-Monsieur Reed ! Bonjour et quel plaisir de vous voir ici ! Venez, installez-vous.

J’étais en terrain connu pour la rencontre d’aujourd’hui. Et il ne s’agissait pas de parler affaires entre managers ou de parler musique. Non, le sujet qui me préoccupait aujourd’hui était bien plu important, bien plus dangereux aussi.

-Merci, Walt.

Je m’installai à la table désignée, l’une des mieux placée… Au centre, là où tout le monde pouvait voir, mais suffisamment éloignée des autres tables pour que les conversations restent confidentielles.

-Je vous sers à boire ?

Walt savait que c’était inutile de m’apporter la carte, car je la connaissais par cœur.

-Vous me mettrez une bouteille de votre meilleur whisky, s’il vous plait. J’attends des invités.

Et pas des moindre… L’un viendrait en retard, je le savais déjà… Les stars comme Dany aimaient à se faire attendre… mais Ward… Je n’avais aucune idée sur quelle serait sa ponctualité… Ou pas…

En vérité, je ne savais même pas s’il viendrait.

Walt revint avec une bouteille de whisky et me la présenta.

-Du 12 ans d’âge… avec une saveur un peu corsée.

Je souris.

-Ce sera parfait, merci… Vous pouvez déposer trois verres.

Ici, interdiction pour Daniele de boire directement au goulot de la bouteille ! Ça, c’était bon pour quand il était en tournée avec Roadtramp. Mais ici ne venaient que des gens d’un certain standing. Et en cela, le terrain était mien, car je doutais que Fleming fréquentait ce genre d’endroit qu’était le Polo Lounge.

Daniele et moi, par contre, serions comme des poissons dans l’eau.

Ne restait plus qu’à attendre et espérer que l’issue de cette rencontre soit celle que je voulais.

Après tout, nous avions tous beaucoup à perdre maintenant. Et je tenais à ce qui se passait entre gangs, reste entre gangs.

Je fouillai dans mes poches et m’allumai une cigarette, histoire de patienter.

@ Billy Lighter

Jimmy Reed…

La première fois que j’ai rencontré Jimmy Reed, j’avais 15 ans et il en avait 17… Il trainait, à l’époque avec Alonso et toute sa bande alors que moi, j’étais devenu le principal homme de main de mon beau-père, le chef des Los Diablos de l’époque. Déjà à l’époque je le méprisais. Il n’était, pour moi, qu’un petit gosse de riche qui voulait jouer aux durs dans les bas quartiers. Je me rappelle que la première fois que je l’avais vu fanfaronné à la façon Reed, je ne lui avais pas donné deux mois à vivre.

Mais il avait survécu… Et c’est à force d’intelligence qui s’était hissé au plus haut rang des Los Diablos après avoir commandité un assassinat en règle ma reléguant, au passage, au statut de simple dealer.

J’avais tout. Il m’a tout pris.

Tout à commencé là… Chez Alonso. Le lendemain même du suicide de ma mère. C’est là que Reed à scellé son avenir et le mien.

Si j’avais appris quelque chose de Reed, c’était la stratégie. Une stratégie que je n’avais pas à 17 ans alors que j’avais accepté son deal à la con. Il m’avait appris, ce jour-là, à voir plus que deux coups d’avance et alors qu’il menait son gang comme un menait une entreprise, moi, j’apprenais chaque jour à devenir entre meilleur dans ce que je faisais.

Et ce que je faisais c’est intimider et tuer.

Et si mon histoire était tant liée à celle de Reed, rare étaient les fois où on s’était parlé en face à face. En dehors de ce jour de 65 et de la fois où il s’était risqué à venir, en personne, sauver sa fille, je n’avais jamais directement parlé à Jimmy Reed.

Jamais.

Mais ça allait changé aujourd’hui.

Parce qu’aujourd’hui, Jimmy Reed me demandait. Il n’avait pas envoyé Alonso ou qui que ce soit d’autre. Il me demandait, en personne, sur son propre terrain. Et il l’avait fait par lettre n’hésitant pas à faire l’étalage des armes qu’il disposait, au passage.

Il savait pour Heaven ce qui n’était pas un scoop. Mais ce que j’appris c’était qu’il était derrière le fait que le Docteur Floyd ait pris en charge Sky. Et si ça m’avait fortement agacé, j’avais cherché la stratégie derrière.

Parce qu’il y a toujours une stratégie derrière avec Jimmy Reed. Et chaque phrase de sa lettre était une stratégie.

Première stratégie : il avait envoyé la lettre à mon QG me montrant, par là même qu'il savait où il était. Il y avait donc une fuite quelque part... Restait à savoir où.

Deuxième stratégie : il cite Heaven pour montrer que, maintenant, moi aussi, j’ai des chose à perdre.

Troisième stratégie : il me parle de sa petite manigance avec Floyd. Une façon de me montrer sa toute puissance. Mais cette stratégie à une faille. Parce qu’il me montre aussi qu’il en a une. Parce que si Reed a voulu mettre le meilleur chirurgien de la ville sur le cas complexe qu’était Sky c’est parce qu’il avait peur qu’elle meurt. Parce que si elle mourrait, je perdrais autant une faiblesses que les pédales. Et aucun de ses proches n’auraient survécu à ça. Donc, il me montre que ses proches sont encore et toujours une faiblesses. Et ils sont encore plus nombreux que les miens.

Quatrième stratégie : il avoue ses faiblesse mais souligne encore une fois les siennes. Il me montre, ainsi, qu’il est bien conscient de tout ce que j’ai déduit plus haut et il sait que je vais le déduire.

Et dernière stratégie : il me donne rendez-vous sur son terrain, dans un club guidé, à un moment de grande affluence. Ainsi, il n’a pas à se méfier du faire que je pourrais profiter de ce face à face pour le tuer. Et il me montre, par là même, qu’il en sera de même pour lui.

Mais une question demeurait : « pourquoi ? ». Pourquoi ce rendez-vous ? La réponse était simple, en réalité, Reed en a fait, certainement volontairement, l’aveu dans sa lettre. Ce que veut Reed, c’est négocier.

Et j’avais bien envie de voir ce qu’il allait mettre sur la table et ce que je pourrais y gagner. En gros, j’étais prêt à une nouvelle bataille verbale contre Reed parce que je n’avais plus 17 ans et qu’il n’en avait plus 19 et qu’il était largement temps de faire le match retour.

J’avais, donc, embrassé Sky disant que j’allais m’assurer qu’elle et Heaven seraient à tout jamais en sécurité et j’étais parti pour le Polo Lounge.

Je connaissais l’endroit de réputation. C’était un grand complexe réservé aux élites. Je savais que je n’y avais pas ma place et je savais aussi qu’il fallait être très bien habillé pour pouvoir y entrer. Or, j’avais bravé le soleil de Los Angeles en mettant ma veste en cuir brune, un jeans foncé et un t-shirt noir. Je n’étais pas armé. Pas lourdement armé, en tout cas, mon armement se résumant à un couteau dissimulé dans une poche intérieure de ma veste.

Juste au cas où.

Une fois arrivé, j’entrai dans la bâtisse mais je fus vite arrêté par un type en costard qui me demanda ce qui j’étais et ce que je faisais ici.

Je le fixai penchant la tête légèrement sur le côté.

-Je suis le bâtard d’Antonio Ricci. Vous savez ? Le grand entrepreneur ? Et ma mère, c’est Rachel Reed. Je viens pour un rendez-vous avec mon demi-frère : Jimmy Reed. Vous pouvez allez lui demander. Je m’appelle Ward Fleming.

Il pris un air choqué avant de me regarder de haut en bas cherchant, j’imagine, des traits de ressemblance avec Ricci ou Reed… Et, toujours confus, il déclara :

-Bien ! Je vais de ce pas demander à Monsieur Reed s’il attends bien un certain Ward Fleming.

Et c’est toujours confus qu’il s’en alla alors que je ricanai une fois qu’il fut hors de mon champ de vision. Je verrais, tiens, si ce type savait tenir sa langue ou bien s’il s’amusera à en parler autour de lui jusqu’à-ce que ça se retrouve dans L.A.People.

J’attendis un moment avant que le type ne revienne :

-Monsieur Reed vous attendait bel et bien, veillez me suivre.

Et il me conduisit jusqu’à Reed sans piper un mot. Une fois près du magnat de BSC, je m’installai face à lui sans rien dire. Je pris juste la bouteille et pris l’un des trois verres qu’il y avait là. Et, effectivement, dans la lettre il avait bien parlé de « trois ». Le dernier étant son meilleur, ami, Ricci, je le supposais. J’avais aussi envoyé des menaces à Samantha.

-Trois verres ? Ricci est en retard ?

J’avais lancé ça sans en être sûr… C’était risqué… Mais j’avais appris une chose de Reed pour asseoir sa confiance et sa puissance. Et cette chose c’était montrer qu’on savait des choses.

Le savoir, c’est le pouvoir.

Je relevai la tête sur lui et je bus une gorgée de whisky avant de pencher légèrement la tête sur le côté.

-Félicitation pour ton fils. Un garçon. J’imagine que tu dois être heureux d’avoir un héritier mâle. J’imagine aussi que c’est en grande partie pour ça que tu as demandé à me voir, je me trompe ? A moins que ça ne soit simplement parce que tu en as marre que tous tes Los Diablos te servent uniquement de bouclier au lieu de faire ce qu’ils sont destinés à faire : du business.

Le première chose que Reed à fait quand il a prit les reines des Los Diablos c’est transformer un gang en entreprise. Et une entreprise qui n’est plus rentable est une entreprise qui est vouée à la faillite.

Je penchai légèrement la tête sur le côté.

-Alors Reed ? C’est le père de famille soucieux de la vie de ses proches ou bien l’entrepreneur qui veut me parler ?

Il va me répondre que c’est les deux. Ainsi il fera encore une fois l’aveu de sa faiblesse mais la contrebalancera en me montrant son côté moins humain. Parce qu’il sait que, face à moi, il ne pouvait pas se montrer trop humain.

@ Billy Lighter

J’en étais à la moitié de ma cigarette quand Walt, la mine soucieuse, vint de nouveau à ma table.

-Monsieur, un certain Ward Fleming, qui affirme être votre demi-frère, dit avoir rendez-vous avec vous.

Je souris, puis ricanai…

-Mon demi-frère ? Voyons, Walt. Mais j’ai bien rendez-vous avec lui… Nous sommes en affaires, lui et moi.

Walt repartit pour laisser entrer Ward qui avait certainement été recalé à cause de son habillement trop passe-partout bien que propre sur lui. Etonnement, il ne portait pas de coups dus à des matches de boxe ou encore à des bagarres de rue… Être devenu père ne lui avait sans doute pas laissé le temps pour ces petits plaisir, surtout avec la mère de sa fille à l’hôpital.

Je lui souris et le laissai s’asseoir sans y être invité… Je tirai sur ma cigarette et ne dit pas un mot, le laissant commencer la partie. Et il commença en se servant un verre de whisky sans y avoir été invité non plus.

Il commença la joute verbale, en demandant si mon meilleur ami était en retard.

Je soufflai la fumée de ma cigarette et écrasait mon mégot sans quitter le regard de Ward des yeux.

-Comme toujours, c’est sa marque de fabrique.

Il avait deviné bien sûr, mais c’était extrêmement simple à deviner… Nous étions un trio de cibles qui tentaient d’avoir le dessus sur l’autre tout en tentant désespérément de protéger ce qui nous appartenait.

Je pris la bouteille à mon tour et me servis, mais ne touchai pas au breuvage dans un premier temps, me contentant de rallumer une cigarette. Pendant ce temps-là, Ward me félicitait pour la naissance de mon fils, de mon héritier.

Je ne dis rien quand il demanda si c’était pour cette raison que je voulais le voir… Ou si c’était parce que j’en avais marre que les Los Diablos perdent leur temps à surveiller deux villas dans la crainte d’une attaque.

Je ne répondis que lorsqu’il formula sa question bien clairement. Je laissai la fumée s’échapper par mes narines tout en répondant.

-Les deux. Mais nous sommes tous trois des pères et des entrepreneurs, désormais. Nous avons tous à y gagner dans cette discussion.

Dormir tranquille et ne pas devoir être constamment sur nos gardes, ce sera déjà un bon point.

-D’ailleurs, je te félicite moi aussi pour la naissance de ta fille, Heaven. C’est une petite battante, d’après Floyd. Elle a de qui tenir. J’espère que Sky va bien maintenant qu’elle est rentrée à la maison.

Je souris.

@ Billy Lighter

J’étais prêt pour le rendez-vous qui allait – je l’espère ! – nous libérer définitivement de Ward Fleming. Depuis la naissance de Daniela, j’avais d’autant plus ce moment ainsi que Sammy.

Nos femmes n’étais pas conviées à ce rendez-vous. Il ne fallait pas compter sur Jim pour ça. Bien que, pour la cause, j’étais d’accord ! Je n’avais aucune envie que Ward Fleming pose son regard sur Samantha – il ne méritait aucunement de la reluquer comme je le voyais déjà la reluquer à l’avance !

Ainsi, j’étais parti pour être en retard – j’étais Daniele Ricci et les stars se font attendre. C’était aussi une façon de montrer à Fleming que je n’allais pas changer mes habitude pour lui. Il ne fallait aucunement lui montrer à quel point il avait eu un impact sur nos vie – c’était la dernière chose à lui montrer. Par contre, ce qu’on allait lui montrer, ce que – maintenant – il avait aucun à perdre que nous. Il avait une femme et un enfant et – s’il avait accepté le rendez-vous -, m’était d’avis qu’il y tenait.

On comptait, donc, Jim et moi, ressortir vainqueur de cette entrevue – ce qui nous permettra de nous plus avoir nos villas sous surveillances. Bien qu’il faudra un certain temps pour que ma paranoïa – et celle de Sammy – disparaisse…

J’avais embarqué dans une belle voiture de sport pour aller à quelques rues d’ici – au Polo Lounge de Beverly Hills. Il parait que, plus on habite près d’un endroit, plus on risque d’arriver en retard à cet endroit. C’était bien vrai en ce qui me concernait !

Une fois entré, c’est Walt qui était venu m’accueillir avec son grand sourire et son entrain naturel.

-Bonjour Monsieur Ricci !, dit-il en souriant. Comment allez-vous ?

Sacré Walt – toujours en forme !

-Bien Walt, dis-je avec un petit sourire. Jim est déjà là ?

Ça me ferait mal d’arriver avant lui et notre « invité ». Parce que, oui, c’était un invité – à défaut, cette fois, d’être un intrus – dans un endroit où il n’avait strictement pas sa place, cet enfoiré de Fleming.

-Oui, Monsieur Reed est bien là, dit-il en souriant avec de prendre un air soucieux. Il est en discussion d’affaire avec un certain Ward Fleming qui s’est présenté comme étant le demi-frère de Monsieur Reed et le vôtre aussi…

Non mais c’est sérieux ça ? Je ne savais pas que les psychopathe savaient faire de l’humour – un humour qui aurait pu être embarrassant si Walt n’avait pas été un grand protecteur des intérêts des plus nantis.

-Et bien, il a de l’humour, dis-je en pouffant de rire. Non, en réalité, cet homme est en affaire avec nous. Des histoires de maisons de disques.

Walt n’avait rien dit mais semblait conforté dans son idée – celle que Ward Fleming s’était complètement foutu de lui, ce qui était le cas. Si mon père aurait très bien pu emballer Rachel Reed, jamais ces deux-là n’auraient engendrer un Ward Fleming.

J’avais pris la direction de la table où se trouvait Jim et j’avais – pour la première fois – pu mettre un visage sur le nom du type qui avait totalement court-circuité ma vie depuis qu’il y était entré. Sammy m’en avait fait une description… Et je l’avais imaginé plus amoché par la vie que ça. Il était grand – bien plus grand que Jim et moi – et faisait plus office de playboy que de psychopathe de prime abord.

-Salut Jim, dis-je en souriant à mon ami et en me mettant à table avec eux. Bonjour, Fleming.

Je ne savais pas qu’en l’appelant « Fleming », je pourrais déjà le piquer à vif. Seulement, le mal était fait.

-Oh du whisky, dis-je en prenant la bouteille. Tu as de bons goût, amico mio.

Je montrais – par mon attitude – que Fleming ne m’impressionnait pas. Je m’étais servi du whisky.

-Alors ? Vous en étiez où ?, demandais-je avec un petit sourire.

@ Billy Lighter

J’avais lancé la joute verbale alors que Reed écrasa sa cigarette. J’avais constaté qu’on serait trois et non pas deux pour cette discussion et je présumais que l’autre était Daniele Ricci. Ce que Reed confirma d’une certaine façon en déclarant qu’être en retard était la marque de fabrique de Ricci.

Ouais, c’est vrai que rien ne presse, hein. C’est pas comme si cette discussion était là pour sauver leur famille respective. Mais, apparemment, Ricci préférait encore mieux soigner sa réputation. Par que j’avais bien deviner que toute cette mascarade au Polo Lounge avait pour but de faire en sorte que leur famille soit en sécurité et non pas pour autre chose.

Tout était clair dans la lettre de Reed.

Je ricanai, donc.

-Ce type est une caricature sur patte.

Alors que je buvais le whisky certainement hors de prix que Reed avait commandé, il se ralluma une cigarette. Je ne fumais presque jamais, moi. Les seuls moments où je grillais une cigarette c’était avant les matchs de boxe. Pourquoi ? Parce que la cigarette, ça calmait et que ça m’empêchait d’aller trop loin pendant ce genre de match. Et voir Reed les enchainer était cachait deux possibles choses : une addition dont il ne pouvait se défaire ou un stress qu’il essayait de cacher. A moins que ça ne soit les deux.

J’en vins, ensuite, au fait essayant de deviner les raisons qui poussaient Reed à me voir. J’en avançai deux et, comme je l’avais prévu, il confirma les deux. Il disait qu’on avait tous à y gagner dans cette discussion. Je le fixai en penchant légèrement la tête sur le côté.

« Nous sommes tous les trois des entrepreneurs ».

C’est ce qu’il avait dit. Et cette phrase en disait beaucoup sur tout ce qui m’agaçait chez Reed. Il voyait son petit business comme une entreprise. Comme s’il se voilait la face constamment en pensant que son petit groupe de criminel était plus que rien que ça. Moi, je ne me voyais pas comme un entrepreneur. J’avais créé les New Soldados pour faire d’une pierre deux coups : gagner de l’argent en emmerdant Reed. C’est tout. Reed, lui, se faisait de l’argent en croyant amener de l’emploi à tous ces looser de l’Eastside qui étaient tombés dans les gangs. Alors que, quoi qu’il puisse dire, il fait en sorte que ces latinos restent bien à leur place quelque part entre la pauvreté totale et la classe moyenne basse. Sans compter ces enfants qu’il utilisait en criant haut et fort qu’il les sauvait de l’orphelinat. Mais le fait était que Reed s’arrangeait bien pour que tout soit à sa place et qu’il puisse exercé son petit pouvoir. Parce que les Los Diablos, c’était, pour Reed, l’équivalant d’un passe-temps.

Je ricanai à nouveau.

-Entrepreneur… Je ne suis pas un entrepreneur, Reed. Ce n’est, en tout cas, pas du tout le mot que j’utiliserais.

Et il parla à nouveau d’Heaven et de Floyd en passant par Sky. Je le fixai toujours de la même manière, sans rien laisser transparaitre. Citer Floyd était pour lui une façon de souligner ce qu’il m’avait déjà dit dans ma lettre. Comme si je n’avais pas compris en lisant.

-Tu attends un « merci » ? Tu n’as pas fait ça pour Sky, Reed… Tu l’as fait pour toi et ta petite famille.

J’esquissai un sourire en coin.

-Non… Tu n’attends pas un « merci ». Tu me montre juste ô combien tu es puissant.

Et il ne faisait chaque fois que souligné à l’indélébile ce que je savais déjà. Je savais que Reed était puissant. Puissant mais pas infaillible. Cette entrevue prouve qu’il n’est pas infaillible.

-Et Sky n’ira jamais aussi bien qu’elle allait avant ça.

Et après avoir dit ça, c’est Ricci qui arriva. Je levai le regard sur lui alors qu’il salua Reed. Il était plus petit qu’il ne paraissait à la télé.

Comme quoi, ça n’a jamais été la taille qui compte pour se hisser au plus haute sphère de la société. Enfin, si, mais celle du compte en banque uniquement.

Et il me salua. Je le fixai et mon regard neutre laissa transparaitre une lueur de haine l’espace d’un instant.

-Je m’appelle Ward.

Pas « Fleming ». Et si Ricci ne voulait pas mourir prématurément, il avait intérêt à s’y tenir.

Il se rua ensuite sur le whisky confirmant son statut d’alcoolique. Je le regardai faire en buvant une gorgée du mien. Il demanda, ensuite, où on en était.

-Reed était en train d’asseoir sa puissance en me parlant de ma famille et de sa manigance avec Floyd. Chose qu’il avait déjà dit dans sa lettre, cela dit en passant.

Je les fixai l’un, puis l’autre.

-Donc, je résume. Vous avez peur pour votre famille et, comme j’en ais une maintenant, vous vous dites que c’est l’occasion pour négocier. Alors, allez-y… Qu’est-ce que vous proposez ? Qu’on fasse comme si on ne s’était jamais connu et qu’on rentre chacun chez nous sans plus jamais emmerde l’autre, c’est bien ça ?

Parce que si c’était ça, il était certain que je n’allais pas m’en tenir à ça.

@ Billy Lighter

Je souris quand Ward affirma que Daniele était une caricature sur pattes.

-C’est un Italien… Leurs habitudes sont difficiles à changer.

Je me rallumai une cigarette alors que Ward entamait son whisky tout en lui expliquant plus ou moins pourquoi nous étions là. Pour moi, nous étions trois entrepreneurs en train de perdre de l’argent à cause d’une guerre qui couvait.

Mais Ward n’était pas d’accord avec le terme « entrepreneur ».

-Très bien… Nous sommes deux entrepreneurs… Et tu es un gangster.

Puis, je lui reparlai de Sky et du Docteur Floyd. Il me demanda si j’attendais un « merci » et je tirai sur ma cigarette tandis qu’il tirait les conclusions tout seul. Je soufflai la fumée de ma cigarette.

-Voilà, je suis puissant… J’ai le pouvoir de vie ou de mort sur les gens, comme tu le vois.

Quant à Sky, il disait qu’elle n’irait jamais mieux que ce  qu’elle n’allait avant ça.

-Deux choses : la première, tu n’avais pas à te trouver dans un entrepôt des Los Diablos.

Je le vrillai du regard.

-Deuxième chose : tiens ta femme. Sa place est à la maison, pas à te suivre dans tes escapades.

C’est à ce moment que Daniele arriva…

-Salut, Dany.

Je me levai et lui fis une brève accolade avant de me rasseoir pour boire pour la première fois une gorgée de whisky. Daniele, heureux qu’il y ait de ce breuvage à table, ne tarda pas à se servir.

Et Daniele fit l’erreur d’appeler Ward « Fleming », ce qui fit grincer des dents notre invité.

Je regardai Daniele.

-Oui… il s’appelle Ward. Ce n’est pas comme si le nom de son père avait une quelconque importance.

Daniele demanda où on en était et Ward répondit que j’étais en train d’asseoir ma toute puissance comme je l’avais déjà fait dans ma lettre…

-J’étais aussi en train de lui rappeler où se trouvaient les places de l’homme et de la femme en société.

Alors, Ward entra dans le vif du sujet, disant qu’on avait peur pour nos familles et il croyait que nous allions lui demander de faire comme si on ne se connaissait pas. Je ricanai.

-Nous ne sommes plus les seuls à avoir peur pour nos familles. Ton comportement à l’hôpital, rapporté par Floyd, nous prouve que tu tiens à ta famille toi aussi… Tu sais ce que j’ai ressenti pour Maritza maintenant.

Je pris une gorgée de whisky.

-Mais il n’y a pas que ça. Il faut que les affaires reprennent.

Je regardai Fleming dans les yeux.

-Alors, les guerres de gangs, oui. Mais on laisse nos familles en dehors de ça.

@ Billy Lighter

J’avais salué Jim avant de me concentrer sur la seconde chose importante sur la table : le whisky. Je n’avais pas tardé à me service pendant que Jim savourait sa cigarette. J’avais – ensuite – salué Fleming qui sommait qu’on l’appelle Ward. Jim avait confirmé qu’il s’appelait Ward étant donné que le père de Fleming n’avait aucune importance.

-Ward, alors, dis-je nonchalamment.

S’il ne fallait que ça pour qu’il soit de bonne humeur ainsi soit-il ! Je n’avais pas envie de le provoquer inutilement – gardons ça pour des sujets plus important que ça.

J’avais demandé où ils en était et c’était Fleming qui avait répondu à cela. Il parlait bien mieux que je ne l’avais imaginé – pour un type qui venait de l’Eastside, il n’avait pas un accent aussi tranché que Stone.

Ainsi, Jim avait déjà fait en sorte d’asseoir sa puissance – ce n’était pas étonnant. Il avait aussi révélé avoir était celui qui avait fait en sorte que Floyd s’occupe de la femme de Fleming. Seulement, Jim avait aussi rappelé à Fleming la place des hommes et des femmes dans la société. Moui – Jim aimait que les choses étaient à la « bonne » place bien qu’on était pas du tout d’accord sur la chose.

-Je vois, dis-je en souriant.

Il n’en était qu’au round d’observation. Je n’avais rien raté !

C’est Ward qui était entré dans le vif du sujet en essayant de découvrir quel serait le deal qui lui serait proposé. Jim lui avait montré qu’on savait très bien que Fleming craignait aussi de perdre sa famille – ce qu’on avait entendu de ce qu’il s’était passé à l’hôpital ne laissait aucun doute. Sammy ne s’était pas fait tiré dessus mais elle avait subi quelques frayeurs – et pas des moindre.

-Tous les trois on sait qu’il n’est pas du tout agréable qu’un proche soit touché. Autant physiquement que psychologiquement, dis-je en toisant Fleming et en rappel du jour où il était entré chez moi pour menacer Tony sous le nez de Sammy. L’intimidation fait aussi des dégâts.

Seulement, Jim n’avait pas que notre famille en ligne de mire mais aussi son business. Pouvais-je lui en vouloir ? Non. Ainsi, la guerre de gang pouvait continuer – quelque part, ça n’était pas mon affaire – mais nos familles devaient se trouver en dehors de ça. J’avais eu une pensée pour Sammy et son poulain – Finan Quinn – qui allait être au beau milieu de cette guerre. Seulement, rien n’empêchait Quinn de tout arrêté – je me demandais bien pourquoi ça n’était pas encore fait !

J’attendais la réaction de Fleming en buvant mon verre. Si le deal lui suffisait, c’était tout bénéfice. Seulement, quelque chose me disait que les choses ne seront pas aussi simples.

@ Billy Lighter

J’avais côtoyer des Italiens pendant plusieurs années quand j’étais à la soldes des Conti mais je crois qu’aucun d’entre eux n’était à ce point une caricature que Daniele Ricci.

De toute façon, il n’y avait pas que Ricci… Tout, ici, transpirait la caricature. Reed compris.

Un Reed qui me fit un topo nous qualifiant tous les trois d’entrepreneurs. On n’en était pas. Ricci n’était pas un entrepreneur, c’était un manager de maison de disques, Reed l’était en ce qui concernait BSC mais il englobait aussi les Los Diablos dedans et diriger un gang ce n’est pas diriger une entreprise quant à moi, je n’ai rien à voir avec un quelconque entrepreneur.

Alors, Reed nous requalifia. Plutôt, il me requalifia moi ce qui me fit ricaner.

-Un gangster ? Non… Je suis plus que ça et tu le sais. Et toi, tu n’es pas qu’un entrepreneur et tu le sais.

Il avait décimé la Casa Nuova. Donc, il n’était pas qu’un entrepreneur.

Puis, il avait parlé de Floyd alors que je fis le constat que ces paroles n’étaient là que pour me montrer sa puissance. Il confirma disant qu’il avait le pouvoir de vie ou de mort sur les gens.

-Si c’était réellement le cas, je ne serais pas ici aujourd’hui.

S’il avait réellement le pouvoir de vie ou de mort sur tout le monde, je serais mort. Il m’aurait tué. Mais il n’avait pas réussi. Car même Jimmy Reed peut échouer. Il le savait.

Je dis, ensuite, que Sky n’ira jamais aussi bien qu’avant. C’était un fait. Sky avait perdu quelque chose dans sa bataille pour la vie… Je ne savais pas quoi. Mais elle l’avait perdu. Et à ça, Jimmy Reed souligna que c’était ma faute…

Je n’avais pas tenu Sky… Je n’avais rien n’à fait dans l’entrepôt des Los Diablos.

Je le toisai alors qu’une lueur mauvaise brillait dans mon regard. Je penchai légèrement la tête sur le côté.

-Je vais où je veux, quand je le veux. Sky aussi. Ce qu’il s’est passé c’est la faute de Quinn. Il n’avait qu’à se mêler de ce qui le regarde.

Puis, je lançai :

-Et ce n’est pas parce que ta femme était à la maison qu’elle n’a pas pu être une cible. Pareil pour ta fille.

Elles étaient à la maison toutes les deux quand j’avais réussi à les attirer à l’extérieur.

Ce début de conversation avait eu le don de me rappeler tout ce que je détestais en Reed. Et c’est là que Ricci s’ajouta à l’équation.

Et il m’appela Fleming. Mauvais départ. Je répliquai. Il sembla comprendre surtout que Reed confirma qu’il fallait m’appeler Ward. J’haussai des épaules au commentaire sur mon père sans relever.

Il n’avait, en effet, pas d’importance. J’en avais. Pas lui.

J’expliquai à Ricci où on en était mais Reed y rajouta sa petite couche. Cette réflexion me fit ricaner. Reed aimait que tout soit bien à sa place. Les femmes et les hommes. Les riches et les pauvres. Les Los Diablos et les New Soldados. Les gens comme lui et les gens comme moi.

Sauf que les choses ne vont pas comme ça dans la vraie vie. Mais Reed ne vit pas dans la vraie vie.

Mais je m’en fichais de l’esprit trop bien rangé de Reed. Je voulais savoir ce qu’il me proposait. Et il souligna encore à quel point j’aimais ma famille en me rappelant mon comportement à l’hôpital. Reed avait eu ses petits indics dont Floyd faisait partie.

Je le fixai droit dans les yeux.

-Oui. Je le sais. Est-ce que ça nous fait un point comme de plus ?

Avec les meurtres de masse.

Et à Ricci de dire qu’il n’y avait pas que la douleur physique mais aussi psychologique. Il faisait référence aux intimidations que j’avais faite. Je le fixai.

-Je sais… A ton avis pourquoi j’ai fait ça ?

Pour faire mal. Et ça avait fonctionné. Ricci venait de m’en faire l’aveu même si j’avais pu voir, en direct, la peur de Samantha.

Mais Reed voulait aussi que les affaires reprennent… Il acceptait la guerre de gang tant que les familles étaient en dehors de ça. En gros, Reed voulait continuer à jouer à son petit jeu mais sans les danger qui vont avec.

Je ricanai :

-Donc, tu veux pouvoir faire ton business en paix, c’est ça ? Tu veux pouvoir jouer sans que ta famille ne soit en danger. Et tu utilise le fait que j’en ai une pour t’assurer ce petit confort.

Oui, c’est ce qu’il voulait.

-C’est facile.

Ce n’était pas malin. C’était simplement facile. J’avais donné à Reed de quoi pouvoir mettre en avant ce deal.

-Si tu crois que ce que faisaient, jusqu’ici, les New Soldados était un guerre de gang alors tu ne sais pas ce qu’est une guerre de gang. Jusqu’ici, je n’ai pas fait grand-chose hormis quelque sabotage en règle. Mais si tu accepte la guerre de gang, alors, nous ferons une guerre de gang.

Ça signifiait tuer et prendre du territoire. Parce que c’était ça une guerre de gang et Reed n’en avait encore jamais vécu. Il avait toujours eu comme adversaire les South Panthers qui étaient des enfants de chœurs par rapport à ce que je réservais au Los Diablos.

Je bus une gorgée de whisky avant de fixer, à nouveau, Reed.

-Et si je refuse le deal ? Si je préfère essayer de tuer vos proches ? Qu’est-ce que tu feras ? Tu viendras en personne tuer ma femme et ma fille de deux mois ?

S’il disait « oui », je ne le croirais pas. Ma femme, peut-être. Mais jamais il ne tuera un bébé.

Moi, j’en était capable. Et il le savait.

@ Billy Lighter

J’eus un sourire en coin quand Ward affirma qu’il n’était pas qu’un gangster, pas plus que je n’étais qu’un entrepreneur… mais je ne dis rien, gardant mes cartes pour plus tard.

J’affirmai juste avoir le pouvoir de vie ou de mort sur les gens… Mais de ça, Ward doutait… Il disait que si c’était le cas, il serait mort aujourd’hui.

-C’est que ton heure n’est pas encore venue… Ou que tu n’es rien de plus qu’un cafard.

Et quand je lui dis qu’il devait tenir sa femme et qu’il n’avait rien à faire dans un entrepôt des Los Diablos. Je trouvais inutile de lui dire que, justement, Quinn était justement là où ça le regardait. Il me répondit que mes femmes à moi étaient à la maison quand elles avaient été attaquées.

Je tiquai de l’œil gauche.

-Parce que tu es un psychopathe. Mais maintenant, elles savent qui tu es.

Et elles se méfiaient d’autant plus.

Daniele finit par arriver et son entrée en matière fit déjà grincer Ward des dents… Je confirmai donc à mon ami que notre invité souhaitait qu’on l’appelle Ward… Pas Fleming, pas Edward, Ward. Daniele opina non sans se servir d’entrée de jeu un whisky alors que j’en prenais ma première gorgée, tirant ensuite sur ma cigarette…

Je ne savais pas encore à quel point j’allais marcher sur des œufs… je ne savais pas à quel point Ward avait évolué…

Et je n’imaginais pas que c’était moi qui l’avais créé comme ça.

Ward dit à Daniele où nous en étions… Et cela fit sourire Daniele et moi aussi… Oui, j’asseyais mon pouvoir pour être le plus à l’aise possible alors que j’avais déjà l’avantage du terrain.

On entra dans le vif du sujet et je soulignai combien nos familles étaient importantes. Ward, lui, me fixait droit dans les yeux, me demandant si le fait qu’on aimait nos familles était un point commun que nous avions en plus. Je ne le quittai pas du regard.

-C’est le seul point commun que nous ayons, Ward.

Daniele ajouta que ce n’était pas agréable quand un proche était touché, que ce soit physiquement ou mentalement. J’opinai de la tête. Et Ward de nous demander, comme si nous étions ses élèves, pourquoi il avait fait ça.

-Parce que c’est tout ce que tu sais faire. Tuer, intimider… Chercher à faire mal.

Je lui expliquai ensuite mon deal : on continuait nos business, mais sans y mêler nos familles, j’acceptais un guerre de gang s’il le voulait vraiment.

Il ricana… il trouvait que c’était facile, affirmant ensuite que je ne savais pas ce qu’était une guerre de gang…

-Parce que toi oui, peut-être ? Il n’y a pas eu de guerre de gang depuis la disparition des South Panthers… Mais si tu veux me tester, teste-moi… Les Los Diablos sont plus puissants que tu ne le crois.

Ils étaient surtout loyaux et se serraient les coudes. Je croyais en eux…

Je pris une gorgée de whisky en même temps que Ward. Puis remis ma cigarette entre mes lèvres… Ward demanda alors ce qu’il se passerait s’il refusait le deal. S’il s’attaquait à ma famille quand même… Est-ce que j’allais tous les supprimer ? Même sa petite de deux mois ?

Je posai mon verre et appuyai mon regard dans celui de Ward.

-Si tu crois que je suis comme toi, tu te trompes… Bien sûr, je viendrai pour toi et ta femme. Sans que cela ne me pose aucun problème. Mais je ne suis pas un tueur d’enfant comme toi.

Je souris.

-Je ferai pire que la tuer, ta petite… Pire pour toi… J’en ferai une Pequeñas Manos… elle sera élevée par mon gang et en deviendra une dealeuse, comme son père avant elle.

Je tirai sur ma cigarette.

-Je parie que tu préfères la voir morte que de la savoir à ma botte.

@ Billy Lighter

Moui – Jim avait un point commun avec Ward Fleming. Un point commun que j’avais aussi avec eux : on tenait à nos familles. Autrefois, aucun de nous trois n’en avions mais ça avait changé depuis ces derniers mois. Seulement, si Jim disait qu’il n’avait que ça en commun avec le psychopathe de service qu’on avait en face de nous, je n’en était pas aussi sûr. Jim était aussi capable de tuer – il l’avait prouvé lorsqu’il avait décimé la Casa Nuova.

Seulement, je n’avais pas relevé parce qu’il ne fallait pas – aujourd’hui – qu’on montre la moindre dissonance dans notre duo Ricci-Reed.

Nous avions mis les choses à plat. Si Jim avait surtout parlé des blessures physiques qu’avait subi – entre autre – Maritza, j’avais mis en avant les dégâts psychologique que Fleming avait fait à ma famille. Il savait pertinemment – et ça je m’en doutais – que ça faisait mal et il nous avais demandé pourquoi il avait fait ça. Jim avait répondu en disant que Fleming avait fait ça parce qu’il ne savait que tuer et intimider.

-Drôle de passe-temps, dis-je en ricanant un peu avant de boire une gorgée de whisky.

Mais nous savions tous ici que Fleming n’était capable que de ça. C’était ce que Sammy m’avait dit aussi. J’avais pu le constater moi-même à plusieurs reprises.

Jim avait – ensuite – mis en avant le deal qu’il proposait. Fleming n’en semblait pas surpris mais il trouvait tout ça trop facile. J’essayais de me mettre dans la tête de ce type afin d’essayais d’anticiper ses réactions mais il était clair que je ne le connaissais pas assez pour ça ce qui ne semblait pas être le cas de Jim. Normal, il avait fréquenter ce type bien plus que moi qui ne le connaissais que par ce qu’on m’avait dit de lui.

-Ça devient facile quand tout le monde a la même faiblesse, dis-je en haussant les épaules. Pourquoi chercher la difficulté ?

Moui – pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple, vous me le direz bien !

Fleming m’avait semblé comme mettre en garde Jim concernant la guerre de gang. A vrai dire, de ça, je m’en foutait un peu. Hormis pour Quinn. Seulement, Quinn avait toutes les cartes pour s’en sortir et – c’est malheureux à dire – mais s’il lui arrivait quelque chose dans son rôle de Los Diablos, il ne pourrait s’en vouloir qu’à lui-même !

Jim était prêt à jouer à cette petite guerre qui – j’en avais bien peur – sera certainement sanglante. Mais si Fleming pouvait se centrer là-dessus et nous foutre la paix, ça m’allait !

Seulement, Fleming avait demandé ce que nous ferions si jamais il refusait de ne pas s’en prendre à notre famille. Il mettait en avant le fait que nous n’oserions jamais éliminer sa femme et son bébé. Moui – je n’étais pas tellement sûr pour sa femme… Parce que je savais que Jim serait tout à fait capable de la faire éliminer… Fleming devait le savoir étant donné qu’il avait fait partie de la Casa Nuova.

Seulement, pour le bébé, il n’avait pas tort. Je connaissais Jim. Il ne tuerait jamais un si petit bébé. Moi non plus – d’ailleurs… Puis, nos femmes nous en voudraient…

Je nous croyais dans une impasse et je pensais y aller au bluff mais Jim avait choisi une autre tactique. Il tuera Ward et sa femme mais « élèvera » la fille de Ward au sein de ses Los Diablos en culotte-courte.

Je regardais le jeu d’échec pensant bien que mon ami venait de coincé Ward. Restait à voir quel était l’attachement qu’il avait à sa fille mais aussi – et surtout – à sa fierté. Ainsi, je guettais sa réponse en sirotant mon whisky.

@ Billy Lighter

Donc, si je n’étais pas mort, c’est que mon heure n’était pas encore venue… C’est ce que clamait Jimmy Reed qui ajouta que c’était ça ou que j’étais un cafard. Je ricanai. Non. Si j’étais vivant, c’est parce qu’il n’a pas osé m’achevé devant sa fille. Et il remettait ça sur la malchance.

Sauf que la chance, ça se créé.

-Ou parce que tu manquais de volonté.

Il aurait pu me mettre une balle dans la tête le jour où j’ai enlevé Liv’. Mais il ne l’avait pas fait. Et il payait, aujourd’hui, les conséquences de sa faiblesse. Une faiblesse que je n’avais pas.

Après ça, Jimmy Reed me sortit le discours de fait que je n’avais rien n’à faire à ce entrepôt des Los Diablos ainsi que Sky… Un Sky qui, d’après lui, aurait dû rester à la maison là où était sa place. Mais ce n’est pas parce qu’on a une monde rangé comme Reed que ça met ses proches à l’abri. C’est ce que je soulignai en disant que sa femme et sa fille s’étaient fait avoir quand elles étaient à l’endroit où elles devaient être d’après la conception étriquée du monde de Jimmy Reed.

Il tiqua… Preuve que j’avais touché juste.

Et qu’elle fut sa réplique ? Que tout ça était arrivé parce que j’étais un psychopathe.

C’est pour cette même raison qu’il ne m’avait pas mis second lorsqu’il avait pris le pouvoir en 65. Non. Si sa femme et sa fille s’étaient fait avoir c’est parce qu’elles étaient naïve. Plus sa femme que sa fille, d’ailleurs. Livia m’avait donné plus de fil à retordre.

Je penchai légèrement la tête sur le côté.

-Je suis plus que ça.

Je suis meilleur que ça. Il n’y a pas de mot pour me décrire. Psychopathe, c’est trop réducteur. Et Reed, quoi qu’il en pense, ne faisait qu’avoir peur de ce qu’il était lui-même. Parce qu’un petit riche qui se met à diriger un gang pour le plaisir ne pouvait être que le reflet d’un esprit proche du mien. Et si j’avais dit à Robson que beaucoup de médecin étaient des psychopathes, il en allait de même pour les hommes d’affaires.

C’est après ça que Ricci était arrivé. J’avais expliqué à l’Italien où on en était dans la conversation avant que Jimmy ne dise qu’on avait tous les deux des familles. J’avouai ce point commun disant que c’était l’un de nos points commun mais d’après Reed, c’était le seul. Je ricanai.

-C’est pas bien de se voiler la face…

Dois-je lui rappeler le massacre de la Casa Nuova ? A moins qu’il ne soit faible au point que son propre cerveau l’ai effacé de sa mémoire. Dans ce cas, oui, je ne pouvais pas le caser dans la même case que moi mais dans la case en dessous… Deux cases en dessous même.

Quant à Ricci, il parla de la douleur psychologique. Du coup, je leur demandait pourquoi j’avais fait ça. C’est Reed qui répondit disant que je ne savais fait que ça… Tuer, intimider et chercher à faire mal. Non. Je ne sais pas faire QUE ça. Mais c’est vrai que c’était quelque chose que je savais bien faire.

- C’est un peu réducteur… Je sais faire d’autres choses. Et je te rappelle que c’est des compétences que, autrefois, je t’avais proposé pour ta propre cause. Mais tu as préféré que je fasse dealeur…

C’était son erreur de l’époque. S’il m’avait donné la même place que Riccardo m’avait donné, je serais resté à ma place.

Ricci, lui, disait que c’était un drôle de passe-temps. Je le fixai, penchant légèrement la tête sur le côté.

-Chacun ses passe-temps… Le tiens c’est de te saouler, le mien c’est de tuer. Je trouve le mien plus constructif.

Puis, mon regard se reposa sur Reed. Un Reed qui me proposa de faire la guerre entre gang en laissant nos familles en dehors de ça. Une solution facile… Mais Ricci disait que ça ne servait à rien de prendre le chemin compliqué quand le chemin facile était à portée de main. Je le fixai.

-Tu manque d’ambitions…

Reed voulait la guerre ? Il allait l’avoir. Et il s’en mordra les doigts. Il était pourtant certain que je ne savais pas ce qu’était une guerre de gang. C’était sous-estimer mes capacités à foutre le bordel. Parce que pour ce qui était de la violence, je m’y connaissais un peu. Mais Reed était prêt. Normal, qu’il l’était. Ce n’était pas lui ou sa famille qui allait être touché mais ses Los Diablos. Des Los Diablos qu’il croyait puissant.

Ah oui ? J’avais même réussi à infiltré une taupe chez eux… Une taupe dont je n’avais plus de nouvelle. Peut-être que Guillermo avait fini par se faire avoir. Ou bien il n’avait pas encore eu l’occasion de me recontacter. Dans le doute, je ne dis rien à ce sujet préférant plonger mon regard brun dans celui, bleu, de Reed.

-On verra ça. Mais il ne faudra pas venir pleurer parce que tu n’as plus d’effectifs pour dealer après quelques mois.

Parce que j’allais faire en sorte que ça soit sanglant. Et si je savais que ses Los Diablos pouvaient tuer, je savais qu’ils étaient aussi prompt à réfléchir avant de le faire… Ce qui n’était pas le cas de mes New Soldados qui avaient été engagé parce qu’ils tiraient avant de réfléchir.

Mais restait à voir si j’allais accepté de, toute de même, laisser nos familles en dehors de ça. Pourquoi ? Parce que je voyais mal Reed essayer de tuer Heaven. Et c’est avec ça que je me voyais gagner la joute verbale.

Mais si j’avais évolué depuis 65, Reed aussi. Il me le prouva en disant qu’il n’aura aucun mal à venir nous tuer, moi et Sky. Ça, ça ne me surpris pas le moins du monde. Mais il restait Heaven. Il ne pourrait pas tuer Heaven, j’en étais certain.

Non.

Mais il pouvait la garder pour lui.

Je le fixai ne laissant rien transparaitre. Il ne fallait pas qu’il voit qu’il avait tapé juste. Et j’avais la chance, contrairement à lui, de n’avoir aucun tique qui pouvait trahir mes sentiments contrairement à mon moi de 65.

Il allait faire d’Heaven une Pequeñas Manos et elle deviendra une dealeuse. Comme moi. Je ne m’étais jamais considéré comme dealer…

Et il était certain que je préférais voir Heaven morte qu’à la botte de Reed. Non. En réalité, je n’aimais ni la première option, ni la seconde.

Je ne détournai pas mon regard de Reed. Je le savais tout à fait capable de faire ça.

-Et tu reproduira l’erreur de 65. Tu laissera grandir ma fille dans tes rangs. Une fille qui finira par savoir que tu as fait tué ses parents parce que…

J’esquissai un sourire en coin.

-Personne, Reed, ne peut garder un secret à Los Angeles.

Pas même lui !

-Et le schéma sera le même… La guerre sera la même. Sauf que, moi, tu m’auras tué. Alors, je n’en souffrirais pas…

Mais lui, oui. Mais si l’idée que ma fille puisse être élevé par Reed m’était insupportable malgré ce que je venais de dire pour déforcer sa réplique, il y avait autre chose, dans son plan, qui risquait d’être compliqué à accomplir.

-Et pour en arriver là, tu dois déjà me tuer…

Alors que, dans mon plan à moi, si je voulais faire du mal à la famille de Reed, j’allais le laisser vivant pour qu’il voit bien tout ça.

-Mais ce que tu veux, si j’ai bien compris, c’est de ne pas avoir à en arriver là, c’est bien ça ? Tu veux jouer sans te faire mal, c’est ça ? Parce que c’est ça que tu fais, Reed, non ? Tu joues… Les Los Diablos, c’est un jeu…

Je voulais qu’il le dise. Et pas qu’il me mette en avant la carte du business. Parce qu’il n’avait pas besoin de l’argent de la drogue. Il est riche sans ça.

@ Billy Lighter

Je pris une gorgée de whisky quand Ward affirma que s’il était toujours vivant, c’était parce que je manquais de volonté. Oh que non, je voulais le voir mort ! Mais jusqu’ici, la seule bonne occasion que j’avais eue de le tuer avait été parasitée par la présence d’Olivia… Je n’avais pas voulu qu’Olivia me voit tuer.

Et quand je le traitai de psychopathe, il répliqua qu’il était plus que ça.

-Non… Là c’est toi qui te fait des illusions.

Daniele arriva et la conversation continua alors que je m’allumai une nouvelle cigarette… Daniele trouvait qu’intimider et tuer était un drôle de passe-temps…

Bref, je coupai au court et proposai un deal… Mais Ward trouvait que c’était facile, ce à quoi Daniele répliqua pourquoi chercher la difficulté, puisqu’on avait tous les trois la même faiblesse.

Et je répétai que Ward n’était bon que pour tuer et intimider… Et il répéta qu’il savait faire d’autres choses. Qu’il avait voulu me proposer ses services en 65 mais que je n’en avais fait qu’un dealer.

-Justement parce que je sais ce qu’est une guerre de gang, ou tout du moins, je l’imagine bien… Et ton comportement nous y aurait plongé directement !

En tant que second, il aurait eu beaucoup trop d’importance. Tandis qu’en tant que dealer, il pouvait user de l’intimidation tant qu’il voulait…

Et en parlant de guerre des gangs, il me dit qu’il ne fallait pas venir pleurer quand je n’aurais plus d’effectif pour dealer dans quelques mois… C’était sous-estimer les Los Diablos, mais je gardai ça pour moi, laissant Ward parader…

Le temps que je lui explique ce que je lui ferais s’il s’en prenait à ma famille.

Et il y eu un temps d’arrêt. J’avais visé juste et je le savais… Jusqu’à ce qu’il se reprenne et dise qu’Heaven grandirait parmi les Los Diablos jusqu’à ce qu’elle sache qui avait tué ses parents et qu’elle se rebelle contre moi…

Et il dit cette foutue phrase…

Comme quoi personne ne pouvait garder un secret à Los Angeles…

-Moi je le peux. Et Heaven ne saura jamais ce que le mot Ward veut dire.

Mais pour en arriver là, je devais déjà le tuer.

-C’est justement pour ça qu’on est là, pour ne pas s’entretuer… Pour ne pas que tout ça arrive.

Selon Ward, je voulais jouer sans me faire mal…

J’appuyai mon regard dans le sien.

-Paco, Hernan, Camilo… Je connais les noms de tous ceux qui sont tombés dans les Los Diablos, par ta main ou une autre. Alors non, je ne joue pas sans me faire mal. Mais j’ai choisi entre la peste et le choléra… Et je veux sauver nos familles, à moi et Daniele. Ce n’est pas un jeu. C’est pour toi que c’est un jeu. Et pour la énième fois, je ne suis pas comme toi.

Je tirai sur ma clope et bu mon whisky cul sec.

-Mes Los Diablos valent bien mieux que ta petite troupe de mercenaires.

@ Billy Lighter

J’avais imaginé que ce Fleming était bien moins bavard et avait bien moins de réplique que ça. Seulement, c’était bien mal connaitre le type. Il savait parler et savait répliquer comme quand j’avais critiqué – ouvertement – ses passe-temps. Il m’avait taclé en soulignant ma capacité à boire une grande quantité d’alcool.

-Je ne fais pas que me saouler, marmonnais-je comme toute réponse.

Ça n’était pas le seul tacle qu’avait essayé de me faire Fleming. Il avait aussi dit que je manquais d’ambition. Pour un type qui avait une certaine intelligence – comme je pouvais le constater – ne finir que par faire chef de gang, c’était ça que j’appelais du manque d’ambition. Il aurait pu faire des choses plus constructive comme faire des études pour arrivé au même rang social que le nôtre. Parce qu’il avait beau dire que Jim se voilait la fasse, Fleming se la voilait aussi en pensant qu’il jouait dans la même cour que nous.

-Je sais ce que je vaux, Ward, dis-je en fixant Fleming.

Et je valais bien plus que ce tueur en série notoire ! Il ne se cachait pas de l’être pensant même que sa capacité à tué et intimider étaient des compétences qui auraient pu être utiles à Jim. Seulement, mon ami n’en avait pas voulu pour – justement – éviter des guerres de gang sanglantes.

Jim avait proposé un deal mais Ward avait tenté d’en tester les limites. Seulement, Jim avait eu assez de répondant que pour montrer à Ward que – si Jim était incapable de tuer un enfant – ça ne voulait pas dire qu’il ne pouvait pas en faire ce qu’il en veut.

Ward avait pris ça comme la reproduction d’un erreur – seulement, j’étais certain qu’il n’aimerait pas que sa fille finisse dans le gang de Jim. Ce genre de gars a trop de fierté que pour accepté ça. Tout semblait tourné à l’avantage de Jim même si Ward avait lâché la phrase…

Personne ne peut garder un secret à Los Angeles. Chose que Jim se croyait toujours capable de faire. Seulement, il ne le pouvait pas – même moi, je m’étais fait à cette idée. Mais loin de moi l’idée de souligner ça. Je le ferais plus tard très loin des oreilles de Fleming.

Ward avait dit que pour en arriver là il fallait aussi arriver à la tuer.

-Personne n’est infaillible, dis-je en regardant ce cinglé droit dans les yeux.

Ward ne l’était pas. Il pouvait mourir comme tout le monde !

Seulement, le but n’était pas d’en arriver là. Bien que Fleming tentait de pousser Jim dans ses retranchement cherchant à ce que mon meilleur ami avoue qu’il avait un gang rien que pour son amusement personnel. Moui – on pourrait croire ça… Parfois, je me posais la question de savoir pourquoi Jim continuait avec ses Los Diablos.

La réponse était sortie de la bouche de Jim. Il le faisait pas qu’il y tenait. Il connaissait ses Los Diablos et semblait y tenir. Je devais avouer que je ne m’attendais pas à ce genre de déclaration – pas du tout.

Seulement, il avait dû faire un choix et avait choisi nos familles – heureusement d’ailleurs…

-Il n’est clairement pas comme toi. Aucun de nous deux n’est comme toi, dis-je en fixant Fleming. Aucun de nous n’aurait tué deux gamins de 5 et 7 ans simplement pour son bon plaisir.

Parce que j’étais certain – à 100% - que c’était Fleming qui avait tué Alice Conti, son mari et ses deux enfants.

@ Billy Lighter

Non. Je ne me faisais aucune illusion quoi qu’en pense Jimmy Reed. Quant à Ricci, il se voilait la face autant que son meilleur ami quand il disait qu’il ne faisait pas que se saouler. Il était réputé pour ça, en tout cas. Presque autant pour ça que pour ses qualités en tant que manager.

Mais les Reed et les Ricci pensent que parce qu’ils sont eux, il son meilleur que les autres et donc que certaines choses ne s’appliques pas à eux.

Ricci est un alcoolique, quoi qu’il en dise. Il boit de l’alcool à tout bout de champ. C’est donc un alcoolique.

Reed est un tueur, quoi qu’il en dise aussi. Il a décimé une famille entière. C’est donc un tueur.

Et toutes les nuances ou les excuses qu’ils pourraient trouver ne sont pas valables.

Ricci n’avait que de faibles répliques à mes piques mais c’était surtout Reed qui m’intéressait. Ainsi quand je mis en avant mes compétences que j’aurais pu mettre au service de Reed, il déclara que mon comportement nous aurait mené à une guerre de gang. Je ricanai. Ouais… Je me rappelle à quel point Reed tenait à ce que ses petits deal se fassent avec le moins de violence possible.

-Alors tu m’a rétrogradé… Et tu pensais que ça allait me plaire ?

Oui parce qu’à la place de créé une guerre de gang avec, par exemple, les South Panthers, j’avais focalisé mon énergie sur une chose : détruire Reed.

Et cette entrevue prouvait que j’étais tellement proche du but que le principal intéressé m’avait invité sur son propre terrain pour négocier.

Et ce que mis Reed sur la table c’était ce qu’il avait essayé d’éviter en ne m’engageant pas comme second : une guerre de gang. Il l’acceptait pour protéger sa famille. Preuve qu’il était dans ses dernier retranchement. Mais je cherchais à aller encore plus loin en me demandant quel intérêt j’aurais à accepté alors que je savais Reed incapable de tuer Heaven.

Mais il déclara qu’il ne comptait pas la tuer mais en faire une Pequeñas Manos…

Je détestais ça.

Mais je tentai de le cacher en montrant à Reed les faille de ce plan. Mais Reed était certain d’être le seul à pouvoir garder un secret à Los Angeles.

Ça, ça me fit bien rire ! Et après avoir ri, je m’arrêtai d’un coup penchant la tête sur le côté.

-Non. Tu ne peux pas. Tu n’as pas su caché que Liv' était ta fille. Tu ne saura pas cacher à Heaven d’où elle vient. Elle cherchera. Elle trouvera. Et quand elle aura trouvé, elle te détruira.

Parce que a mes gênes. Et que ça sera ainsi.

Mais avant d’en arriver là, il faudra que Reed me tue. Mais à ça Ricci répliqua que personne n’était infaillible. Je le regardai un peu de haut.

-Il y a en quand même qui meurent plus vite que d’autres.

Et je ne mourrais pas vite.

Mais Reed ne voulait pas en arriver là. Il tenait à son deal. Il tenait à protéger sa famille. Alors je soulignais que ce qu’il voulait c’était simplement pouvoir jouer sans se faire mal.

Mais il réfuta cette supposition de ma part. Pourquoi ? Parce qu’il me confessa tenir à ses Los Diablos. Il connaissait leurs noms. Celui de Paco qui avait été tué pas un Los Soldados avant que je n’en prenne les rennes. Celui d’Hernan tué le même soir par le même type. Et celui de Camilo à qui j’avais mis une balle dans la tête parce qu’il le méritait ! Reed m’avouait qu’il devait faire un choix. Parce que Reed avait définitivement bien plus de faiblesse quoi moi et il m’en faisait la confession oralement.

Il avait choisi de me confesse ça pour appuyer sur le fait qu’il n’était pas comme moi.

Parce qu’il refusait de croire qu’il l’était. Il refusait d’accepter cette part de lui que j’essayais de mettre en lumière.

C’est ça qui le fera perdre. Et c’est ça qui me rendit satisfait au point que je conclus, par moi-même, que j’avais gagné aujourd’hui.

Il croyait en ses Los Diablos. Il les croyait plus fort que mes mercenaires. Peut-être… Mais je savais, désormais, qu’à chaque fois qu’un Los Diablos tombera, Reed aura mal.

Ça n’en était que plus satisfaisant.

Quant à Ricci, il ne fit qu’appuyer les dires de Jim. Ils s’efforçaient tout les deux de se croire différent de moi. Pour ça, Ricci mis en avant le fait que j’avais tué deux enfants. Je crois qu’il parlait des enfants d’Alice. Je penchai la tête sur le côté.

-C’était des témoins.

Ils avaient été témoins parce que je l’avais décidé.

Je revins, ensuite, à Reed. Reed qui venait de me montrer une de ses faiblesses qui, de son point de vue, était certainement une force. Sauf qu’il y avait un hic… Il hic qui prouvait que, malgré cette magnifique déclaration d’amour envers ses Los Diablos, il se voulait tout de même la face.

-Si tu en avais réellement quelque chose à foutre d’eux, Reed, tu aurais trouvé un boulot à tous ces malheureux Los Diablos et tu aurais démantelé le gang. Tu aurais trouvé une famille à tous ces orphelins et ils auraient pu faire autre chose que de devenir des potentiels dealers. Tu t’es attaché à eux parce que c’est ton seul moyen de continuer à te voiler la face. Parce qu’en te disant que tu les aide à survivre et que tu le fais avec toutes la bienveillance du monde est une façon de te cacher la vérité à toi-même. Et la vérité c’est que tu utilises tous ces gens pour ton bon plaisir. Parce que jouer les chefs de gang te plait. Jouer au pseudo Dieu de tout ce petit monde te plait. Tu aime ça Reed autant que j’aime tuer. A la différence, c’est que j’assume totalement être un tueur. Toi tu n’assumer pas ton passe-temps de chef de gang. Un passe-temps dont tu pourrais facilement te passer.

J’achevai mon whisky avant de planter, à nouveau, mon regard dans celui de Reed.

-Mais si tu les aimes vraiment alors c’est tout bénéfice pour moi. Je saurais maintenant que chacun de mes coups à l’un de tes Los Diablos te fera mal. Et tout ce que tu pourras faire en retour c’est de tuer mes New Soldados. Sauf que, moi, ça ne me fera ni chaud, ni froid.

Ceci étant dit, je tendis la main vers Reed. J’avais eu ce que je voulais. Même plus que ce que je voulais.

-J’accepte le deal. J’épargnerais ta famille et celle de Ricci. Tu épargnes Sky et Heaven. Ça implique aussi la Famille de Los Angeles. Je ne veux pas que leurs hommes viennent s’en prendre à ma femme et ma fille, c’est compris ? Par contre, nos gangs pourront s’entretuer autant qu’ils veulent. Ça te va ?

C’était ce qu’il voulait. Moi, j’avais aussi ce que je veux.

@ Billy Lighter

Daniele n’avait qu’une faible répartie face à Ward… On voyait bien que ça faisait longtemps que l’Italien n’avait pas joué à ce jeu-là… Peut-être que l’alcool y était aussi pour quelque chose, quoi que Ricci en dise… Mais je ne critiquai pas mon ami là-dessus. Nous devions former un bloc solide contre Ward.

Fort heureusement, c’était surtout à moi que s’intéressait Ward… un Ward qui pleurnichait que j’aurais pu le prendre comme second à la place d’Alonso… Un Ward qui pleurnichait parce que je l’avais rétrogradé.

-Je ne suis pas né pour te plaire, Ward. Mais pour faire tourner les Los Diablos.

Et après que je lui ai dit ce que je ferais s’il s’attaquait à ma famille, Ward me sortit cette fameuse phrase comme quoi personne ne pouvait cacher un secret à Los Angeles… J’avais l’impression que les gens se passaient le mot.

Et je soutenais mordicus que si, je le pouvais.

Ward, lui, voyait déjà sa fille découvrir sa filiation et me détruire, parce qu’elle aurait ses gènes. Je tirai sur ma cigarette et pris une gorgée de whisky…

-Mais tout ça n’arrivera pas, pas vrai… Parce que ça n’aura pas besoin d’arriver si tu t’en tiens à ne pas toucher à nos familles.

Et en plus, comme il le disait, en sous-titre, il ne mourrait pas vite.

J’avais conscience de l’adversaire que j’avais en face de moi. Et si j’étais bon en joute verbale, lui aussi… Mais cette joute verbale n’était que les prémices d’une guerre… je le sentais.

Et Daniele lui rappela que nous n’étions pas comme lui. Parce que Ward avait tué de sang-froid deux enfants de 5 et 7 ans…

Et Ward de se défendre en disant que c’étaient des témoins.

-Ou de futurs vengeurs.

Tout comme sa fille si jamais je l’élevais parmi les Los Diablos, tout du moins était-ce ce qu’il croyait.

Pour protéger ma famille, je fus obligé de dévoiler une autre faiblesse… je tenais à mes Los Diablos, à ma façon… Même si la plupart d’entre eux ne me connaissaient que comme étant le directeur de BSC, moi, je les connaissais tous, en majorité via Alonso.

Et là, Ward se lança dans un grand discours sans jamais quitter mon regard du sien. Un regard que je soutins.

-Je ne joue pas les pseudos dieu avec les Los Diablos, Ward. Je suis leur Dieu.

Mais là où il avait raison, c’était que chaque fois qu’il toucherait un Los Diablos, j’en souffrirais. Mais mieux valait eux que Maritza, J.R. et Livia.

Parce qu’eux connaissaient les risques, parce qu’eux savaient se défendre.

Ward me tendit la main, répétant les termes du deal.

Et je serrai sa main, cigarette entre les lèvres.

-Ça me va.

L’heure était venue de mettre L.A. à feu et à sang.

@ Billy Lighter

Fleming était quelqu’un de sûr de lui – un peu trop peut-être. Seulement, j’étais quand même soulagé quand il avait fini par se dire qu’il valait mieux foutre la paix à nos familles et ne rien risquer pour la sienne que de jouer avec le feu. Parce qu’il avait tâté le terrain pour le faire. Heureusement que Jim avait de la suite dans les idées. Bien que Ward soutenait que l’idée de Jim était un incommensurable erreur. Il était vrai que de faire grandir une petite Fleming dans ses rangs n’avait rien de très safe. Surtout que – avant toute chose – il fallait tuer Ward et celui-ci semblait parfaitement au courant qu’il était difficile à tuer. Il y tenais à sa chance de cafard.

-Oui, ceux qui meurent moins vite que d’autres sont souvent des cafards, dis-je en soutenant son regard.

Seulement, nous n’allons pas en arriver au pire des scénarios. Jim l’avait bien compris et moi aussi. C’était un soulagement pour moi. Le reste – leur guerre de gang – c’était leur affaire pas la mienne. Car, pour moi, ceux qui rejoignaient les gangs l’avaient fait par choix – quoi que tout le monde en pense.

Et quoi que Ward en pense aussi, nous n’étions pas comme lui. Lui, c’était un tueur d’enfant ! Je savais Jim incapable de tuer un enfant. Seulement, Ward avait donné une justification au meurtre des enfants d’Alice en disant que c’était des témoins… Jim avait renchéri en disant que c’était aussi – potentiellement – des futures vengeurs.

-Ça n’en restait pas moins des enfants, dis-je platement.

Et pour tuer un gosse même témoin de quelque chose, il fallait avoir un sérieux problème. Seulement, je crois que dans le cas de Fleming, il y a plus qu’un seul problème…

C’est après ça que Jim avait montré qu’il tenait à ses Los Diablos et que Fleming s’était laissé aller à un discours sans fin sur qui était réellement Jim. Moui – il n’avait pas tort pour les Los Diablos – mais les choses étaient plus complexe que ça. Seulement, loin de moi l’envie de donner de l’eau au moulin de Fleming.

Seulement, une chose était sûr… Fleming avait gagné plus que Jim dans cette aventure. Ses Los Diablos allaient souffrir – ça ne laissait aucun doute… Il faudra que je trouve un moyen de convaincre Quinn de changer définitivement de métier…

La conclusion de Jim au speech de Fleming ? Il était le Dieu des Los Diablos – point à la ligne. Je n’avais rien dit parce que j’imaginais qu’il y avait une grand part de vérité dans la chose.

Après ça, les deux hommes s’étaient serrés la main pour que le deal soit scellé ! Mamma mia – j’ai cru qu’on y arriverait jamais et qu’on devait encore se taper trois heures des speech interminable de ce Ward Fleming !

Leur guerre était lancée quant à moi, j’avais la paix – désormais !

@ Billy Lighter