Tic… Tac…

J’entendais que ça depuis dix minutes. Madame Summers, la Directrice, ne me parlait plus depuis dix minutes. Elle n’avait plus rien n’à dire. Elle attendait juste que Jordan arrive parce qu’elle avait appelé Jordan. Moi, c’était pas la première fois que je venais ici. J’étais déjà venu plusieurs fois parce que je répondais aux professeurs ou parce que je poussais des gens dans la cours parce qu’ils m’ennuyaient. Moi, j’avais déjà eu plein de punitions. Mais c’est la première fois qu’on appelle Jordan.

Moi, j’étais assis sur la chaise en face de son bureau. Elle voulait pas que je sorte du bureau. Un bureau où il y avait mon bulletin et mon briquet. On avait reçu nos bulletins, ce matin. L’année était presque finie. Alors, on avait eu nos bulletins. Jordan allait aimer mon bulletin. Mais il s’en foutra… Parce qu’il va m’engueuler quand même. Je le savais. Il faisait toujours ça quand je faisais ce qu’ils appellent tous « des conneries ».

Mais moi, j’avais pas fait de connerie, j’avais rendu la justice !

Madame Summers brisa le silence.

-Tu as un peu réfléchis, Grant ? Tu comprends que ce que tu as fait est mal ?

Sa voix était toujours douce. Madame Summers était toujours douce. Quand elle engueulait, elle le faisait pas en criant mais en parlant. Sauf quand j’avais demandé de sortir de son bureau, tantôt. Elle avait dit « non », un peu plus fort.

-J’ai fait la justice. Dylan parlait à Sofia… Moi, j’avais plus envie qu’il lui parle. Alors, je lui ai dit que Sofia était que mon amie à moi. Il m’a dit d’aller manger mes céréales et de les laisser tranquille. Alors, j’ai fait la justice.

Madame Summer soupira. Elle prenait un air inquiet.

-Alors, tu as attendu que tout le monde sorte en récrée pour mettre le feu au cartable de Dylan…

J’hochai de la tête.

-Oui.

Sofia était MON amie. C’était la seule qui m’avait parlé gentiment depuis que j’étais ici. Elle avait des longs cheveux noirs et elle aime aussi Batman. Elle habite dans l’Eastside, comme moi.

Mais j’aimais pas quand les autres parlaient avec elle et la faisait rire.

-Détruire les affaires des autres, Grant, surtout de cette manière, c’est mal. Ce n’est pas de la justice. Si tu avais un différend avec Dylan, il fallait venir m’en parler ou en parler à ton professeur.

Je fronçai fort les sourcils.

-Non. Vous n’auriez rien fait.

Je n’étais pas stupide. Ils n’auraient rien fait. Elle soupira à nouveau et sembla comme soulagée quand on toqua à la porte.

C’était sûrement Jordan.

-Ton père est là…

Je la regardais toujours en fronçant les sourcils.

-Ce n’est pas mon père.

Elle le savait ! Alors pourquoi elle s’était trompée ? Je n’aime pas quand les gens se trompent.

Elle ne dit rien et dit simplement :

-Entrez !

A Jordan.

@ Billy Lighter

J’étais en repos, un repos dont j’allais pouvoir profiter parce que Grant était à l’école toute la journée. J’avais donc fait le ménage dans toute la maison… Ben ouais c’est un truc de gonzesse le ménage mais quand t’es tout seul, t’as pas vraiment le choix. Et je n’avais pas l’argent pour une femme de ménage.

J’avais pratiquement fini quand le téléphone avait sonné. Je pensais que c’était Duncan qui venait aux nouvelles. Mais non, c’était l’école de Grant. Apparemment, le petit démon avait foutu le feu au cartable d’un de ses camarades de classe.

-Et putain de merde…

Je m’allumai une cigarette alors qu’à l’autre bout du fil j’entendis.

-Pardon ?

Rien, j’arrive tout de suite.

Je laissai tout en plan et pris la voiture pour la West Hollywood Elementary School… Grant y enchaînait les punitions, mais c’était bien la première fois qu’on m’appelait. Le pire, c’est que c’était dommage parce que le petit était intelligent et avait de beaux points. Mais il avait tendance à se battre, à pousser, à faire mal… Chaque fois qu’il trouvait que quelque chose n’était pas juste à ses yeux.

Je lui avais déjà dit que ça ne se passait pas comme ça, qu’il devait s’en référer à ses professeurs mais ça ne voulait pas rentrer dans son petit crâne buté.

J’entrai donc dans l’école en trainant un peu la patte et allait jusqu’au bureau de la directrice, Mme Summers. On disait d’elle qu’elle n’avait jamais quitté l’école puisqu’elle avait fait ses études pour se retrouver directement à un poste dans une école pour y travailler.

J’avais fumé un clope avant de rentrer parce que je savais que ça allait être difficile de me retenir d’en griller une dans le bureau de la directrice mais je savais que ça n’allait pas le faire.

-Entrez !

La voix de Summers, je supposais. J’entrai donc pour y trouver Grant, assis face à sa directrice, et devant lui, un briquet et son bulletin… Au moins, le briquet ne m’appartenait pas. Je n’avais donc pas fait preuve de négligence, même s’il aurait été facile pour lui de m’en piquer un…

-Bonjour…

J’approchai et pris place à côté de Grant.

-Il paraît qu’il a mis le feu au cartable d’un de ses camarades de classe…

Je regardai Grant.

-Imagine si t’avais mis le feu à toute l’école, le nombre de garçons et filles innocents que tu aurat tué… Tu appelles ça de la justice, Grant ?

Je ne lui criais pas dessus, je lui posais juste la question.

@ Billy Lighter

Jordan entra. Il dit « bonjour » à Madame Summers. Elle lui répondit pour le saluer aussi. Moi, je dis rien. J’ai déjà vu Jordan au matin. Il a pas besoin de mon « bonjour ».

Il s’installa à côté de moi. Je le regardai alors qu’il disait que j’avais brûlé un cartable. Madame Summers hocha la tête.

-Oui, c’est bien ça. Le cartable du petit Dylan Matin, un autre enfant de sa classe.

Puis, c’est moi que Jordan regarda pour me dire que j’aurais pu mettre le feu à toute l’école. Que j’aurais pu tuer des gens innocent. Il disait que, ça c’était pas la justice. Je fronçai fort les sourcils.

-Dylan parlait à Sofia. Moi, je voulais pas qu’il parla à Sofia. Je lui ai dit. Il m’a dit d’aller manger mes céréales et de les laisser tranquille. Il n’y a que moi qui peut parler à Sofia. C’est comme ça. Alors, j’ai fait la justice.

Oui. Et personne n’est mort. L’école a pas toute brûlée.

-L’école a pas brûlé. Mon professeur est arrivé. Il a éteint le feu. Et puis, sinon, je serais parti avec Sofia. Moi, je serais pas resté à l’intérieur. Je suis pas con.

Oui, et si les autres sont pas cons, ils seraient partis aussi. Voilà. Pas de mort. Et l’école, c’est pas grave si elle brûle. Personne aime l’école.

Madame Summers s’adressa alors à Jordan.

-Monsieur Keller… Comme vous pouvez le constater le comportement de Grant est assez interpellant. Il n’a pas brûlé de cartable de Dylan sur un coup de tête juste après que Dylan l’ait, apparemment, offensé mais il a attendu que tous les élèves parte en récrée pour mettre le feu. Son professeur a été alerté par l’odeur et est arrivé à temps pour empêcher un plus grand incendie. Il a retrouvé Grant debout devant le feu à regarder. Il n’a même pas caché de c’était lui pensant être en son bon droit. J’ai essayé de savoir si Grant regrettait son geste et était prêt à s’excuser à Dylan mais il a refusé. Il ne comprend pas en quoi son geste était mal.

Je fronçais les sourcils.

-Dylan m’a ennuyé. Sofia est MON amie.

Madame Summers avait un regard inquiet.

-Avez-vous, Monsieur Keller, remarquer ce genre de comportement chez Grant chez vous ? J’imagine que vous n’aviez aucune idée qu’il avait un briquet sur lui…

Non. Il ne le savait pas. Moi, je l’ai caché, le briquet.

@ Billy Lighter

Mme Summers avait l’air grave, ce qui n’annonçait rien de bon pour Grant. Et pour moi non plus d’ailleurs. J’étais responsable de ce gosse… S’il faisait des conneries, c’était forcément un peu ma faute. Sinon, on ne m’aurait pas appelé dans ce bureau aujourd’hui.

Donc, Grant avait foutu le feu au cartable d’un autre élève de sa classe. Je ne savais même pas qu’il avait un briquet… Pas que ce soit difficile de m’en voler un puisque j’en laissais traîner un peu partout dans la maison, mais le briquet qui était posé sur la table de Summers était un beau briquet Zippo, pas un des briquets en plastique jetable que j’utilisais moi-même.

Mais là où je fus vraiment interloqué, ce fut quand Grant me dit qu’il avait fait ça… pour une fille. Une certaine Sofia sur laquelle il pensait avoir l’exclusivité.

Je levai un sourcil.

-Les autres ont le droit de parler à ton amie, Grant. C’est pas pour autant qu’ils vont te la voler. Je ne vois pas ce qu’il y a d’injuste là-dedans.

Heureusement, son professeur était arrivé et avait éteint le feu. Et Grant de dire qu’il se serait enfui avec cette Sofia, qu’il n’était pas assez con que pour se retrouver piégé dans les flammes.

-Je sais que t’es pas con, Grant…

Je soupirai…

-Mais ce que tu as fait est super dangereux.

Puis, ce fut à Mme Summers de reprendre la parole pour me dire que le comportement de Grant était assez interpellant… Je le savais, j’étais flic… Et dans les années 70, le FBI avait fait une étude sur les tueurs en série et leur comportement étant enfant… La pyromanie en faisait partie.

Puis son père était Ward… Ward Fleming.

Selon Summers, Grant ne présentait aucun signe de remords. Il ne comprenait pas en quoi son geste était mal.

Et Grant de s’offusquer en répétant que Sofia était SON amie. Je posai une main sur la cuisse du petit.

-Chut ! Grant !

Je ne criais toujours pas, mais je voulais qu’il se calme. Summers me demanda alors si j’avais pu constater des comportements similaires ou étranges chez Grant…

-C’est un fugueur… Ce que je peux comprendre, il n’a pas demandé à ce que sa mère meure et encore moins à être coincé avec moi…

Je soupirai…

-Il a aussi tendance à grimper en hauteur mais ça je crois que c’est parce que sa mère le lui a conseillé au cas où…

Je m’arrêtai Là Summers n’avait pas besoin de tout savoir.

-Mais mettre le feu, c’est la première fois… Je ne savais même pas qu’il avait un briquet Et celui-là n’est pas l’un des miens.

@ Billy Lighter

Je fronçais les sourcils alors que Jordan disait que les autres avaient de droit de parler à Sofia. Non. Ils n’ont pas le droit.

-Non. C’est injuste. Moi, j’ai dit que c’est injuste. C’est comme ça.

Mais Jordan disait que j’aurais pu tuer tout le monde mais moi j’ai dit que j’étais pas con et que je serais parti avec Sofia. Et que si les autres étaient pas con, ils seraient partis aussi. Jordan disait que j’étais pas con. J’hochai de la tête. Mais il ajouta que ce que j’avais fait était dangereux. Je dis rien. Je le regardai juste dans les yeux avec les sourcils froncés.

Puis, Madame Summers parla. Elle parla beaucoup pour rien dire. Juste expliquer ce que j’avais fait. Je la fixai avant de dire que Sofia était MON amie à moi. Mais Jordan me dit de me taire. Je levai le regard sur Jordan et lui envoyai un regard mauvais. Moi, j’avais le droit de me défendre, non ? C’est pas la justice si je peux pas dire MON point de vue et pas celui de Madame Summers ou de Dylan.

Après, Madame Summers demanda à Jordan de parler de moi et si j’avais déjà fait des trucs comme je venais de faire. Non. Si. Mais dans le Maine. Mais Jordan savait pas ça et il disait juste que j’avais fugué. Je me renfrognai.

-Oui. Moi, je voulais rester dans le Maine et vivre seul.

Mais j’étais bien à L.A. maintenant. Je ne voulais plus partir. Je voulais revoir Sky. Je voulais rester avec Sofia. Je voulais continuer à m’entrainer avec Amon. Alors, je n’avais plus fugué parce que, chez Jordan, il y a un lit et des céréales.

-Mais plus maintenant. Alors, je fugue plus.

Madame Summers hocha la tête et continua d’écouter Jordan qui parla du fait que je grimpe en hauteur. Et ? C’est pas mauvais ça. Pourquoi ça serait mauvais ?

Il ajouta que j’avais jamais mis le feu. Je le fixai alors qu’il disait que ce briquet n’était pas à lui.

-Non. Les tiens sont laids. J’ai acheté celui-là avec MON argent.

Madame Summers nous regardait toujours et repris la parole.

-Je comprends, Monsieur Keller. Il n’est pas toujours facile de surveiller ce qu’a sur lui un enfant de 9 ans. Je ne vous blâme pas pour ça. Les enfants peuvent parfois s’avérer être très ingénieux pour nous dissimuler des choses.

Elle marqua une pause avant de reprendre.

-Mais vous avez dit que sa mère lui a conseillé de grimper en hauteur ? Pour quelle raison ? C’est assez inhabituel comme demande…

Moi, je fixai Madame Summers et répondit pour Jordan.

-Pour fuir mon père. Il sait pas grimper. Mon père c’est Ward Ward Fleming.

Oui. Tout le monde le connaissait ici, sauf moi. Alors, je le disais à tout le monde pour voir qui le connaissait. Jimmy le connaissait, Jordan, Leia… Madame Summers me regarda longuement et ses yeux s’étaient écarquillés. Il y eu un silence et elle reposa son regard sur Jordan.

-J’ai passé plusieurs années de mes primaires dans la classe d’Edward Fleming.

Elle dit ça avec une drôle de voix. Comme si elle était inquiète. Elle posa une main sur mon bulletin et le fit glisser vers Jordan. Encore quelqu'un qui connaissait Ward Ward Fleming... Mais je l'ai toujours jamais vu... Et ça me contrariait.

-C’était un des meilleurs de la classe… Edward. Grant est lui-même dans les premiers. Des A partout… A+ en sport… Il n’y a que son F en comportement qui est alarmant. Sinon, c’est un garçon très intelligent. Qui comprend très vite.

Elle regardait toujours Jordan et semblait toujours inquiète mais elle essayait de le cacher.

-Monsieur Keller… En tant que Directrice, je ne peux que vous donner des conseils. Mais le comportement dont a fait preuve Grant aujourd’hui, me fait me dire qu’un suivi psychologique pourrait sans doute l’aider à gérer ses émotions et à mieux juger les situations. Ce n’est qu’un conseil. Je ne peux vous contraindre à rien, bien entendu.

Je roulai des yeux. Moi, j’ai déjà vu un psychologue. Le Docteur Truc. J’ai vu à la télé qu’elle avait disparu. Moi, je suis content. Moi, je pense pas que Jordan me fera encore voir un psy.

-Pour le reste… Etant donné qu’il n’a pas voulu faire toutes les démarches pour s’excuser et qu’il trouve toujours son geste justifié, je n’ai d’autre choix que de l’exclure. Il reste peu de jours avant la fin de l’année et je propose, donc, à Grant de revenir en septembre… Je vous avoue que c’est une décision que je n’aime pas prendre. Je n’ai jamais exclu un élève… Mais cela peut se faire... J’en ai déjà été témoin…

Elle regarda longtemps Jordan après avoir dit ça. Exclu ? Bien ! Moi, je suis content. Mais je souris pas. Parce que si je souris, elle va voir que je suis content elle va changer d’avis.

-Je suis désolé de devoir en arriver là mais je dois aussi penser à la sécurité des autres élèves le temps que Grant puisse arriver à gérer tout ça.

Moi, je suis en vacances. Moi, je ne dis rien parce que ça me convenait.

@ Billy Lighter

Je soutins le regard de Grant. Il me regardait droit dans les yeux, sans ciller, sûr de lui. Sûr de ce qu’il avait fait et que c’était pour la justice. Et il me vint en tête un qualificatif pour le garçon qui me fis frissonner.

Dangereux.

Grant Custer était dangereux.

Il n’était pas méchant, cela dit… C’était juste qu’il avait un sens bien à lui de la justice et de comment la rendre…

Je ne dis rien, ne quittant pas son regard, jusqu’à ce que Mme Summers nous fasse tous les deux regarder dans sa direction. Je dis à la directrice que Grant était un fugueur. Et lui de répliquer qu’il ne fuguait plus.

J’eu un sourire timide.

-Ouais, c’est un problème que nous avons réglé ensemble… En établissant des règles pour chacun. Je ne fume plus dans la maison, Grant prend des cours de boxe pour se dépenser et il a une babysitter qu’il adore.

Je le savais parce que Grant me parlait tout le temps de Sky… il m’aurait foutu hors de la baraque pour que Sky vienne le garder… Problème : Sky était désormais enceinte et écartée de son travail. Ce qui avait atrocement frustré Grant.

Bref, tout ça pour dire que Summers ne me blâmait pas pour le briquet que portait Grant sur lui. Mais elle me posa plus de questions sur le fait que sa mère lui avait conseillé de grimper en hauteur… J’avais décidé que ça ne la regardait pas, mais Grant en choisit autrement et lui dit que c’était pour fuir son père. Ward Fleming.

Et j’ouvris de grands yeux quand Summers affirma avoir fait ses classes avec Ward Fleming. Je soupirai.

-Vous comprenez mes difficultés alors… Je ne sais pas si tout est génétique et je ne l’espère pas…

Elle fit glisser le bulletin de Grant vers moi… Et je l’ouvris pour n’y voir que des bonnes notes, sauf en comportement.

-C’est vraiment un beau bulletin, Grant… Et je suis fier de toi.

Je regardai l’enfant.

-Mais il faut que tu comprennes que ce que tu as fait aujourd’hui est dangereux. Dangereux et méchant.

Summers, elle, était pour un suivi psychologique. Je soupirai encore.

-On a déjà tenté une thérapie… Malheureusement, ça s’est soldé par un échec… Mais nous essayerons d’autres thérapeutes, pas vrai, Grant ?

J’étais littéralement dépassé en fait… Ce n’était pas comme si je pouvais mettre Grant en cellule pour lui faire comprendre que son geste était impardonnable.

Summers, elle, n’avait d’autre choix que d’exclure Grant. Je hochai la tête, grimaçant parce qu’elle me refilait la patate chaude… Et j’allais faire comment, moi, entre Sky qui était inapte au travail et mon propre boulot ? Il y avait bien Leïa mais elle travaillait elle aussi.

-Je comprends votre décision.

Je me tournai vers Grant.

-Et toi, Grant, est-ce que tu comprends pourquoi tu es exclu ?

Mon pari était que non… Il avait fait la justice… Et ça, il n’en démordrait pas.

@ Billy Lighter

Moi, je quittai pas le regard de Jordan. Il quittait pas le mien non plus. C’est que quand Madame Summers se remis à parler qu’on quitta le regard en même temps.

Jordan se mit alors à parler des fugues que j’avais fait. J’en faisais plus. Moi, c’est ce que je dis. Je n’avais plus envie de retourner dans le Maine. Je voulais rester ici. Jordan disait qu’on avait réglé ça avec des règles. Oui. Il fumait dehors. C’est mieux. Sinon, ça pue ! J’hochai de la tête mais quand il parla de ma babysitter, je me refrognai :

-Oui, mais Sky vient plus… Elle va avoir un bébé. Moi, j’aime pas Sam parce qu’il lui a fait un bébé.

Madame Summers ne dit rien mais je vis qu’elle était désolée. Elle parla juste à Jordan :

-Ce sont de belles initiatives.

Puis, elle parla du briquet et puis aussi du fait que je grimpais et j’expliquai à Madame Summers pourquoi Maman m’avait dit de grimper et Madame Summers devint toute blanche parce qu’elle connaissait Ward Ward Fleming…

Comme tout le monde.

Et ça me contrariait. Moi, je l’avais même pas vu en photo. Mais tout le monde le connaissais et tout le monde, il faisait chaque fois une drôle de tête. Personne l’aimait. Maman disait qu’il était méchant. Et Jordan disait, là, que Madame Summers devait, du coup, comprendre ses difficultés.

Moi ? Moi, je suis pas difficile… Moi, je suis simple. Moi, je suis heureux avec des céréales et des Comics. Alors, je me renfrognai. Je comprenais pas c’était quoi « génétique ». Je savais pas de quoi il parlait.

Mais Madame Summers comprit parce qu’elle répondit.

-Je comprends vos difficultés, en effet… Mais je ne suis pas experte en psychologie, je ne saurais vous dire quel est la part de génétique dans tout ça… Mais...

Je crois qu’elle voulait encore dire des choses mais elle me regarda et se tut préférant parler de mon bulletin qui était beau. Jordan était fier. Je le regardai et hochai de la tête.

-Oui. Il est beau. Les cours sont trop faciles.

Mais Jordan en profita pour dire que ce que j’avais fait aujourd’hui était dangereux. Je roulai des yeux.

-Moi, j’avais bien entendu la première fois… Moi, j’ai pas besoin que tu répètes tout le temps.

Et Madame Summers, elle proposa de m’envoyer chez le psy. Je roulai des yeux. Encore ? Moi, j’aimais pas ça… J’avais pas aimé le Docteur Truc. Moi, je comprenais pas pourquoi les gens voulaient que je voie un psy…Moi, je suis pas fou… Et Jordan disait que ça avait pas fonctionné mais il voulait qu’on essaye un autre. Je roulai à nouveau des yeux.

-Si tu veux… Il va disparaitre aussi, celui-là ?

Je dis ça en souriant. Docteur Truc avait disparu. Alors, peut-être que l’autre il disparaitra aussi. Moi, je trouverais ça très drôle.

Madame Summers ne sembla pas comprendre mais hocha de la tête et sourit à la décision de Jordan. Après, elle me renvoya. Elle disait qu’elle avait pas le choix. Moi, ça m’arrangeait. Et Jordan accepta. Il me demanda si j’avais compris la décision. Oui. J’ai compris pourquoi elle m’a renvoyé. Elle veut plus me voir. Elle a peur de moi. Alors, j’hochai de la tête.

-Oui. Compris.

Je me levai de ma chaise et repris mes affaires. Je mis mon bulletin dans mon sac.

-Moi, je veux rentrer, maintenant… Je veux rentrer pour aller lire mon Comics. Tu viens, Jordan ?

Madame Summers me regard et regard Jordan.

-Je suis navré, Monsieur Keller. Je sais que je ne vous aide pas vraiment mais certaines choses dépassent mes compétences… Je peux, toutefois, vous donner certaines adresses de psychologues réputés et d’organismes qui pourront vous aider au mieux pour pouvoir gérer tout ça.

Moi, j’étais prêt. J’attendais Jordan. J’en avais marre d’entendre Madame Summers parler.

-On y va Jordan ?

Oui. Je veux partir.

@ Billy Lighter

Ouais… Sky ne venait plus. Et ça me faisait une belle épine dans le pied parce qu’elle était parfaite pour Grant. Grant alla plus dans les détails en disant qu’il détestait Sam, l’homme qui avait mis Sky enceinte. Mme Summers sembla désolé pour Grant. Elle faisait preuve d’une grande empathie malgré ce qu’avait fait Grant.

Mais elle appréciait les efforts qu’on avait fait l’un et l’autre pour vivre ensemble. Mais ce n’était pas encore assez apparemment, vu le comportement de Grant.

-Belles mais insuffisante… je ne vois pas comment régler les problèmes qu’il a ici.

Et on se rendit compte qu’on connaissait tous les deux le père de Grant : Ward… Ward Fleming. Elle avait fait ses classes avec Fleming Sr. Et vu la tête qu’elle tirait, ça n’augurait rien de bon.

Elle proposa qu’on aille voir un psy… J’approuvai malgré notre premier échec. Mme Summers m’avoua que, n’étant pas psy elle-même, elle ne saurait pas me dire la part de génétique qu’il y avait dans le comportement de Grant… Parce que ce n’était pas comme si Grant avait été élevé par Ward… Grant ne savait même pas qui était Ward.

J’admirai ensuite le beau bulletin de Grant… Il était décidément une énigme pour moi… Selon lui, les cours étaient trop faciles.

-Tant mieux.

Je lui répétai quand même que ce qu’il avait fait était dangereux mais il se renfrogna, disant qu’il avait bien compris la première fois.

Je répétai aussi qu’on allait aller voir un autre psy. Grant accepta, demandant si celui-là aussi allait disparaître. Je roulais des yeux.

-Grant…

Bref, tout ça pour que Grant soit exclus jusqu’à l’an prochain… Il affirma qu’il comprenait et rangea son bulletin dans son sac avant de me dire qu’on y allait…

Je me levais, et serrai la main de Summers qui était navrée de ne pas pouvoir m’aider plus que ça.

-Merci quand même… Je suis sûr qu’avec le temps, on trouvera un équilibre et qu’il va se calmer.

Grant s’impatienta.

-Ouais ouais on y va… Calme-toi un peu…

Je mis ma main sur son épaule et on sortit du bureau de Summers.

@ Billy Lighter