce que vous êtes partant pour un café ?

Qui ne tente rien… n’a rien et c’est mieux ça pour rattraper le coup qu’un « ah, laissez tombé, j’ai plus rien à vous dire ! »

Je regarde alternativement Howard, Nathan et David mais c’est surtout de David que j’espère une réponse positive.

- Il y a le… le petit café de la station qui est plutôt sympa et le café y est vraiment bon.

@ Billy Lighter

Ta technique au clavier est impeccable.

J’avais peur de rougir.

Résultat…

Je rougissais encore plus.

Je m’approchai du micro.

Juste pour souffler un :

-Merci…

Le cœur battant à tour rompre.

Et ça ne se calma pas vraiment…

Merci, vous avez été très généreux ! Je n’oublierai pas cette interview !

Avant la toute fin.

Il me fallut une ou deux secondes.

Pour m’en rendre compte.

Kayden sortit.

Et je me levai mais…

Les autres faisaient un peu barrage.

Je ne pouvais pas le fuir.

Nathan me passa un marqueur.

Et j’écrivis…

David.

Daaaaaaaaaaaaaaaviiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiid !

Sur le poster.

Même si j’étais pas sur la photo.

C’est pas parce que…

Tu n’existes pas, Davey.

Pas vraiment.

Tu te prends juste un gros trip.

Rien de tout ça n’est réel.

Je n’ai pas…

Je n’ai pas pris de coke.

Non…

Non, juste du LSD.

Je pinçai les lèvres.

Est-ce que…

Je sursautai.

Me retrouvant face à Sydney.

Cafouillant un peu…

Pas avec les mots.

Mais avec mon corps.

Ne sachant pas trop.

Comment me mettre.

-Oh Ouais… pardon, je vous rends… Je vous rends ça.

Je finis par…

Lui tendre son marqueur.

Pour le lui rendre.

Est-ce que vous êtes partant pour un café ?

Je me tournai vers les autres.

Comme si la question.

Leur était adressée à eux.

Et pas à moi.

Nathan rigola.

-Me regarde pas comme ça, c’est à toi qu’elle demande, pas à moi.

Je passai une main dans mes cheveux.

Il y a le… le petit café de la station qui est plutôt sympa et le café y est vraiment bon.

Un peu nerveusement.

-Ben… heu…

Nathan soupira.

-« Oui ». C’est « oui » que tu dois dire, David.

Je me mordis la lèvre.

Haussai les épaules.

Et souris un peu.

-Ok.

J’aimais beaucoup sa voix…

Alors je pourrais…

L’écouter un peu plus longtemps.

Nathan me tapa sur l’épaule.

En encouragement.

Et moi, je me tournai vers lui.

Avant qu’il sorte.

-Mais vous partez pas sans moi !... hein ?

-Mais non, t’inquiète pas… Puis même, t’es grand assez !

Je soupirai.

Bon ok.

Je regardai Syd.

Elle ne va pas me manger.

Tout va bien se passer…

C’est juste…

Boire un café y a rien de…

Ouais j’aimerais un peu plus peut-être.

Mais peut-être pas elle.

Et puis plus…

Plus, ça finit toujours mal.

-Je vous suis… alors…

On se mit en route.

Moi la suivant.

Les mains dans les poches.

-J’aime vraiment… Vous avez une belle voix. Je suis désolé de ne pas être très… à l’aise avec les interviews… Je suis distrait…

@ Billy Lighter

Je n’ai pas envie de les voir quitter trop rapidement le studio. De le voir quitter, en fait, parce que je n’ai de yeux que pour David. J’essais d’être professionnelle, de passer d’un à l’autre avec mes questions sans que ça semble trop évident que dès que mes yeux rencontrent ceux du claviériste, je rougis et mon cœur palpite. J’en ai les mains moites, aussi.

Vivrais-je un coup de foudre ?

Seul l’avenir me le dira…

En attendant, si j’ai cafouillée pendant l’entrevue, si mon ton n’était pas juste, s’il y a la moindre faille, je sais qu’on ne se gênera pas à me le faire comprendre, moi, la petite nouvelle qui a déjà sa propre émission.  

J’ai confiance.

Je suis confiante.

Assez pour accompagner les membres restants de The Burning Fire dans le corridor et  de poursuivre la conversation jusqu’à avoir le courage nécessaire pour proposer un café. J’eu peur une petite seconde qu’il n’y ait pas que David dans mon plan de tête à tête. Ça n’aura pas été très dramatique mais pour faire plus ample connaissance, être seule avec la personne désirée c’est plus simple… surtout quand cette personne a tendance à se cacher derrière les autres.

David me suit, les autres, vont l’attendre, je ne sais où.

- Tu as aussi une très belle voix.

Je ne lui retourne pas le compliment que par politesse.

David à réellement une très belle voix.  Ce genre de voix qui vous captive dès la première parole, qui donne envie d’avoir une conversation interminable, qu’importe le sujet, uniquement pour le plaisir de l’entendre à l’infini.

- Ce n’est pas tout le monde qui est à l’aise pendant les interviews. Je peux comprendre.
Je peux le comprends.

Même si j’essaie de mettre les gens à l’aise.

Ce n’est pas tout le monde qui arrive à oublier le micro, les auditeurs qui écoutent l’émission à la radio. Qu’il n’y a pas de possibilité de mettre sur pause, d’arrête, d’effacer et de recommencer.
Je tire la porte de la cafétéria de la station et la tient pour que David passe puis je le suis et vais commander deux cafés, prenant autant de sachet de sucre que de lait, ne sachant pas comment le musicien aime le boire.

Il n’y a jamais assez de sucre dans le mien !

Jamais assez de lait non plus.

Finalement, je ne sais pas si un café est bon mais je peux dire s’il y a assez de sachet de sucre !

Maintenant que nous sommes installés à notre table, nos gobelets de café devant nous je déchire plusieurs enveloppes de sucre et le fait coulé dans mon verre méthodiquement puis  ouvre les mesures de laits et en verse jusqu’à ce que le liquide devenu ambré soit égale avec le rebord de mon verre.

‘’ Inspire, Sydney… et trouve un truc intelligent à dire ! ‘’

- Tu… tu aimes jouer du piano ?

‘’ Non, il déteste ça, c’est pour ça qu’il en a fait carrière ! Bravo, Sydney ! Du grand art de journalisme !’’

Il m’arrive de me parler, de me gronder aussi, mentalement, intérieurement. Je me critique, et sévèrement aussi.  C’est quand même un peu n’importe quoi comme question, il faut que je sois honnête avec moi-même.

- Je crois que je ne suis pas non plus très à l’aise…

‘’ Ouais mais moi c’est dans la vie de tous les jours, avec les hommes !’’

- Tu as une petite amie ?

De mieux en mieux… vaut mieux me taire en buvant une longue gorgée de café !

@ Billy Lighter

Tu as aussi une très belle voix.

Je pinçai les lèvres.

Souris.

Rougis encore.

J’aimerais bien ne plus jamais rougir.

Ne plus sentir la chaleur me monter aux joues.

Et mon cœur s’emballer.

Dès que…

Dès que je dois être en contact.

J’aimerais bien aussi.

Que ce qui hurle en moi en permanence…

Se taise.

Parfois c’est comme si…

Comme si j’étais là.

Et en même temps.

Dans la même pièce.

Recroquevillé dans un coin.

Et en train de hurler.

Mais j’osais pas…

J’osais vraiment pas parler de ça.

J’avais une belle voix ?

C’était con que j’aimais pas parler plus.

Ce n’est pas tout le monde qui est à l’aise pendant les interviews. Je peux comprendre.

Je me détendis un peu.

Mes mains enfoncées dans mes poches.

Elle comprenait.

C’était déjà ça.

AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAARGHHH !!!!!!!!

Je fermai les yeux.

Passai devant elle…

Quand elle m’ouvrit la porte…

De la cafeteria.

Ça sentait le café.

-Merci…

Je suivis Sydney…

Pris une poignée de sachets…

De sucre aussi.

En rigolant un peu avec elle.

Puis on alla s’installer.

Ok.

Cool…

Relax.

Je gardai les yeux rivés sur ma tasse.

Ouvrant doucement.

Un à un.

Les sachets de sucres.

Que je vidais dans le café.

Tu… tu aimes jouer du piano ?

Je souris.

Sans la regarder.

Hochai la tête.

Le piano m’a sauvé.

Bravo, Sydney ! Du grand art de journalisme !

Je pinçai les lèvres.

-Ne soyez pas si… dure avec vous-même…

Je vidai un nouveau sachet de sucre.

Pris la cuillère.

Remuai.

Regardant le café…

Qui tournait dans la tasse.

Je crois que je ne suis pas non plus très à l’aise…

Je tiquai.

Clignai d’un œil.

Le coin de ma bouche se contracta.

Je mis ma main sur…

Sur la moitié de mon visage.

Pour cacher.

-Peut-être que… c’est plus facile avec un micro pour vous.

Je souris.

Me détendis un peu.

Enlevai ma main de mon visage.

Ok…

Ça passe.

Tu as une petite amie ?

Je secouai la tête.

Rougis encore.

En rigolant un peu.

-Non… Toi ? Vous... ? Merde…

Je croisai une seconde son regard.

Avant de le fuir.

-« Tu » ou « vous » ?

Et de boire mon café.

Exactement comme elle.

Je suis sûr que oui.

Elle a un petit-ami.

Parce que l’inverse.

Ne peut pas être possible.

L’inverse…

Me donnerait une occasion.

Que je n’étais pas sûr…

De pouvoir gérer.  

@ Billy Lighter

Assise à table devant David, je n’ai que mon café pour faire distraction.

Pas que j’en cherche forcément une mais si je continu de le regarder dans les yeux, bien qu’il tende à fuir mon regard, je risque de m’y noyer. Mais de temps en temps, c’est bien de regarder mon gobelet et y chercher l’inspiration.

Autrement, dans ma tête, c’est le néant.

Tellement que je lui demande s’il aime jouer du piano.

De toute évidence, il peut lire sur mon visage qu’intérieurement, je me juge sévèrement.

- Je suis à ce point transparente ?

Je rougis, c’est certain !

On m’a souvent dit que j’étais comme un livre ouvert. On peut facilement lire comment je me sens, deviner un peu vers quoi se dirigent mes pensées selon mes traits. Et puis les gens qui parlent très peu son en général de fins observateurs. David me décode aussi facilement que s’il pouvait lire mes pensées.

C’est à la fois troublant et charmant… tant que ça s’arrête à mes pensées les plus basics, parce que s’il creuse, je ne voudrais quand même pas qu’il voit ce que je nous ai imaginé faire, là, tout de suite !

- Mon micro c’est ma façade. Je peux me permettre des questions, avoir de longues conversations sous prétexte d’informer et divertir.

Demander ce que je n’oserais pas demander sous prétexte que ça va intéresser quelqu’un.

- Comme avec la musique. Tout ce que certains on pu dire dans leurs chansons qu’ils n’auraient jamais osé dire en face.

Sauf que moi, je chante comme un pied.

Et que je n’ai pas m on micro.

Ça ne m’empêche pas de lui demander, non sans rougie, et peut-être même trembler un peu dans ma voix,  s’il a une petite amie.

De le voir rougir me fait rougir encore plus. Deux belles pivoines que nous sommes ! Je m’en mords la lèvre inférieure puis je replace mes cheveux derrière mes oreilles, osant relever les yeux pour le regarder quand il me répond d’un signe de la tête qu’il n’en a pas.

- Tu et heu… non je… je suis célibataire.

Je ne vois pas l’intérêt que pourrait avoir un homme envers moi.  J’ai mes habitudes, je fais mes trucs, boulot et dodo. Je ne sors pas alors je ne rencontre pas.  Et je bois beaucoup trop de sucre à saveur de café, parait-il mais, ça semble aussi être au goût de David, si on en juge par les sachets de sucre vides, partout sur la table.

- Tu es très beau !

‘’ Tu as dit ça ? Non ! Tu l’as dit ?

- Je veux dire… beaucoup de charme. Tu dois souvent rencontrer des…heu ben je veux dire avec les groupies qui n’attendent que ça… non pas que tu  couches beaucoup… oh…mon…dieu ! Je dis vraiment n’importe quoi !

Je parle surtout beaucoup trop pour absolument ne rien dire au final, sauf pour me couvrir de ridicule, ça, je fais fort.

-  Ce que je voulais dire c’est que tu dois probablement faire rêver plusieurs femmes sans t’en rendre compte.

‘’ Moi la première ! Tu veux pas m’embrasser ? ’’

Le café va calmer mon malaise, rassembler mes pensées, me donner la force de rester assise bien droite sur ma chaise et non pas de glisser en dessous pour m’y rouler en boule et pleurer de honte.

- Si tu veux, et que tu es libre, tu voudrais jouer du piano pour moi ?

@ Billy Lighter

Je suis à ce point transparente ?

Tout le monde l’est.

Je hochai la tête.

Elle rougit.

Je le vis du coin de l’œil.

Alors que je tiquai un peu.

Le coin de ma bouche remontant…

Par à-coups.

Hésitant entre sourire.

Et rester neutre.

Sans que j’en ai conscience.

-Tout le monde l’est.

Je pinçai les lèvres.

Remuai encore mon café.

-C’est pour ça que je ne… je ne regarde pas trop les gens dans les yeux.

Je rigolai un peu nerveusement.

-Je peux entendre et… voir ce qu’ils pensent sinon…

Je mordis ma lèvre.

Me balançai un peu sur ma chaise.

Secouai la tête.

-J-j’aurais pas… je devrais pas parler de ça…

Je souris.

Timidement.

-C’est juste… juste idiot ce que je dis…

Je rougis…

Eus très chaud…

Tout d’un coup.

J’entrouvris la bouche.

Laissant échapper un soupire.

Et Syd…

Sydney…

Se mit à parler.

Mon micro c’est ma façade.

Je souris vaguement.

Syd s’exposait.

Pour se protéger.

Moi je…

Comme avec la musique.

Ouais.

Voilà.

J’utilisais la musique.

Non.

Pas vraiment.

Je ne me cachais pas derrière la musique.

Tout ce que certains on pu dire dans leurs chansons qu’ils n’auraient jamais osé dire en face.

Ouais.

C’est plutôt ça.

Je m’exprime mieux…

-Je m’exprime mieux avec la musique…

Je ma laissai déconcentrer.

Quelques secondes…

Mon regard se perdit par la fenêtre.

Sans que je regarde vraiment…

Ce qu’il y avait dehors.

Jusqu’à ce qu’elle me demande…

Si j’avais une petite-amie.

Non.

Non et toi ?

Tu et heu… non je… je suis célibataire.

Je pris une gorgée de café.

Avant de risquer un regard.

Dans le sien.

Tu es très beau !

Mais pas longtemps.

Je pinçai les lèvres.

Mon cœur s’emballa.

Syd s’emballa tout court.

oh…mon…dieu ! Je dis vraiment n’importe quoi !

Je rigolai.

J’étais crispé.

Mais je rigolais.

-Non, je ne… je ne couche pas beaucoup… Je ne rencontre pas beaucoup de groupies… heu…

Je haussai les épaules.

Ce que je voulais dire c’est que tu dois probablement faire rêver plusieurs femmes sans t’en rendre compte.

Je secouai la tête.

-Oh non, je crois que personne ne… ne fait attention à…

Tu veux pas m’embrasser ?

Moi…

J’étais bouche bée.

Regardai Syd.

Dans les yeux.

Tu veux pas m’embrasser ?

Tu voudrais jouer du piano pour moi ?

-Oh… Ok…

Mais à quoi tu réponds, David ?!

A la première ?

Ou à la deuxième question ?

Je me redressai un peu.

Pour me pencher au-dessus…

Juste au-dessus de la table…

Et posai mes lèvres…

Sur celles de Syd.

Pas parce qu’elle l’avait demandé…

Je n’étais pas sûr qu’elle l’avait vraiment demandé.

Mais j’en avais envie.

@ Billy Lighter

David est doté d’une incroyable sensibilité qui lui permet de me cerner mieux que quiconque ce qui est assez déstabilisant, je dois l’admettre. Cela dit, il peut lire en moi tout ce qu’il veut, je n’ai absolument rien à cacher probablement parce que je n’ai rien de bien extraordinaire à raconter.

Si j’étais une couleur, je serais certainement beige ou l’une de ses déclinaison.

Sa timidité accentue la mienne.

Nous devons être beaux à voir, de loin, tous les deux, têtes baissées  sur notre gobelet de café, le brassant de temps en temps, quand nous n’y ajoutons pas de sucre.

- Tu veux dire que tu entends ce que je pense ?

Non, en fait, il anticipe mes pensées. C’est ce qu’il a dû vouloir dire. J’ai déjà lu à ce sujet d’ailleurs.
Certaines personnes sont à ce point sensible qu’elles sont parvenues à développer comme un don. Elles peuvent anticiper, de par la réaction des gens, leurs gestuel et tout, ce qu’elles pensent.

- Tu es un mentaliste, en fait ?

David se redresse sur sa chaise comme s’il venait de réaliser qu’il avait dit quelque chose qu’il n’aurait pas dû. Moi, au contraire, je trouve ça fascinant et intriguant.

- Non, non ce n’est pas idiot, au contraire.  Moi je trouve ça extraordinaire, tu sais.

Il avalerait des mouches pour en faire des bulles de savon que je serais encore capable d’être amusée et captivée.  C’est lui tout entier qui me fascine au point où tout chez lui me semble merveilleux.

De toute façon, parler de soit nous donne toujours l’air un peu idiot. Je ne sais jamais quoi dire pour me rendre intéressante. Pas pour inventer mais même mon parcours n’a rien de transcendant qui mérite d’être raconté. C’est pour ça que j’aime faire parler les autres, dans mon micro. J’adore leur poser des questions, les mettre en valeur. C’est facile de parler quand y’a un micro.

Pour moi ça l’est.

Peut-être que ça l’est pour lui aussi, au travers de sa musique.

Au travers des mélodies qu’il compose et qu’il livre au public.

Avec intensité et passion.

Comme il ferait l’amour à une femme.

Comme il me ferait l’amour à moi.

Par moment, nos regards se croisent juste assez longtemps pour que je puisse voir briller une petite lueur dans ses yeux. Une étincelle de bonheur, peut-être celle du plaisir d’être en ma compagnie. J’aimerais que ce soit le cas.

J’aimerais être différente pour lui. Plus que les groupies qu’il peut rencontrer et Dieu sait ce qu’ils font, une fois dans les loges. Je n’ai jamais compris ce principe de tout faire pour capter l’attention de quelqu’un au point de coucher avec pour pouvoir s’en venter ensuite.

Elles font ca les filles, de nos jours ?

Pourtant, je suis quand même assise devant David et je meurs d’envie de me relever pour me pencher vers lui et l’embrasser, au dessus de nos cafés.

Je fixe ses mains. Ses doigts, longs, effilés. Des mains de pianistes. J’ai beau  lutter contre mais les images de ses mains sur mon corps me font frissonner.  Je voudrais avoir l’audace de foncer, de prendre les devant et l’embrasser.

Au lieu de ça, je lui demande s’il aurait envie de jouer du piano avec moi. Un beau moyen de m’installer à ses côtés, de frôler son bras du mien, de regarder nos mains côte à côte sur un clavier. Créer à nous deux une belle mélodie.

C’est David qui prit les devant.

C’est lui qui se souleva pour se pencher vers moi et m’embrassa.

Un baiser furtif mais un vrai baiser quand même.

Un baiser qui me mit des étoiles dans la tête et dans le cœur, et même, dans les yeux.

Je ne ressens plus la chaleur de son visage sur le mien, pourtant, je reste quand même la tête relevée, les yeux clos et la bouche en cœur.  J’ai peur d’ouvrir les yeux et de me rendre compte que j’ai rêvé toute la scène et que je suis simplement ridicule, la tête placée  comme pour embrasser dans le vide.

Mais quand j’ouvre les yeux, David est toujours là, assit devant moi, ses yeux  fuyant les miens comme il le fait toujours. Pourtant, je voudrais vraiment qu’il pose les yeux sur moi. Il pourrait lire tout ce que je ressens en ce moment.

- Wow… tes lèvres goutent le café !

‘’ Non ! Mais qu’est-ce que je suis entrain de raconter !! Syd ! C’est le moment ! Dis lui !’’

- Je… heu… ils doivent t’attendre. Howard et Kayden…non pas Kayden il est partit lui mais heu… Nathan. Oui, voilà ! Nathan et Howard. Howard et Nathan.

C’est maintenant ? Le bon moment pour me cacher sous la table et mourir lentement de honte ?

Je me passe la langue sur mes lèvres alors que mes joues virent pourpres, sans aucun doute.
‘’ Et puis merde !’’

J’imite le geste de David me penchant vers lui et l’embrasse à mon tour.

@ Billy Lighter

Tu veux dire que tu entends ce que je pense ?

Je hochai timidement la tête.

Presque malgré moi.

Ouais.

Ouais j’entends ce que les gens pensent.

Sinon…

Sinon je vois pas d’où viendraient toutes ces…

Tu es un mentaliste, en fait ?

Je me tortillais sur ma chaise.

Mal à l’aise.

Je préfère…

Je préfère quand même « mentaliste » à…

Junkie.

Attardé.

Idiot.

Petit con !

Pervers.

Ingrat !

Daaaaaaaaaaaaavid.

Je me repris.

Secouant la tête.

Je retenant de…

Plaquer mes mains sur mes oreilles.

Je trouve ça extraordinaire, tu sais.

Je souris.

Frottant ma tempe.

-Merci… C’est gentil…

Elle me regardait…

Avec une intensité à laquelle je…

Je n’étais vraiment pas habitué.

Je n’étais pas…

Howard.

Kayden.

J’étais juste David.

Je crois.

J’eus soudain comme…

Très chaud…

Et envie de la toucher…

De la caresser.

Non.

Non, je ne peux pas !

Parce que je ne saurai pas…

Lui donner toute l’attention qu’il faut.

Pas tous les jours.

Pas…

Pourquoi ?

Je ne sais pas.

Je passai ma langue sur mes lèvres.

Tu veux pas m’embrasser ?

C’était elle qui le voulait…

Est-ce que c’était mal ?

Je n’avais pas la réponse.

Mais je le fis quand même.

Puis après…

Je pus la regarder un peu.

La regarder vraiment.

Parce qu’elle garda les yeux fermés.

Et elle était vraiment belle.

Elle rouvrit les yeux.

Je baissai les yeux.

M’assis à nouveau sur ma chaise.

Tes lèvres goutent le café !

Je rigolai doucement…

En rougissant.

C’est le moment ! Dis-lui !

Je levai un sourcil…

Frottai mes mains l’une contre l’autre.

J’avais encore…

La sensation de ses lèvres sur les miennes.

Ils doivent t’attendre.

Qui ?

Howard et Nathan.

Je hochai la tête.

-Oh… ouais… je ferais mieux d’y aller… aller voir où ils sont…

J’allais me lever.

Mais avant que je puisse le faire.

Sydney se projeta vers moi.

Pour m’embrasser.

Je fermai les yeux.

Levai une main.

La posai sur sa joue.

La passai dans ses cheveux.

En gémissant de plaisir.

Avec une bizarre envie de pleurer.

Pourquoi ?

Je sais pas…

Ou peut-être que je savais…

Que je ne pourrai pas l’embrasser encore…

Avant longtemps.

@ Billy Lighter