J’ai tué ma petite-amie…

Cette phrase ne cessait de revenir, encore et encore dans ma tête alors que le sentiment que j’avais ressenti quand A.J. m’avait claqué entre les doigts ne semblait pas vouloir me quitter…

Pourtant, il avait fallu que je garde les idées claires. Très claires… Parce que je n’avais rien dû laissé au hasard…

D’abord le corps… J’avais dû me débarrasser du corps… Pour ça, j’avais réussi à amener A.J. dans le coffre de ma voiture. J’avais dû attendre la nuit pour ça ce qui m’avait permis de ne plus laisser aucune trace de moi chez Carolyn. Heureusement, on était dans l’Eastside… Ça facilitait les choses… Ensuite, j’avais roulé loin… Très loin… Jusqu’à trouver l’endroit parfait pour l’enterrer… Je l’avais fait… Puis, je suis resté devant le trou rebouché pendant de longues secondes avant de retourner à L.A.

Puis, tout s’est enchainé…

J’ai été à l’appartement d’A.J. et j’y ai tout repris. Absolument tout ce qui avait à voir avec notre relation. Les photos mais aussi le bouquin où elle avait écrit mes révélations sur Reed et Ricci. Tout. Et j’avais tout embarqué avant de faire la même chose à son cabinet sur Downtown. Il ne fallait pas oublié que j’avais formé A.J. et que, donc, il se pourrait qu’elle ait semé des cailloux qui pourraient m’être fatal.

Et j’avais eu raison de faire tout le tour.

Parce que quand je suis arrivé à entrer dans son bureau au Hollywood Mental Health Center (en me faisant passer pour un patient pour entrer dans le bâtiment et en attendant que le voie était libre pour entrer dans son bureau à l’aide de la clé que j’avais trouvé chez elle), j’y ait trouvé une lettre. Une lettre où A.J. me liait à beaucoup trop de choses à mon goût… Une lettre où elle me balançait en même temps que Reed et Ricci… Comme si elle avait prévu de mourir le jour même où je l’avais tué… Comme si, tout avait été prévu. Comme si j’étais tombé dans son piège.

Savoir ça ne fit que renforcer l’horrible sentiment que j’avais depuis mon dernier meurtre.

Je n’aimais pas ça. Je n’aimais pas ça du tout !

J’ai pris la lettre… Puis je suis retourné à Santa Monica, dans mon appartement prévenant deux de mes hommes pour qu’ils surveillent la zone devant mon appartement.

J’ai rangé mes affaires. Toutes mes affaires. Bien comme il faut… J’avais gardé deux d’A.J. aussi dans une caisse sauf la lettre et la couverture du bouquin que j’avais brûlé.

Après avoir tout rangé… J’ai fait les cent pas. Encore… Et encore… Pendant plus de deux heures… A essayer d’oublier son regard quand elle est morte. A essayer de me convaincre que c’était de sa faute si elle était morte.

Car oui ! C’était de sa faute !

Mais impossible. Je n’y arrivais pas… Et ça me rendait dingue. Dingue au point que je perdis complètement le contrôle en mettant mon appartement sans dessus dessous…

Et quand ce fut terminé. Quand il n’y eu plus rien n’à briser… Je me suis laissé tomber dans le fauteuil, mes poings en sang tellement ils avaient rencontrés des murs… Et je suis resté là encore des heures après avant de finalement m’endormir.

Et quand je me suis réveillé, je n’allais pas mieux. Les jours qui suivirent non plus… Je n’arrivais pas à me défaire de ce sentiment qui me faisait mal au point que j’utilisais des anti-douleurs pour ne rien sentir.

Il fallait que ça cesse !

Il fallait que je comble ça par autre chose…

Et j’ai trouvé cet autre chose…

J’ai mis une annonce dans les journaux. Une proposition de colocation… Qui résisteraient à une colocation à Santa Monica pour la somme dérisoire de 500$ par mois ? Personne apparemment, vu le nombre de coup de fils que j’ai reçu juste après.

Mais sur tous les coups de fils, il n’y en a qu’un qui a retenu mon attention. Celle d’une femme. Elle s’appelait Sky… C’est sa voix et sa façon de parler qui m’ont décidé à lui donner rendez-vous chez moi pour une visite. J’ai rejeté tous les autres. Absolument tous les autres.

C’était elle que je voulais.

De moi, je n’ai donné qu’une chose… Mon nom : Ward. Parce que je voulais qu’elle m’appelle Ward. Fini les Ed… Ed est mort au moment où Carolyn l’a rejeté. Tout comme Samantha m’avait rejeté.

Et je ne voulais plus qu’on me rejette comme ça. Je n’aimais pas ça. Alors, maintenant, je jouais avec mes règles. Ça serait moi celui qui fait la demande. Ça sera à Sky de me montrer qu’elle en est digne. Ça sera moi qui aurais le pouvoir du rejet !

Une fois le rendez-vous pris, j’ai rangé l’appartement ne laissant aucune trace du carnage que j’avais fait. J’ai mangé mes céréales avant de reprendre quatre anti-douleurs. Parce que j’avais toujours mal d’avoir tué la seule femme que j’aimais dans un accès de colère. Moi, Ward… Moi qui, d’habitude, contrôle tout.

Après ça, j’ai attendus…

Et quand la sonnette de l’appartement a retenti, je suis allé ouvrit.

-Bonjour Sky.

C’est ce que je dis une fois la porte ouverte sur une jeune femme aux cheveux bruns et aux yeux bruns.

Comme moi.

Je lui souris avant de m’écarter un peu.

-Tu veux entrer ?

Elle devait entrer. Elle devait rester.

@ Billy Lighter

Mon petit ami et moi c’est définitivement terminé ! Je n’ai pas vraiment de chagrin, c’est plutôt comme une délivrance. Il avait tendance à boire beaucoup  et devenir agressif après quelques verres.  Nous avons été longtemps comme ça, à s’aimer puis à rompre puis à reprendre et se laisser à nouveau. Cette fois-ci, c’est terminé pour de bon je le sais. Disons que de le surprendre au lit avec sa patronne fut un très bon indice de rupture définitive.

Le problème, c’est que je ne possède pratiquement rien, sauf mes vêtements, quelques disques et truc personnel  et que l’appartement dans lequel je vivais était le sien. J’ai attendu que son amante quitte pour aller récupérer mes affaires. Assez humiliant que de rester assise sur le plancher du couloir de notre pallier avec comme bruit de fond, leur ébats peu discret.

En attendant de me trouver un appartement que je saurai payer avec mon maigre salaire, je dors dans ma voiture. Ce n’est pas le grand confort mais je sais que c’est une situation temporaire.  Tous les jours, je vais dans un petit café et je regarde les annonces, sait-on jamais que je trouverais un miracle au travers tout ce qui s’affiche !

Et bien, il faut croire que qu’ils existent, parce qu’une annonce a fini par être publiée !  On demande une personne intéressée à de la colocation pour la somme de 500$ par mois ! Après l’avoir entouré au feutre rouge, je m’étais ruée sur le téléphone mit à la disposition des clients et j’avais prit un rendez-vous avec l’annonceur, après quoi, je m’étais commandé un bol de Cap’N Crunch pour célébré ma possible reprise en main !

Le jour de la visite, j’étais nerveuse comme pas possible !

Je voulais à tut prix cet appartement parce que je n’en pouvais plus de dormir dans ma voiture et parce que ce n’est pas pratique pour  le travail de ne pas avoir de domicile fixe.  Je me suis donc présentée à l’heure convenu avec tout ce que j’avais comme papier de références. Pas grand chose ais ça devrait suffire pour une colocation.

L’homme à qui je m’étais adressé au téléphone m’ouvrit la porte en me saluant par mon prénom. Je souriais, timide et tendis poliment la main.

- Bonjour ! Vous êtes Ward ?

Mais il s’écarta plutôt que de me serrer la main et me demanda si je voulais entrer.

- Heu… Oui, pour visiter, ce sera mieux si j’entre.

Ward est ténébreux, grand et mystérieux. Il me fait un peu peur  pour une première impression, je sens bien que j’entre en son territoire.  Il fait un effort pour m’accueillir mais ça ne semble pas être son choix. Peut-être une rupture amoureuse lui aussi et il doit  trouver un plan B pour pallier au manque de revenu. Je suis habituée d’être le plan B, voir même D,E ou F alors ça ne me dérange pas plus que ça.

- C’est… chaleureux.

En fait, c’est sombre et très masculin.  Mais puisque je cherche surtout qu’à mettre un toit au dessus de ma tête, je me fiche un peu de la décoration. Et qu’il soit minimaliste m’arrange parce que je n’aime pas faire le ménage et devoir déplacer pleins de trucs qui ne font que ramasser la poussière, c’est une plaie !

- Tu me fais visiter en me parlant de l’endroit ?

@ Billy Lighter

Sky affichait un sourire timide mais un sourire quand même. Elle me tendit la main demandant si j’étais bien Ward. J’imagine que c’était pour la convenance. Autant pour la main qu’elle me tendait que pour sa question.

-Oui. Je suis bien Ward.

Et personne d’autre. Je souriais toujours mais au lieu de lui serrer la main dans un geste qui n’aurait pas été suffisamment naturel parce que trop téléphoné, je préférai m’écarter pour la laisser entrer. Je ne voulais pas passer par toutes les cases habituelles comme le vouvoiement. Je voulais briser les distances inutiles directement. Et quand je lui demandai pour entrer, elle déclara que pour visiter, c’était mieux ce qui m’arracha un petit sourire.

-C’est pas faux.

C’est même d’une logique implacable et j’aimais ça. J’aimais ça autant que sa voix et que son regard. Elle finit par entrer dans le salon qui était ouvert sur la cuisine. L’appartement n’était pas très grand mais il était moderne et bien situé d’où son loyer assez élevé. Même si Sky, elle, ne payera qu’un quart des 2000$ que je payais chaque mois.

Elle trouvait l’endroit chaleureux. Non, là par contre, je n’y croyais pas une seule seconde. Mais je souris quand même d’un petit sourire.

-Ah oui ? Pourtant, je n’ai même pas accroché un seul cadre… Je n’ai jamais été doué pour décorer alors je ne préfère rien mettre.

Contrairement à A.J… Elle, elle savait décorer. Il suffisait de voir comment était décoré son appartement. C’était un petit bijou… Y pensé fit disparaitre mon sourire alors que me regard se perdit à nouveau dans le vide et que la douleur qui avait un rien disparu à l’entrée de Sky ici revint directement. Puis, elle repartit tout aussi vite quand Sky reprit la parole pour que je lui fasse visiter. Je souris à nouveau.

-Oui, je te fais visiter… Comme tu vois, il y a une cuisine… Et un salon…

Ouais, ça je crois qu’elle avait vu.

-Ce n’est pas très grand… Mais assez pour deux.

Je lui fis signe de me suivre et ouvrit la porte de la salle de bain.

-Là, c’est la salle de bain. Pas grand non plus… En fait, ici, rien n’est vraiment grand. Sauf les chambres. Les chambres sont pas mal.

Et c’est vers la chambre de Sky que j’allais. Dedans, il n’y avait qu’un lit deux personnes, une garde-robe, une table de nuit et un bureau. C’était minimaliste aussi et ça n’avait encore jamais été utilisé depuis que j’avais emménagé.

-Et ici, ça sera ta chambre.

Je disais ça en l’invitant à entrer pour qu’elle en fasse le tour.

-C’est déjà meublé. Tu n’auras pas à faire amener tes meubles ou à en acheter. Ce qui fait qu’on a fait le tour en dehors de ma chambre… Sinon, il n’y a rien n’à dire sur cet endroit. A part que ce n’est pas très loin de la plage ce qui est assez cool.

Enfin, si, il y avait quelque chose à dire en plus.

-Enfin, si, il y a bien une petite anecdote… La précédente propriétaire était Apolline McLagan. Elle habitait ici avant de quitter The Burning Fire. C’est, en tout cas, ce que m’a dit le propriétaire. Maintenant, il a peut-être dit ça pour que je m’installe absolument ici.

Je rigolai un peu avant de regarder Sky en souriant.

-Alors ? Elle te plait cette chambre ?

Je voulais qu’elle lui plaise. Je voulais qu’elle emménage ici.

@ Billy Lighter

Je fis immédiatement la rencontre de Ward, celui qui proposait une chambre dans son appartement. Au prix qu’il demandait, c’était une chance que j’ai pu me rendre jusqu’à la visite de l’appartement en question car dans le secteur il n’en pleut pas !  J’espérais faire une plutôt bonne impression, assez pour qu’il songe me prendre sous son toit.

Ward est un très bel homme au premier coup d’œil. Il me fait beaucoup penser à mon ex mais il a clairement un truc de plus et de beaucoup mieux mais je ne saurais pas dire quoi, je le découvrirai peut-être au fil de notre cohabitation si le projet se concrétise, ce que j’espère beaucoup.

Je lui tendis la main mais il ne saisi pas l’occasion et ça me rendis tout de suite un petit peu méfiante, un chouya, pas de quoi en faire un drame mais il n’y avait rien de malveillant à mon geste que je pensais être de coutume.  L’homme n’a-t-il pas évolué depuis la préhistoire en développant des gestes universels pour se saluer ? Peut-être que je pourrais lui sentir le derrière,  ce serait  drôle.

Il est probablement timide ou échaudé par la gente féminine. Il craint peut-être les germes ou alors il sort des toilettes et ne s’est pas lavé les mains. Enfin, les raisons sont multiples et moi je réfléchis beaucoup trop.  J’entrais donc puisque pour visiter l’endroit, c’est encore ce qui est le plus pratique et je décrivis ma première impression de l’endroit comme chaleureux alors que c’est tout le contraire.  J’ai dit ça comme ça, pour trouver un truc à dire, pour casser la glace comme on dit.  Ward me démasque, du moins, il souligne le fait qu’il n’est pas doué pour la décoration, ce que j’avais remarqué et que donc, il n’a pas réellement décoré.

- Je crois que j’ai dit ça comme ça, parce qu’en fait c’est très dénudé, en effet.

Je rigolais, timidement.  Je n’aime pas mon rire parce qu’on m’a souvent dit que je riais comme une chèvre !  Il faut savoir que j’ai une toute petite et douce voix et que, souvent même, quand on reçoit un appel à la maison, on me demande si ma maman ou mon papa est là pour qu’ils puissent prendre l’appel. Je perds toute crédibilité au moment de me fâcher avec cette voix !

Je suivis Ward qui commença la visite par l’évidence de ce que je voyais déjà, soit, le salon et la cuisine puis je le suivis presque au pas de course jusqu’à la salle de bain que j’entrevu quand il ouvrit la porte avant de la refermer en disant que de toute façon ici, hormis les chambres, tout est petit mais suffisant pour deux.

- On se collera ! Heu… bien… pas dans le sens de se coller mais dans le sens de… se coller… misère !

Je voulais dire dans le sens de trouver de l’espace là où il n’y en a pas. Je ne possède pratiquement rien alors je n’encombrerai pas l’espace inutilement et je sais être discrète, je vivrai que dans ma chambre s’il le faut sauf… sauf pour quand je devrai aller à la salle de bain ou me faire cuire un truc.  Je le suivis ensuite vers ce qui sera ma chambre.

- C’est…

Un lit grand pour deux, un placard, une table de nuit un bureau…

- C’est parfait !!!  

J’étais émue et excitée ! J’avais peut-être sous les yeux mon petit sanctuaire, mon  cocon à moi que je pourrais décorer à mon goût et y mettre une plante verte, pourquoi pas ! Bon je sais qu’elle ne survivra pas à mes talents de botanistes mais ce serait quand même   mon petit coin à moi. Je viens de tomber en amour et je n’arrive pas à quitter l’endroit des yeux alors qu’il me raconte qu’avant d’être chez lui, c’était l’appartement de…

- Apolline qui ?

Moi et les noms, ça fait deux ! Voir trois, et même quatre !  Mais bon tant pis pour cette nana, c’est moi qui aurai la chance de m’installer ici. Ward me demanda si la chambre me plaisait et je me retournais vers lui pour spontanément lui faire une franche accolade.

- Oh oui ! Vraiment beaucoup !!  Quand est-ce que je peux emménager ? Parce que j’ai tout dans ma voiture, je dors dedans…

Je n’essaie pas de jouer la carte de la pitié, je sais que je fais pitié mais je vis très bien comme ça, c’est temporaire.

@ Billy Lighter

Oui, c’est très dénudé. C’était plus proche de la vérité comme remarque. J’esquissai un petit sourire alors qu’elle rigola d’un petit rire qu’elle essayait de cacher. Elle avait une voix douce que j’aimais bien. Et, maintenant que je l’avais en face de moi, il n’y avait pas que sa voix que j’aimais bien. C’était une jolie fille. Tout à fait mon type… Même si, au final, j’avais plusieurs types. Il suffisait de regarder mes conquêtes… A.J. était blonde aux yeux bleus alors que d’autres de mes conquêtes étaient des latinas. Donc, rien n’à voir... Sky ne ressemblait ni aux latinas, ni à A.J.. Mais elle était mon type quand même.

On finit par entamer la visite. Il n’y avait pas grand-chose à visiter. L’appartement n’était pas spécialement grand et c’est ce que je dis à Sky après avoir visité la salle de bain. Elle déclara qu’on se collera avant de se reprendre. Enfin, d’essayer de se reprendre. J’esquissai un petit sourire. Il y avait d’autres sens à « se coller » ? Je ne savais pas… Je l’apprenais à l’instant. Pour moi « se coller » n’avait qu’une seule définition. Bien que j’imaginais qu’elle parlait plutôt de nos affaires que de nous.

-Ne t’en fais pas. J’ai compris ce que tu voulais dire.

On passa à la chambre de Sky. Je la laissai prendre ses marques avant de lui demander si ça lui convenait. Elle commença sa phrase… Avant de la terminé en déclarant que c’était parfait. Je lui souris franchement. C’était déjà ça.

-Tant mieux. Elle sera à toi, alors.

J’entendais dans sa voix qu’elle était réellement contente. Elle vivait où avant ? Dans un taudis ? Parce que cette chambre n’avait rien de réellement spéciale. Ok, elle était grande et bien meublée mais, en dehors de ça, ça ne cassait rien.

Mais pour Sky, ça semblait être beaucoup. Comme si elle n’avait rien…

C’était intriguant. Mais j’en apprendrais sûrement plus au fur et à mesure. Je devais rester patient… C’est mon impatience qui avait grillé mes chances avec Carolyn.

Je finis par parler un peu plus de l’endroit et de son ancienne propriétaire qui n’était autre qu’Apolline Mclagan. Un nom qui ne semblait rien dire à Sky.

-Mclagan. L’ex guitariste de The Burning Fire. Tu sais, la fille qui sortait avec le loos... Heu, le batteur Howard Stone… Tu lis L.A.People ?

Tout le monde, dans cette ville, lisait L.A.People. Et si Sky me disait qu’elle ne le lisait pas. Alors, j’étais réellement tombé sur la perle rare.

Ma langue a failli fourcher… Même si j’en gagnerais peut-être beaucoup à expliquer à Sky que j’ai passé mes années de primaire avec Stone…

Mais on revint vite à la chambre et à mes questions, Sky se tourna vers moi pour me faire l’accolade.

Je ne m’y attendais pas… Alors, je me raidis dans un premier temps. Avant de me détendre pour passer, plus spontanément, ma main dans son dos.

Elle aimait. Elle demanda quand elle pouvait emménager avant de dire qu’elle dormait dans sa voiture. Je m’écartai légèrement d’elle pour mieux la voir et penchai légèrement la tête sur le côté.

-Tu dors dans ta voiture ? Tu t’es fait expulsée de chez toi ? Ça ne doit pas être très confortable… Même si, tu as au moins la chance de pouvoir choisir ton quartier dans ces conditions...

Elle pouvait dormir à Beverly Hills, si elle le voulait avec sa bagnole. Même si ça restait clairement inconfortable.

-Tu peux emménagés tout de suite. Tu peux considérer cette endroit comme le tien à partir de maintenant.

Je souris.

-Je vais t’aider à monter tes affaires. Après tu n’auras qu’à me parler un peu de toi. Parce qu’on va devoir se coller alors autant se connaitre un peu tant qu’à faire.

Je regardai vers le salon avant de sourire à Sky.

-On commence par tout monter et puis on se prend un verre ? T’en dis quoi ?

C’était ce que je voulais faire. Prendre un verre et savoir qui était Sky.

@ Billy Lighter

Je ne sais pas à quoi je m’attendais en visitant ma chambre mais clairement que je ne pensais pas être autant émue d’avoir peut-être trouvé un endroit pour moi. Je n’ai jamais eu de chambre rien qu’à moi. Soit je partageais un dortoir, soit une chambre avec d’autres enfants placés en famille d’accueil comme moi ou alors, ensuite, je me suis retrouvé avec un petit ami et c’était son appartement à lui donc sa chambre, sa déco, ses affaires et surtout, son territoire, rien pour franchement m’y identifier.  Mais j’étais amoureuse, alors  je me disais que ce n’était pas si important.

Au contraire, avoir son endroit bien à soit est primordial. De le quitter m’a fait comprendre que j’avais ma propre identité et que jamais personne ne devrait être plus importante pour moi que moi-même.

Ward me parle de l’histoire de l’appartement, qu’il appartenait avant à Apolline Mclagan, ex guitariste de The Burning Fire. Bon apparement cette fille là sortait avec un loo… ser ?, batteur  Howard Stone.  J’essais de placer ce monde là dans ma tête mais moi, pour dire vrai, je ne suis pas fan de vedettariat.

- Je le lis s’il y en a un exemplaire dans une salle d’attente.

La dernière fois j’ai mis la main sur un exemplaire datant d’octobre 1979.  J’imagine que les nouvelles n’étaient plus d’actualité mais je me souviens très bien que la couverture montrait Billy Lighter et Savannah Osborne.

- Je préfère lire des romans de fictions.

Je ne savais pas si je perdais des points auprès de mon possible future colocataire puisque dans cette ville ou règne les Stars, ça semble être presqu’une religion que de s’intéresser à leur vie privée.

Sous le coup de l’émotion, je ne pu retenir un geste spontané et j’enlaçais Ward mais plutôt que de me repousser il plaça amicalement sa main dans mon dos.  Je sentais que le courant passait plutôt bien entre nous  ce qui était une très bonne chose.  Et puis ce geste m’encourage à lui demander quand est-ce qu’il serait possible pour moi d’y emménager. Je suis prête, n’importe quand puisque tout ce que je possède se trouve dans ma voiture.

- En fait… oui et non… J’ai surpris mon petit copain au lit avec son amante. Alors j’ai attendu qu’ils finissent, assis dans le corridor de notre immeuble, pour aller récupérer mes affaires.  C’est pas si mal, hein.

Notre couple était voué à l’échec, je refusais simplement de l’avouer probablement par peur de me retrouver devant l’inconnu.  Il aura fallut cet évènement pour me donner le cran d’agir. Loin d’être confortable, comme il le dit, au moins, dans ma voiture, je m’évitais l’humiliation d’être la fille cocue qui s’accroche.

- Tu serais vraiment gentil de m’aider avec mes affaires. Pas que j’en ai beaucoup mais si on peut éviter de faire quelques allées-retours,  ce sera ça de gagné !  

J’acceptais la proposition de parler tout en allant vider ma voiture puis aussi celle du verre quand ce sera fait. Il aura peut-être besoin d’un verre pour avaler la pilule que je m’apprête à lui faire avaler.

Ça ne prend pas beaucoup de temps pour vider complètement ma voiture, donc pas beaucoup de temps pour une discussion approfondie, et je ne suis pas plus pressé que ça de suspendre mes vêtements dans le placard et de mettre mes livres dans la petite bibliothèque au dessus du bureau de ma chambre.

Une fois au salon, je prends le verre qu’il me propose et j’en bois  quelques petites gorgées.

- J’étais avec ce type depuis trop longtemps, en fait, dès le début de notre relation c’était déjà trop.  Tu sais, je genre de relation toxique où on fait que se détruire.  Il me pourrissait mon air et je devais probablement lui pourrir le sien.  Et heu… ces derniers temps, je n’ai pas beaucoup travaillé et donc…  je ne sais pas si j’aurai assez sur mon compte pour payer mon premier mois ici…

La petite pilule larguée, je m’attendais un peu à ce qu’il se renfrogne et me pète un câble en me disant que c’était le genre de détails que j’aurais dû mentionner AVANT qu’on entre mes trucs chez lui mais peut-être qu’il ne serait pas contre le marchandage.

- Je pourrais faire le ménage et préparer les repas… ou plutôt ta lessive ! Parce que je ne sais pas vraiment cuisiner, les Cap’N Crunch pour moi c’est tout ce qu’il me faut pour combler mon groupe alimentaire !

Je crains qu’il ne découvre avoir fait un bien mauvais choix et qu’il ne commence à regretter.

@ Billy Lighter

Sky n’était donc pas une fan de people. Ni de The Burning Fire, apparemment. Elle préférait les romans de fictions. Donc, la vraie littérature. Pas les phrases mal rédigées et bourrées de fautes des journalistes people. J’esquissai un petit sourire.

-Et tu as bien raison. Un roman de fiction, c’est toujours mieux qu’un torchon.

Moi, je lisais L.A.People parce que ça m’amusait. Mais je savais très bien que les stars ne valaient pas mieux que les autres. Ils étaient pareils. C’était des gens avec des faiblesses. Comme ceux qui n’étaient pas sous le feu des projecteurs. Je ne comprenais pas tous ceux qui les admiraient…

Sky, elle, était plus que satisfaite de la chambre au point qu’elle m’enlaça. Si ça m’avait surpris, j’ai adoré le geste. Bien plus que je ne l’aurais imaginé. Alors, je m’étais laissé faire avant d’apprendre que Sky vivait actuellement d’en sa voiture. Ce qui me poussa au questionnement. Et son histoire… Était classique. Pourtant, je ne pouvais pas m’empêcher, sur le coup, de trouver que son ex était un looser.

Ouais, le monde est rempli de looser.

Je penchai légèrement la tête sur le côté.

-Ton ex est un enfoiré. Il ne te méritait pas.

Et je le pensais. Réellement. Ce n’était pas une phrase complaisante que je disais juste pour attirer Sky dans mes filets comme je l’avais fait mainte fois avec Carolyn. Non. Là, je le pensais vraiment. Ce type est un enfoiré. Il ne voyait pas ce que j’ai vu en Sky au premier coup d’œil.

Je proposai donc d’aider Sky à monter ses affaires pour qu’elle emménage tout de suite. Je ne voulais pas attendre. Elle non plus. Alors, on s’y mit tout de suite et comme elle n’avait vraiment pas beaucoup d’affaires, on réussit à tout monter en très peu de temps.

Une fois ça terminé, je la laissai s’installer dans le fauteuil alors que je nous sortis une bouteille de whisky et deux verres. Je nous en servis un chacun avant de tendre son verre à Sky et de m’asseoir face à elle. Et elle commença à me raconter son histoire. Pas tout. Juste la partie avec son ex. Relation toxique. C’était ça qu’elle disait. Ils ne faisaient que se détruire. Je connaissais ça. Je ne connaissais que trop bien ça. Avec A.J., c’était ça. Je l’aimais. Elle m’aimait. On s’aimait trop. Si bien que ça a mal finit. J’hochai donc de la tête. Parce que je comprenais Sky.

Mais je ne m’attendais pas à ce qu’elle me dise, d’un coup, qu’elle ne serait pas capable de payer le premier mois de loyer. Elle avait du culot. Beaucoup de culot. Et elle était douée… Elle m’avait dit qu’elle dormait dans sa voiture… Que son ex l’avait trompé… Tout ça avant de me dire qu’elle ne saurait pas payer le premier moi.

C’était bien joué. Tellement bien joué que j’avais esquissé un petit sourire. Mais je ne dis rien… Je n’allais pas lui dire tout de suite qu’il n’y avait aucun problème avec le loyer.

Et, tout de suite, elle chercha une contrepartie. Elle voulait bien faire la vaisselle, la lessive… Bref, presque tout sauf la cuisine. Parce qu’elle ne savait pas cuisine. Pourquoi ? Parce que Sky n’avait qu’une seule religion : les Cap’N Crunch.

Je la fixai sans rien dire.

Les Cap’N Crunch.

Sky adorait les Cap’N Crunch.

-Les Cap’N Crunch… Tu ne fais que manger des Cap’N Crunch ?

Je penchai légèrement la tête sur le côté alors que j’assimilais l’information. Et, sans rien dire, je me levai avant de me diriger vers la cuisine qui ne faisait qu’un avec le salon. J’ouvris alors une armoire remplie de boite de Cap’N Crunch. Je me tournai ensuite vers Sky qui, de là où elle était, pouvait voir toutes les boites.

-Alors, tu ne risques pas de mourir de faim. J’aime les Cap’N Crunch.

Et je commençais à me dire qu’il n’y avait pas que les Cap’N Crunch que j’aimais…

Je revins vers Sky et repris ma place initiale avant de boire une gorgée de whisky.

-Je veux bien payer l’entièreté du loyer. Ça n’est pas un problème pour moi pour ce mois-ci.

J’esquissai un petit sourire.

-Et tu n’auras pas besoin de faire quelque chose en contrepartie. Même si…

Je regardai autour de nous avant de sourire un peu.

-J’avoue que je déteste faire le ménage…

Oui. Je détestais ça… La lessive, ce n’était pas encore trop chiant. Mais le ménage. Ça, ça l’était.

Je rigolai un peu.

-Et tu fais quoi comme boulot ? Pas cuisinière, apparemment…

Je rigolai un peu avant de la regarder dans les yeux cherchant à deviner d’avance ce qu’elle pouvait bien faire comme métier. Mais je n’arrivais pas à trouver. Serveuse, peut-être ? Non… Barmaid ? Peut-être… Secrétaire ou bien réceptionniste ? Difficile à dire…

@ Billy Lighter

Nous en venons à la même conclusion. Mon ex petit copain est un enfoiré de première catégorie qui ne me méritait pas ! Je vaux bien mieux que pareil connard, le fait est que je tombe toujours sur des connards, des dealers, des menteurs ou des manipulateurs ou pire encore,  tout ça en un seul type.  Avec le temps, j’ai fini par me dire que qui se ressemble, s’assemble, ça me semblait logique puisque  je vis toujours le même genre de relation malsaine.

Une fois ma voiture vidée et ma nouvelle chambre remplie, j’acceptais volontiers le verre de whisky que me proposais Ward avant de lâcher ma petite bombe. Ce n’était pas planifié, du moins si je ne m’étais pas sentis à l’aise de lui avouer mon léger manque  monétaire, j’aurais trouvé une solution pour apporter ma contribution mais il est déjà vraiment gentil de m’accepter que je me disais que ce serait moche que de commencer notre cohabitation en lui mentant.

Mais je peux marchander mon manque temporaire en accomplissant des tâches dans l’appartement, ce serait  mieux que rien et je me sentirais un peu moins nulle.  Le ménage et la lessive sont dans mes cordes bien plus que de cuisiner, quoi que je saurais me débrouiller en suivant bien les étapes dans un livre de recettes, le fait est que moi, j’adore les Cap’N Crunch au point où je ne mangerais que ça et je serais comblé !

Ward pencha la tête sur le côté et j’eu peur qu’il me dise de remballer mes affaires mais au lieu de ça, il se leva et se dirigea vers la cuisine. Je le suivais du regard sans trop comprendre où il voulait en venir avec son commentaire sur mes habitudes alimentaires puis j’éclatais de rire avant de pousser un WOW d’émerveillement en voyant dans son armoire de cuisine, pleins de boîtes de mes céréales préférées bien rangées !

- Oh ! Mon Dieu c’est trop parfait !  Tu ne mange que ça, toi aussi !! C’est un signe qu’on est fait pour s’entendre !

Je ne connais aucun adulte normalement constitué qui ne sait se contenter que de ces céréales pour se nourrir. Ward revint au salon et  pour mon plus grand bonheur, affirma qu’il pouvait se débrouiller avec les charges seul pour ce mois-ci tout en m’épargnant les tâches ménagères en contre partit bien qu’il ajouta qu’il n’était pas très porté sur le chiffon.

- Oh mais, je le ferai, le ménage ! C’est la moindre des choses et je te promets que si je réussis à trouver assez de sous pour payer ma part ce mois-ci, je le ferai !

Parce que je n’aime pas être redevable et que j’ai  en tête que les bons comptes, font les bons colocataires !

Ward laissa échapper un petit rire, mignon comme un petit chaton qui miaule avant de me demander ce que je fais dans la vie.

- Baby-sitter.  Je fais du gardiennage à domicile mais… comme je n’ai plus, je n’avais plus de domicile fixe, mes clients ne pouvaient plus me rejoindre. Je devrai me refaire des affiches et les placés partout dans la ville. Le mieux serait une annonce dans les journaux mais, c’est cher, c’est dingue ! C’est pour ça que je n’ai pas les sous nécessaire pour te payer mais si je retrouve mon ancienne clientèle, ça devrait aller vite.

Il faut voir les choses de façons positives !  Je suis certaine que ce n’est qu’une courte interruption et que je reviendrai en force ! Après-tout, j’ai un nouvel appartement et donc une ligne téléphonique pour  être rejoins, c’est super !

- Et toi ?  Tu fais quoi dans la vie ?  Oh ! Ne me le dis pas je vais essayer de deviner… tu es plutôt très mignon… j’irais avec un truc du genre service à la clientèle genre barman ou portier dans un club de vedettes !  Je brûle ou pas du tout ?

@ Billy Lighter

Je l’avais fait rire. Il avait suffi que je lui montre les boîtes de Cap’N Crunch pour qu’elle rigole et s’exclame d’un « waw » qui me fit sourire. Elle aimait les Cap’N Crunch, comme moi. Elle ne mangeait que ça, comme moi. Elle voyait ça comme un signe. Pour moi, c’était plus qu’un signe. Pour moi, c’était la confirmation que Sky devait être celle qui résidera ici. Sans compter qu’apprendre notre petit point commun provoquait en moi une sensation que j’aimais bien même si je n’arrivais pas à mettre un nom dessus.

-C’est plus qu’un signe, je crois.

Et je souris avant de rejoindre Sky et de lui faire grâce du mois de loyer qu’elle ne saurait pas payé. Je ne disais pas vraiment « non » à ce qu’elle paye sa partie en ménage. Parce que je détestais faire le ménage. C’était utile… Mais profondément ennuyant. C’est pareil quand il fallait se débarrasser d’un corps… C’est utile… Mais profondément ennuyant aussi. Surtout quand il faut démembrer ledit corps. Je fis alors un petit clin d’œil et un sourire à Sky.

-Ça marche. Mais si tu n’as vraiment pas de quoi payer ce mois-ci, ce n’est vraiment pas grave.

Rien que parce qu’elle aimait autant les Cap’N Crunch, elle méritait un mois gratuit.

J’en vins alors au travail que faisait Sky. Je sais… Ça allait certainement faire en sorte qu’elle me retourne la question. Une question à laquelle je ne pourrais pas simplement dire : « je suis chef de gang ». Il faudra que je mente. Mais je doutais vraiment que ça soit possible de ne pas dire à un moment, à son colocataire, quel métier on fait. Donc autant poser la question tout de suite.

Et Sky déclara être babysitter. Je n’avais vraiment pas pensé à ça quand je m’étais fait, dans ma tête, la liste possible des métiers que pourrait bien faire Sky. Mais ça faisait sens… Enfin, en tout cas, c’était tout à fait plausible. Elle gardait, donc, des gosses chez eux pendant que leur parent travaillaient… Ou sortaient en boite, c’est selon. Elle expliqua qu’elle devra refaire des annonces pour se refaire une clientèle. J’hochai de la tête.

-Oui. Les petites annonces, ça marche bien, en général. Et des babysitters, il en faut tout le temps, donc, à mon avis, tu trouveras vite. Essaye peut-être de mettre une annonce dans L.A.People. Tout le monde lit ce torchon.

Sauf elle… Alors j’esquissai un petit sourire.

-Enfin, presque tout le monde.

Ou alors je lui donnerais bien le numéro de Carolyn. Je plaisante, bien sûr… Et j’espérais bien que Carolyn n’allait pas tomber sur l’annonce de Sky et y répondre. Ça serait vraiment pas de chance, ça. Mais si ça arrive, je ferais en sorte de le savoir assez vite et de trouver une parade.

Parce que je ne voulais pas perdre Sky comme j’avais perdu Carolyn.

Et, évidemment, Sky me renvoya la question. Je m’y attendais. En fait, j’avais paré à toute éventualité, dont à cette question. Mais Sky, enjouée, essaya de deviner mon métier après avoir dit que j’étais mignon. Oui. Je le sais. Parfois un peu trop. C’est une preuve, d’ailleurs, qu’il ne faut pas se fier aux apparences. Les gens ont plutôt tendance à se méfier des gens pas très beau et pas propre sur eux alors que les pires, c’est les gens comme moi.

Bref, Sky me voyait bien barman ou portier. Tous des métiers que j’aurais pu faire. Mais aucun des deux n’était assez grisant pour moi. Non… Mon métier était bien plus grisant. Je rigolai un peu.

-Pas du tout. Mais c’était bien essayé. Non, je suis revendeur. Ça rapporte pas mal. Je revends un peu de tout. J’ai ma propre petite entreprise de revente. Donc disons que c’est surtout un boulot de gestion.

Voilà comment on mentait… Sans mentir. Parce que j’étais bien revendeur… J’avais bien ma propre petite entreprise et mon boulot était essentiellement un boulot de gestion. Je mentais juste sur la marchandise.

Je souriais toujours détaillant Sky du regard remarquant qu’elle tenait son verre par le dessus. Pourquoi ça m’avait tiqué ? Parce qu’A.J. faisait exactement la même chose… Et mon sourire disparu quand je vis ça.

A.J. que j’avais tué.

Je secouai la tête essayant de ne plus penser à A.J. et de me concentrer sur Sky.

-Mais en dehors de mon boulot, je fais de la boxe. Je m’entraine souvent à la salle de South L.A.. Ou je regarde des films. J’adore regarder des thrillers. Et toi ? Tu aimes faire quoi ?

Je voulais mieux la connaitre. C’était une façon de mieux la connaitre : en posant des questions basiques… Mais mon regard tombait chaque fois sur ce fichu verre. Et je finis par sourire en montrant le verre de Sky du regard.

-Tu as une façon bizarre de tenir le verre. S’il t’échappe des mains, on va devoir faire le ménage aujourd’hui.

Je rigolai un peu histoire de montrer que je blaguais.

@ Billy Lighter

Qui d’autre que moi en ce bas monde peut aimer autant les Cap’N Crunch au point d’en avoir une armoire pleine? Tout ceux que j’ai côtoyés dans ma vie, assez intiment pour qu’ils aient accès à mes armoires de cuisines m’ont catalogués de folle sous alimenté parce que je ne jure que ça mes céréales favorites ! Si ce n’était pas recommandé  d’en manger, les épiceries ne se casseraient pas le cul pour en vendre ! C’est ce que j’en pense !

En tous les cas, moi j’y vois un signe et Ward est d’accord avec moi.  Combien de chance pour que deux amoureux fou de ce petit déjeuner en boîte se retrouves sous le même toi sans en avoir discuté avant ?

J’en ai des palpitations alors que Ward revient près de moi  pour continuer notre conversation qui tourne principalement autour de ce que nous faisons comme job.  Être babysitter n’a rien d’exceptionnel mais c’est un job qui permet de payer le loyer, enfin, quand on a une clientèle ! Je suis loin de me laisser démonter par ma situation monétaire actuelle d’autant plus que Ward accepte que je ne paie pas ce mois-ci contre un peu de ménage et puis, il me suggère de mettre une annonce dans le L.A. People, car comme il le dit, tout le monde le lit !

- Tout le monde, sauf moi ? Je commencerai peut-être à le lire uniquement pour trouver mon annonce !

Autrement, je ne crois pas que ce qui y est écrit m’intéresse, ça ne m’intéressais pas avant, je ne crois pas que ça change maintenant.  

À mon tour d’être curieuse et je tente de trouver ce que fait Ward mais, je me retrouve dans les choux et je fini par donner ma langue aux chats.  Ward est…

- Revendeur ?

Vite comme ça, je n’ai que revendeur de drogue en tête mais si c’était le cas, je doute qu’il me l’annonce aussi candidement. Oh, pas que ça me choc hein, j’ai vécu avec des mecs pas tous très clean, après tout c’est sa vie, il la gère comme bon lui semble.  Puis je crois comprendre qu’en fait il parle de marchandises en générale, des antiquités, peut-être ?

- Tu revends quoi, par exemple ?

C’est peut-être des articles cochons !  Il y avait un mec qui passait de portes en portes pour vendre des jouets intimes, je doute que sa technique soit la bonne. Madame-au-foyer n’a pas besoin d’un rouleau à pâte particulier pour faire ses tartes !  À regarder mon nouveau coloc, j’ai comme l’impression qu’il ne parle pas de pénis en plastique !

Je fis tourner l’alcool dans mon verre en le tenant par le dessus, ça sembla faire tiquer Ward qui enchaîna sur ses passe-temps. Boxe, films c’est à peu près ça.

- J’adore regarder des films,  aller marcher dehors, heu… peindre. J’aime peindre je… hein ?

Je regardais mon verre, ou plutôt ma façon de tenir mon verre qui m’avait valu une remarque de Ward.

- Mais non, je ne vais pas l’échapper ! C’est pour éviter de réchauffer l’alcool !

J’ai vu ça quelque part. Quand on tient notre verre par le fond, la chaleur de notre paume fait réchauffer les tanins dans le vin. Du coup, j’ai pris l’habitude de tenir mon verre comme ça, qu’importe ce qu’il contient.

- J’ai laissé tous mes films à mon ex petit copain, je n’avais pas trop envie de faire le tri, c’est dommage, j’en avais quand même plusieurs. Tu en as quelques uns ? Tu veux qu’on en regarde un ?  À moins que tu aies quelque chose à faire, moi pas… quoi que je devrais peut-être faire mes annonces.

Ce serait bête quand même de se retrouver dans la même situation le mois prochain !  L’appartement n’est pas si grand, le ménage ne sera pas à refaire tous les jours quand même !

@ Billy Lighter

Sky était babysitter et je lui conseillai de mettre son annonce dans L.A.People vu que tout le monde, sauf elle, lisait ça. Elle déclara alors qu’elle allait commencer à lire uniquement pour trouver son annonce. Je rigolai un peu.

-Non, il ne vaut mieux pas. Si tu commences à lire L.A.People, tu vas devenir accro. Je le lirais pour toi et je te donnerais celui avec ton annonce si tu veux.

C’était pour rire bien sûr et juste pour dire à Sky que si elle commençait à lire L.A.People, elle n’allait plus pouvoir s’en passer. Moi, je le lisais parce que ça m’amusait… Et aussi parfois pour entendre parler de moi indirectement comme dans l’article sur l’enlèvement de Livia. Je devais avouer que j’aimais la sensation que ça faisait d’être responsable des malheurs de la vie des stars.

Surtout quand c’était les malheurs de Jimmy Reed.

Puis, ce fut à Sky d’essayer de trouver quel était mon métier mais elle fut à côté de la plaque. Ça m’avait fait sourire avant que je ne lui révèle être revendeur ce qui était… Vrai en fait. On ne pourra pas me dire que j’ai menti, cette fois.

-Oui, revendeur.

Revendeur de quoi, là était la question de Sky. Je ne pouvais pas lui dire que je revendais de la coke et autres stupéfiants. Non. Même si, je pouvais le dire sans vraiment le dire.

-Ça dépend. J’adapte ce que j’achète et ce que je revends en fonction de l’offre et de la demande. C’est comme ça que mon commerce peut survivre… En s’adaptant.

Et c’était réel dans le commerce comme dans la vie. Tout était une question d’adaptation. Surtout pour les gens comme moi. Par exemple, ici, je dois m’adapter à Sky… Devant elle, je dois avoir l’air d’un type tout à fait clean. Ou, en tout cas, plus clean que chef de gang et tueur à plein temps. Pourquoi ? Parce que je voulais qu’elle vive ici. J’avais envie d’elle et de personne d’autre.

Sky… Sky qui tenait son verre comme A.J.. Ça m’avait sauté aux yeux… Ça me déstabilisa même très légèrement. Parce que, depuis que je l’avais tué, je ne cessais de penser à A.J.. A.J., la seule fille avec qui je pouvais être moi-même. La seule fille que j’aimais. Chaque fois que j’y repensais mon cœur s’accélérait.

Et je n’aimais pas ça.

Et il fallait que je parle pour oublier ça. Alors, je parlai de mes passe-temps : les films et la boxe. On va oublier le meurtre pour aujourd’hui.

Sky aussi avait des passe-temps. Les films aussi. Elle aimait marcher et peintre. Mais je ne lui laissai pas vraiment le temps d’achever sa liste tellement j’étais obnubilé par son verre. Et elle expliqua qu’elle faisait ça pour éviter de réchauffer l’alcool…

A.J. aussi disait ça.

Je penchai légèrement la tête sur le côté perdant un peu mon sourire alors que j’avais l’impression qu’A.J. venait de posséder Sky l’espace d’un instant.

Il fallait que je reprenne contenance. Alors, je souris et je répondis la même chose que je répondais toujours à A.J. quand elle disait ça :

-Si tu le bois vite, il n’aura pas le temps de réchauffer.

Il fallait que mon cœur arrête de s’emballer. Parce que, intérieurement, ça me déstabilisait.

Et je n’aimais vraiment pas ça.

Heureusement, Sky changea de sujet pour revenir aux films. Films qu’elle avait laissés chez son ex. Elle proposa même d’en regarder un ensemble ce qui ramena mon sourire.

Oui. J’avais envie de ça.

-Non, c’est une bonne idée. Un film. C’est bien. Les annonces pourront attendre un peu.

Je lui fis un petit clin d’œil avant de me lever pour me diriger vers l’armoire où se trouvaient mes cassettes vidéo.

-Et oui, j’ai quelques films. Principalement des thrillers, des films d’horreur. Mais j’en ai dans d’autres si tu préfères.

Je fis une moue de réflexion regardant les cassettes que j’avais devant les yeux.

-J’ai Shining. C’est cool, Shining. J’ai Duel aussi. J’aime bien Duel. Oh, ou massacre à la tronçonneuse, c’est bien aussi.

Je me tournai vers Sky avant d’esquisser un petit sourire.

-Mais si tu ne veux rien de tout ça, j’ai Grease… C’est une ex à moi qui l’a oublié  dans mes affaires le jour où on a rompu…

Ce n’était pas A.J… A.J. aimait le même genre de film que moi. Non… C’était Sierra. Et ce n’était pas elle qui l’avait oublié dans mes affaires mais moi qui ait embarqué la cassette par inadvertance le jour où elle m’a dit de dégager.

@ Billy Lighter

On pourrait presque croire que Ward a vu un alien passé entre nous quand je lui dis que je ne lis pas L.A.People. Pourtant, c’est la plus stricte vérité ! À entendre la façon avec laquelle il parle de ce journal, je comprends que je ne manque pas vraiment grand-chose à ne pas le lire et c’est très bien ainsi ! Je mettrai mes énergies ailleurs !

- Faisons ça comme ça ! Lis-le et quand tu y verras mon annonce, ne fait que me garder cette page, comme ça, je ne risque pas d’aller lire tout le contenu !

Ward avait de l’humour, super j’adore ça ! Les gens trop coincés qui ne blaguent pratiquement jamais et quand ils le font c’est trop profond pour que la blague passe sans explication, je déteste ça !  Ouais, ouais, on va bien s’entendre tous les deux !

La conversation entre nous s’engage vraiment bien et tant qu’à faire connaissance aussi bien se poser des petites questions  un peu moins  divertissantes mais qui permettent quand même d’en apprendre d’avantage sur l’autre.  Mon métier n’a rien de bien palpitant, surtout qu’en ce moment j’ai dû me mettre en arrêt forcé, tandis que celui de Ward attise ma curiosité. Revendeur, ce n’est pas commun comme terme !  Plus il m’explique, plus je le crois jouer sur les mots pour ne pas dire carrément qu’il deal de la drogue.  S’il vendait des meubles, il dirait ‘’Je vends des meubles chez Bed Bath & Beyond’’ ou alors ‘’ Je suis  maraîcher pour Loblaw’’ mais au lieu de ça, il dit simplement qu’il est revendeur et qu’il s’adapte au marché selon l’offre et la demande. Si ça c’est pas évident comme le nez en plein visage !  C’est ça ou du recèle !  Mais bon, c’est sa vie, ça le regarde, ce n’est pas moi qui vais lui dire quoi faire et ne pas faire.

- Ok…ouais… je vois… revendeur de rêve alors…

On va dire ça comme ça.

Ce fut ensuite ma façon de tenir mon verre qui l’interpella, comme si c’était inusité, pourtant j’ai vu des tas de gens  faire ça et j’éclatais de rire ensuite quand il me dit que, si je ne voulais pas que l’alcool se réchauffe, j’avais qu’à le boire plus rapidement !

- Ouais et comme ça, gros malin,  je vais finir en tête à tête avec la cuvette à pleurer que la vie est nuuuuuuuulle ! Crois-moi, tu ne veux pas voir ce spectacle !

Ward a dit qu’il aimait bien visionner des films et comme moi aussi ça me plais, je me dis que ce sera une bonne idée d’en regarder un ensemble. Un truc à faire pour mon premier soir ici qui ne demande pas trop d’utilisation cérébrale, parfait pour moi !

J’allais sauter sur The Shining parce que j’ai adoré ce film mais la suite est tout aussi alléchante, enfin, jusqu’à Grease.

- Je ne suis pas fan de Travolta et de ses cheveux ultra gominé. Massacra à la tronçonneuse, ça serait vraiment bien !  J’ai peut-être un truc qui ne va pas mais j’aime bien ce côté sadique qu’il a de tuer ses victimes pour  leur prendre le visage !

Ce n’est même pas une fiction, c’est bien ça le pire  Leather Face a bel et bien existé et demeure introuvable à ce jour ! Qui sais s’il ne se cache pas quelque part dans l’Eastside ! En tous les cas si un jour je vois passé un gros gabarit arborant le visage figé de mon ex petit copain, je serais trop heureuse… bon tant qu’il ne fait pas de moi sa prochaine victime !

- Tu savais ça toi que le meurtrier n’a pas été retrouvé encore ?  Il se promène peut-être parmi nous et on ne le remarque même pas ! Parfois, j’aime observer les gens et me dire qu’un tel est peut-être un serial killer, ça m’excite un peu, au fond.

Il est peut-être trop tôt pour ce genre de confidence, il va me prendre pour une folle sortie de l’asile !  Un petit peu inconfortable de ma trop grande spontanéité, je rejoignis Ward près de son armoire et fouillais dedans pour voir ce qu’il avait.

- Ouais, ouais, ouais ! Pas mal dis donc ! Un vrai cinéphile !  Ah mais, tu ne classes pas tes films ?  Si tu veux, je pourrai  faire le ménage là dedans.

C’est un petit peu une manie envahissante que j’ai. Mes chaussettes dans mon tiroir sont (ou seront, quand j’aurais rangé mes trucs) classées par couleurs. Idem pour mes t-shirt, pantalon et soutien-gorge.  Mes boîtes de céréales dans le garde-manger seront toutes du même côté et parfaitement alignés et mes bols  formeront une pile bien net.

Je laissais Ward installer le film et je retournais m’écrapoutir dans le divan, impatiente de profiter de cette soirée cinéma.

- Il faut que je te dise… pendant un film, il ne fait jamais, jamais parler ! D’accord ?

Parce que sinon on manque des bouts de dialogue, peut-être des informations importantes, des mises en contexte, ou alors la musique devient plus intense pour nous donner un indice, bref, il ne faut pas parler.

Dès les premiers instants,  je suis captivé parce ce qui se déroule devant mes yeux. J’ai déjà vu ce film mais je ne m’en lasse pas.  Je suis assise, ou à moitié allongée, tenant mon verre vide par le dessus puis je me levais subitement pour mettre le film en arrêt.

- Tu as entendu ce qu’il a dit le mec ?   Ils font tous ça dans les films, prendre un chemin au lieu de celui désigner, puis ils se retrouvent dans des emmerdes pas possible ! Sérieux, tu ferais ça toi ? Prendre un raccourci même pas indiqué sur une carte ?

C’est peut-être que je l’ai choqué en interrompant le film pour parler, il croit peut-être que j’ai enfreins ma propre règle…

- Ben quoi ? J’ai mis sur arrêt avant de parler…

@ Billy Lighter

On se mit d’accord pour L.A. People. Moi, j’allais le lire et je lui filerais son annonce quand elle paraitra. Je souris avant qu’on ne passe à une conversation légèrement plus sérieuse qui aboutit à ce que je dévoile mon métier sans réellement le dévoilé. J’étais revendeur et j’adaptais mon marché à l’offre et la demande… Ce n’était pas faux… Mais, vu les réponses de Sky, je compris bien qu’elle avait compris qu’il y avait anguille sous roche. Preuve qu’elle n’était pas naïve. Mais elle ne posa pas plus de question se contentant d’un commentaire en disant que j’étais revendeur de rêve.

C’est vrai… J’étais revendeur de rêve. Jusqu’à-ce que ceux qui achète la merde que je vends se rendant compte que ce que je leur vends, c’est une vie de cauchemar. Mais ça n’avait pas d’importance pour moi. Tant qu’il consommait, mon compte en banque se remplissait. C’était tout ce qui comptait. J’esquissai, donc, un sourire.

-Oui. Revendeur de rêve. On peut dire ça.

Mais rapidement, je revins sur Sky et sa façon très « A.J. » de tenir son verre. Son excuse faisait toujours aussi « A.J. » de quoi faire battre mon cœur un peu trop vite à mon goût. Alors, je lui répondis comme je répondais à A.J…. Comme si, l’espace d’un instant, j’avais A.J. en face de moi.

Alors que ce n’était pas A.J., c’était Sky.

Et à ma remarque elle éclata de rire. Un rire qui apaisa les battements de mon cœur. Un rire que j’adorais. Elle déclara alors que si elle buvait tout d’un coup, le spectacle ne serait pas beau à voir.

-C’est vrai que pour une première soirée ensemble, ça serait une drôle de fin. Mais… Je suis sûr que c’est le genre de chose qui doit être marrant à voir.

Je souriais et rigolai un peu avant qu’on ne se décide à regarder un film. Carolyn trouvait que j’allais trop vite. Il semblerait que Sky soit adaptée à ma vitesse. Du coup, je n’hésitais pas à lui proposer mes films préférés qui n’étaient autres que des thrillers et des slashers. Ouais, c’est très cliché qu’un tueur aime les slashers… Mais c’est pareil pour les romantiques, non ? Eux adorent les films romantiques alors que ça fait franchement cliché.

Et c’est avec un petit sourire en coin que j’avais quand même proposé Grease, au cas où. Mais c’était loin d’être la came de Sky. Sky qui préférait largement massacre à la tronçonneuse. Pourquoi ? Parce qu’elle adorait le côté sadique du tueur. J’avoue que ça m’arracha un petit frisson et je souris me tournant vers elle.

-Tu es une fille pas banale, toi. Et je ne dis pas ça dans le mauvais sens du terme. Au contraire. Va pour Massacre à la tronçonneuse, alors.

Et elle continua parlant du meurtrier qui avait inspiré le film. Oui. Je savais tout ça. Leatherface existe bel et bien. Mais je crois que le vrai Leatherface n’est pas réellement le même détraqué que l’on voit dans le film. Dans le film, c’est juste un consanguin. Pas forcément qui tue pour le plaisir mais qui tue parce que c’est sa façon de répondre à une menace. Le vrai Leatherface, lui aimait un peu ça quand même.

Comme moi.

Sauf que moi, je faisais toujours le ménage quand je tuais… Et je le faisais toujours pour un raison. J’aime tuer… Mais je ne tue pas pour tuer.

Et parfois, je ferais bien de garder mon sang-froid…

Je souris et hochai la tête.

-Ouais, si ça tombe, il vit à L.A.. Si ça tombe, il vit même dans cet appartement.

Je dis ça avant de regarder Sky le plus sérieusement du monde avant d’éclater de rire.

-Si c’est le cas, je ne l’ai pas croisé.

Et Sky m’avoua qu’elle aimait observer les gens et se dire qu’un tel ou un tel est un serial killer. Je penchai légèrement la tête sur le côté sentant un frisson me parcourir à nouveau. Si je voulais la perle rare, je crois que je venais de la trouver. J’esquissai un petit sourire.

-Ah oui ? Tu fais ça ? Et tu m’as classé dans quelle catégorie ? Je suis un serial killer d’après toi ?

Je rigolai un peu vraiment amusé par Sky. Sky dont la réponse à cette question supposée humoristique m’intéressait bien plus que le boulot qu’elle faisait.

Elle finit par me rejoindre regardant ma collection de cassettes avant de remarquer que je ne classais pas mes films. Je levai un sourcil.

-Les classer ? Pourquoi les classer ? Tu les classes, toi, tes films ?

A.J. les classait… Elle les classait d’une façon illogique… A.J. était spéciale. Et tout en Sky me faisait repenser à elle. Si bien que mon cœur ne cessait de changer de rythme. Par moment, j’adorais ça… Par d’autres, je détestais ça…

Je pris la cassette et laissai Sky s’installer pendant que qu’envoyai le film. Je vins la rejoindre alors qu’elle installa une règle : pas parler pendant le film.

-Ça me va. Je ne parle jamais pendant les films, donc je n’aurais pas difficile de te satisfaire sur ce coup-là.

Je lui fis un petit clin d’œil m’affalant un peu dans le fauteuil alors que le film démarra. Je regardai attentivement. J’avais déjà vu ce film une bonne trentaine de fois. Mais je ne m’en lassais pas pour diverses raisons. Le serial killer du film était peut-être un abruti mais les effusions de sang était toujours intéressantes à voir. J’achevai mon verre le posant sur la table au moment où, dans le film, ces abrutis de protagonistes décidèrent de se séparer.

Il faut dire que, vu la carrure du tueur, s’ils avaient été tous ensemble, ils seraient quand même tous mort sauf que le film aurait duré bien moins longtemps.

Soudain, Sky se leva et… Mis le film sur pause. Pourquoi ? Pour causer du film. J’entrouvris la bouche.

A.J. faisait ça aussi… Et mon cœur battait à nouveau tellement fort que j’entendais à peine ce que disait Sky. J’avais juste l’impression de voir A.J… Comme si elle possédait ma toute nouvelle colocataire. Et je ne savais pas si j’aimais ou si je détestais cette sensation.

Et Sky se rendit compte que j’étais bloqué. Au point où elle disait qu’elle n’avait pas réellement enfreint sa propre règle.

-Ouais… Mais… Heu…

Etre décontenancé n’était vraiment pas dans mes habitudes mais là, ça faisait beaucoup. Le verre, le rangement, la mise sur pause… Je secouai la tête.

-Oui. Tu as mis sur pause… Mais, tu vas faire ça tout le temps ?

Oui parce que… Quand A.J. le faisait, ça m’agaçait au point qu’on finissait très rarement les films qu’on regardait. On se tapait dessus avant… Et quand on se tapait dessus, ça finissait toujours de la même manière.

Il fallait que je reprenne contenance. Ce que je fis en esquissant un sourire.

-Parce ce que si tu commences à le faire, je le ferais aussi. Et je peux parler très longtemps quand je parle de film. Du coup, notre soirée cinéma risque de durer très très longtemps.

Je disais ça en lui offrant mon meilleur sourire faussement sadique.

-Mais ouais. Personne ne prendrait des chemins différents en vrai. Mais s’ils allaient tous au même endroit, le tueur les tuerais tous d’un coup et le film ne durerait même pas une demi-heure ce qui serait dommage, tu ne crois pas ?

Je penchai légèrement la tête sur le côté.

-Si je fais « play » tu vas refaire pause dans cinq minutes ?

Je disais ça sur un ton très légèrement moqueur.

@ Billy Lighter

Pour notre première soirée ensemble, je n’ai pas forcément envie de la passer dans notre salle de bain à y vomir mes tripes. Je préfère, et de loin, les voir gicler à l’écran et comparer de film en film comment les effets spéciaux sont fait pour nous y faire croire. C’est comme avec les mecs, en fait. Il y en a de très mauvais et puis il y en a de tellement bien réussit qu’on réussit presque à y croire.
Je m’exprimais librement, peut-être même trop mais ça sembla plaire à Ward qui me qualifia de peu banale.  J’haussais des épaules en souriant, ne sachant pas trop quoi en dire. De toute façon, il n’y avait rien à en redire, c’était un compliment, pas une demande en mariage.

Je me réinstallais dans le divan en m’exprimant sur le film, plutôt sur ce qui a inspiré le film. Ce genre d’information là me fascinent toujours au plus haut point, tant et si bien que je m’en retrouve excitée dans savoir vraiment pourquoi.  Il y a quelque chose qui me fait fonctionner, comme sur l’adrénaline, de croire que je pourrais tomber sur un tueur en série à n’importe quel moment, à n’importe quel coin de rue, dans cet appartement…

- Je dormirai peut-être avec la porte de ma chambre ouverte dans ce cas.

C’est comme le truc de dormir avec un pied en dehors des couvertures et de croire qu’une bête sanguinaire va sortir d’en dessous du lit, l’attraper et nous entraîner avec lui pour nous vider de notre sang. J’ai toujours eu un petit frisson de plaisir, comme par défi, a dormir avec un pied en dehors des couvertures, les orteils hors des limites du lit.

J’aime le rire de Ward. Quelque chose me dit qu’il ne rit pas si souvent que ça, ce qui le rend encore plus beau à entendre.  Puis, quand il me demande si je l’ai catégorisé dans le groupe des serials killer, je souris tout en le regardant dans les yeux et je prends tout mon temps pour répondre.

- Tu es définitivement un serial killer.

Je le rejoignis pour regarder ses films, y trouvant un bordel incroyable ! Non seulement ils ne sont pas classés par ordre alphabétique, mais les gens sont n’importe comment ! Mais comment tu peux t’y retrouver, quand tu veux un film en particulier, sans devoir tassé pleins de boîtes pour espérer le trouver assez rapidement sans y passer la soirée et perdre le goût de visionner le film que tu as passé d’interminable minutes à chercher !

- Ben… ouais ! Je classe tout, mais par ordre alphabétique en commençant par le Z ! Je trouve ça plus rapide que de commencer par le A.

Pourquoi ? Je ne sais pas mais c’est comme ça ! Probablement parce que tout le monde commencerait par la première lettre de l’alphabet avant de penser par la dernière. Le Z est laissé pour compte, moi, je le mets en valeur !

Ward lança le film et j’en profitais pour parler de LA règle à observer pendant un visionnement. Hors de question de se mettre à bavasser n’importe quand ! Mais dès que j’en ai l’occasion, je ne tarde pas à lui faire voir ce que ma règle a quand même une certaine… flexibilité si je peux le dire comme ça ! Ça sembla choquer Ward mais je me défendis en expliquant que j’avais prit la peine de mettre sur arrêt, quand même ! Je sais vivre !

- Ben, chaque fois que ce sera utile…  Pourquoi ?

En fait non, je ne l’ai pas choqué. Ward affirme que si je fais ça, il risque aussi de le faire et que s’il commence, il va parler longtemps et que notre soirée cinéma risque de s’éterniser, ce à quoi je répondis en éclatant de rire.

- Et alors, je travail pas demain et je ne pense pas que tu te lèves très tôt  le matin. Pour vendre des rêves, il faut qu’il fasse nuit, pas vrai ?

Le sous entendu est tout sauf subtile mais je veux qu’il comprenne que je n’ai rien contre la façon dont il gagne sa vie, pour autant que je ne fasse pas fausse route et qu’il vende bien ce que je crois qu’il vend.
Ward, ensuite,  y alla de son propre opinion sur ce que j’avais moi-même avancé après avoir arrêté le film.

- Ouais… mais… non ! S’il tue tout le monde dès le début du film, il pourrait en tuer d’autres pendant l’heure et demie qui reste ! C’est un tueur en série, son titre le dit en série c’est quoi une série s’il ne fait que tuer un groupe d’adolescent boosté aux hormones ? 5 meurtres pour tout un film, c’est très peu !

Je crois que mon opinion se défend plutôt bien ! En plus le titre parle d’un massacre !  Quelques meurtres ici et là  pendant tout un film ne s’appel pas un massacre mais une mise en bouche !

- Ouais, chaque fois que j’en aurai envie mais promis, jamais quand ça devient intense !

Je le laissais aller mettre le film sur play et quand il se réinstalla sur le divan,  sans réfléchir, parce que ce n’est pas mon genre non plus de me poser trop de questions, me m’installais tout contre lui, pour continuer le visionnement, jusqu’à ce que je ressente le besoin de me lever pour mettre encore sur arrêt.

- Tu as vu ?  Tu as vu ? Je savais qu’il allait se faire prendre ! S’il avait pu entendre la musique, il aurait su que Leatherface était tout près… mais… ouais bon ils n’entendent pas la musique… c’est comme nous, il n’y a pas de musique qui nous avertit qu’on court un danger ! Ok… Ok je fais play

J’appuyais à nouveau sur play et je plongeais littéralement pour reprendre ma place contre Ward. Quelque chose me pousse à me sentir vraiment confortable, comme si tout ceci était naturel.  Au fond, pourquoi ça ne pourrait pas l’être ?  Je rebondis à nouveau mais  j’arrêtais mon geste puis je retournais vers Ward en rigolant. J’abuse si je stop encore le film?  Je cachais mon visage dans mes mains pour rigoler puis je fis un signe de silence en passant mon index devant ma bouche et retournais, encore me coller contre lui jusqu’à la fin du film et quand seulement le dernier mot du générique disparu en haut de l’écran que je brisais le silence.

- Tu veux des Cap’N Crunch avant d’aller dormir ?

@ Billy Lighter

-Non, s’il y a un serial killer dans l’immeuble, le mieux, c’est plutôt de fermer ta porte à clé, tu ne crois pas ?

Je rigolai un peu. Le fait était qu’il n’y avait pas de serial killer dans l’immeuble. Si. Un. Moi… Même si dans les faits, je n’étais pas réellement un serial killer. Les serials killer tuent souvent des gens qu’ils ne connaissent pas et ce sans raison apparente. Moi, quand je tuais, je connaissais souvent ceux que je tuais et j’avais toujours une raison. Mon père était plus proche du serial killer que moi.

En tout cas, pour Sky, j’en étais définitivement un. Ça me fit rire à nouveau. Est-ce qu’elle le pensait vraiment ? Ça m’étonnerait. Je crois qu’elle disait ça pour la blague.

Si elle savait…

Si elle savait, elle serait déjà partie sans demander son reste. Je savais que si je voulais la garder, je ne devais pas lui montrer le vrai Ward. Parce qu’elle n’était pas A.J..

-Je ne sais pas pourquoi mais je ne doutais pas une seule seconde que tu allais me classé dans cette catégorie.

Et je rigolai encore avant que ça ne soit les films que j’avais dans mon armoire qui attirent toute notre attention. Des films que Sky aimeraient ranger et ce par ordre alphabétique inversé. Là encore mon cœur s’emballa… C’était une façon spéciale de ranger… La même qu’A.J.. Les points communs entre Sky et A.J. s’accumulaient d’une façon inquiétante si bien que je devais chaque fois me reprendre.

-Pas banale… Vraiment pas banale…

Et je ne savais pas si elle en était plus séduisante… Ou si c’était le prémisse d’une énorme retour de karma pour ce que j’avais fait à A.J.. Une façon sadique, à elle, de se venger.

Mais c’était totalement irrationnel.

On finit par mettre le film et, alors que je respectais sa règle de ne pas causer, elle l’enfreint me faisant à nouveau tellement penser à A.J. que mon cœur s’emballa encore et que je restais un moment bouche bée avant de retrouver le don de la parole. Elle allait arrêter le film autant de fois que ça sera utile. Mes lèvres se pincèrent avant que je ne réplique disant que si elle commençait comme ça, j’allais faire pareil et le film durera des heures. Mais ça ne l’ennuyais pas. Loin de là. Elle disait qu’elle ne se levait pas le matin et soupçonnais que moi non plus parce que pour « vendre du rêve » il fallait sûrement travailler la nuit.

Elle savait… J’étais quasiment sûr qu’elle savait que ce que je vendais, c’était de la came. Mais ça ne semblait pas la troubler plus que ça. Pas comme Carolyn qui voyait les dealers comme des nids à danger.

Pas Sky. Sky s’en foutait. Alors, je souris me débarrassant, du coup, de mon demi-mensonge.

-Effectivement. Tu marques un point.

Et je souris lui montrant par ce sourire que c’était bien vu. Je ne venais pas de lui dire clairement que j’étais dealer mais mon sous-entendu était aussi gros que le sien. Rien n’était dit tout haut mais on savait que l’autre savait.

On en revint ensuite au film et je réagis aux commentaires de Sky. Et elle avait sa propre vision des choses disant que si le tueur tuait tout le monde au début, rien ne l’empêchera de tuer d’autres personnages plus tard. C’était une façon de voir. Et je rigolai un peu quand elle déclara que ce n’était pas vraiment un tueur en série s’il ne se contentait que de tuer 5 adolescents l’espace d’un film. Je crois que je venais de sourire plus de fois en une soirée que dans l’année entière.

-Oui, 5 meurtres pour un film, c’est peu. En réalité, 5 meurtres en une soirée, c’est vraiment pas mal, tu ne crois pas ? T’imagine le nettoyage après ?

Moi, j’imaginais bien. Et je n’avais jamais tué 5 personnes en une soirée. Jamais. Mais ça pourrait arriver. On ne savait jamais.

Je rigolai à nouveau faisant passer ça pour de l’humour avant que je ne demande si Sky comptait faire « pause » tout le temps. Et ça réponse… Était à nouveau digne d’A.J.. Je penchai légèrement la tête sur le côté.

-Ok. Pas avant un meurtre. J’aime quand la tension monte.

En vrai comme dans les films.

Je remis « play » et quand je vins me réinstaller, Sky se colla à moi me faisant frissonner. Son geste était spontanée… Tout comme le mien quand je passai mon bras autour de ses épaules.

Et on resta comme ça… Jusqu’à-ce qu’elle se relève pour faire pause et commenter encore. Je roulai des yeux faisant la moue avant de lever un sourcil à son commentaire avant de pencher légèrement la tête sur le côté pour lui montrer que tout ce que j’avais envie c’était de voir la suite. Alors, elle fit à nouveau « play »… Et revint ce collé à moi. Ce qui me fit lui pardonner cette énième « pause ». Et je me remis dans le film alors que j’appréciais vraiment le contact de Sky contre moi.

Jusqu’à-ce qu’elle se lève encore. Cette fois, je fronçai les sourcils. Je voulais qu’elle reste contre moi. J’allais faire un commentaire mais je vis qu’elle arrêtait son geste pour se tourner vers moi en rigolant et en mettant son doigt devant sa bouche m’invitant à ne pas parler. Mes lèvres se pincèrent et je fis la moue. Je voulais faire un commentaire ! Pas sur le film mais sur sa feinte ! Mais je ne le fis pas. Pourquoi ? Parce qu’elle vint se coller à nouveau à moi. Et, cette fois, ce fut jusqu’à la fin du film.

Le générique s’afficha sur l’écran et on était toujours hypnotisé. Instinctivement, je caressai le bras de Sky sans quitter la télé du regard. J’étais bien là. Je ne voulais pas être ailleurs. Si tout en Sky me rappelait A.J., doucement j’en oublié le sentiment que j’avais ressenti depuis que j’avais accidentellement tué ma petite amie.

A la fin du générique, Sky brisa le silence. Mais cette fois ce fut pour me proposer des Cap’N Crunch. J’esquissai un petit sourire caressant toujours son bras.

-Oui. Bonne idée.

Je me levai, doucement et un peu à contrecoeur pour me diriger vers l’armoire, sortir deux bols et une boîte de Cap’N Crunch pour remplir les bols à ras-bord. Je revins avec les bols au salon pour les poser sur la table basse. J’en mangeai une bouchée avant de regarder vers Sky.

-Tu es sûr que tu vas arriver à dormir toute seule après tout ça ?

J’esquissai un petit sourire.

-Non, c’est vrai. Je te sous-estime. Toi, tu n’as peur de rien, n’est-ce pas ? Donc, ça ne sert à rien que je te propose de dormir dans ma chambre… Non, ça ne sert vraiment à rien.

Je souriais toujours, un sourire un rien provocateur. Je voulais la tester. Est-ce que je voulais qu’elle marche sur son ego pour feindre une peur irrationnelle ? Oui. Parce que j’avais envie qu’elle vienne dans ma chambre. Je sais. Je suis rapide. C’était un reproche qu’on me faisait souvent. Mais je ne pouvais pas être indifférent à Sky. C’était pas possible.

@ Billy Lighter

- Non !  Je représenterais une proie trop facile donc inintéressante. Il passerait à la chambre suivante, donc, la tienne.

C’est logique ! Autant que l’adolescente apeuré qui se cache dans un placard et qui observe le meurtrier par les fentes de la portes de bois et qui croit que, quand il est tout près, il ne la verra pas si elle ferme les yeux ! Portez attention lors de votre prochain visionnement, vous verrez, elles font toutes ça !

Ça me fait marrer, notre discussion à Ward et moi, je trouve ça super de pouvoir parler d’un sujet aussi glauque sans se juger. Nous sommes sur la même longueur d’onde, alors pas de danger que ça arrive !

Et il répéta que je n’étais pas banale. Il allait me faire rougir, à force ! Il y a si longtemps que je ne me suis pas sentie intéressante pour un mec que je ne sais plus comment gérer ce que je ressens. Heureusement, le film recentre mon attention et ma manie de me lever pour l’interrompre à tout bout de champ pour m’exprimer sur ce que nous venons de voir me fait reprendre de mon naturel.  Je finis quand même par me tenir tranquille après une énième fois à me lever pour interrompre la projection. De toute façon je ne voulais plus bouger, bien que j’étais contre lui et lui, me caressant le bras du bout des doigts.

Mais quand le dernier nom apparu à l’écran et que tout redevint étrangement silencieux, je proposais un bol de céréales, puisque nous en raffolons tous les deux. Ward trouva que c’était une bonne idée et alla nous les préparer.  Je m’installais en tailleur sur le divan, tenant mon bol d’une main pour manger de l’autre.

Soirée cinéma et Cap’N Crunch, c’est du bonheur étalé sur mon cœur.

Je mastiquais mes céréales en souriant puis je haussais des épaules à sa question.

- Je n’ai pas peur du noir. Et toi ?

Puis je déposais mon bol sur la table basse du salon puis je replaçais mes cheveux. Il m’invitait carrément, déjà, à dormir avec lui parce qu’il ne fallait pas jouer à l’autruche ! Il n’avait certainement pas l’intention de m’installer dans son lit et de prendre le sol pour lui !

- Je peux dormir avec toi, si tu crois qu’une présence te rassurerait, si c’est ça au fond, ta vraie question sauf que je ne crois pas que c’est ça. En fait, tu veux qu’on couche ensemble.

Sauf que le jeu n’en vaut peut-être pas la chandelle, non pas à cause de lui, mais à cause de moi. De nous deux, c’est moi la plus grosse autruche, ça ne fait aucune doute.

- Je vais te dire la suite…  Nous allons coucher ensemble, je vais tomber folle amoureuse de toi, je vais devenir possessive et hyper angoissée à l’idée de te perdre, tu vas commencer à me mentir, aller voir ailleurs ce qui va me provoquer des crises horrible reliées à mon angoisse de l’abandon et toi, voyant tout ça, tu vas me jeter dehors de ton appartement et je vais attendre que tu aies fini de baiser ta nouvelle amante, assise bien sagement contre la porte, dans le corridor.

Je sais de quoi je parle !

Je suis extrêmement possessive en amour parce que je manque de confiance en moi et que dès que je tombe en amour, je veux que ce sois réciproque et que je fais tout pour que ce le soit, je veux que mon petit ami décroche la lune pour moi et moi, je lui rends au centuple.  Ça pourrait fonctionner mais  il suffira d’un petit doute pour que je m’invente des histoires et que je sombre dans la déprime et l’angoisse.  Tout ce que je peux faire quand je suis dévorée par mes idées sombres…  c’est loin d’être joli.

- Tu me montre ta chambre ?

@ Billy Lighter

Les serials killer aiment les proies faciles. J’étais certain de ça. Et quand bien même ça ne serait pas le cas, je plains le serial killer qui essayera de me tuer. Oui, je le plains vraiment.

Comment on en est venu à ce genre de sujet ? Tellement naturellement que je voyais déjà en Sky la colocataire parfaite. Voir plus encore… Elle aimait les Cap’N Crunch, le aimait les films d’horreur… La seule chose qui me rendait perplexe était tous les points communs qu’elle avait avec ma défunte petite-amie. Mais j’essayai d’en faire fi me laissant aller au fur et à mesure du film qu’on finit collé l’un contre l’autre, moi caressant le bras de Sky.

C’est le dernier mot au générique et l’envie de Cap’N Crunch de Sky qui me fit me lever pour nous servir un bol. Je revins au salon et… Je ne pus m’empêcher d’aller plus loin. Trop vite, sans doute. Mais j’en avais envie. Et quand j’avais envie de quelque chose, je n’arrivais pas forcément à résister à la tentation de satisfaire cette envie. Ça m’avait ruiné mes chances avec Carolyn.

Mais Sky n’était pas Carolyn.

Et elle déclara qu’elle n’avait pas peur du noir, me retournant la question. J’esquissai un petit sourire en coin.

-Pas vraiment, non…

La peur. C’était quelque chose qui m’était inconnu. Si je l’avais peut-être déjà ressenti, je n’avais jamais su déterminé que c’était bien ça. Et le noir, c’est la dernière des choses dont j’avais peur. Je vivais plus souvent la nuit que la journée, d’ailleurs.

Mais Sky m’étonna encore. Non seulement parce qu’elle n’était pas naïve mais, en plus, parce qu’elle était extrêmement cash. Elle savait ce que je voulais. Et ça ne la choquait pas du tout.

Rien ne semblait la choquée.

Je lui souris montrant d’un regard à quel point elle m’impressionnait.

-Et ben… Tu doutes de rien toi. Mais ouais… C’est ça que je veux. Enfin, c’est le message que j’essayai de subtilement passer.

Mais ça n’avait, apparemment, rien de subtile. Tout comme Sky ne faisait pas dans la subtilité non plus. Parce qu’elle me raconta ce qui allait se passer ensuite… Je plissai les yeux. On allait coucher ensemble, elle allait tomber amoureuse, m’avoua qu’elle était possessive et angoissée, s’attendait déjà à ce que je lui mente dans l’avenir et que je finisse par la foutre dehors.

Tout ça cash. Encore une fois.

Et là encore… Dans ce qu’elle venait de dire… Tout me ramena à A.J.. J’avais été comme ça avec A.J.. Et des crises, il y en avait eu. A chaque fois. Des centaines.

Je ne dis rien… Encore une fois elle m’avait déstabilisé.

Parce que…

Les Cap’N Crunch.

Les manies bizarres et identiques à celles d’A.J..

Les conversations sur les serials killer et son attrait pour les films d’horreur.

Le fait qu’elle s’en foute que je sois dealer.

Le fait qu’elle n’ait peur de rien sauf de l’abandon.

Je commençais à croire que j’allais la tête la première dans un foutu piège. Qu’A.J. avait préparé tout ça. Que Sky n’était rien d’autre qu’un de ses pions. Un pion prêt à bouger au cas où j’en venais à tuer A.J..

Et ce pion était là devant moi.

Ou alors, ça n’avait rien n’à voir et je me faisais des films. Je secouai la tête avant de la pencher légèrement sur le côté. Me disant que, quoi qu’il en soit, je saurais très vite ce qu’il en est vraiment.

-Heu… Tu sais… On n’a même pas encore fait l’étape un que tu as déjà fini l’histoire. Qui te dit que tu tomberas amoureuse de moi ?

J’esquissai un petit sourire. Il fallait absolument que je reprenne contenance. Parce que je détestais ne pas avoir toutes les données. Je détestais ne rien contrôler.

Et je ne contrôlais pas tout ici. Je ne contrôlais pas mes battements de cœur avec lesquelles Sky jouait au yo-yo. La seule chose dont je n’avais aucun doute c’était que cette fille me plaisait. Elle avait tout pour me plaire. D’où mon impression de foncer dans le piège.

Mais j’étais joueur.

Alors quand elle demanda à voir ma chambre mon sourire s’élargit un peu.

-Ok. Suis-moi.

Je me levai abandonnant là mes Cap’N Crunch. Et j’ouvris la porte de ma chambre. La seule pièce encore en bordel. La seule que je n’avais pas rangée entièrement après mon petit carnage. Il y avait la caisse en carton avec les objets d’A.J. dans un coin. Elle était fermée par du scotch. Sinon, les armoires où étaient mes fringues étaient ouvertes et les fringues en sortaient. Il y avait quelques objets sur mon bureau dont l’album photo de mon enfance et un des hochets de Lucky que j’avais embarqué sans le faire exprès. Ma table de nuit était, elle, remplie de boîte d’anti-douleurs ouvertes. C’était la seule chose que j’avais trouvé pour calmé la douleur que j’avais depuis la mort d’A.J.. Quant à mon flingue, il était toujours dans la poche de ma veste qui était sur la chaise devant le bureau.

Bref, c’était le bordel.

-C’est le bordel… J’ai rangé le reste de l’appartement parce que tu venais mais je n’imaginais pas qu’on atterrirait ici.

Non. Ce n’était pas prévu. Mais on était quand même là. Preuve que tout m’échappait.

Je me tournai entièrement vers Sky.

-Le lit n’est même pas refait… Mais j’imagine que ça n’est pas spécialement grave.

J’esquissai un sourire.

-Alors… Tu veux passer à la première étape ? Ou bien on passe tout de suite à celle de la crise liée à l’angoisse ? Parce que j’ai de l’expérience en la matière alors je sais encaisser.

Oui, c’était de la provocation. Une gentille provocation.

@ Billy Lighter

Je faisais face à Ward, assise en tailleur sur le divan avec mon bol de céréales sur les genoux, amusée par la tournure de notre conversation remplie de sous entendu pas si innocent que ça. Ni lui, ni moi avions peur du noir, c’est une bonne chose, pourtant, quelque chose me dit que ni lui ni moi allions dormir seuls ce soir.  C’est ce que je crois et j’y crois à ce point que je l’affirmais sans mettre de gant blanc, de toute façon, pourquoi prendre des détours ?  Appelons un chat, un chat !

- Ce n’était vraiment pas subtile, j’adore ça !

Pourquoi faudrait-il s’attarder et s’encombrer de délais interminables alors que nous savons tous les deux là où ça va irrémédiablement nous mener ?  Il est bel homme, il n’a pas d’anneau au doigt et puis qu’il avait une petite amie il l’aurait mentionné parce qu’aucune femme n’approuverait comme ça que son petit ami accepte de partager son appartement avec une autre femme  sans être présente à la rencontre ou en s’assurant qu’il le mentionne chaque fois qu’il en avait l’occasion, hors il ne l’a pas fait et il ne m’a pas repoussé quand je suis venue m’installer contre lui sur le divan.

Le seul petit bémol, puisqu’il en faut toujours un, faute de quoi la vie serait beaucoup trop simple et ennuyeuse, je me connais. Et je sais que si je couche avec lui, je vais tomber amoureuse de lui, Déjà maintenant, avec la simple considération qu’il m’offre j’en ai les jambes  mollet comme des chiffons.  J’ai auto saboté toutes mes relations parce que j’ai peur qu’ils m’abandonnent  et justement à cause de ça, je leur donne toutes les raisons de le faire en me comportant en fille hyper possessive et craintive. Je ne lui cache pas faire des crises horrible quand je souffre, mais sans entrer dans les détails, il le découvrira par lui-même.

- Qui te dit que je ne suis pas déjà amoureuse de toi ? Les coups de foudre ça existe pour de vrai, il parait !

J’imitais cette façon qu’il a d’incliner légèrement la tête sur le côté à tout bout de champ et je le fixais droit dans les yeux.

- T’as l’air bien moins certains tout d’un coup, Ward !

Ça ne l’empêcha pas d’accepter de me montrer sa chambre et je le suivis pour découvrir le plus gros bordel imaginable ! Comme s’il avait ramassé tout le foutoir de l’appartement pour le dumper dans cette pièce et l’oublier en refermant la porte.  J’avançais dans sa chambre comme dans un champ de mine, regardant tout autour de moi puis, surprise de trouver ce genre d’objet là dans sa chambre, je pris entre mes mains le hochets de bébé et le secouais avant de le replacer, probablement pas là où il était mais vu le rangement, je doute que ça puisse faire une différence.

J’explorais, sans me gêner, l’antre du loup.  Je pointais sa veste, plus spécifiquement ce qui semblait être la crosse d’une arme à feu, si ça se trouve, ce n’est qu’un de ces briquets qui imite une arme et qui impressionne quand on s’allume une cigarette en publique.

- Vaut mieux sortit protégé, pas vrai ?

Il y avait bien un double sens ici qui me fit sourire moi-même, je sais, ce n’est pas bien de rire de ses propres répliques.  J’examinais toujours autour de moi puis je regardais le lit défait.

- Je ne dors pas dans un lit qui n’a pas été fait.

Puis je revenais sur mes pas jusqu’à me retrouver en face de Ward qui se tenait devant la porte d’entrée de sa propre chambre. Je dû me hisser sur la pointe des pieds, mine de rien, il est quand même plus grand que moi puis je posais mes mains sur ses joues pour attirer son visage au miens et je l’embrassais sensuellement, comme deux amants le feraient en se retrouvant après un long moment d’abstinence et, quand le baiser prit fin, je me rabaissais sur mes talons pour le contourner et sortir de sa chambre, le plantant là.

- Bonne nuit Ward !

@ Billy Lighter

Elle ne me trouvait pas subtile… Mais elle adorait ça. Et ça me fit sourire pour la énième fois aujourd’hui. D’habitude, c’était des sourires que je commandais. Comme ceux que j’avais mainte fois servis à Carolyn. Mais là, je ne les commandais pas.

Mais ils disparurent quand, j’eus un doute. Un vrai doute. Celui que Sky puisse être une complice d’A.J… Son plan au cas où j’irais trop loin. L’idée n’était pas tout à fait dénuée de sens et je savais, aussi, que je ne devais absolument pas sous-estimer A.J. même après sa mort. Non. Surtout pas. Ça serait mal la connaitre. Or, je l’avais formé. Je savais qu’elle était douée. Pas autant que je ne l’étais. Mais assez pour faire mal.

Mais je décidai quand même de jouer le jeu. Dans le doute, je préférais prendre un risque.

Et puis… Je la voulais pour moi, Sky. Et ça, même si elle avait quelque chose derrière la tête.

Du coup, quand elle me fit un résumé de ce qu’allait être notre relation, je lui fis remarqué qu’elle ne tombera peut-être même pas amoureuse de moi… Ce qu’elle répliqua par un « et qui te dis que je n’y suis pas déjà », qui m’arracha un sourire en coin de satisfaction. J’aimais gagner… Mais j’aimais encore plus quand la victoire était si facile.

-Je sais. Les coups de foudre, ça existe.

J’en avais déjà eu. Pour Samantha… Et aujourd’hui aussi. Pour Sky.

-Et tu l’es déjà ? Amoureuse de moi ?

Elle pencha alors la tête sur le côté. Comme moi. Je mordis ma lèvre avant qu’elle ne dise que j’étais, du coup, moins certain. Comme si elle voyait tous les moments où je perdais contenance.

Je devais m’en méfier… Mais en même temps, tout ça me donnait encore plus envie de jouer.

-Non. Je suis toujours certain.

Et pour le lui prouver, je nous emmenai dans ma chambre. Ma chambre où régnait un bordel monstre et ça même pour moi. Sky avançai à tout petit pas alors que je restai à l’entrée. Le se saisi du hochet de Lucky avant d’explorer un peu plus. Je la regardai faire les bras croisés à l’entrée de la porte. Et elle vit le flingue qui sortait légèrement de la poche de ma veste.

Elle était observatrice… Mais, encore une fois, ça ne semblait pas la choqué. Non. Elle fit juste un commentaire qui pouvait être vu dans bien des sens. Je fixai Sky.

-Tu n’imagines même pas… L.A., c’est dangereux.

Et les pires, à L.A., ne sont pas deux qu’on croit… Sky avait de toute façon deviné que j’étais dealer. Un dealer sans flingue, ça n’existait pas.

Pas chez les New Soldados, en tout cas.

Moi, je fis un commentaire sur le lit… Mais Sky répliqua qu’elle ne dormirait pas dans un lit défait. Je fis une moue prêt à répliquer quand Sky vint me rejoindre pour se mettre sur la pointe des pieds, prendre mon visage entre ses mains et m’embrassa. Je me laissai faire appuyant même un peu plus le baiser n’hésitant même pas une seule seconde à rendre à Sky la fougue qu’elle y mettait.

Parce qu’elle en mettait. Assez pour que mon cœur batte plus vite.

Puis, elle brisa le baiser…

Et se barra me souhaitant la bonne nuit.

Je ne m’étais même pas retourné. Elle jouait. Je le sentais. Et j’attrapai son poignet fermement de ma main toujours sans me retourner.

-Le lit est défait… Mais le but, ce n’était pas de dormir.

Après tout, elle avait compris mon sous-entendu pas subtil, non ? Et le baiser était une ouverture, non ? C’est comme ça que je l’avais compris. Je me retournai lentement vers elle la ramenant contre moi pour l’embrasser à nouveau. Plus fort que la première fois. Je la ramenai dans la chambre fermant la porte d’un geste brusque l’embrassant toujours avant de la plaquer contre le mur pour continuer ce baiser fougueux que je ne brisai que pour enlever son t-shirt et le mien. J’étais légèrement essoufflé avant de lui soufflé à l’oreille.

-De toute façon, il est trop tôt pour dormir.

Je tenais fort un de ses mains que j’avais plaqué contre le mur alors que ma bouche descendis jusqu’à se seins que je commençai à martyriser un peu.

Sky n’était pas A.J… Je devais chaque fois encrer ça dans ma tête pour ne pas déraper.

Mais ça ne m’empêchai quand même pas d’y aller avec une certaine ardeur suçant et mordant légèrement ses seins alors que ma mains descendis le long de son ventre jusqu’à s’infiltrer sous sa culotte pour que je puisse commencer à la titiller.

@ Billy Lighter

Cette chambre ressemble à une scène de crime, le sang et les bout de cervelle sur les murs en moins.  Cela dit, j’aime visiter son univers, regarder les trucs qui traînent, m’en faire mon propre scénario, comme pour le flingue dans la poche e sa veste.  Ward n’est pas un enfant de cœur, ça tombe bien, j’ai toujours aimé les mauvais garçons et puis, au risque de me répéter, comment il occupe son temps libre ne me regarde pas.

Puis c’est sur le lit défait que Ward attira mon attention.  Je ne dors jamais dans un lit qui n’a pas été fait avant. Je déteste ça, pensé que la poussière du jour s’est déposée dedans.  Je ne me mettrai pas toute nue non plus là dedans.  C’est ce que je lui dis, enfin, à moitié, en disant que je ne dormirais pas dans son lit.

Je revins ensuite vers lui, l’air de rien mais ce fut pour l’embrasser.  Un baiser à en faire perdre la tête, qui déclencha en moi, et en lui j’en suis certaine, pleins de sensations agréables qui pétillaient partout en moi en même temps. Un baiser comme je voudrais être embrassé de cette manière toute ma vie… comme on ne m’a jamais embrassé de cette façon avant ce soir.
Cependant, tout ça est trop facile !

Et j’interrompis le baiser pour lui souhaite tout bêtement bonne nuit!.

Sa réaction ne me surprit pas, si c’est l’effet qu’il voulait créer. Il m’attrapa par le poignet et me fis revenir dans sa chambre et se retourna pour m’attirer contre lui et m’embrassa. Le jeu venait d’officiellement commencer, ce n’était jusqu’alors que le réchauffement. Il me plaqua contre le mur et en un rien de temps, je me retrouvais tout comme lui, nue du haut, nos t-shirt sur le sol, à nos pieds, au travers de pleins d’autres choses dont un bol de céréales  dont la consistance du lait laisser penser qu’il était là depuis un bon moment.

Je rigolais à sa remarque mais ne fut ensuite capable que de répondre d’un faible murmure, il me fait déjà perdre la tête.  C’est pire encore quand il plonge sa main dans mon pantalon, sous ma culotte et comme à me caresser indécemment, sans se gêner, mais c’est tellement bon que je ne le repousserai certainement pas.  Puis je lui donnais son change, imitant son initiative en allant moi aussi à pleine main dans son pantalon. Ce que j’y découvre  me donne encore plus faim pour la suite.

Fermement, à la hauteur de ses propres caresses sur mes seins et ma féminité, je le branle jusqu’à ce que son pantalon devienne un véritable obstacle. Du mieux que je peux, je tente de le faire glisser de ses hanches, j’y parviens à moitié, jusqu’en dessous de ses fesses et, tant qu’à y être, je me défis du miens avec beaucoup plus de facilité puis je plantais mes doigts dans ses fesses, mes ongles le griffant assurément au passage.

- Bébé… on va au lit, ok ?

Nous ne pouvions plus tenir là, contre le mur, au travers du bordel immense qui  dégringole à peine que nous bougions d’un tout petit centimètre.  Je plaçais mes mains sur ton torse et le repoussais juste assez pour le distancer de moi, le regarder dans les yeux tout en reprenant mon souffle.

- Dans ma chambre, ok ?  

Même sur le divan, ce serait mieux… mais pas ici au travers de je ne sais pas qui traine.

@ Billy Lighter

Sa légèrement provocation suffit à ce que je brise toutes les barrières entre nous. Il y en avait déjà si peu alors qu’on se connaissait à peine. Pourtant, Sky, en si peu de temps avait déjà réussi à faire d’elle celle que j’avais envie d’acquérir. Elle n’avait peur de rien et je n’avais pas encore trouvé ses limites sauf au niveau du bordel qu’elle ne semblait pas apprécier. Et du reste… Du reste, elle me faisait tellement penser à A.J. que ça me faisait autant froid dans le dos que ça me plaisait. A croire que l’un ne pouvait pas se détacher de l’autre.

Alors, je la plaquai contre le mur commençant des caresses indécentes Elle ne me repoussa pas. Elle me laissait faire même quand je nous déshabillai à moitié. Et elle rigola quand je fis quelques commentaires sur le lit. Mais son rire fut rapidement remplacé par des gémissements qui me firent frissonner. Je finis par briser encore plus de barrière en plongeant ma main sous sa culotte. Elle ne protesta pas se contentant de jouer à son tour en plongeant, elle aussi, sa main dans mon pantalon… Si je trouvais que Carolyn se posait beaucoup de questions, Sky, elle, ne s’en posait même pas une seule.

Et j’adorais ça.

Je poussai un gémissement étouffer alors que la caresse de Sky me mettait de plus en plus à l’étroit. Heureusement, elle me libéra un peu et, pendant qu’elle enleva son pantalon, je fis de même avec le mien reprenant, ensuite, nos caresses là où on les avait laissées. Et quand elle enfonça ses ongles dans mes fesses, je grognai un peu mordant, en retour, la peau de son cou.

Et alors que j’allais nous emmener jusqu’à mon lit, Sky lâcha une phrase qui m’arracha un frisson… Ou une sueur froide. Je crois que c’était plutôt ça.

Bébé… Elle m’a appelé bébé… Comme A.J.. Avec le même ton. Je m’arrêtai alors que mon cœur venait de rater un battement. Je fixai Sky qui proposa sa chambre. Mais j’étais coincé au « bébé ». Je la regardai un moment avant de regarder vers mon lit repensant encore à ce possible coup monté de la part de ma défunte ex.

Mais je ne voulais pas reculé. Au contraire… Plus les similitudes étaient grandes, plus j’avais envie de Sky.

Je secouai la tête. Avant d’afficher un sourire et de souffler.

-Ok. Ta chambre, bébé.

Et on alla dans sa chambre qui n’était qu’à quelques pas. Une chambre clean. Sans rien dedans parce que Sky ne s’y était pas encore vraiment installée.

Et je la fis se couche sur le lit la surplombant avant de l’embrasser à nouveau fougueusement. Très fougueusement. Jusqu’à mordre sa lèvre alors que mon sexe frottait contre le sien. J’enchainai les baiser nous laissant à peine le temps de respirer. Je n’arrêtai de l’embrasser de cette façon que quand je m’insérais en elle lâchant un gémissement étouffé. Je fis quelques vas et vient d’abord lent juste pour l’entendre gémir me retenant toujours, et malgré ses ressemblance avec A.J., d’y aller avec autant d’ardeur que je n’y allais avec mon ex. Mais c’était difficile. Très difficile. Probablement trop difficile alors que Sky me faisait perde la tête.

@ Billy Lighter

Son sexe dans ma main sembla se glacer alors que je lui proposais d’aller dans ma chambre plutôt que de poursuivre nos ébats dans  son bordel. Je refusais d’entrer dans son lit, c’est comme ça, je n’aime pas ça, je n’en ai pas envie. Alors que ma chambre,  toute nouvelle, a un lit tout propre  qui n’attend que d’être défait et de la plus belle des façons.

Je le regardais, retenant mon souffle. Ce fut presque si j’eu peur qu’il ne finisse par me repousser, réalisant qu’il faisait une erreur parce que je serais allé trop vite. Je sais, ça m’arrive tout le temps. Quand je crois qu’on me tend une perche, j’y mords comme un poisson à un hameçon et je l’engloutis jusqu’au coude du pêcheur.

Le suspens dura quelques secondes, une éternité, avant que Ward ne me réponde.  Mon sourire traduisit mon soulagement et je me hissais à lui, hors de question que je marche, j’allais me faire porter comme une reine, SA reine.   Je me retenais à lui en appuyant mes genoux sur ses hanches et de mes bras passés autour de ton cou et, sans cesser de l’embrasser, il nous amena jusque dans ma chambre et me fit  m’allonger sur mon lit et lui, au dessus de moi.

En quelques coups de reins, il me pénétra, me fit hurler de plaisir. C’était si bon et si instinctif, comme si nous l’avions fait des centaines de fois avant, peut-être est-ce seulement que nous étions réellement faits l’un pour l’autre et ça, j’y crois autant qu’il y a d’étoiles dans le ciel. Ward s’emploi à me faire atteindre le septième ciel  avec une rudesse assumée qui donne juste assez de mordant, j’en voudrais plus même.

Mais avant de l’atteindre ce fameux septième ciel, je lutte contre lui pour me donner l’avantage d’être au dessus.  Je le chevauche jusqu’à hurler de plaisir, jusqu’à tomber sur lui, complètement épuisée mais totalement comblée et amoureuse.  Je ne veux même plus bouger, sauf pour me faire porter par sa respiration qui me soulève le temps d’une inspiration.  Je reste longtemps la tête contre son torse avant de le regarder et de l’embrasser.

- Pourquoi tout à l’heure tu as figé ?

Lui qui depuis le début de notre rencontre, il y a tout juste quelques heures, s’est montré si sûr de lui. Pourquoi  soudainement il a semblé déstabilisé par ma demande.

- C’était la chambre de qui, ici, avant ?

Peut-être que je vais en apprendre plus sur lui, sur qui il est.

Je couvrais son visage de baisers, un à la fois, choisissant là où je voulais déposer mes lèvres, comme si j’explorais une terre Sainte et que j’entrais en communion.  Je suis prête à entendre à peu près n’importe quoi, de toute façon, je suis déjà folle de lui, je le veux pour moi et moi toute seule.  Il est impossible que nous ayons connecté avec autant de force, ce soir, pour que ce ne soit pas un signe du destin !  

Il est le mien !

Je suis la sienne !

- Tu veux bien m’en parler, bébé ?

@ Billy Lighter

Je m’étais repris acceptant d’aller dans sa chambre malgré qu’une petite voix me disait de me méfier. Mais je ne voulais pas me méfier… J’aimais déjà Sky plus que raison. Je savais que je risquais gros en me laissant aller.

Mais j’aimais le risque autant que j’aimais déjà Sky.

Alors, je continuai ce qu’on avait commencé emmenant Sky dans sa chambre alors qu’elle s’était hissée sur moi. On s’embrassait sur le chemin ce qui rendait notre progression difficile… Mais tellement excitante.

Finalement, c’est sur le lit bien refait de sa chambre que je l’allongeai ne tardant pas à l’embrasser à nouveau avec toute ma fougue la voulant entière pour moi. Et je finis par la pénétrer sans aucune hésitation et sans véritablement réfléchir me laissant aller à notre petit jeu qui, au final, n’avait rien d’un jeu mais juste d’une pulsion qu’on assumait tous les deux.

Et j’adorais ça.

Aussi sûrement que j’adorais la façon dont elle gémissait. A chaque fois qu’elle le faisait, j’y allais un peu plus fort cherchant, tout de même, à ne pas déraper à prendre toutes ses ressemblances avec A.J. comme un invitation à être avec Sky comme j’étais avec A.J.. Non. Je devais garder toutes mes chances…

Je gémissais à mon tour ne ressentant même pas une once de douleur alors que ma convalescence datait de peu. Il faut dire qu’elle me faisait tellement de bien qu’il aurait fallu que j’aie vraiment très mal pour abdiquer.

Elle finit par prendre le dessus. J’avais combattu un rien pour essayer de rester au-dessus pour finalement lui accorder la victoire et la laisser prendre les rênes. Juste pour voir.

Et je ne fus pas déçu.

Elle se mit à bouger de plus en plus vite jusqu’à-ce qu’elle se mette à crier entrainant mon orgasme alors que je gémis à mon tour son nom que j’adorais déjà.

Puis, ce fut l’accalmie. Elle retomba sur mon torse alors que je reprenais mon souffle. Je pouvais entendre Sky respirer fort alors que je faisais de même faisant glisser mes mains dans son dos. On resta un moment comme ça avant qu’elle ne m’embrasse. Je fermai les yeux savourant réellement le moment qui me fit oublier, l’espace d’un instant, les événements des derniers jours.

Puis, elle me ramena à la réalité. J’ouvris les yeux. Alors que Sky demanda à qui était la chambre, ici, avant. Elle croyait que c’était pour la chambre que je m’étais figé. Alors que c’était pour toute autre chose. Pour un mot. Un seul mot. Que Sky répéta encore faisant à nouveau battre mon cœur plus vite alors que je venais à peine de savourer chacun des baisers qu’elle venait de déposer sur mon visage. Je la fixai mes mains descendant sur ses fesses pour les caresser.

Elle voulait parler.

Parlons.

-Ce n’est pas la chambre. Cette chambre n’a jamais appartenu à personne. Du moins, depuis que je suis ici.

Je regardais Sky dans les yeux.

-C’est le mot. « Bébé ». Mon ex m’appelait comme ça. J’appelais mon ex comme ça. Elle m’a plaqué il n’y a pas longtemps. Ça faisait des années qu’on était ensemble.

Non. Je mentais. Elle était morte. Je l’avais tué. Mais c’était sa faute. Pas la mienne. Sa faute uniquement.

Alors pourquoi je ne pensais qu’à ça ?

-Toi et moi. On est pareil, Sky. On s’est fait largué.

Je passai mes doigts sur son visage avant de replacer ses mèches de cheveux.

-On est fait pour être ensemble. Je le sens.

Mon sourire revint alors…

-Sauf si tu me dis maintenant que tu es encore amoureuse de ton ex et que tu trouves que ce qu’on a fait ce soir est une erreur qui risque de mettre en péril notre colocation…

Ouais, parce que j’avais déjà entendu ça… Mais Sky n’était pas Carolyn.

Et Sky n’était pas A.J..

Sky était Sky et vu la façon dont elle me regarde, je sais déjà que j’ai tout gagné.

@ Billy Lighter

S’il n’en tenait qu’à moi, ce moment durerait jusqu’à demain matin. Je voudrais rester allongée sur lui, sans bouger sauf pour les caresses que nous échangeons, écouter son cœur battre et me laisser porter par sa respiration qui se calme petit à petit.  C’était notre toute première fois, la première d’une infinité de foi, mais je sais que celle là, je m’en souviendrai toute ma vie.

Parce que je suis curieuse quand même un peu, je lui demande si c’est parce que ma chambre était à quelqu’un d’autre s’il a semblé figer quand je lui ai demandé pour qu’on se retrouve ici. Pas que ca me gêne, cette personne n’est plus là, elle en perd donc tous ses droits, mais je veux en savoir plus sur Ward.

Et je suis surprise d’apprendre que ce n’est pas le fait que je voulais qu’on fasse ça dans ma chambre mais la façon dont je le lui ai demandé, le petit nom que je lui ai donné.  Je relevais la tête pour le regarder, surprise.

- C’est sortit tout seul, mais j’ai envie de t’appeler comme ça.

L’autre, elle en a perdu le droit en le larguant.

Je me replaçais tout contre lui en souriant à l’écouter me dire que nous étions pareil mais surtout, fait l’un pour l’autre.

- Je le sens aussi !

Tellement fort que je suis certaine que tout avait été fait pour qu’on se rencontre, comme, les chemins de la destinée ou une connerie dans ce genre là mais, oui, Ward et moi ça devait arriver, j’en ai la certitude.

- Tu dis des sottises !

Je rigolais en posant mes lèvres sur les siennes  puis je me laissais tomber à ses côtés, sur mon lit que je constatais pour la première fois, être confortable, mais ça, c’était assurément l’effet Ward.

- Pas de danger que je sois encore amoureuse de ce connard. Mais toi ? Tu es encore amoureux d’elle ? Sinon, ça ne t’aurait pas troublé pour un simple surnom sortit de ma bouche sous l’impulsion.

Ce serait la fin de mon monde s’il m’avouait être encore amoureux de son ex, tant et si bien que, je sens déjà poindre une crise en moi. Je me retourne sur le côté pour me coller au possible contre Ward.

- Tu es à moi maintenant !  Et je ne veux pas te partager avec personne, surtout pas avec une ex qui n’a pas été assez intelligente pour te garder.

J’allais la lui faire oublier moi, qu’importe qu’ils aient passés des années ensemble ! Nous vivons un puissant coup de foudre, ça vaut n’importe quelle relation qu’il a pu avoir, je n’ai aucun doute là-dessus.

Puis j’éclatais de rire.

- Bon…  est-ce que ça oblige quand même à faire chambre à part, parce que je n’ai pas envie de te laisser sortir de mon lit.

@ Billy Lighter

Tout, aujourd’hui, me faisait revenir à A.J.. Sky lui ressemblait et en même temps était totalement différente. Elle avait ses habitudes bizarres mais, physiquement, était son opposée. Mais là où elle ressemblait probablement le plus à A.J., c’était dans sa façon de m’appeler « bébé ». C’est pour ça que je m’étais figé. C’est ça que j’expliquai à Sky qui, encore une fois, ne se démonta pas.

Elle voulait m’appeler comme ça. Je souris.

-Et j’ai envie que tu m’appelles comme ça.

Comme si je pouvais récupérer ce que j’avais perdu. Même si, toujours, au fond de moi, je sentais que tout ça ne pouvait être qu’un piège. Mais je ne voulais pas m’arrêter là-dessus et repousser Sky. Non. Je la voulais pour moi. Elle me voulait pour elle. On était fait l’un pour l’autre. Elle en était sûre aussi.

Sauf si… Sauf si elle était encore amoureuse de son ex. Et je voulus directement le savoir pour éviter les mauvaises surprises. Elle ne l’était pas. Elle trouvait que c’était un connard. Je lui souris alors qu’elle posa encore ses lèvres sur les miennes avant de se mettre à côté de moi. Je tournai la tête vers elle alors qu’elle demanda si, moi, je n’étais pas encore amoureux de mon ex. Je caressai sa joue.

-Non. J’étais troublé parce que je ne m’y attendais pas. C’est tout. Mais tu n’as rien n’à craindre. Il n’y a que toi que j’aime, maintenant.

A.J. était morte. Je devais aller de l’avant. Sky était la personne parfaite pour aller de l’avant.

Elle se colla à moi je passai ma main dans son dos le caressant nonchalamment. Elle disait que j’étais à elle… Elle ne voulait pas partager. Comme A.J.. A.J. aussi détestait partager. Pourtant, elle comme moi, on ne pouvait pas s’empêcher d’aller voir ailleurs.

C’était ça qui avait tout fait merdé.

Je n’allais pas faire la même erreur avec Sky. Elle sera à moi et rien qu’à moi. Et je serais à elle et rien qu’à elle. Je voulais ça. Pour la première fois, je voulais vraiment ça.

Je me mis sur le flanc à mon tour me tournant vers elle pour pouvoir voir son beau visage.

-Tu ne devras me partager avec personne. Ça sera toi et moi et c’est tout.

Personne d’autre ne comptera. Absolument personne d’autre. Et si j’avais perdu ma seule attache il y a peu, je venais d’en retrouver une.

Et j’allais la garder pour moi.

Elle rigola d’un seul coup. Et sa question me fit sourire.

-Non. On ne fera pas chambre à part. En fait, tu as bien fait de ne pas ranger tous tes affaires. On arrangera tout demain pour faire de ma chambre, une chambre pour nous deux. Il y aura du ménage à faire mais à deux, ça ira vite.

Ma chambre était plus grande. Mon lit aussi. C’était donc l’endroit tout désigné.

-Et aujourd’hui, je ne vais pas sortir de ce lit.

Je soufflai ça contre ses lèvres avant de l’embrasser langoureusement. Sky connaissait déjà le dealer en moi… Peut-être que, petit à petit, elle pourra comprendre toutes mes autres facettes. Mais une chose à la fois. Aujourd’hui, je voulais juste profiter.

On brisa le baiser quand on n’eut plus de souffle.

-Je t’aime, Sky.

Et cette fois, contrairement à Carolyn, je le pensais.

@ Billy Lighter