Carolyn était au travail et j’avais été appelé à la rescousse pour faire un peu de babysitting… J’étais tout seul parce qu’on était en pleine journée et que Jess était en cours et Syd à la rédaction de la radio. Mais ça ne me dérangeait pas, que du contraire !

Ça allait me permettre de ne pas rester enfermé entre mes quatre murs à ne pas savoir quoi faire. Et Daniele serait content d’apprendre que ça m’empêcherait aussi d’avoir des idées de génie qui impliqueraient Stone qui était vraiment un très bon ami désormais.

J’étais content, en plus, parce que le dernier L.A. People annonçait que la petite Cortez avait été retrouvée. Je le savais déjà en fait, puisque Jess m’avait annoncé la bonne nouvelle avant la presse. Mais ça faisait plaisir d’apprendre sa réapparition. Et, à ma grande surprise, d’apprendre aussi que le démenti de Reed dans Guitar&Pen avait été de la couille ! Puisqu’il avait annoncé après avoir payé la rançon de Livia être le père de celle-ci.

J’avais pas très bien compris l’histoire… Pourquoi démentir s’il était bien le père de Livia puisque avec le premier article de L.A. People, le mal était déjà fait ?

Bref, tout ça pour dire que je me retrouvais dans mon ancien appartement, tout propre et tout rénové, pour m’occuper du petit Lucky, 4 mois et demi. Il était très calme comme bébé et très souriant aussi. Il était, forcément, encore petit pour son âge mais, d’après sa mère, il grandissait à la vitesse de la lumière…

Et il lâchait des bombes nucléaires toutes les quatre heures. J’étais en train de tranquillement regarder la télé quand je l’avais senti littéralement vibrer de tout son corps quand il expulsa une de ses bombes en question… Lynn disait que c’était à cause du nouveau lait qu’elle lui donnait. Moi j’étais prêt à parier que c’était parce qu’il était mort à l’intérieur.

Il fallut donc que je me lève pour affronter ça. Et ça me rappelait de très vague souvenir de Jess au même âge. Très vagues parce qu’à l’époque, j’étais complètement bouffé par l’alcool.

Mais là, Lucky me laissait un souvenir impérissable.

-Yerk ! Lucky, comment tu fais ça.

Et ce fut pire quand j’ouvris sa couche. Je me protégeai le nez du revers du bras avant de prendre une bonne inspiration et de me mettre en apnée pour le laver et le changer.

-Voilà… S’il te plait, garde la prochain pour ta mère, ok ? Moi j’ai déjà donné, là…

Je repris le petit dans mes bras et quand je sortis de la petite nurserie de Lucky, je vis un grand gaillard en plein milieu de l’appartement.

Je sursautai, je ne l’avais pas entendu entrer… Un peu ouais, j’étais sourdingue et mes appareils auditifs n’avaient pas capté les bruits aussi fins qu’était la clé qui tournait dans la serrure.

-Putain mais vous êtes qui, vous ?

@ Billy Lighter

J’allais mieux. Assez pour sortir de mon lit et arriver à me servir mes céréales tout seul. Je prenais encore tous les médicaments dont des anti-douleurs qu’A.J. me rapportait mais à part ça la fièvre était entièrement tombée ce qui signifiait que je pouvais maintenant me concentrer sur la suite. Et si dans un premier temps, j’allais devoir surtout survivre, il ne faudra pas que j’oublie de trouver d’où vient la fuite qui avait conduit Reed à Livia…

Mais avant tout ça, il fallait que je retourne chez Carolyn… Mon absence avait été particulièrement longue et les dégâts que j’avais subis étaient plus que voyant. Elle n’allait pas passé à côté des nouvelles cicatrices que j’avais sur l’abdomen. Même celle que j’avais sur le front se voyait encore.

Il me fallait, donc, une histoire solide. Autant pour l’absence que pour les blessures. Mais pendant que j’étais couché dans le lit d’A.J., j’avais eu largement le temps d’y réfléchir… Me restera à essayer qu’elle adhère à l’histoire. Par chance, elle sera sans doute moins méfiante que les Cortez… Parce que je ne pense pas qu’on puisse faire plus méfiant qu’une Cortez.

Parlant de Cortez, j’avais lu dans L.A.People, entre deux déboires de ce looser de Stone, qu’Olivia avait été retrouvée. Pas tellement une nouvelle pour moi… Ce qui en était une, c’est qu’elle avait survécu à ses blessures ce qui était autant un miracle que pour moi vu dans l’état où elle était.

Elle savait survivre… Ce qui nous faisait un point commun. Des points communs qui n’étaient pas sans me rappeler l’idée de Livia. Celle qu’on parte, elle et moi, sur les routes.

L’idée me séduisait toujours… Mais je ne savais pas dans quel état d’esprit Livia était. Détestait-elle toujours son père ? Quelle était son opinion sur moi, maintenant ? Cherche-t-elle à savoir si je suis toujours en vie ? Cherchera-t-elle à me retrouver ? Si oui, ça sera pour se venger ou bien pour tout autre chose ? J’avais envie des réponses à ses questions… Et je savais que je les aurais un jour. Parce qu’une fille comme Livia, si elle cherche à me retrouver, elle me retrouvera.

Il y avait d’autres inconnues dans l’histoire et celle qui m’intéressait était : qu’est-ce qu’elle avait dit aux flics ? Est-ce qu’elle avait donné mon nom ? Parce que les flics savaient parfaitement qui j’étais. J’avais un casier et mon surnom était connu de tous. Si elle m’avait donné aux flics, je savais que je ne pourrais vraiment plus vivre en paix.

Alors, j’avais feuilleté les médias, regarder la télévision… Mais aucun avis de recherche à mon encontre n’avait été fait. Je savais que Reed ne m’avait pas donné… Parce qu’il savait que si les flics me chopaient, je n’allais pas hésiter à faire tomber son petit empire. Peut-être qu’il aura dit à sa fille de se taire. En tout cas, la population ne chercherait pas après moi… Les flics, c’était une autre histoire. Ils n’ont peut-être pas fait passer l’information au grand public pour éviter que je ne quitte l’état.

Je devais rester prudent…

Mais je pouvais aller chez Carolyn… Il était plus que temps. Alors, une fois qu’A.J. fut partie au travail, je rassemblais mes affaires lui laissant un mot qui disait que j’étais parti chercher la taupe qu’il y avait dans mon clan. Elle savait A.J., que j’avais maintenant la force d’errer dans tout Los Angeles alors elle ne sera pas bien surprise.

Je pris un taxi direction l’adresse de Carolyn dans l’Eastside. Les Los Diablos ne me chercheront pas là-bas, c’est évident. Quant à ma bagnole, elle devait être au QG des New Soldados, c’est avec elle que Yang m’avait ramené chez A.J.. J’irais la récupérer plus tard.

Je grimpai jusqu’à l’appartement et sortis ma clé que je tournai dans la serrure entrant dans l’appartement. J’avançai et alors que je pensais tomber sur Carolyn, c’est sur Sniper que je tombai. Il sursauta alors que tout ce que je fis, ce fut lever un sourcil. Je savais que Carolyn connaissait Sniper… Elle me l’avait dit. Et elle avait dit aussi qu’elle penserait à lui pour surveiller Lucky de temps en temps.

Il semblerait que c’est ce qu’il était en train de faire.

Par contre, il n’avait pas l’air de savoir qui j’étais… Carolyn aurait-elle oublié de lui parler de moi ?

-Ed… Je suis le colocataire de Carolyn…

Il fallait que je me remette dans mon rôle. Pas évident après ce que je venais de vivre pendant quelques semaines.

Et ce fut à moi de prendre un air étonné.

-Et vous, vous êtes Sniper, c’est ça ? Waw, Carolyn m’avait dit qu’elle vous connaissais mais vous voir en vrai, c’est quand même quelque chose.

Je lui tendis la main.

-C’est un honneur de vous rencontrer. Je suis fan de The Army depuis le premier album et j’ai adoré celui que vous avez fait en solo.

Il tenait Lucky dans ses bras et je penchai légèrement la tête sur le côté.

-Comment va le petit Lucky ? Il m’a manqué.

Non, en fait. Je n’ai pas pensé une seule seconde à Lucky. Mais Ed très certainement qu’il l’avait fait rien que pour rentrer dans les bonnes grâces de Carolyn.

@ Billy Lighter

Ce type m’avait foutu une trouille bleue de débarquer comme ça dans l’appartement. Lucky s’était mis à gazouillé quand j’avais sursauté. Mais l’homme me rassura directement, affirmant être le colocataire de Carolyn, un certain Ed.

Je me détendis un peu.

-Putain, vous m’avez fait peur… Avec toutes ces histoire d’enlèvement et tout ça, faut croire que je deviens un peu parano…

Il s’approcha de moi, me demandant si j’étais Sniper. Ce type était plus grand que moi, c’était une vraie base… Et il avait l’air d’avoir pris sur sa gueule.

Soutenant Lucky d’une main, le lui serrai la main qu’il me tendais.  

-Ouais, c’est ça… Sniper, babysitter à mi-temps. Ravi de vous rencontrer, Ed… Carolyn m’a un peu parlé de vous.

Je marquai une pause avant d’ajouter.

-Il parait que vous êtes camionneur… Carolyn se demandait où vous étiez passé ces derniers jours.

Elle m’avait dit qu’elle s’inquiétait un peu… Mais quand elle m’avait dit ça, elle avait pris un air coupable, comme si son absence était de sa faute.

Je souris quand l’homme me fit des compliments, affirmant être un fan de la première heure.

-Merci, ça fait toujours plaisir, même après autant d’années.

Il s’approcha de moi et je pus mieux vois les coups qu’il avait sur la tête. Des bleus et de petites plaies ouvertes. Il sentait aussi le désinfectant et les médicaments à plein nez. Il se pencha vers Lucky en disant qu’il lui avait manqué.

Je souris.

-Il lâche de vraie bombes nucléaire pour l’instant mais je viens de le nettoyer donc la voie est libre… Vous voulez le prendre un peu.

Je luis tendis doucement le bébé pour qu’il puisse le prendre… Ou décliner l’offre s’il préférait.

-Vous êtes sûr que ça va ? Vous avez été pris dans une bagarre ou quoi ?

@ Billy Lighter

Sniper avait eu peur. Certainement parce qu’il ne m’avait pas entendu entrer. Il faut dire que c’était de notoriété publique qu’il était sourd. D’où sa surprise, certainement, même si elle semblait amplifié par « ces histoires d’enlèvements ». Il n’y en avait qu’un qui avait défrayé la chronique, ces derniers temps, donc j’imaginais qu’il parlait de celui dont j’étais l’auteur. Même s’il n’avait aucune idée que j’étais l’auteur. Mais vu ce qu’il tenait dans les bras, sa réaction était somme toute très logique.

-Je comprends. Désolé.

Je me présentai montrant que je savais très bien qui il était et il serra ma main en retour. Il confirma qu’il était bien Sniper et qu’il était babysitter à mi-temps ce que je constatais bien moi-même. Il ajouta que Carolyn avait « un peu » parlé de moi. Juste « un peu ». Je souris comme toute réponse.

Voir un rockstar dans une situation aussi anodine pouvait peut-être en surprendre beaucoup ou en intéressé beaucoup. Mais, personnellement, ça ne me faisait pas grand-chose. J’avais vendu de la came à Cash Izbel dans un skate-park. J’avais vu Eddy Cort s’engueuler ici même et d’une façon puérile avec Carolyn. J’avais passé mes années de primaires à me coltiner ce looser de Stone en classe. Et, dernièrement, j’avais passé pas mal de temps avec Olivia Cortez. Alors, voir des rockstars en dehors la scène, j’en avais vu des tonnes.

Il savait que j’étais routier. Enfin, qu’Ed l’était. Il confirma ce que j’avais pu déduire, soit, que Carolyn se demandait où j’étais. S’était-elle inquiéter ? Bonne question. J’imagine que oui, un peu. Je pris un air désolé même si cet air été destiné à Carolyn et non à Sniper.

-Oui, je suis bien camionneur… Et, je sais… J’ai eu quelques gros ennuis et je n’ai pas pu prévenir… C’est une longue histoire.

Je ne m’étendis pas plus. Pas tant que Sniper ne serait pas plus curieux. S’il ne l’était pas, je n’aurais pas à tout lui déballé. S’il l’était, je pourrais entrainer ma version des faits. Voir si elle fonctionnait. En attendant, je déclarai que j’étais un fan ce qui n’était pas faux. Il semblait ravi.

-Il faut dire que The Army, c’est un groupe légendaire.

Les compliments ne faisaient jamais de mal. C’est ensuite sur Lucky que je me concentrai disant qu’il m’avait manqué. Il m’expliqua que le petit lâchait des bombes nucléaires. Je me retenais de grimacer. Sniper disait qu’il venait de le nettoyer et me proposait de le tenir. Si je disais « non », ça n’allait pas coller avec mes paroles. Alors, je souris prenant doucement le bébé dans mes bras. Il gazouillait, cette innocente et naïve petite créature. Je souris.

-Merci. Il a franchement grandit depuis la dernière fois.

C’était ce que les gens disaient dans ce genre de circonstances, non ? Alors c’est ce que je dis aussi, en gardant le sourire. Un sourire qui disparut quand Sniper questionna sur mes blessures. Je regardais Sniper poussant un soupire avant de m’installer dans le fauteuil déposant Lucky sur mon torse et le soutenant d’une main alors que je regardai Sniper.

-Plus qu’une bagarre, à vrai dire…

Je marquai une pause pour soupirer encore.

-Pour le boulot, j’ai dû faire quelques livraisons au Mexique. Théoriquement, mon voyage devait durer une semaine tout au plus… Mais je me suis fait agresser alors que je faisais une pause sur une aire d’autoroute en plein Mexique… Ce n’est pas ma première agression. Nous, les camionneurs, on est des proies faciles… Le Mexique, c’est un endroit dangereux. Mais cette fois-ci, ce fut bien pire… J’ai pris trois balles et un coup sur la tête… Ils étaient quatre et ils se sont barrer avec une partie de la cargaison, mes papiers et mon argent… Par chance, il y a eu un témoin et j’ai pu être emmené à l’hôpital… J’ai passé plusieurs semaines dans le coma dans un hôpital miteux du Mexique… Quand j’ai enfin pu sortir, ma compagnie m’a payé l’avion et je ne suis revenu que ce matin… J’ai pas su prévenir Carolyn… J’étais trop dans le cirage. Puis, un coup de fil de l’hôpital, vu dans l’état ou j’étais, l’aurait inquiété plus qu’autre chose.

Je soupirai à nouveau.

-Tout ce que j’ai gagné, c’est des congés payés… Mais j’avoue que je pense sérieusement à changer de boulot…

Lucky s’était mis à sucer son pouce alors que je fixais Sniper.

-Bref, c’était les pires semaines de ma vie.

La réalité était toute différent mais qu’importe…

@ Billy Lighter

Ed m’avait foutu les jetons, ça avait été plus fort que moi. En même temps, j’étais tout seul puis d’un coup, voilà que je me retrouvais avec un grand gaillard au milieu du salon que je n’avais pas entendu entrer. Mais l’homme s’excusa, se présenta et je reconnu en lui celui dont Carolyn m’avait parlé, son fameux colocataire qu’elle n’avait pas vu depuis un moment.

Elle allait être contente de savoir qu’il était rentré, elle qui semblait s’inquiéter de son sort. Enfin, il était rentré mais il était amoché quand même. Je me demandais ce qui lui était arrivé mais il me dit seulement, dans un premier temps, avoir eu de gros problèmes.

-Je ne savais pas que la vie de camionneur était si dangereuse…

Et encore, il n’était pas entre dans les détails.

Quant à moi, je n’eus pas besoin de me présenter, Ed connaissait The Army et ça ramena un large sourire sur mon visage. Selon lui, The Army était un groupe légendaire.

-Merci… J’espère pouvoir faire aussi bien maintenant que je travaille en solo. Mon premier album a remporter par mal de succès… Je compte bien en faire d’autres.

Mais je n’étais pas celui qui avait le plus l’attention d’Ed. C’était le petit qui l’intéressait et dont il disait qu’il lui avait manqué… Alors, je l’invitai à le prendre, ce qu’il fit délicatement en affirmant qu’il avait bien grandi.

-Ces petites choses, ça grandit comme des mauvaises herbes. Carolyn n’arrête pas de se plaindre qu’elle doit lui racheter des pyjamas toutes les deux semaines…

Il prit l’enfant et s’installa dans un divan, couchant le petit sur son torse. Ed était immense et c’était assez marrant de le voir avec un si petit être sur lui.

J’osai alors demander à Ed s’il avait été pris dans une bagarre mais c’était bien pire que ça. Il commença à me raconter et bientôt, c’était à moi de m’asseoir dans un fauteuil avec les yeux écarquillés…

Ce type s’était fait tirer dessus par trois fois par un groupe de gens qui en voulaient après sa cargaison…

-Putain, mais vous transportiez quoi ? De l’or en barre ? Je ne comprends pas comment on peut faire une chose pareille pour de la marchandise !... Je sais que la situation au Mexique est précaire, mais quand même. Ils auraient pu éviter de vous tirer dessus.

Je soupirai, regardant le petit qui suçait maintenant son pouce… Dans quel monde ce petit aillait-il grandir, sérieusement ?...

-Il faut croire qu’il n’y a plus aucun endroit safe dans ce monde… Entre ça et la petite Olivia Cortez qui s’est fait enlever, je ne sais pas où on va, droit dans le mur probablement, et on y va vite.

Je ne comprenais pas cette escalade de la violence.

-Heureusement, la petite Cortez a été retrouvée… Mais son père a dû payer une rançon… Et même avec ça, la jeune fille a subi apparemment de très mauvais traitement… Vous avez entendu parler de cette histoire, pendant votre voyage ? Ou pendant votre séjour à l’hôpital ?

@ Billy Lighter

-Si… C’est un métier bien plus dangereux qu’il n’en a l’air…

Je n’en savais rien, en fait. J’imaginais que ce n’était pas le métier le plus facile du monde. Un camionneur qui se repose seul sur une aire d’autoroute avec un camion rempli de marchandises, j’imagine que ça attire la convoitise. Il y a des métiers bien plus dangereux, bien sûr comme pêcheur, mineur ou bien mon vrai métier qui est chef de gang et ex tueur à gage. « Ex » parce que, maintenant, je tue uniquement pour moi.

Je n’entrai pas tout de suite dans les détails parlant plutôt de The Army et du fan qu’Ed était. Ward l’était aussi même s’il préférait The Lightening. Sniper me remercia pour les compliments et déclara qu’il espérait avoir autant de succès avec sa carrière solo. Il comptait faire d’autres albums d’ailleurs ce qui me fit sourire.

-J’ai plus qu’hâte d’entendre de nouvelles chansons. Et je suis sûr que vous allez faire aussi bien que votre ancien groupe.

Après tous ces compliments bien mièvres, c’est sur Lucky que je portais mon attention. Il fallait bien que je fasse ça… Si je paraissais trop détaché envers le gamin, ça allait se voir. Et même si je n’étais pas en face de Carolyn, il fallait que je reste dans mon rôle. Et Ed ne se fichait pas complètement de Lucky.

Alors, je le pris constatant qu’il avait grandi ce que Sniper confirma disant que Carolyn se plaignait qu’elle devait tout le temps acheter de nouveaux pyjamas. Je rigolai un peu avant de m’installer dans le fauteuil, le gamin installé sur mon torse. Je n’aurais pas su rester debout plus longtemps. J’étais encore bien crevé. Puis, au moins, je n’aurais pas à me concentrer sur la façon dont je tenais le môme, comme ça. Là, il était bien installé sans que je ne fasse le moindre effort.

Les questions de Sniper finirent par me pousser à la confession. Et je finis par lui raconter l’histoire que je devais faire avaler à tous ceux qui connaissaient Ed. Celle du pauvre petit camionneur qui s’’était fait agressé sur une aire d’autoroute. Une histoire que sembla gobé Sniper qui était choqué par mon agression. Il ne comprenait pas comment on pouvait agresser quelqu’un pour sa cargaison. S’il savait ce que les gens sont parfois capable de faire pour un peu de thunes… Il devrait pourtant le savoir, lui qui avait grandi dans l’Eastside.

-Le Mexique est une zone de non droit. Ce n’est pas la première fois que je me fais agresser là-bas. Les gens sont constamment à cran dans ce pays. Ils tueraient pour un peu de thunes.

Je soupirai en disant ça avant que Sniper ne dise qu’il n’y avait aucun endroit safe dans ce monde. Il ne croyait pas si bien dire… Des fous dangereux on en trouve partout même dans les plus hautes sphères. Surtout dans les plus hautes sphères, en fait.

Et il parla d’Olivia ce qui, sans que je ne le montre, me donnait comme un sentiment de fierté. Il n’y avait rien n’à faire… Savoir que l’enlèvement de Livia avait fait tant de bruit et savoir que j’en étais à l’origine ne pouvaient me laisser qu’avec ce sentiment-là. J’évitai de sourire préférant prendre un air grave hochant de la tête quand il disait qu’on allait droit dans le mur…

Dans le mur, on y était depuis des décennies, je crois… En fait, je crois que la race humaine est née dans le mur.

Bref, Sniper ne comprenait pas toute cette violence. Et il ne comprenait pas non plus pourquoi les ravisseurs de Livia l’avaient maltraité alors même qu’il ne s’agissait qu’une demande de rançon. Oui, c’était la belle version de Reed ça : la demande de rançon. Une version qui, bien sûr, ne collait pas vraiment avec les traitements subit par Livia. Bien que ça pouvait arriver que les gens qui demandent une rançon s’amuse un peu mais c’était plus rare. En général, il ne touchait pas à la victime parce que tout ce qui les intéresse, c’était l’argent. Or, ici, il n’était pas question d’argent dans la version réelle.

Mais j’allais m’accorder à la version de Reed. De toute façon, ce qui comptait c’était que Reed sache la vérité et ça, il la savait.

-Oui, j’ai entendu… J’ai appris qu’elle avait été enlevée à la radio dans mon camion. La pauvre gamine… Elle n’en peut rien si son père, c’est Jimmy Reed. Elle ne méritait pas un tel traitement. Personne ne mérite un tel traitement. Déjà se faire enlever c’est quelque chose de certainement très traumatisant mais si, en plus, ils l’ont frappé jusqu’à la mettre dans le coma, c’est que ça devait être des monstres. Des monstres, il y en a plein sur cette foutue planète… Et on les voit rarement venir.

Yang était un monstre. Même si A.J. aurait un mot bien plus scientifique pour le qualifier.

-J’espère qu’elle s’en remettra. Je n’étais pas vraiment fan de sa musique mais j’espère qu’elle pourra en refaire très vite.

Je fixai Sniper.

-Vous la connaissez personnellement, Olivia ? J’imagine que le monde des rockstars est très fermé et que tout le monde connait tout le monde… Vous avez pu la voir depuis ?

Oui… J’avoue… C’est ma curiosité qui parle. Celle du prédateur… Parce que j’étais un prédateur, en quelques sortes. Même si, encore là, A.J. aurait un mot bien plus scientifique pour me qualifier…

@ Billy Lighter

Le type avait pris trois balles et il avait juste l’air d’avoir une mauvaise grippe à mes yeux. En effet, le colocataire de Carolyn ne pétait pas la forme, mais jamais pour autant j’aurais pu dire que c’était parce qu’il s’était pris des balles. Pour moi, quand on prend trois balles, on meurt. Ce n’était pas le cas d’Ed qui avait, grâce à un témoin de la scène, pu se retrouver à l’hôpital.

Je le regardai, toujours debout, alors que lui s’était affalé dans le fauteuil avec le petit Lucky sur le torse.

-Putain, vous crevez de chance en tout cas.

Il disait que le Mexique était une zone de non droit, que les gens là-bas feraient n’importe quoi pour un peu de thune.

-Ah ouais… Moi, je n’ai vu que les bons côtés du Mexique… En tournée, en faisant des concerts. On ne s’imagine que rarement comment ça se passe dans les pays qu’on traverse…

Je haussai les épaules.

-Mais il n’y a pas qu’au Mexique que ça tourne pas rond. Suffit de voir avec l’enlèvement de la petite Cortez.

Et je lui parlais donc de cet enlèvement. Fort heureusement, la petite avait été retrouvée après payement de la rançon qui avait poussé Jimmy Reed à officialiser son lien de parenté avec la jeune femme. Putain, c’était comme s’il ne l’avait pas dit avant parce qu’il sentait que ça allait lui tomber dessus une merde pareille…

Et en effet, dès que L.A. People avait largué la bombe, paf ! Olivia Cortez se faisait enlever. C’était quand même incroyable ça…

J’espérais sincèrement que la même chose n’allait pas arriver à mon filleul, Tony Ricci… Ou même à ma fille ! Même si ma fortune n’est plus ce qu’elle était aujourd’hui, il est possible qu’un ou l’autre tordu s’en prenne à Jess. Et là, je ne savais pas ce que je ferais.

Bref, tout ça pour dire qu’Ed avait entendu parler de l’histoire de la petite Cortez, ou devions-nous dire Reed, maintenant ?, à la radio dans son camion. Et il était totalement d’accord avec moi : ceux qui avaient fait ça étaient des monstres.

-Ouais, des monstres… C’est le moins qu’on puisse dire.

Je désignai le petit Lucky sur le torse d’Ed d’un signe de la main.

-Je suis père d’une fille… Je n’ose imaginer comment je me sentirais si ça arrivait à ma fille. Vous, vous n’avez pas d’enfant je suppose… Mais imaginez que ça arrive à Lucky… Lui aussi à un père pété de thunes après tout…

Ed, lui, espérait qu’Olivia Cortez s’en remettrais… Je hochai la tête pour marquer mon accord avec lui puis il me demanda si je connaissais personnellement Cortez.

-Non, pas vraiment… Pas encore tout du moins. Je l’ai invitée à venir faire les chœurs et jouer de la basse sur un titre et elle a répondu par l’affirmative. J’espère que quand elle ira mieux, elle sera toujours d’accord.

Je souris à Ed.

-Mais bien sûr, je vous mets dans la confidence, hein… Vous garderez mon petit secret, j’espère.

Ouais, j’avais pas vraiment envie qu’il lâche l’information dans la presse.

-Je n’ai donc pas encore pu la voir mais ça ne saurait tarder… Toujours, bien sûr, si elle le veut.

Je lui souris, pour partir sur quelque chose de plus léger.

-Et vous ? Ça roule avec Carolyn ? Je veux dire… Quand elle m’a parlé de vous on aurait dit que vous n’étiez pas simplement son coloc…

Je secouai mes mains devant moi…

-Oh vous êtes pas obligé de répondre… Je suis d’un naturel curieux… C’est tout…

@ Billy Lighter

Oui, je crevais de chance. C’était un fait. Si Yang n’avait pas été dans le coin, je serais plus que probablement mort. Et ça aurait été bien dommage de mourir sans avoir pu donner aux flics ce que je savais. J’hochai donc de la tête pour confirmer les dires de Sniper.

Quant au Mexique, je disais que c’était une zone de non droit. J’avais toujours vu l’Eastside comme un avant-gout du Mexique et pour avoir été me planqué plusieurs fois dans le pays voisin, je savais que c’était très proche de la vérité. Là-bas, la pauvreté s’additionnait aux guerres de gangs. C’était un endroit dangereux. Un endroit que je détestais, d’ailleurs pour bien des raisons. Sniper, lui, disait n’avoir vu que les bons côtés du Mexique en faisant des concerts là-bas.

-Oui, j’imagine que quand vous êtes en tournées, vous n’avait pas vraiment le temps de faire du tourisme.

Les rockstars passaient certainement d’hôtel de luxe en hôtel de luxe sans savoir ce qu’était réellement la réalité de chaque pays. Je crois qu’ils n’ont même pas conscience de la réalité de leur propre foutue ville, alors. Sauf peut-être ceux qui venaient des bas quartiers comme Stone… Ou même Sniper. Lui, devait un rien savoir comment les choses fonctionnaient réellement.

D’ailleurs, il constata par lui-même qu’il n’y avait pas qu’au Mexique que ça ne tournait pas rond. Il y avait aussi ici et il prit l’enlèvement de Cortez comme exemple. C’est d’ailleurs là-dessus que la conversation finit par partir. Sniper était sidéré parce ce dont les gens étaient capables en terme de cruauté. Oui… Ce que j’avais fait à Cortez était cruel. Mais je pouvais assurer à Sniper qu’il y avait bien plus cruel que ça. Cortez n’avait vécu que quelques semaines d’Enfer… Et encore, j’étais là pour atténuer ses maux… Certains vivent un Enfer bien pire tous les jours sous le nez de tout le monde sans que personne ne réagisse. Pourtant, c’est bien sur le destin d’Olivia Cortez que les gens pleuraient et pas sur le nombre incalculable de gamins qui se font taper dessus tous les jours par leurs parents…

Mais je m’égare… Revenons à Livia et à Sniper qui alla dans mon sens en disant que ceux qui avaient fait ça à Cortez étaient des monstres. Et il prit le cas de sa propre fille. Il n’osait pas imaginer comment il se sentirait si jamais ça arrivait à sa fille. Il serait sûrement très angoissé et prêt à tout pour la retrouvé. En général, j’imagine que c’est ça que ressentent les gens quand on leur arrache leur être le plus cher. Et il prit le cas de Lucky. Je baissai un peu les yeux sur Lucky avant de lever à nouveau mon regard sur Sniper.

-Je n’ai pas d’enfants, non… Mais je ferais en sorte que, quand Lucky est ici avec moi et Carolyn, ça ne lui arrive pas. Il n’est peut-être pas à moi mais je sais que si quelqu’un l’enlève, je ferais tout pour le retrouver. J’imagine bien que vous feriez pareil pour votre fille.

Est-ce que quelqu’un allait enlever Lucky ? Peut-être… Des cinglés, il y en a partout. Mais ce n’est pas dans mes plans, loin de là.

Quant à Livia, je disais espéré qu’elle s’en remettra… Secrètement, j’attendais un peu de voir ce qu’elle allait faire vis-à-vis de moi. Si elle allait essayer de me retrouver ou non… Il était encore trop tôt pour le savoir. Elle devait encore être à l’hôpital à l’heure qu’il est ou, tout du moins, encore en convalescence.

Et je poussai la curiosité plus loin demandant à Sniper s’il connaissait bien Livia. Mais ce n’était pas le cas. Il ne la connaissait pas encore en fait vu qu’il avait prévu, à la base, des projets musicaux avec elle. Il me disait ça avant de me demander de ne pas trop ébruiter la chose… Pas étonnant que les journalistes people finissaient par tout savoir si les stars se dévoilaient si facilement.

-Je vous promets de ne rien dire. Et j’espère vraiment que vous aurez l’occasion de faire cette chanson avec Livia. J’achèterais le single quand il sortira.

Je souris. Je n’allais rien dire à personne… La prochaine chose que je donnerais à un journaliste, ça sera un poing dans la gueule. C’est ce que je réservais à Amon étant sûr et certain que c’était lui qui s’était tapé A.J..

Bref, tout ça pour dire que Sniper espérait pouvoir rencontrer Livia, si elle le voulait. J’hochai de la tête l’espérant aussi pour lui.

Puis, c’est sur moi et Carolyn que Sniper enchaina. Il était curieux et ne le nia pas et je me grattai l’arrière de la tête non sans afficher une petite moue soutenant toujours un peu Lucky d’une main.

-Disons que… C’est compliqué. On s’est rapproché, c’est vrai. Je voulais même essayer de commencer quelque chose avec elle… Mais elle était toujours amoureuse d’Eddy malgré tout. Je ne voulais pas la poussé alors, je lui laisse du temps. Je préfère ça que qu’elle se sente forcée de commencer quelque chose alors qu’elle n’est pas certaine… Du coup, c’est en stand-by…

Je fixai toujours Evan.

-Elle m’a manqué en tout cas. J’espère que, peut-être, elle aura fait le deuil de ses sentiments envers Eddy. Parce que moi, les miens n’ont pas changé envers elle.

Je soupirai un peu.

-Les histoires d’amour, c’est pas facile. Vous en savez sûrement un rayon aussi… Elle vous a dit quoi sur moi, Carolyn ? Elle a dû croire que je suis parti à cause d’elle… C’est la dernière chose que je voulais qu’elle pense, pourtant…

Elle a certainement dû croire ça… Carolyn était du genre à se blâmer pour tout.

@ Billy Lighter

Je hochai négativement la tête pour confirmer à Ed qu’en tant que Rockstar, on avait vraiment pas le temps de voir comment ça se passait dans les pays qu’on traversait. Oh bien sûr, on n’était pas tout à fait dupe, on se doutait bien que la pauvreté régnait dans bien des endroits que nous avions brièvement visités, mais on ne le voyait pas et on ne nous le montrait surtout pas.

Mais Los Angeles, je connaissais et malgré tout, je m’étonnais encore de ce qui était arrivé à la petite Cortez. Elle avait non seulement été enlevée, mais battue par ses ravisseurs qui avaient demandé une rançon à celui qui disait aujourd’hui être son père, malgré une tentative de démenti assez peu efficace.

En tant que père moi-même, je pouvais un peu imaginer l’effroi dans lequel cela pouvait plonger un famille. Mais Ed, lui, s’il disait ne pas avoir d’enfant, disait qu’il ferait tout pour éviter que cela arrive eu petit Lucky même si ce n’était pas son fils. Je souris et approuvai.

-C’est un colocataire en or que Carolyn s’est trouvé là !

Il voulut savoir si je connaissais personnellement Livia, disant que le monde du rock était petit. Ouais, mais pas encore assez apparemment. Parce que si je connaissais Livia, c’était de réputation et à travers ma fille qui était dans la même classe pour certains cours. Elle avait l’air d’être une jeune femme très correct, voire même très sage pour une jeune chanteuse évoluant dans le monde du rock. Jess disait que c’était surtout grâce à son manager qu’elle était comme ça. Un manager qui l’empêchait de tomber dans les pièges et les excès de la vie de rockstar.

Je parlai donc un peu du single que j’avais en projet et qui demandait la présence de la jeune femme pour les chœurs et la basse. J’avais eu son accord, mais c’était bien avant tout ce qui venait de lui arriver alors j’espérais qu’elle serait toujours partante.

Et je dis aussi à Ed que c’était un secret qu’il devait garder pour lui. Parce que le public ne s’y attendrait pas. Fort heureusement, Daniele, mon manager, lui, était au courant. Parce que Daniele n’aimait pas les surprises, surtout quand celles-ci incluaient Stone.

Bref, Ed promit de tenir sa langue et d’acheter le single lorsqu’il sortirait…

-Ok super ! Merci déjà pour ça.

Puis, par curiosité, je m’intéressai à sa relation avec Carolyn. Parce qu’il m’avait semblé qu’elle en avait parlé comme un peu plus que son colocataire…Et j’en eus confirmation par Ed qui affirma qu’ils s’étaient rapprochés, mais que c’était compliqué que la jeune femme était encore amoureuse d’Eddy Cort, le père du bébé et qu’elle voulait prendre son temps.

-Ça peut se comprendre… Ça ne doit pas être facile pour elle, comme ça ne doit pas l’être pour Eddy Cort non plus… J’ai été à sa place, celle d’Eddy… Mon alcoolisme a aussi bousillé mon couple… Et avec un enfant dans le lot, ça rend les choses encore plus compliquée.

Je soupirai, repensant à Babs… Pas que j’avais encore des sentiments pour elle, j’avais eu largement le temps de les enterrer et aujourd’hui, je filais le parfait amour avec Syd. Mais je soupirais plutôt sur toutes les choses que j’avais manquées envers Jess.

-J’espère pour Eddy Cort qu’il se rendra plus vite compte que moi qu’il va droit dans le mur et qu’il risque de louper des choses à vivre avec son fils. Et ce même si ça ne va plus avec Carolyn.

Ce fut au tour d’Ed de soupirer. Il se plaignait que les histoires d’amour, c’était compliqué. Et il me demanda ce que Carolyn avait dit sur lui.

-Bah… Que vous étiez routier, qu’elle s’inquiétait de ne pas vous voir revenir. Qu’elle espérait que ce n’était pas à cause d’elle. Que vous étiez un type bien, toujours prêt à vous occuper de Lucky… Bref, que des bonnes choses ou presque…

Je me mordis la lèvre.

-Nom de Dieu comme elle va flipper quand vous allez lui dire que vous avez pris trois balles au Mexique ! Au moins, elle sera sûre que ce n’est pas à cause d’elle, mais quand même.

Lucky se mit un peu à gigoter sur le torse d’Ed et je me levai pour le lui reprendre…

-Vous avez l’air crevé… Je devrais vous laisser vous reposer, non ?

@ Billy Lighter

Voilà ce qui arrive quand tu acceptes de faire du temps supplémentaire pour rendre service (et parce que ton compte de banque chute dramatiquement)…  J’avais la tête dans le cul comme on dit et je me suis brûlé plutôt bien sur une plaque chauffante au restaurant.  Résultat, plutôt que de travailler, j’ai poireauté à l’urgence pour faire voir ma brûlure ce qui m’a non seulement privé de mon revenu supplémentaire mais m’a aussi amputé des frais d’hôpital.

J’aurais dû rester couché ce matin, surtout que je faisais un très beau rêve. C’est mon tour de rêver de Jake, j’aurais voulu faire exprès que jamais je n’en aurais été capable mais voilà, depuis la soirée où nous nous sommes embrassés, je passe mes nuits à rêver de lui et, quand je travail, j’espère toujours le revoir.

Malheureusement, je suis souvent de jour dernièrement et je n’ai pas vu Jake comme je l’espérais. Il faut dire qu’il travail lui aussi et qu’il a sa propre vie. Il ne peut pas passer son temps au Canter’s Deli uniquement parce que je le voudrais bien…  pourtant, quelque chose me dit que lui aussi, il en aurait autant envie.

Tout cela pour dire qu’aujourd’hui est loin d’être mon jour de chance ! Evan, qui a gentiment accepté de garder Lucky chez moi le temps de mon remplacement, sera surprit de me voir rentrer plus tôt que prévu, quoi qu’il sera probablement contente de pouvoir vaquer a d’autres occupations. Parlant de ça, les liens se font dans ma tête et, (essayez de me suivre) je me disais, alors que le bus dans lequel je suis assise se rapproche de mon arrêt, que peut-être que, comme il est le petit ami de l’animatrice radio SydG, il pourrait, un de ces quatre, prochainement, cette semaine sait on jamais, réussir à nous faire visiter la station radio, à Lucky et moi.  Ce serait un moyen de rencontrer Jake en dehors du Canter, bien sur, par le plus grand des hasards.

Cette idée me fait sourire mais… elle demeurera qu’une simple idée. Je n’ai pas l’intention de brusquer quoi que ce soit en magouillant avec le destin. Je préfère avancer petit pas par petit pas plutôt que de risquer de me prendre un revers en pleine gueule. J’ai mon orgueil et ma fierté et puis je ne sais pas si Jake serait content de ce genre d’intrusion, même si elle part d’une bonne intention.

Une fois hors du bus, je grimpais les étages tout en fouillant dans mes poches pour sortir mes clés. J’en avais fait faire un double que j’oublie toujours de donner à Evan, quand il vient garder Lucky, ça serait peut-être agréable pour lui de sortir prendre l’air avec mon fils plutôt que de rester enfermé.  Enfin bref, ce n’est pas urgent comme une cassure non plus.

Quand j’entre chez moi, je suis d’abord surprise d’entendre une conversation entre Evan et… Ed qui est de toute évidence de retour. La surprise est si grande que je reste d’abord figée sur le seuil puis, quand la porte se referme d’elle-même, claquant, je sursaute.

Nerveuse ?  

Oui un peu… et je ne sais pas pourquoi. Ed est partit depuis un bon moment déjà au point où je commençais à me demander s’il allait revenir.  Bon ok je me doutais qu’il reviendrait mais comme il n’a donné aucun signe de vie et que je n’ai pas été très diplomate avec lui la dernière fois que l’in s’est vu… je me disais qu’il devait m’en vouloir.  Il en aurait bien le droit.

- Je me suis blessée… au boulot… dis-je en agitant ma main bandée.   C’est pour ça que je suis rentrée plus tôt…

’’Belle évidence ça, Lynn ! Bravo !’’

Je ne savais pas trop quoi penser du retour d’Ed. Bien sûr que j’étais heureuse de le revoir, c’est un type bien avec qui j’adore regarder la télé et rigoler de pleins de trucs. Nous avions une super complicité avant de tout foutre en l’air en couchant ensemble. Seulement, et ça vient de moi ça ne fait aucun doute, le malaise est bel et bien là.

@ Billy Lighter

Je souris quand Sniper déclara que Carolyn s’était trouvé un colocataire en or. Je trouvais aussi. Mais ce n’était pas encore assez, visiblement, pour qu’elle oublie son alcoolique d’ex. Eddy lui montrait pourtant bien à quel point il l’a détestait mais ce n’était pas encore assez pour qu’elle oublie les sentiments qu’elle avait pour lui.

C’est dans ces moments-là que je comprends vraiment que certains sentiments m’échappent vraiment.

Je n’en appris pas beaucoup plus sur l’état actuel de Livia à travers Sniper. En fait, je me rendis compte que je connaissais bien plus Livia que lui vu qu’il ne l’avait pas encore rencontré. Il prévoyait de la rencontrer bientôt pour une chanson. Toutefois, si Livia voulait toujours bien faire partie du projet. Est-ce qu’elle y participera ? Difficile à dire… Je savais que tout ce que je lui avais mis dans la tête allait certainement conditionner toutes les prochaines décisions de la chanteuse.

J’avais hâte de voir ça !

En attendant, je promis à Sniper de ne rien dire sur la chanson et d’acheter le single dès qu’il sortira ce qui sembla fortement le réjouir. Je lui souris à nouveau avant qu’il ne change de conversation pour parler de ma relation avec Carolyn…

Je lui dis ce qu’il en était… Je sortis des mots comme « compliqué ». Ce qui restait relativement vague tout en était, finalement, relativement précis. Et il comprenait les difficultés de Carolyn. Mais celles de Cort aussi vu qu’il avait été, en quelque sorte, à la place de Cort par le passé. Moi, tout ce que je voyais c’était que Carolyn était tombée amoureuse d’un looser et que c’était bien dommage pour elle. Parce que Cort était un looser. Mais Ed, lui, hocha la tête.

-Oui. Je sais que ce n’est pas facile pour elle… J’ai plus de mal à me mettre à la place de Cort. La seule fois où je l’ai vu, il m’a bien fait comprendre qu’il ne m’aimait pas… Et la façon dont il s’adressait à Carolyn ne m’a pas plus du tout… Il était complètement bourré, en plus.

Cort est un looser, point final ! Mais Sniper espérait pour lui qu’il se rendra vite compte qu’il va droit dans le mur. Mouais… Je crois que Cort a déjà foncé dans le mur depuis longtemps… Et, sincèrement, je m’en foutais un peu.

-J’espère pour lui aussi…

Et je finis par soupirer concluant que les histoires d’amour, c’était compliqué. Ward le pensait autant qu’Ed pour le coup. Les femmes, en elles-mêmes, étaient compliquées. Même A.J. était compliquée à sa manière bien à elle.

Je demandai alors à Sniper ce que Carolyn avait dit sur moi et, apparemment, elle n’avait dit que des bonnes choses. Elle s’était inquiétée de mon absence aussi. J’allais répliquer quand Sniper ajouta que Carolyn allait flipper quand elle apprendre ce qu’il m’était arrivé. Probablement… Probablement même qu’elle me conseillera de changer de boulot.

-J’espère que me voir en vie la rassurera. En tout cas, je suis content qu’elle ne vous ait pas dit que j’étais impatient.

Et je rigolai un peu en disant ça. J’étais impatient. Et je savais que Carolyn le pensait aussi, au fond.

Lucky se mit alors à bouger sur moi et Sniper réagit au quart de tour disant que j’avais l’air crevé en reprenant le petit.

-Ouais, je crois que…

Je vais aller dormir… Mais j’entendis, au même moment, la porte d’entrée s’ouvrir. Du coup, mon regard se tourna vers l’entrée où se tenait, maintenant, Carolyn.

Je ne me levai pas… Pas que je n’en avais pas envie. Je savais que la meilleure attitude était de me lever pour saluer Carolyn mais je n’en avais pas forcément la force. Le trajet jusqu’ici avait été plus fatiguant que je ne l’aurais imaginé.

Elle sembla comme… Déstabilisée ? Difficile à dire… Le fait été qu’elle expliqua pourquoi elle était rentrée plus tôt. Avant même de dire bonjour. J’esquissai un petit sourire.

-Salut Carolyn. Je suis content de te revoir. Tu m’as manqué…

Je tentai de me lever mais grimaçai alors je restai dans le fauteuil.

-Désolé de ne pas avoir donné de nouvelle. J’étais coincé à l’hôpital au Mexique… J’ai été agressé pendant mon trajet.

Je pris un air navré.

-Mais je suis content que tu sois en forme… Et que le petit Lucky va bien aussi.

Je lui souris sincèrement.

@ Billy Lighter

Après avoir parlé un bon moment de la jeune chanteuse, Livia, je me laissai aller à ma curiosité… Je voulais savoir ce qu’il y avait entre Ed, le coloc, et Carolyn… Pas que ça ait vraiment une grande importance pour moi en tant que baby-sitter occasionnel… C’était juste de la curiosité pure. Et quand Ed m’annonça que c’était « compliqué » je compris qu’il y avait plus entre eux qu’une relation de colocataires.

En fait, la jeune femme avait encore des sentiments pour son ex, Eddy Cort apparemment… Et ce alors même qu’Ed disait qu’il n’avait pas été cool avec elle la dernière fois qu’il l’avait vu. Ed disait que le chanteur de métal ne l’aimait pas. Ajoutant bien sûr que le jeune homme était complètement bourré.

Je me mordis la lèvre, comme si je me sentais coupable des actes d’Eddy…

-Je n’ai pas fait mieux à une époque… Alors je ne critiquerai pas Eddy Cort… Sans pour autant cautionner ce qu’il a fait ou dit. Carolyn ne mérite pas ça.

Tout ce que je pouvais faire, c’était espérer qu’Eddy se rendrait compte plus vite que moi des travers dans lesquels pouvait pousser l’alcoolisme.  Et Ed de l’espérer pour lui aussi. Comme quoi, il n’en tenait pas tant que ça rigueur au jeune chanteur.

Ed soupira et je compris que ça lui faisait mal que ses sentiments pour Lynn ne soient pas partagés… C’était bien dommage en effet, mais on ne pouvait pas blâmer la jeune femme après ce qu’elle avait vécu avec Cort. Il y avait de quoi refroidir même le cœur le plus apte à l’amour.

Il voulut alors savoir ce que Carolyn m’avait dit sur lui et je lui répondis en toute honnêteté… De toute façon, Daniele vous dira que je suis un très mauvais menteur. Et puis, elle ne m’avait rien dit de mauvais sur Ed, de toute façon, alors je pouvais bien le lui dire, histoire de lui mettre un peu de baume au cœur.

Mais ça me fit penser que la pauvre allait en prendre un coup en apprenant l’agression de son colocataire. Lui espérait juste que ça la rassurerait de le voir en vie.

-Je suis sûr qu’elle sera ravie et heureuse de vous voir en vie. C’est clair ! Et non, elle ne m’a pas dit que vous étiez impatient… Je n’ai pas été aussi curieux avec elle que je ne le suis avec vous, faut dire.

Ouais je n’avais pas posé les mêmes questions à Carolyn que je n’avais osé le faire avec Ed… Je ne savais pas pourquoi. Peut-être que c’était plus facile d’être curieux face à un inconnu que je ne reverrai peut-être pas avant un bail alors que Carolyn, je la voyais relativement souvent.

Lucky se mit à bouger et je le pris délicatement du torse d’Ed qui avait l’air exténué… En plus, j’avais peur que le bébé ne lui fasse mal en gigotant comme ça. Il ne fallait pas oublié qu’Ed était blessé. Moi en tout cas, je ne risquais pas de l’oublier. Trois balles, putain !

Je blottis le petit bien calé contre moi alors qu’Ed commençait à approuver quelque chose mais sans pouvoir achever sa phrase. Et je me retournai, suivant son regard, pour voir Carolyn qui venait de rentrer et arborait un bandage autour de la main. Décidément, tout le monde se blessait dans ce monde… Sauf Lucky et moi…

Je souris à Carolyn qui expliqua, sur un ton un peu hésitant qu’elle s’était blessée au boulot et que c’était pour ça qu’elle rentrait plus tôt. Je lui offris un beau grand sourire.

-Waw j’espère que ce n’est pas trop grave ! Mais tu n’as pas à te justifier, Lynn…

Je rigolai.

-Tu es ici chez toi, non ?

Mais Ed et Lynn eurent très vite leurs regards rivés l’un sur l’autre et Ed d’expliquer qu’il avait été agressé au Mexique…

-Il a pris trois balles, t’imagine ? Trois balles et il tient encore debout et c’est juste comme s’il avait une mauvaise grippe… Il crève de chance d’être toujours en vie.

Lucky commença à protester contre moi et je m’approchai de sa mère pour le lui donner.

-Il a été super sage… Mais je crois qu’il va commencer à avoir faim là…

@ Billy Lighter

La surprise est si grande que j’en reste figée dans l’entrée, probablement la bouche et les yeux grands ouverts. Je n’attendais plus vraiment de nouvelle d’Ed puisqu’il était parti depuis un sacré petit bout de temps sans jamais donner de nouvelle.  Du coup, tout ce que je trouve à faire alors qu’Ed me salut comme s’il était sous l’effet de la torture c’est de mentionné que je suis de retour plus tôt que prévu parce que je me suis blessée à la main. Je me sens un peu bête ensuite quand, après s’être inquiété de mon état, Evan me fait remarquer que  je suis chez moi.

- Oui… oui c’est vrai, désolée je… la fatigue et tout. La surprise aussi…

Je riais de moi-même, gênée de ma réaction mais je ne m’y attendais vraiment pas, au risque de me répéter. J’avance donc en laissant mon sac dans l’entrée puis je m’arrêtais quand Ed expliqua avoir été blessé et hospitalisé au Mexique puis Evan qui ajouta qu’il s’était fait tirer dessus, trois fois !

- Oh mon dieu !!  Tu… ouais… c’est incroyable que tu sois en vie et déjà sortie de l’hôpital mais… tu vas mieux, ça va aller ?

Je me sens comme emmêlée dans  mes émotions. J’étais quand même un peu en colère de ne pas avoir de nouvelles, pas forcément contre Ed mais contre moi parce que je me disais que c’était moi qui l’avais fait fuir et qu’il devait m’en vouloir et que c’était pour ça qu’il ne donnait pas de nouvelle. Puis je suis triste de ce qui lui est arrivé ! Bon sang ce n’est pas la première fois qu’il subit une agression alors qu’il est sur la route ! C’est dingue qu’il ne puisse pas avoir plus de protection que ça en voyage. Être deux ne serait pas plus sage ?  Puis il y a aussi le bonheur de le revoir parce qu’avant toute chose, je le considère comme un très bon ami et que c’est bon de le savoir de retour.

Evan s’avance et je reprends Lucky qui lui, n’en a rien à faire que ce soit l’heure de l’histoire dramatique, il a faim et il veut manger ! Un mec, quoi !

- Je me doutais bien qu’il ne te ferait pas trop de misère.  Il avait eu une bonne nuit et en plus, tu es super avec lui.

Je m’absente donc, en m’excusant, que le temps d’aller préparer un biberon savamment dosé moitié mon lait, moitié le lait formule puis quand c’est prêt, je reviens et m’assois près d’Ed. J’en reviens toujours pas de sa mésaventure.

- C’est vraiment incroyable, ce que tu as vécu ! La police, elle a fait un rapport ? Ils ont arrêtés tes agresseurs ?

Tout en soutenant Lucky de mon bras contre mon ventre et tenant son biberon de l’autre, je regarde Ed avec tendresse et compassion.  Moi qui trouvais que ma journée n’allait pas bien pour une brûlure qui va être guérie dans quelques jours… Ed en a probablement  pour un bon moment de convalescence.

- Ce n’est pas un gros réconfort mais j’ai trois jours de congés cette semaine, je pourrais prendre soin de toi.  Te servir tes Cap’n Crunch à volonté, si tu veux !  

Ça me fit rigoler de l’imaginer manger bol après bol et j’expliquais ensuite à Evan que mon colocataire ne mangeait que ça. Enfin, pas que ça mais que pour lui, c’était ce qui se rapprochait le plus de la haute gastronomie.

- Au fait, je ne t’ai pas demandé ce matin, je suis partie trop rapidement mais, comment va Jess ? Elle doit être soulagée de savoir son amie retrouvée et entre bonnes mains, maintenant !

Ce monde devient de plus en plus fou ! Heureusement, au travers tout ça, il y a des petits moments de bonheur. Il faut s’en trouver avant de sombrer nous aussi !

@ Billy Lighter

Sniper n’était pas un hypocrite. Il ne voulait pas critiquer Eddy Cort parce qu’il avait été dans le même état il y a quelques années. Même s’il ne cautionnait pas ce que le chanteur avait dit à Carolyn. Je commençais déjà à bien cerné l’ex chanteur de The Army. C’était un type enthousiaste qui gobait tout ce qu’on lui disait et qui avait, vraisemblablement, un cœur en or. Que des qualités… A part la naïveté, bien sûr…

On parla un moment de ce que je ressentais pour Carolyn et de ce qu’elle ressentait pour moi. Ou plutôt, des sentiments qu’elle ne partageait pas encore avec moi. C’était moins pire que Samantha… Mais ça restait extrêmement frustrant. Comme si je n’arrivais pas à gagner ce petit jeu que j’avais moi-même mis en place.

Je finis par apprendre, de la bouche de Sniper, ce que Carolyn pensait de moi. Apparemment, elle n’en pensait que du bien mais pas encore assez que pour oublier son alcoolique d’ex. Tout ça pour dire que Carolyn allait sûrement être choquée de ce qui m’était arrivé même si je disais à Sniper qu’elle sera sûrement rassurée de me voir en vie ce qu’il confirma, affirmant, passage, que Carolyn n’avait pas dit que j’étais impatient. Mais que Sniper n’était pas aussi curieux avec Carolyn qu’il ne l’était avec moi. Ça me fit sourire un peu.

-Je vois.

Sniper finit par me reprendre Lucky constatant que j’étais fatigué ce qui était bel et bien le cas. Je comptais aller dormir mais Carolyn entra dans la pièce s’excusant de rentrer chez elle maintenant. Ce qui était assez stupide. D’ailleurs, Sniper lui fit remarquer qu’elle était ici chez elle ce qui fit que Carolyn se mit à rire de son petit rire gêné.

Je lui expliquai en peu de mots ce qui m’était arrivé et Evan renchérit en parlant des trois balles. Ça semblait vraiment choqué le chanteur que je m’étais pris trois balles et que, malgré ça, je sois toujours en vie. S’il m’avait vu il y a quelques jours, il aurait vu que je n’allais pas si bien que ça… En tout cas, tout ça choqua aussi Carolyn.

-Oui, je crois que ça va aller… Si les médecins m’ont dit de sortir, c’est que je ne vais pas mourir dans les prochaines heures. Et je suis resté pas mal de temps à l’hôpital, mine de rien.

Je fixai Sniper.

-Parce qu’il y a quelques jours, je peux vous dire que j’avais plus qu’une mauvaise grippe. Même si j'ai l'habitude d'encaisser.

Au point même que j’avais tout déballé à A.J. qui détenait maintenant des informations capitales. Mais je n’avais pas eu le choix… Un moment, j’ai vraiment cru que je ne m’en sortirais pas.

Je regardai à nouveau Carolyn.

-Mais je suis content d’être en vie et d’être revenu.

Sniper rendit Lucky à Carolyn déclarant qu’il avait été sage. Carolyn fit quelques compliments au chanteur avant de s’éclipser le temps de préparer à manger à cet estomac sur patte. Elle revint peu de temps après pour s’installer près de moi pour me poser quelques questions. Je la fixai.

-Oui, la police a fait un rapport. L’enquête est toujours en cours parce qu’ils n’ont pas encore retrouvé les coupables. Et je ne suis pas sûr qu’ils les retrouveront un jour. Je n’ai pas spécialement confiance en la police mexicaine.

Le regard de Carolyn était plein de tendresse preuve qu’elle croyait à 100% à mon histoire. C’était déjà ça. Et je lui souris d’un faible sourire, un sourire qui s’élargit quand elle disait qu’elle avait des jours de congé cette semaine et qu’elle allait s’occuper de moi en me faisant des bols de Cap’N Crunch.

-C’est une bonne idée. Je crois que j’en ai bien besoin.

Je lui souris tendrement alors que Carolyn disait à Sniper que je ne bouffais que des Cap’N Crunch. Les Cap’N Crunch, c’était bon.

-Il n’y a pas de meilleure cuisine que les Cap’N Crunch.

Je dis ça avec le plus grand des sérieux et en regardant Sniper avant de me regarder à nouveau Carolyn qui parla de la fille de Sniper et de Livia. Apparemment, les deux filles se connaissaient bien. Et je devais avouer que j’avais envie d’entendre la réponse. Toutes les conversations qui tournaient autour de l’enlèvement de Livia m’intéressaient. Mon regard dévia alors sur Sniper attendant sa réponse.

@ Billy Lighter

Carolyn était rentrée plus tôt parce qu’elle s’était blessée au travail. Mais elle avait surtout l’air surprise de voir Ed. Ce qui m’étonna un peu parce qu’après tout, il vivait ici, non ? Quand il n’était pas sur les routes. Et puis, j’avais vu des affaires à lui un peu partout, s’il avait décidé de partir définitivement, il aurait emporté ses clics et ses clacs, non ?

En tout cas, quand j’annonçai à Carolyn que son coloc avait vécu une vraie aventure de merde sur la route, l’expression de son visage changea, passant de la surprise au choc puis à l’inquiétude. Mais Ed rassura tout le monde en disant qu’on ne l’aurait pas laissé sortir de l’hôpital s’il avait été mourant.

Ed me fixa… Il avait quand même un regard étrange quand il faisait ça. Comme s’il était capable de sonder mon âme. C’était un peu déroutant comme regard. Un regard noir qu’il avait, Ed.

Et il déclara que quelques jours seulement plus tôt, il avait plus qu’une mauvaise grippe.

-Ouais j’imagine bien.

Non, en fait… J’avais jamais pris de balle, mais c’était façon de dire quoi.

Carolyn, elle, s’inquiéta de savoir si la police avait fait son job, mais Ed avait peu d’espoir dans la police mexicaine… Ce qui pouvait aisément se comprendre. Je ne savais peut-être pas grand-chose, mais je savais au moins que le Mexique était corrompu jusqu’à la moelle.

J’avais, entre temps, rendu son bébé à Carolyn et elle était partie lui faire son biberon avant de revenir parmi nous, le petit comblé en train de téter comme un fou sur sa tétine. Et Carolyn d’annoncer qu’elle avait trois jours de congé pendant lesquels elle pourrait s’occuper d’Ed. Je souris d’un grand sourire avant d’émettre mon petit commentaire.

-Ça va vous faire du bien.

Après tout, ils avaient des affaires « compliquées » à régler… Et Carolyn de me dire que les Cap ‘n Crunch était de la haute gastronomie pour son coloc.

-Je préfère de loin les cheeseburgers mais c’est vrai que les Cap’n Crunch font le job aussi.

Et Carolyn de me demander comment allait Jess. Mon visage s’illumina comme à chaque fois qu’on parlait de ma fille, même si ces derniers temps avaient été un peu difficile pour Jess.

-Elle est heureuse, évidemment, que sa meilleure amie ait été retrouvée. Elle était morte d’inquiétude avant ça. Elle va souvent visiter Livia à l’hôpital… la pauvre a été salement blessée par ses ravisseurs et, d’après Jess, ces blessures-là ne sont rien à côté des blessures psychologiques qu’elle a subies.  

Je haussai les épaules.

-Il faut laisser le temps au temps, je suppose. Même si j’imagine que la petite sera à jamais marquée par ce qu’elle a vécu.

Je pinçai les lèvres…

-Un peu comme Ed… Je suppose qu’il n’oubliera pas facilement son agression au Mexique. Même si ce n’est pas tout à fait la même chose.

Je me penchai pour embrasser Carolyn sur la joue.

-Si tu n’as pas besoin de moi, je vais y aller. Je pense que vous avez tous les deux besoin de repos.

@ Billy Lighter

J’aurais bien dû me douter qu’Ed n’était pas du genre de partir en laissant tout derrière lui mais d’un autre côté, parfois, quand on est blessé, nous pouvons réagir de façon complètement irrationnelle… je ne fais presque pas référence à Eddy ici…  Je ne connais pas tant bien que ça mon colocataire-amant-ex amant et sa façon de réagir face à la déception.

Je suis complètement abasourdie par l’histoire d’Ed raconté partiellement par Evan et complétée  par Ed.  J’en reviens pas d’autant de violence gratuite d’autant plus qu’Ed ne transporte pas des marchandises  de grandes valeurs.  Quoi que… je ne sais plus s’il m’a déjà parlé de ce qu’il transporte mais, logiquement, s’il devait faire la livraison d’électronique haut de gamme, son employeur dépêcherait plus de sécurité, non ?  Je ne sais pas pourquoi mais j’ai toujours cru qu’il était dans l’alimentaire.  

Peu importe, l’important c’est qu’il se soit miraculeusement tiré d’affaire et qu’il soit rentré. Le reste suivra son cours et, je l’espère, justice se fera ! Sur ce point, Ed ne fonde pas grands espoirs dû à un manque de confiance envers les autorités mexicaines. Bon, je n’ai jamais eu à m’expliquer avec la police mais je me doute que ça ne doit pas être simple, surtout que ce devait être dans une autre langue.

Puisque j’ai des journées de congés, je pourrai prendre soin d’Ed et l’aider dans sa convalescence.  Je ne saurai pas faire grand-chose mais lui servir des bols de ses céréales préférées me fera plaisir et nous installerons le téléviseur dans sa chambre s’il s’y sent plus confortable. Et ça le désennuiera, surtout que mes jours de congés ne seront pas éternel !  

Je sens bien que je rougis  à la petite remarque de Sniper.  Le moment ne sera pas le meilleur pour avouer à Ed que je suis certaine maintenant de mes sentiments et qu’ils ne lui sont pas réservés.  Ils me font rire tous les deux avec leur définition de la haute gastronomie mais, vous savez quoi ? Je n’aime pas non plus mettre les petits plats dans les grands. À l’occasion c’est chouette de se faire un repas des grands soirs mais rien ne vaut un bon burger et des frites dans le confort de sa maison.

- On se fera un souper en toute simplicité un de ces 4 ! Tu pourrais amener Jess et Sydney, si tu veux Evan, ça serait sympa !

Je prends des nouvelles de Jess au passage parce que je sais par Evan l’amitié que partage l’adolescente avec Olivia Cortez. Une meilleure amie ça ne se remplace pas en claquant des doigts.  Depuis que Bella est partie, c’est comme si j’avais perdu une partie de mon âme, sans déconner !  Alors à l’âge de Jess, et avec tout le drame que des adolescentes sont capable de se créer, je conçois facilement qu’elle a dû vivre des heures terrifiantes.

- Le temps guéri bien les blessures.  Et Jess sera d’une grande aide pour Olivia j’en suis certaine, je tournais la tête pour regarder Ed alors qu’Evan fit le parallèle avec sa propre mésaventure.

On m’a dit un jour que Dieu envoyait ses pires combats pour ses meilleurs soldats. Je ne sais pas si c’est vrai, je ne suis pas très croyante mais j’espère de tout mon cœur que c’est le cas parce qu’Ed en a eu son lot, je crois et qu’Olivia ne méritait pas du tout ce qui lui est arrivé.

Evan me sortit de mes pensées en m’embrassant sur la joue. Je me levais tout en tenant Lucky et son biberon pour le raccompagner et je le remerciais encore de sa générosité.

- Merci encore d’être venu, je l’apprécie vraiment, Evan !

Je lui rendrais bien la pareil mais je doute que Jess apprécie avoir une baby-sitter !

Mon ami partit, je retournais au salon auprès d’Ed plus vert que jamais.  En fait, je crois qu’il pourrait avoir sa propre teinte de vert sur une charte de couleur.

- Tu veux que je te fasse couler un bain chaud ? Ou tu préfère aller dormir ?

Je souhaite presque qu’il choisisse d’aller dormir, ça repousserait une discussion que je sens d’ici se pointer comme légèrement malaisante.

@ Billy Lighter

Non… Je doutais qu’Evan Kurtz puisse imaginer ce que ça faisait de se soigner d’avoir pris trois balles. S’il s’était déjà pris trois balles, ça aurait fait la Une de L.A.People.. Voir même une édition spéciale parce qu’après tout, trois balles, c’était quand même quelque chose et L.A.People semblait déjà ravi de pouvoir faire un article chaque fois que Stone avait un rhume… Alors trois foutues balles, je ne vous dis pas.

Ce que j’avais gagné : trois jours avec Carolyn qui sera aux petits soins pour moi. Je ne disais pas « non » à ce genre de proposition. J’avais déjà reçu une cure spéciale A.J., j’attendais de voir les bienfaits de celle faite par Carolyn. Sniper, lui, disait que ça allait nous faire du bien. Je lui souris alors que je vis, ensuite, que Carolyn était rouge. Je ne savais pas si c’était signe qu’elle était prête à faire un croix sur son alcoolique d’ex ou tout autre chose. Je savais que je le saurais bien vite.

On parla, suite, de Cap’N Crunch qui était, pour moi, le meilleur repas au monde même si Evan, lui, préférait les cheeseburger.

-Les cheeseburgers, c’est pas mal non plus. Les pizzas aussi… Mais rien ne vaut les Cap’N Crunch.

Personne ne me fera changer d’avis là-dessus. Et Carolyn de sauter sur l’occasion pour proposer une souper un de ses quatre avec Sniper, sa fille et sa petite-amie. Je souris au musicien.

-C’est une bonne idée.

Ensuite, la conversation tourna sur la fille de Sniper et sur Livia ce qui raviva mon intérêt. Sniper parla des blessures qu’avait subies Livia même s’il pensait bien que les blessures psychologiques étaient encore plus profondes que celles qu’il y avait sur son corps. Je confirme. Ou, tout du moins, je l’espérais. Parce que ça faisait partie de mon plan B : que, même retrouvée, Olivia fasse encore souffrir son entourage à travers sa propre souffrance. Je pris un air profondément concerné (c’était si facile d’avoir l’air concerné sans l’être).

Carolyn disait que le temps soignait les blessures, un peu comme Sniper l’insinuait aussi. Je crois plutôt que le temps fait qu’on supporte mieux la douleur mais que les blessures ne se soignent jamais vraiment. C’est mon avis. Sinon, les gens ne passeraient pas leur temps à se venger. Mais je gardais mes commentaires pour moi alors qu’Evan disait que c’était un peu pareil pour moi avec mon agression.

-Non, je ne risque pas de l’oublier…

C’était clair !

-Mais c’est vrai que ce n’est pas pareil. Ce qu’a vécu Livia est pire. Etre enfermé pendant plusieurs semaines sans être sûr de rentrer un jour, ça doit être horrible.

Elle avait vécu un calvaire. Mais ça aurait pu être pire. J’avais fait en sorte que ça soit moins pire. J’avais fait en sorte qu’elle ait toujours une lueur d’espoir dans le simple but qu’elle ne s’attache plus qu’à moi.

Sniper se leva alors embrassant Carolyn sur la joue en disant qu’il était temps pour lui de rentrer. Je crois qu’il voulait nous laisser seuls maintenant que Carolyn était là. C’était une bonne idée.

Carolyn le salua et je levai la main pour lui faire signe.

-A la prochaine, Sniper. C’était un plaisir.

J’avais dit ça en essayant d’y mettre une peu d’enthousiasme mais j’étais tellement fatigué que de jouer l’enthousiasme n’était pas des plus faciles.

Carolyn le raccompagna jusqu’à la porte alors que je n’avais pas trouvé la force (ni l’envie) de m’extirper du fauteuil.

Carolyn revint alors vers moi, son bébé toujours sur le bras. Et elle me proposa un bain, à moins que je ne préfère aller dormir. Je suis dégouté à vie des bains. A.J. m’avait fait des bains tellement froid que j’en avais frissonné quand Carolyn avait dit le mot « bain ».

Pourtant, j’en avais envie. Mais avec Carolyn ! Et avec de l’eau bouillante !

Je souris et me levait en utilisant les quelques forces que j’avais encore. Je m’approchai d’elle pour poser mes mains sur ses hanches Lucky entre nous deux.

-Un bain, c’est pas si mal… Tant que l’eau est bien chaude. Tu viendrais avec moi ?

Je soufflai ça la regardant dans les yeux.

-Je n’ai pensé qu’à toi à l’hôpital. Ça m’a permis de tenir. Je crois que… Ça a confirmé ce que je ressentais.

Et, maintenant, je voulais savoir si, pour elle, c’était la même chose ou si elle en était encore à faire le deuil de Cort. Si c’était encore le cas, alors, je crois que c’est une thérapeute qu’il lui fallait… A.J., par exemple ? Non… Très mauvaise idée.

Mes mains glissaient presque de ses hanches sur ses fesses.

@ Billy Lighter

Il était temps pour Sniper de rentrer chez lui et je le raccompagnais à la porte, toujours en tenant Lucky  dans mes bras. Puis, je retournais au salon, là ou Ed était toujours, blême comme pas possible. Étrangement, maintenant que je suis seule avec lui, je ne sais plus où me mettre au point où je cherche à le caser quelque part, dans le bain ou dans son lit, pour qu’il puisse se reposer et  me laisser trouver la bonne façon de lui parler de ce que je ressens.

Debout devant lui, je ne savais quoi lui répondre, cherchant la façon la plus diplomate de lui expliquer que mes sentiments pour lui  n’iraient pas au-delà de l’amitié. Je n’avais pas envie de lui briser le cœur, surtout pas avec l’épreuve qu’il vient de traverser.  D’un autre côté,  je sais que je ne suis pas amoureuse de lui, mais de Jake et je n’ai pas non plus envie de jouer la comédie, ni de me moquer d’eux.

Ed sembla déployer un effort surhumain pour se lever et me rejoindre, plaçant ses mains sur mes hanches, me rendant un rien de plus inconfortable et avec ce qu’il ajoute, comme quoi il n’a fait que penser à moi à l’hôpital… bon sang ! Si je pouvais me liquéfier pour me cacher sous le parquet du salon, je le ferais !

Je m’éclaircissais la gorge en reculant d’un pas, dans un geste que je voulais naturel, et je plaçais Lucky dans sa berçante. Il ne tardera pas à s’endormir maintenant qu’il a l’estomac plein !

- Ed… pendant ton absence, j’ai beaucoup réfléchis et je…  j’ai…

Si j’ai autant de mal à lâcher le morceau c’est que je sais exactement ce que cela fait de se faire briser le cœur la souffrance que l’on peut ressentir quand la personne qu’on aime nous rejette. En plus, nous vivons ensemble, j’ai vraiment peur de perdre son amitié et tout ça c’est de ma faute. Jamais je n’aurais dû me laisser aller la première fois et compromettre  notre cohabitation. Ed est un homme bien avec qui j’adore partager mon quotidien mais ça s’arrête là.

- Je ne partage pas les même sentiments que toi… j’ai voulu nous donner cette chance mais ça n’a pas fonctionné de mon côté.

Je suis navrée de la situation, non pas de comment ont évolués mes sentiments. Je ne peux pas être désolée d’être tombée amoureuse de quelqu’un d’autre mais ça, je ne crois pas que je doive le lui dire tout de suite d’autant plus que je ne suis pas encore certaine de ce que ressent Jake de son côté. Il m’a laissé entendre que c’était fort possible mais nous ne formons pas un couple.  Rien ne sert de se précipiter et je suis parfaitement bien avec ça.

- Je veux continuer d’être ton amie, de prendre soin de toi aussi… si tu acceptes mon aide et mon amitié, bien entendu.  Je peux comprendre si ce n’est pas le cas.

Je me rends compte que, même avec Eddy, peu importe ce que la personne peut ressentir pour moi, mon désir le plus profond est de continuer de prendre soins de ces gens. La situation avec Ed et Eddy est différente, l’un est amoureux de moi l’autre me déteste profondément n’empêche que l’un comme l’autre, je ferais tout pour les aider aux meilleurs de mes capacités.

- Je peux quand même te faire couler un bain et te préparer un bol de céréales ensuite…  je ferai ton lavage pendant que tu te repose.

J’en fais trop, j’en ai conscience. C’est comme si je voulais me décharger de mon sentiment de culpabilité en lui rendant son retour le plus confortable possible.

@ Billy Lighter

Sniper parti, Carolyn me laissa le choix sur la suite du programme. J’avais envie de savoir si elle avait oublié son imbécile d’ex alors je m’étais levé pour lui souffler que je voulais bien un bain et lui proposai de venir le prendre avec moi. J’y ajoutai une petite couche de mièvrerie en disant qu’à l’hôpital, je n’avais fait que penser à elle… Alors que pendant toute ma convalescence, j’avais surtout pensé à survivre. Et j’avais aussi pensé à Livia et à ce qu’elle pouvait bien penser, maintenant.

Je penchai légèrement la tête sur le côté quand Carolyn se déroba à ma presque étreinte pour mettre Lucky dans sa berçante. Elle ne semblait pas aussi enjouée qu’Ed pouvait l’être. C’était peut-être signe qu’elle était, encore et toujours, amoureuse de Cort, ce looser de service. Les femmes étaient comme ça… Elles aimaient soit les loosers, soit les bad-boy. Dans les deux cas, elles finissent toujours déçues et se demandent après pourquoi ce qui est complètement stupide.

Le problème d’Ed, c’est qu’il n’était ni l’un, ni l’autre. A croire que j’aurais plus gagné à être moi-même. Pas une vrai moi-même mais un moi-même un peu adoucis.

Carolyn disait avoir réfléchit. Elle était hésitante. Au point que j’en perdais un peu patience.

-Et ?

Je m’attendais à un : « et je ne suis pas encore prête, j’aime toujours Eddy Cort même s’il préfère sa bouteille de bière à moi ». Mais ce ne fut pas ça. Ce fut pire que ça. Elle disait ne carrément pas ressentir ce qu’Ed ressentait pour elle.

Mon envie, là tout de suite, était de lui dire une réponse cinglante du genre : « et il t’a fallu autant de temps pour t’en rendre compte ? ». Mais je me retins parce que ça aurait pu rendre ma défaite encore pire. Parce que c’est comme ça que je prenais la chose : comme une défaite. Parce qu’avec Carolyn, je prenais tout ça comme un jeu. Une sorte d’entrainement. En plus d’avoir un endroit où me réfugier quand je devais me cacher.

Mais je ne devais pas n’énerver même si c’était difficile de ne pas, au moins, serrer les poings. Je pouvais encore transformer cette défaite en victoire. Peut-être pas aujourd’hui, mais plus tard peut-être. Quand Carolyn se rendra compte que personne ne veut d’une fille indécise qui se trimballe un gosse en bas-âge avec elle. Personne ne veut d’une fille comme ça. Enfin si… Les loosers, peut-être… C’était ce genre de profil que s’accrochait à ma mère avec de la larguer sans concession parce que je l’avais décidé ainsi.

Quand Carolyn se rendra compte qu’il n’y a qu’Ed, elle reviendra vers lui.

En attendant, je pris un air à la fois triste et déçu. Même si, à l’intérieur, je bouillonnais. Elle disait vouloir continuer à être ami. Classique. Et elle disait qu’elle comprendrait si je ne voulais plus être son ami. Carolyn était comme ça. Elle acceptait de prendre des coups en se disant à elle-même qu’elle les avait mérités.

Donc en plus d’être une fille à looser, elle semblait aussi être une fille à bad-boy… Pas un gentil bad-boy… L’autre type de bad-boy.

Je ne dis rien encore la laissant me dire qu’elle pouvait quand même aller me faire couler un bain ou même me préparer un bol de céréales comme si ça pouvait soigner le pauvre cœur brisé d’Ed. Ou la rage de Ward, c’est selon.

-Je… Ne m’attendais pas à ça.

C’était vrai. Je ne m’attendais pas à ça. Je croyais ma stratégie sans faille. Et je détestais voir qu’elle en avait.

-Mais je comprends… Je ne peux pas t’obliger à partager mes sentiments. Mais… Je n’arriverais pas à faire changer les miens. Pas tout de suite en tout cas.

Ouais, laisse le pauvre Ed digérer comme toi, il t’a fallu cent ans pour digérer ta foutue rupture avec ce looser de Cort.

Je souris un peu. D’un sourire triste mais un sourire quand même.

-Je ne veux pas que notre amitié change. Je ne veux pas perdre ça.

J’ai déjà assez perdu pour toute l’année, là !

-Et… Je crois que je vais aller dormir, finalement. J’en ai besoin. Je ne tiens plus debout.

Je regardai vers la berçante de Lucky avant de tourner les talons pour aller vers ma chambre.

@ Billy Lighter

Je voyais bien qu’au fur et à mesure que je parlais, Ed perdait du peu de brillance qu’il avait dans le regard. J’étais entrain d’éteindre sa flamme et je m’en sentais horriblement coupable. Seulement, nous étions d’accord dès le début que nous voulions prendre notre temps pour justement éviter la dérape et Ed n’avait même pas fini d’encaisser l’orgasme la toute première fois que nous avons fait l’amour pour me dire qu’il m’aimait !

La pression est devenue énorme dès ce moment là.  Je ne m’attendais pas à une telle confession aussi rapidement et je crois, c’est bien ce qui est triste, que c’est cet aveux qui m’a refroidis. À ce moment là il n’était question que de se faire du bien, entre adulte consentant et de voir là où ça pouvait nous mener. Et puis j’étais encore amoureuse d’Eddy, tout pour compliquer l’histoire.

Ça me désole et ça me blesse que de devoir lui briser son espoir. Seulement, Ed est un type fier qui ne veut pas justement tout laisser transparaître. Bien qu’il avoue comprendre, il admet aussi qu’il ne s’y attendait pas.

- Je comprends…

J’hésite à lui dire que je sais très bien ce qu’il traverse parce que je l’ai vécue avec le père de mon fils mais je préfère me taire puisque personne ne vit une situation de la même manière. Et je ne veux pas et je ne peux pas comparer. Ce serait de mauvais goût.

Il força un sourire qui ajouta à mon malaise, en disant qu’il ne voulait pas lui non plus perdre notre amitié. C’était ma crainte première au tout début, au moins, là, je suis légèrement soulagée en me disant que notre amitié pourra peut-être être sauvée.

- Je vais te laisser le temps de digérer… la nouvelle. Si tu as besoin de quoi que ce soit… je suis là.

Mais pour tout de suite, Ed préféra aller dormir plutôt que le bain qu’il avait souhaité initialement. Je le laissais donc aller dormir, valait mieux laisser les choses aller plutôt que de forcer quoi que ce soit. Peut-être qu’avec un peu de chance, la complicité que nous avions avant notre premier dérapage renaîtra d’elle-même.

Je le souhaite de tout mon cœur.

@ Billy Lighter