L'appréhension. Une sensation que je n'avais pas éprouvée depuis un bout de temps. Ce détail avait une importance justement dans le fait que je n'avais aucune raison de ressentir cela. Après tout, j'allais juste rendre une simple visite de courtoisie à Jordan. Pourquoi cela pourrait-il mal se passer ?
Quand j'étais flic, mes anciens collègues n'ont cessés de cracher dans mon dos. J'avais l'habitude de ça, c'est pas comme si j'avais bouffé des critiques pendant toute mon enfance. Sauf qu'exceptionnellement, je les avaient méritées. J'étais un pourri, je le savais, mes collègues le savaient, Jordan le savait. Sauf que je n'ai jamais reçu de quelconque jugement de sa part. Il m'a cerné dès mon arrivée à la police de Los Angeles, et il a continué de me cerner pendant la net descente aux enfers que j'ai vécu lors de mon infiltration au sein des Los Diablos. Pour autant, il n'a jamais essayé d'intervenir et de me faire remonter la pente. Il avait capté une chose capitale : j'étais devenu moi-même. Loin d'une vision idyllique du bon flic aux services des citoyens, j'étais juste un mec qui ne croyait plus en rien, sauf au bonheur que transmettait l'argent. A partir de ce constat, triste pour certains, réaliste pour d'autres, pourquoi tenter de me changer ? Je le respectais profondément pour ça.
De sa perspective, et avec le recul, j'ignore ce qu'il pense. Le Vietnam et les conséquences névrotiques lui ont bouffées la vie, c'est écrit sur sa gueule et le temps n'arrange pas les choses pour lui. A la réflexion, c'est probablement pour ça qu'il me supportait. Je ne m’intéressait pas à lui, et je n'ai jamais tenté d'agir contre cette aspect de sa personnalité. D'expérience, forcer les gens à changer est la meilleure solution pour qu'ils n'aboutissent à rien. Il avait compris ça pour moi, et réciproquement. C'est peut-être ça qui définit cette relation si particulière qui nous unies : le respect mutuel de deux hommes qui vivent pour rien. Probablement. Peut-être. Honnêtement, est-je vraiment besoin d'une réponse ?
Des enfants errants, des magasins à la façade dégueulasse, des fréquentations douteuses à chaque coins de rues, un air qui suinte l'infection... Pas de doute, Eastside rayonne. Une réalité qui me convient, un sentiment partagé par Jordan qui je le pense n'aurait jamais acheté une baraque dans ces rues sans un motif valable.
Me voilà devant sa porte d'entrée. Je toque doucement, dans l'éventualité qu'il ne soit toujours pas levé. J'enlève délicatement ma cravate et tout autre signe qui pourrait nous renvoyer à la réalité du poste de police. En somme, je ne suis là pour aucune raison spécifique, et Jordan le sait très bien. Je fouille rapidement mon sac : ma tablette de chocolat, mes Camels et... Merde, il manque le plus important ! Les bruits de pas de l'autre côté de la porte commencent à se faire entendre. Il faut que je m'assure d'un truc, es espérant qu'il soit pas devenu sourd depuis ces 6 derniers mois :
-J'espère que tu as du café en réserve !
@ Billy Lighter
Jordan Keller
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Sujet: Re: Mutual Respect [PV Jordan] Sam 28 Mar - 11:42
J’étais déjà levé depuis longtemps quand j’entendis frapper à la porte. Je dormais mal, de toute façon, comme toutes les nuits… Entre les cauchemars, les sueurs froides et les sursauts, ce n’était pas facile de laisser de la place pour le sommeil.
Alors même si j’étais en repos, à 4 heures, j’étais déjà levé, à tourner comme un lion en cage dans la maison. A la télé, c’était toujours la mire et son tûûût assourdissant qui était au programme… Alors j’avais éteint la télé et branché la radio sur L.A. Rocks.
Grant, lui, dormais dans sa nouvelle chambre, celle qui était le plus loin possible de la route principale parce que ce petit campagnard ne supportait pas le bruit.
Et ce fut partit pour de longues heures à alterner café et clopes en attendant qu’il se réveille. Ouais, fumer dehors, tant que le petit n’était pas en présence pour me le rappeler, c’était dans ses rêves. J’étais encore dans ma baraque et j’y faisais ce que je voulais.
J’entendis donc frapper à ma porte, des coups discrets. Je levai un sourcil, m’attendant à voir débarquer Conrad qui serait déjà en manque de ma présence. Mon coéquipier étant en repos, lui aussi… Mais malgré ça, on était comme cul et chemise.
Mais quand j’allai ouvrir la porte, c’est devant James McNamara que je me retrouvai. Je fus un instant surpris avant de sourire à sa demande.
-T’as déjà vu un flic sans café ?
Je m’écartai pour le laisser entrer. Je savais qui était James McNamara. Il n’était plus flic… Ce qui voulait dire qu’il avait, en quelque sorte, le droit de ne pas être clair. Je savais qu’il nageait en eaux trouble…
Je ne savais peut-être pas jusqu’à quel point. Et je ne voulais pas le savoir.
Moi, j’aimais bien James… Il était aussi désabusé que moi, sauf que moi, je n’avais pas encore sauté du mauvais côté de la barrière et je ne le ferais jamais. J’étais trop droit dans mes bottes pour ça, même si quelques fois, mes méthodes étaient peu conventionnelles…
Mais si on faisait tout dans les règles de l’art, on aurait encore moins de résultat qu’on en avait déjà.
Je le précédai dans le couloir qui menait à la petite cuisine.
-Fais pas trop de bruit… Depuis pas longtemps, je suis le tuteur d’un môme dont la mère est morte et il déteste le bruit… Et là, il dort encore.
Je pris la cafetière et servis un café à mon ancien collègue.
-Alors, quoi de neuf, vieux ? Des infos intéressantes dans le coin ? Moi, on m’a filé la mission d’aller interroger la petite Olivia Cortez sur son enlèvement demain… T’aurais pas entendu l’un ou l’autre truc sur le sujet ?
Les habitudes ne se perdent pas, c'est indéniable. Jordan n'avait pas changé d'un poil depuis ces derniers mois. sa maison collait parfaitement à son image? J'eus une pointe de curiosité mal placée en regardant les escaliers, imaginant déjà les conditions de vies dans lesquelles le gosse évoluait.
- En tout cas, tu lui fournis un cadre plutôt cosy. Pauvre gosse...
A peine m'avait-il posé sa question que je m'allumait une clope pour accompagner le café. La maison sentait le tabac, j'en ai rapidement déduis que Jordan fumait à l'intérieur quand le gosse dormait à poings fermés.
Olivia Cortez... Une histoire qui tourne beaucoup dans les événements actuelles de Los Angeles.
- Les seules infos que j'ai entendus, c'est celles communiquées par la presse. J'ai pas cherché à creuser d'avantage. Mais connaissant les bails actuelles de LA, il doit y avoir quelque chose de plus sombre qu'une simple demande de rançon. T'en dis quoi ?
A dire vrai, c'est une histoire qui m'intéresse beaucoup. Ce genre d'événement alimente les bureaux de la police de LA et à tendance à faire ressortir les nombreux ragots divers et variés que l'on retrouve parmi les commères. Malgré ma radiation, restez informé de tout cela est mon cran de sûreté pour éviter les mauvaises surprises. Je suis conscient que malgré mes méthodes, je suis efficace, et dans ce genre d'affaire, mon aide aurait pu être précieuse.
Et c'est typiquement ce que je veux éviter. Me mouiller dans de sales draps pour un salaire de misère, ces conneries là sont terminées. Le luxe, c'est de choisir ses affaires, son montant, et ses propres investissements personnels, professionnels, et émotionnels. je ne suis pas encore passé par ce dernier stade, et je redoutais déjà ce future passage...
Perdu dans mes pensées, je n'ai pas remarqué que Jordan m'observait avec étonnement. Boulet que je suis, il avait répondu à ma question mais je n'avais pas prêté attention à sa réponse. Merde alors !
- Désolé vieux, j'étais ailleurs... Je suis à ton écoute !
@ Billy Lighter
Jordan Keller
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Sujet: Re: Mutual Respect [PV Jordan] Dim 29 Mar - 14:36
Je fis entrer James à l’intérieur en lui expliquant que le môme dont j’avais la charge depuis peu dormait encore… James plaignis le gosse après avoir dit que je lui fournissais un cadre plutôt cosy.
-Ouais mais ça suffit pas, le cosy… Ce petit est un fugueur… Le Maine où il a vécu la plus grande partie de sa vie jusqu’à maintenant lui manque beaucoup. Il a essayé d’y retourné en stop la dernière fois…
On arriva dans la cuisine et je servis mon ancien collègue avant d’allumer, comme lui, une nouvelle cigarette. Il fallait en profiter tant que Grant dormait encore, sinon, ce petit allait nous reléguer à l’extérieur.
-Et une autre fois, il a quitté l’école et s’est retrouvé au centre-ville… Il est arrivé à monter tout en haut de la tour BSC… Je ne te raconte pas l’enfer…
D’ailleurs, je devais toujours y repasser, à cette tour, pour essayer de récupérer le bol de Grant. Et aussi pour râler en disant que foutre un gosse de 10 ans dehors grâce à deux gorilles de sécurité plutôt que de chercher d’où il venait pour pouvoir appeler soit son école, soit moi, c’était abusé. Là, ils l’avaient juste mis dehors et laissé livré à lui-même.
-Bref, j’ai pas fini d’en voir avec Grant.
Clope au bec, tasse de café en main, je m’installai sur la chaise en face de James. Mcnamara était le pourri, de nous deux, pourtant, il avait une dégaine plus propre sur lui que moi, même avec sa cravate détachée. Moi, j’étais vêtu d’un ancien treillis militaire et d’un t-shirt gris qui payait pas de mine.
Je lui demandai alors s’il avait des informations intéressantes qui venaient du coin… Parce que le lendemain, j’allais devoir aller interroger la petite Cortez au sujet de son enlèvement. Mais mon ex-collègue ne savait rien de plus que ce qu’il y avait dans la presse.
Mais il avait le même sentiment que moi : cette histoire était plus qu’une demande de rançon… Pourtant, tout portait à croire que ce n’était que ça, comme le fait que Jimmy Reed avoue que la jeune Cortez était sa fille… Une fille qu’il avait eue 17 ans plus tôt avec la femme qui se trimbalait maintenant à son bras officiellement : Maritza Cortez.
J’expliquai un peu à James ce que j’en pensais mais ne réalisai pas tout de suite qu’il était perdu dans ses propres pensées. Alors quand il s’en excusa, je recommençai.
-Je disais que dans une demande de rançon, normalement, les ravisseurs ne touchent que très rarement la personne qu’ils capturent et retiennent captive. Ici, la petite Cortez a été clairement torturée, comme si c’était plus un message qu’on voulait envoyer… A Reed certainement…
Je haussai les épaules et soufflai la fumée de ma clope avant de reprendre un coup de café.
-J’en saurai sûrement plus en allant interroger Cortez elle-même… Il était trop tôt, jusqu’ici, pour l’interroger, mais maintenant, il est grand temps de le faire.
Même si je préférais de loin patrouiller…
-Et sinon ? J’ai l’impression que les Los Diablos se tiennent tranquille ces temps-ci, tu ne trouves pas ? Idem pour les New Soldados… ça pue le calme avant la tempête.
Curieusement, je n'avais pas imaginé Jordan dans un rôle de père adoptif spécifique. Dans cette situation, pour le gamin, soit les choses passent, soit elles cassent. Il est aisé de se dire que le chemin emprunté par ces deux là s'oriente vers des cassures, mais pour autant, j'ai l'impression que c'est ce qui plaît au gamin d'une certaine manière. Dans cette avalanche de merde qu'il vit actuellement, il trouve son réconfort en compliquant la vie d'un père adoptif flic et névrosé comme pas deux. Un rôle qui, à mon sens, convient également à Jordan, plus qu'il ne le dit.
Mais sa dernière phrase m'a relativement étonnée. Une gamine torturée ? Whoa. Cette réalité ne m'avait plus frappée en pleine poire depuis bien longtemps. On s’accommode très vite au monde des bisounours qui entoure les citoyens lambdas, un statut auquel je suis récemment revenu depuis ma radiation.
- Pour préciser un peu ton expression : le calme n'est pas le mot adéquat. A mon sens, c'est plutôt "qui sème le vent, récolte la tempête". Il va se passer quelque chose Jordan, et cette fille torturée que tu dois interroger n'est que le début d'une série d'emmerde.
Comme à mon habitude, je vide la moitié de ma tasse de café dans le fin fond de mon gosier, avant de tirer une taffe sur ma clope. A son regard, je vois que la curiosité de Jordan est piquée. Pas forcément sur des informations que je pouvais lui transmettre, car je n'en savais pas plus que lui. Mais plutôt sur les ressentis que je peux déballer concernant cette sinistre affaire.
- Il y a une piste que tu devrais exploiter pour retrouver les coupables qui ont torturés cette fille. Quels sont les marques sur son corps ? Qu'est-ce qu'elle a subit dans le détail ? Je ne t'apprends rien en te disant que les méthodes de tortures divergent en fonction des gangs.
Sujet délicat en somme, ça va de soit. La faiblesse dans mon raisonnement est cependant lié aux conséquences psychologiques de la fille en elle-même. Rare sont les victimes qui se laissent auscultées le corps après des tortures. Ce n'est pas dit que Jordan puisse trouver des réponses avec cet outil, surtout si la fille ne dit rien et, dans le même temps, cherche à cacher ses blessures. Là, c'est le combo perdant par excellence.
@ Billy Lighter
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Sujet: Re: Mutual Respect [PV Jordan] Mar 31 Mar - 13:36
James s’était installé derrière sa tasse de café… Nous étions deux à fumer maintenant, n’en déplaise à Grant que je voyais déjà froncer le nez quand il se réveillerait. Mais ça faisait partie de notre deal : je ne fumais plus à l’intérieur, il ne fuguait plus… En espérant qu’il respecterait la règle mieux que moi. Mais je sentais que le petit commençait à s’attacher à moi, d’une certaine façon, un peu comme moi, je m’attachais à lui.
Mais on en vint bien vite à l’affaire Cortez… Ça avait provoqué beaucoup d’émotion dans toute la ville puisque cela touchait une jeune célébrité locale… Selon la version officielle, c’était Jimmy Reed qui avait été récupérer sa fille après avoir payé une rançon…
Mais ça n’empêchait pas qu’on m’ait donné la mission, avec Conrad, d’aller interroger la jeune femme pour en savoir plus sur ses ravisseurs, en vue de les punir comme il se devait. Jusqu’ici, on ne savait que très peu de chose, voire pas du tout.
Ce qui me faisait douté concernant la demande de rançon, c’était que la jeune Cortez avait été torturée presque jusqu’à la mort. Or, normalement, les ravisseurs demandant une rançon ne faisaient en générale pas de mal à leur garantie de toucher l’argent.
Ce n’était pas le cas ici… Et Jimmy Reed n’avait pas fait appel à la police pour ce qui était de nous renseigner sur la demande de rançon. Non, il y était allé, seul, et avait ramené sa fille à l’hôpital avant de faire une conférence de presse où il avouait être le père de celle-ci.
James était persuadé qu’il allait se passer quelque chose. Je tirai longuement sur ma clope en le regardant.
-Je sens quelque chose, en effet… Des tensions entre Los Diablos et New Soldados… Mais je ne vois pas ce que ça a à voir avec cette fille. A moins que les New Soldados ne se lance dans un nouveau type de criminalité qui est la demande de rançon…
James me donna le conseil de m’intéresser à la façon dont avait été torturée la fille… Je grimaçai et laissai la fumée de ma cigarette s’échapper à la fois par ma bouche et par mon nez.
-Je suivrai ton conseil… Si ça se trouve, elle n’a même pas pu voir le visage de ses ravisseurs si ceux-ci voulaient vraiment une rançon… Les rançonneurs se cachent à leur victime habituellement pour ne pas pouvoir être identifiés par leur victime.
James précisait que les marque laissées pouvaient différer en fonction des gangs… je souris.
-C’est bizarre, hein… Rien ne nous dit que cet enlèvement a à voir avec les gangs et pourtant, on se dirige tous les deux instinctivement vers cette hypothèse.
Je pris une bonne gorgée de café, ma cigarette se consumant entre mes doigts.