J’avais dû laisser Sky seule chez nous pour la soirée et la nuit pour superviser les différentes affaires des New Soldados. Je venais fraichement de nommer Yang comme second. Même si c’était un sociopathe parfois un peu trop penché sur la torture, je l’avais choisi parce qu’il savait garder des secrets et parce qu’il me coutait très cher. Assez cher que pour le nomme second et ainsi faire des économies. Parce que si j’avais dû faire monter en grade l’une de mes petites frappes, il aurait demandé plus de revenus… Et payer un nouveau second très cher en plus de Yang, ce n’était pas suffisamment rentable.

Alors, je l’avais choisi lui à défaut de mieux. De toute façon, il ne sera là que pour exécuter mes ordres quand je ne suis pas là pour le faire.

A peine étais-je arrivé à l’entrepôt que Yang m’avait fait un topo sur ce qu’ils s’étaient passé depuis ma dernière visite. Vu qu’elle ne remontait qu’à deux jours, il n’y avait pas grand-chose de nouveau. Les ventes se passaient bien et on avait reçu une nouvelle livraison de drogue venue du Mexique. On gagnait du terrain sur South L.A. par rapport aux Los Diablos. Chaque fois qu’on en gagnait, c’était une petite victoire contre Reed… On commençait doucement à reprendre le territoire qui était, à l’initial, celui des South Panthers.

Mes hommes étaient, pour la plupart, stupides. Mais ils étaient efficaces. C’était tout ce que je leur demandais.

Après le topo de Yang, je l’avais envoyé superviser l’est de notre territoire pendant que je restais ici à accueillir, dans mon bureau, les potentielle nouvelle recrue qui en valaient la peine et qui était en train d’être sélectionnées à coup de coup de poings dans le partie principale de l’entrepôt.

Et en même temps, je faisais les comptes. Ça faisait partie du boulot. Je préférais largement m’amuser à effrayer les recrues mais ça viendra…

J’étais toujours en train de calculer notre marge bénéficiaire quand j’entendis qu’on toquait à la porte.

-Ouais…

C’était Javier… Il disait qu’Olivia Cortez était à l’entrée de l’entrepôt et voulait me voir. Il se demandait bien comment elle me connaissait et comment elle savait que j’étais ici. Seul Yang savait que j’avais enlevé Olivia Cortez. Les autres n’en avaient aucune idée. D’où son étonnement.

Moi je trouvais ça… Intéressant. J’esquissai, d’ailleurs, malgré moi, un sourire en coin. Alors, elle m’avait cherché… Au point de me trouver. Je ne savais pas comment elle avait fait. Il faudra que je lui demande. Mais c’était du beau travail. Elle était maligne…

Mais je me demandais bien si elle était venue jusqu’ici parce que j’avais réussi à ce qu’elle s’attache réellement à moi ou bien si elle était venue pour se venger elle-même à cause de son sang de Reed…

Dans le premier cas, elle allait tomber sur un os et j’allais certainement devoir utiliser ma dissuasion nucléaire… Dans l’autre cas… J’étais armé et elle n’avait strictement aucune chance.

Je me levai de ma chaise.

-Fais-là entrer ici.

Il hocha la tête sans poser de questions. Mes hommes savaient qu’il ne fallait jamais poser de questions. Je mis mon flingue à l’arrière de mon jeans juste au cas où.

Et il m’amena Cortez.

-Laisse-nous seul.

Il s’exécuta et j’étais maintenant seul avec la fille de Reed. Je ne voulais pas amorcer la conversation dans un sens ou dans un autre. Je voulais, en quelque sorte, qu’elle s’exprimer en premier. Alors, je restais appuyer contre mon bureau et penchai légèrement la tête sur le côté.

-Liv’ ?

Je fis semblant d’être étonné. Même si, en mon for intérieur, je ne l’étais pas entièrement.

@ Billy Lighter

J’avais attendu qu’il soit assez tard pour sortir en douce de l’appartement de Jack et Brooke, non pas que je ne pouvais pas sortir comme bon me semblais mais Jack veillait sur moi, comme un père le ferait. C’était normal, il avait toujours été comme ça envers moi et je l’appréciais plus qu’il ne pouvait l’imaginer et, étrangement, c’était peut-être cela qui me ferait pencher sur côté de Daniele Ricci, qui désirait prendre ma carrière en main. Je me disais qu’il était peut-être mieux de séparer les intérêts sauf que… j’avais peur de blesser Jack si je venais qu’à choisir Daniele plutôt que lui…

Mais en affaire, pas d’amitié, pas vrai ?

Il fallait que je prenne une décision en dépit des sentiments et j’en étais venue à me dire que Jack m’aimerait quand même, peu importe mon choix.  Je me laissais encore quelques temps pour réfléchir, cependant, mon avenir allait se jouer après ce soir.

Je le sentais.

Je m’étais habillé, puisque j’avais fait croire que j’allais au lit et j’étais sortie sur la pointe des pieds, profitant des roucoulements provenant de la chambre de Jack et Brooke pour sortir sans me faire remarquer quoi que je me dise que Sloan avait peut-être entendu, si elle ne dormait pas. Elle avait l’ouïe d’un ninja, ça en était effrayant ! Je suppose que c’est ce qui arrive, quand on perd un sens, nous développons les autres.

Une fois dehors, j’avais marché un moment puis j’avais prit un bus de ville en direction de South Los Angeles. Je me souvenais parfaitement bien de tout ce qu’avait dit l’ami de Jesse, Guillermo, je me répétais ses paroles dans ma tête depuis ce jour et je n’attendais que la bonne occasion pour me rendre au QG des New Soldados, non sans être morte de trouille mais mon besoin de revoir Ward surpassait ma peur.

J’étais demeurée un long moment devant la bâtisse, ca ne pouvait qu’être là, il y avait des hommes qui y entraient ou en ressortaient. Que feraient-ils là si ce n’était pas là que se tramaient les affaires illégales des New Soldados, rivaux du clan de mon père, les Los Diablos ?

On m’agrippa le bras par derrière et on me plaça une main sur la bouche avant de me tirer dans la ruelle qui menait à l’arrière du bâtiment. Un homme, un mexicain qui sentait la tequila à plein nez, me libéra la bouche après m’avoir fait promettre, enfin c’est vite dit, je n’avais que cligné des yeux, de ne pas hurler et il ne me ferait aucun mal.

- Je veux voir Ward… El Lider…Il… sait que je devais venir…

Je mentais, il n’en savait rien mais si je voulais avoir une toute petite chance de le voir, je devais m’assurer d’être crédible et surtout… inoffensive, ce que j’étais ! N’étais-je pas venue ici toute seule, sens en informer qui que ce soit et sans arme ?

L’homme me considéra un moment avant de m’entrainer avec lui à l’intérieur puis envoya quelqu’un informé Ward de ma visite. Les secondes semblaient d’égrainer aussi rapidement que des heures avant que l’autre type ne revienne et dise que je pouvais le suivre.  Je me retrouvais dans un bureau arrangé n’importe comment, face à Ward qui feignait lamentablement mal la surprise.

À son exclamation, je répondis en premier d’un haussement d’épaule.

- Je t’a i attendu… tu n’es jamais revenu !

Je n’avais pas dit ça sur le ton du reproche ou même de la colère mais avec de l’incompréhension dans la voix.

- Alors j’ai cru que… peut-être que je devais venir voir moi-même.

@ Billy Lighter

Olivia avait trouvé la planque des New Soldados. Et elle avait eu le courage de venir, jusqu’ici, de nuit rien que pour venir me voir. Elle devait certainement avoir joué les fines enquêtrices pour retrouver ma planque si bien que j’étais très curieux de savoir comment elle avait eu l’information.

En fait, il y avait beaucoup d’inconnue dans cette visite. Comme le : pourquoi ? Venait-elle parce qu’elle n’avait cessé de penser à moi et à ce que je lui avais promis ? Ou bien pour se venger… C’était deux possibilités crédibles. Les deux étaient grisantes bien que la première me ferait bien plus d’effet que la seconde. Les vengeances, c’est classique… Par contre, voir que j’avais réussi à ce qu’elle soit toujours attachée à moi après tout ce temps me prouvait que j’avais réellement réussi un bon coup. Et j’aimais réussir ce que j’entreprenais.

Alors, quand Olivia Cortez fut face à moi, je fis mine d’être surpris. Je l’avais certainement fait très mal. Ça importait peu. C’est ce qui suivra qui sera important. Je toisai Liv’ qui, pour l’instant, laissait passer très peu d’expressions. Elle ressemblait très fort à Reed… Et j’avais l’impression que chaque fois que je la regardais, elle lui ressemblait un peu plus.

Elle haussa les épaules… Avant de me faire des reproches ? Non. Ce n’était pas vraiment des reproches. Son ton de voix n’était pas celui de reproche. Mais une chose était sûre : elle m’avait attendu. Preuve que ce que j’avais voulu lui mettre dans la tête pendant sa captivité avait porté ses fruits. J’aurais bien esquissé un petit sourire satisfait. Mais ça aurait ruiné la suite. Parce que Liv’ me donnait très envie de jouer un peu… Rien qu’un tout petit peu. Jouer avant de réduire à néant ses petits espoirs qu’elle avait dû nourrir pendant sa convalescence.

Oui, j’avais envie de jouer à ça… Parce que j’avais des informations à glaner. Et aussi parce que j’avais envie de faire encore un peu mal à Reed à travers sa fille.

Alors quand elle déclara qu’elle a cru, du coup, qu’elle devait venir voir par elle-même, je m’approchai doucement d’elle prenant un air concerné, cette fois très bien joué.

-Tu es vraiment une fille extraordinaire.

Une fois face à elle, je passai mes doigts sur sa joue.

-Je pensais… Que tu étais passée à autre chose. Tu as dû croire la même chose que moi. Mais je n’aurais pas su venir te voir, Liv’. J’ai pris du temps à me remettre de ce que ton père m’a fait.

Et pour preuve, je levai mon t-shirt lui montrant les traces des dégâts qui était encore visible. Des traces que j’allais garder toute ma vie comme toutes les autres.

Je lâchai mon t-shirt qui se baissa de lui-même avant de caresser à nouveau sa joue avec mon pouce alors que nos regards se croisaient.

-J’ai failli mourir… Mais j’ai survécu, finalement. Après ça, te contacter ou venir te voir aurait été trop dangereux. Ton père est influant… Il a des hommes partout. Et je suis certain qui a fait en sorte d’assurer ta sécurité de loin… Peut-être même qu’il a fait ça dans ton dos. Mais je ne pouvais pas risquer qu’il me retrouve et achève ce qu’il avait commencé quand il est venu te rechercher. Pourtant, c’était pas faute de vouloir te revoir pour faire ce qu’on s’était promis. Mais je devais attendre une ouverture pour t’approcher.

Partir tous les deux. Je n’en avais plus envie. Si jamais l’idée m’avait séduit pendant que je la retenais captive, mon amour pour Sky avait absolument tout changé. Mais ça ne m’empêchait pas de parler doucement à Olivia. De lui faire comprendre qu’elle m’avait manqué.

-Mais tu es là, maintenant… Comment tu m’as retrouvé ? Ça n’a pas dû être facile.

Là était toute la question. Et j’avais envie d’avoir la réponse. Parce que si Livia m’avait retrouvé c’était qu’il y avait eu des fuites. Je voulais savoir où se trouvait la fuite pour l’éradiquer.

Je caressai toujours sa joue.

-Tu es toujours prête à partir avec moi ? Parce que moi, je le suis…

J’attendais sa réaction. Et ses réponses aussi…

@ Billy Lighter

Entrer dans le repère des New Soldados n’avait pas été si difficile que ça. Bon, j’avais eu un peu peur quand un type m’avait agrippé pour me traîner dans la ruelle, je ne supportais plus qu’on me touche, encore moins des inconnu, depuis  que Ward m’avait emmené pour me laisser avec Yang. D’ailleurs, je crois que je redoutais plus qu’on m’amène devant lui que n’importe quoi d’autre.

Il ne m’avait suffit que je dise vouloir voir Ward pour qu’on m’amène devant lui, aussi simple que cela.  Peut-être les avait-il prévenus que cela pourrait arriver ? Que je puisse me pointer ici et qu’ils devaient me laisser passer ?  Alors peut-être qu’il m’attendait, depuis tout ce temps pendant que je tergiversais et tentais de comprendre pourquoi lui ne venait pas vers moi.

Et c’est ce que je lui dis, après qu’il m’eut interrogé du regard. Un haussement d’épaules et un reproche qui n’en était pas un. Une déception, certes mais pas un reproche. Il n’y avait rien de simple là dedans, j’en avais conscience.

Ward se rapprocha de moi en me disant que j’étais extraordinaire. À ses mots, j’en avais une boule d’émotion dans la gorge puis il passa ses doigts sur ma joue et je fermais les yeux. J’avais oublié sa douceur, comment avais-je pu l’oublier ? Je voulais lui dire que je n’avais pas pu passer à autre chose, ça m’était impossible de passer à autre chose, il était toujours là dans ma tête, il avait été là pour moi, m’avait aidé, soigné et montré  ce que les autres ne me permettaient pas de voir.  Et Ward leva son t-shirt me laissant voir les cicatrices qu’avaient laissées les coups de feu tirés par Jimmy, mon père.  J’avançais doucement mes doigts, mais il laissa tomber son t-shirt et je relevais les yeux pour le regarder.

Il avait raison dans tout ce qu’il disait. M’approcher était impossible pour lui cependant, il pouvait me faire envoyer un message par l’un de ses hommes, quelqu’un en qui il avait assez confiance pour ce genre de chose.  Payer un étudiant de Fairfax,  un coup de fil anonyme, même un foutue pigeon voyageur, s’il l’avait vraiment voulu… Je ne savais plus quoi en penser, j’avais bien réussis moi, à le retrouver ? Si mon père me faisait autant surveiller, c’est son homme à lui et non celui de Ward, qui m’aurait intercepté, devant le QG des New Soldados.

Il me demanda comment j’avais fait pour le retrouver, que cela n’avait pas dû être facile. Je lui répondis d’un sourire, ça me rendait fière parce que j’avais été capable de l’impressionner, de lui montrer que j’étais déterminée.

- Tu l’as dit, je suis extraordinaire. Quand je veux quelque chose, aucun n’obstacle ne me résiste.

Lorsqu’il caressa ma joue, je posais ma main sur la sienne en fermant les yeux me laissant bercer par ses mots. Il était encore prêt à ce que nous partions ensemble, je ne pouvais être plus heureuse qu’en entendant ces mots.

- Je suis prête, tout de suite si tu veux.

Je pris sa main dans la mienne et le regardais.  S’il y avait une chose que j’avais apprit, dans la vie, c’est que si nous n’agissons pas au moment où nous avons le courage de le faire, jamais nous ne le ferons. C’était maintenant ou jamais et jamais n’était pas une option.

@ Billy Lighter

La petite Reed semblait suspendue à mes lèvres alors que j’expliquais le pourquoi je n’étais pas entré en contact avec elle. Qu’est-ce qu’elle croyait, sincèrement ? Que j’allais me pointer à la fenêtre de sa chambre de princesse pour venir l’emmener avec moi ? Que j’allais lui envoyer une lettre codée pour lui donner un point de rendez-vous ? Elle m’avait vu prendre trois balles… Elle croit que je régénère en trois minutes ? Et même après ? Elle savait certainement que son père voulait me tuer, non ? Alors elle devait savoir que l’approcher aurait été complètement imprudent.

Mais il semblerait que Livia, dans sa tête, avait bien ses 17 ans. Et elle avait dû se faire un scénario de conte de fée. Du moins, pendant un temps. Parce qu’elle avait quand même fini par prendre les choses en main et me chercher. Et c’est là qu’elle m’impressionnait. Elle m’avait cherché et elle m’avait trouvé. Elle avait fait mieux que tous ces flics qui devaient être en charge du dossier « New Soldados ». Certainement justement parce qu’elle n’était pas flic ce qui avait dû faire baissé la garde de celui qui lui avais donné l’information. Une information qui ne pouvait être donnée que par un New Soldados… Ou bien… Ou bien les Los Diablos avaient des traites dans leurs rangs. Des traites qui n’ont pas daigné donner l’information de ma localisation à Alonso.

Bref, les possibilités étaient à la fois limitées… Et énormes… Donc, le mieux, était de demander à Olivia comment elle avait fait. Mais elle me répondit comme un Reed. Un compliment d’elle à elle-même en reprenant mes mots suivit d’une phrase qui témoignait de son caractère de Reed… Mais sans rien me dire sur les modalités qui l’avaient conduite dans ma planque.

Je savais que si j’insistai elle allait se douter de quelque chose. Alors, je n’insistais pas. J’aurais l’information que je veux autrement. Parce que, moi aussi, quand je veux quelque chose, aucun obstacle ne me résiste. Comme Livia. Comme Jimmy Reed. Preuve que lui et moi étions pareil au fond. Il était comme moi.

Je caressai toujours sa joue.

-Je vois. Tu es pleine de ressources.

Elle posa sa main sur la mienne avant que je ne lui demande si elle était toujours prête à partir avec moi.

Et elle y était… Elle était prête à s’enfuir loin d’ici avec moi.

J’avais réussi… Olivia Reed était prête à suivre l’ennemi de son père et abandonner tout ce qu’elle avait construit ici. J’étais arrivé au but final de ma manipulation. Ce qui me provoqua une énorme satisfaction.

Maintenant que j’avais bien joué… J’allais tout détruire et lui montré mon vrai visage.

Quand elle prit ma main, j’avançai mes lèvres près des siennes mais m’arrêtai juste avant de les touchées. Ma bouche bifurqua alors pour s’approcher de son oreille.

-Tu es vraiment naïve, Olivia Reed.

C’est ce que je lui soufflai avant de me reculer lui faisant lâcher ma main. Je changeai de ton prenant un ton neutre. Mon vrai visage.

-Tu crois vraiment qu’on allait se la jouer Bonnie & Clyde ? Tu croyais vraiment que le chef des New Soldados avait un intérêt à s’enfuir avec une chanteuse connue pour vivre en fuite jusqu’à la fin de nos jours ? Tu croyais vraiment que je voulais me la jouer Howard Stone en sortant avec une gamine comme toi ? Si tu as cru ça, Liv’, c’est que tu es naïve comme ta mère.

J’esquissai un petit sourire en coin utilisant les quelques informations que j’avais glanée sur elle rien qu’en lisant L.A.People.

-Tu as tout. Tu as une carrière de chanteuse renommée. Un manager qui t’aime comme un père. Des amis. Et toi, ton vœu le plus cher, c’est de partir avec moi ? Tu sais ce que je conclus de tout ça, Liv’ ? Que je suis vraiment doué pour ce que je fais.

Et je ne le cachais pas.

-Je t’ai enlevé. Je t’ai fait vivre un cauchemar par pure vengeance contre ton père. Et toi, tu es amoureuse de moi ? Tu l’es, n’est-ce pas ? Ou du moins, tu l’as été, c’est bien ça ?

Mon sourire en coin était toujours là alors que je venais de commencer, brutalement, à passer en mode destruction.

@ Billy Lighter

Nous y étions !

Ward voulait encore fuir avec moi, autrement, pourquoi me poserait-il cette question ?  Je sentais la légèreté m’envahir de nouveau comme si tout devenait plus clair, enfin, après autant de noirceur.

Sa main sur ma joue était aussi douce que la soie, c’était réconfortant, comment lorsqu’il le faisait, quand nous étions là-bas, à San Fernando et qu’il me réconfortait avec la rudesse de Yang.  Mes yeux fermés, je sentais son visage tout près du mien. Nous avions échangé un seul baiser.

Un seul mais il demeurait gravé dans ma tête, rien n’avait été assez fort pour l’effacer de ma mémoire, ni le temps, ni la bienveillance de mon entourage.

Seulement, ce sentiment s’effrita alors qu’il m’appela Olivia Reed. J’ouvris les yeux et fixais le mur devant moi. Ward se recula, semblait amusé alors qu’il faisait l’étalage du pourquoi il n’avait pas intérêt à partir avec moi.

- Ben…non…

J’allais un jour être majeur, dans bien des endroits dans le monde où nous n’aurions pas eu besoin de nous cacher et puis… Si nous allions au Mexique, il pouvait très bien continuer d’opérer ses petites magouilles si ça lui plaisait tant que ça. J’étais un peu sous le choc, je ne comprenais pas là où il voulait en venir et qu’avait à voir ma mère là dedans ?

- Ma mère ?

Parce qu’elle avait marié le chef des Los Diablos ?

Je commençais à percuter qu’il s’était joué de moi, que tout ça n’avait été qu’un écran de fumé qui lui avait servit à se protéger et moi, qu’avais-je fais ? Je m’étais jeté à ses pieds, comme la petite marionnette que j’étais, que j’ai toujours été.

- Tu es doué…

Il l’était !

Et moi je tremblais parce que je plaçais toute mon énergie à me contrôler, pour ne pas pleurer.

- Peut-être que oui. J’en sais rien, mais il y a eu quelque chose, tu devrais le savoir, tu l’as créé !

Je me retournais et passais mes mains glacées sur mon visage avant de les passer dans mes cheveux puis je lui fis face à nouveau en esquissant un demi-sourire.

- Et dans ton merveilleux plan bien ficelé, tu avais aussi prévu que je reviendrais, que je te demanderais encore de partir ?

Lentement, assez pour que moi-même je ne m’en rende pas tout à fait compte, j’avançais vers lui, mon regard empreint de colère, de dégoût mais surtout de chagrin dans le sien. Il pouvait dès lors me faire absolument tout ce qui lui plaisait. Me torturer, me violer, me battre et finir par me tuer. Je n’avais strictement plus rien à perdre, je ne sentais plus qu’on pouvait espérer quelque chose de bien pour moi. J’étais devenue une cause perdue, faisant office de bibelot. Oh certes, Daniele Ricci m’avait dans sa mire, j’aurais pu me contenter de ça, mais n’étais-je pas l’enjeu d’une gageure entre lui et mon père ? Au final, je demeurais un produit de BSC pour l’un comme pour l’autre.

- Et tout ce que tu m’as dit… tu n’es qu’un pathétique menteur et le plus triste, c’est la façon dont tu te mens à toi-même !

C’était le désespoir qui me faisait m’accrocher à la possibilité toute minime qu’il était entrain de m’écraser avec son petit doigt pour me faire fuir aussi sûrement qu’il fuyait son désir de partir avec moi.

Ça ne pouvait qu’être ça.

@ Billy Lighter

Je venais de changer de visage d’un seul coup. Passant de l’homme qui voulait s’enfuir avec Olivia sur les routes à Ward Fleming. Le vrai Ward Fleming. Celui qui avait utilisé Livia pour toucher Reed en plein cœur.

Mes gestes suivaient mes paroles. Je m’étais éloigné un peu de Livia pour la questionner lui demandant comment elle a pu croire qu’un homme comme moi aurait pu vouloir, une seule seconde, s’enfuir avec une gamine comme elle. Si l’idée m’avait effleuré pendant la captivité de Livia, la donne avait largement changée depuis. Et l’idée de jouer les fugitifs à tout jamais en me coltinant une gamine trop gâtée n’avait plus aucun intérêt pour moi. Je me demandais même comment j’avais pu le vouloir à un moment donné. Peut-être parce que je trouvais ça grisant de totalement voler la fille de Jimmy Reed. De la faire mienne entièrement.

Mais je n’en avais plus envie. Maintenant, je voulais encore toucher Reed en détruisant Cortez. Et, pour ça, rien de tel que la vérité crue. Elle qui m’avait pris pour une sorte de sauveur, je lui montrais, maintenant, que non seulement je n’en avais rien à faire d’elle mais, qu’en plus, j’étais l’unique responsable de ses tourments.

Elle en perdait ses mots. Elle répondait « non », à mes questions avant de se demander pourquoi j’avais évoqué sa mère. Sa mère qui était tout aussi naïve que Livia.

Je sentais qu’elle était sous le choc et qu’elle percutait doucement. Comme si son cerveau essayait, tant bien que mal, d’amortir le choc.

-Oui, ta mère. Elle aussi à gobé ce que je lui ais dis. Elle aussi est tombée dans le piège.

Même si j’avais remarqué, chez toutes les deux, une certaine méfiance. Mais une fois amadouée, les deux m’avait permis d’arriver à mes fins.

Je savais qu’en disant ça, j’avouais, en quelques sortes, que j’étais le responsable de ce qui était arrivé à sa mère. Mais ça n’avait pas d’importance. J’avais ma dissuasion nucléaire…

Je fis remarquer que j’étais doué. Je le pensais. Elle le pensait aussi. La manipulation était un don naturel que j’avais… Mais je l’avais entrainé encore plus au fur et à mesure des années.

Et ce fut à moi de la questionner. De lui demander si elle était tombée amoureuse. Elle ne savait plus… Elle pensait bien que oui. Elle disait que je devrais le savoir parce que, ce sentiment, c’était moi qui l’avais créé.

-Oui. Je l’ai créé. Et j’ai réussi.

Parce que je pense bien qu’elle avait été amoureuse. Ou quelque chose d’approchant. Un sentiment que je ne partageais pas. Elle vivait ce que Samantha m’avait fait vivre. Le sens unique.

Mais Olivia Reed… Était une Reed. Elle tentait de garder bonne figure en essayant de ne pas perdre le peu de contrôle qu’elle avait sur la tournure que prenait cette conversation. Pour moi, ça devenait intéressant. Pour elle, ça tournait au cauchemar.

Pourtant, elle cherchait à savoir si j’avais prévu les choses jusqu’à aujourd’hui. C’est-à-dire jusqu’au fait qu’elle reviendrait.

Je la fixai de mon regard neutre alors que ma voix était calme.

-Je savais que ça serait une possibilité. Là où tu m’as impressionné c’est que tu as réussi à trouver où je me trouvais précisément. Tu as dû savoir, dans l’aventure, que j’étais chef des New Soldados. Et, pourtant, tu es quand même venue. Malgré tout. L’amour rend aveugle, on dirait…

De ça, j’en étais sûr. L’amour rendait aveugle. Je l’avais appris, à mes dépends, avec Samantha.

Je m’étais appuyé contre le bureau, les bras croisés alors que Livia s’approcha de moi avec détermination et le regard empli d’une multitude de sentiments dont la colère. Moi, je ne cillai pas. Je gardai mon air neutre.

Elle me traita de menteur. Oui, j’en suis un.

Elle disait que je me mentais à moi-même. Non, pas vraiment.

Je penchai légèrement la tête sur le côté, les bras toujours croisés.

-Tu aimerais, n’est-ce pas ? Tu aimerais que je me mente à moi-même. Mais non. Je ne mens qu’aux autres.

Je le fixai toujours sachant très bien que la gamine ne pourrait pas s’enfuir de cette conversation parce que la porte du bureau était fermée à clé. Chaque fois que je demandais à ce qu’on me laisse seul avec quelqu’un, mes hommes verrouillaient la porte.

-Et encore. Dans ce que je t’ai dit, la plupart des choses étaient vrai. Ton père est bien venu foutre en l’air mon petit monde en devant chef des Los Diablos. Il m’a bien viré de me place. Il a bien organisé mon assassinat… Deux fois. Ton père est bien le sale type que je t’ai décrit. Et si je t’ai enlevé, c’était pour lui faire mal. Lui retiré ce qu’il avait de plus cher.

Je ne quittai pas des yeux la gamine.

-Normalement, tu n’aurais pas dû sortir en vie… Mais ton père est arrivé. Ce qu’il ne savait pas c’est que j’ai été malin au point de faire en sorte que tu t’attaches à moi.

Je penchai, à nouveau, la tête sur le côté.

-Tu sais comment j’ai fait ça Livia ? Il a simplement fallu que je joue au gentil. Que Yang, mon homme de main, t’humilie… Et que moi, je sois celui qui vienne te réconforter avec de la bouffe et un peu de chaleur humaine.

J’esquissai un petit sourire en coin.

-Mon plan était parfait. N’est-ce pas, Livia ? La preuve, tu es ici.

Et elle me permettait de pouvoir savourer ma petite victoire.

@ Billy Lighter

Ce moment brutal où l’épais brouillard dans lequel on m’avait plongé se dissipe me fait l’effet d’une bombe dans la tête et le cœur. C’est un tremblement de terre interne qui sévit, paralysant mes pensées m’éloignant de ce qui me semblait si réel  pour me rapprocher de quelque chose qui n’avait plus aucun réconfort.

C’était une chute libre vers le néant.

Le Ward que je venais de retrouver n’avait rien à voir avec celui qui se tenait devant moi en ce moment, pourtant, il s’agissait du même homme, c’était pourtant clair. Ma tête avait encore du mal à s’en rendre compte, quelque chose continuait de vibrer en moi, me forçant à m’accrocher à ce qu’il avait implanté si profondément.

Il me disait naïve, comme ma mère. Ma mère qui était elle aussi tombée dans son piège et qui avait failli payer de sa vie son imprudence. Cette révélation aurait suffit à me faire fuir mais je ne m’en sentais pas la force à cause de cette maudite impression qui paralysait encore certaine zone de mon cerveau.

Il y avait trop de bourdonnement entre mes deux hémisphères, trop de mines qui explosaient et qui faisaient des liens entres elles.

À sa question, je voulu rester forte, ne pas lui montrer à quel point il m’avait rendu faible même s’il le savait. Mais il l’avait dit lui-même, je suis une Reed et si je pouvais semer ne serait-ce qu’un infime soupçon de doute, j’allais le faire.  Je lui dis donc, en le regardant dans les yeux, qu’il devait connaître mes sentiments pour lui puisque c’était lui qui avait tout créé.

- Alors ? Est-ce de l’amour ? Ou une dépendance affective ? Ces deux sentiments se ressemblent autant qu’ils sont différents.

Je ne m’avouerais pas vaincue, j’avais assez de m’être jeté à nouveau dans la gueule du loup, inutile de lui donner toutes les satisfactions en vrac !

Il avait eu ce qu’il voulait. Faire mal à mon père en m’enlevant, en lui torturant l’esprit sur ce qui pouvait m’être fait. Mais avait-il planifié que son plan fonctionnerait aussi bien jusqu’à me voir revenir à lui, presque en rampant ?

- Tu devrais te questionner sur ta sécurité; si j’ai pu si facilement te retrouver, imagine un peu Jimmy !

Et ça me fit rire d’y penser.  L’un comme l’autre se pensaient intouchables et moi, une adolescente en pleine crise identitaire avait été capable d’entrer dans sa tanière comme dans une crèmerie.  Ward devrait songer à renforcir sa sécurité.

De tout ce qu’il me disait, il ne pouvait y avoir qu’une possibilité. Il se mentait à lui-même, ce que nous avions vécu là-bas, il l’avait créé et s’il l’avait fait, c’est parce qu’il en avait besoin ! On ne peut inventer des sentiments comme ceux-là, c’est impossible !  Pourtant, il niait et pire encore, il démontait habilement tout ce en quoi j’avais cru, à coup de vérité absolue et ultra blessante. Rien n’avait été comme il me l’avait fait croire. Tout avait été ficelé pour atteindre Jimmy.

Je me sentis à nouveau comme en chute libre et dû m’assoir, sur un fauteuil en bois  vieux comme la terre qui grinça en penchant légèrement sur la droite.  J’encaissais chacune de ses paroles, froidement, sans ciller, ma seule démonstration de faiblesse fut ce moment où j’avais dû m’assoir.

- Et je suis ici…

Et je n’allais probablement pas en ressortir. Il venait de me le dire, son intention était de me tuer mais Jimmy était arrivé trop tôt dans l’histoire.  Je me levais et marchais de long en large de son bureau, pendant que je le pouvais encore. Je redoutais de finir à nouveau enchaînée au radiateur ou dans un lit moisi.  Puis je me retrouvais devant lui, nos regards encrés l’un à l’autre, pendant de longue seconde et je le giflais aller…

- Ça c’est pour ma mère !

… et retour !

- Et ça c’est pour moi !

Jamais je n’avais giflé une personne de ma vie, en tous les cas, jamais avec autant de haine.

@ Billy Lighter

Il parait qu’il n’y a que la vérité qui blesse. Et il semblerait que ça soit bel et bien le cas. Même si Olivia était très douée pour ne pas montrer à quel point me révélations la touchaient, je pouvais petit à petit voir les dégâts que provoquaient chacune de mes phrases à son encontre.

Elle se rendait compte que je l’avais bernée. Que ce que j’avais fait lors de son enlèvement n’était qu’un moyen pour moi de créer un sentiment à mon égard. Un sentiment positif. Un sentiment auquel elle voulait donner un nom, visiblement, se demandant s’il s’agissait de l’amour ou bien d’une dépendance affective. Deux sentiments qui, pour elle, se ressemblaient mais étaient aussi fondamentalement différents. Qu’importe le nom… Dans les deux cas résultat aurait été le même. Elle aurait quand même retourné ciel et terre pour me trouver.

-Amour… Dépendance affective… Appelle ça comme tu veux. Ça n’a pas d’importance. Il parait que je ne suis pas très doué pour mettre des mots sur les sentiments. Ni même pour les ressentir. C’est les gens qui disent ça.

Ils se trompaient pourtant. Je ressentais des choses. Parfois tellement fort que ça me poussait à tuer. Il n’y avait que la peur que je ne ressentais pas.

-Tout ce que j’ai fait, c’est couper tes liens avec les êtres qui comptaient pour toi et faire en sorte que je sois le seul qui compte à tes yeux. Chose que j’ai réussi à faire étant donné que tu te tiens là devant moi.

Et je ne cachais pas vraiment ma fierté par rapport à ça. Même si ça signifiait que ma planque était compromise.

J’en trouverais une autre. Même si la gamine utilisait ça pour me dire que je devrais me questionner sur ma sécurité. J’esquissai un petit sourire en coin. Essayerait-elle de me faire peur ? Peut-être.

-Je ne m’en fais pas pour ma sécurité. Si tu as réussis à me trouver c’est parce que ta source ne se méfiait pas de toi. Or, Jimmy doit utiliser ses Los Diablos pour avoir une petite chance de trouver ma planque. Or, je suis certain que ta source serait moins encline à donner des informations aux Los Diablos. Tu ne crois pas que si Jimmy l’avait pu il m’aurait déjà trouvé, Liv’ ? Si. Mais le fait est qu’il n’a pas ton avantage. Celui de paraitre inoffensif. Et si tu es arrivée de l’entrée de ma planque jusqu’à mon bureau en vie, Liv’, c’est parce que je l’ai voulu.

Elle était inoffensive à mes yeux. Elle avait du caractère mais face à moi elle ne faisait pas le poids.

-Je m’inquiète moins pour moi que pour ta source, Liv’.

Parce que j’allais trouver sa source et l’éliminer. De quoi mettre un mort sur la conscience de Liv’. Une façon supplémentaire de la détruire et de détruire Reed par son intermédiaire.

Puis, elle essaya de s’accrocher à l’idée que je me mentais à moi-même. Ce fut, pour moi, une occasion supplémentaire de lui montrer qu’elle n’était rien pour moi. Que j’étais seul et unique commanditaire et exécuteur de son enlèvement. Que Yang n’était qu’un pion dans mon jeu. Et que, finalement, tout ça n’était qu’une question de vengeance entre moi et Reed. Qu’elle n’avait été que le jouet de cette vengeance.

Et je la vis, enfin, faiblir. Elle dû s’assoir répétant mes dernier mots.

Oui, elle est ici. Preuve que mon plan, même si c’était le plan B, avait fonctionné.

Et je me délectais de son visage. De chacune de ses expressions. Je la laissais digérer avant qu’elle ne se lève pour marcher de long en large. Je penchai légèrement la tête sur le côté regrettant de ne pas pouvoir lire dans ses pensées. J’aurais voulu entendre toutes les pensées qui lui traversaient l’esprit.

Et elle finit par se plantée devant moi et, sans que je m’y attende, elle me gifla.

Deux fois.

Une fois pour sa mère. Une fois pour elle.

Des gifles puissantes dont la dernière explosa légèrement ma lèvre.

Je laissai un moment ma tête tourné vers la gauche. Avant de planter, à nouveau, doucement mon regard dans celui de la gamine.

-De la haine. C’est bien. L’amour et la haine, c’est proche, non ?

Oui, je me foutais encore d’elle tant qu’on y était.

-Tu sais Liv’… Autant pour toi que pour ta mère. Il n’y a jamais rien eu de personnel. Vous m’étiez toutes les deux indifférentes. Ce qui comptait, c’était de faire mal à Reed. Tu n’es qu’un dégât collatéral.

J’enfonçai le clou. Je le savais.

-Et je vais te laisser vivre… Parce que te tuer, aujourd’hui, n’a plus aucun intérêt.

Ça fera plus de dégâts à Reed de voir sa fille vivre malheureuse plutôt que de la voir mourir.

-Mais ma question est, Liv’, qu’est-ce que tu vas faire maintenant ?

J’avais envie de savoir. J’avais envie de savoir ce que tout ce qu’elle savait, maintenant, allait la pousser à faire.

@ Billy Lighter

La chute était vertigineuse, la descente infinie et l’impact serait motel, je le craignais. Ward n’était pas celui qu’il avait prétendu être pendant mon enlèvement, il avait levé le masque et se montrait sous son vrai jour.  Tout avait été réfléchi pour mener son plan, pour lequel je n’avais été rien que plus qu’un vulgaire pion, à bien.

Je percutais lentement, comme si mon cerveau prenait tout son temps pour dissiper le brouillard, pour faire des liens et mettre ne place les pièces flottantes du puzzle.  Il avait bien joué, très bien joué et moi, faible et vulnérable que j’étais, par sa faute, j’avais marché, yeux fermés et confiante, vers lui. J’étais prête à bousiller ma vie, mon mariage parce qu’il avait pernicieusement joué avec  mes émotions jusqu’à me façonner entre ses mains.

Il avait gagné, je ne pouvais que m’incliner.

- Tu as gagné, c’est admirable, je ne peux le nier. Tu as su bien jouer jusqu’à la toute dernière de tes cartes et c’est réussis, puisque comme tu le dis, je suis ici.

Ça faisait vraiment très mal de l’admettre mais je m’efforçais de rester digne et droite, de ne pas lui donner la satisfaction de recueillir une seule de mes larmes.

Il avait bien monté son coup mais avait-il vraiment tout prévu ? Puisque si moi, simple adolescente, j’avais réussis à le trouver, je n’imaginais même pas ses ennemis, Jimmy, entre autre. Ils ne devaient pas tarder à débarquer et lui faire la peau. Ward prêchait d’insolence et se croyait intouchable et se disait plus inquiet pour la source qui m’avait conduite à lui que pour sa propre sécurité.

J’hochais de la tête en l’écoutant, ça me semblait être le discours d’un homme qui voulait se montrer sûr de lui mais qui réalisait que peut-être il y avait des lacunes. Qu’importe, ce n’était pas mon problème, je n’allais pas le renseigner sur  qui m’avait donnés les renseignements.

J’avais tout de même, encore le vain espoir qu’il ait quelque part enfoui en lui, l’envi de fuir, que ce qu’il avait implanté dans ma tête soit l’expression de son désir, mais il n’en était rien. Alors je me levais et, sous l’impulsion, je le giflais, non pas une mais deux fois mais loin de me soulager, cela me fit que confirmer que tout avait été détruit et pas que par lui, mais par moi aussi, sous son influence certes mais tout de même par ma volonté.

- Si tu le dis ! Mais, cela voudrait dire alors que tu aimes bien mon père si tu cherches autant à l’anéantir ? Autrement il te laisserait complètement indifférent et tu ferais tes petites affaires tranquillement dans ton coin.

Je me retournais puis m’éloignais de lui, aux limites de la pièce puis refis quelques pas vers lui pour marcher à nouveau en direction opposé alors qu’il m’expliquait que ma mère et moi n’étions que des dommages collatéraux, que le but avait toujours été de faire du mal à mon père.

- Mais est-ce que tu te rends compte qu’à chaque fois, tu ne fais que le rendre encore plus puissant ?  Tu joue avec le feu, Ward et tu es sur le point de te brûler !

Il allait me laisser vivre. Au moins de ça, j’étais fixé. Je n’allais pas mourir, du moins pas aujourd’hui, mais s’il me laissait vivre, il voulait savoir ce que j’allais faire. Et c’est là que je compris que la partie n’était pas encore terminée et je levais la tête pour le regarder et esquissé un petit sourire fier.

- Tu voudrais savoir, n’est-ce pas ?  Voyons vois mes options… Aller chez les flics et te balancer, dire tout ce que je sais, tout ce que j’ai vu, aller t’offrir des oranges en prison pendant que ton gang est démantibuler ou… Je pourrais aller voir mon père, lui dire tout ce que je sais ce qui lui donnerait assez pour t’avoir à l’interne et te traquer comme le serpent que tu es.  Je pourrais ne rien faire, tenter de sauver mon mariage que tu m’as fait saborder, sortir un disque dans lequel je chante le cauchemar que tu m’as fait vivre et engranger des millions sur ton dos, comme une thérapie.

Je fis quelques pas de reculons, jusqu’à la porte de son bureau.

- Laisse moi sortir, et je te promet que tu ne seras pas déçu !

@ Billy Lighter

Olivia avoua que j’avais gagné. Je n’avais pas besoin d’elle pour m’en rendre compte mais l’entendre faire aveu de ma propre victoire avait quelque chose de grisant. La gamine savait trouver les phrases pour rendre ce moment encore meilleur.

Pourtant, Olivia restait courageuse. Elle luttait, je le voyais bien, mais elle était plutôt douée pour rester calme malgré qu’elle se rendait carrément compte que je m’étais joué d’elle de la pire des façons. Elle devait tenir ça de son père. Dissimuler ses émotions pour se montrer sûre d’elle. Au point même où elle essayait de me faire peur en parlant de ma propre sécurité compromise par elle-même, un ado de 17 ans. Je ne m’en faisais pas pour ma sécurité chose que je ne lui cachai pas. Par contre, ça source allait morfler. Ça non plus je ne lui cachai pas.

Je ne lui cachais plus rien, en fait.

Et mes aveux, notamment ceux sur sa mère, conduisirent Olivia à me gifler deux fois de suite preuve qu’elle était en colère. Une colère que je ressentais dans la puissance de ses coups. Mais qui était aussi une preuve supplémentaire que mon plan de destruction avait fonctionné. Et je me permis même de me foutre d’elle parlant de haine et d’amour comme étant des sentiments jumeaux. Est-ce que j’y croyais ? Qu’importe ce que je crois. Ce qui comme c’est ce qu’elle croyait. Et si cette simple phrase pouvait lui faire plus mal encore alors je lui envoyai en pleine figure.

Mais elle réagit encore une fois avec sang-froid disant que, de ce fait, je devais vraiment beaucoup aimer son père vu la haine que je lui partais. J’haussai des épaules.

-Si tu le dis. Mais sache que c’est lui qui a voulu m’anéantir le premier.

C’est lui qui avait envoyé Alonso me descendre dans une petite rue miteuse de l’Eastside. C’est Jimmy Reed qui m’avait déclaré la guerre et non l’inverse.

Si Olivia ne pleurait pas, ne se morfondais pas, elle me faisait, quand même, inconsciemment voir sa nervosité. Elle allait et venait dans la pièce répliquant à mes vérités comme celle qu’elle n’était, à l’instar de sa mère, qu’un dégât collatéral de cette guère entre son père et moi. Elle disait que chaque fois que je répliquais à Reed, je le rendais plus puissant et que j’allais finir, un jour, par me brûler au passage.

Je n’avais pas peur de me brûler si, au passage, ça détruisait Reed. Je fixai la jeune fille toujours avec mon air calme.

-Plus puissant ? Peut-être… Mais je le rends aussi à chaque fois, un peu plus comme moi. Tu vois, Liv’, si Reed m’a retiré ma place de second des Los Diablos c’est pour une seule chose : parce qu’il a décrété que j’étais un psychopathe et que, de ce fait, je n’étais pas la bonne personne pour le poste. Alors, depuis qu’il a tenté de me faire assassiner, je cherche à faire une seule chose : lui montrer qu’il est comme moi. Et j’y arrive, Liv’… Parce que, par plusieurs fois, ton père est venu faire le sale boulot lui-même alors qu’avant, il passait toujours par des intermédiaires sans se salir les mains. Il est comme moi Liv’…

J’en étais convaincu. Il avait assassiné, de sang-froid, 15 personnes dont une partie était des gens innocents. Il ne valait pas mieux que moi.

J’allais laisser vivre Olivia mais je n’allais pas la laisser partir sans savoir ce qu’elle comptait faire. Je venais de, consciemment, tout lui avouer alors je trouvais intéressant de savoir ce qu’elle allait en faire.

Et je ne fus pas déçu. Olivia me montrait qu’elle était une Reed. Une Reed de 17 ans. Avec toute la fougue qui va avec. Ce qui la fit, bien entendu, parler pour montrer qu’elle avait encore un certain avantage. Qu’elle avait, encore, des cartes à jouer et pas des moindre.

Ainsi, elle me montra ses options. Trois options simples et claires :

1. Aller me balancer aux flics
2. Aller me balancer à son père.
3. Continuer sa vie en se faisant des millions sur mon dos.

Elle recula jusqu’à la porte alors que je n’avais pas bougé d’un centimètre. La porte était, de toute façon, fermée à clé. J’avais le temps de répondre à ses trois options.

J’esquissai un petit sourire en coin.

-J’aime tes options.

Parce que je les avais anticipée, voilà pourquoi je les aimais. Sauf la dernière. La dernière, je ne l’avais pas anticipée parce qu’elle était dénuée de la moindre vengeance. Les autres était de la vengeance pure et logique et donc facile à comprendre pour moi.

-Les flics sont l’option la plus logique. Je prendrais quoi ? Pour enlèvement, meurtre, tentative de meurtre, trafic de drogue, association de malfaiteur… Je dirais, la peine de mort… Ou au moins une peine à perpétuité. Tout du moins si les preuves vont en ta faveur et en ma défaveur. Parce que je peux toujours plaider ta parole contre la mienne sur certaines choses.

Je savais que si elle parlait à la police, j’aurais une peine de prison. Au moins pour l’enlèvement et la tentative de meurtre sur Olivia Cortez.

Mais je m’en fichais parce que je savais comment faire en sorte que tout ça n’arrive pas.

-Mais tu ne le feras pas. Tu sais pourquoi ? Parce que si tu me livre à la police, je compte passer un accord avec les flics pour diminuer ma peine au maximum. Parce que si les flics viennent me chercher, Liv’, je me ferais un plaisir de leur dire que Daniele Ricci blanchit l’argent sale de la Famille de Los Angeles… Je dirais aussi que ton père, Jimmy Reed, est le chef des Los Diablos depuis ses 19 ans, qu’il est responsable de la violence dans l’Eastside de 65 à nos jours mais, aussi, que c’est lui qui est responsable du massacre des Conti. Un massacre qu’il a commis sans intermédiaires. J’ai des preuves de ça, Liv’… J’ai des preuves sur tout. Avec mes témoignages et mes preuves, j’échapperais à la peine de mort. Je ne crois pas que ton père pourra en dire autant. Ta mère semble vraiment l’aimer... Ça serait triste qu’elle perde l’homme qu’elle aime de cette façon, non ? Sans compter que ton nom sera, à tout jamais, lié à cette affaire. C’est ça que tu veux, Liv’ ?

Ça c’était pour la première option. Il lui en restait deux.

-Pour ta seconde option, elle est meilleure que la première. Mais Reed me cherche certainement déjà. Et il veut déjà me tuer. Alors, pour moi, ça ne changera pas grand-chose. Je n’ai pas peur de Jimmy Reed. Donc, fais-toi plaisir.

Parce qu’après tout, qu’est-ce que savait Olivia que Reed ne savait pas ? Où se trouve ma planque ? Dès qu’elle sortira d’ici, je ferais en sorte de tout déménager en moins de temps qu’il faut pour le dire. Je perdrais peut-être quelques hommes… Mais ça n’a pas vraiment d’importance pour moi. Des hommes ça se remplace.

Et il restait la dernière option. Celle où Olivia tentait de sauver son mariage qu’elle avait détruit toute seule comme une grande avant de raconter son malheur en chanson. Elle croyait que ça me ferait quelque chose qu’elle se tape des millions en utilisant ce que je lui ai fait ? Elle se trompait. Au contraire. Me dire que j’allais être le thème de plusieurs tube ne faisait que renforcer cette sensation agréable que je ressentais depuis le début de cette conversation. Alors, rien ne pouvait me faire plus plaisir que sa dernière option.

Mais je ne lui dis pas ça… Je dis simplement :

-Et pour la dernière… Comment va Julian Hughes, au fait ?

En ponctuant ma dernière phrase d’un petit sourire en coin qui montrait à quel point je savais qu’elle lui avait fait certainement très mal et que j’en étais l’unique responsable.

@ Billy Lighter

Ma fierté en prenait un coup, mais si ce n’était que ça, je pourrais gérer mais la douleur que m’inflige Ward est bien plus profonde et vicieuse que ça. Tout bascule et je vois maintenant clair au travers du brouillard dans lequel il m’avait insidieusement plongé. En dedans de moi, je boue de rage mais quoi qu’il advienne, je ne lui ferai pas le plaisir de lui laisser voir mon chagrin et ma peur.

Ward n’a aucune idée du risque qu’il court à toujours chercher à faire mal à Jimmy puisque chaque fois, il ne fait que le rendre encore plus redoutable.  J’ai vu mon père, une arme à la main, tirer sur Ward. Je sais ce dont il est capable, il n’a pas besoin de m’en faire le récit, j’y étais mais lui aussi, semble l’oublier quand ça l’arrange.

Il en veut à Jimmy pour une histoire qui remonte, une vieille rancœur qui n’a cessé d’amplifié avec les années et pourquoi ? Ward s’est prit des balles dans le bide et ma mère et moi sommes toujours en vie et mon père, Jimmy Reed,  le tient pas les couilles plus qu’il ne le croit.

Ward se croit supérieur, plus futé, plus intelligent, mieux organisé, plus malin mais qui est-ce qui se cache, qui doit surveiller tout autour de lui ? Je fronce un peu des sourcils parce que Ward, dans son  récit, clame qu’il a fait ça pour prouver que Jimmy est comme lui. Depuis tout ce temps il ne cherche que ça. Ward devrait se trouver d’autres passe-temps…

- Tu perds ton temps.  Jimmy est Jimmy . Il est tout ce qu’il veut, même le putain de Bon Dieu si ça lui chante ! Et tu crois que toi, parce que tu l’as décidé, tu vas lui mettre sa propre vérité en pleine tronche ?

Si je ne tenais pas un tout petit peu à la vie, j’éclaterais de rire devant l’absurdité de la chose.  Ça ressemble un tout petit peu à une histoire digne des querelles de filles à Fairfax. Entre moi et Melody Summers, par exemple, nous ne ferions pas pires qu’eux, avec plus de classe, quand même !  Seulement, je ne suis pas Melody et Jimmy n’est pas Ward ! Jimmy riposte, Ward provoque.  Il serait tranquille et ferait sa petite business mais il a décidé de jouer à celui qui pisse le plus loin avec mon père et voilà où nous en sommes.

Il va me laisser vivre parce qu’il n’a plus aucun intérêt à me tuer, j’en suis soulagé, seulement, il veut connaître mes intentions ce à quoi je réponds en évoquant mes options. Je pourrais le balancer aux flics, ça serait simple, en sortant d’ici, je me dirige au poste et je demande l’agent Keller, j’admets avoir omis des détails en lui expliquant absolument tout, il comprendra. Je ne dois pas être la première à avoir succombé aux paroles d’un beau parleur. Je pourrais aussi dévoiler à Jimmy l’endroit exact où se trouve le QG de Ward et ce dernier organiserait un petit ménage du printemps ou alors je ne fais absolument rien et je me sers de mon art comme thérapie en exploitant à fond le thème.

Pour chacune de mes options, il a sa propre argumentation. Je l’écoute les réfuter, les bras croisés sur ma poitrine. Il En a long à dire mais là encore, même si en dedans je me fais orage, je reste calme.

- Aucun flic ou juge ne touchera mon père et tu le sais aussi bien que moi. Pourquoi? Parce que justement c’est Jimmy Reed. Il est intouchable et tu le sais aussi bien que moi. Sinon, pourquoi n’aurais-tu pas envoyer l’un de tes Yang de service bien avant, ou alors, quand tu était tout juste frais viré des los diablos, tu avais le loisir de le vendre et tu n’as rien fait. Je ne connais absolument rien de ce dans quoi vous trempez mais je sais une chose, Jimmy est intelligent, tu ne joues pas et ne joueras jamais dans sa ligue.

Ward pouvait bien dire ce qu’il voulait à qui il le voulait au sujet de Daniele Ricci, je n’en avais rien à faire, je ne lui étais pas redevable mais mon petit doigt me disait que lui aussi devait avoir le cul plutôt bien assit pour réfuter a coups de quelques liasses de billets toutes possibles accusation à son endroit.

- Merci, je la trouvais pas mal, moi aussi ! Reste à savoir si tu vas l’affronter comme un homme ou te cacher. Là, tu vois, je suis presque déjà certaine de connaitre ta réponse.

Puis finalement… il demanda comment allait Julian.  Je me retenu de ne pas franchir les quelques pas me séparant de lui pour lui cracher au visage mais je restais droite, et mes yeux dans les siens.

- Très mal, sans aucun doute. Je lui passerai ton bonsoir, si tu le veux. Maintenant, laisse-moi sortir d’ici, je te pris.

J’arrivais au fond de ma jauge de sang-froid, je n’allais pas tenir des heures à me maîtriser avant de me mettre à hurler et pleurer pour qu’il me laisse partir.  J’avais répondu à ses questions, et j’avais les miennes, nous n’avions plus rien à voir ensemble, du moins, j’espérais ne plus jamais le revoir de ma vie.

Je donnais un coup de pied dans la porte et attendis qu’on l’ouvre pour sortir.

@ Billy Lighter

Plus je dévoilais la vérité plus j’arrivais à sortir la Reed qu’il y avait en Olivia. Elle qui était toute fébrile pendant toute sa captivité me montrait, à nouveau, la facette que j’avais vu le jour où je m’étais présenté chez elle comme son nouveau garde du corps. Soit celle de la fille de Reed, sûre d’elle et de son statut. Pourtant je savais, par que, justement, je l’avais vu captive, que c’était une sorte de façade qui cachait de nombreux doute dans le chef de la gamine.

Ainsi, elle essayait de me faire douter. De me faire peur. De me faire croire que tous ce que je pensais étaient aussi stupide que puéril. C’était sa façon à elle de garder le contrôle sur la situation et de ne pas s’écrouler. Et je devais avouer qu’elle était douée à ce petit jeu. Elle le lâchait pas l’affaire continuant à se défendre (et à défendre son père) sur chaque topic abordé.

Quand je déclarai vouloir monter à Jimmy Reed qu’il était absolument comme moi, elle répliqua que Jimmy Reed était ce qu’il voulait être. En soi, elle disait que Reed pouvait être celui qu’il avait envie d’être. C’était très certainement le cas dans sa vie de tous les jours. Mais je l’avais poussé à bout jusqu’à sortir en lui sa pire nature. J’avais décidé, par mes actes, à faire faire sortir le Reed que je voulais contrairement à ce que m’exposait Olivia.

J’esquissai un sourire en coin.

-Non, Liv’, je ne vais pas lui mettre sa propre vérité en pleine tronche. Je lui ai mis sa propre vérité en plein tronche, ce n’est pas pareil.

Parce que j’avais réussi. Je portais les cicatrices de ma réussite. Jimmy Reed était venu en personne me tirer dessus… Il avait tué, en personne, sur tous les membres de la Casa Nuova. Tout ça était une preuve qu’il était comme moi.

-Et ton père peut, peut-être, être qui il veut dans sa petite vie de château… Mais quand sa fille se fait enlever, il n’a plus d’autre choix que d’être celui que j’ai envie qu’il soit. Et c’est ce Reed-là qui m’a tiré dessus.

Et c’était ça qui était grisant au-delà de toute vengeance légitime que je devais, encore, mener à bien contre lui.

Après ça, je lui demandai ce qu’elle allait faire et elle m’énuméra ses options que je me pris un plaisir à commenter.

Mais Olivia, loin de se démonter encore une fois, se mit à démonter mes propres arguments.

Je l’écoutai me dire que son père était intouchable. Qu’aucune juge ne touchera à un de ses cheveux. Et elle spécula montrant que mes propres actes étaient la preuve de ma peur de me faire prendre. Oui, j’aurais eu le loisir de vendre Reed à la police il y a des lustres. Mais quel aurait été le fun là-dedans ? Et elle me fit ricaner quand elle déclara que je ne jouais pas dans la ligue de Reed.

-Ton père aurait-il oublié de t’apprendre qu’il ne faut jamais sous-estimer ses adversaires ?

Parce qu’elle me sous-estimait. J’avais fait plus de mal à Reed que quiconque en peu de temps.

Mais ce que Olivia ne semblait pas se rendre compte, c’était qu’en me sous-estimant de la sorte, elle jouait à un jeu très dangereux. Parce que je serais prêt à lui retirer un être cher rien que pour lui montrer qu’il ne faut pas joué aux plus malins avec moi.

Et, avec Olivia Cortez, j’avais l’embarras du choix sur les gens à éliminer. Sa mère ? Son manager ? Julian Hughes ? Ce n’était pas les solutions qui manquaient.

-Si je n’ai pas vendu Reed plus tôt c’est parce que je ne comptais pas me vendre non plus. Passer un accord avec les flics en vendant Reed est la carte que je jouerais si jamais tu ouvres ta petite bouche de gamin naïve et prétentieuse devant un flic ou l’autre. Et envoyer un de mes « Yang de service » aurait sûrement fonctionné et Reed aurait eu des ennuis mais lui aussi est capable de passer des accords, Liv’. Et aucun doute qu’il m’aurait balancé. Comme je viens de le dire, c’est ma solution au cas où je me fais arrêter.

Et uniquement dans ce cas de figure. Pas par peur mais parce que je n’avais aucune envie de me mettre moi-même en prison juste pour voir Reed derrière les barreaux.

-Et tu crois ton père intouchable, Liv’ ? Tu veux vraiment tenter le coup pour vérifier ? Tu crois que tous les juges et tous les flics son corruptibles ? Je suis sûr que dans le tas de juge qu’il y a, il y en a un qui se fera un plaisir de botter le petit cul prétentieux de ton père. Il n’est pas aimé par tout le monde, Liv’, j’en suis la preuve. Et, au pire, les médias feront le travail à leur place. Dans tous les cas, la vie de ton père deviendra un enfer.

Et je me ferais un plaisir de lire les déboires de Reed en prison.

Quant à sa deuxième option, ça se résumait à « je vais aller tout dire à mon père ». Et je ne lui cachai pas qu’elle pouvait le faire sans que ça me contrarie le moins du monde. Mais elle prit le parti, par cette d’option, de me provoquer encore en me traitant de lâche.

-Ne crois pas savoir ce que je vais faire ou non. Tu risques de t’en mordre les doigts.

Je dis ça en plongeant mon regard dans le sien même si elle était à une certaine distance de moi vu qu’elle était juste devant la porte.

Et, à sa dernière option, ce fut à moi de la provoquer en demandant comment allait Julian Hughes, son (ex- ?)-petit-ami. Elle répondit sans quitter mon regard gardant encore, tant bien que mal, son sang-froid.

Il allait très mal. Tant mieux. Je penchai légèrement la tête sur le côté.

-Oui. Passe-lui mon bonsoir.

J’esquissai un petit sourire en coin alors que la gamine voulait s’en allait. Je n’avais plus rien n’a lui dire. Pour l’instant en tout cas.

Elle frappa du pied contre la porte cherchant, sans doute, à ce qu’on lui ouvre.

Personne n’ouvrit. Pour la simple et bonne raison que ce n’est que mon propre ordre qui fera ouvrir cette porte.

-Si c’est si gentiment demandé…

Je n’avais pas bougé. J’étais toujours appuyé contre mon bureau et c’est de là que j’haussai la voix.

-Tu peux ouvrir. On en a fini.

Et la porte s’ouvrit laissant apparaitre l’un de mes hommes.

-Tu peux raccompagner la gamine dehors.

Et il s’exécuta escortant la gamine jusqu’à la sortie. Quant à moi, il était maintenant temps que je prévois, sur le champ, notre déménagement vers une autre planque avant que les Los Diablos ne viennent mettre à sac celle-ci. Je devais avouer que c’était un très faible prix à payer en contrepartie de ce que j’avais ressenti en détruisant, à ma façon, Olivia Cortez.

@ Billy Lighter

Il n’y avait rien d’amusant à me retrouver ici devant Ward que, il n’y avait pas quelques heures de cela, j’idolâtrais ! J’avais des envies de meurtres mais ce n’est pas à lui que je les destinais. Non c’était à moi-même que j’en voulais, pour avoir été trop naïve, pour l’avoir cru et suivi, aveuglément, jusqu’à détruire Julian.  Même s’il y avait tout un tas de circonstances, je ne me le pardonnais pas.

Plus j’écoutais Ward parler, plus je me maudissais, plus je le haïssais et plus je voulais fuir loin, vraiment moins d’ici mais la terre, malheureusement, n’était pas assez vaste pour que je puisse trouver un trou ou m’y cacher et me faire oublier à tout jamais.

Il pouvait être fier, Ward, c’était bien joué, d’un bout à l’autre de la partie il avait parfaitement bien bougé ses pions et mener le jeu à échec mais rien n’était terminé ! Je pouvais moi aussi lui  montrer que je savais jouer dans me même bac à sable et même, donner quelques coups de pieds sur son château de sable.

Ward n’arrêtait pas de prétendre qu’il avait fait en sorte de faire agir Jimmy selon sa bonne volonté mais de ça, il ne pouvait en être certain.

- Encore là tu fais fausses route ! Mon père aurait pu envoyer n’importe qui me chercher !  Il n’est pas venu lui même parce que tu voulais qu’il agisse ainsi, il est venu parce que c’est ce que ferait un père, n’importe quel père digne de ce nom !

Jimmy n’était la marionnette de personne.

Personne ne pouvait faire danser Jimmy Reed !

Je lui tenais tête, je ne baissais pas mon regard !

- Je ne te sous estime pas ! Je te vois simplement tel que tu es.

J’avais des options et je les lui exposais et lorsqu’il voulu démonter mes arguments, je lui montrais que là encore, je savais moi aussi  tenir le morceau.  Jamais je croirais un seul mot de tout ce qu’il pourrait me dire et jamais plus, il n’aurait d’emprise sur moi, en tous les cas, pas par la peur.  Qu’il essai de s’en prendre à Jimmy, ou a Daniele puisqu’il en a fait mention, qui voudra acheter la version d’un criminel versus celles d’hommes respectables ! Qu’il les avances ses preuves de ci ou de ça, j’étais certaine que Jimmy avait vu neiger et savait déjà comment déculotter Ward et le rendre minable, encore plus minable qu’il ne l’est!

Nous en avions fini et je voulais sortir ce que je lui fis comprendre, parce que mes mots ne suffisaient plus de toute évidence, en frappant du pied dans la porte. Bien évidement, les petits toutous de Ward n’agissaient que sous ses ordres et ce ne fut que lorsqu’il le dit qu’on ouvrit la porte et qu’on m’escorta hors du QG des News Soldados.

Dehors, et libre, je couru un long moment avant de m’arrêter et de respirer profondément comme si je respirais pour la première fois de ma vie. J’étais épuisée de cette rencontre, de toutes ses émotions.

Me revînt alors en tête la conversation que j’avais eue avec Jimmy lors de son mariage.  Je voulais que l’on retrouve Yang car je voulais le voir mourir, c’était toujours le cas. Mais il n’était plus le seul qui allait tomber.

@ Billy Lighter