Depuis quelques temps, circulait une démo de bureau en bureau. Elle était maladroitement enregistrée, c’était fait maison, de toute évidence, le son était mauvais et ne rendait pas justice à la voix du chanteur, un dénommé Finan Quinn.

Qui plus est, avec sa démo, il n’y avait qu’une courte lettre, enfin, nous ne pouvions même pas dire qu’il s’agissait d’une lettre, il n’y avait que le nom de l’aspirant chanteur et une adresse d’inscrite sur le bout de papier.  En cherchant un peu, je découvris que l’adresse indiqué était celle du Stryge, un bar sur Hollywood qui ne jouait que principalement de la musique rock, métal, même. Alors il était étonnant d’entendre le son de la démo associée à la réputation du Stryge et, qui sait, c’est peut-être ce qui a piqué ma curiosité et, si mes collègues eux se renvoyaient la démo en rigolant, moi, je voulais suivre mon instinct et tenter ma chance en m’y rendant.

Il y avait quelque chose de différent et d’intriguant dans cette démo, j’avais de bonnes vibrations, ça ne s’expliquait pas je le ressentais, c’est tout ! J’avais donc apporté la démo à la maison, un soir et l’avait fait écouter à Daniele, pas surprise plus que ça d’apprendre que Quinn avait aussi tenté sa chance chez BSC mais un peu déçue d’apprendre qu’il avait reçu à peu près le même sort là-bas aussi.

- Tu sais mieux que quiconque qu’il ne faut pas se fier aux apparences, amore mio ! Penses à tes Tiny Suicide ! Si tu avais eu le feu vert de Jimmy Reed, tu les aurais menés loin, non ?

Il avait de travers la destinée qu’avait connue son  groupe de filles, avec raison ! Quand on croit à un projet, on veut le voir se concrétiser et non s’éteindre avant même d’avoir vraiment prit feu ! Alors je jouais sur cette corde là en espérant le convaincre de me suivre au Stryge, je n’avais pas spécialement envie d’aller y trainer seule quoi que si Daniele refusait de me suivre, j’aurais demandé à Abel Hudson, le gentil Roadie et qui sait si l’ami dont il m’avait parlé et pour qui j’avais signé un autographe aurait voulu nous accompagner. Avoir deux avis supplémentaire sur Finan Quinn ne m’aurait pas été de trop !

Pour mon plus grand bonheur, Daniele accepta de m’y accompagné et après s’être habillé pour la circonstance, un jeans et un chemisier tout simple, je m’en allais dans un bar et non dans un cocktail ou remise de prix,  nous prîmes la direction de Stryge sur Hollywood.

Il y avait beaucoup de gens déjà pourtant il était tôt. J’avais insisté pour y aller tôt en début de soirée pour avoir plus de chance de croiser Finan, si toutefois il s’y présentait, rien n’était moins sur. Il avait joins l’adresse du Stryge, c’éta it un indice pas une certitude, j’aurais peut-être à revenir plusieurs fois avant de mettre la main dessus si, sur place, on ne me donnait pas non plus de renseignement sur la personne que je recherchais.

Daniele se commanda un whisky et moi… une eau gazéifiée en faisant la moue. J’aurais tant aimé une bonne bière fraîche pour accompagner les bretzels ramollies servit dans un plat et laissé sur la table.

- J’espère qu’il sera là !

Le fait est qu’il pouvait déjà être sur place en tant que client et non pour prendre place sur la scène… et en ce cas, je ne le saurais jamais puisque je n’avais aucune idée de quoi il avait l’air ! Je ne pouvais me fier sur sa voix pour m’en faire une image ça ne voulait strictement rien dire ! Il pouvait être tout petit, maigrichon et avoir une vois très puissante ou alors tout l’inverse… Un mec baraqué comme une armoire à glace et avoir la voix d’une fillette !

Je bougeais sur mon tabouret tel une vraie girouette, regardant à gauche et à droite, à droite et à gauche, cherchant à savoir qui avait une tête de Finan.

- Ça pourrait être n’importe qui, amore mio ! Oh c’est excitant, tu ne trouve pas ?

Et si nous devions rentrer bredouille, nous aurons passé une soirée ensemble, hors de la maison, à écouter du métal et qui sait si nous ne trouverions pas de nouveaux talents, autre que celui sur qui j’espérais mettre la main…

@ Billy Lighter

Finan Quinn – c’est le nom que Samantha avait à la bouche depuis qu’elle avait ramené la démo de celui-ci à la maison un soir. Elle avait eu un coup de cœur parait-il sur la voix de ce chanteur dont la démo avait aussi tourné chez BSC. Je l’avais vaguement écoutée avant que Samantha m’en parle mais j’écoute tellement de démos sur une semaine qu’elle ne m’avait pas marquée. Il faut dire que des démos on en reçoit à la pelle chaque jour ! Seulement, aucun manager – chez BSC – n’avait eu autant un coup de cœur pour ce Quinn que ma Sammy.

Il faut dire que l’enregistrement avait été fait à l’arrache avec les moyens du bord – c’est ce que j’entendais. J’avais déjà entendu des démos plus soignées que ça… Seulement, Samantha ne voulait pas s’attarder là-dessus et avait un argument de choc qui était le Tiny Suicide. Moui – Sammy pouvait lancer les bons arguments au bon moment, c’était une femme d’affaire redoutable. Je n’avais pas trouvé de contre-argument... Elle voulait absolument que je l’accompagne au Stryge Bar pour essayer d’y trouver ce Quinn. Bien que je ne cessais de penser qu’il y avait des chances qu’on rentre bredouille !

-Bien tu m’as convaincu, dis-je non sans soupirer.

De toute façon, elle y serait allée avec ou sans moi. Seulement, l’idée de laisser Samantha se promener seule dans un bar ne me plaisait pas. On ne savait pas si Fleming était réellement mort – dans le doute, je préférais ne pas laisser Sammy se promener seule n’importe où.

Nous nous étions préparés. J’avais enfilé des vêtements simples et adaptés à un bar d’Hollywood. Sammy avait fait de même et on était allé au Stryge Bar en début de soirée. Ce n’était pas la première fois que je venais ici. J’y avais entendu Roadtramp – qui était, maintenant, des rockstars grâce à moi ! Le Stryge était le berceau de nouveaux styles de musique qui plaisait à un public bien précis. D’ailleurs, la chanson de ce Quinn me paraissait plutôt destinée à un public de niche… Seulement, je savais que si je disais ça à Sammy, elle resterait quand même sur l’idée qu’il peut aller loin.

On s’était installé dans le bar qui était déjà rempli de monde. J’avais commandé un whisky ne sachant pas combien de temps on allait trainer ici – si on attendait ce Finan et qu’il ne venait jamais, ça risquait d’être long… Sammy, elle, avait pris une eau gazeuse. Daniela l’empêchait de consommer de l’alcool – je plaignais vraiment Sammy et était heureux que je ne doive pas, moi, me priver.

-J’espère aussi qu’il sera là sinon, te connaissant, on va devoir revenir tous les jours, dis-je en faisant la moue.

Surtout qu’on n’avait pas même une photo pour le reconnaitre ! Heureusement que j’étais Daniele Ricci et qu’il sera – peut-être – attiré par l’appel de la gloire en me voyant !

Samantha cherchait partout après son petit chouchou – bien sûr sans le trouver vu qu’elle n’avait aucune idée d’à quoi il ressemblait… Tout ça l’excitait tout de même.

-Moui… J’espère que s’il ne vient pas, d’autres groupes pourront faire le job histoire qu’on passe une bonne soirée, dis-je avant de regarder autour de nous. Parce qu’il faudrait vraiment de la chance pour qu’il se produise sur scène le jour même où on y est…

Seulement, le hasard fait parfois bien les choses !

@ Billy Lighter

-Tu as eu des réponses ?

La douce voix de Cali était arrivée à mes oreilles alors que je descendais ma troisième bière de la soirée qui, en réalité, ne faisait que commencée. Je lui avais raconté pour la démo que j’avais envoyée aux deux maisons de disques de la ville. Elle était certaine que j’aurais des réponses… Mais non. Rien. Pas un mot… Pas un coup de fil au Stryge pour me donner une réponse. Parce que, oui, j’avais donné l’adresse du Stryge et mon nom… Je préférais, si j’avais une réponse, qu’un manager me vois ici que… Dans le taudis où j’habitais ! Je m’étais dit que donner une adresse dans l’Eastside comme référence n’allait pas attirer grand monde…

Je regardai mon verre et hochai négativement de la tête.

-Non… Rien…

En regardant mon verre, je ne vis pas le regard triste de Cali. Même si j’avais envoyé cette démo sans trop d’espoir, ne recevoir aucune réponse me faisait quand même quelque chose… Mais Cali avait l’art de savoir encourager les gens alors elle reprit son sourire :

-Tu devrais essayer de les envoyer à des maisons de disques d’autres villes. Tu as du talent. Je suis sûr que quelqu’un finira par le remarquer. J’ai dit la même chose, un jour, à Eddy Cort et ses potes et regarde où ils sont aujourd’hui !

Je rigolai. C’est vrai… Mes potes de Roadtramp avaient réussis, eux. Et ils avaient Daniele Ricci comme manager ! C’était la classe.

-Tu seras ma bonne étoile, alors.

Je rigolai en disant ça avant de boire d’une traite le reste de ma bière.

-En attendant, j’ai un concert à faire !

Elle rigola et hocha de la tête alors que je me levai du tabouret pour rejoindre les petites coulisses du Stryge. Je pouvais, de temps en temps, faire quelques chansons. J’avais l’aval du patron qui appréciait les quelques heures que je venais faire ici pour dépanner. Puis, il aimait ma musique. C’est ce qu’il avait dit.

Je pris ma guitare que j’avais laissée dans les coulisses où m’attendais déjà quelques potes à moi prêt à mettre l’ambiance ce soir. Les musicien qui m’accompagnaient n’était pas toujours les mêmes. C’était en fonction des emplois du temps de tout le monde. On se frappa dans les mains, prêt à en découdre.

J’avais le temps de faire quelques chansons avant de rejoindre Alonso pour les missions du jour. J’espérais une soirée tranquille, cette fois, mais avec les New Soldados, rien n’était moins sûr… Même si, ses derniers temps, on avait même réussi à leur reprendre du territoire. Comme s’ils étaient un peu fatigués…

Tant mieux… Je n’allais pas cracher là-dessus.

C’est donc, comme à chaque fois, avec l’envie et l’impression que j’allais jouer pour la toute dernière fois que je grimpai sur scène, le sourire aux lèvres. Parce que c’était possible que ça soit la dernière fois. Chaque nuit peut être la dernière pour un Los Diablos. La mort et la prison nous pend chaque fois au nez. Revenir ici pour jouer était chaque fois une petite victoire en soi.

Stan était là, avec sa flute. Alors, autant profiter qu’il soit là pour faire une des premières chansons que j’avais écrite et qui contenait de la flute.

Je regardai vers le public. Mes fans étaient là au-devant de la scène. C’était à la fois des fans et des potes. Je les connaissais tous. Et ils mettaient l’ambiance en sifflant et en clamant mon nom. Je tapai dans la main de certains avant de me mettre derrière le micro et de commencer le concert.


Je grattai les cordes de ma guitare concentré sur les paroles et l’histoire que je racontais à travers elles. Mes paroles avaient comme thème le médiéval. C’était un peu mon monde. Celui où je me réfugiais. Même si mes paroles pouvaient très bien se rapporter à ce que je vivais tous les jours.

J’étais concentré et avec la luminosité je ne voyais pas que j’étais regardé par des personnes venues spécialement pour moi.

@ Billy Lighter

Bien évidement, j’espérais faire un trou d’un coup en tombant sur Finan Quinn à ma première visite au Stryge mais  de passer une soirée avec Daniele hors de la maison me réjouissait tout autant que la perspective de conclure une bonne affaire.  Nous sortions souvent mais pour des occasions plus guindées, des soirées mondaines, pas pour boire un coup dans un bar tout en écoutant de la musique. Ce genre de soirée sans prétention manquait à nos habitudes de couples pantouflards.

J’étais donc plus que contente que Daniele accepte de m’y accompagner d’autant plus que, si Finan était là, Daniele pourrait me donner son avis, un vrai avis, parce que celui qu’il m’avait déjà donné suite à l’écoute de la démo ne volait pas très haut. Moi j’avais la conviction qu’il y avait une pépite d’or qui sommeillait dans la voix de Quinn, que l’enregistrement ne rendait pas justice, je le sentais et j’y croyais aussi fort que je sais que le soleil se lèvera demain matin. Si je n’allais pas moi-même m’en rendre compte, je savais que j’allais m’en mordre les doigts.

Nous avions choisis une petite table haute avec tabouret, j’aurais adoré commander une bière mais je me suis rabattue sur une eau gazéifiée jalousant le whisky qu’avait en main mon aimé, puis je regardais un peu tout autour de nous en me questionnant sur Finan Quinn. Était-il ici ce soit ? Peut-être étais-je passé à ses côtés en entrant dans la place, sans même le savoir.  Tout ceci était intriguant et très amusant !

Daniele ne semblait pas partager le mon enthousiasme, il était venu pour me faire plaisir, je m’en doutais mais peut-être que de passer tout simplement une bonne soirée à faire autre chose que de regarder la télé ou argumenter avec ma mère pouvait lui plaire. Nous étions venus parce que je voulais percer le mystère Finan Quinn mais qui sait s’il ne débusquerait pas lui aussi un tout nouveau talent ? Rien n’était à exclure.

- Le plaisir de passer du temps avec toi hors de la maison est déjà synonyme de bonne soirée pour moi, amore mio !

J’avais glissé  ma main dans la sienne en lui souriant.

- Il viendra, je le sens ! Mon horoscope disait ce matin que mes astres m’étaient favorables pour de nouvelles entreprises ! C’est un signe !

Je ne portais jamais de grandes attentions à ce genre de prédiction faites par Germaine dans son sous sol mais pour servir ma cause et défendre mon point, j’étais prête à abattre tous les cartes possibles !

Seulement, le temps passait et, toujours rien. J’en étais a mon troisième verre, j’avais opté pour une limonade cette fois si je ne voulais pas me retrouve ballonnée de gaz et le plat de bretzel était presque vide. Je gardais la tête haute et le sourire aux lèvres, je continuais de faire tourner mon tabouret de temps en temps pour observer, je ne voulais pas avouer que je m’étais peut-être tromper, que Finan ne viendrait peut-être pas…  Seulement, je commençais à ne plus endurer mon dos, assise sur ce tabouret inconfortable avec un ventre de presque cinq mois, dieu merci je n’en étais pas au neuvième !

- On attend encore une heure… et on s’en va ensuite, d’accord ?

D’un coté, j’espérais que cette heure là soit la bonne, de l’autre j’espérais que Daniele ne dise qu’il en avait assez et qu’il était temps pour nous de rentrer. Je ne lui laissais pas le temps de répondre que j’allongeais rapidement mon bras pour poser ma main sur son avant bras et je fixais la scène sur laquelle des hommes avaient prit place. Il allait y avoir une autre prestation et je tournais la tête à nouveau vers Daniele avec le regard remplit d’espoir.

Dès les premières notes, je savais que notre attente venait d’être récompensée !  Je tenais toujours l’avant bras de Daniele, tournée vers la scène, complètement captivée parce que je voyais, parce que j’entendais. Je l’avais vu, au bar, un peu plutôt mais je n’aurais jamais pu deviner qu’il était l’homme que je cherchais, je ne savais pas qui je devais chercher !  Je reconnu la chanson de la démo, tellement plus belle que sur l’enregistrement. De temps en temps, je me retournais vers Daniele de qui je lâchais finalement le bras, l’air de dire « n’avais-je pas raison?! » il y avait plus que du potentiel ! Je ne comprenais pas comment cela se faisait qu’il n’avait pas encre été découvert.

Mais j’étais là ce soir, j’étais là pour lui et je le voulais, plus que jamais, j’étais certaine que mon feeling était le bon et, dès qu’il termina sa dernière chanson, je sautais sur mes deux pieds aussi gracieusement que je le pouvais et je faufilais au travers de la foule, entrainant Daniele avec moi,  pour me rendre jusqu’à l’arrière scène, ne m’arrêtant même pas quand un type format XXL nous ordonna de rester dans la salle, que l’arrière scène était réservé au personnel et aux artistes.

- Finan Quinn?  Je suis ici pour lui parler, je suis manager chez MTI ! comme si formulé ainsi je m’assurais d’un laissez-passer à toute épreuve.

Je regardais partout, me hissant sur la pointe des pieds mêmes pour voir plus haut que les gens devant moi et je l’aperçu !

- Daniele ! Daniele il est là !! FINAN QUINN ? Je parlais fort, il y avait tant de bruit, je voulais qu’il m’entende ! Je suis manager chez MTI ! Vous avez une minute pour me parler ?

@ Billy Lighter

Sammy était excitée comme une puce. Le fait qu’elle n’avait aucune idée d’à quoi ressemblait Finan Quinn ne faisait qu’amplifier son excitation. On aurait dit qu’elle prenait part à un jeu de piste – et ça l’amusait beaucoup… J’étais bien moins enthousiaste à vrai dire. J’avais bien peur qu’il y avait beaucoup de chances qu’on soit venu ici pour ne rien trouver au final.

J’espérais tout de même que – si jamais ce Finan ne venait jamais – d’autres groupes de bon niveau allaient se produire ce soir. Pour Sammy, ma seule présence avec elle lui suffisait pour passer une bonne soirée.

-C’est normal ! Tout le monde passerait une bonne soirée en compagnie du grand Daniele Ricci, dis-je avec un sourire en coin.

Samantha était persuadée que Quinn allait venir. Elle avait foi en son horoscope – on est sauvé, moi, je vous le dis…

-Ton horoscope, dis-je sur un ton sarcastique… Et bien, alors, qui suis-je pour le contredire ?

Seulement, ce Finan ne semblait pas vouloir se montrer. J’avais enchainé les whiskys alors que Sammy – elle – cherchait encore partout du regard. Ce qui était frustrant, c’est que personne ne semblait prêter attention à nous. J’étais Daniele Ricci – bon sang !

J’en avais déjà marre. J’aimais bien les petites sorties au bar mais je n’aimais pas y attendre quelqu’un. Seulement, Sammy voulait encore qu’on attende une petite heure. J’allais répondre que je pensais bien qu’il était – plutôt – l’heure de s’en aller quand elle avait posé sa main sur mon bras, les yeux rivés sur la scène.

-Quoi ?, dis-je avant de regarder vers la scène.

Des hommes s’y étaient installés. A l’avant, le chanteur avec sa guitare. Vu le regard de Samantha, elle avait encore espoir que ça soit la bonne…

-Amore mio, il faudrait vraiment une chance de…, dis-je sans arriver à terminer ma phrase parce que la chanson avait commencé et que j’avais reconnu l’air presque immédiatement.

C’était le fameux Quinn. L’horoscope de Sammy avait raison ! Je n’avais plus d’yeux que pour la scène. La voix de Quinn donnait bien mieux en vrai que sur une cassette avec un son de très mauvaise qualité. Sammy avait vu juste – ce type avait du talent. Un talent que je n’avais pas repéré après l’écoute de la démo. A ma décharge, je ne suis pas en recherche de talents actuellement – alors mon oreille est au repos, voilà tout !

J’avais croisé le regard de Sammy. Elle semblait fière d’avoir fait cette découverte.

-Oui, tu as eu l’oreille, dis-je assez fort pour qu’elle m’entende.

Mais Roadtramp était mieux – c’est ma fierté de Ricci qui parle, là !

Les chansons étaient tout du même acabit mais la voix et le jeu de guitare de Finan valait bien plus que le détour. Sammy s’était levée directement après la petite prestation et m’avait entrainé vers l’arrière scène.

-Tu as tant peur que quelqu’un te le vole que tu vas si vite, amore mio ?, dis-je en peinant à la suivre.

Elle allait vite mais la route nous avait été barrée par une immense armoire à glace ! Il ne voulait pas qu’on passe – malgré Samantha qui disait être manager pour MTI.

Moui – MTI ce n’est pas très vendeur. J’ai mieux.

-Et moi, je suis Daniele Ricci, dis-je en fixant l’armoire à glace.

Seulement, il restait impassible. Bon sang ! Mon nom n’a vraiment aucun effet ou quoi ? A moins qu’il ne soit sourd et aveugle, ça expliquerait tout.

Sammy avait vu le chanteur et s’était mis à l’appeler.

-Tu sais que dire que tu es de chez MTI, ce n’est pas vendeur, Sammy ?, dis-je sur un ton moqueur. Dis plutôt que tu es Samantha Mancini, la manager fiancée à Daniele Ricci, ça devrait mieux le faire.

Tout était permis pour se mettre en avant, n’est-ce pas ?

@ Billy Lighter

La première chanson avait eu l’effet voulu. Les gens applaudissaient et en redemandait. J’avais encore deux chansons à leur faire avant de céder la place à d’autres et m’en aller rejoindre l’Eastside. Et j’allais en profiter comme pas possible.

Je regardai vers les autres. Ils étaient aussi prêts à continuer et à en découdre. Je leur criai le titre suivant parce qu’avec l’ambiance qu’il y avait au Stryge ce soir, ce n’était pas facile de s’entendre entre nous. L’avantage avec les gars que je croisais ici, c’est qu’on se voyait parfois en dehors du Stryge. Chez moi, par exemple, où je leur faisais écouter mes créations. Du coup, ils les connaissaient par cœur. Et ça même si, chaque fois, ce n’était pas la même composition de musiciens. Mais j’en connaissais quelques-uns. Le Stryge, tout comme les Los Diablos, était une grande famille. Une famille qui avait ses petits héros comme les gars de Roadtramp qui avait réussi à faire connaitre ce style particulier qu’était le metal à un grand public. C’était un sacré tour de force de leur part.

On enchaina donc avec quelque chose de plus rythmé.


Le batteur s’éclatait sur cette chanson surtout qu’on chantait pas mal de partie tous ensemble.

Je vivais chacune de mes chansons et que ce fut terminé, les gens sifflaient pour en avoir encore une ce qui, à chaque fois, me faisait marrer.

Alors, je leur offris la dernière de mon petit spectacle. Une chanson qui faisait parfaitement la transition avec mon concert ici et mes missions de la nuit. Parce que, oui, ma vie de dealer, je la vivais à cent à l’heure en donnant tout ce que j’avais pour faire en sorte que, le matin, chaque Los Diablos puisse rentrer dans leur famille. Je savais que de l’extérieur, les gens pensaient qu’on n’était rien d’autre que de la racaille.

Mais c’était bien plus profond que ça.

Pour moi, on était une famille qui s’entraidait pour essayer de survivre. Parce que ce n’était pas toujours facile pour tout le monde. La vie a l’art de mettre des obstacles un peu partout. J’étais bien placé pour le savoir.

Alors, c’est avec toute mon âme que je me mis à chanter la chanson suivante.

J’y mettais toute ma puissance, surtout dans le jeu de guitare qui était complexe ici avec pas mal de variations.

Et quand ce fut terminé on eut un tonnerre d’applaudissements. Je me marrai et tapai dans les mains de mes potes musiciens avant qu’on ne descende de scène.

Ce que j’allais faire maintenant ? Boire une bonne bière avec eux à l’arrière de la scène avant de m’en aller pour revenir demain, je l’espérais.

Les bières étaient déjà prêtes. Cali pensait à tout. C’était un ange, cette fille. J’ouvris la mienne commençant à parler du concert avec les autres.

Jusqu’à-ce que j’entende mon nom… Je me retournai d’un coup vers la voix de la fille qui criait après moi.

Un manager de MTI, c’est ce qu’elle disait.

J’écarquillai les yeux quand je vis une femme, très belle, aux cheveux noirs et accompagné de…

Putain, c’est Daniele Ricci !

J’entrouvris la bouche. Je n’entendis pas bien ce que Ricci lui disait mais, après coup, je me rendis compte que la femme devait être Samantha Mancini. LA Samantha Mancini. Celle qui manage The Lightening mais qui faisait aussi partie de la famille Conti. Oui, les Conti… Le seul sujet sur lequel moi et Alonso n’étions pas d’accord… Mais ce n’était pas vraiment le moment de penser à ça. En fait, mon cerveau était incapable de penser à autre qu’à : « putain, deux managers sont là et ils sont là pour moi ».

Je crois que de longues secondes sont passées avant que je ne retrouve le sens de la parole.

-Heu. Ouais, c’est moi. Je suis Finan Quinn.

Je m’approchai d’eux un peu sous le choc alors que je pris le temps de me rendre compte que le sorteur, Darnell, n’allait pas les laisser passer parce que… Il ne laissait jamais passer personne. Il prenait son rôle au sérieux.

Je ne pouvais que l’admirer pour ça, cela-dit.

-Darnell, tu peux les laisser passer s’il te plait?

Il hocha de la tête et lâcha un : « t’es responsable d’eux, alors, Finan ».

-Oui, t’en fais pas.

Je lui souris et tapai sur son épaule alors qu’il laissa passer Ricci et Mancini.

-J’en reviens pas ! Daniele Ricci m’a vu chanté ?

Mais c’était la femme qui s’était pensée à moi… Alors, c’est vers elle que je me tourner.

-Excusez-moi… Je n’en reviens juste pas. Vous êtes Samantha Mancini ! Le manager de The Lightening ? Je… Vous m’avez vu chanter ? Vous avez eu ma demo ? Vous avez aimé ?

Mon cœur battait très vite parce que j’avais du mal à me rendre compte de ce qu’il était en train de se passer ici.

@ Billy Lighter

Bien sûr, je venais de flatter son égo en disant que même si nous rentrions bredouille à la maison, le simple fait d’avoir passé la soirée en sa compagnie suffisait à mon bonheur ce à quoi il répondit que c’était normal, puisqu’il était Daniele Ricci et ça me fit rire.

- Le grand Daniele Ricci n’est-il pas heureux de passer une soirée avec sa future épouse ?

Ce n’était pas rien, ça non plus !  Mon horoscope avait prédit que les astres me seraient favorable ce qui le fit rigoler à son tour. Je ne croyais pas forcément à ce genre de  chose parce que je savais que n’importe qui ayant une belle plume et beaucoup d’imagination pouvait s’improviser astrologue.

- Oublie un peu mon horoscope amore mio et souviens toi seulement qu’on ne contredit pas une femme enceinte, surtout pas une italienne, surtout pas une Mancini et encore moins quand elle est fiancée à Daniele Ricci.

J’avais là un argument béton, n’est-ce pas?  En tous les cas pour moi ça l’était !

Je sirotais toujours mon verre après avoir quémandé une toute petite heure de plus puis quand sur la scène, il y eu du mouvement, mon espoir se renouvela et je me saisi du bras de Daniele comme si cela pouvait aider encore plus le destin. Et j’ai eu raison car dès la première note, je le reconnu, ce son particulier, cette vibe unique ! J’étais sur le bout de mon tabouret, complètement hypnotisé par le talent de Finan Quinn et j’en voulais toujours plus.  À de rares occasions, je regardais vers Daniele avec dans les yeux, une immense fierté. Je l’entendis me dire que j’avais eu de l’oreille et ça me flattais. Peut-être qu’il aurait voulu passer par-dessus la mauvaise qualité de la démo et mettre sa patte sur Finan mais c’était moi qui l’avais entrainé ici et nous étions ici pour que je lui parle.

J’avais si peur qu’il me file entre les pattes que je sautais littéralement de mon tabouret quand sa dernière chanson fut terminée, et je filais vers l’arrière scène, tirant Daniele dans mon périple.

- Bien sûr que oui, amore mio ! Tu l’as entendu comme moi !

Finan Quinn était mon Klondike ! Il était hors de question que je laisse quiconque d’autre que moi lui parler, lui faire une proposition.  Seulement, Daniele et moi fûmes stoppé a l’entrée des coulisses et même la renommé de mon fiancé ne fit pas sourciller le colosse qui nous refusait toujours l’accès. Ne pas avoir été aussi désespéré de perdre de vue Finan, j’aurais servit une réplique cinglante à Daniele mais Finan était là, tout juste devant moi, à quelques mètres à peine alors je l’interpellais en levant le ton autant que possible pour couvrir tous les bruits ambiants. Et ce fut Finan lui-même qui  nous obtenu le droit de passer, c’était une excellente chose !

Seulement sa première remarque fut qu’il n’en revenait pas que Daniele Ricci l’ait entendu chanter. Daniele Ricci ne serait pas venu te voir chanter, jeune homme, si je ne l’avais pas forcé de m’y accompagner ! Je savais que Daniele n’allait pas m’épargner là-dessus mais mon égo de femme ET de manager fut sauve parce que Finan se reprit et qu’il savait qui j’étais, c’était un très bon point en sa faveur.

- C’est bien moi et laisse moi te dire que ce que j’ai vu et entendu ce soir m’a complètement conquise ! Pouvons-nous aller quelque part et discuter ?

Oh je n’allais pas lui mettre un contrat sous le nez ce soir, j’allais d’abord établit une connexion et le faire venir à mon bureau ensuite, demain matin à la première heure idéalement, mais chaque chose en son temps. D’abord je voulais en apprendre d’avantage sur lui, discuter et voir un peu ce qu’il attendait de son côté parce que pour envoyer une démo d’aussi mauvaise qualité à toutes les maisons de disques de Los Angeles, du moins chez MTI et BSC de ce que j’en savais, il ne fallait pas espérer grand-chose en retour.

- Vous avez devant vous les deux plus grands manager de Los Angeles, un fantasme pour tout aspirant artiste qui se respect. Cela vaut bien une petite discussion autour d’une bière.

@ Billy Lighter

-Si, Daniele Ricci est toujours heureux de passer une soirée avec sa future épouse, dis-je avec un petit sourire.

Seulement, j’aurais préféré la passer au Polo Lounge par exemple ou dans un bon restaurant italien. Je n’avais rien contre le Stryge Bar – ne vous méprenez pas – mais nous étions ici parce que Samantha flashait sur un autre. Musicalement parlant – je précise ! Nous étions donc dans l’attente de ce Quinn bien que l’horoscope de Sammy était formel – il allait venir. Je savais que Samantha blaguait quand elle parlait de ça c’est pour ça que je trouvais ses arguments suivants bien plus persuasifs.

-C’est vrai. Là-dessus, je te le concède. Mais je pense qu’on n’oserait pas te contredire surtout parce que tu es la fiancée de Daniele Ricci, dis-je avec un petit sourire en coin.

Il semblerait que le destin n’avait – en effet – pas envie de contredire ma belle car le dénommé Quinn avait fini par grimper sur scène et par nous montrer toute la mesure de son talent. Sur ça demo, on ne pouvait même pas entendre un cinquième de ce qu’il nous montrait ici devant un public. Comme quoi la qualité du matériel était quelque chose de très important dans la musique actuelle. Ça dû lui échapper pourtant il n’a pas l’air d’être un débutant.

Samantha était fière comme un paon ! Ainsi quand le concert s’était terminé, elle avait filé pour aller à la rencontre de Quinn. Putain, elle avait à ce point peur qu’on le lui vole ? Moui – c’était bien ça.

-Personne n’a accordé sa chance à la demo, Sammy. Tu es la première sur le coup, dis-je en la suivant péniblement.

C’était une façon de dire qu’il n’y avait rien qui pressait. Seulement, rien ne pouvait arrêter Sammy !

A tiens, si, l’armoire à glace le pouvait, lui !

Samantha avait tenté de passer en disant à l’homme qu’elle était manager pour MTI. J’avais donné mon nom - ce qui faisait plus vendeur – mais cet homme restait impassible. Samantha avait alors crié avec celui qu’elle désirait tant – musicalement parlant, je précise encore ! Sa façon de se présenter me faisait à ce point rire que je ne pouvais m’empêcher de faire une réflexion bien placée.

Quinn nous avait repéré et avait demandé au type de nous laisser passer. Bon Dieu – ça faisait bizarre de ne pas être le maitre tout puissant ici.

Putain – je suis Daniele Ricci, pourtant !

Finan Quinn, lui, me connaissait bien et c’est à moi qu’il s’était adressé en premier. Moui – un point pour moi Sammy ! J’avais envoyé un regard à ma fiancée.

-Oui, j’ai entendu et c’était du très beau travail, dis-je en souriant à Quinn.

Seulement, ce n’était pas moi qui était venu le pécher mais ma Sammy. Il l’avait compris – le Quinn – et s’était adressé à ma fiancée. Celle-ci était tellement excitée qu’elle ne savait pas si elle devait vouvoyer ou tutoyer l’Irlandais. Moui – avec un nom pareil, ça ne peut qu’être qu’un Irlandais…

Samantha voulait discuter avec lui – en mettant en avant la carte que nous étions les deux plus grands managers de Los Angeles.

-Je ne peux pas la contredire sur ce point, dis-je avec un petit sourire en coin.

Seulement, c’était à Quinn d’accepter ou non.

@ Billy Lighter

Je crois que si on m’avait dit, ce matin, que Daniele Ricci allait venir à mon concert, je ne l’aurais jamais cru. Pourtant, il était bien là, en chair et en os. Il faut me comprendre… Il avait fait des petits gars de Roadtramp des rockstars. Alors le voir s’intéresser ne serait-ce qu’un peu à ce que je fais, c’était invraisemblable pour moi… Surtout qu’il disait que c’était du bon travail. Je souris d’un large sourire.

-Merci beaucoup.

Mais rapidement, toute mon attention fut sur Samantha Mancini. Parce que je compris, un peu à retardement, que c’était surtout elle qui était intéressée par ce que je faisais et pas Ricci. Donc, je m’excusai à Mancini avant de lui porter toute mon attention. Elle était manager de The Lightening donc, pour moi, son avis et son intérêt était tout aussi pertinent que celui que Ricci. Et c’était tout aussi impressionnant pour moi. Parce que Mancini commençait aussi à se faire un nom dans la musique. Je suivais toujours tout ça de très près.

Quand elle déclara avoir été conquise mon sourire s’agrandit et j’avais maintenant mon regard complètement tourné vers Samantha. Elle voulait une discussion. Elle voulait une bière. J’allais lui donner tout ça sans hésiter et je rigolai même de les voir tous les deux s’envoyer des fleurs à eux même.

-Bien sûr ! Suivez-moi ! On va aller s’asseoir !

Je dis ça en les entrainant hors de l’arrière scène pour revenir vers le bar. Quand on passa près du comptoir, je lançai à Cali :

-Cali ! Tu peux amener trois bières à la table tout au fond.

Elle nous regardait travers avec de grands yeux ronds avant de rire et d’approuver. Moi, j’emmenai les deux managers sur la table du fond qui est un peu à l’écart.

On s’installa et je ne pouvais m’empêcher de sourire tout le temps. Je m’adressai alors à Mancini.

-Vous avez été conquise ? Par ma demo et par le concert ? J’avoue que j’ai envoyé ça sur un coup de tête… Je ne pensais pas que ça fonctionnerait…

Même si, secrètement, je l’espérais.

-Je n’en reviens quand même pas que le manager de The Lightening serait intéressé par ce style de musique. Mais ça fait plaisir. Vous voulez savoir quoi ?

Je savais que tout ça allait me mettre en retard. Mais je ne pouvais vraiment pas passer à côté d’une discussion avec les deux plus grands managers de Los Angeles.

@ Billy Lighter

L’énervement me faisait me presser malgré ce qu’en disait Daniele.  Il disait vrai, personne autant chez MTI que chez BSC n’avait donné de mérite à cette démo mais après ce que j’avais vu sur scène,  je ne pouvais pas attendre. Je l’avais donc entraîné au travers des gens buvant leurs bières sur le plancher de danse attendant le prochain groupe ou de savoir s’ils en commandaient une autre ou s’ils allaient pisser jusqu’à me faire freiner a l’entré de l’arrière scène par une armoire à glace qui n’en avait que faire de qui j’étais et encore moins avec qui j’étais. À ça, je ne pus qu’esquisser un large sourire, j’aimais bien quand l’égo de mon fiancé se faisait malmener, c’était de bonne guerre, ce petit jeu entre nous deux.

J’avais élevé la voix. Il fallait à tout prix que j’attire l’attention de Finan et j’y parvenue ! J’étais satisfaite, je l’aurais été complètement si Finan n’avait pas d’abord porté son attention sur mon bien aimé. C’est moi qui avait sprinté jusqu’à lui et qui m’étais égosillé !  J’allais en entendre parler à la maison, Daniele ne raterait jamais une occasion pareil, tout comme l’inverse était tout aussi vrai. Je n’aurais pas passé sous silence  un truc comme celui là.

Daniele le complimenta puis je saisis  mon tour avec enthousiasme. J’avais adoré ce que j’avais vu ici ce soir et je voulais parler sérieusement avec Finan qui accepta avant de nous refaire passer par le bar et commanda trois bière. Bière qu’il boirait seul sauf si Daniele acceptait le geste mais malheureusement, ce serait une eau plate pour moi.

Installés à une table, nous parlions fort pour bien nous entendre. Finan reprit mes mots pour me demander si j’avais été conquise par sa démo et par le concert.

- Ta démo était de très mauvaise qualité, Finan. Aucun manager ne lui a accordé de mérite, même pas Daniele qui a accepté de m’accompagné uniquement parce que je l’ai forcé.

C’est de bonne guerre, amore mio !

- Cependant, j’ai ressentis quelque chose à l’écoute de ta démo. Je refusais de croire que quelqu’un pouvait se donner tout ce mal pour ne rien avoir à montrer sur scène. J’ai suivis mon instinct et je ne me suis pas tromper. Ta courte prestation de ce soir m’a complètement renversée.

La surprise et l’enthousiasme se lisait sur le visage de Finan qui n’en revenait pas de notre présence. Il n’allait pas revenir de la suite, je pouvais gager ma fortune là-dessus !

- Je suis ouverte à tous les genres de musique, Finan. La musique, c’est de la poésie, c’est l’expression de l’âme sous sa forme la plus pure et la plus vulnérable. Dans tes chansons, tu y as mis ton âme, je l’ai ressentie, regarde mes bras, j’en ai encore la chair de poule tant ça m’a touché !

Je ne mentais pas, j’avais été conquise pas l’art de Finan et j’étais prête à mettre ma tête sur le billot que je n’étais pas la seule dans cette salle à avoir frissonnée de plaisir à chaque note.

- J’aimerais vous prendre sous mon aile, vous aidez à bâtir votre carrière, votre nom, à propager votre musique aux quatre coins de la planète.

Je pris mon sac et y sortit un stylo bille et un calepin sur lequel j’y griffonnais le numéro où me rejoindre chez MTI, ainsi que mon nom bien que j’étais certaine qu’il n’était pas prêt de l’oublier.

- Appelez-moi demain  matin  pour fixer un rendez-vous dans la journée. Nous parlerons plus en détail de ce que j’ai en tête pour vous et certainement que vous aurez des questions. Il me fera plaisir d’y répondre.

En attendant, nous pouvions parler de sa passion, de comment elle lui est venue, puisqu’on nous servait nos bière et, je rectifiais le tire en demandant un verre d’eau en laissant soin à Daniele de décider s’il allait boire ou non cette bière.

- Vous êtes jeune, début trentaine si je ne m’abuse. Pourtant, on sent énormément de vécu au travers de vos chansons, par la façon dont vous traitez les mélodies, on sent la passion.

Qui il était, d’où il venait, je m’intéressais à absolument tout !

@ Billy Lighter

On avait déniché Quinn à l’arrière de la scène et il avait demandé à l’armoire à glace de nous laisser passer. Bien que toute cette mascarade avait touché mon ego – il avait été revigoré par le fait que Finan avait repéré en premier ma présence à la place de celle de Sammy. Tout ça avait été de courte durée mais j’en avais bien profité !

Samantha avait repris la main et exprimé son intérêt – musical ! – pour Quinn. Le chanteur n’en revenait pas et il était, bien entendu, enclin à discuter avec nous – enfin, avec Sammy, plus précisément. Je n’étais ici que pour accompagner Sammy, me montrer et pouvoir faire des commentaires – tout ce que j’aimais !

Finan nous avait emmené de là d’où on venait et nous avait commandé – sans même nous le demander avant – des bières. Je n’étais pas amateur de bière mais ça se buvait – tout alcool se boit facilement ! Je ne savais pas si c’était l’excitation qui faisait perdre à Quinn les questions basiques comme « vous voulez quoi à boire ? » ou bien s’il ne croyait qu’il n’existait qu’une seule boisson – la bière.

On avait pris place à une table et Quinn – qui débordait d’enthousiasme – voulait savoir ce qui avait conquis ma belle Samantha. Il avait envoyé sa demo sur un coup de tête ce qui expliquait peut-être sa qualité médiocre. Samantha avait – d’ailleurs – joué la carte de la franchise sur ce coup.

-Oui, c’est vrai. Le son était médiocre et je ne serais jamais venu si Sammy n’avait pas eu du flair, dis-je tout aussi franchement que Samantha.

Je n’allais pas essayer de voler Quinn à Sammy – je n’étais pas encore sans cœur et sans âme à ce point. Elle l’avait trouvé, elle le méritait.

Seulement, après tout ça, Sammy en était venue à des commentaires plus sympathiques. Je l’avais laissé parler sans faire de commentaires alors qu’elle voulait à ce point Quinn qu’elle lui donnait déjà rendez-vous demain pour pouvoir lui parler de tout ça en détails – Sammy était vraiment déterminée à l’obtenir pour elle seule.

On nous avait servi nos bières et Sammy avait commandé un verre d’eau et moi un whisky. Moui – ça ne voulait pas dire que je n’allais pas boire ma bière. D’ailleurs, j’avais déjà bu une gorgée pour montrer à Quinn que je l’accompagnais pour boire.

C’était au tour de Sammy de faire parler Quinn. Elle avait raison – les paroles évoquaient un vécu. Bien qu’on pourrait dire la même chose des chansons de The Army – pourtant, certaines de leurs chansons ne relataient pas leur vécu personnel mais celle d’un proche ou bien un personnage fictif dont ils imaginaient le ressenti. Peut-être que – pour Quinn – c’était la même chose.

@ Billy Lighter

Il fallait vraiment le temps que j’en revienne. Parce que je n’aurais jamais cru que la soirée allait tourner comme ça. Je n’aurais jamais cru que des managers aussi célèbre que Daniele Ricci et Samantha Mancini allaient venir en personne jusqu’au Stryge pour venir me voir.

Pourtant c’était bien le cas et Mancini voulait même avoir une discussion avec moi. Alors, je fis ni une, ni deux et j’emmenai le couple dans une table au fond non sans avoir commandé trois bières au passage. Je n’avais même pas fait attention au fait que Ricci et Mancini pouvait aimer autre chose que la bière… J’étais tellement focalisé parce ce que Samantha avait à me dire que je ne réfléchissais pas très loin.

Une fois installé, je ne fis que poser des questions. Qu’est-ce que je pouvais faire de plus ? Il fallait que je sache les intentions de Mancini. Pour ça, je devais savoir si elle avait vraiment aimé à la fois ma démo et mon concert.

Et la première chose qu’elle me dit c’était que ma démo était de mauvaise qualité et que, si Ricci était là, c’était parce qu’elle l’avait forcé à venir. Ricci confirma les dires de Mancini. J’avais enregistré cette démo avec le matériel que j’avais à la maison. J’avais de très bons instruments que j’avais achetés avec mes économies… Je mettais chaque fois de côté pour pouvoir avoir les meilleurs instruments possibles. Tant pis si je devais continuer à vivre dans un taudis. Je préférais largement la musique à l’endroit où j’habitais… Mais je n’avais pas encore su investir dans du bon matériel d’enregistrement. Ça coûtait extrêmement cher. La réflexion de Mancini m’amena alors à penser une chose : ce n’est pas étonnant qu’il était difficile pour les musiciens qui partent de milieu défavorisé de percer s’ils étaient rejetés sur la qualité de leur enregistrement et non sur l’âme de la musique qu’il contenait. Ainsi, je souris, un peu ironiquement, peut-être.

-J’ai enregistré avec les moyens du bord… Je ne pouvais pas faire mieux avec ce que j’avais chez moi… Et louer un studio pour enregistrer une démo m’aurait coûté une demi-année de salaire…

J’exagérais peut-être un peu mais l’image n’était pas loin de la réalité.

Mais Mancini ne s’arrêta pas là tout comme, dans les faits, elle ne s’était pas arrêtée à la qualité de ma démo. Elle avait vraiment adoré ce que j’avais montré ce soir ce qui m’arracha un large sourire sincère et enthousiaste.

-Merci beaucoup.

Contrairement à mes préjugés, Mancini aimait tous les styles tant que la musique racontait quelque chose. On pouvait voir qu’elle s’y connaissait et ses compliments m’allaient droit au cœur. Je souriais toujours.

-On a la même vision de la musique.

Mais je ne m’attendais réellement pas à ce que Mancini me propose directement de… Quoi ? Elle veut devenir mon manager ? Je fis des yeux ronds alors que ma bouche s’était entrouverte. Elle voulait faire de moi une star ?

Oui, c’est ce qu’elle venait de dire en d’autres termes…

Il faut que je percute là…

-Que ? Quoi ?

Elle sortit un stylo et un calpin pour griffonner son numéro, je suppose. Elle voulait me voir dès demain dans son bureau. Je pris entre les mains le papier alors que je n’en revenais pas.

-Oui… Je crois que… Ouais, j’aurais un tas de question. J’en reviens pas ! Vous voulez vraiment être mon manager ? C’est génial !

Je disais ça en m’exclamant alors que les bières étaient arrivées mais autant Mancini que Ricci commandèrent tout autre chose dans la foulée. De l’eau pour Samantha et un whisky pour Ricci. Ricci qui commença quand même à boire sa bière alors que moi, j’étais encore sous le choc si bien que je n’y avais pas encore goûtée.

-Je crois que je suis en train de vivre le plus beau jour de ma vie…

J’étais en train de réaliser doucement alors que Samantha disait qu’on pouvait sentir du vécu dans mes chansons. Je souris. J’imagine que son commentaire était une façon d’en savoir plus sur moi. Je ne pouvais pas tout dire mais je pouvais quand même expliquer certaines choses.

-Oui, j’ai 33 ans. Quant au vécu, oui, mes chansons sont en partie inspirées de mon vécu. J’entoure juste un peu ça de magie et de médiéval. Ça rend les choses un peu plus magiques, je trouve.

Je bus, enfin, une gorgée de bière. Je crois surtout qu’à travers mes chansons, je montrais la façon dont je voyais ma propre vie. Chacun à sa manière de rendre son quotidien un peu plus enchanteur qu’il ne l’est vraiment. Ça montrait aussi que, si ma vie n’avait rien de facile, elle me convenait d’une certaine façon. Même si chacun aspire chaque fois à mieux.

-Je n’ai peut-être que 33 ans mais c’était assez d’année que pour avoir vécu le mort de mes deux parents, fait un tour à l’orphelinat et avoir dû trouver de quoi vivre dans l’Eastside une fois mes 18 ans atteints.

Enuméré comme ça, ça semblait, en effet, moins magique. Mais je disais ça avec le sourire. J’avais fait du chemin depuis mes 18 ans.

-Mais comparé à d’autres, je trouve que je m’en sors bien. J’ai de quoi me payer des instruments de temps en temps. De venir travailler ici et y faire de la musique. C’est pour elle que je vis.

Pour elle et pour mes frères Los Diablos.

-C’est de mes parents que je tiens mon talent. Ils étaient musiciens tous les deux. Ils faisaient de la musique folk irlandaise. Ils étaient très doués. Je leur dois ça.

Et plein d’autre chose. Le fait est que j’aimais profondément mes parents.

-Mon vécu, c’est dans l’Eastside que je l’ai trouvé et c’est avec ça que je compose mes paroles.

Ça y est, je me mets déjà à trop parler. Ça me fit rire d’ailleurs et je bus une gorgée de bière.

-Je parle trop, c’est ça ? Sinon, cette histoire de rendez-vous demain, c’est sérieux ?

Je devais téléphoner le matin, c’est ça ? Je n’avais pas vraiment intérêt à me faire descendre cette nuit. Ni me faire choper par les flics.

@ Billy Lighter

Quand nous fûmes tous les trois installés à une petite table au fond du bar, Finan voulu tout de suite savoir si j’avais été conquise par la démo et son petit concert de ce soir. Je ne pouvais pas démarrer notre collaboration, si collaboration il y aurait, par un mensonge aussi, je lui avouais sans détour que la qualité de sa démo ne rendait aucunement justice à son talent ce que Daniele confirma en avouant qu’il ne serait jamais vu si je n’avais pas insisté.  Ça sembla un peu piquer Finan qui se défendit d’avoir enregistré avec les moyens qu’il avait, parce qu’il n’avait pas tord en disant que de louer un studio professionnel pour l’enregistrement de sa cassette lui aurait coûté la peau des fesses.

- L’important c’est que vous ayez persisté et que quelqu’un vous aie écouté !

Je l’avais écouté, je l’avais entendu et je m’étais déplacé pour lui.

Moi et personne d’autre !

Enfin, non, ce n’était pas tout à fait juste puisque Daniele m’avait accompagné mais il l’avait fait uniquement pour me faire plaisir.

Je lui avais servi une critique, je continuais avec un compliment qui me valu un merci appuyé d’un regard sincère. Je lorgnais vers Daniele, affichant un sourire plus que fière, j’étais heureuse qu’il soit là avec moi pour me voir manœuvrer. Il faut dire qu’il a beaucoup plus d’expérience que moi dans ce genre d’approche, ma carrière est encore toute petite à comparé la sienne, seulement là, avec Finan qui s’ajoutait à The Lightening et Shiri, je sentais que j’étais maintenant bien en contrôle et que je pouvais rivaliser avec les grands. Mon titre de manager de l’année en avait surprit plus d’un allant jusqu’à supposé que j’avais eu la sympathie des votes parce que j’avais vécu une tragédie. Quand j’accrocherais ma seconde récompense sur mon mur, plus personne ne doutera de mes capacités !

Je partageais à Finan ma vision de la musique puisque cela semblait l’avoir surprit que je puisse m’intéresser à son style. Je n’aurais pu choisir un seul genre de musique si on m’en imposait qu’un seul d’autant plus que, selon l’artiste, la musique est comme un journal intime, une porte ouverte sur son âme, une façon de voyager, de se transporter.  C’est en tous les cas ce que m’a fait ressentir la musique de Finan et c’est pour ces raisons que je m’empresse de lui noter le numéro pour le rejoindre à mon bureau chez MTI afin que l’on puisse discuter plus sérieusement de son avenir.  

Ce n’était pas ici, dans ce bar que nous allions signer son contrat.

- Bien sûr que je le veux ! Pourquoi crois-tu que j’ai sprinté jusqu’en coulisse, en talon et enceinte ?

Certainement pas pour ses beaux yeux !

Je demandais un verre d’eau à la place de la bière et Daniele se commanda un whisky  pour accompagner sa bière. Finan n’en revenait pas, c’est ce qu’il disait et, heureuse de lui avoir fait cet effet, je regardais à nouveau Daniele pour partager mon bonheur. C’est l’effet que ça fait, quand on sait qu’on est sur le point de changer la destinée de quelqu’un ?

Je glissais ma main dans celle de Daniele tout en m’intéressant au vécu de  Finan. Il n’était pas très vieux, début trentaine tout au plus.  Ses chansons regorgeaient d’images, j’en avais  ressentit beaucoup de vécu, comme s’il racontait son histoire, la sienne ou celle d’un autre, peu importe, avec fantaisie et magie. Il avait, de fait, un parcours un peu dramatique, ayant vécu le décès de ses parents qui lui avaient donnés le goût de la musique.

- Voilà un très bel héritage dont vous pouvez être fier, Finan !

Il avait grandit dans un orphelinat de l’Eastside, rien de bien glorieux sans non plus être dramatique. Il s’en était bien sortit, n’avais-je pas devant les yeux une belle pièce d’homme avec beaucoup de talent ? Il débitait en tous les cas son histoire et loin de trouver cela étourdissant, j’avais envie d’en savoir plus.

- Et comment que c’est du sérieux ! Finan, je ne serais pas encore ici si ça ne l’étais pas.  Doutez-vous à ce point de votre talent pour croire que je puisse changer d’idée ? Daniele peut certifier que quand j’ai une idée dans la tête, je n’en démords pas facilement !

Je le voulais et rien ne me détournerais de mon objectif. Je voyais déjà son nom en grosses lettre sur les devantures de salles de spectacles, des guichets fermés parce que plus aucune place de disponible, des supplémentaires, des tournées !  

Finan irait loin mais pour cela, il fallait sauter dans le train.

- La question est… Est-ce que vous, vous êtes sérieux ?

@ Billy Lighter

Quinn s’était défendu sur la qualité de sa demo. Il n’avait pas le matériel pour faire mieux – c’était son excuse. Je ne pouvais pas dire si son excuse était vraiment valable… N’y a-t-il pas un proverbe qui dit que quand on veut on peut ? Bien que Samantha était quand même là et que la demo n’avait pas pénalisé Quinn – il avait de la chance.

La suite était d’un tout autre ton. Samantha en avait des qualificatifs pour montrer à quel point Finan l’avait conquise. Elle en était fière – je le voyais dans les regards qu’elle me lançait. Je savais que Sammy pensait avoir des choses à prouver dans me métier et elle faisait tout pour arriver à rivaliser avec les plus grands – les managers comme moi, le grand Daniele Ricci.

Seulement, Quinn n’en revenait pas et avait peine à croire que Samantha voulait devenir son manager. Moui – c’était souvent comme ça. Les artistes avaient parfois du mal à percuter surtout quand il venait d’un milieu où l’espoir ne fait que faire vivre et que les rêves sont rarement réalisés. Bien qu’ici on était à Hollywood mais j’avais bien compris que Finan n’avait pas le salaire de s’acheter du bon matériel – donc, à mon avis, pas le salaire de vivre à Hollywood. Seulement, Sammy avait des arguments en béton pour montrer qu’elle voulait bien devenir son manager.

-Moui, vous auriez dû voir son sprint. Je n’arrivais même pas à suivre, dis-je avec un petit sourire.

Elle le voulait – c’était sûr. Il n’y avait aucun doute. Il fallait maintenant que Finan accepte. C’était toujours plus facile dans ce sens. Bien que parfois, les artistes sont durs en affaire comme la petite Cortez. Bien qu’elle, c’était surtout parce qu’elle avait déjà un manager. Quinn, lui, n’en a pas et Sammy avait d’entrée de jeu montré que seul elle s’était intéressée à la demo – c’était plutôt bien joué.

Seulement, avant ça, Quinn avait parlé de lui sous l’impulsion de Sammy. Il était plus jeune que nous mais ses chansons parlaient – en partie – de son vécu. C’est à partir de là que nous pouvions sortir les violons. Quinn était un orphelin de l’Eastside qui gagnait surement son argent avec des jobs mal payés. J’avais bu toute ma bière en l’écoutant nous dire que c’est ses parents qui lui avaient transmis le talent qu’il avait. Samantha trouvait qu’il pouvait être fier… Le compliment de Sammy suffisait – je n’avais pas besoin d’en rajouter une couche sur cette histoire mélodramatique…

Quinn avait vraiment du mal à croire que le rendez-vous que lui avait donné Sammy était vrai. Qu’est-ce qu’il lui fallait ? Une certification écrit sur l’honneur ? Samantha avait encore dû lui expliquer que tout ça était vrai. Ah, tu veux une artiste qui vient de l’Eastside, tu n’as plus qu’à assumer, Sammy.

-En effet. Elle va toujours jusqu’au bout de ses idées, dis-je avec un sourire en coin. La preuve, elle est enceinte. Il en fallait beaucoup pour me convaincre.

Moui – pas tant que ça, en fait. J’avais été très vite convaincu. Peut-être parce qu’avec le temps, je deviens un peu plus ramolli – c’était bien triste.

Samantha savait répondre aux questions mais elle savait aussi poser les bonnes questions. Quinn devait être sérieux sinon ça ne servait à rien de dépenser de l’énergie. Nous attendions sa réponse au moment où le verre d’eau de Sammy et mon whisky avaient été apportés. Je m’étais mis à boire à nouveau – le whisky du Stryge était excellent !

@ Billy Lighter

Elle avait raison, l’important c’était qu’elle soit là. Mais je me rendais petit à petit compte que c’était surtout la chance qui avait frappé à ma porte et pas autre chose. Parce qu’apparemment, en dehors de Samantha, ma démo n’avait conquis personne. Mais le concert, par contre, avait conquis le couple en entier, donc, j’imagine que c’est un bon signe…

Après ça, je reçus des compliments. Elle n’imaginait pas le bien que ça faisait d’entendre ça. J’avais pris des années à me demander si c’était une bonne idée ou non d’envoyer cette démo. Je pensais que si je n’avais aucune réponse, tous les espoirs que j’avais allaient s’envoler définitivement… Finalement, j’avais passé le cap et je n’étais vraiment pas déçu !

Mais l’idée même qu’elle ait envie de devenir mon manager me paraissait, sur le coup, rapide et irréaliste. Je savais que Roadtramp avait vu plusieurs fois Daniele Ricci avant que ce dernier ne leur donne leur chance… Et moi ça se ferait en une conversation ? C’était tellement beau qu’il fallait que je demande… Mais elle confirma disant qu’elle avait couru en coulisse en talon et enceinte pour être sûr de pouvoir me voir. Ricci confirma disant qu’il avait eu du mal à suivre. Un large sourire s’afficha sur mon visage. J’avais bien vu le ventre rond de Samantha mais là, j’avais bien la confirmation qu’elle était enceinte. Même L.A.People n’en avait pas parlé et moi, je le savais maintenant.

Cette soirée était magique !

-Vous êtes enceinte ? Félicitation !

Et elle avait sprinté pour moi ? J’avais vraiment l’impression que je rêvais. Pourtant, tout semblait bien réel !

Après ça, je me mis à parler un peu plus de moi vu que Samantha semblait intéressée. Je ne voulais pas faire pleurer dans les chaumières. Ma vie était comme ça. Je n’en avais pas d’autre. J’avais toujours fait les choses avec ce que j’avais et c’était encore le cas aujourd’hui. Samantha déclara que j’avais un bel héritage alors que Ricci n’avait pas fait de commentaire. Il avait simplement sifflé toute sa bière… Comme quoi, ce que la presse dit sur lui est quand même bien fondé… Ça me fit sourire, d’ailleurs avant que mon regarde ne se tourne vers Samantha. Je souris.

-J’en suis fier. Et je suis assez content que mes parents aient vécu assez longtemps pour me transmettre tout ça.

En fait, j’ai surtout connu mon père. De ma mère, je n’avais, hélas, que de vagues souvenirs. Des bons souvenirs. Et, à l’heure d’aujourd’hui, je suis toujours convaincu qu’elle n’est pas partie sans laisser d’adresse et qu’elle avait simplement fait une mauvaise rencontre. Un rencontre qui avait dû mener à sa mort. C’est pour ça que je partais du principe que mes deux parents étaient morts. C’était plus facile à supporter de cette façon. Parce qu’il n’y a rien de pire que de ne pas savoir. J’en sais quelque chose.

Je bus une gorgée de bière me demandant, après, si cette histoire de rendez-vous était bien vraie. Samantha confirma que c’était bel et bien sérieux alors que leurs boissons leur furent amenées. Elle voulait me prendre sous son aile et Ricci confirma, à sa façon, qu’elle allait toujours au bout de ses idées. Sa réflexion me fit rire d’un rire franc avant que je ne reprenne mon sérieux à la question de Samantha.

-Si vous me demandez si je vais êtes concentré à 100% sur la musique et que je ne vais pas simplement prendre ça pour un passe-temps alors je peux vous répondre que, oui, je suis sérieux. Vous savez, Madame, des chances qui se présentent comme aujourd’hui, je n’en aurais peut-être qu’une. Je sais la valeur que ça a. Alors, je vais la prendre. Et je vais tout donner pour que ça fonctionne.

Cette histoire de chance à saisir me poursuivait depuis 1980. Bailey avait saisi la sienne. C’était à mon tour de ne pas me rater.

Et je ne comptais pas me rater.

-C’est assez sérieux pour vous ?

Je souris en disant ça.

-Si ça l’est, je serais là au rendez-vous demain. Vous pouvez compter sur moi.

Même si… Avant ça, je devrais encore aller bosser…

@ Billy Lighter

Mes intentions ne pouvaient être plus claires ! Je m’étais tapé un sprint jusque dans les coulisses, enceinte et en talons haut tout en entraînant mon fiancé dans la foulé avant de me faire freiner par une armoire a glace qui m’avait forcé à utiliser ma voix pour me faire entendre. Si tout ceci ne démontrait pas mon grand intérêt pour Finan Quinn, je ne savais pas ce qu’il lui faudrait de plus pour le convaincre. La remarque de Daniele me fit rigoler, et hocher de la tête, un peu gênée.

- Eh oui ! Une petite fille attendu pour septembre prochaine, confirmais-je en caressant la courbe de mon ventre.

Seulement, nous n’étions pas là pour parler bébé mais carrière !

Finan s’ouvrit un peu à nous en parlant de ses origines modestes, de la mort de ses parents qui lui avaient cependant offert un lègue d’une grande valeur et dont il pouvait être extrêmement fier. En effet, ses parents gravitaient eux aussi dans le monde de la musique, sans avoir fait carrière, de ce que j’en comprenait, plutôt un passe temps mais suffisant pour donner la piqure à leur fils. Finan était reconnaissant d’avoir eu le temps de recevoir une bonne éducation musical de ses parents, de leur vivant.

Peut-être était-il encore sous le choc de la surprise de nous voir ici ce soir mais Finan voulait savoir si tout ceci était bien réel, que j’étais sérieuse avec ma proposition. Je ne pouvais hélas m’arracher le cœur de la poitrine pour lui faire ressentir le bouleversement que m’avait fait ressentir sa musique. Je n’avais que des mots que j’espérais asses sincère et Daniele de confirmer mes dires en utilisant ma grossesse comme preuve de ma force de persuasion.

- Oh Daniele !, , rigolais-je ! Comme si je l’avais fait toute seule, ce bébé !

Cependant, il disait vrai, mon bel amour. Quand je voulais quelque chose, rien ne pouvait me détourner de mon objectif. J’avais assez d’entêtement et de détermination pour faire en sorte d’obtenir ce que je voulais vraiment, dans la vie.

Je posais alors une question à Finan pour m’assurer que nous étions bien, lui et moi sur la même longueur d’ondes et, avant qu’il ne me réponde, je lançais un regard remplis d’espoir à Daniele. La réponse de Finan fut à la hauteur de mes espérances  et mon visage s’illumina d’un immense sourire.

- C’est ce que je voulais entendre, Finan !

Je levais mon verre d’eau pour trinquer a cette belle entente.

Ceci étant dit, Finan confirma que je pouvais compter sur lui et qu’il serait au rendez-vous demain, tel que je lui avais demandé, pour parler plus en détail de sa future carrière et pour signer un contrat en bonne et due forme.

- Bien ! J’en suis très heureuse !

Je ne terminais pas mon verre d’eau mais laissais Daniele boire son whisky. Il se faisait tard et j’avais la tête remplis de choses à penser et prévoir pour demain. J’avais hâte de me retrouver au lit, de célébrer cette petite victoire, dans les bras de mon homme mais j’avais surtout très hâte d’être déjà demain, et d’être entrain de signer l’avenir de Finan Quinn.

@ Billy Lighter