ft. Peyton Stone

Billy Lighter

J’entre chez MTI d’un pas décidé. J’aurais dû recevoir depuis un moment déjà les premières propositions concernant ma prochaine tournée mais… toujours rien ! J’aurais pu tout aussi bien passer un coup de fil direct à Timmy Evans mais j’ai préféré me rendre directement, en personne, pour l’effet. J’adore les grands effets,  qu’on me voit mais surtout qu’on m’entende !

Il y a déjà une femme posté devant la réception et ça m’agace. Passer en  seconde, ce n’est pas dans ma perception des choses. Elle se retourne pour s’en aller et nos regards se croisent. Je suis capable d’analyser une personne par le premier coup d’œil, normalement, mais là, les vibrations ne passent pas, je ne sais pas me faire une idée.

- Avez-vous…

Je fronce les sourcils parce que la réceptionniste m’ignore royalement pour interpeller la jeune femme qui venait de partir pour lui tendre une lettre. Et moi ? Je suis transparente ?  JE SUIS Lola et je mérite d’être traité comme celle que je suis, pas autrement. Alors quand la jeune femme prend la lettre et qu’elle reste là, muette, à regarder l’enveloppe, je ne retiens pas ma pensée.

- Vous savez, pour lire une lettre c’est toujours plus simple d’ouvrir l’enveloppe. Our cela, vous prenez un coupe papier, vous savez ce que c’est qu’un coupe papier, n’est-ce pas ? Non, ne me répondez pas, ceci n’était qu’une question rhétorique. Une fois l’enveloppe ouverte, vous en sortez la lettre et c’est précisément là que la magie opère !

Je la fixe avant de croiser les bras contre ma poitrine.

- Vous savez lire, au moins ?

Je suis dans l’un de ces jours où mon humeur est massacrante et le vent que m’a mise la réceptionniste me fait me défouler contre cette jeune femme qui ne le mérite sans aucunement pas du tout mais c’est ainsi.

En fait, ce n’est pas par parce qu’elle ne sait pas lire si cette jeune femme est figée sur place mais parce qu’elle tient entre ses mains une lettre qui la chamboule. Je la regarde en plissant un peu des yeux puis me retourne vers la réceptionniste qui n’a toujours pas daignée de me demander ce qu’elle pouvait faire pour moi et je lui aboyais :

- Mais vous attendez quoi pour aller lui chercher un verre d’eau ?  La semaine des 4 jeudis ? !

Puis je pris la jeune femme par le bras et l’entraînais un peu à l’écart, vers l’entrée de la tour, là où se trouvais des fauteuils confortable pour faire patienter les gens de moindres importance, des gens qui ne sont pas moi, par exemple.

- Asseyez-vous, tout va bien aller !  C’est une lettre de menace ? Parce que si c’est le cas, je sais ce qu’il faut faire ! J’ai déjà eu des fans qui étaient un petit peu trop entreprenant.

@ Billy Lighter

ft. Peyton Stone

Billy Lighter

Je me suis fait ignorer royalement pas la réceptionniste et je n’entends pas en rester là seulement, vu la tête de la femme qui s’est fait interpellé pour du courrier, je préfère attendre avant de lui remettre ses pendules à l’heure. Ça semble la mettre dans tous ses états, elle passe du rose au blanc, comme si tout son sang avait quitté son visage en une demi-seconde.

Par réflexe, je l’entraîne à l’écart, là où elle pourra s’assoir et se reprendre, ça ne se fait pas que de perdre contrôle en public, enfin, pas dans son cas, moi c’est différent, je suis Lola ! C’est certainement des menaces ou quelque chose dans le même genre, un admirateur un petit peu trop entreprenant qui se croit déjà marier ! Quand on est une femme, ce genre de chose arrive un petit peu trop souvent, comme si nous n’étions que des objets !

- Vous êtes supposée être un minimum connue ?

Je ne dis pas ça méchamment, c’est simplement que je me tiens au courant des visages de ma maison de disque et elle ne me dit strictement rien. Où alors est-elle actrice ? Ou la femme de quelqu’un ?  Non, elle ne porte pas d’alliance, elle n’est donc pas mariée !

Je reste donc suspendue à ses lèvres, le suspens me tue, finissons en, enfin !

- Tout dépend de la raison, ma chère !

J’ai en horreur qu’on suppose pour moi.  Je suis la seule arbitre de mes émotions et ce que peut contenir cette lettre ne doit pas être si épouvantable que cela. Je pousse un soupire aux limites de l’exaspération alors que la réceptionniste vient enfin lui porter son verre d’eau.

- Il était temps ! Heureusement que sa vie n’en dépendait pas ! J’espère que vous ne prétendez pas au titre d’employée du mois !

Je me retourne donc sur Hilja, son nom est inscrit sur l’enveloppe, et j’attends qu’elle repose son verre, qu’elle avale sa gorgée sans pour autant cesser de l’interroger du regard.

- Vous êtes certaine ? Parce qu’on peut attendre encore des heures !

C’est bien évidement sarcastique, je n’ai pas que ça à faire mais ma charité chrétienne m’oblige à lui tenir compagnie. Ne sait-on si elle ne se couperait pas un doigt en le passant sous le rabat de l’enveloppe ou qu’elle s’étoufferait à nouveau d’émotion.

- Elle vient de qui, cette lettre ?  Vous me le dites ? Ou peut-être préférez-vous que je vous laisse seule pour la lire, c’est quand même peut-être hyper personnel.

Ou carrément ennuyant !

- MAIS C’EST PAS VRAI! IL N’Y A AUCUN SERVICE ICI !? JE VEUX DE L’EAU MOI AUSSI!

Je secouais de la tête en râlant bien comme il faut.

- Ici, il faut toujours préciser, même l’évidence la plus évidente !

@ Billy Lighter

ft. Peyton Stone

Billy Lighter

La tête de cette jeune femme ne me disait absolument rien.  Il faut dire que de nos jours, il suffit de faire un simple jingle publicitaire pour se prendre la grosse tête et se croire connue mondialement.  À ma question, elle me répondit qu’elle était surtout connue en Europe du Nord et que non, elle n’avait jamais eu de soucis avec des admirateurs un peu trop insistants.

- Bien, j’imagine ! L’Europe du Nord ?

C’était facile de prétendre une célébrité dans une partie du monde loin de Los Angeles, je n’avais pas la capacité de faire la moindre recherche, là, tout de suite mais j’avais l’intention de m’informer auprès de Timmy dès que je le verrais. MTI ne devait pas devenir le refuge de sans abri artistique sous prétexte que dans leur Europe du Nord natale, ils ont fait un super jingle publicitaire !

Ma patience s’effrite légèrement mais je maintiens le calme autant que faire ce peut, demandant ce qui pouvait bien la mettre dans cet état ce à quoi j’ai droit à une supposition sur ce que je peux ou ne pas croire.  Je fronce alors des sourcils, ai-je donné mon consentement pour que l’on pense pour moi maintenant ? J’en doute !  Quoi qu’il en soit, elle a droit à son verre d’eau et moi, je dois me déshydrater ! C’en ai trop et je ne manque pas de le faire savoir à la réceptionniste qui devrait commencer à faire ses cartons car quand j’en aurai fini ici, je m’assurerai personnellement de son renvoi.

Hilga se sent prête à ouvrir la lettre qui, enfin, j’apprends qu’elle lui vient de ses frères.  J’imagine que cela doit être touchant de recevoir des nouvelles de la famille mais je n’ai ni frère ni sœur alors je ne manque à personne, sauf peut-être à mes parents qui réalisent maintenant la grande valeur que je représentais à leur yeux, maintenant qu’ils ne touchent plus un seul sous sur quoi que ce soit se rattachant à moi.

La jeune femme ouvre donc l’enveloppe et en sort la lettre qu’elle lit attentivement, et sans doute avec émotion, pendant que je bois enfin mon verre d’eau.

- Évidement, elle n’a pas mis de citron, petite gourde !

Il fallait vraiment tout expliquer ?  C’était inacceptable, mais je n’allais pas m’emporter à nouveau alors qu’Hilga me résuma la lettre comme quoi sa famille se porte bien et qu’ils sont fiers d’elle.

- Quoi, c’est tout ? , dis-je en m’emparant de la lettre.  Je n’ai pas risqué l’apparition de rides d’inquiétude pour un simple ’’ nous allons bien et sommes fiers de toi, bisous, bisous ! Tes frères qui t’aiment !’’ et, en  parcourant en diagonale la lettre, je me rends compte que c’est à peu près ça.

Je posais mon regard sur Hilga en lui redonnant sa lettre, comme si elle allait sortir une seconde lettre cachée dans sa manche mais non, c’était tout.

- Il faut les faire venir ici, ils doivent voir par eux même comment vous vivez ici, ce que vous êtes entrain de bâtir ! Si vous recevez votre courrier ici chez MTI c’est que vous êtes de la famille! Vous n’aimeriez pas les voir venir en vacances ici ?

@ Billy Lighter

ft. Peyton Stone

Billy Lighter

Petit à petit j’en apprenais d’avantage sur la jeune femme qui me révéla connaître une certaine popularité en Europe du Nord ce qui me surprit. Elle était native du Danemark. C’était un sacré bout de chemin qu’elle avait parcouru pour tenter d’élargir sa popularité. Je n’avais pas connu ça, j’étais déjà connu lors de ma toute première tournée mais je savais que ce n’était pas donné à tout le monde d’avoir le secret du succès.

- Il fait froid là-bas, non ?

J’imagine ce coin du monde comme le pôle nord. Je me fais peut-être une fausse idée, je ne passe pas assez de temps dans les endroits où je m’arrête en tournée parce que justement, j’y suis pour le travail pas pour les vacances.

Quoi qu’il en soit, le sujet qui nous intéresse présentement, c’est cette lettre qu’elle a reçu de ses frères et qui semble la chambouler au point où j’ai dû, précédemment, l’amener s’assoir  car je craignais qu’elle ne finisse par perdre connaissance. Je la laisse lire la lettre mais je n’en retire aucune satisfaction après qu’elle m’eut fait un résumé aussi simple et je lui prends la lettre des mains pour  m’en rendre compte par moi-même. Je m’attendais à quelque chose de plus étoffé, tant qu’à prendre le temps d’écrire, aussi bien y mettre le paquet ! Mais je ne comprends rien de ce qui est écrit, tout ceci me semble être du japonais !

- J’apprends le français et je me débrouille très bien en espagnol !

Je ne suis pas qu’une jolie tête, il y en a là dedans !  Mais je ne suis pas encore rendu au niveau du danois.  Je lui rends donc sa lettre puisque je ne peux que la croire sur parole, trouvant ça tout de même triste pour elle, pour eux, d’être séparés et de ne pouvoir se voir autant qu’ils le souhaitent, comme avant…

Il me semble donc évident qu’elle doit les faire venir ! Ils pourront ainsi voir d’eux même ce que leur sœur est entrain de bâtir ici. C’est aussi ce qu’aimerait faire Hilja mais elle n’en a pas les moyens. Quoi ? Ça paie si peu avoir une certaine renommée en Europe du Nord ? Il est question de débourser environ 1000$ par tête et je suppose que cela ne couvre par l’hébergement et les autres frais comme les repas, les déplacements et tout…

- Je comprends.

Je me lève et ramasse mon sac que j’avais laissé tombé par terre quand, en presque panique, j’avais fait s’assoir Hilja. La réceptionniste, bien que complètement incompétente doit avoir prévenu Timmy que je désire le voir, depuis le temps ! À moins qu’elle ne cherche toujours la formule pour faire elle-même son eau !

- Je vous souhaite bonne chance en tous les cas !

Je la saluais et me dirigeais vers l’ascenseur et pressais plusieurs fois sur le bouton, comme si ça allait le faire venir plus vite.  Et quand la clochette se fit entendre juste avant l’ouverture des portes, je regardais par-dessus mon épaule, la jeune femme toujours assise avec sa lettre dans les mains…

Depuis que j’ai épousé Howard, je me suis fixée un objectif, celui d’être une meilleure personne et, je m’en éloigne bien malgré moi.  J’ouvre donc mon sac et en sort mon chéquier et y gribouille ce que je crois être un montant suffisant et y ajoute ma signature avant de retraverser le halle et rejoindre Hilja avant qu’elle ne quitte.

- Hilja…Prenez le. C’est de bon cœur et, quand vos frères seront là,  faites-le moi savoir. Cela me ferait plaisir de les rencontrer.

Je lui tends toujours le chèque en espérant qu’elle l’acceptera, sinon… je le ferai placer à son intention ici, chez MTI.

@ Billy Lighter

ft. Peyton Stone

Billy Lighter