Retour à la case départ, une fois encore...

J'avais fini relativement tôt mon dossier de presse sur Sean O' Connors, destiné bien sur à notre duo de reporters vedette devant le suivre durant sa tournée sur la cote ouest.

Les tâches obscures ,on les laissait aux novices, mais le privilège de frôler les feux de la rampe restait réservé aux plumes confirmées...Je n'en était pas pour autant amer. Réécouter la discographie du gaucher en relisant ses biographies, ses coupures de presse,c'était somme toute une agréable façon de tuer le temps en attendant ma soirée avec Kate.

Ca roulait bien avec elle, du moins je le croyais jusqu'à tout à l'heure.

Une chouette fille,assez timide malgré son look de suicide girl. J'avais un faible pour les femmes tatouées. Elle m'avait plu.
Je me réjouissais du diner que nous avions prévu,chez moi. J'avais concocté un menu léger, afin de profiter pleinement de la fin de la soirée ,tendrement emmêlés sur le canapé ou sous la couette, selon l'humeur du moment.
Et puis il y avait eu ce message sur le répondeur, alors que je préparais la salade de fruit. Les mains engluée de jus sucré, je n'avais pas décroché, et je ne le regrettais rétrospectivement pas.

" Ted, je ne viendrai pas ce soir...Niles autres soirs... On ne va plus se voir Ted. Tu es adorable, mais ,vois tu ,j'ai besoin d'un peu plus de ...comment dire? Pardon Ted, prends soin de toi, tu es un type bien"


Putain de merde... un type bien...UN TYPE BIEN!!!!

Toujours la même rengaine, toujours la même histoire!
Quand je commençais à trouver touchantes leurs petites manies, elles me filaient comme un filet d'eau glacée entre les doigts...Et j'en avais raz le cul des gerçures des phalanges

J'en avais raz le cul d'être un type bien ,avec au final personne dans mon lit!

Alors, ce soir, je serai un bad boy... J'allais boire et écouter du gros son,et si par chance il y avait du baston ,Ca me défoulerait de lancer ma viande soule contre d'autres viandes soule,de taper sur un de ces enviandés qui finissent toujours par les séduire plus que moi!


J'ai poussé la porte du Crazy Ginger avec ma tête des mauvais jours et la rage au fond des poings, avantage de commander une bouteille de rye pour maintenir l’échauffement de ma bile!

Quelques verres désinhibiteurs plus tard,je m'étais presque persuadé que j'étais "bad to  the bone". La prochaine aurait intérêt à s'accrocher,parce que j'allais lui en donner du "assez comme ci", du " plus comme ça"!

Un éclair de lucidité me fit sourire de mes efforts désespérants de contrarier ma vraie nature. Je décidai de l'anesthésier à coup d'alcool en vidant mon verre... Mauvais jusqu'à l'os...OUAIS!!!!
Le regard un peu vitreux et le feu aux joues, je balaye la salle et mes yeux se fixent sur une croupe,jolie rebondie...Encore une qui pourrait me faire rêver...avant d'éclater comem une baudruche piquée par l'aiguille d'un enfant capricieux qui casse son jouet,de la pointe acérée d'un:

" t'es un type bien, ne m'en veut pas, mais j'ai besoin de temps, d'autre chose, de plus de ci ,de moins de ça"...

Putain de chanson, et moi,sombre crétin, qui reste prêt à replonger, comem si je ne me lassait jamais des coups de griffes!

Pas très grande,peroxydée,les épaules nues ,colorées....J'suis foutu, je vais plonger, je le sens.

Fataliste, je me lève,essayant de ne pas trop tituber pour préserver ,sans doute illusoirement une apparente dignité.
Je me lève et me dirige vers la prochaine qui me fera encore saigner... Comme Kate venait de le faire, sa morsure même pas encore cicatrisée.

Ce n'est pas le masochisme qui me guide, non...Mais une lueur d'espoir que les échecs n'ont toujours pas encore réussit à tuer, que l'alcool n'a pas totalement noyé. Je plante une cigarette dans ma bouche,je chaloupe vers la peau claire et chamarrée de cette épaule qui sembler m'appeler...

Fataliste,j’effleure la chaire douce pour l'inviter à se retourner.

Dans un film, on aurait fait un long ralenti avec un zoom sur mes mirettes qui s’écarquillent pour signifier la stupeur. Mais dans le vrai monde,le vrai monde de plus en plus chaotique, j'ai juste senti tout mes muscles se relâcher en découvrant qui j'avais en face de moi...
Ma cigarette en chut de mes lèvres et c'est sans doute le faciès d'un mérou étonné, bouche béante,que je lui présentai. Pour parfaire mon image, j'étais muet comem une carpe,incapable même de balbutier une politesse machinale, et encore moins de prononcer son prénom.
Je doutai fortement que venir me souler ici ce soir eut été judicieux!

Voulant m'anesthésier de la perte de kate, je venais de me faire un rappel d'abandon en croisant à nouveau ce regard que je n'arrivais pas à oublier. D'ailleurs avais- je seulement voulu essayer de l'effacer de ma mémoire?
Je n'étais pas, vraiment du genre à jeter,supprimer, mais plus à empiler le présent sur les strates de souvenirs

Un renvoi d'alcool venu du tréfonds de mon estomac me secoua suffisamment pour me ramener à la conscience.
J’étouffai le plus discrétement possible mes affres gastriques et décidai de me ressaisir. Ce n'était pas l'orgueil qui me poussait à ne pas vouloir donner de moi l'image d'un type un peu fleur bleue, en plein spleen amoureux,mais le simple désir de dignité. Je détestais ces gens qui croient leurs tourments suffisamment intéressant pour en rabattre les oreilles à qui peut l'entendre, sans même se soucier s'il veut l'entendre!
Ce déversement sans vergogne des sentiments me paraissait relever d'un manque manifeste de respect sur tous les plans: Irrespect pour l'autre qui n'a pas forcément envie de voir c son univers envahit, irrespect pour  les absents impliqués dans nos agitations sentimentales qui n'ont pas forcément envie d' être dévoilé intempestivement,irrespect pour soi, enfin,qui s'autorise à laisser parler ses pulsions juste pour se soulager.Aussi vil qu'un rot chargé de rye au nez d'une demoiselle, en somme!

Mes doigts cherchèrent machinalement une cigarette qui achevait de se consumer à côte de ses boots improbables. Je souris, à défaut de fumer , pour me donner une contenance, tout en cherchant avec le plus de détachement possible mon paquet de lucky au fond d'une poche que le début d'ivresse rendait apparemment trop vaste

-Tiens! Quelle surprise pour moi aussi...Ca fait un fameux bail, dis moi?

La banalité rassurante du propos me semblait sonner un peu faux, mais, encre assez lucide pour avoir conscience de paraitre alcoolisé, je me dis que cette dissonance pourrait être mise sur le compte de la boisson.

Quelle soirée...
Je regrettais de m'être laissé aller à solliciter son attention. La fatalité, sans doute...
Cette femme m'avait jadis follement attiré,et son magnétisme avait encore agis aujourd'hui, manifestement!
Ce soir je n'étais pas en état de remuer tout ça,en tout cas. Ce soir, je voulais juste m'abrutir,bordel!

Je devais m'échapper,mettre fin au plus vite à cette rencontre qui tombait on ne pouvait plus mal. Hésitant je lançai un regard vers ma table où m'attendait encore la moitié de la bouteille destinée à m'enivrer,espérant lui faire entendre que j'avais rendez vous avec Tullamore ce soir,et pas elle, surtout pas elle...

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Elle n'aurait pas du poser sa main sur moi. C'était il y a longtemps, certes, mais ça avait été fort, trop peut être pour elle, encore si jeune, si fragile...
C'était elle qui semblait si friable et c'était moi qui m'était effrité. J'avais aimé sa peau si fort, que ce contact, même à travers l'étoffe,c'était trop d'intensité pour moi. Mais je n'allais pas me laisser décontenancer pour tout autant. Les amoures mortes sont mortes, c'est ainsi, qu'on le veuille ou pas, il faut l'accepter. Admettre l'état de fait au delà du ressenti, au delà du frisson qui ravive les anciennes  émotions. Au delà des envies déraisonnables. Au delà des pulsions inassumables.
Ruby et moi avions eu notre chance, et nous n'avions pas su la saisir...Avait elle seulement voulu se laisser emporter par l'aubaine?
Avait-ce même été une véritable opportunité pour toucher la félicité pour elle?

Si jeune, trop jeune pour comprendre assez la mécanique du cœur et faire en sorte de ne pas la laisser broyer les choses et les êtres.

Certes, le temsp avait passé, et justement, il s'était écoulé ,tant pour elle que pour moi, dans des lits différents. J'avais ma vie, avec son lot de félicités et d'emmerdements, et elle la sienne probablement.
Nous assoir devant le reste du rye pour évoquer un passé dont la nostalgie était plutôt douloureuse pour ma part.
A quoi bon?
Mais comment me détacher de ses yeux noirs qui risquaient de me faire encore tomber dans ma miévrerie incurable.
Ce soir je m'étais promis de devenir un nouveau mec, plus dur!
Je m'étais dit que personne ne me ferait replonger dans ce piége qui m'avait toujours, au final ,couté la pérénité de le vie de couple.
Je ne voulais pas finir en vieux célibataire maniaque préoccupé par ses chats et sa collection de disques.
Je voulais fonder un foyer, avoir une famille, avec une épouse, des enfants qui courent et un chien à promener.
Ca semblait être un rêve si simple, et pourtant c'était manifestement difficile à obtenir!

Dur, soit dur, parce qu'elles aiment ça, toutes, même elle. C'est le prix à payer, alors du courage,acquitte toi du supplément de facture pour réduire tes fractures du cœur!

-Ce que je deviens...Bof, , pas grand chose en fait, pour le moment. J'essaie de me faire un nom chez Guitar and Pen...

Voila, un bon angle d'approche pour une fille qui aimait la musique au moins autant que moi, du moins jadis. Gratter pour P&G. Approcher des stars comme Les lighters ou Jade Ewans, même si sur ce dernier coups, c'était plus le fruit du hasard qu'une vraie reconnaissance de mes compétences qui m'avait permis de faire l'interview, ça ferait plus rêver que de simplement se souvenir de la marque de cheeskake préférée de votre compagne.
J'avais placé ça non dans l'espoir de recoller un puzzle défait depuis trop longtemps pour nourrir quelque espoir sur ce plan, mais plus dans le but de roder le frimeur superficiel et arrogant que j'avais décidé de devenir pour enfin me constituer un capital de séduction

_ excuse moi de t'avoir abordée...Je ne t'avais pas reconnue, sinon je ne serais pas venu t'ennuyer . Tu t'es suffisamment emmerdée en ma compagnie, pas vrai?

J'aurais voulu ravaler ma dernière phrase, mais c'était trop tard. Le trop plein de ce gout d'inachevé qu’elle avait ravivé en moi avait débordé pour donner une amertume imbécile à mes propos.Une amertume doublé de dévalorisation,le cocktail parfait pour faire un filtre de tue l'amour!

Décidément, il ne suffisait pas de vouloir devenir un fatal lover pour l'être....

Lui...Lui, LUI! Putain, pourquoi n'avais-je pas simplement pris une cuite pour oublier Kate, au lieu de vouloir revenir dans le match, qui plus était dans un rôle à contre emplois?
La précipitation m'avais mis dans une fameuse merde. Je me reprenais non seulement Ruby en pleine face,comme un méchant boomerang de mon ancienne vie, mais en plus cet enfant que nous n'avions pas eu. Pendant des années, je m'étais persuadé que les choses s'étaient passées pour le mieux. je me l'étais tant répété que j'avais cru finir par m'en convaincre, et ,d'une phrase, d'un mot,elle venait de tout foutre en l'air. Ruby avait encore sur moi un pouvoir gênant,un pouvoir qui m'enfonçait plus fort que toutes les désillusions sentimentales récentes encore dans ce sentiment de déclassement. J'étais faible,si faible, souvent, et je le supportais de moins en moins!
Si j'en avais eu une paire, j'aurais empêché Ruby de tuer le fruit de notre amour,mais voila, j'avais été comme toujours lâche. Sous couvert de raison, j'avais approuvé ce choix,serrant les dents, et chialant comme la pauvre loque que je savais être ,seul dans ma chambre,la perte de cette famille dont j'aurais tant voulu!
Une loque en larme, voila ce que je savais faire le mieux....Voila ce à quoi je passais le plus clair de mon temps, et la révolte impuissante qui sourdait en moi à ce moment ne me semblait pas assez forte pour endiguer les irritation lacrymales qui brulaient mes paupières. Je puisai en moi toute la hargne dont je disposais pour les juguler,refusant de lui donner encore comme image de moi celle de l'éternel faiblesse. J'étais devenu un autre mec, ou du moins je devais le devenir!

Certes l'épreuve de bizutage que le destin me proposait était rude, mais je devais la passer avec sucés. J'ai mordu ma joue pour me doper en adrénaline et ,reprenant une contenance,j'ai plongé mon regard au fond des ses grands yeux noirs.
Avec l’assurance de façade que j'arborais lorsque, pour exprimer le trop plein de dégout que j'avais de mon impuissance, j'allais me battre pour quelques futilité, je lui crachai, avec sans doute trop d'arrogance pour que cela paraisse honnête:

C'est le passé, tout ça, Ruby...Y'a pas de faute,y'a même pas d'histoire si on veut bien y regarder!
On a fait nos routes aujourd'hui,et...

Et oui,paradoxalement la sienne m'intéressait encore!

...Et  bref,si t'as le temps de prendre un verre avec moi,pas pour parler du bon vieux temps qu'était pas si bon que ça,mais du présent,il me reste un fond d'alcool!

J'avais désigné du geste ma table, un peu poisseuse, pour accompagner mes paroles, regrettant presque en un sens de m'être moi même piégé. J'allais prolonger le supplice,surement, même si je ne voulais pas me l'avouer, parce qu'au fond, Ruby resterait à jamais celle que j'avais plus que tout aimée.

Elle était toujours aussi belle,et ça me faisait bien chier de ne pas pouvoir en faire abstraction. Tout aurait été tellement plus simple si j'avais pu croire aux fausses vérités que je lui avais assénées. Je me serais contenté du plaisir de l'émotion esthétique en la regardant slalomer entre les semi alcoolisés et les tabourets.
Putain de sensibilité qui virait trop rapidement chez moi à la mièvre sensiblerie. J'aurais vraiment aimé être le mec que je m’efforçais de paraitre être.
Mais c'était plus fort que moi. Mon corps se souvenait de l'empreinte du sien avec tant d'intensité que je n'arrivais même plus à discerner les notes du concert du brouhaha ambiant. Un comble pour qui appréciait autant la musique que moi! Et le gout de ses lèvres,aussi...les caresses de son souffle lorsque nous étions si proche que j'avais pu rêver que nous ne fassions qu'un,et que cette unité s'incarne dans notre enfant. J'aurais du la haïr pour avoir décidé d'avorter, mais la haine était un sentiment incompatible avec le souvenir que j'avais d'elle.
Je retrouvais ses mimiques de jadis,sa démarche aussi. J'avais beau raisonnablement entendre que nous avions changé,je n'arrivais pas à ressentir les effets de c l'évolution chez elle,hormis peut être ses nouveaux tatouages qui la rendait sulfureusement désirable, plus excitante encore si c'était concevable qu’hier.
La vérité était surement que je n'avais pour ma part pas fondamentalement changé. Je voulais toujours fonder un foyer,et je trouvais aujourd'hui encore, malgré la violence de notre rupture, Ruby parfaitement indiquée pour en être la co fondatrice.
Trop con pour évoluer... J'avais surement atteint le point limite d'aptitude au développement personnel avec elle. Merde, j'étais déjà fini et il me restait encore longtemps , si longtemps à tirer en attendant la Fin...

Je préférais me dire que l'impression de lucidité émanant de ce terrible constat était en fait une illusion due à mon début de cuite...Au moins le remède existait.

Je servis d'un geste assuré, viril, un fond d'alcool dans mon verre que je tendis à Ruby, et, faute d'en avoir un second à proximité, j' m'octroyai une large rasade à même le goulot,histoire de basculer du spleen à l'euphorie en redosant mon alcoolémie.
Je reposai d'un claquement sec la bouteille sur le méchant bois de la table.

- Si j'ai quelqu'un?...Hum...

Je rallumai une clope histoire d'entretenir ma toux et de gagner du temps

Avouer être toujours le sempiternel plaqué me semblait être trop en contradiction avec ma fraiche résolution de me changer.... D'un autre côté, comment allais- je pouvoir continuer de mentir à cette femme dont je me sentais toujours aussi proche?
Je choisi une alternative neutre, espérant ne pas avoir à trop m'étendre sur ce pénible sujet.

. Je suis avec toi, maintenant, non?


Je n'avais pas réfléchis à l’ambigüité de mon esquive, et il était trop tard à présent pour reprendre mes mots qui trahissaient bien trop le désir qu’elle n'avais au final jamais cessé de susciter en moi.

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