L'avion décolle, mes mains, moites, se crispent sur l'accoudoir de mon siège. Je renverse ma tête en arrière et je ferme les yeux. Je sens exactement le moment où les énorme roue de l'engin quittent le bitume rassurant. On tangue un peu. Mon histoire commence. Copenhagen? Aucune importance... Ce qui est à Copenhagen reste à Copenhagen. J'ai 19 ans, et je recommence tout. En mieux.

Direction l'université de Berkeley. Tout ce que j'ai gardé du passé sont mes goûts musicaux. Le rock est la seule chose qui me rappelle qui je suis vraiment. Et c'est peut-être ce qui me poussera, plus tard, à devenir journaliste pour L.A. People: une pulsion autodestructrice, l'envie d'enterrer l'ancien Amon, Amon le bon samaritain qui s'est fait retourné comme une crêpe parce que personne à rien compris.

C'est lors d'une soirée étudiante que j'ai rencontré Timmy Evans. Discret, il était dans un coin de la salle à observer les gens tout en buvant tranquillement un cocktail avec des manières de gentleman. Où j'étais moi, encore, à ce moment-là? Ah ouais. J'étais debout sur une table, donnant ma plus belle image de bon fêtard de 20 ans. Après quelques danses juste pour qu'on puisse dire que j'y étais, j'étais descendu de la table et étais allé voir Evans.

Quelques cocktails mirent ébranlèrent très vite nos défenses respectives et des questions bien placées de la part des deux camps firent le reste. On était jeunes et personnellement, même si je m'étais donné une image de gros buveur, c'était loin d'être le cas et j'avais vraiment du mal à supporter l'alcool. Je découvris donc en Timmy mon alter-ego britannique, à quelques détails près. C'était un joueur, il avait de l'idée au niveau manipulation, et surtout, surtout... Il s'était fait bien baisé par la vie depuis le début.

Mais ce n'était, pour être totalement sincère, pas ça qui m'attira en premier chez lui. En vérité, il faisait les mêmes études que moi, en droit, et... Et il était dans les meilleurs de la promotion. Tandis que moi, je n'étais qu'un type au rendement tellement moyen que ça s'approchait légèrement du médiocre. Et Timmy allait vraiment pouvoir m'aider.

Donc, je jouai les amis, au début. Je m'asseyait à côté de lui dans l'amphi, discutait de tout et de rien, puis profitait de ses notes, ce qui me permettait d'allègrement me les glander en classe. Mais avec Timmy, j'étais tombé sur mon maître, et non sur un larbin. Et au lieu de me laisser faire, il mis vite fin à mon petit jeu. Et proposa, plutôt, de m'aider vraiment. Bon, c'était vachement plus difficile et ça me demandait des efforts et du travail. J'y allais avec des pieds de plombs au début, mais Timmy s'avéra meilleur pédagogue que n'importe lequel de ces clampins de profs bourrés de titres honorifiques qu'on avait.

Du coup, je réussi mes études. Timmy aussi. On fêta tout ça ensemble, mais je ne saurais pas raconter parce que je ne m'en rappelle plus, de cette fête là. Puis Timmy est devenu manager chez MTI. Et moi, qui m'étais découvert un talent pour ce qui était d'être une langue de vipère, je devins journaliste chez L.A. People.

Aujourd'hui, je suis le pire cauchemar des artistes rock qui sont, paradoxalement, mes idoles.

Ah et j'oubliais: ROCK ON