La route serpentait devant nous alors que Billy conduisait sa Lamborghini dans les collines de Malibu. Il faisait froid… Non… J’avais froid et serrai mes bras autour de moi, ma peau ne se couvrant pas d’écailles mais de chair de poule. J’avais cette impression d’être beaucoup trop lucide pour mon propre bien alors que nous serpentions sur la route… Cette route dont j’aurais bien voulu qu’elle ne se termine jamais.

Mais toutes les bonnes choses ont une fin, dit-on. Et bientôt, nous fûmes en vue du Snow White Detox Center… Ce n’était qu’un mauvais moment à passer avait dit ma mère lorsque je lui avais annoncé entrer en cure. Elle semblait à la foi fière et inquiète.  

Comment sortirai-je de là ? Que serais-je ? De deviendrai-je ? Pourrai-je toujours prétendre être le shaman... ? Allais-je retrouver mes faculté à voyager même sans prendre de la poudre des passeurs qui, plus les années passaient, plus ils devenaient traitres ?

J’avais beaucoup de questions et peu de réponse. Billy ne parlait pas, plongé, tout comme moi, dans ses pensées.

Quand il s’arrêta dans le parking du Snow White, je posai ma main sur sa cuisse et serrai, pour ne pas qu’il descende de la voiture tout de suite.

-Je ne sais pas si je suis prêt pour ça.

J’avais peur, une peur qui ne pouvais pas se lire derrière mes boucles et mes verres fumés, mais que je savais que Billy pouvait ressentir jusqu’au plus profond de son être.

Je ne savais pas si j’étais vraiment résolu de me débarrasser de mon addiction. Et pourtant, je savais que c’était nécessaire… Car désormais, mes petits flirts avec la mort devenaient de plus en plus dangereux. Par deux fois, mon cœur avait lâché, il ne résisterait pas à d’autres assauts. Même si la drogue qui, cette fois, m’avait envoyé à l’hôpital avait été issu d’un mauvais lot, même si j’étais persuadé d’avoir été empoisonné… Je savais qu’il fallait que j’arrête.

Qu’il fallait que je devienne clean.

Alors je lâchai la cuisse de Billy et renversai ma tête en arrière en soupirant. Je pris une clope dans une de mes poche de ma veste de cuir et l’allumai… Je restais assis dans la voiture, sans bouger. Il fallait que je sache.

-Billy… Qu’est-ce que tu vas faire pendant tout ce temps ? Qu’est-ce que tu vas faire pendant que je serai coincé ici ?

@ Billy Lighter

Je roulais sur la route qui nous menait tout droit au Snow White. Je regardais droit devant moi, la détermination se lisant sur mon visage. Je voulais que Cash devienne clean. Il voulait devenir clean. Alors, il allait être clean. C’est vers là qu’on allait : vers un avenir meilleur pour The Lightening… Un avenir meilleur pour nous deux.

Je n’avais pas dû m’efforcer à convaincre mon guitariste, cette fois. C’était lui qui avait voulu. Et je l’avais soutenu. La preuve, c’était moi qui avais décidé de le conduire là-bas. Pour être sûr qu’il n’allait pas flancher en chemin.

Cash avait froid… Cash tremblait… Cash n’était pas bien… Mais Cash n’avait pas le choix. Sa dernière overdose avait été la goutte de trop. Pour moi. Pour lui. Pour The Lightening.

On arriva dans le parking du centre. Je savais que plusieurs stars avaient déjà fait de nombreux séjours ici. Alors, ils avaient suffisamment d’expérience pour s’occuper de Cash. Même si j’avais toujours du mal à faire confiance aux médecins quels qu’ils soient.

Je me garai dans une place de parking et alors que j’étais prêt à sortir, Cash posa sa main sur ma cuisse. Mon regard se posa sur lui alors qu’il serrait ma cuisse. Il n’était pas sûr d’être prêt pour ça. Mon regard était toujours déterminé.

-Ce n’est pas le moment de flancher, Cash. Tu vas y arriver.

Il n’avait plus le choix. Je n’allais pas lui laisser le choix. Et il lâcha ma cuisse avant de s’allumer une cigarette. Il n’était pas encore prêt à sortir de la voiture. Je voulais bien attendre un peu. Mais pas indéfiniment. Il ne savait.

Et il demanda ce que j’allais faire pendant son absence. Ce que je faisais d’habitude quand The Lightening était en stand-by. Cash n’avait pas à s’inquiéter pour ça. The Lightening n’allait pas continuer sans lui. The Lightening n’était rien sans lui.

-Je vais t’attendre. Je composerais quelques chansons, peut-être, et je le les montrerais dès que tu sortiras. Mais The Lightening ne continuera pas sans toi. C’est impossible. J’attendrais, c’est tout.

J’avais April, de toute façon. On avait des projets avec elle aussi. Elle devait aller mieux, elle aussi.

-Je viendrais te voir tous les jours.

Le centre n’était pas si loin de ma villa de Malibu. Je pourrais facilement venir voir Cash tous les jours. Et je le ferais !

-Il faut y aller maintenant.

Et je sortis de la voiture attendant que Cash fasse de même. Je voulais le suivre jusqu’au bout. Jusqu’à-ce que je sois sûr qu’il soit bien à l’intérieur et que tout soit en ordre.

-Viens. Plus vite tu seras dedans, plus vite tu seras sorti.

En espérant qu’il y reste jusqu’au bout. Ce qu’il avait intérêt à faire.

@ Billy Lighter

Billy m’encouragea… Ce n’était pas le moment de flancher. J’avais mal partout, mon corps réclamait sa dose à grands cris. Mais Billy avait foi en moi, tout comme ma mère avait foi en moi. Ils disaient que j’allais y arriver.

Je hochai la tête, sans rien dire, la clope au bec comme pour retarder l’échéance, retarder le moment où je pénétrerais dans ce bâtiment blanc comme la poudre que j’avais l’habitude de prendre, blanc comme pour me narguer. J’allais découvrir un univers trop propre, trop aseptisé.

Je n’avais jamais été en cure avant… J’avais toujours contrôlé mon addiction, subissant des « grippe » à chaque fois que je m’infligeais une désintox’ maison. Pour chaque fois retomber dans mes travers à un moment ou à un autre, toujours en sursis. Le tout dépendant de l’activité de The Lightening. Je ne me dopais qu’en périodes creuses, en périodes d’ennui… Dans ces moment de pause où je ne voyais pratiquement jamais Billy, à se demander si The Lightening existait toujours.

The Lightening, justement, était ce qui m’inquiétait. Qu’allait faire Billy pendant ma cure ? Allait-il continuer sans moi, était-ce seulement possible ?

Mais Billy répondit qu’il allait m’attendre, peut-être composer quelques chansons.

Je soufflai la fumée qui avait envahi mes poumons.

-N’attend pas que je sorte… S’il te plait… Viens me montrer ces chansons lors de tes visites.

Je soulevai mes lunettes de soleil, dégageant mes cheveux de mon visage pour le regarder de mes yeux noirs injectés de sang.

-Promets-moi de venir toujours me prouver que The Lightening est bien vivant. Que The Lightening, c’est nous deux et personne d’autre.

Et Billy affirma qu’il viendrait me voir tous les jours, ce qui dessina un beau sourire sur mon visage. Mais il fallait y aller. Nous ne pouvions pas rester dans la voiture indéfiniment. Billy n’avait pas la patience pour rester là indéfiniment. Même si j’aurais pu, personnellement, rester à glisser lentement sur le fil du rasoir pendant des siècles, coincé entre ce moment en tête à tête avec le chanteur d’un des groupes les plus grands que L.A. ai jamais connu et le moment de sortir de cette voiture pour me plonger dans un monde que je savais déjà que j’allais détester, fait de thérapies et de groupes de parole, moi qui parlait si peu. Moi qui préférais de loin la compagnie des animaux à celle des hommes.

Alors je sortis de la voiture, accompagné, presque dans le même mouvement, de Billy qui allait me suivre jusqu’au bout, jusqu’à ce que je sois à l’intérieur pour ne plus devoir ressortir qu’à la seule condition d’être clean.

Je laissai Billy entrer en premier dans le bâtiment jusqu’à ce que la réceptionniste nous sourit en nous accueillant.

-Bienvenue au Snow White, que puis-je faire pour vous ?

Je m’approchai du comptoir derrière lequel ce petit bout de femme se cachait, petite fée blanche qui aurait été insipide si elle n’avait pas eu de beaux yeux bleus.

-Je suis Cash Izbel…

Elle hocha la tête en souriant.

-Je sais.

Je regardai Billy, puis à nouveau la réceptionniste.

-Je viens pour une cure… Je dois en ressortir clean.

Je pinçai mes lèvres…

-Est-ce que mon ami peut m’accompagner jusqu’à ce que je sois installé ?

Elle hocha la tête.

-Bien sûr. Tout ici doit être fait pour que ce soit le plus confortable pour vous.

Je souris à Billy.

-Le plus confortable serait qu’il reste avec moi.

Mais je savais que ce n’était pas possible.

@ Billy Lighter

Je n’allais pas abandonné Cash… Mais sans lui, The Lightening ne pouvait pas avancer. Alors, The Lightening attendra que Cash sorte de cet endroit clean avant d’à nouveau déchainer la chronique comme on le faisait avant de drame de Saint-Louis. Le souvenir de ce qu’on était avant m’obsédait depuis que j’avais promis à Cash qu’on reprendrait la route une fois qu’il serait clean.

J’avais envie, depuis, de redevenir ce que l’on était. De passer au-dessus du drame qui nous a touchés il y a plus d’un an maintenant.

Il fallait que The Lightening revienne au-devant de la scène.

Cash soufflait la fumée de sa cigarette alors que je lui déclarai que j’allais l’attendre et que je composerais quelques chansons en attendant. Il voulait pouvoir les entendre lors de mes visites. Je lui souris.

-D’accord. Je prendrais les démos avec moi si jamais je crée quelque chose.

Cash leva alors ses lunettes. Je soutenais son regard alors qu’il voulait que je lui fasse une promesse. La promesse de lui montrer que The Lightening est toujours vivant. Et que c’était nous et personne d’autre…

Ça a toujours été nous et personne d’autre. The Lightening ne pouvait vivre sans nous. C’était comme ça. Et c’était pour ça que Cash devait survivre à ce qui allait suivre.

Je soutins son regard hochant la tête.

-Je te le promets.

Et je viendrais le voir tous les jours pour le lui prouver. Chaque jour sera fait pour reconstruire The Lightening. Pour le faire renaitre de ses cendres.

On sortit alors de la voiture quand Cash en trouva le courage et je me dirigeai avec détermination vers le bâtiment accompagné de Cash. J’entrai le premier sans hésiter une seule seconde, prêt à faire de Cash quelqu’un de clean. Quelqu’un de prêt à prendre la route.

A l’intérieur, c’est une femme qui nous accueilli avec le genre de sourire qu’on voyait sur toutes les femmes qui se tenaient à l’accueil d’un bâtiment formatées qu’elles étaient toutes par leur métier.

Elle nous souhaita la bienvenue et Cash se présenta ce qui était, apparemment inutile vu que la femme le connaissait. Je le laissai parlé trouvant inutile, vu qu’elle connaissait Cash, de me présenter à mon tour.

J’encourageai, ensuite, mon guitariste du regard et c’est lui qui déclara à la réceptionniste qu’il venait pour suivre une cure.

Et Cash voulait que je l’accompagne. Je ne comptais pas le lâcher, de toute façon, jusqu’à-ce que je sois bien sûr qu’il soit installé comme il faut. Je le ferais, peu importe si cette femme le voulait ou non.

Heureusement pour elle, elle ne refusa pas ce qui lui valut un sourire de ma part. Même si, pour Cash, le mieux était que je reste avec lui.

-Je viendrais tous les jours. Ça sera presque comme si j’étais là tout le temps.

Je disais ça en souriant à Cash avant de regarder la réceptionniste.

-Je veux tout voir. Où il va dormir, les médecins qui le prendront en charge, où il va manger, où il aura ses thérapies. Tout.

La femme fut surprise si bien qu’elle en perdit momentanément son sourire XXL. Mais elle revint bien vite dans son rôle :

-Bien sûr, Monsieur Lighter. Suivez-moi. Je vais d’abord vous montrer où dormira, Cash… Enfin, je veux dire, Monsieur Izbel.

Elle rougit un peu et se mordis la lèvre par rapport à son erreur et je la suivis encourageant encore Cash du regard.

Les murs étaient blancs ici. On dirait MTI… Ce qui, pour moi, avait quelque chose de rassurant. Mais Cash devait détester ça.

-J’espère que sa chambre sera plus colorée. Cash n’aime pas le blanc…

Son sourire disparu alors qu’on arriva devant une porte que la femme ouvrit.

-C’est ici qu’il dormira. Désolé… Les murs sont blancs… Mais rien n’empêche Monsieur Izbel de décorer comme il le veut son petit coin.

Je me tournai vers Cash attendant son avis.

@ Billy Lighter

Billy allait m’attendre, Billy allait venir avec les démos qu’il ferait pendant mon absence, pour que je puisse encore entendre le son, la voix de The Lightening, même pendant mon incarcération volontaire.

Je lui souris et le remerciai d’un signe de tête, mais mon regard à découvert en disait encore plus long sur la gratitude que j’avais envers le chanteur. Lui et moi, nous étions The Lightening, et nous le serions encore, jusqu’à la fin.

Mais avant la fin, il nous fallait prendre un nouveau départ, et celui-ci impliquait que je passe par la case désintox’. Pour le bien de tous et le mien en premier. Parce que combien de voyage encore mon cœur pourrait-il faire. Pire encore, moi qui me prétendais Shaman, ne pouvais-je pas me passer de drogue pour voir au-delà du réel ?

C’est pour ça que je suivis Billy hors de la voiture, c’est pour ça que je passai la porte d’entrée du Snow White à sa suite, bien décidé à me reprendre en main pour reprendre ensuite la route. Pour que The Lightening ne soit plus en troisième position du classement des groupes phares de L.A. après The Burning Fire et Roadtramp.

A l’intérieur, je voulus que Billy m’accompagne partout à où m’emmenait. Tout comme il me promit de venir tous les jours pour que j’aie l’impression qu’il était là tout le temps. Je savais que je pouvais lui faire confiance. Je savais parce que Billy Lighter ne faisait jamais de promesse en l’air. Quand il promettait un clip, ou un nouvel album, il tenait toujours promesse. Il n’y avait que le facteur temps qui demeurait la grande inconnue.

Nous suivîmes la réceptionniste qui nous servi aussi de guide et tint à nous montrer tout d’abord où j’allais dormir. Je déposai mon sac dans la petite pièce toute blanche, comme le reste du bâtiment comme pour nous rappeler toujours, la couleur de notre addiction.

Billy parla pour moi, disant que je n’aimais pas les murs blancs. Je hochai la tête pour confirmer ses dires. Je n’aimais pas ça… Déjà chez MTI, j’avais un jour, avec Ruby Ashcroft, la petite amie de l’époque de Billy, pénétré au sein de MTI avec des pots de peinture pour changer tout ça, pour amener de la couleur.

Ça n’avait pas plu.

Aujourd’hui, les murs de MTI étaient à nouveau aussi immaculés que ceux du Snow White.

Mon sac posé sur le lit, je regardai autour de moi alors que la petite dame disait que je pourrait décoré mon « petit coin » comme je le voudrais.

-J’y compte bien… Est-ce que ma mère pourra m’amener mes serpents ?

Elle blêmit avant de me répondre, un peu hésitante.

-Je crains fort que non, Monsieur Izbel… Les animaux sont interdits dans l’enceinte du bâtiment.

Je soupirai puis ricanai avant de marmonner.

-Alors vous devriez peut-être me mettre dehors aussi.

Car je n’étais pas humain… pas tout à fait. Dans mon monde, j’étais le Roi Serpent, régnant sur le Désert.

Je posai ma main sur l’épaule de Billy, pour signaler que j’étais prêt à continuer la visite. La jeune femme, la petite fée blanche du Swnow White, nous emmena jusqu’à une salle plus grande, un réfectoire…

-Voici où se déroulent les repas… Peut-être y rencontrerez-vous certaines de vos connaissances… Mais ici au moins ne pourrez-vous pas vous entrainer les uns les autres plus profondément dans vos addictions. Au contraire, vous pourrez vous entraider, partager vos expériences.

Je regardai Billy… Voilà qui devait lui faire plaisir à entendre, moi, je grimaçai, tremblant déjà à l’idée de me retrouver ici, sans drogue pour tenir le coup. Je me rapprochai de billy, mon bras collé au sien… Peut-être que je devrais faire ma désintox chez lui, dans sa grande villa… Peut-être que pendant, nous pourrions composer…

Mais non, cela reviendrait toujours à pratiquer une cure maison… Et jusque-là, aucune n’avait tenu sur le long terme.

-D’accord… Est-ce que Billy pourra venir manger avec moi ? Pas tous les jours, mais… De temps en temps ?

J’avais le loisir de voir Billy tous les jours, si je le voulais, avant d’entrer en cure. Et c’était maintenant que, par la force des choses, il allait être moins accessible, que je réclamais sa présence à mes côtés.

@ Billy Lighter

Le premier endroit qu’on visita était la petite chambre où dormira Cash. Une chambre aussi blanche que les murs de chez MTI. Une chambre que Cash allait détester tellement elle manquait de couleurs. C’est ce que je dis à la femme. Que Cash n’allait pas aimé. Et mon guitariste confirma d’un signe de tête. Comment voulaient-ils que leurs patients guérissent en mettant si peu de couleur ? La réponse vint de la femme qui déclara que Cash pourrait décorer à sa guise.

C’était déjà ça.

Cash confirma qu’il le fera ce qui me fit sourire. Il demanda ensuite si sa mère pourrait lui amener ses serpents. Mais la femme refusa ce qui me fit froncer les sourcils. Ce n’était que des serpents… Ils étaient dans un terrarium… Je ne vois pas ce qu’il y a de mal à ce que Cash mette ça dans sa chambre pour tenir le coup… Mais ça semblait être tous les animaux qui étaient interdit.

-Ce règlement est complètement stupide…

J’en parlerais sans aucun doute avec le chef de ce bâtiment après la visite. En attendant, Cash déclara qu’ils devraient peut-être le mettre dehors aussi. Cash se prenait pour un animal. Pour le Roi Serpent. C’était souvent ce qu’il disait… Pourtant, ce n’était qu’un être humain dans la réalité où je vivais.

Je ne fis pas de commentaire alors que Cash sembla prêt à poursuivre la visite. Et la femme nous emmena dans un réfectoire. Il était grand et la femme disait que Cash y rencontra peut-être des connaissances à lui. C’était possible. Le Snow White comptaient beaucoup de stars. Mais je savais que Cash détesterais, aussi, cet endroit parce qu’il y aura bien trop de monde… Cash aimait le monde quand il était dans le sien. Pas quand il était exposé à la réalité.

Cash se rapprocha de moi et demanda à la femme si je pouvais venir, de temps en temps, manger avec lui. Je répondis avant même que la femme ne puisse ouvrir la bouche.

-Bien sûr que je viendrais manger ici de temps en temps.

La femme se mordit la lèvre.

-Et bien… Normalement, les visites sont encadrées pour éviter les échanges de produits… Et si on accepte que Monsieur Lighter vienne manger avec vous, il faudra l’accepter pour tout le monde ce qui risque d’entrainer des problèmes logistiques… Je suis désolé, Monsieur Izbel.

Je fronçai les sourcils.

-Alors, il mangera avec moi dans la salle de visite quand je viendrais le voir. Ce n’est pas une demande, c’est ce que je veux.

Elle se mordit à nouveau la lèvre.

-J’essayerais d’arranger ça… Je pense que ça doit être possible à arranger.

C’était déjà ça. Je me tournai vers Cash posant mes deux mains sur ses épaules.

-Ne t’en fais pas. Ici, tu verras peut-être des gens que tu connais. Et puis, j’imagine que rien ne t’empêchera de jouer de la guitare.

J’envoyai un regarde à la femme qui hocha de la tête.

-Bien sûr. Monsieur Izbel pourra jouer de la guitare dans sa chambre ou dans la salle de repos tant que ça n’ennuie pas les autres patients.

Je souris et reposai mon regard sur Cash.

-Tu vas y arriver, Cash.

Il devait y arriver.

@ Billy Lighter

Pas de couleur, pas de serpent, comme le disait Billy, le règlement de l’endroit était complètement stupide. J’aurais aimé me sentir comme à la maison mais je comprenais bien que ça n’allais pas être possible.

Je parti sur un trait qui n’était pas de l’humour, disant que si les animaux devaient rester dehors, ils devraient peut-être me laisser dehors aussi. J’aimais les animaux, j’estimais souvent faire plus partie de leur monde que de celui des humains.

Et nous continuâmes la visite jusqu’au réfectoire où la dame affirma que je pourrais rencontrer sûrement des gens que je connaissais mais le seul que je voulais voir, c’était Billy. Et Billy n’avait pas besoin de cure. Je demandai donc à ce qu’il puisse venir manger ici avec moi. Billy déclara qu’il viendrait mais la réceptionniste, elle, refusa… Elle était hésitante dans son ton, ne voulais pas paraitre brusque mais je me pris tout de même son refus comme une gifle.

J’en avais les larmes au bord des yeux. Les choses allaient déjà être suffisamment difficiles pour qu’on empêche en plus Billy de venir manger de temps en temps avec moi.

Un comble quand on savait qu’habituellement, je ne voyais que très peu Billy quand j’étais libre comme l’air.

Mais aujourd’hui, et tous les jours qui allaient suivre, j’allais avoir besoin de lui plus que jamais.

Billy trouva une solution… Il viendrait manger dans la salle de visite avec moi. J’eus un sourire désespéré devant cette ultime solution puis regardai notre guide. Elle déclara qu’elle allait essayer d’arranger ça. Parce que c’était ce que Billy voulait.  

-N’essayez pas, faites-le.

Billy posa alors ses deux mains sur mes épaules, se tournant vers moi avec un air solennel. Je pourrai, ici, composer moi aussi. Ce que la dame confirma pour autant que ça n’embête pas les autres patients.

Je hochai la tête et une larme coula sur ma joue. Je sentais, alors même qu’il était là juste devant moi, Billy s’éloigner. Nous allions êtes séparé par des murs infranchissables pendant un temps, jusqu’à ce que mon système soit libéré de toute substance… Jusqu’à ce que mon cœur ait repris un peu de force.

-Je composerai… Tu composeras… Et quand on se retrouvera, nous serons prêts pour les routes.

Parce que là était bien le but ultime de la manœuvre, pouvoir retourner sur les routes, et chanter pour notre public, aussi violent soit-il.

Billy me dis que j’allai y arriver et, n’y tenant plus, je le pris une dernière fois dans mes bras.

@ Billy Lighter