Julius Rachel Reed se faisait attendre. Oh, il n’était pas forcément en retard sur la date prévu d’accouchement, mais il n’était pas en avance comme l’avait été mes autres bébés. L’héritier Reed était confortablement installé dans mon ventre et s’y prélassait tout en me donnant le plus de maux possibles. Douleurs aux reins, douleur au dos, problème de sommeil, et encore bien d’autres. Qui plus est, notre fils avait aussi le don de nous faire croire qu’il allait se pointer le bout du nez pour ensuite, reporter à plus tard.

J’en étais à déjà quatre fausses alertes.

Quatre fois où Jimmy avait dû tout cesser ce qu’il faisait.

Quatre fois où la sage-femme s’était pointée à toute hâte et avait sortit tout le matériel nécessaire pour l’arrivé du bébé le plus attendu de l’année.

Mais voilà que Julius Rachel n’en faisait qu’à sa tête et avait décidé qu’il était plus amusant de tester les nerfs de ses parents qui n’avaient plus les nerfs si solide, fautes de nuit bien réparatrice. En tous les cas, c’était mon cas, plus que Jimmy mais je le sentais tout de même sur le qui-vive.

Le médecin venait régulièrement faire sa visite à domicile puisque je ne sortais plus du tout de la villa, refusant tout risque de commencer mon travail en dehors des murs sécurisant de ma demeure.  Il était hors de question que mon fils naisse ailleurs que là où je l’avais décidé. Cela forçait donc le docteur à passer aux deux jours, s’assurer que ma grossesse continuait de bien se dérouler.

- Vous êtes en grande forme, Madame Reed, et votre enfant est têtu, il naîtra quand il en aura décidé le moment venu et pas avant.

Je devais me faire une raison, je couvais un fils à maman qui ne quitterait pas de sitôt sa résidence grand luxe, chaude et confortable. Je m’installais donc le plus clair de mon temps dans l’aile de la villa où résidait ma belle-mère et je tricotais des heures durant pendant qu’elle me faisait la lecture des grands auteurs. J’adorais l’entendre lire alors que s’entrechoquaient mes aiguilles et que j’enfilais les mailles, créant petits bonnets, couvertures et je ne sais quoi encore.

Ma belle-mère ne me disait jamais directement ce que je devrais faire pour aider à déclencher la naissance de son premier petit fils légitime mais je savais décoder les sous titres, maintenant. Je la laissais dire, de toute façon, ma grossesse n’avait jamais freiner nos ardeurs à Jimmy et moi dans le lit.

Sauf peut-être dernièrement où tout le bas de mon corps était en souffrance. Mes pauvres jambes et mes pieds étaient enflés et mes hanches bien rondes et pleines me complexais, je n’avais plus rien de sexy en ce moment c’étant mon opinion bien que Jimmy en dît tout le contraire. C’était malheureusement, bien malgré moi. La fatigue fort probablement, y était pour beaucoup.

Une nuit, je fus réveillée par la même douleur que les précédentes. J’ouvris la lumière de ma table de chevet ce qui força Jimmy, endormi, à se tourner dans le lit pour faire dos à la source lumineuse. Je me hissais en position assise et touchais mon ventre étrangement dur, beaucoup plus dur que les autres nuits. Julius Rachel témoigna se sa présence en se remuant, je vis passer son petit pied sous ma chemise de nuit puis je grimaçais parce que la douleur se pointa à nouveau, mais beaucoup plus mordante. Je me levais et fis quelques pas avant de me retenir au rebord du lit et de rondir mon dos le temps que ça passe. J’avais des contractions, de vraies contractions cette fois et elles étaient déjà bien rapprochées.

- Jimmy ? Réveil toi mon amour. Cette fois c’est la bonne !

@ Billy Lighter

Quatre fausses alertes ! Quatre ! Je comprenais mieux maintenant pourquoi Daniele appelait les bébés de viles créatures de l’enfer.

Et là que je dormais profondément et paisiblement, je ne sentis même pas Maritza sortir du lit… pas plus que je n’entendis ses gémissements de douleur. Je dormais. C’était l’heure de dormir, pas d’accoucher ou je ne sais quoi d’autre…

Pourtant, c’est le souffle haletant qu’elle réussit à me sortir du sommeil, affirmant que cette fois, c’était la bonne… Je m’assis d’un bond sur le lit et regardai Ritza au bout du lit.

-Tu es sûre ?

Je m’approchai un peu et vis à ses pieds une flaque d’eau.

-Oh merde !

J’attrapai le téléphone sur la table de nuit et réveillai tout le monde, sage-femme, docteur, les pressant de se manifester au plus vite à la villa Reed. Car la naissance du divin enfant était pour cette nuit !

Quand tout le monde fut alerté, je sortis du lit pour m’approcher de Maritza. Je la soutins et elle serra ma main avec une force que je ne lui connaissais pas.

-Reviens te coucher, mon amour ! La sage-femme et le docteur vont arriver et je n’ai pas envie que le bébé tombe par terre.

J’aidai donc Maritza à s’allongé sur le lit et restai à ses côtés.

-Ça fait mal ?

Bête question au vu de son visage déformé par la douleur et de la sueur qui lui dégoulinait du front… Je pris un mouchoir propre dans le tiroir de la table de nuit et lui épongeai le front.

-Respire, ma douce. Respire.

J’avais hâte. Mais j’avais peur aussi… Peur de ne pas être à la hauteur.

Il fallut une bonne demi-heure à la sage-femme et au docteur pour rappliquer.

-Vous ne pouviez pas faire plus vite, non ? Ma femme souffre ! Faites la arrêter de souffrir !

@ Billy Lighter

Si seulement j’avais eu un appareil photo à porté de main pour immortaliser la tête de Jimmy quand il comprit que cette fois-ci était la bonne ! Il avait bondi dans le lit, d’abord pour se rapprocher de moi puis ensuite, pour prendre le combiné du téléphone et passer les coups de fils nécessaire. Il fallait prévenir ma sage-femme puis le médecin car même si la sage-femme était extrêmement compétente, je tenais, à une précaution en plus.

Je me tenais au bout du lit et j’entrais dans ma bulle à chaque contraction. Je visualisais chacune d’elle comme une immense vague sur laquelle je surfais et qui, chaque fois, me rapprochais de mon bébé à naître. C’était une technique que m’avait suggéré une infirmière, lorsque j’avais mis au monde Olivia et qui m’avait bien aidé à passer au travers de mes deux autres accouchements.

Jimmy me fit rigoler, entre deux contractions, alors qu’il s’inquiétait que de me voir debout puisse faire tomber notre fils au sol. Il n’allait tout de même pas sortir aussi rapidement et j’aurais le temps de voir venir. Toutefois, je le laissais m’aider à me remettre au lit surtout que la dernière contraction m’avait bien coincé le dos de douleur.

- Oui,  mais ce n’est rien à comparer ce qui m’attends dans les prochaines heures.

Les contractions étaient encore douces, j’en étais qu’au tout début, cependant, d’avoir perdu mes eaux aussi rapidement me laisser penser que l’accouchement ne durerait peut-être pas aussi longtemps que cela avait été le cas pour Olivia.

Une fois confortablement, autant que cela se pouvait dans ma situation, installée au lit, Jimmy m’épongeait le front avec une délicatesse assumée. Je focussais sur ma respiration, tel qu’il me le suggérait et attendais patiemment que la sage-femme et le médecin arrivent. Il me sembla qu’ils mirent des heures pour se pointer le bout du nez mai sils finirent tout de même par arriver et prendre la situation en main.

Jimmy souffrait visiblement plus que moi, bien qu’il prétendît que ce fut moi, qui souffrait le plus. Effectivement, j’avais connu plus plaisant comme activité, mais je ne me leurrais pas. Le plus difficile et douloureux restait encore à venir.

C’est la sage-femme qui effectua le premier examen avant d’affirmer que le travail se déroulait correctement et que, pour le moment, rien ne servait de s’affoler. J’en avais pour des heures avant d’atteindre le seuil nécessaire pour commencer à pousser.

J’aurais pu proposer à Jimmy d’aller dormir un peu dans l’une ou l’autre des chambres d’invités mais égoïstement, je préférais l’avoir avec moi et j’adorais cette façon qu’il avait de m’éponger le front et de me masser le bas du dos. Il ne faudrait pas ébruiter l’affaire en dehors de ces murs, mais mon époux savait se montrer extrêmement attentionné et tendre, quand il le fallait.

Les heures passaient tellement lentement qu’à force, je cru un instant que quelqu’un avait retiré les aiguilles des horloges pour m’éviter de compter les heures. Cependant, le soleil qui pointait me donna un petit indice sur le temps qui avait filé, comme un voyou, d’ailleurs.

- Je suis épuisée !

- Il ne faut pas abandonner, Madame Reed. Le plus laborieux reste encore à venir !

J’en étais à mon quatrième accouchement, elle ne m’apprenait rien mais elle faisait son travail, je devais prendre sur moi pour ne pas devenir une vraie harpie et me mettre à faire tomber des têtes.

- Jimmy ? J’aimerais un glaçon, s’il-te-plait.

Les glaçons me faisaient le plus grand bien. Je ne sais plus combien de verre de glaçons j’avais fait fondre sur mes lèvres ou carrément dans mon cou. Ils me soulageaient et c’est tout ce qui comptait.

- Deborah ? Je sens une pression. Je pense que c’est le moment.

Je ressentais bien une forte pression, la tête de J.R. s’était engagée dans le courant de la nuit mais il fallait encore que le passage se forme pour lui permettre de s’en extirper. Le moment était venu, c’est ce que confirma Deborah, la sage-femme.

- Prêt à rencontrer ton fils, mon amour ?

Il avait encore le temps de se préparer.

Parfois, les poussées pouvaient durer plus longtemps que la préparation en elle-même.

@ Billy Lighter

Qu’il faisait bon être né homme ! Ma pauvre Maritza était en sueur, et elle se cambrait à chaque contraction. Une fois qu’elle fut au lit, je pris juste le temps d’enfiler un peignoir et d’aller chercher un grand verre rempli de glaçons à la cuisine.

Je ne voulais pas la laisser seule… Je l’avais déjà trop longtemps laissée seule… je n’avais pas été là pour la naissance d’Olivia. Il était hors de question que je réitère cette erreur.

D’après Maritza, ce qu’elle endurait là n’était rien comparé à ce qu’elle allait subir les prochaines heures. Je crois que j’étais blême rien qu’à cette idée… Si elle souffrait déjà comme ça maintenant, qu’est-ce qu’il allait en être dans deux heures… ou trois heures ? Maritza m’avait dit que l’accouchement pouvait être incroyablement long.

Le médecin et la sage-femme finirent par arriver.

-Vous en avez mis du temps !

Puis, les regardant tour à tour.

-Faites-la arrêter de souffrir…

Mais il n’y avait rien à faire. Selon eux, tout se déroulait parfaitement et normalement.

Je pris la main de Maritza dans la mienne. Elle disait être fatiguée. Et moi, je restais bien au niveau de la tête de Maritza, assis sur le lit, je n’avais aucune envie de voir ce qui se passait là en bas.

Et on attendit et on attendit encore, jusqu’à ce que les premiers fins rayons de soleil filtrent à travers les rideaux. J’étais retourné deux fois chercher des glaçons. Quand je revins, et que je repris sa main, Maritza affirma être épuisée… mais d’après la sage-femme, le plus dur restait à faire… Et moi, j’étais sur le cul. Ne souffrait-elle pas déjà assez ?

Maritza me réclama un glaçon que je fis doucement glisser sur ses lèvres, puis dans sa nuque.

Et c’est là que Maritza annonça la dernière ligne droite… D’après elle, c’était le moment. Je serrai sa main un peu plus fort, limite effrayé par ce qui allait suivre. Maritza, elle, me demanda avec le plus grand des calmes si j’étais prêt à rencontrer mon fils. Et c’est en lui répondant que je me rendis compte que j’avais le souffle court.

-Oui… Je crois…

La sage-femme demanda alors à Maritza de pousser… Et moi, j’étais témoin du miracle de la vie.

Il fallut encore du temps, une éternité, avant que je puisse entendre les cris de mon enfant.

Julius Rachel Reed venait de venir au monde.

@ Billy Lighter

J’appréciais la présence de Jimmy en ce moment des plus laborieux. Il était suffisamment impliqué pour me soulager au moment venu, et assez discret pour ne pas entré trop intrusivement dans ma bulle lorsque je me concentrais sur une contraction. Il passait un glaçon de temps en temps sur mes lèvres ou sur ma nuque et d’une main à la fois douce et ferme, soulageait mon pauvre dos.

Le moment pendant lequel mon corps se préparait à la naissance était le plus long et le plus souffrant, selon mon expérience. Les contractions étaient toujours de plus en plus rapprochées et de plus en plus douloureuses. La sage-femme et le médecin faisaient les vérifications nécessaires au moment opportun mais il n’y avait rien de plus à faire que d’attendre que le travail soit complété et que le moment de pousser ne soit arrivé.

J’avais espoir que, parce qu’il s’agissait de mon quatrième accouchement, les choses se déroulent un petit peu plus rapidement mais nous y passâmes le reste de la nuit. Jimmy resta avec moi, j’en était reconnaissante et extrêmement soulagée. Malgré la douleur, je ne me plaignais pas outre mesure.

Les derniers évènements me donnaient envie d’être reconnaissante en la vie. Elle avait été bonne pour ma fille et moi, nous accordant la chance ultime de toujours être là et en bonne santé. Je ne voulais que profiter de ce moment, bien que douloureux, pour apprécier ce cadeau qui nous était offert, celui de nous avoir accordé un fils.

C’est alors que les rayons du soleil filtraient au travers des rideaux que j’annonçais qu’il était temps de pousser. Je ressentais la pression entre mes cuisses. La sage-femme m’aida à m’installer dans le lit, mes pieds appuyés sur le matelas et mes fesses le plus près du bord du matelas possible mais avant la toute première poussée, je demandais à Jimmy s’il était près à rencontrer son fils.

Je pouvais compter sur les doigts d’une main les fois où Jimmy m’avait sembler pris de court par les évènements. Aujourd’hui était un moment de ceux-là.

Je commençais les poussées.

Les innombrables poussées.

Les laborieuses poussées.

Je me sentais de plus en plus faible, les efforts physiques et mentales, la nuit blanche à souffrir avaient puisés mes dernières réserves de forces mais la sage-femme, aidé de mon médecin, annonça que le moment y était. Encore deux, peut-être trois poussées et je pourrais tenir mon fils dans mes bras. Je trouvais les dernières forces, cachées dans mon amour inconditionnel pour mon fils et donnais les efforts nécessaires pour accomplir ce miracle.

Les premiers pleures de Julius Rachel retentirent dans la pièce, peu heureux qu’il était de s’être fait extirper de son cocon chaud et confortable. Il fut rapidement nettoyé et emmailloté puis enfin, je pu le prendre dans mes bras.

Je restais muette sous le coup de la fatigue et de l’émotion mais mon fils était identique à sa sœur à la naissance. C’était dire que, à nouveau, mes gênes avaient complètement été bouffés par ceux des Reed. Il avait ce petit air qui me rappelait Jimmy quand il était concentré sur quelque chose. Notre fils avait les yeux bien grands ouvert comme s’il attendait des explications de notre part.

- Bienvenu parmi nous, Julius Rachel Reed !

@ Billy Lighter

Le temps était venu de pousser et j’étais presque autant en sueur que Maritza… Je le regardais avec des yeux effrayé et à chaque poussée, je ne pouvais m’empêcher de demander à chaque fois au médecin si tout allait bien, jusqu’à presque l’exaspérer… Mais je n’étais certainement pas le premier père effrayé par le miracle de la vie qu’il rencontrait.

Maritza poussait.

Et à chaque fois, elle serrait ma main au point que je pensais qu’elle allait me briser les os.  

-Allez Maritza ! Tu peux le faire.

Et mon autre main vint rejoindre nos mains jointe, dans un encouragement silencieux.

Et bientôt, les cris de l’héritier Reed retentirent dans la chambre… Il était sale, couvert de sang et d’une matière blanchâtre… mais magnifique… La sage-femme s’occupa du cordon ombilical, de le nettoyer et de l’emmailloter pour qu’il ne prenne pas froid. Tout ça avant de le glisser dans les bras de Maritza.

Je regardais ça avec de grands yeux étonné… Presque aussi étonné que ceux de mon fils qui étaient d’un bleu limpide et ses petits cheveux blonds qui témoignaient que mes gènes avaient encore gagné, comme il en avait été pour Olivia.

Je m’approchai un peu et caressai sa petite joue de mon index, avant qu’il ne le prenne en main.

Je souris.

-Bienvenue dans ton monde, J.R.

Le médecin me posa la main sur l’épaule, me sortant du rêve éveillé que j’étais en train de vivre.

-Votre mère est à la porte…

Elle avait du entendre les cris de Maritza et comprendre ce qu’il se passait.

-Faites-la entrer.

Je n’arrivais pas à quitter des yeux ce petit miracle que Maritza tenait dans ses bras. Une Maritza que j’embrassai avant de continuer à m’extasier devant mon fils.

-Mon seul regret est de ne pas avoir été là la première fois.

Pour Olivia…

Ma mère approcha et s’extasia…

-Félicitations, mes enfants… Il est magnifique… Comment s’appelle-t-il ?

Je souris et regardai ma mère, mon fils tenant toujours mon index.

-Julius Rachel Reed.

Elle s’approcha par l’autre côté du lit pour mieux le voir… Et moi, je n’osais pas demander à pouvoir le prendre dans mes bras, ne voulant pas briser ce lien si précieux qu’il avait avec sa mère.

@ Billy Lighter

Toute ma fatigue, toute ma douleur et toutes mes craintes s’envolèrent à l’instant même ou Julius Rachel poussa ses premiers cris. Je laissais retomber ma tête contre l’oreiller et laissais la nature faire le reste, le temps de ma délivrance totale et que la sage-femme nettoie mon fils. Qu’importe que cela soit la première ou la quatrième fois, donner la vie me bouleversais toujours autant.  C’était un cadeau, une bénédiction même, le résultat d’un amour plus grand et plus fort.

On me rendit mon fils et je pu le contempler pour la toute première fois. Il ressemblait à sa sœur aînée à s’y méprendre. Il me faudrait trouver des photos d’Olivia à quelques heures de vie pour montrer à Jimmy que l’hypothèse qu’il avait émis une fois après une nuit d’amour venait d’être invalider pour la seconde fois. Ses gênes prenaient le dessus haut la main sur les miens et nos enfants étaient son portrait tout craché.

J’accueillis mon fils en lui souhaitant la bienvenue parmi nous, en le couvrant de mon amour, en développant un amour inconditionnel et infini encore plus fort et puissant que ce que je ressentais pour lui il y a de cela quelques minutes à peine, alors qu’il se trouvait toujours dans mon ventre.

Jimmy emprunta le même genre de formulation, ce fut lui maintenant que je regardais amoureusement et avec une tendresse infinie.

- Il est magnifique, notre fils !

Et le monde, son monde comme venait de dire son père, lui appartenait.

Ma belle-mère était à la porte.

Rien n’échappait à Rachel Reed.

Jimmy demanda qu’on la laisse entrer et ma belle-mère s’approcha de nous pour admirer son premier légitime petit enfant. Je regardais mon mari avec un tout petit soupçon de regret dans les yeux. Le passé était derrière nous et devait y rester. Il n’avait peut-être pas été présent à ce moment-là, il n’en tenait qu’à lui de forger des souvenir maintenant pour un avenir meilleur.

- Merci, Rachel.

Elle le trouvait magnifique et avec raison, je ne savais faire que de beaux bébés. Jimmy annonça officiellement le nom de notre fils, un hommage à mon père et à sa mère. J’étais épuisée, mes cheveux collaient encore à mon cou et mes épaules dont ma peau était maculée de sueur sèche, ma nuisette me collait aussi au corps.

- Jimmy, aimerais-tu prendre notre fils le temps que la sage-femme m’aide à aller me nettoyer et me changer ?

Il me semble que le simple fait de changer de nuisette m’aidera à me sentir mieux, il faudra changer les draps du lit aussi et ventiler la pièce ne ferait pas de tors. Je passais J.R. à son père et je fus prise d’un sanglot. Le bonheur s’exprimait par des larmes.

- Je n’ai jamais été aussi heureuse qu’en ce moment !

@ Billy Lighter

J’étais en extase devant le miracle de la vie… Maritza tenait désormais dans ses bras un tout petit bonhomme aux yeux bleu et aux tous petits cheveux blonds. Il nous regardait avec l’air à la fois curieux et à la fois interrogateur, se demandant ce qu’il faisait là alors qu’il était si bien dans le ventre de Maritza.

Ma mère avait rappliqué et s’extasia à son tour… c’était à peine si nous laissions Maritza respirer. Ma mère eut un beau compliment pour le petit…

Puis Maritza me demanda si je voulais prendre notre fils le temps qu’elle aille se nettoyer et se changer. Je tendis les mains et avec une dextérité qui trahissait que je m’étais déjà occupé de Ian Hunter durant sa toute petite enfance, je pris le bébé que je maintins contre moi.

Il me regarda et le lui souris. Puis il bailla avant de fermer les yeux.

-Désolé de t’avoir dérangé dans ta sieste, petit homme.

Je le berçai doucement, attendant le retour de Maritza, avec ma mère qui n’arrivait pas à détacher ses yeux du nouveau-né.

Quand Maritza revint, plus fraîche et alors que pendant ce temps, John avait changé la literie et ouvert la fenêtre pour faire un peu d’air, je me glissai dans le lit propre, tendant toujours Julius Rachel contre moi.

-C’est bon, maman, tu peux retourner dormir. Je pense que Maritza, J.R. et moi en avons bien besoin aussi.

Je serrai les mains du docteur et de la sage-femme avant de leur donner leur congé.

Une fois Maritza et moi seuls, j’embrassai le front de ma bien-aimée et calai le petit entre nous deux.

-C’est la plus belle chose qu’il m’ait été donnée de vivre.

@ Billy Lighter