Je… heu…

J’ai pris à droite…

Stupide…

Non.

Non, j’ai pris à gauche.

Attardé…

Heu… je suis passé…

Devant le Polo Lounge ?

Ouais.

Daaaaaaaaaaaaaaaviiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiid !

Quelle heure il est ?

Je retroussai mes manches…

-J’ai oublié de mettre ma montre !

Mon rythme cardiaque augmenta.

J’ai mal au crâne…

Je portai la main à mon front.

Il va bientôt faire noir !

J’avais juste besoin de…

…d’aller jusqu’au magasin.

Parce qu’il n’y avait plus d’eau.

Howard achète jamais d’eau.

Il n’y avait plus d’eau !

Pour prendre mes médicaments.

Je n’ai pas pris…

Je n’ai pas pris mon Leponex…

Non…

Je suis parti quand…

Je suis parti de la villa quand…

Quand les cafards ont envahis les murs…

Howard…

Howard avait contaminé la villa.

Je pouvais pas rester là.

Alors il fallait que j’aille au magasin.

Chercher de l’eau pour mes médicaments.

MOUAHAHAHAHAHAHAHA !!!!!!

Et maintenant tu es complètement paumé, David !

Ça, c’est drôle !

-N-non…

Je fermai les yeux.

Appuyai mon dos contre le mur du bâtiment…

Et me laissai glisser à croupi à terre.

La tête entre les mains.

Et me mis à pleurer doucement.

J’ai pas pris mon Leponex.

TU ES CON, DAVID !

Je suis perdu.

EXTREMEMENT STUPIDE !

Je sais pas où est Howard.

-Kayden est mort… p-putain…

Et je veux pas dormir dans la rue.

Mais je ne retrouverai jamais la villa…

TU ES UN ATTAAAAAAAAAAAAAAAAARDEEEEEEEEEEEEEEEEEEEE !!!!!!!!

Je vais attraper un rhume.

Et je vais mourir.  

@ Billy Lighter

Mon petit papier retenu bien serré entre mes doigts, je roule lentement en cherchant l’adresse indiqué. Ça doit faire une heure que je tourne en rond dans Beverly Hills et que je ne trouve pas la rue, encore moins la maison, c’est logique ! Pourtant, Marge, la secrétaire de la station  s’y rend souvent, elle doit donc bien savoir de quoi elle parle !

- C’est une voyante ! Bordel de merde ! Elle doit ressentir que je tourne en rond, alors pourquoi elle ne sort pas de chez elle pour  me faire un signe depuis le trottoir !

Je l’imagine plutôt installé dans un espèce de grand fauteuil  de velours bleu azure devant une table ronde recouverte  d’une étoffe identique à celle de son trône sur laquelle est installé une boule de crystal. L’espèce de gros préjugé qui pue l’arnaque à des miles à la ronde mais je me suis laissé convaincre que cette femme était extraordinairement douée et qu’avec elle, je saurais obtenir toutes les réponses aux questions que je me pose, moyennant une jolie somme, parce que ça, il ne faut pas l’oublier !

Pas de paiement, pas de réponses !

Sauf que là, je ne suis pas plus avancé parce que je tourne en rond depuis une éternité et que je n’ai même pas croisé âme qui vive pour demander mon chemin ! Vu l’heure de plus en plus tardive, la majorité des commerces environnant sont fermés ce qui fait que…

‘’ Ben cherche Sydney, cherche !’’

- Arrrgh ! Non de …. Grrrrr !

Je baisse ma fenêtre pour mieux m’étirer le cou et voir ce qui est inscrit sur le panneau au coin de la rue mais  je sors aussi ma main tenant mon papier qui prend dans le vent et… s’envole !

- Ben voilà ! Bravo !

Et je fais quoi maintenant ? Parce que je ne regardais que ne nom de la rue, je n’ai pas porté attention au numéro civique alors quoi ? Je devrai frapper à toutes les portes ? Avec un peu de chance, sa devanture aura quelque chose d’emblématique, ou même une affiche du genre :

’’ Bienvenue chez la Grande Irma !’’ … ou je ne sais plus trop qui !

Je fini par me garer sur le bas côté, question de respirer par les narines et de me concentrer.

J’ai pourtant suivis les indications de Marge… le Polo Lounge… continuer jusqu’au prochain arrêt, tourner à droite, puis encore à droite… ou fallait-il que ce soit à gauche ?   Bon le mieux c’est que je reprenne depuis le Polo Lounge et puis je verrai si je ne tourne pas à gauche plutôt qu’à droite !

Je démarre et m’apprête à faire demi-tour. En m’étirant le cou pour  jeter un œil dans mon angle mort, de l’autre côté de la rue, j’aperçois…

- Ça… c’est impossible !

Et c’est plus fort que moi je regarde la couleur de mes vêtements, voir si tout n’est pas soudainement pas blanc !  Je ferme les yeux, les ouvres et le vois toujours. Alors, dans le doute, je ne prends aucune chance et me gifle.

- Aïe !

Ok… je ne rêve pas.

Je sors donc de ma bagnole, la laissant là sans éteindre le moteur comme une invitation à venir me la piquer.  

Si je traverse rapidement la rue dans un premier temps, je ralentis considérablement ma démarche parce que le souvenir de notre dernière et réelle rencontre est bien gravé dans la tête et que j’ai peur de provoquer une crise de terreur ou je ne sais trop quoi.

La dernière chose que je veux c’est bien de l’effrayer !

- David… c’est moi… c’est SydG… tu m’entends ?

Je m’accroupie, à quelques pas de lui, puis fini par m’assoir en tailleur par terre  de biais avec lui. En le regardant, je ne peux m'empêcher de penser que tout ce que j'avais demandé à cette voyante avant même de la rencontrer, c'était un signe... pas de m'envoyer le lot complet... même si de le revoir m'offre quelques réponses a certaines de mes questions.

@ Billy Lighter

Stupide !

Imbécile !

On fait quoi, maintenant ?!

Tout est ta faute, David !

Daaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaavvviiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiid !!!!!!!

Timmy va te trouver.

Timmy va savoir que tu t’es perdu !

Attardé !

Cinglé.

Tu vas gagner ton ticket de retour pour le Hollywood Mental Health Center !

David… c’est moi… c’est SydG… tu m’entends ?

Mes mains plaquées sur mes tempes.

Le corps complètement crispé…

Je gémis…

Essayant de chasser les voix.

Pour me concentrer sur la seule qui était rassurante.

David… c’est moi… c’est SydG… tu m’entends ?

Je relevai le regard.

-Syd… ?

Mes yeux s’écarquillèrent.

-Syd !

Je tendis les mains.

M’arrêtai dans mon élan.

Hésitai.

Puis pris son visage entre mes mains.

Juste pour être sûr.

Etre sûr qu’elle était…

-Tu es vraiment… l-l-là ? Tu es vraiment…

Son visage toujours entre mes mains…

Mes joues mouillées de larmes de panique…

Je regardai autour de nous.

Et sanglotai…

-Je me suis… Je… me suis p-p-perdu… J’arrive pas… A retrouver mon chemin.

Les larmes coulèrent de plus belle.

-J’ai… J’ai pas su prendre mes médicaments.

Je m’accrochai au haut de Syd…

Comme si ma vie en dépendait.

-Timmy va me tuer.

Pire.

Il va me renvoyer d’où je viens.

@ Billy Lighter

Je ne voulais qu’un tout petit signe. Quelque chose qui me ferait comprendre que je ne suis pas folle de penser qu’il y a bel et bien eu un truc entre David et moi-même si je ne vois pas comment cela puisse être possible.  Et alors que je tournais en rond dans ce quartier de Beverly Hills, je l’ai eu mon signe ! Une putain de claque derrière là tête m’aurait fait le même effet !

J’ai mal à croire que David est là, à moitié recroquevillé sur le trottoir. Je veux bien croire au hasard mais là… c’est quand même dingue ! Je m’approche tout en douceur de lui, parce que je sais qu’il est fragile, qu’il est facilement effrayé et que de lui faire peur est bien la dernière chose dont j’ai envie.

Comme pour un animal blessé, je tente une approche tout en douceur, qu’il sente que c’est une main secourable qui est près de lui. Je m’accroupie à quelques pas de lui et lui parle doucement. Je ne sais pas s’il m’a entendu. Il reste un moment, la tête entre ses mains avant qu’il ne relève les yeux vers moi, d’abord incertain puis surpris.

- Oui, c’est moi David.

Mon cœur se serre dans ma poitrine. Il se souvient de moi, c’est toujours ça ! Il approche ses mains des miennes puis hésites pour finalement prendre mon visage entre ses mains. Elles sont chaudes et moites. Il pleure ses sa tristesse engendre la mienne.

- Tout va bien, je suis là. Je vais t’aider.

Je comprends qu’il s’est perdu et qu’il s’est arrêté, complètement effrayé.

David s’emmêle les doigts dans mon haut et, à force, fini par me faire m’approcher de lui et c’est à mon tour de prendre son visage entre mes mains, de lui essuyer ses larmes de mes pouces et de caresser ses joues de mes autres doigts.

’’Timmy va le tuer ? ’’

- Timmy ne va pas te tuer, David, je vais t’aider.

Personne ne lui fera de mal tant que je serai là.

Lentement, je me relève et l’aider à faire pareil.

- Viens avec moi, on va aller dans ma voiture. J’ai de l’eau dans ma voiture.

Je passe un bras derrière son dos et place le sien derrière ma nuque et, lentement, parce que je ne peux pas anticiper ses réactions, je l’aide à traverser la rue et, une fois à ma voiture, je lui ouvre la portière passager.

- Si tu veux, nous irons chercher tes médicaments et je resterai avec toi. Je ne te laisserai pas seul David et… David ?

C’est probablement mal choisi pour lui poser cette question mais, si je ne le fais pas maintenant, je n’aurai plus jamais le courage de le lui demander.

- Tu te souviens de la White Room ?

‘’ Parce que moi je m’en souviens, mon amour… et que j’essais d’y retourner chaque nuit depuis…’’

@ Billy Lighter

Oui, c’est moi David.

Syd…

Syd était là.

Je pouvais sentir sa peau sous mes doigts.

Tangible.

Mais…

C’est tangible aussi dans la White Room.

Les…

Les monstres sont…

Sont parfois très réels aussi.

Alors je ne sais pas…

Je sentis aussi les mains de Syd…

Sur mes joues à moi.

Peut-être que…

Peut-être qu’en vrai, c’étaient juste…

Mes propres mains sur mes propres joues.

Je… ne savais plus trop…

Tout va bien, je suis là. Je vais t’aider.

Ce qui était réel…

Je m’étais perdu…

Et ce qui ne l’était pas.

Timmy va me tuer !

Timmy ne va pas te tuer, David, je vais t’aider.

Je hochai la tête.

-Ok…

Reniflai.

Syd se releva…

Je me relevai aussi.

Avec son aide.

Je regardai autour de moi.

-Je… je ne sais même pas où je suis… Je…

Je fouillai dans mes poches.

Nerveusement.

De plus de plus paniqué…

-J’ai… p-perdu mes clés…

Les clés de la villa d’Howard.

Viens avec moi, on va aller dans ma voiture. J’ai de l’eau dans ma voiture.

Ouais, de l’eau.

C’était ça que j’étais venu chercher.

Mais… je sais pas ce qui s’est passé.

Il y a eu…

Comme un problème quelque part.

Syd passa son bras dans mon dos.

Et fit passer mon bras dans sa nuque…

Je savais marcher…

Mais… j’aimais…

J’aimais bien le contact.

-Je veux bien de l’eau…

Au moment de traverser la rue…

Je regardai au moins 20 fois de chaque côté…

Pour être sûr.

Parfois je ne fais pas assez attention alors…

J’avais surtout…

Envie de traverser sur un passage piéton.

Avec des feux pour me dire quand je pouvais y aller.

Je préférais.

Enfin parfois je ratais une ou deux phases…

Parce que j’étais dans la lune.

Mais c’est pas grave.

Quand je fus prêt, je traversai la route.

Et Syd m’amena jusqu’à une voiture.

Je pus m’asseoir dedans.

Si tu veux, nous irons chercher tes médicaments et je resterai avec toi. Je ne te laisserai pas seul David et…

Tu es stupide, David !

Un attardé, c’est pour ça que tu t’es paumé.

Pas foutu de te démerder tout seul.

Syd le sait maintenant.

Tu crois qu’elle va encore t’aimer ?

David ?

J’avais été déconcentré.

J’osai pas croiser son regard.

-Mm ?

Tu te souviens de la White Room ?

J’ouvris de grands yeux.

Rougis…

-Heu… La…

Je levai mon regard vers Syd…

Finalement…
Hochai la tête.

Et souris…

-Je savais… Je savais que c’était réel…

La White Room…

N’est pas comme le Dr Storm dit…

Ce n’est pas une illusion que je e crée à moi-même.

Pour me protéger.

Pas si Syd connait la White Room aussi.

Je soupirai…

Et regardai la route à travers le pare-brise.

Jouant avec mes mains…

-Mes médicaments sont… heu… ils sont chez Howard… Je… vvis chez Howard… On peut j-juste… Allez les chercher et puis…

Je balançai un peu ma tête.

Avant de dire timidement.

-Et puis… allez se cacher dans la White Room… Si tu veux…

@ Billy Lighter

D’avoir ‘’trouvé’’ David me déstabilise grandement. Faut dire que depuis un bout de temps, je n’ai plus l’impression que tout fonctionne rondement dans ma tête. Il y a un manque de raccord entre mes hémisphères. Ce qui est inquiétant, c’est bien que je m’en rende compte ! Quand on est plongé dans un état d’ignorance, tout ne peu que bien aller, non ?

Bref… mes gestes envers David sont lents et tout en douceurs. Manquerait plus que de le voir se recroqueviller encore plus sur lui-même et se mettre à crier. Je n’aurais pas la force, je crois, d’affronter une telle crise. Parce que je l’aime… et que je souffre de le voir souffrir.

C’est bien fait, non ?

Je l’aide à se soulever, comme s’il était blessé. L’est-il ? Qu’importe tout ce que je veux c’est de nous savoir en sécurité dans ma bagnole et prendre la route pour… n’importe où sauf ici ! David est confus, ne sait pas où il est, a perdu ses clés, suis-je plus alerte que lui ? Parce que, pour venir ici pour rencontrer une pseudo voyante, faut pas être toute là non plus, hein !

Je tente de le rassurer, à moins que ce sois moi que je veux rassurer mais une fois dans ma voiture, je lui parle, qu’on ira chercher ses médicaments s’il le veut, que je vais rester avec lui, parce que je n’ai pas l’intention de l’abandonner à son triste sort. Et d’abord, comment se fait-il qu’il se balade seul dans la ville ? Je veux dire… ouais il est adulte et ce n’est pas un demeuré !

Mais il ne va pas ‘’bien’’…

D’être avec lui me bouleverse.  Plus que je ne l’aurais imaginé.

Et c’est plus fort que moi, j’ai besoin de savoir si j’ai vécu ça toute seule ou bien si lui aussi y était. Parce que… ben il y était, il y a des choses que je ne peux pas imaginer toute seule !  Quand je ferme les yeux le soir, dans mon lit, je peux encore sentir son odeur, ressentir les frissons de sa peau contre la mienne, son désir grimper tout comme le mien et son souffle embrasser mon cou.

Je sais que… ça ne pouvait pas être que dans ma tête.

La question qui me brûle les lèvres s’en échappe. À la tête que fait David, je devine aisément qu’il sait exactement de quoi je parle. Je danserais de joie si je n’étais pas restreinte dans l’espace de l’habitacle de ma voiture.

- Bien sûr, nous pouvons aller les chercher. Je… juste me dire où c’est…

Enfin, s’il se souvient du trajet… Mais à deux nous trouverons surement par où passer.

Avant que je ne démarre, il ajoute qu’une fois ses médicaments récupérés, nous pourrions retourner dans la White Room et s’y cacher.

Je reste muette quelques secondes, le regardant avec un regard plus qu’amoureux.

- Tant que je suis avec toi, David…

En me penchant lentement vers lui, j’approche mon visage jusqu’à ce que mes lèvres effleurent les siennes puis après un court moment d’apprivoisement, je l’embrasse plus fougueusement.

@ Billy Lighter

Donc…

On est dans une voiture maintenant.

Dans la voiture de Syd.

J’ai besoin de…

De mettre les choses en place.

On est dans la voiture de Syd.

Et maintenant on fait quoi ?

J’ai perdu mes clés.

Tu es sûr ?

Mouhaha… C’est marrant ça.

Heu… non… non c’est pas drôle.

David ?

Ça ne nous dit pas quel chemin on doit prendre.

Où est-ce qu’on allait ?

Tu te souviens de la White Room ?

Bien sûr.

Je ne me souviens pas.

J’ai créé la White Room.

C’est juste un endroit…

Pour être en sécurité.

Parce que moi je m’en souviens, mon amour… et que j’essaye d’y retourner chaque nuit depuis…

-On peut y retourner encore.

Je hochai la tête.

Souris.

Regardant mes mains qui jouaient entre elles.

Je pinçai les lèvres.

Tiquai.

On doit prendre les médocs aussi.

Bien sûr, nous pouvons aller les chercher. Je… juste me dire où c’est…

C’est réel.

La White Room.

Non.

Elle parle de chez Howard.

Là où sont les médicaments.

Je relevai la tête.

Regardai à travers le pare-brise.

-Heu… C’est chez Howard Stone… Je… C’est le batteur de The Burning Works… The Burning Fire.

Je fermai les yeux.

Concentration.

Non non…

Sans mes médicaments, ça va pas le faire.

Mais les médicaments m’empêchent de penser.

Et de faire d’autres… trucs… aussi.

Je fouillai dans la poche de ma veste.

-J’ai heu… attends…

J’ai l’adresse quelque part.

Et quand on aura du Leponex.

On pourra aller dans la White Room.

Si je retrouve la clé.

Tant que je suis avec toi, David…

Mon regard croisa celui de Syd.

Et j’arrêtai net tout mouvement.

Mes lèvres s’entrouvrant doucement.

Je peux voir dans les yeux des gens.

Ce qu’ils pe…

Ce qu’ils vont faire.

Et Syd posa ses lèvres sur les miennes.

Je fermai les yeux.

Mon cœur augmenta le rythme.

C’est dangereux !

Stupide.

Petit.

Pervers.

Tu sais que tu ne peux pas tomber amoureux, hein ?

Je m’en fous.

C’est trop tard.

C’est trop tard depuis longtemps.

C’était déjà trop tard quand Kayden était encore là.

Alors je répondis au baiser de Syd.

Jusqu’à ce que je doive respirer.

Je pris une inspiration…

Deux…

Trois…

On disait quoi ?

Où sont les médocs ?

Timmy a dit qu’il fallait suivre le traitement.

Je sortis un petit papier de ma poche.

Howard avait griffonné son adresse dessus.

Au cas où…

Je tendis le papier à Syd.

Les yeux baissés…

Honteux de m’être perdu bêtement.

-Il y a le n-numéro de téléphone aussi…

Je pinçai mes lèvres.

Me tortillai nerveusement sur mon siège.

-On peut y aller… Maintenant ? Parce qu’il me faut vraiment… du Leponex avant que…

Je me tendis un peu…

Mon regard balaya l’espace…

Je voyais des trucs…

Dans le coin de mes yeux…

-Heu… maintenant… Parce que c’est déjà un peu… tard là…

Et Timmy va me tuer…  

@ Billy Lighter

Quand mes lèvres trouvent celles de David, c’est comme si une connexion se créait entre nous deux.  Quelque chose d’intense, qui me fait voyager à même mon siège conducteur. Je vois, ou plutôt je revois ce jour, la toute première fois où nos regards se sont croisés. Je peux ressentir tout ce que j’ai ressentit ce jour là… et il y a plus que cela. La douleur de l’avoir perdu, sans comprendre quand et comment je l’avais perdu… Les heures, jours et semaines d’angoisses sans savoir, jusqu’à le retrouvé dans ce centre psychiatrique.  La peur de ne plus jamais revoir briller en lui, cette lueur qui m’avait séduite au tout premier instant. Puis, l’orage. J’entends encore le grondement du tonnerre. Le froid qui léchait ma peau et, la White Room qui avait éclipsé ma chambre.

Tout ça en un seul baiser que j’aurais voulu voir perdurer à l’infini.

Mais David brise le baiser.

Pour respirer.

Et je respire aussi.

Et mon cœur bat si vite et si fort qu’il résonne jusque dans mes tempes.  Je me sens mal et stupide… je n’aurais peut-être pas dû… rien ne prouve qu’il en avait envie. Du moins, pas autant que moi…

Et il a besoin de ses médicaments ! Et moi je suis là à me perdre dans un élan passionnel oubliant qu’il ne va pas bien ! Je suis… un être… troublé ! Et anxieux.

Je suis anxieuse ?

J’ai peur en tous les cas.

- Oui je… pardon… nous…

Je baisse le regard sur le papier sur lequel se trouve une adresse ainsi qu’un numéro de téléphone. Je sais où c’est. Enfin, pas directement mais je connais ce quartier pour y être déjà allé.  

- On y va…

Je me replace sur mon siège et boucle ma ceinture, puis je cherche nerveusement mes clés dans mes poches avant de me rendre compte que, stupidement, je les avais laissées dans le contact.

Heureusement pour moi ce n’est pas dans l’Eastside qu’elle habite la grande Irma ! Autrement, je serais fort probablement déjà à pied !

Un coup d’œil dans mon angle mort, je pousse sur l’accélérateur et fait un demi-tour pour m’en aller dans la bonne direction. Cette fois, je ne perdrai pas le petit papier… je ne dois pas le perdre !

‘’ Tu ne le perdra pas ! Il est là, avec toi !’’

Bien sûr qu’il est là avec moi.

David. Il est installé sur le siège passager et il a le regard perdu dans le vide. En même temps, y’a pas grand-chose à regarder sauf, droit devant pour pas emboutir un…

- Piétooooon !

Je freine brusquement quand le gamin passe devant ma voiture en courant derrière son ballon avant de tourner la tête pour regarder David. Je suis confuse et stressée.

- Il… n’aurait pas dû traverser dans regarder !  Tu vas bien, c’est ok ?

Parce que moi je ne le suis pas. J’ai vraiment trop de pensées dans ma tête qui prennent toute la place et qui m’empêchent de me concentrer.  Je voudrais savoir tant de chose que probablement personne ne saurait m’expliquer.

Je reprends mon chemin non sans une certaine nervosité jusqu’à entrer dans l’aller de Howard Stone.

- C’est ici… tu veux que je t’attende ou…

Ou bien je pars, seule… et vais péter les dents de la grande Irma ?

@ Billy Lighter

J’ai embrassé Syd.

Encore.

Je l’ai fait encore.

J’en veux encore.

TU NE PEUX PAS, DAVID !

C’est interdit.

Non…

Pas en dehors du Hollywood Mental Health Center

Pourquoi je ne pourrais pas ?

Parce que tu es malade, Davey…

Et complètement stupide en prime.

Je baissai les yeux.

-Je sais ça…

Je mordis ma lèvre.

Il me fallait mes médicaments…

Oui je… pardon… nous…

Regarde, tu rends les autres cinglés aussi.

Syd prit le papier avec l’adresse d’Howard.

Et le numéro de téléphone aussi.

Et je me tournai sur mon siège.

Pour poser mon front brûlant.

Contre la vitre froide.

Tu rends les autres cinglés aussi, David.

Je répondis mollement.

-C’est pas vrai…

Syd démarra la voiture.

Daaaaaaaaaaaaaaaaaaaaviiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiid !

Tu es débile.

Vous allez vous crasher, tu sais ça ?

Où sont tes clés, David ?

Mon cœur battait fort…

Timmy va te tuer !

Tu ne le perdras pas !

L’angoisse m’envahissait…

Tu n’as toujours pas acheté de l’eau.

Arrête de penser à l’embrasser !

Je fermai fort les yeux.

Je l’aime.

Non.

Tu crois que tu l’aimes.

C’est juste une autre hallucination.

DaViD !

Il est là, avec toi !

Où sont tes clés, David ?

Howard va t’engueuler.

DiVaD.

Ta place est dans un asile, Davey.

Il… n’aurait pas dû traverser dans regarder !  Tu vas bien, c’est ok ?

Je me redressai un peu.

Rouvris les yeux…

Regardai Syd.

-Hein ?... Quoi ? Oh ouais… je suis ok… Je vais bien. Et toi ?

On arriva chez Howard.

La villa ne brûlait pas.

-Oh… C’est déjà ça…

C’est ici…

Je me tournai vers Syd.

Mordis ma lèvre.

Tu veux que je t’attende ou…

David !

Qu’est-ce que tu fais ?!

Ben…

Je penche vers l’avant…

Jusqu’à…

Jusqu’à ce que mes lèvres touchent les siennes.

Encore.

NAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAN !

T’es incorrigible, hein !

M’en fous.

J’embrassai doucement Syd.

-Heum… Heu… je préfère… que tu viennes avec moi…

Je sortis de la voiture et marchai…

Les mains enfouies dans les poches.

Jusqu’à la porte d’entrée…

-Oh mes clés !

Elles étaient sur la serrure.

Dehors.

J’avais verrouillé.

Puis je les avais laissées là.

Je suppose…

Tu es con, David !

C’est pas possible, ça !

Je montrai les clés à Syd.

En souriant.

-Elles étaient là...

Ouf…

J’ouvris la porte.

Entrai dans la villa.

-Heu… Fait attention aux… c-cafards…

J’entrai prudemment dans le hall.

Mon regard couvrait tous les angles.

Pour ne pas me faire surprendre.

-Howard en met partout…

Je marchai jusqu’à la cuisine.

Trouvai mes médicaments sur le plan de travail.

Sortis nerveusement un Leponex.

Et deux Xanax.

Tu devrais prendre tout d’un coup, Davey.

Problème réglé pour tout le monde.

-N-non… On va… on va pas tout prendre d’un coup…

Je regardai Syd.

-Ouais… enfin pas aujourd’hui…

Demain, on verra bien.

Ce sera plus efficace avec…

Avec un des flingues d’Howard, non ?

Oh ouais.

J’ouvris une armoire.

Pour prendre un verre.

Mais elle était pleine de cafards.

Je la refermai brutalement.

Avec un gros « clac ! »

Et reculai.

Les yeux fermés.

Une main sur le front.

Essayant de ne pas paniquer.

Je gémis.

Essayai de m’accrocher.

-On a oublié l’eau ! On a… il… n’y a pas d’eau pour les médicaments…

@ Billy Lighter

Je n’ai aucune idée de ce que je fais là et si je dois rester sauf que d’un côté, je me vois mal le laisser seul en plein crise, parce que visiblement il ne va pas bien, et de l’autre, si je reste, j’ai peur de ce qui pourrait se passer. Bon, faut comprendre que j’en ai vraiment envie mais la vraie question demeure toujours sans réponses. Est-ce que David en a aussi envie ou s’il croit que je ne suis qu’une hallucination.

Parce qu’il n’y a rien qui me prouve qu’il sait ce qu’il fait.

Sauf… quand il me regarde dans les yeux… et que je sens son âme embrasser la mienne. Un truc que personne au monde ne sait faire. Et qui me comble, au-delà de toutes mes attentes. Mais qui me blesse aussi, parce que jamais ça ne dure assez longtemps que pour me certifier que je ne rêve pas.

J’ai mal de le voir dans cet état.

- D’accord, je viens avec toi.

Les clés de David étaient demeurées dans le verrou de la porte. Au moins, il ne les avait pas réellement perdues… pas dans la rue, je veux dire. Et si elles sont encore là, ça veut dire que Howard n’est pas de retour autrement, il les aurait retiré de là.

Enfin, j’espère !

Je baisse la tête pour regarder nos pieds quand, une fois la porte ouverte, David me dit de faire attentions aux cafards. C’est dégoûtant ! L’endroit est bordélique mais, je n’aurais pas pensé non plus qu’il puisse… abriter de petits intrus.

Je marche presque sur la pointe des pieds, j’en ai froid dans le dos et je suis David à la cuisine, là où ses médicaments l’attendent sagement sur le plan de travail.  

- Ni aujourd’hui, ni un autre jour, David.

Je suis inquiète, il me fait peur. Je ne voudrais pas qu’il lui arrive quelque chose. Enfin, personne ne veille sur lui ?  On le laisse seul  et qu’importe s’il bouffe toutes ses pilules tant qu’il ne crève pas en pleine tournée, c’est ça le super plan de Timmy Evans ? !

David cherche, dans les armoires, avant d’en refermer vivement un panneau et de me dire d’un ton paniqué que nous avons oublié l’eau.

- C’est vrai… l’eau… il y en a dans ma voiture. David… Tu… tu voudrais pas prendre tes trucs et venir chez moi ?  Prends tes fringues, tes médicaments, prends tout et je vais t’amener chez moi.

C’est plus comme une supplication qu’une demande.

En mon âme et conscience, je ne saurais pas laissé David seul et livré à lui-même. Le savoir au risque de se perdre dans les rues de la ville et en proies à des hallucinations  horrible.

- Je vais prendre soin de toi… et j’ai de l’eau !

@ Billy Lighter

Ni aujourd’hui, ni un autre jour, David.

Mmm….

Peut-être demain quand même.

Non.

Un jour où ce sera trop difficile.

Ou un jour que j’aurai vraiment peur.

Pour me calmer.

Non attends !

Il faut aller en…

En Asie encore !

La tournée…

Et Fireworks !

Merde.

Je vais me suicider quand ?

Faudra mettre ça au planning un de ces quatre.

Non.

Faut prendre les médocs.

Et ça va passer.

Ok ?

Ok.

-Ok…

Il y avait des cafards plein l’armoire.

Tout noirs et qui grouillaient.

Enormes.

J’avais claqué la porte.

Fermé les yeux.

Il fallait vraiment que je prenne du Leponex.

Le Dr. Storm était formel.

Le Leponex diminuait les…

Trucs que je voyais.

Ouais.

C’est lui qui le dit.

Il me fallait de l’eau.

Pour les prendre, t’façon…

Il y en a dans ma voiture. David…

La voix de Syd attira mon attention.

Je la regardai d’un œil.

Cachant l’autre pour ne pas voir les bestioles.

-Ok.

Tu… tu voudrais pas prendre tes trucs et venir chez moi ?

Je hochai la tête…

Clignai plusieurs fois des yeux.

Regardai vers l’armoire…

Mais ne me risquai pas à l’ouvrir encore.

Je revins vers mes médicaments…

Et les fourrai dans les poches de ma veste.

Je vais prendre soin de toi… et j’ai de l’eau !

Puis me tournai vers Syd…

Avant d’être pris d’un doute.

Je baissai le regard vers le sol.

Méfiant.

-Tu… tu ne vas pas… C’est où chez toi ?

Je repris une grande inspiration.

-Tu ne vas pas me… me ramener à Hollywood… hein ?

Je secouai la tête.

Et parti à travers la villa.

Pour ramasser des vêtements çà et là.

Sans trop regarder s’ils étaient à Howard…

…ou à moi…

Et en parlant à Syd.

-Je… je ne peux pas retourner là-bas… Il faut que j’aille en Asie. Mais chez toi… vraiment chez toi… Je veux bien. Mais c’est où ?

Je me tournai vers elle…

Une boule de vêtements dans les bras.

Et plein de doutes dans les yeux.

N’oublie pas David.

Tout le monde te ment.

Tout.

Est un mensonge.

@ Billy Lighter

Laisser David seul ici est impensable.

Il n’est pas en état pour prendre soin de lui-même, non plus qu’Howard Stone ne semble savoir comment aider son ami. Je ne reproche rien au batteur, mais de toute évidence, il ne peut pas s’occuper de David.

Il est comme… Bambi, effrayé et perdu dans la nature.

David prend ses comprimés, vas vers l’armoire et la referme brusquement et son air paniqué achève de me crever le cœur. J’en peux plus de le voir ainsi. Et je lui propose la seule chose qui me semble parfaitement logique dans toute cette galère.

Mes yeux sont posés sur lui alors qu’il semble percuter mes paroles. Il me semble qu’il s’est écoulé plusieurs minutes avant qu’il n’empoigne ses flacons de médicaments et les place dans ses poche puis se déplace dans la villa  et qu’il s’arrête pour me demander où c’est, chez moi.

- C’est… j’ai un appartement, Downtown, pas très loin de la station de radio.

Bizarrement, je croyais qu’il avait. Comment aurait-il pu le savoir en fait… puisqu’il n’est jamais venu, puisque nous n’avons jamais vraiment eu de conversation. La proximité qu’engendrent mes fantasmes mélange mes perceptions au point où je ne sais plus ce que j’ai vécu, et ce que j’ai rêvé. Et c’est lui qui carbure aux médocs…

- Quoi ?  Non, non jamais David je ferai ça !

Je ne sais pas s’il m’a entendu, il va et vient depuis la cuisine jusqu’au salon en ramassant des trucs ici et là puis, ajoute qu’il ne doit pas retourner là-bas puisqu’il doit aller en Asie. Je lui répète le plus doucement possible, où se trouve mon appartement.

- C’est sur Downtown David. Tout ira bien.

Je cherche de quoi écrire, n’ayant trouvé qu’un style qui traînait sur le comptoir. C’est tellement le foutoir ici que  je fini par arracher la page de mai du calendrier et d’inscrire une note à l’intention du musicien pour l’informer que David serait chez moi et j’ajoute mon numéro de téléphone, ainsi que celui de la station s’il désirait m’appeler pour en savoir plus.

- Tu vois?  J’ai écrit à Howard donc il saura que tu es avec moi et comme ça, il pourra me dire aussi quand tu dois te présenter à l’aéroport.

C’est si simple dit comme ça alors que j’ai conscience que pour David, je viens de faire naître plein de sources de stress en tout genre. Un nouvel environnement, un nouveau lieu,  un nouveau trajet mais je sais qu’on peut y arriver, lui et moi, ensemble.

- Je ne vais pas te laisser tomber David. Chez moi c’est… c’est comme être dans la White Room… sans dormir.

Je lui tends la main en m’approchant de lui pour qu’il  me suive jusqu’à la sortie. Quand nous y sommes, je verrouille la porte de chez Howard et cache la clé sous le tapis. Bon, ce n’est pas l’endroit le plus sécuritaire mais c’est mieux que dans la serrure.  J’aide ensuite David à balancer ses trucs sur la banquette arrière et, une fois dans ma voiture, je lui donne la bouteille d’eau qu’il cherche depuis tout ce temps…

@ Billy Lighter