-Il faut que tu ailles à l’hôpital fils… je vais te conduire.

Ward ne m’avait pas raté. Je ne l’avais pas senti tout de suite mais son coup de poing en plein dans ma figure m’avait fait mal à la mâchoire, mais surtout, avait touché ma tempe, me provoquant une migraine carabinée.

Et j’avais des points noirs qui dansaient dans mon champ de vision.

-Mais non, ça va aller, P’pa, ça va passer…

Et c’est là que je du courir jusqu’aux chiottes des mécanos pour dégueuler tout mon dîner… mon père me suivait de près, l’air inquiet.

Après un énième haut le cœur, je me redressai…

-Ok, on va à l’hôpital, mais au Los Robles alors… je connais un médecin sympa là-bas.

Le docteur Elizabeth Spencer… Je la connaissais parce que j’étais ambulancier, mais aussi parce que c’était elle qui avait pris en charge mon meilleur ami Howard Stone pour ses problèmes pulmonaires…

Le doc et moi, nous n’étions pas vraiment amis mais nous connaissions vaguement. Elle avait l’air strict mais juste et ça se ressentait aussi dans ce que me racontait Howard à son sujet.

On se mit donc en route et ça me faisait bizarre de me faire conduire. J’étais rarement sur le siège passager déjà même avant d’avoir mon permis. Mais je n’aurais pas su conduire dans l’état où j’étais. Il nous fallut nous arrêter trois fois pour que je vomisse…

Une fois arrivé aux urgences, je fus pris en charge par un urgentiste.

-Je voudrais voir le Dr. Spencer, s’il vous plait… je serais prêt à attendre deux heures s’il le faut, mais c’est elle que je veux voir.

Je me fis suppliant.

-S’il vous plait…

On me dit de patienter là, m’indiquant tout de même les toilettes les plus proches… Mon père s’assis à côté de moi.

-Ce petit con de Fleming t’a fourgué une belle commotion.

Je frottai mon visage à deux mains…

-Ouais, je sais… C’est un violent en plus d’être un connard.

@ Billy Lighter

Aujourd’hui était l’un de ces jours particulièrement long et très peu palpitant où je devais remplir des tas de formulaires. Des demandes d’assurances, des rapports d’incidents et d’accidents, des recommandations, des notes de dossier à remettre au propre. Ce genre de choses que je n’aime pas vraiment faire, préférant nettement être sur le terrain. Le contact humain est beaucoup plus satisfaisant qu’une montagne de papier à remplir et expédier.

J’attendais toujours la visite des parents du petit Jesse Stark-Perry pour sa prise de sang et ainsi, pouvoir faire la comparaison avec celui d’Howard Stone. Ça ne devait pas être évident de trouver une raison pour justifier une prise de sang. À un si jeune âge, les enfants détestent en général les piqures ce qui est tout à fait compréhensible.

Je gardais tout de même le dossier sur le dessus de la pile, puisqu’il était prioritaire et que je ne voulais pas non plus qu’il se retrouve dans la pile à expédier. Ensuite, j’allongeais mes jambes sous mon bureau et j’étirais mes bras vers l’arrière avec l’intention d’aller me faire un bon thé et de prendre quelques instants pour relaxer avec toutes ces demandes administratives que je venais de remplir. Il faisait bon, dehors, je pourrais sans aucun doute aller boire mon thé sur la terrasse des employés. Même s’il s’agissait d’une cour intérieure, il y faisait tout de même bon.

Peut-être que je pourrais passer un coup de fil à Timmy, ensuite et voir s’il serait intéressé à aller marcher sur la plage ou peut-être aller voir un film de répertoire, ce serait très intéressant d’approfondir notre relation toute florissante.

Je me levais donc et je pris mon mug et la pile de dossier à expédier puis je me dirigeais vers la réception de mon étage pour donner les dossiers et mes instructions. Là, s’y trouvait Sonny Robson, je ne le connaissais que très peu mais ayant une bonne mémoire des visages et des noms, je me souvenais très bien de lui. On lui indiqua la salle d’attente mais mon intérêt était déjà piqué d’autant plus que j’avais compris qu’il désirait me voir. Le temps de donner mes instructions à la secrétaire et je me dirigeais vers la salle d’attente.

- Sonny Robson ?

Il était accompagné d’un autre homme, plus âgé, probablement son père. Je m’approchais et je tendis la main au monsieur pour la lui serrer et me présenter avant de reporter mon attention sur le grand gaillard, ambulancier, de mémoire.

- Qu’est-ce que je peux faire pour vous, aujourd’hui ?

Il semblait… énervé ? Non pas vraiment énervé mais agacé, peut-être, ou ébranlé ? Difficile à dire mais j’allais très certainement en savoir plus lorsque nous serions installés dans mon bureau.

- Suivez-moi, nous serons plus à l’aise pour discuter dans mon bureau que dans la salle d’attente.

Je me dirigeais donc, mon mug vide à la main, jusque dans mon bureau et de fis passer Sonny avant d’entrer à mon tour et de refermer la porte derrière moi.

@ Billy Lighter

J’avais beau dire que ça allait, mon paternel se tenait prêt à réagir si jamais je tombais dans les pommes, si j’avais encore envie de vomir ou s’il se passait quoi que ce soit d’anormal. Mon père avait toujours été vraiment chouette avec moi et l’avait été doublement à partir du moment où ma mère était partie… C’était lui qui m’avait donné l’amour des voitures et de la belle mécanique…

Et même si j’avais fait pas mal de conneries avec Howard Stone, s’il m’avait engueulé à juste raison, il n’avait jamais levé la main sur moi. Il m’avait juste fait comprendre que ce que j’avais fait était mal ou dangereux ou les deux.

Je crois que je ne pouvais pas en dire autant pour ce pauvre Howard que sa mère détestait… Quand s’en était à ce point, je préférais ne pas avoir de mère du tout. Je n’avais jamais envié Howard à ce niveau-là.

Bref, en attendant, j’avais mal à la tête et de temps en temps des haut-le-cœur même si je n’avais plus rien à vomir après tout ce qui était déjà ressorti.

On voyait bien que Ward Fleming faisait de la boxe…

Et ses menaces tournaient en rond dans ma tête. J’avais tout intérêt à faire attention à la prochaine course, mais je n’allais pas me dégonfler pour autant !

J’avais demandé à voir le Dr. Spencer et je m’attendais à une longue attente… Elle devait avoir du pain sur la planche, d’autres patients à soigner et un tas de trucs à faire. Mais j’étais prêt à attendre. Je la voulais elle parce que je la savais compétente… il suffisait de voir comme Howard était en forme maintenant par rapport à avant, par rapport à quand il était revenu temporairement du Japon, interrompant sa tournée pour quelques dates où il avait été remplacé par Ben Masters.

Mais l’attente ne fut pas si longue et j’entendis bientôt mon nom résonner dans la salle d’attente…. Je levais la tête que j’avais cachée dans mes mains parce que la lumière me gênait et me levai en vacillant un peu sur mes jambes.

Elle se présenta à mon père avant de demander ce qu’elle pouvait faire pour nous.

Je la regardai, les sourcils froncés à cause des points qui me dansaient devant les yeux.

-J’ai besoin d’une consultation… J’ai reçu un mauvais coup.

Elle proposa qu’on aille dans son bureau et je demandai à mon père de rester dans la salle d’attente. J’étais assez grand pour me démerder tout seul. Mais j’aurai besoin de lui pour me ramener à la maison parce que je n’étais pas du tout en état de conduire.

Je suivis le Dr. Spencer dans son bureau et m’installai sur une chaise.

-Merci de me recevoir aussi vite, Dr. Spencer… Je vous voulais vous parce que mon ami Howard Stone ne cesse de vanter vos mérites.

Je frottai mes yeux d’une main.

-Un gars m’a mis un crochet du gauche en pleine poire… Depuis, je n’arrête pas de vomir, j’ai un horrible mal de tête et j’ai des point lumineux qui me dansent devant les yeux…

@ Billy Lighter

Mon thé savouré dans la cour intérieure de l’hôpital sera pour plus tard puisqu’à peine étais-je arrivé au poste de garde de mon étage pour donner mes dossiers à faire suivre qu’on me réclamait. J’avais reconnu le grand gaillard que je ne connaissais cependant que de vue et non personnellement. Il fallait dire qu’il ne passait pas inaperçu non plus, avec une telle silhouette.

Je ne devais en principe pas prendre de patient pour la journée puisque ma journée était consacrée aux formulaires à remplir mais je n’allais certainement pas refuser de porter assistance. Je pouvais bien m’occuper de l’ambulancier quelques instants.

- Un mauvais coup ? C’est arrivé comment ?

Je lui demandais donc de me suivre dans mon bureau, où nous serions plus à l’aise pour discuter de la raison qui l’amenait ici. Son père allait nous attendre dans la salle d’attente, c’était mieux ainsi et puis Sonny était un grand garçon, dans tous les sens du terme.

Une fois dans mon bureau, il m’expliqua qu’il tenait à me voir moi parce qu’il n’avait eu que de bons mots à mon sujet, par Howard Stone et cela me fis sourire. C’était très gentil de la part d’Howard qui n’appréciait pas forcément nos rencontres.

- Eh bien, vous me voyez ravis de l’entendre.

Sonny ensuite entra dans le vif du sujet en m’expliquant qu’il avait reçu un coup de poing en plein visage et les symptômes qu’il me décrivait était exactement ceux d’une commotion. Je l’invitais donc à passer dans la salle d’examen annexée à mon bureau pour que je puisse prendre ses signes vitaux, en commençant pas le tensiomètre.

- C’est arrivé  il y a combien de temps ? C’était dans le cadre d’un match de boxe ? Une soirée dans un bar qui s’est mal terminée ? Aviez-vous consommé de l’alcool ou de la drogue au moment de l’altercation?

Je devais savoir dans quel état il se trouvait à ce moment-là sachant que l’alcool et les drogues peuvent altérer de beaucoup un état.

La tension de Sonny était bonne, un peu faible mais rien d’alarmant alors, après m’être mise debout sur un petit banc, je pus occulter mon patient et regarder la dilatation de ses pupilles avec ma petite lumière.

- Avez-vous des prédispositions aux migraines ? Après avoir fait un effort physique important, disons ? Votre sommeil en général, il est comment ?

Son cœur battait plus rapidement que ce qu’il devrait. Je lui fis suivre le mouvement de mon doigt ensuite avant de descendre de mon banc et de le faire s’allonger sur la table. J’allais palper son crâne, sa nuque et sa mâchoire avant de l’aider à se relever.

- Il sera utile de vous faire passer un scan pour s'assurer qu'il s’agit bien d’une commotion et non pas d’un traumatisme crânien.  Cependant, je n’aime pas les symptômes que vous me décrivez. Je vais devoir vous mettre au repos complet, le temps que votre tête se repose. Le coup a provoqué une onde dans votre cerveau, elle voyage un peu en effet boomerang, vous voyez ? Et plus le coup est fort, plus la commotion est sévère. Votre adversaire à un sacré coup de poing ! Un peu plus sur la tempe et le coup aurait pu être fatal.

@ Billy Lighter

Je n’avais pas vraiment eu à attendre le Dr. Spencer et je lui en étais reconnaissant. Les nausées étaient horribles et c’était bien parce que je n’avais plus rien dans l’estomac que je ne vomissais plus. Le Dr. Spencer était une belle femme, grande digne. Mais avec un petit air espiègle qui me faisait penser qu’elle pouvait être une bonne fêtarde quand l’occasion se présentait.

J’attendis d’être dans son bureau pour répondre à sa question. Une fois la porte refermée derrière moi, je soupirai d’aise de ne plus être dans le brouhaha des urgences où les gens parlaient, marchaient, où le téléphone sonnait… Puis il y avait la lumière ! De la lumière blanche et crue partout… j’étais ambulancier et pourtant, je n’avais jamais remarqué que les urgences étaient aussi bruyante… je comprenais mieux maintenant la réaction d’un jeune autiste que j’avais du emmener après une crise d’épilepsie pour voir si tout allait bien et qui avait complètement paniqué.

Donc… le Dr. Spencer me demanda comment j’avais pris ce mauvais coup.

-Un client mécontent, au garage de mon père… on est dans l’Eastside, vous savez, on voit un peu de tout, même le pire.

Et je lui dis que c’était Howard Stone qui m’avait conseillé le Dr. Spencer. Elle sembla ravie d’apprendre que mon ami jugeait ses compétences à leur juste valeur.

Je racontai alors toute l’histoire qui m’avait mené à me prendre un coup de poing dans la figure. Et j’avais été direct tellement sonné que je n’étais même pas arrivé à répliquer. Mais le Dr. Spencer voulait être sûre alors elle me posait plusieurs fois la même question, mais différemment… Pour voir probablement si j’avais toujours toute ma tête, pour voir si je restais cohérent.

Elle prenait ma tension pendant que je répondais.

-C’est arrivé il y a… Je dirais une heure, une heure et demi, le temps de faire le trajet jusqu’ici. Et non ce n’était pas pendant un match de boxe, c’était alors que j’aidais mon père au garage à travailler sur une voiture. Le mec se pointe et demande quand sa voiture sera prête… il voulait savoir qui avait embouti sa bagnole mais connaissant le gars, si je lui avait dit, il serait allé casser la gueule à ce pauvre homme.

Je soupirai alors qu’elle enlevait le tensiomètre.

-Et non, je n’avais ni bu, ni pris de drogue au moment du coup de poing… Je prends pas de drogue et je ne bois qu’aux fêtes ou à l’apéro.

Elle m’envoya ensuite de la lumière dans les yeux, ce qui me fit gémir et fermer les yeux.

-Putain ça fait mal.

Puis je fis tout doucement « non » de la tête.

-Je n’ai presque jamais de migraine. Et je dors bien, en générale…

Je lui souris…

-Je suis un type à la santé de fer… Je suis né fort…

Puis elle m’expliqua que j’avais une commotion et non un traumatisme crânien… Je soupirai de soulagement.

-J’imagine que c’est le moins grave que je pouvais avoir… Je le passe direct, le scan ?

Elle me fit un papier pour mes jours de congés…

-Mouais… je suppose que je ne vais pas pouvoir conduire… Pendant combien de temps ?

@ Billy Lighter

Sonny me suivit dans mon bureau où je pus tout de suite commencer son examen en lui demandant comment il en était arrivé là. Il m’expliqua que c’tait un coup d’un client mécontent au garage de son père en ajoutant que dans l’Eastside, ils en voyaient de tous les genres.

- Mécanicien est donc une profession à risque. J’imagine oui, que vous devez en voir de tous les genres.

J’allais lui épargner la comparaison avec le métier de médecin où là aussi, nous avions droit à toutes sortes de moineaux. En fait, tous les métiers avec clientèle devaient avoir son lot d’histoire à raconter.

Je voulais cependant être certaine que Sonny avait les idées claires alors je lui demandais de m’en dire un peu plus sur ce coup, quand c’était arrivé par exemple, si c’était sur un ring de boxe ou dans un accident de voiture. Et il répondit que cela devait faire une heure tout au plus, le temps de venir jusqu’ici et que c’était bien au garage de son père alors qu’un client pas très commode s’en était servit pour passer sa rage.

Sa tension était belle bien qu’un peu faible, certainement le contre coup.

- Je me devais de demander, pour l’alcool et la drogue, ne m’en voulez pas.

Je précisais parce qu’il se défendit de ne boire qu’aux occasions spéciales quant à la drogue, il n’y touchait pas et je le croyais. Il n’avait vraiment pas l’air d’un homme qui s’éclate à la poudre.

Sonny grimaça quand je passais la lumière devant ses yeux, se plaignant qu’il avait mal, signe qu’il y avait bien eu un choc. Mais comme il n’était pas confus et que son discours était cohérent, il me paraissait évident qu’il n’avait pas souffert d’un traumatisme. Il disait qu’il était fait fort, jamais de problème de santé outre mesure et, avec le gabarit qu’il trainait, je n’avais pas de difficulté à le croire.

- C’est probablement grâce à ça que vous vous en êtes tirés à si bon compte. Je suppose que vous allez porter plainte contre ce client ?

Je devrai fournir un rapport médical pour confirmer la commotion.

- Oui, je vais en informer l’infirmière qui vous préparera pour le scan, ce sera plus sage de s’assurer qu’il n’y a pas d’hématomes intracrâniens. Je vous mettrai sous observation ici le temps d’avoir les résultats mais ce ne sera pas long. Vous serez à la maison pour souper.

Je passais amicalement ma main sur son bras alors qu’il soupira en disant qu’il ne pourrait pas conduire. Je fis signe que oui de la tête, cela me semblait évidant, en signant son papier le mettant officiellement au repos.

- Eh bien, selon le résultat du scan, on ajusteras votre congé mais à vue de nez… un minimum de quatre semaines. Je vous reverrai dans un mois et nous réévaluerons votre condition.

En attendant, il devra prendre soin de lui et éviter bien des choses pourtant toutes bêtes, comme conduire.

- La lecture prolongée, regarder trop longtemps la télévision, éviter de se pencher puis se relever trop brusquement, idem au levé du lit le matin, cela pourrait provoquer des étourdissement, vomissement, évanouissement. Vous êtes fait fort mais il faut tout de même écouter votre corps et lui accorder ce repos. Ce sera le véritable seul moyen de revenir en pleine forme, rapidement.

Je le laissais se lever de la table d’examen et j’allais passer un coup de fil pour qu’on m’envoie une chaise roulante pour amener Sonny au scan.

- Pendant que vous irez là, je préviendrai votre père et on se revoit dès l’examen terminé, cela vous va ?

Le brancardier arriva et amena le grand gaillard avec lui et moi, j’allais prévenir le papa de mon patient pour qu’il ne s’inquiète pas. J’en profitais pour lui expliquer les consignes à respecter et l’importance de surveiller le sommeil de son fils pour les prochaines 24heures. Il devra le réveiller de temps en temps et lui poser deux ou trois petites questions toutes simples questions de s’assurer que son étant n’empire pas.

Ensuite, je descendis rapidement à la cafétéria et j’allais chercher un bouillon de poulet, il était délicieux ici, servit dans une tasse et un yaourt. Le cerveau à besoin de bon gras et de protéine pour bien fonctionner et Sonny aurait peut-être un petit creux. Je l’accueillis donc à son retour du scan avec cette petite collation improvisée.

- Tenez, mangez un peu, cela devrait vous faire du bien et patienter le temps d’avoir vos résultats.

@ Billy Lighter

Le docteur se rendait compte qu’être mécano dans l’Eastside, ce n’était pas un métier sans risque…

-Ouais mais j’ai l’habitude… Vous savez que je suis officiellement ambulancier et là aussi j’en vois de belles, d’aussi belles que vous… J’aide juste de temps en temps au garage… C’est surtout pour mon père que j’ai peur, même si c’est pas le genre à se laisser faire.

Elle s’excusa de demander pour l’alcool et la drogue, mais je lui fis signe que ce n’était pas grave.

-Je sais, c’est l’une des premières questions que le médecin qui m’accompagne dans l’ambulance pose quand on est sur intervention.

Je lui souris, mes yeux mi-clos pour les protéger de la lumière. Mais comme pour me contrarier, le Dr. Spencer m’envoya sa lampe en plein dans les yeux. Mais je subis presque sans broncher, gémissant juste un peu.

Elle disait que je m’en tirais à bon compte parce que je n’étais pas un petit gabarit… Mais elle me demanda aussi si j’allais porter plainte contre Ward. Je fis une moue de réflexion…

-Je ne sais pas encore… J’hésite… Vous savez, je n’ai pas été agressé par n’importe qui et j’ai peur des représailles… Il risque, lui ou ses potes, de s’en prendre à moi, à mon père ou à nos mécanos…

Je serrai les dents et ça me lança jusque dans la tête. Alors je serrai les poings à la place.

-Pourtant, bordel, il le mériterait.

Puis le Dr. Spencer m’annonça que j’allais être mis en observation, mais pas très longtemps. Je serais à la maison pour le souper, qu’elle disait.

-Tout ce que vous voulez… mais vous avez pas un médicament que je pourrais prendre tout de suite pour le mal de crâne ? C’est insupportable. J’ai l’impression d’être Howard après une soirée arrosée.

Puis elle passa doucement sa main sur mon bas en un geste bienveillant… Je lui souris mais mon sourire disparu quand elle me dit que je ne pourrais pas conduire pendant au moins quatre semaines.

-Et merde ! Conduire, c’est mon gagne-pain ! Mais bon, je suppose qu’il faut ce qu’il faut alors.

Je fis le salut militaire.

-A vos ordres, chef !

Je devrai venir la revoir dans un mois…

-Ce sera avec plaisir de vous revoir en espérant aller bien mieux d’ici là.

Elle m’expliqua ensuite toute sorte de petits gestes simples, le genre qu’on fait sans s’en rendre compte, et auxquels je devais faire attention. Elle disait que plus je ferais attention, plus vite je serais remis.

-Ok… C’est bien compris… je suis bien plus docile qu’Howard pour ce qui est de suivre les conseils des médecins.

On amena une chaise roulante et je m’y installai… J’allai passer mon scan et tout se déroula drôlement bien. J’espérais juste ne pas avoir d’hématome dans la tête comme l’avait dit Spencer… Parce que ça, j’étais sûr que c’était pas bon… Mais je me disais aussi que si j’avais ça, je me sentirais encore bien plus mal que ça.

Je revins du scan dans la salle d’attente, près de mon père et le Dr. Spencer arriva avec un bouillon et un yaourt. Elle me les tendit et je les pris en faisant très attention.

-Merci, c’est vraiment gentil à vous. J’espère que je ne vais pas tout rendre directement… Mais je me sens un peu mieux déjà… j’ai moins de points lumineux dans le champ de vision et le scan s’est bien passé…

Je devais attendre les résultats du scan maintenant et rester en observation dans ma chaise roulante. Ça ne valait pas le coup, pour le moment, de me mettre dans une chambre, ce serait prendre de la place pour rien…

Je bus mon bouillon et mangeait mon yaourt…

@ Billy Lighter

Sonny disait avoir l’habitude et qu’il en voyait aussi de toutes les couleurs lorsqu’il portait son chapeau d’ambulancier. Effectivement, la aussi, certains cas ne devaient être de tout repos comme dans plusieurs autres professions. À titre de médecin, je pouvais moi aussi raconter plusieurs histoires à donner froid dans le dos. Bref, à chacun son carré de sable !

Je m’étais excusé des questions posées mais c’était le protocole et s’il m’avait avoué avoir consommé, que ce soit de la drogue ou de l’alcool, le traitement aurait dû être modifier pour être mieux adapté à sa situation mais Sonny n’avait rien consommé et comprenait tout à fait ma démarche, étant lui-même ambulancier, il savait que c’était une routine à respecter.

Ensuite, je commençais l’examen en prenant sa tension et ses signes vitaux tout en posant d’autres questions. Il avait été agressé, il devrait, selon moi porter plainte mais Sonny hésitait, même s’il en avait très envie. Il ne voulait pas que son père risque des représailles encore plus graves, tout était possible.

- Je comprends. C’est un pensez-y bien. Il serait peut-être sage que votre père ne soit jamais seul au garage.

Par simple précaution.

Sonny devrait rester en observation quelques temps pour s’assurer que son état n’empirait pas mais il avait à ce point mal à la tête qu’il voulait quelque chose pour soulager sa douleur.

- Vous aurez de l’acétaminophène dès votre retour du scan. Promis !

Sa comparaison avec Howard Stone m’avait fait sourire. C’était assez bien illustrer en effet.

Malheureusement pour lui, il devrait être au repos un minimum de quatre semaines, ce qui voulait dire qu’il ne travaillerait pas pendant ce temps, c’était une évidence mais conduire faisait partie des choses à ne pas faire en ce moment.

- Je sais, Sonny, je comprends. Mais l’hôpital a un plan d’assurance invalidité pour ses employés, vous devriez recevoir un bon pourcentage de votre salaire pendant ce temps.

Du moins je le pensais. Il ne prenait pas un congé prolongé pour le plaisir, mais parce qu’il avait subit une commotion qui le forçait au repos. Nous nous reverrions dans un mois et je pourrais faire une réévaluation de son état.

- Vous êtes en bonne forme physique générale, je ne doute pas que dans un mois, vous serez complètement rétabli.

Je me voulais le plus rassurante possible, de toute manière, il n’y avait pas lieu de croire que Sonny souffrait d’un traumatisme crânien. Une bonne commotion, oui mais scan nous permettrait d’en être plus certains. C’est d’ailleurs là que je l’envoyais et pendant ce temps-là, je donnais des nouvelles à son père avant d’aller chercher une collation pour Sonny. Il était important qu’il continu de s’alimenter, légèrement bien sûr mais en surveillant son alimentation pour que son cerveau en bénéficie au maximum.

Sonny était reconnaissant pour la collation et espérait ne pas la vomir. S’il l’engouffrait trop rapidement, cela pourrait arriver.

- Prenez votre temps pour la déguster, il n’y a pas d’urgence nous devons attendre vos résultats avant de vous libérez d’ici.

Je le laissais donc avec son père. J’avais encore beaucoup de paperasse à faire en attendant que les résultats de Sonny ne me parviennent, alors aussi bien occuper le temps ! Il s’écoula quelques heures, trois pour être exact avant qu’on ne vienne me porter les résultats alors je demandais à l’infirmière du poste de garde d’informer Sonny qu’il pouvait revenir dans mon bureau.

J’ouvris l’enveloppe et regardais les différentes images prises de l’activité cérébrales du grand gaillard. Il y avait bel et bien des signes évident d’une commotion mais aucun hématome intracrânien.

- La bonne nouvelle c’est qu’il n’y a pas d’hématome ce qui veut dire qu’il n’y a pas besoin de hospitaliser et de passer des tests plus poussés. Cependant, puisqu’il s’agit d’une forte commotion, l’arrêt de quatre semaines minimum est à observer. Pour la première semaine, il sera important de limiter tous les efforts.

Je sortis du tiroir de mon bureau, une formule toute blanche que je commençais à noircir en cochant les cases et en inscrivant mes recommandations. Il allait pouvoir remettre la feuille à son employeur pour obtenir son arrêt de travail.

- S’Il y a quoi que ce soit, n’hésitez pas à me passer un coup de fil. Je crois que je passerai aussi en personne m’assurer que tout va bien.

@ Billy Lighter

Le Dr. Spencer, alors qu’elle s’occupait de moi, me posait des questions… Dont celle de savoir si j’allais porter plainte contre mon agresseur… J’en avais vraiment envie, mais j’avais peur des représailles contre moi, mon père ou ses mécanos… Je connaissais Ward, il ne laisserait pas ça sans réaction. Et ce qu’il avait fait n’était pas suffisamment grave pour qu’il aille en prison pour longtemps.

Je souris d’un pauvre sourire à ma bienfaitrice.

-Il n’est jamais seul au garage… Il y a toujours les mécanos… Mais l’homme qui m’a agressé est vraiment dangereux et il n’est pas seul… Et pour agression, il n’ira pas en prison longtemps et voudra certainement se venger…

Je pinçai les lèvres.

-Pour ça que j’hésite à porter plainte.

J’avais très mal à la tête et réclamai un médicament pour me soulager. Elle m’en promit après le scan. Je hochai la tête doucement.

-Merci, vous êtes un ange.

Ensuite, elle me rassura pour ce qui était de mon arrêt de travail… L’hôpital avait de quoi faire face à ce genre de situation et que je gagnerais un bon pourcentage de mon salaire pendant cette période… Mais ce qui m’emmerdait un peu, c’était aussi les courses que j’allais manquer… Quoi que ça laisserait peut-être le temps à Ward de redescendre dans sa colère contre moi et de m’oublier un peu.

-Ok, je verrai avec l’hôpital alors…

Dans un mois, je devais revenir la voir mais elle ne doutait pas qu’un mois suffirait pour me remettre.

-Oh je l’espère vraiment… Je vais m’emmerder pendant un mois…

Je fis mon scan et à mon retour, toujours en chaise roulante, près de mon père dans la salle d’attente, le Dr. Spencer m’apporta un bouillon et un yaourt, me conseillant d’y aller doucement pour le manger. Je la remerciai et elle repartit à ses occupations en attendant les résultats de mon scan… je bus ma soupe tout doucement au point que sur la fin, elle était froide, puis fit de même avec le yaourt.

L’attente fut longue et chaque fois que je menaçais de m’endormir, mon père me réveillait…

-Il va bien falloir que je dorme à un moment donné, P’pa…

Le Dr. Spencer réapparut et je me levai avec précaution de ma chaise roulante pour marcher jusqu’à son bureau… Je me sentais déjà un peu mieux, le médicament promis m’ayant été donné par une infirmière.

Les nouvelles étaient bonnes, même si je me payais une commotion pas piquée des vers ! Le Dr. Spencer insista sur l’arrêt de travail pour minimum quatre semaines après quoi je devrais revenir la voir.

-Ok, j’ai bien compris… Et ce serait gentil de passer me voir… j’ai donné toute mes coordonnée à la réception des urgences… Passez-moi juste un petit coup de fil avant, histoire que je range un peu mon bordel.

J’avais dit ça en rigolant puis pris tous les papiers qu’elle me donna. Je me levai, prêt à partir.

-Un grand merci pour votre aide, Dr. Spencer. Je remettrai votre bonjour à Howard… Ou c’est vous qui lui remettrai le mien…

Je lui souris.

-A dans un mois alors !

@ Billy Lighter