Mon corps m’envoie un signal que je ne peux ignorer. Il a subit beaucoup trop de stress, beaucoup trop de changement et tout ça beaucoup trop rapidement que c’est comme s’il me demandait de faire une pause. Il n’y a rien que je veuille plus au monde que de l’écouter et de lui donner ce repos qu’il mérite pourtant, mais je ne peux pas. Je ne contrôle rien de tout ce qui arrive en ce moment.

Ma vie ces derniers temps est comme une montagne russe en folie. Il ne semble non plus avoir de fin à tout cela. C’est étourdissant, la tête me bourdonne, mais j’y suis à fond, je ne veux pour rien au monde sauté hors de la voiturette parce que j’y suis assise avec l’homme de ma vie et qu’avec lui, je ne crains rien.

Je me suis levée en ce dimanche matin, avec encore des crampes, et une culotte tachée de sang, encore. Ça m’était arrivé, à Thousand Oaks mais je n’avais rien dit, parce que je n’avais pas confiance en le personnel de cet hôpital, et avec raison ! La suite des évènements là-bas m’aura donné raison de me méfier.

De l’extérieur, j’affiche ma meilleure mine, du moins j’essaie. Mais à l’intérieure, je suis dévastée, je suis certaine que je suis entrain de perdre mes bébés et je ne sais as quoi faire, comment le dire à Ward.

J’ai peur de sa réaction…

Il n’éprouvera aucun chagrin à ce que je perde les bébés. Il ne dira rien, ne me réconfortera pas, en dedans de lui, il sera heureux que la nature ait décidé de lui retirer ces épines du pied, je ne suis pas idiotes, je sais que nos bébés sont pour lui un fardeau à traîner et qu’il n’a dit oui que parce qu’il savait que c’était important pour moi.

Je ne suis réfugiée dans la salle de bain, pour me laver, me changer et pleurer en silence avant d’en sortir comme si de rien était et de retourner au lit, parce que j’ai trop mal pour bouger, même si  en fait, hier, j’ai insisté pour que Ward m’aide à assembler les meubles. Je me suis blottis contre lui en espérant que de me reposer encore un peu allait m’aider mais, je viens de dormir un gros huit heures, cela aurait dû suffire à ce que mon corps se repose mais il semblerait que non… et je suis là, allongée dans mon lit, mon corps contre celui de mon mari entrain de me dire qu’un petit quinze minutes encore et tout ira bien ensuite.

Les mains de Ward coulent dans mon dos, depuis ma nuque jusqu’à mes fesses et je ne peux faire autrement que de poser mon front contre son épaule, les yeux clos.  Il est plus doux depuis que j’ai imposé cette douceur entre nous deux. Ses lèvres cherchent les miennes, je ne résiste pas à relever la tête pour l’embrasser, d’abord tendrement, puis avec plus d’insistance, jusqu’à ce qu’il pèse un eu contre moi et  m’oblige à m’allonger sur le dos pour s’installer sur moi. En me blottissant contre lui, j’ai éveillé son appétit.

- Ward…

Mes mains à plat contre ses épaules cherchent à le faire se relever, je n’ai pas la force, ni l’envie, ce matin, pour ça.  Mais je l’aime tellement et j’ai envie de sentir ses lèvres sur moi… mais sans plus. Et quand il bouge et devient plu intime, je plisse des yeux. Mes crampes reprennent  et cette fois, je ne sais pas dissimuler ma douleur.

- Tu me fais mal, bébé ! Laisse-moi…

Je m'étais exprimé beaucoup plus sèchement que je ne l'avais voulu puis je me dégageais ensuite de lui et me roulais en boule de mon côté de lit, une main sur mon ventre.  Je n’aurais pas d’autre choix que de me rendre chez le médecin, n’importe lequel qui allait m’annoncer ce que je redoutais le plus.

@ Billy Lighter

Depuis l’accident de voiture, tout était éprouvant… Je n’étais pas retourné voir mon gang. J’étais resté avec Sky attendant patiemment que mes maux de têtes disparaissent. S’il y avait des moments où j’avais un peu de répits, à d’autres, c’était insupportable. Mais je savais que le temps allait améliorer les choses. Il me fallait juste de la patiente, c’est tout…

Mais je n’étais pas le type le plus patient au monde.

Hier, Sky a insisté pour que je l’aide à monter les meubles ce que j’avais fait avec elle. Elle avait une drôle de mine… Comme si elle était fatiguée. Du coup, j’avais monté les meubles avec elle… Mais j’avais l’impression qu’autant elle que moi avions nos gestes ralentis…

Surtout elle….

Je me disais que la grossesse devait commencer à sérieusement la fatiguer. Après tout, le médecin avait dit que les grossesses multiples étaient plus fatigantes…  

Mais je n’avais rien dit… J’imagine que si elle se sentait mal, elle n’hésiterait pas à me le dire.

On est allé au lit tôt… Vraiment tôt pour nous. Mais je n’en pouvais plus et Sky s’est endormie contre moi assez rapidement.

Je dormis d’une traite entendant à peine Sky se lever le matin pour aller à la salle de bain. C’est surtout le fait que je n’avais plus le contact de son corps contre le mien qui me réveilla doucement et le temps que je me réveille presque complètement, Sky était déjà revenue me rejoindre.

Ce simple contact me réveilla un peu plus et, toujours les yeux fermés, je fis glisser mes mains dans sa nuque jusqu’à ses fesses.

J’avais envie d’elle. Maintenant.

Je cherchai ses lèvres et finit par les trouver. Je l’embrassai. D’abord doucement. Puis, plus fort jusqu’à arriver à faire glisser Sky sur le dos.

Elle souffla mon nom ce qui, de mon point de vue, était une invitation à aller plus loin. De toute façon, j’en avais envie maintenant.

Je me pressai mon corps contre le sien cherchant à nouveau ses lèvres.

Mais elle m’arrêta.

D’un coup.

En disant que je lui faisais mal.

Quoi ?

Je l’ai à peine touché. Je fronçai les sourcils alors qu’elle réussit à se dégager pour aller se rouler en boule plus loin sur le lit.

Qu’est-ce que j’avais fait ?

Je n’avais rien fait.

Je me laissai tomber sur le dos soupirant au passage avant de me tourner vers Sky qui était dos à moi.

-Sky… Qu’est-ce qu’il se passe, hein ? Je n’ai rien fait…

J’avais déjà été nettement plus brutal que ça. Et si j’avais dit ça sur un ton agacé, je pris un ton plus doux par après :

-Dis-moi ce qu’il ne va pas, bébé… Tu as mal quelque part ?

Il fallait qu’elle crache le morceau… Sans ça, je ne pourrais pas l’aider. Même si j’avais bien vu que, depuis qu’on était revenu de l’hôpital, quelque chose clochait.

@ Billy Lighter

Mon corps me fait mal d’une façon dont je n’ai jamais ressentis avant et ça me terrifie complètement.  J’ai peur d’être entrain de perdre mes bébés, que mon corps a trop souffert du stress des derniers jours et que ce soit la conséquence à tout cela. Le pire dans tout cela, j’ai bien plus peur d’en parler à Ward puisque je crains que pour lui, ce serait un soulagement et que je devrai vivre ce deuil toute seule.

Je ne sais pas quoi faire… essayer de me reposer sagement à la maison, d’éviter les efforts et le stress et espérer que tout ce passe bien ou  me rendre à l’hôpital et apprendre une très mauvaise nouvelle…  Peut importe l’option,  je sens que  l’issus d’en demeure que trop triste à surmonter.  Quand je reviens dans notre lit, je préfère me blottir dans les bras de Ward, y retrouver tout le réconfort dont j’ai besoin, me sentir en sécurité, même si je sais que même lui ne pourrait rien contre une telle fatalité.

Ward se réveille doucement et de chastes caresses, il passe à des baisers plus intenses jusqu'à se retrouver allongé sur moi et son corps se frottant au miens et moi, perdue entre mon désir pour lui et la douleur des crampes, je fini par le repousser, peut-être plus  brusquement que ce que je voulais le faire, et à me recroquevillé de mon côté du lit, le laissant dans l’incompréhension la plus totale.

Je ressentis son agacement dans la voix quand il me demanda ce qu’il se passait en se justifiant ensuite, disant qu’il n’avait rien fait. Je ne trouvais pas les mots, qu’y avait-il à dire, puisqu’il n’avait effectivement rien fait… rien qu’il n’aurait fait normalement et qui m’aurait grandement plus.  Il se reprit ensuite, sur un ton  plus doux et je me retournais pour cacher mon visage contre son torse.

- Je crois que je suis entrain de perdre les bébés !

Je n’osais pas le regarder. De voir la satisfaction s’imprimer sur son visage aurait fait encore plus mal que les crampes… mais de voir qu’il aurait pu en être triste et s’en inquiété aurait été pire que tout, absolument tout.

- J’ai eu des crampes à Thousand Hoaks, j’ai perdu du sang…

Je me souviens de la peur que j’ai ressentie à ce moment là et qui ne m’a plus quitté ensuite.

- Et encore par la suite… j’ai cru qu’avec le temps et du repos, mais ça ne fait qu’empirer, la douleur et les saignements. J’ai peur Ward. Je ne veux pas les perdre…

Contrairement à lui.

J’avais tellement souhaité qu’il s’en sorte quand il était dans le coma. J’ai prié, comme lorsque j’étais à l’orphelinat et que les religieuses nous obligeais à prier pendant des heures le Seigneur afin que des gens biens veulent bien nous accueillir en leur demeure. J’ai prier pour que Ward s’en sorte et j’ai promis en échange tout ce que le Seigneur voudrait bien obtenir… Peut-être que c’est la condition, mon homme contre mes bébés. Deux vies pour la sienne. Si c’est le résultat de mes prières, je vais maudire le Seigneur jusqu’à la fin de mes jours, non pas de m’avoir rendu Ward mais d’avoir prit la vie de mes bébés.  Il aurait pu me prendre moi…

Je donnerais ma vie pour mon mari.

Et je donnerais ma vie pour mes bébés.

- Je ne sais pas quoi faire… L’hôpital… c’est dangereux, bébé.  Je ne veux pas y aller toute seule, tu ne peux pas venir.

Je ne voulais pas affronter cette épreuve toute seule bien que je sache très bien qu’il était impensable, après ce que nous avions vécu à Thousand Oaks, que Ward ne m’accompagne. C’était injuste et terrifiant.

@ Billy Lighter

Sky me repoussa clamant que je lui faisais mal. Je n’avais rien fait… Je n’avais rien forcé du tout. Ce qui rendait la situation aussi étrange que frustrant. Une frustration qui s’entendait dans ma voix alors que je déclarai que je n’avais rien fait.

Je me rendis compte de mon ton et que ce ton n’allait faire que la faire se rouler en boule encore plus. Alors, je pris un ton plus doux pour qu’elle me parle et qu’elle me dise ce qu’il n’allait. Elle se retourna… Et cacha son visage contre mon torse avant de dire qu’elle était en train de perdre les bébés. Non, elle croyait qu’elle était en train de les perdre ce qui était une nuance.

Ma première réaction aurait était de dire « et ? ». Mais je n’étais pas stupide. Je savais pertinemment que Sky tenait à ses bébés. A nos bébés. Je savais aussi que si elle les perdait eux, les choses allaient changés.

De ça, j’en étais intimement persuadé.

Et j’aimais Sky. Je ferais tout pour qu’elle reste avec moi jusqu’à sa fin ou la mienne. Parce qu’elle était à moi.

Je l’entourai de mes bras.

-Tu perds les bébés ? Qu’est-ce qu’il te fait dire ça ?

Je dis ça… Tout doucement. Alors que sa figure était toujours enfuie contre mon torse.

Et elle expliqua pour les crampes. Pour le sang. Le médecin avait dit que ce genre de grossesses était plus risqué. Qu’il fallait faire attention.

Perdre les bébés ne me ferait rien… Mais perdre Sky parce qu’elle allait perdre les bébés, ça, je ne le voulais pas !

Surtout qu’elle avait mal… Ce qui n’était pas spécialement rassurant.

Elle expliqua qu’elle pensait que le repos aurait pu faire passer tout ça. Mais ça c’est empiré. Elle ajouta qu’elle avait peur de les perdre.

-Pourquoi tu ne m’as rien dit ?

Je ne disais pas ça sèchement. Mais toujours doucement. Pourquoi est-ce qu’elle m’avait caché ça ? Elle l’aurait dit à l’hôpital où on était pendant que j’étais dans le coma, elle aurait pu avoir un traitement où des conseils… Mais non. Elle n’avait rien dit. Ni aux médecins. Ni à moi.

Les raisons m’échappaient.

Et elle était désemparée. Elle ne savait pas quoi moi. Moi, je le savais : il fallait qu’elle aille à l’hôpital. Mais elle ne voulait pas y aller seule.

Bien.

-Bébé… Tu n’as pas le choix. Tu vas aller à l’hôpital. Je ne veux pas te perdre, ok ?

Mon ton était à la fois doux et directif. Parce que c’était peut-être plus grave, ce qu’elle avait, que la perte des bébés. Mais ça, elle ne semblait pas s’en rendre compte.

Je lui fis lever sa figure.

-Je ne veux pas vous perdre tous les trois, ok ?

Parce que s’ils mourraient… Je la perdrais elle.

-On va y aller tout de suite.

Je dis ça en m’extirpant du lit et en m’habillant en vitesse ne prenant le temps que de me laver à l’évier et de me brosser les temps.

Quand ce fut fait, je rejoignis Sky.

-Je conduis, bébé.

Je dis ça en l’embrassant avant de lui prendre la main pour descendre jusqu’à sa voiture où on embarqua.

Je démarrai directement direction le Good Samaritan. Je savais que c’était dangereux… Très dangereux… Mais, en même temps, mes options étaient limitées. Je ne pouvais pas laisser Sky y aller seule… Elle ne le voulait pas de toute façon.

-Tout ira bien, bébé. Tu les aurais perdus, tu l’aurais senti.

Je n’en savais rien. Mais si ça pouvait la rassurer alors autant le lui dire ainsi. De mon ton toujours calme. J’étais en mode action-réaction. Je réfléchissais méthodiquement pour être le plus efficace. Et j’étais doué pour ça. Même si je ne pouvais m’empêcher de me dire que si Sky avait peur de perdre les mômes, moi c’était elle que je ne voulais pas perdre.

Et une autre pensée s’immisçait en moi aussi : celle que c’était la faute aux bébés si Sky était dans cet état.

-Et évite de t’inquiéter pour moi, ok ? Les agents du FBI ont mis une photo de moi dans tous les hôpitaux… Mais ils sont déjà passé alors, ils n’auront plus ma photo… Tu n’as pas à t’en faire, bébé. Ok ? Tout ira bien. Tu me fais confiance ?

J’anticipai, par-là, ses prochaines interrogations.

@ Billy Lighter

J’avais repoussé Ward et sa contrariété s’entendait dans sa voix.  J’étais passé en mode défense bien malgré moi, repoussant l’homme que j’aimais pourtant plus que tout au  monde en croyant protéger mes bébés mais… La réalité était tout autre et je m’en rendis compte quand Ward reprit la parole pour me demander ce que j’avais. Alors je me retournais pour me blottir contre lui, retrouvant ce sentiment si précieux pour moi, celui de me sentir en sécurité en ces bras. Il n’y avait rien de plus merveilleux au monde que ce sentiment, cependant, aujourd’hui, il ne me faisait l’effet que d’en être une pâle copie, ma peur d’être entrain de perdre les bébés étant trop forte.

Il voulait savoir ce que je voulais dire, concrètement, par je crois que je suis entrain de perdre les bébés alors je lui expliquais que les crampes avaient commencées lorsqu’il était dans le coma, que j’avais ensuite eu des pertes sanguines assez importantes et que, encore aujourd’hui, je souffrais de crampes au moindre effort et que les pertes, qui avaient été moins abondante les derniers jours, étaient revenues en force ce matin.

Ward m’écouta attentivement, ne disait pas un mot avant que je ne termine et alors seulement, il souffla que je n’avais pas le choix et que je devais aller à l’hôpital, qu’il ne voulait pas me perdre, puis il me fit le regarder et ajouta même qu’il ne voulait pas nous perdre tous les trois ! Je ne pus retenir mes larmes, il avait peur de me perdre et pas que moi, mais les bébés aussi ?!

- Ok, dis-je en essuyant mes larmes contre son torse, je veux y aller, si tu viens avec moi.

C’était dangereux, il pouvait se faire voir, mais là, maintenant que je savais qu’il craignait pour nous trois,  il devait venir pour se rassurer lui aussi, non ? Je sortis du lit non sans grimacer et enfilais des fringues, sans vraiment regarder ce que je choisissais tant que j’avais de quoi me couvrir le corps, et puis je ne m’en allais pas défiler.

J’avais le visage tourner vers la fenêtre, le front appuyé contre, dans la voiture et Ward disais que si j’avais vraiment perdu les bébés, je les aurais sentit passer, Ça me fit grimacer, c’était une horrible image qu’il imposa dans ma tête même si je me disais qu’il devait avoir raison. Nous n’étions plus très loin de l’hôpital et le stress m’envahissait de nouveau, pour une toute autre raison. Ce fut comme si Ward lisait mes penser alors qu’il ajouta que je ne devais pas m’en faire, le FBI avait déjà passé par la case hôpital, que je ne devais pas m’en faire, tout irait bien.

- J’ai confiance en toi bébé…

Mais pas en les autres.

Je fus rapidement prit en charge à l’hôpital, de quoi me rassurer et m’inquiéter. J’allais rapidement savoir ce qu’il en était mais s’ils n’avaient pas attendu pour me faire voir par un médecin, c’était que mon état était assez sérieux.  J’insistais pour que Ward demeure avec moi tout le long, je ne voulais lâcher sa main pour rien au monde de toute façon, il aurait fallu un marteau piqueur pour réussir à me faire lâcher.

J’eu droit à l’examen complet.  Moniteur cardiaque pour mesurer les battements de cœur des bébés,  échographie et… examen gynécologique. La totale et pas du toute amusante expérience médicale.

- Je ne veux pas perdre nos bébés, Ward…

Plus le temps passais, plus je serrais sa main.  Nous étions là depuis au moins quatre bonnes heures avant d’enfin savoir ce qu’il en était. Je recommençais à respirer plus normalement alors que le médecin expliqua que les bébés allaient bien, il en allait tout autrement de moi.

- Votre corps vous envoie un message clair, Madame Fleming.  Vous devez éviter le stress autant que possible. Toutes les sources de stress. Vous êtes enceinte de  jumeaux ce n’est pas  rien pour le corps d’une femme.

Ce fut peut-être qu’une impression mais j’eu l’impression qu’il avait insisté sur toutes les sources de stress et qu’en disant cela, il avait regardé mon époux.

- Repos autant que possible, éviter les gros efforts, ne soulevez pas de charge trop lourde, disons, pas plus qu’un panier de linge. Je vais vous prescrire des suppléments de fer et un régime alimentaire équilibré. Vous manquez de vitamine, de fer et de pleins de nutriments nécessaires. Vos bébés gardent tout pour eux, ce qui est normal, ils se développent.

J’hochais de la tête à tout ce que le médecin disait, sans lâcher la main de Ward et, quand il sortit et que l’infirmière m’eu retiré mon soluté et les  ventouses servant à enregistrer les battements de cœur des bébés,  je me rhabillais avec toute la lenteur possible du monde. Je me sentais faible, je n’avais pas mangé depuis… un moment. Il avait raison, je ne m’occupais pas bien de mon corps, je n’avais pas l’énergie pour ça, ni le temps, d’ailleurs.

@ Billy Lighter

Sky ne m’avait rien dit sur sa condition. Rien du tout… Et quand je lui demandai pourquoi, je n’eus aucune réponse. Mais, au fond, je n’étais pas très sûr de vouloir savoir la réponse. Parce que je me doutais que c’était un truc du genre : « j’avais peur de ta réaction, bébé ».

Et ma réaction fut quoi ? De l’obliger à aller à l’hôpital. Parce que si elle avait protesté, je l’y aurais emmené quand même. Mais il semblerait que le simple fait que j’ai dit que j’avais peur de les perdre tous les trois avait suffi pour que Sky se range à ma proposition (qui n’était, du coup, pas une proposition mais une obligation). Elle en pleura même. Parce que je savais qu’elle doutait, à raison, que j’en ai quelque chose à foutre des bébés. Je n’arrivais pas à avoir de sentiments pour eux mais je savais que leur survie était intimement liée à celle de Sky. Je savais que si elle les perdait, elle ne serait plus la même.

Je ne voulais pas ça.

Elle accepta donc avec la seule condition que je vienne avec elle.

-Ok, bébé.

Je savais que les dangers étaient réduis pour moi… Le seul danger, à l’hôpital, était qu’on me voit avec Sky. Sa grossesse se voyait… Et si l’un de mes ennemis me voyait avec elle, le danger serait encore plus présent.

Mais si je n’y allais pas… Elle n’ira pas… Et je la perdrais d’une toute autre manière.

J’étais coincé.

Alors, je devais agir et j’avais décidé d’agir comme ça.

On embarqua dans la voiture et je tentai de rassuré Sky à ma manière pour les bébés mais ça ne fit que lui arracher une grimace. Pourtant, ça semblait logique. Ce que je disais était probablement vrai.

Je la rassurais aussi sur le FBI et elle déclara qu’elle me faisait confiance.

C’était déjà ça.

On arriva à l’hôpital au niveau des urgences et Sky fut presque directement prise en charge une fois qu’on avait décrit le problème. Est-ce que c’était rassurant ? Non. Mais je préférais que d’attendre des heures ici.

Sky voulait que je reste avec elle et les médecins acceptèrent non sans m’envoyer des drôles de regard. Comme si j’étais responsable de l’état de Sky.

Après… Ce fut l’enfer. Pour moi, en tout cas. Les examens s’enchainèrent bien trop lentement à mon goût. J’avais mal à la tête… Je m’ennuyais… Et Sky ne cessait de répéter qu’elle ne voulait pas perdre les bébés.

-Je sais, bébé.

C’est la millième fois qu’elle le dit alors, je pensais que j’ai compris, cette fois. Mais je répondais quand même à chaque fois doucement alors qu’elle martyrisait de plus en plus ma main.

Et finalement, le médecin en vint à une conclusion après plus de quatre foutues heures à passer des tests. Il déclara que Sky devait éviter le stress.

Toutes les formes de stress.

A ces mots, il m’envoya un regard. J’avais soutenu son regard. Je détestais quand les gens faisaient ça. Quand ils jugeaient sans savoir. J’ai tout fait pour Sky depuis le début. Son stress, je ne peux pas le contrôler. Et je ne suis pas tombé exprès dans le coma ! Tout ça, c’est la faute de Carolyn.

Oui. Celle de Carolyn. Pas la mienne.

Bref, je n’avais pas aimé son regard mais je n’avais rien dit écoutant attentivement le médecin dire que les bébés allaient très bien mais Sky, non. Les bébés lui prenaient tout. Absolument tout. Jusqu’à la mettre en danger… Si au début, je n’avais rien ressenti pour eux. Absolument rien malgré mes efforts. Là, je leur en voulais.

Tout ça commençait à me taper sur les nerfs.

Le médecin prescrit alors du repos, des compléments alimentaires et une alimentation équilibrée. Bref, tout ce qu’il fallait pour que Sky ne souffre plus.

Après ça, on fut libéré et Sky se rhabilla lentement avant qu’on ne quitte l’hôpital pour rejoindre la voiture. Une fois à l’intérieur, je démarrai.

-Les bébés vont bien.

Donc, elle devrait être heureuse maintenant. Je l’espérais en tout cas. Et j’avais dit ça en souriant, pour la cause. Même si ces deux petites sangsues la tuait presque de l’intérieur.

-Mais tu vas arrêter de travailler dès aujourd’hui. Plus de charge lourde alors tu ne peux plus porter des gamins. Donc, tu prendras ton congé maintenant.

Mon ton n’invitait pas vraiment à ce qu’il en soit autrement…

Je regardai de temps en temps vers elle prenant un ton plus doux.

-Je veux que tout ce passe bien, ok, bébé ? Je sais que tu veux limite te sacrifier pour les bébés mais tant qu’ils seront à l’intérieur de toi, ta survie dépend de la leur.

Oui. C’était logique. Et j’avais bien senti qu’elle les préférait eux à elle. Je détestais ça, d’ailleurs. Mais je l’avais senti.

-Alors plus de travail. Tu vas rester à l’appartement. Et tu vas suivre ce que le médecin a dit à la lettre.

Quant au stress… Je ne savais pas bien ce qu’on pouvait faire contre. Je suis chef de gang…

-Et pour le reste, je ne veux plus que tu t’inquiètes, ok ?

Simplement le demander suffira ? J’en doutais…

@ Billy Lighter

J’avais confiance en Ward quand il me disait que tout irait bien. Ses cheveux n’avaient pas beaucoup repoussés et puis il avait raison, le FBI ne l’avaient pas arrêté il n’y avait donc aucune raison pour qu’un flic de Los Angeles vienne nous emmerder à l’hôpital.

En route vers l’hôpital, je n’étais pas plus rassuré. Je savais qu’en sortant de là, peu importe ce que le médecin allait en dire, j’aurais de grandes décisions à prendre. Et puis Ward avait une drôle de façon de réconforter. Je grimaçais  mais je savais au fond, qu’il avait vraiment essayé d’être réconfortant, à sa manière.  Seulement, il aurait dit n’importe quoi que j’aurais encore répondu que j’avais peur de perdre les bébés. Si je ne l’ai pas dit mille fois, je ne l’ai pas dit une fois !  Je n’avais que ça en bouche, c’était plus fort que moi.

À l’hôpital, les choses ne traînèrent pas. Si j’étais soulagée d’être rapidement vue par le médecin, mon stress grimpa rapidement car je compris que mon état était assez sérieux pour passer devant des gens qui attendaient depuis plusieurs heures.  Et après une batterie de test, le verdict tomba. En soit, ce n’était pas aussi dramatique que je me l’étais imaginé. Mes bébés prenaient tout ce qu’il y avait de bon dans mon corps, tout ce que j’absorbais de vitamine, d’énergie et gardaient tout pour eux ce qui fait que mon corps n’encaissait plus aussi bien la fatigue et l’exprimait avec des crampes et des saignements. J’avais vu juste en y voyant là des signaux d’alarmes.

Je devais suivre un régime alimentaire, prendre des suppléments et éviter toutes les sources de stress possible.  Il ne marchait pas avec mes chaussures lui pour prétendre que je pouvais éviter le stress aussi facilement que ça ! Sa femme n’était pas chef de gang, ça se voit !

Mais j’acceptais sans broncher toutes les recommandations, je ne voulais que rentrer et dormir de longues heures.  Dans la voiture, Ward commença par commenter que les bébés allaient bien. Je sentais comme une forme d’agacement ou d’ironie dans cette phrase toute simple, malgré son sourire.

- Je sais bébé… mais je ne peux pas arrêter comme ça sans laisser le temps aux Moriarty de se trouver quelqu’un…  Je devrai au moins y aller demain…

Ça n’allait certainement pas passer auprès de Ward mais avais-je vraiment le choix ? Et ce n’était pas chez le couple Moriarty que je ressentais la plus grande source de stress, au contraire, la routine avec les gamins allaient super bien, cependant, le médecin avait dit que je devrais éviter de soulever des charges trop lourdes et là, il y avait 4 bébés à trimballer.

Ward disait que ma survie dépendait de celle des bébés. Il disait vrai, ma vie ne valait pas celle de mes bébés, si j’avais a sacrifier quelqu’un là dedans, ce serait moi et non eux.

- Je ferai ce que le médecin à dit, je suivrai ses instruction à la lettre mais…

Mais pour le reste, je ne devais pas m’en faire… Mais comment je pourrais cesser de m’en faire ? Je ne voyais pas comment cela pourrait être possible, je m’en faisais toujours pour Ward dès qu’il quittait l’appartement ! Je ne savais jamais si j’allais le revoir, s’il allait rentrer à la maison, je craignais le pire et nos fenêtres étaient toutes verrouillées, je lui avais demandé de m’offrir un flingue pour me sentir encore plus en sécurité et… et… et Sam Leserres ce n’était pas pour entretenir le fantasme de l’inconnu !

- Il faudrait que tu reste à la maison pour ça, bébé ! Tu sais très bien que je ne peux pas arrêter de m’en faire pour toi parce qu’un médecin m’a dit que je devais le faire.

C’était complètement ridicule et impossible.

- Je ne pourrai jamais vivre sans toi, bébé ! Tu es absolument tout pour moi alors me demander d’arrêter de m’en faire c’est comme me demander de me foutre de ce qui pourrait t’arriver… t’as pas le job le plus safe en ville, non plus !

Cela ressemblait à une impasse, j’en avais bien peur ! Ward ne pouvait pas délaisser son gang comme ça sous prétexte que sa femme étai enceinte, je ne crois pas non plus qu’il fut très sage de le dire même à son homme en qui il a le plus confiance parce que justement, il ne pouvait faire confiance à personne. Mais il devait trouve rune solution.

- Je vais préparer les Moriarty à mon absence mais je n’ai pas le choix d’au moins leur laisser la semaine pour se revirer de bord et toi, ben trouve une solution pour être plus souvent à la maison, la nuit surtout et trouve toi une doublure qui prendra les balles à ta place !

Je craignais d’avantage pour lui la nuit que le jour, allez savoir pourquoi pourtant l’un comme l’autre, il n’y avait pas de différence mais la nuit pour moi c’était encore plus risqué. Il devrait trouver comment gérer son gang sans me délaisser trop longtemps et, bien évidement, le truc de la doublure c’était de l’ironie.

- Oh! McDonald! Tu passé au service au Volant, bébé ?

@ Billy Lighter

On était sorti de l’hôpital sans encombre et avec toutes les recommandations du médecin. Sky devait faire plus attention c’est, en global, ce qui était ressorti de la visite. Bref, elle pouvait être rassurée vu que les bébés, eux, allaient bien. C’était moins son cas à elle ce qui, évidemment, était plus pour me déplaire.

On reprit, donc, la voiture et le premier constat que je fis, c’était que les bébés allaient bien. Mais ils étaient en train de la tuer, ce qui n’était vraiment pas l’issue que je voulais. Je n’étais pas stupide, hein. Je savais qu’il y avait une possibilité, dans toute cette histoire, que je finisse sans Sky mais avec deux mômes sur les bras. Qu’est-ce que je ferais dans ce cas-là ? Il ne vaut mieux pas que vous l’imaginiez.

Donc, ils vont bien… Mais, en ce qui concernait Sky, il était logique qu’elle arrête de travailler à partir d’aujourd’hui. Elle ne pouvait plus porter de charge lourde de toute façon. Et si je n’avais pas encore de mômes, je savais que s’occuper de quatre mômes, ça devait fatiguer pas mal. Donc, les Moriarty se débrouilleront sans Sky. Ils sont riches, non ? Ils pourront se trouver une autre baby-sitter en claquant des doigts.

Mais Sky ne voulait pas les abandonner du jour au lendemain.

Elle croit ça ?

Elle n’aura pas le choix.

Mais, pour l’instant, je ne dis rien me contentant de soupirer d’agacement à cette réplique de sa part.

Il fallait qu’elle fasse des choix : vivre pour ses bébés ou vivre pour ceux des autres. Elle devait choisir et elle devait choisir aujourd’hui.

Je finis par lui souligner l’évidence : si elle mourrait, les bébés aussi. Elle n’était qu’à trois mois de grossesse. C’était mathématique. Elle déclara alors qu’elle suivre les instructions du médecin.

Oui. Elle le fera. J’allais vérifier ça.

Et pour le stress… Sky déclara qu’il faudrait que je reste à la maison pour ne plus stresser. Parce qu’elle s’en faisait pour moi. Je soupirai. Pas d’agacement mais de… De fatalité ? Parce que je savais que je ne pourrais pas abandonner mon gang pendant 6 mois comme ça. C’était impossible. Je devais être présent pour que tout marche droit. Je regardai la route écoutant Sky souligner l’évidence : je n’ai pas le job le plus safe de la ville.

-Je sais, bébé… Je sais tout ça.

Je lui avais dit, avant qu’on ne sache qu’elle était enceinte, qu’avoir une vie normale était impossible pour nous. Je lui avais dit. Je lui avais, aussi, dit qu’avoir des enfants seraient aussi impossible que le reste.

Il fallait qu’on tombe dans cette impasse pour qu’elle s’en rende vraiment compte, apparemment… Mais maintenant qu’on y étais, il faudra faire avec.

Et elle revint sur les Moriarty. Non. Elle n’y retournera pas. Surtout que, maintenant, elle passe d’un jour à une semaine. Elle se fout de ma gueule ou quoi ? Je fronçais les sourcils avant qu’elle ne parle de me trouver une doublure pour prendre les balles à ma place. A ça, je rigolai, par contre.

-Je ne pourrais pas rester tous les jours à la maison, bébé… Mais je peux faire en sorte de ne jamais être en première ligne. J’ai assez de soldats que pour qu’ils se prennent tous des balles avant moi.

C’était déjà le cas, d’ailleurs. Et je n’avais pas pris une seule balle en tant que chef de gang des New Soldados. Non. Les dernières balles que j’avais prises, c’était par Reed et c’était en temps qu’Edward Fleming que je les avais pris pas en tant que chef de gang. Et ce jour-là, j’étais bel et bien en première ligne…

-Tout ça pour dire, bébé, que je vais faire en sorte d’être là le plus souvent possible. Surtout les soirées et les nuits. Pour le reste, je ne me mettrais pas en danger. J’ai survécu jusqu’ici, je survivrais bien encore quelques années.

Il parait que je suis un cafard. C’est ce que disent les gens qui me détestent.

Et ils sont nombreux.

Mais pour son travail à elle par contre… Elle pouvait l’arrêter. J’allais le dire quand Sky s’exclama me faisant bien comprendre qu’elle voulait un McDo’.

-Ok, bébé. Un MacDo’.

Fallait qu’elle se nourrisse après tout. Et j’avais faim moi aussi. Alors, je tournai jusqu’à arriver au drive-in. J’ouvris ma vitre et commandai, pour moi, un hamburger et des frites laissant Sky dire au type ce qu’elle voulait.

Quand ce fut commandé, je me tournai vers Sky.

-Et, non, tu n’iras pas chez les Moriarty demain. Ni les autres jours, Sky. Tu leur téléphoneras dès qu’on rentre. Tu as entendu le médecin, non ? Pas de charge lourde. Je te jure que je t’enferme à clé dans notre appartement si tu oses te lever demain matin pour aller torcher le cul des gamins Moriarty.

Je la regardai dans les yeux prenant un air sérieux.

-Et je ne bluff pas.

Je crois qu’elle avait bien compris que je ne bluffais pas. Elle commençait à me connaitre.

-Ils n’ont qu’à prendre congé s’ils sont pris au dépourvu. Ils ne manquent pas d’argent. Puis, ils ont fait quatre gosses alors qu’ils s’en occupent un peu.

Ouais. S’ils préfèrent travailler, il ne fallait pas faire quatre gosses.

-Ok, bébé ?

En fait, elle n’avait pas fort le choix.

@ Billy Lighter

Je me voyais mal appeler Monsieur et Madame Moriarty ce soir pour leur dire qu’ils ne pouvaient plus compter sur ma présence, aussi rapidement alors que je leur avais dit que je travaillerais aussi longtemps que possible et même, que je reprendrais dès que possible après mon accouchement.  Seulement là,  les choses venaient de changer abruptement, c’était comme si on venait de  me tirer le tapis d’en dessous des pieds.

Ward avait raison cependant. Je devais prendre soin de moi et suivre les recommandations du médecin à la lettre. Mais si nous voulions être tout à fait honnêtes, ma plus grosse source de stress ne  provenait pas de mon travail mais de celui de mon mari et s’il ne faisait ri en en ce sens pour m’aider, j’aurais beau rester à la maison que le résultat restera le même.

S’il pouvait rester ici le soir et la nuit, au moins, ce serait plus rassurant, en tous les cas, pour moi ça le serait. Il pouvait déléguer, trouver une doublure, c’était extrême mais l’idée restait qu’il devait revoir son mode de fonctionnement.

- Tu n’as jamais songé changer de métier, bébé ?

Je n’attendais pas vraiment de réponse à ma question, c’était simplement pour qu’il comprenne que je ne me sentais pas plus rassurée par ce qu’il venait de dire. De placer des gens en première ligne à sa place ne garantissait en rien sa sécurité.

La célèbre arche dorée me dira de ma morosité et mon appétit se fit ressentir. Je voulais des nuggets, un cheeseburger et des frites ! Ah et puis non, deux cheeseburger, c’était encore mieux !  Ward commanda et je passais par-dessus lui pour pouvoir donner ma commande et je repris place ensuite sur mon siège avec un large sourire.

- Miam ! Ça va être bon !

Ward lui, plutôt que de parler du repas qui allait bientôt nous êtres  donné par la fenêtre de service, revenu sur le cas des Moriarty, menaçant même de m’enfermer dans notre appartement si je devais sortir alors qu’il me l’interdit.

- Mais bébé !!

Il était sérieux et je savais que d’argumenter  avec lui ne donnerait absolument rien de plus que l’effet inverse. Il disait que le couple Moriarty n’avait qu’à prendre congé qu’ils avaient assez d’argent, je savais que les choses n’étaient pas aussi simplement ça et ça me rendais mal de leur faire un coup pareil.

- Je pourrais me reposer cette semaine puis ensuite, les aider à temps partiel, le temps qu’ils se trouvent quelqu’un… bébé comprend que ce job là c’est… un job de rêve, pour moi ! Tiens, pourquoi tune viendrais pas, demain ? Arrive après leur départ, ils n’en sauront rien et… ce serait bien de te voir a l’œuvre avec les p’tits Moriarty !

C’était une idée qui se défendait, pourquoi pas ? S’il m’aidait à au moins déplacer les bébés dans la journée, ce serait plus facile pour moi de faire mon travail. Ce serait une solution temporaire et nous passerions beaucoup plus de temps ensemble.

- La bouffe…

Le type du drive-in attendait avec le sac, que l’on prenne notre commande et j’étais affamée et quand elle fut a l’intérieur de la voiture, je plongeais direct dans le sac pour sortir mon premier cheeseburger et y mordre à pleine bouche.

- Oh miam ! C’est tellement bon !

Je pouvais presque entendre des anges chanter tellement je me régalais.

@ Billy Lighter

Si je refusais que Sky reprenne le travail, elle ne tarda pas à souligner que mon travail à moi lui provoque pas mal de stress. Le stress que je ne rentre jamais. Un stress que je ne pouvais faire que diminuer en lui promettant de rester le plus souvent possible à la maison et en mettant tous mes soldats en première ligne. Pour moi, ils ne sont tous que de la poudre à canon, de toute façon. Si un meurt, j’en recrute un nouveau. Ce n’est pas la vermine qui manque à L.A..

Mais je voyais bien sur le visage de Sky que ce n’était pas suffisant. Je le vis aussi dans sa question quand elle demanda si je n’avais jamais songé à changer de métier.

Non.

Je ne veux pas changer.

Elle veut que je fasse quoi ? Barman ? Non. J’aime ce que je fais et je le fais très bien. Si jamais je change de métier, je n’aurais jamais ma dose de violence.

Et si je ne l’ai pas… Il faudra que je la trouve autrement.

J’hochai de la tête négativement en regardant la route.

-Non. Parce que je ne peux pas. Quand tu es entrée dans un gang un jour, tu ne peux plus en sortir. C’est comme ça. Si j’abandonne tout, je perds mes soldats. Et si je perds mes soldats, la voie sera libre pour tous ceux qui ont une dent contre moi.

Et il en a beaucoup.

Mais les raisons que je lançais à Sky n’était pas totalement véridique. La vrai raison, c’était que je ne voulais pas change de métier, point à la ligne.

-Parce que des gens veulent se venger, Sky. C’est toujours comme ça. Et je ne veux pas qu’on te fasse du mal.

Je ne savais pas si elle attendait une réponse… Mais le fait été que j’avais quand même répondu. Ainsi, elle était fixée.

Sky avait faim alors on s’arrêta au McDonald. Comme d’habitude, elle ne lésina pas sur la quantité de choses. Mais elle nourrissait trois personnes alors, je suppose que c’était normal…

Elle était impatiente de manger… Quant à moi, je mis les points sur les « i » concernant son travail.

Elle n’ira plus.

C’est comme ça. J’ai décidé.

Elle protesta.

-Pas de protestation. C’est comme ça.

J’étais ferme dans mes répliques. Est-ce que j’étais le seul à avoir entendu le médecin ? Puis, on s’en fiche pas un peu des Moriarty ?

Moi si.

Sky non.

Au point qu’elle voulait quand même négocier.

Bébé, tu me tapes sur les nerfs…

Elle voulait se reposer une semaine… Puis, les aider à temps partiel… Bref, elle ne voulait pas quitter tout du jour au lendemain parce que c’était le job de ses rêves. Je soupirai. Je n’arrivais pas à concevoir qu’il soit possible d’aimer à ce point torcher le cul de mômes… Il faut dire que SKy se demande surement ce qu’il y a de fun à diriger un trafic de drogue.

Qu’elle demande à Reed.

J’allais répliquer mais Sky eut une idée. Celle que je vienne l’aider en douce sur son lieu de travail.

Non. Je ne veux pas m’occuper de quatre mômes. J’avais déjà donné avec le gamin de Cort.

Je soupirai regardant Sky d’un drôle d’air avant que la bouffe n’arrive. Je ne dis rien ramenant la bouffe dans la voiture avant de payer et de redémarrer.

-Sky… C’est quoi cette idée de…

« Merde ». C’est ce que j’allais dire. Puis, je réfléchis un peu plus loin. Sonne Moriarty est la secrétaire de Daniele Ricci. Je le savais par Sky. Elle était mariée au journaliste Axel Moriarty dont les articles sont toujours pro-BSC. Peut-être qu’une petite balade dans leur maison pourra m’apprendre beaucoup de chose sur Ricci… Des nouveaux points faibles. Des nouveaux points d’attaque…

Bref, si je n’avais aucune envie de m’occuper des gosses, je devais prendre en compte qu’une entrée gratuite à un tas d’informations était tentante.

Alors, je regardai brièvement Sky avant de dire :

-C’est d’accord. Je viendrais avec toi. Mais cette semaine, tu te reposes. C’est compris ? Parce que cette semaine, j’ai trop mal à la tête que pour entendre des gamins brailler.

Surtout que je détestais ça.

Je tendis mon bras pour pocher dans les frites. Comme je conduisais, c’est Sky qui avait le sachet de bouffe sur elle.

-Et pas question qu’on leur donne plus de deux semaines, en comptant celle où tu te reposeras, pour trouver une remplaçante. Ils sont riches. Ils s‘en trouveront bien une pour le temps où tu accouche.

Et pour après, d’ailleurs ?

-Mais, j’y pense Sky… Quand tu auras accouché… On devra engager une baby-sitter, c’est ça ?

Je disais ça sur un ton ironique… Parce que la situation en soi, était ironique. Engager une baby-sitter pour s’occuper de nos mômes pendant que… Sky joue les baby-sitters pour d’autre môme. C’est très ironique.

@ Billy Lighter

Ward ne pouvait pas changer de job, ou plutôt il ne ovulait pas et, je n’exigerais pas non plus qu’il change là n’était pas la question.  Il pouvait faire tout ce qu’il voulait dans la vie, tout ce que je demandais, c’était de subir un peu moins de stress, au moins pour le temps de ma grossesse.  Par contre moi, je pouvais arrêter de travailler, je le devais, même et il était catégorique je devais l’annoncer à mes patrons dès notre retour à la maison. Je ne savais pas comment j’allais le leur dire. Et je n’avais pas envie d’arrêter aussi brusquement alors que je leur avais promis de travailler aussi longtemps que possible… Peut-être que Madame comprendrait, puisqu’elle a elle aussi eu une grosse multiple.  Je me devais quand même de leur donner un peu de temps, une semaine tout au plus pour leur laisser le temps de trouver une remplaçante.

Je faisais valoir mon point à Ward, qui lui demeurait fixe sur ses positions. Je ne voulais pas mettre le couple Moriarty dans l’embarras, je les aimais bien et j’adorais leurs enfants, surtout James ! Il allait tellement me manquer et sans prétentions, j’étais certaine que mon absence allait être difficile à vivre pour le petit !

Ward  refusait toute protestation de ma part alors…  je demandais de passer au drive-in du McDonalds. Après toutes ces émotions, je mourrais de faim et je commandais de quoi satisfaire mon appétit pour quelques heures. Je sais, je décourageais Ward à m’empiffrer de la sorte mais je n’y pouvais rien, c’était incontrôlable.  Quand enfin nous eûmes notre repas et que mon mari pu reprendre la route alors que je mordais à belle dents dans mon burger, je proposais qu’il vienne me rejoindre au travail, en douce, ni vu ni connu, pour m’aider avec les bébés Moriarty, comme ça, tout le monde y trouverait son compte, non ?

L’expression sur le visage de mon mari me fis pouffer de rire et s’il ne termina pas sa phrase, je savais ce qu’il pensait de mon idée et ça me faisait encore plus rigoler mais ce n’était pas si merdique, pas tant que ça quand on y pense.

Et contre toute attente, il accepta !

- Pour de vrai ? Tu viendras ?

Je passais par-dessus le bras de vitesse de la voiture pour l’embrasser d’un baiser mouillée de ketchup sur la joue avant de la lui essuyer de mon pouce et de reprendre ma place sur mon siège et de piocher des frites dans le sac.

- D’accord ! Je suis certaine qu’ils comprendront et que ça leur laissera assez de temps pour trouver quelqu’un !  Et nous passerons encore plus de temps ensemble… awwwwww ça c’est trop cool !!!

J’avais retrouvé ma bonne humeur et mon sourire.  J’ai épousé l’homme le plus génial de tout l’univers, quoi que le FBI en pense !

Mais mon homme avait encore une question et pas si bête que ça…

- Ben… j’en ai déjà un peu parlé avec les Moriarty et eux ils ne voient pas de problème à ce que nos bébés viennent avec moi chez eux.  Et comme ils ont parlés d’une augmentation de salaire, c’est un petit peu comme si j’allais être payé pour garder leurs enfants et les nôtres… Je trouvais ça bien comme arrangement, non ?

En garder 4 ou en garder 6, je ne voyais pas tellement la différence, rendu là !

Ward pu garer la voiture devant notre immeuble et je sortis de la voiture en tenant le sac de nourriture comme si  je tenais un trésor avant de lentement et péniblement grimper les étages jusque chez moi.

- Ils vont le réparer un jour l’ascenseur, tu crois ?

Je l’espérais parce que je voyais d’ici la galère de trimballer deux bébés, leurs sièges auto, leurs sac, le mien sur ces étages sans me casser la gueule.  Mais bon, chaque chose en son temps.  Je me laissais tomber sur le divan avec le sac de McDonalds puis je soupirais.

- Bébé ? Est-ce que tu regrette des fois ? Pour nous deux je veux dire. Avec tout ce que je provoque de changement dans ta vie, tu pourrais regretter. C’était peut-être plus simple avec ton ex, non ?

@ Billy Lighter

Sky était parfois la reine des idées de merde… Je ne savais pas, parfois, d’où elle pouvait sortir de telles idées. Ça devait être une sorte de don… Bref, j’avais commencé ma phrase pour lui dire platement que c’était une idée à la con et elle rigolait déjà comme si elle s’attendait parfaitement à ma réponse.

Mais je m’interrompis voyant dans sa proposition une occasion unique d’être au plus près de mes ennemis sans même qu’ils me remarquent. Les Moriarty sont liés à Ricci par Sonne qui en est la secrétaire. J’avais peut-être là un moyen de trouver de quoi faire pression sur Ricci. Des choses innovantes. Et l’idée que je puisse à ce point le surprendre dépassa largement celle de devoir supporter quatre gosses pendant une journée.

Alors, j’acceptai.

Ce qui étonna Sky, bien sûr qui s’empiffrait toujours de son burger.

-Oui. Je viendrais.

Après tout, des bébés, tu les mets au lit et on en parle plus. On aurait dû aller surveiller Custer, j’aurais dit « non » catégoriquement parce que ce gosse m’insupportait. Mais des bébés, ça ne parle pas… Et j’avais déjà quelques trucs en observant Carolyn faire avec Lucky.

Sky se pencha alors pour m’embrasser la joue avec sa bouche pleine de ketchup. Je grimaçai mais elle prit quand même le temps d’essuyer avec son pouce ce qui me fit frissonner un peu.

Ma seule condition à tout ça c’était qu’on allait laisser deux semaines au Moriarty pour se retourner. Mais pas un jour de plus. Condition qu’accepta Sky. J’esquissai un petit sourire alors qu’elle exprimait sa joie parce qu’on allait passer plus de temps ensemble.

Mais il restait une chose à éclaircir : ce que fera Sky après son accouchement. Je trouvais ça hautement stupide que de devoir engager une baby-sitter pendant que Sky torchera le cul d’autres mômes. Mais Sky avait déjà pensé à ça. Elle prendra les bébés avec elle sur son lieu de travail. J’hochai de la tête.

-Bonne idée. Comme ça avec l’augmentation de salaire, tu ne seras plus obligée d’aller t’occuper de Custer le week-end.

Est-ce que ça m’emmerdait que Sky travaille le week-end ? Non. Je travaillais parfois, aussi, le week-end. Est-ce que ça m’emmerdait que Sky s’occupe de Custer ? Oui. Surtout que ce gamin vivait chez un flic.

La vie peut parfois être ironique, je trouve…

On arriva à la maison et on grimpa les marches d’escaliers, ce que Sky, vu sa condition actuelle, faisait assez difficilement si bien qu’elle demanda quand est-ce que l’ascenseur sera réparé.

-Je demanderais au propriétaire… Et s’il ne me donne pas une réponse satisfaisante, je serais persuasif.

Une fois en haut, on entra dans l’appartement et je me laissai tomber dans le divan à côté de Sky. Je lui retirai délicatement le sac des mains pour commencer à manger mes frites parce que je crevais la dalle, moi aussi.

Mais là, elle me posa une question qui me fit tourner la tête vers elle. Elle demandait si je regrettais de m’être casé avec elle… Elle sous-entendait que c’était certainement plus simple avec mon ex.

Non.

Je ricanai.

-Il n’y avait rien de simple avec mon ex.

A.J. était une fille difficile à satisfaire et aussi instable que moi. Du coup, non, rien n’était simple. Avec Sky, c’était plus simple. Ou… C’était aussi complexe mais d’une toute autre manière.

Quant aux regrets… Je posai le sac sur la table basse pour me tourner un peu plus vers Sky. Je mis mes doigts sous son menton pour qu’elle me regarde.

-Et jamais je ne regretterais ce que je vis avec toi, bébé. Je t’aime.

Si ce n’était pas le cas, je serais déjà parti. Je n’essayerais pas de m’accrocher en faisant attention au moindre détail.

-Et toi, bébé ? Tu regrettes ?

La question était tout aussi pertinente dans un sens que dans l’autre.

@ Billy Lighter

Nous en étions rendu là, je devais cesser de travailler, Ward n’en démordait pas, allant même jusqu’à me menacer de me séquestrer dans notre appartement, rien de moins. Devais-je comprendre par là qu’au fond, il tenait quand même un tout petit peu à nos bébés ? Possible mais je crois qu’en fait, c’est surtout par peur de me perdre moi bien avant eux.  Sauf qu’il n’était pas question de ça du moins, le médecin n’avait pas dit que ma vie pouvait être en danger. Je devais me reposer et éviter toute source de stress pour m’éviter de plus gros problèmes pendant le reste de ma grossesse.

La question qui tue : Comment fait-on pour éviter le stress quand on follement amoureuse d’un chef de gang ? La menace est réelle, il n’a cessé de me mettre en garde, m’apprenant diverse technique pour me défendre, et même, à pointer une arme et tirer. Quand Ward quitte l’appartement, je ne peux m’empêcher de me dire que peut-être il ne rentrera pas. Que peut-être nous venions d’échanger notre dernier baiser.  Je travaillais toujours très fort pour me développer une nature zen, pour pouvoir faire confiance en la vie. Pourquoi l’aurait-il mit sur ma route pour me l’enlever si tôt ?

Je grimpais lentement chacune des marches des escaliers jusqu’à ce que nous arrivions devant notre porte, non sans demander s’ils envisageaient d’un jour, faire réparer l’ascenseur. C’était quand même un service inclus que nous payons dans les charges alors je trouvais ridicule de devoir s’en priver.  Ward promit d’en toucher un mot au propriétaire de l’immeuble et qu’il ferait en sorte que ce soit fait. Je n’avais pas besoin de lire entre les lignes pour comprendre qu’il ferait sa demande à la méthode Ward Fleming, et ça m’allais parfaitement bien.

Une fois bien a l’abri dans le confort de notre appartement, je me laissais tomber sur le divan et Ward me rejoignit pour prendre sa part de notre repas avant que je ne me mette à dévorer son burger et ses frites.

Il fallait que je lui demande, parce qu’avec son ex petite amie, il n’a jamais eu à e poser toutes ces questions. Je le sais, il m’en a parlé, de comment était sa relation avec elle. Est-ce que les choses étaient plus simples ? Peut-être même qu’il regrette de s’être engagé avec une fille comme moi, une fille qui rêvait d’un mariage et qui l’a obtenue. D’une fille qui voulait des enfants et qui est tombée enceinte.  Une fille qui voulait des choses qu’il n’avait jamais voulues ni même envisagés.  Au tout début de notre relation, nous avions joués franc jeu, tous les deux, dévoilant clairement nos intentions.  Je ne lui ai jamais caché mes rêves, il ne m’a jamais promit que cela serait facile.

Je n’aimais pas quand il me répondait avec ce petit sourire,  un rien nostalgique, comme s’il pouvait regretter son passé.  Mais non, les choses n’étaient pas moins compliquées, il n’y avait rien de simple avec son ex  et il ne regrettait pas sa vie d’avant. Et puisqu’il me retournait la question, je commençais par me blottir contre lui avant de l’embrasser et de lui répondre que pour rien au monde, je ne regrettais ma vie avec lui.

- Notre relation est le plus beau cadeau que la vie ne m’a jamais fait, bébé. Je ne voudrais pour rien au monde revenir en arrière ou changer quoi que ce soit. Toi et moi c’est pour la vie !

Je ne pouvais jurer de rien, personne ne savait de quoi serait fait le lendemain par contre, j’étais certaine que mon existence et celle de Ward était faite pour vivre ensemble, à  jamais. Après tout ça, je n’avais plus faim, aussi surprenant que cela puisse paraître. Je laissais cependant Ward terminer avant de l’entraîner avec moi dans notre lit, pour s’y blottir, pour s’embrasser et oublier un peu tout le reste du monde.

@ Billy Lighter