Lors d’une de mes conversations avec Axel Moriarty, ce n’était pas tombé dans l’oreille d’un sourd qu’il faisait garder ses enfants par nulle autre que la femme de mon pire ennemi. « Faisait » au passé, car depuis sa rencontre avec le père de Ward Fleming qu’il soupçonnait d’avoir mis le feu à sa villa, Dieu savait comment, depuis Saint Quentin, il n’avait plus rappelé la jeune femme.

Mais j’avais besoin d’une soirée. De quelques minutes seulement en fait… Mais d’une soirée pour que ça sonne crédible aux oreilles de Sky Fleming que j’avais déjà sauvée une fois en lui envoyant le Dr. Floyd après qu’elle ait été blessée par balle.

Et comment est-ce que Ward me remerciait ?

En tuant des gamines.

Cela devait cesser. J’avais dit « oui » à la guerre des gangs mais Leandra était trop jeune pour faire partie du gang. Ward aurait pu se contenter de Bruno et Graziella et Leandra serait devenue une Pequeñas Manos tandis que Lina serait devenue une Los Diablos avec une soif intarissable de vengeance.

Mais Ward était allé trop loin.

Alors j’avais fait l’amour à Maritza comme si c’était la dernière fois et j’avais fait une prière au-dessus du lit de mon fils. Au cas où je ne reviendrais pas.

Puis je m’étais rendu à l’adresse indiquée par Alonso.

De mes jeunes années à traîner avec les Los Diablos, j’avais appris de Delfino Alvarez comment crocheter les serrures. Je n’avais pas vu la voiture de Fleming dans la rue et si Axel avait bel et bien fait ce que je voulais, l’appartement était actuellement vide.

J’entrai sans peine et refermai à clé derrière moi, pour ne pas mettre la puce à l’oreille de Ward tout de suite.

Puis je m’étais installé dans son salon, flingue dans une main, cigarette dans l’autre. Dans le noir. Comme ça, Fleming ne me découvrirait qu’au dernier moment.

J’avais pris près de moi quelques photos du bébé de Fleming. La petite rescapée s’appelait Heaven. Elle était le parfait mélange de son père et de sa mère… En espérant qu’elle n’hérite pas de la propension à tuer de son père.

Soudain, la lumière s’alluma… Et je fis face, assis, les jambes croisée et mon pistolet posé sur ma cuisse, visant Ward Fleming.

-Bonsoir Ward… Pardonne-moi cette intrusion mais tu es allé trop loin.

Je lui souris.

-Ta femme et ta fille vont bien, elles sont chez les Moriarty.

Je pris une voix très grave.

-Mais on ne peut pas en dire autant de la petite Leandra.

@ Billy Lighter

Une fois sorti de l’hôpital, je n’avais pas tardé à exécuté ma vengeance. Ça avait été bien plus simple que je ne l’aurais imaginé. La famille Gomez était rassemblée dans la même raison où j’avais pu faire un carnage… Si je me fichais complètement de Bruno et Graziella que j’avais exécuté d’une balle chacun, j’avais pris mon temps de bien torturer Lina à travers sa sœur.

Parce que je l’avais prévenu… J’avais prévenu que si elle tentait d’une façon ou d’une autre de me tuer, c’est sa sœur qui en pâtirait.

Sky dit que je tiens mes promesses. C’est une preuve, non ?

J’avais, donc, torturé la pauvre… Comment elle s’appelait, déjà ? Leandra ? Oui. C’est ça. J’avais torturé la pauvre Leandra devant sa sœur avant de lui proposer d’abréger ses souffrance en tirant elle-même la balle fatale. Elle l’avait fait non sans pleurnicher comme une petite gamine. Après qu’elle eut terminé, j’avais vu, dans son regard, qu’elle était dévasté. C’est ça que je voulais voir. Et je l’avais vu. Exactement la même expression que j’avais vu dans les yeux d’Alice quand j’ai eu exécuté son fils ainé.

Ces deux femmes avaient essayé d’en finir avec moi. Elles l’avaient payés. C’est comme ça.

J’avais, ensuite, déposé le cadavre de Leandra dans un ancien entrepôt des Los Diablos sachant très bien que les plus jeunes membres du gangs s’y retrouvaient parfois pour boire des bières. C’était un message qui disait que c’est ce qui arrivait quand on s’attaquait à moi. Les Los Diablos avaient mis ma tête à prix ? Je me vengeais à ma manière.

Et je devais avouer que ce petit carnage m’avait rendu le sourire. J’étais particulièrement de bonne humeur au QG aujourd’hui tout comme les quelques jours précédents. J’avais eu de nouvelles recrues et les ventes s’étaient bien passées la nuit dernières. Que demander de plus ?

J’étais, donc, revenu assez tôt pour profiter de Sky. C’était la meilleure façon de finir une journée et je savais que ça allait certainement faire plaisir à Sky de me voir arriver vers 21h30 au lieu de 1h du matin…

Je m’étais, donc, rendu chez moi tellement sûr de moi et de bonne humeur que je n’avais pas remarqué que la voiture de Sky n’était pas près de notre immeuble.

J’avais pris l’ascenseur jusqu’à mon étage et j’avais déverrouiller la porte…

C’est là que je vis qu’il y avait quelque chose de louche… Sky était partie pour une garde ? Déjà au lit ? Parce que les lumières étaient éteinte…

Et j’allumai la lumière une fois au salon et je vis directement que Jimmy Reed en personne était dans mon salon. Je me figeai ne m’attendant pas à ça… Ça dura quelques petites secondes avant que je ne penche légèrement la tête sur le côté remarquant que Reed me visait avec son flingue.

Qu’est-ce qu’il foutait là ?

C’était la question… Mais s’il n’avait pas encore tiré, c’est qu’il voulait discuter. Reed adore discuter.

Il me salua disant que j’étais allé trop loin. Je levai un sourcil.

-Bonsoir, Reed…

Il n’y avait pas une once de peur, ni dans mon regard, ni dans ma voix. Même si, je comprenais que ma position n’était pas idéal. Je jetai un bref regard autour de moi constant que ni Sky, ni Heaven n’était présente. Est-ce que l’idée qu’il ait pu s’en débarrasser m’avait traversé ? Non… Parce que j’avais un deal avec Reed.

Et il confirma que Sky et Heaven allaient bien et était, actuellement, chez les Moriarty. Comment savait-il ça ? La question était une mauvaise question en fait. Axel Moriarty était pro-BSC dans ses articles. C’était certain qu’il connaissait Jimmy Reed…

Je ne dis rien. Je fixai toujours Reed d’un regard sans émotion. Il me parla, ensuite, de Leandra.

J’esquissai un petit sourire avant d’avancer doucement pour prendre place dans un fauteuil quasi en face de Reed. Je n’avais pas sorti mon flingue. Je me disais que si je le faisais, Reed allait tirer pour se protéger.

Donc, je m’installai confortablement dans le fauteuil. Je pris alors une posture plus désinvolte.

-J’avoue. Belle mise en scène. Je n’y ai vu que du feu. Tu t’es appliqué.

Il s’était appliqué. Assez pour me surprendre et lui donner une position de force. Sans compter qu’il prenait ses aises, chez moi, en fumant alors que personne chez moi ne fumait.

-Et pour Leandra… Disons que j’avais prévenu Lina que si elle tentait de me tuer, je tuais sa sœur. Elle a quand même essayé. Donc… J’ai tué sa sœur. Je tiens mes promesses après tout.

Je penchai légèrement ma tête sur le côté reprenant un air plus sérieux.

-Je te l’avais dit. Quand tu as déclaré la guerre de gang pour sauvé ta famille, je t’avais dit que tu ne savais pas ce qu’était une guerre de gang. Une guerre, c’est sanglant. Il y a des victimes. Souvent des innocents. Il n’y a pas une guerre où seuls les soldats meurt. Cette une utopie, ça Jimmy.

Je ne l’appelais jamais Jimmy. Je l’appelais toujours Reed. Mais on était lié d’une certaine façon alors pourquoi je me priverais de l’appeler par son prénom ?

-Tu trouves que j’ai été trop loin ? Je trouve que c’est un peu hypocrite venant de l’homme qui a décimé une famille entière…

Oui parce que Jimmy Reed avait décimé la Casa Nuova. Innocents compris. Alors qu’il vienne pleurer à cause de la mort d’une gamine de 10 ans, ça me paraissait un peu fort.

@ Billy Lighter

Ward figea quand la lumière s’alluma dans le salon. Ça ne dura que quelques secondes, mais ça suffit à me faire sourire. Puis Ward se repris à pencha la tête sur le côté, un geste que j’imitai. Pas pour me foutre de sa gueule, mais bien parce que c’était un tique chez moi aussi. Même assis, je regardais mon interlocuteur la tête haute…

Et mon flingue rivé sur Ward était muni d’un silencieux… Je savais que peut-être, je devrais m’en servir.

J’avais envie de m’en servir, pour le faire souffrir comme il avait fait souffrir la petite Leandra.

Ward se tenait toujours debout au milieu de son salon quand il me salua.

Je lui parlai de Leandra, car c’était pour elle, pour sa famille et pour tous les enfants des Los Diablos que j’étais là.

Ward, prudemment, se déplaça pour aller s’asseoir à son tour et le canon de mon pistolet suivit sa trajectoire.

Ward me félicita pour mon entrée, disant qu’il n’y avait vu que du feu.

-Merci, mais je n’en suis pas à mon premier rodéo.

Une fois assis, il m’expliqua qu’il avait prévenu Lina qu’il tuerait sa sœur si elle tentait quoi que ce soit contre lui. Il tenait ses promesses, selon lui. Et c’était vrai, car plus jamais il n’avait tenté quoi que ce soit contre Maritza, J.R. ou Livia.

-Je sais… Mais ça ne fait pas de toi un homme d’honneur.

Je calai ma cigarette entre mes dents et pris l’un des cadres que j’avais posé près de moi et qui représentait la petite Heaven.

-Heaven… Elle porte bien son nom, quelle magnifique petite fille.

Ward pris un air sérieux en m’expliquant sa version des guerres de gangs.

-Non, Ward.

Je le regardai dans les yeux.

-J’ai vécu une guerre des gangs avec les South Panthers. On se vole de la marchandise, parfois des hommes tombent, on prend et perd du territoire.

Je tirai sur ma cigarette.

-Toi, ce que tu fais, c’est la même chose que ton père, de la boucherie.

Je le vrillai du regard.

-Malheureusement, le surnom « Boucher de Los Angeles » est déjà pris… Comment la presse te nommera-t-elle, le jour où tu te feras prendre ?

Je rigolai, comme si je venais de faire une bonne blague.

-Rassure-toi, ce n’est pas moi qui te vendrai.

Je reposai le cadre où la petite Heaven dormait à poings fermés.

Ward me disait hypocrite…

-Je n’ai torturé personne et tué que des adultes…

Je tiquai.

-Je ne supporte pas qu’on s’en prenne aux enfants, surtout de cette façon.

Je pris une voix très grave.

-Tu te comportes en sérial killer, pas en chef de gang. Et n’oublie jamais que les morts parlent. La terre finit par les vomir. Et ils parlent, Ward.

Je le vrillai du regard.

-Et je sais qu’un jour, même moi, je risque d’être trahi par ceux que j’ai tué.

@ Billy Lighter

C’est vrai. Je ne m’attendais pas du tout à trouver Jimmy Reed confortablement assis dans mon divan un flingue à la main. Et il dû le voir parce qu’un petit sourire s’afficha sur son visage une fois ma surprise passée.

Mais je repris rapidement contenance saluant Reed qui était ici à cause du carnage que j’avais fait. Apparemment que je fasse tuer ses petits Los Diablos ne le faisait pas descendre de Malibu mais s’en prendre aux enfants de ces mêmes Los Diablos était trop insoutenable pour le petit minet qu’il avait pris la peine de forger un plan afin de me prendre par surprise.

Et d’avoir l’avantage. Car je n’étais pas stupide. Avec son silencieux en main, il avait l’avantage sur la situation. Je n’avais pas le temps de sortir mon propre flingue sans que Reed flippe et ne tire. Alors, je m’étais simplement installer dans un fauteuil afin qu’il puisse poursuivre la conversation. Car il était ici pour causer. Si ça n’était pas le cas, il aurait déjà tiré.

Je l’avais complimenté pour son entrée. Je devais lui rendre ça qu’il avait bien réussi son coup. Je me rappelle avoir déjà fait le même coup à Samantha.

Il déclara que ce n’était pas son premier rodéo. J’esquissai un petit sourire en coin.

-Tu m’en dira tant…

Il fait des petites surprises comme ça à ses amis aussi ? Ou bien il a d’autres ennemis dont je n’ai pas connaissance ? Peu importe. A cet instant, tout ce qui comptais, c’était lui et moi.

J’expliquai ensuite que j’avais prévenu Lina qu’il arriverait un malheur si jamais elle osait ne serait-ce que tenter de me tuer. Elle l’avait fait et j’avais tenu ma promesse. Reed confirma que c’était bien mon genre mais n’était pas prêt à dire que j’étais un homme d’honneur. Qu’est-ce qu’un homme d’honneur très sincèrement ?

-Sincèrement, je me fiche de ton avis sur ma personne, Reed…

Il me haïssait. C’était clair qu’il n’allait pas m’accorder de bons qualificatifs.

Il prit alors une des photos qu’il avait à côté de lui. Il en avait rassemblé plusieurs… Toutes des photos qui représentaient Heaven. Certainement une façon pour lui de chercher à avoir l’avantage psychologique. Je le regardais, sans aucune émotion avant qu’il ne dise qu’Heaven portait bien son nom et qu’elle était magnifique.

Elle l’était.

-Normal, elle me ressemble comme deux gouttes d’eau.

Non. Elle ressemblait à Sky. Mais tout le monde disait qu’elle me ressemblait. Alors autant ramener les dires de Reed pour m’envoyer des fleurs.

Mais j’en revins à la guerre de gang expliquant à Reed que ce n’était pas censé être joli. Qu’il y avait toujours des morts même parmi les innocents. Mais Reed disait que j’avais tort. Que ce n’était pas ça une guerre de gang. Qu’il en avait vécu une avec les South Panthers. J’étais un Los Diablos à ce moment-là et si Reed trouvait que ça, c’était une guerre, alors il ne savait vraiment pas ce qu’était une guerre.

-De un… Tu n’as pas vécu la guerre contre les South Panthers… Tu la regardait depuis ta villa de Malibu. De deux, non, ce n’était pas une guerre, c’était l’état normal d’un gang. Voler des marchandises, prendre un peu de territoire, c’est ce que font les gangs en général. Je ne connais pas une ville où un seul gang à le monopole. Ça n’arrive jamais, Reed… Une guerre c’est quand un gang essaye de détruire l’autre quoi qu’il arrive. Et ça passe par autre chose que pas des vols de territoires et de marchandises. Tu as voulu la guerre pour sauvé ta famille, je te l’ai donné.

Et maintenant, il pleurait. Il disait que je ne respectais pas les règles, d’une certaine façon. Comme s’il y avait des règles dans une guerre. Non. Dans une guerre, il y a juste des morts… C’est tout.

Il disait que ce que je faisais, c’était de la boucherie en référence à mon père… Certainement une façon de me provoquer. Jimmy Reed savait que je méprisais mon père. Il savait que je n’aimais pas qu’on me ramène au niveau de Thomas Fleming. Et il y alla d’une petite touche d’humour qui me fit lever un sourcil quand il dit que le nom de Boucher de Los Angeles était déjà pris et que les gens devront m’en trouver un autre quand je me ferais prendre… J’allais répliqué mais il m’anticipa après avoir rit disant que ça ne sera pas lui qui me vendrait.

-Ça, je le sais… Parce que tu sais que si je me fais prendre, tu tomberas aussi. En fait, vous tomberez tous. Toi, Alonso, Quinn, Daniele Ricci et bien d’autres encore…

Il le savait. C’est pour ça qu’il ne m’avait pas encore donné.

-Quant à un surnom… Pourquoi m’en donnerait-il un alors que celui de Ward Fleming a déjà suffisamment de signification à lui tout seul ?

J’esquissai un sourire en disant ça alors que Jimmy Reed reposa la photo d’Heaven à côté de lui.

Je fis part ensuite à Reed de son hypocrisie. Parce qu’il était hypocrite. Il me reprochait la mort d’une famille alors qu’il avait lui-même massacré la Casa Nuova. Il répliqua alors n’avoir torturé personne et n’avoir tué que des adultes. Il ajouta qu’il ne supportait pas qu’on s’en prenne aux enfants.

Ah oui ?

Je penchai légèrement la tête sur le côté.

-Et qu’aurais-tu fait, alors, si, dans la maison des Conti, il y avait eu des enfants ? Ça aurait pu être le cas si Alice était arrivé à l’heure à leur dîner dominical. Qu’aurais-tu fait alors ? Tu aurais eu deux choix… Soit tué les deux gamins d’Alice qui, en passant, étaient encore plus jeune de Leandra… Soit les laisser en vie et, dans ce cas, ils auraient été témoins et ils t’auraient donné à la police… Alors ? Tu aurais fait quoi, Jimmy ? Cracher sur tes principes ou te faire avoir ?

Il n’aurait eu que ces deux choix là. Il le savait. Je le savais. Il ne pouvait pas vraiment se voiler la face.

Il disait que je me comportais en serial killer… Pas en chef de gang. Comme s’il y avait réellement une frontière claire entre les deux. Jimmy Reed n’a pas encore compris qu’en étant chef des Los Diablos, il provoque la mort des gens indirectement. Il était indirectement responsable de la mort de Leandra. Il avait mis ma tête à prix, Lina avait frappé, je m’étais venger. Reed est en partie responsable de l’enchainement des choses. Surtout qu’il sait clairement qui je suis et de quoi je suis capable.

Il déclara, ensuite, que les morts parlaient… Que la terre allait vomir ces mêmes morts. Il aime les belles phrases et les belles métaphores… De ça, je commençais à avoir l’habitude. Je penchai légèrement la tête sur le côté alors qu’il disait que un jour, il risquait aussi d’être trahi par ceux qu’il avait tué. J’aurais presque pitié, tiens…

-D’où la nécessité de bien nettoyer et de bien réfléchir avant de faire un carnage, Reed… Pour éviter justement que les morts parlent…

Chose qu’il n’avait pas fait avec la Casa Nuova. Il n’avait rien nettoyé du tout, là… Et c’est moi qu’il traitait de boucher ?

-Demande à Alonso… Demande dans quel état était la maison des Gomez après le carnage. Encore plus propre qu’avant. Ce qui n’était pas difficile. Visiblement, Graziella n’était pas douée pour faire le ménage… Quant à toi… Tu n’as pas tué beaucoup de gens directement… Une famille de mafieux et un sociopathe ? J’ai juste ? Tu n’as tué que ceux-là ?

Peut-être qu’il tuait en dehors de ses heures de travail aussi ? Qui sait ? Peut-être que Jimmy Reed était encore plus hypocrite qu’il ne semblait l’être… L’idée me fit sourire intérieurement.

Mais extérieurement je repris un air neutre.

-Mais où tu veux en venir, Jimmy ? Pourquoi tu es venu ici ? Pour montrer que tu peux venir me tuer quand tu veux ? Qu’est-ce que tu veux ?

Peut-être qu’il était venu me tuer… Tout simplement.

@ Billy Lighter

J’avais dit à Ward, très calmement, qu’il n’était pas un homme d’honneur. Mais le problème des types comme Ward, c’était qu’ils se foutaient de l’honneur, de la loyauté… j’avais même eu des échos comme quoi il tuait ses propres hommes quand ceux-ci faisaient quelque chose qui lui déplaisait.

-C’est pour ça que ton gang ne sera jamais soudé, Ward. C’est pour ça que je ne te voulais pas comme deuxième homme.

Je m’attardai ensuite sur une photo d’Heaven…

Et je rigolai quand Ward dit qu’elle lui ressemblait comme deux gouttes d’eau.

-C’est fou ce que tu te voiles la face, Ward… Elle ressemble à sa mère. Mais…

Je lui fis passer les cadres un par un.

-Une photo d’Heaven… Une photo de ton beau petit couple. Une autre photo d’Heaven… Une photo d’Heaven et Sky. Mais pas de photo de famille… Parce que tu ne sais pas ce que c’est que la famille.

Puis, Ward se lança dans une diatribe concernant la guerre des gangs. Nous n’en avions pas la même vision. Pas du tout. Il disait que dans une ville, aucun gang n’avait le monopole.

-D’où la guerre…

Je tirai sur ma cigarette.

-Je compte bien avoir le monopole de cette ville. J’y étais presque avant que tu ne restructure les Los Soldados pour en faire les New Soldados.

Je lui parlai de son père, les comparai. Je savais que Ward détestait ça… Puis, en rigolant, je me demandai quel surnom lui trouverait la presse quand il se ferait prendre. Et il ne manqua pas de me rappeler que s’il se faisait prendre, il nous vendrait tous.

Je repris mon sérieux.

-Oh je compte bien que la police te prenne… Mais tu ne sauras donner personne car quand ils te trouveront, tu seras déjà mort.

Et il ajouta que son nom suffisait déjà à faire trembler toute la ville.

-C’est vrai, on ne peut pas te retirer ça.

Puis il mit sur le tapis le massacre des Conti, me demandant ce que j’aurais fait s’il y avait eu des enfants présents sur place.

-J’ai une bonne étoile. Il n’y en avait pas. Et s’il y en avait eu, je les aurais contraints au silence, au risque que l’un d’eux parle quand même. Et ça aurait été la fin de mon règne, je l’admets.

Et je fis remarquer à Ward que ses propres morts pouvaient parler… Qu’un jour, la terre allait les recracher et que là, il ne pourrait plus se cacher. Car ce ne serait plus le L.A.P.D qu’il aurait au cul, mais carrément le FBI.

Certes, j’avais tué, mais beaucoup moins que lui.

Et Ward souligna alors la nécessité de bien nettoyer.

-Tu radotes, Ward. J’ai déjà eu droit à un cours de ta part sur la cruciale étape du nettoyage.

Et il se vanta d’avoir laissé la maison de Graziella très propre, même plus propre qu’avant.

-Trop propre, c’est suspect aussi.

Je hochai la tête puis tirai sur ma cigarette.

-Oui, je n’ai tué que ceux-là. Les Conti, et Yang. Tous coupables, aucun innocent.

Il me demanda finalement où je voulais en venir. Je me levai et m’approchai de lui pour lui tapoter l’épaule d’une main comme s’il s’agissait d’un vieil ami.

-Je suis juste venu te rappeler que je peux te tuer. J’aurais pu te tuer avant même que tu n’allumes la lumière.

Je marquai une pause avant d’ajouter :

-Au prochain faux pas de ta part, au prochain enfant torturé, je viendrai pour toi.

Je m’éloignai de lui pour me diriger vers la sortie.

@ Billy Lighter

J’avais dit me foutre complètement de ce que pensais Reed de ma personne, ce qui était vrai. Reed n’était pas un exemple d’être humain que je sache ? Donc, son avis n’avait aucun intérêt… Mais il y alla quand même de sa petite théorie que c’était parce que j’étais tel que je l’étais que mon gang ne sera jamais soudé. Je me fichais qu’il soit soudé ou non, finalement, tant que mes hommes étaient efficaces. Ce qui était le cas.

-Tu ne m’a pas voulu comme deuxième homme parce que tu aimes les moutons qui te lèche le cul, Reed… C’est tout.

Et j’étais loin de lui lécher le cul. Pourtant s’il y a bien une erreur qu’à fait Jimmy Reed dans sa carrière de chef de Los Diablos c’est de ne pas m’avoir respecté dés le départ. S’il m’avait laissé le droit d’avoir des missions intéressantes, je n’aurais jamais levé le petit doigt contre lui. Je n’aurais jamais été une menace pour lui. Mais il voulait un gang qui ne disposait pas Ward Fleming comme arme parce qu’il ne voulait pas froisser ses petites Los Diablos et leur faire peur… Jimmy Reed voulait être aimé. Pas craint. C’était un petit gamin en manque d’affection. Rien de plus.

Il complimenta, ensuite, ma fille… Et j’en profitai pour dire qu’elle me ressemblait ce qui faisait que son compliment me revenait. Mais Reed s’empressa de dire qu’Heaven ressemblait à Sky. C’était mon avis aussi mais j’étais sûr que Reed disait ça uniquement pour me contrarié. Je ne dis rien alors qu’il me passa les photos décrivant chaque fois qui il y avait sur le cliché tout ça pour m’envoyer que je ne savais pas ce qu’étais une famille. Je ricanai.

-Ah oui ? Et Jimmy Reed lui le sait ? C’est quoi une famille Reed ? Un père qui n’accepte sa fille que 17 ans après sa naissance après qu’elle soit venue frapper à sa porte ? Et encore… Même après ça, Livia a chier pour attirer ton attention. Je le sais… Elle me l’a dit. En faisant ce que tu as fais à Livia, tu n’a pas valu mieux que ton père… Mais les chiens font pas des chats… N’est-ce pas Reed ? C’est ça que tu penses, hein ? Et bien, tu n’échappes pas à cette règle.

Il pense que je ne vaux pas mieux que le mien alors j’allais me gêner de lui renvoyer la pareille.

Reed et moi voyions le monde différemment. On avait pas la même définition de la guerre de gang mais il était trop fier pour accepter que j’avais en partie raison. Il disait que le fait même que les Los Diablos n’avait pas le monopole faisait qu’il y avait une guerre… Non. Il y avait une guerre parce que Reed l’avait accepter pour sauver sa famille…

Il ajouta ensuite qu’il comptait bien finir par avoir le monopole… Que ça aurait été le cas si je n’avais pas restructurer les Los Soldados. Je penchai légèrement la tête sur le côté.

-L.A. déteste le vide, Jimmy. Même si tu viens à bout de mon gang, un autre arrivera. C’est comme ça. Les Los Diablos n’auront jamais le monopole.

Quant à moi, je ne voulais pas le monopole. Où serait le fun, sinon ?

On parla de mon père et du jour où je me ferais prendre. Je savais que Reed ne serait jamais responsable d’une fuite sur ma propre personne car il avait bien trop peur de me suivre sur l’échafaud. Mais quand il dit qu’il comptait que la police me prenne je levai un sourcil… Avant qu’il ne précise que la police me trouvera quand je serais mort et que, de ce fait, je ne saurais rien dire.

-Ça, c’est naïf… Même si tu me tues, la vérité sortira. Crois-moi. Tu ne seras jamais à l’abri. Que je sois mort ou vivant. En réalité, le mieux pour toi serait que je meurs de vieillesse ou que tu meurs avant.

Oui parce que j’avais un plan en cas d’assassinat. J’avais des hommes et ils savaient quoi faire si jamais le clan adverse arrivait à m’avoir.

Quant à un surnom, je n’en avais pas besoin. Mon nom qui était, d’ailleurs, un surnom faisait déjà suffisamment trembler la vie. Et là, Reed sembla être d’accord.

Puis, j’en vins au massacre de la Casa Nuova qui était là pour témoigné de la très grande hypocrisie de Jimmy Reed. Il y aurait pu avoir des enfants sur place… Alors ma question était de savoir ce que Reed aurait fait si jamais les enfants avaient été là. Il déclara avoir une bonne étoile ce qui me fit rouler des yeux. Je crus qu’il allait utilisé ça pour éluder ma question mais il finit par répondre qu’il aurait épargné les enfants et les auraient contraint à ne pas parler… Ils auraient parlé même si Jimmy Reed leur aurait lancé des billets de 100 dollars… Mais dans ce cas, il aurait assumé et se serait fait prendre.

Je levai un sourcil.

-Alors comme ça, Jimmy Reed se serait fait prendre aussi facilement que ça. Je pensais que tu étais plus à ma hauteur que ça. Je suis assez déçu, en fait.

J’avais, autrefois, pensé que Jimmy Reed était proche de moi. Qu’il était pareil sur bien des points. Mais à chacune de nos rencontres, je me rendais compte que ce n’était pas le cas. Jimmy Reed était bien un gamin qui jouait les chefs de gang et qui voulait le faire sans se brûler. Ce n’est pas le jeu qu’il aime… C’est le pouvoir. L’inverse de moi, en somme. Pas que je n’aimais pas le pouvoir… Mais ça ne me faisait pas tant d’effet que le jeu. Jimmy Reed, lui, n’aimait pas certains aspect du jeu mais adorait le pouvoir. Il se shootait à ça. La preuve il parlait de règne… Comme s’il était un roi. Le roi de Los Angeles…

Puis, il parla des morts qui parlent. Ironique venant du type qui, il y a quelques minutes mettait en avant qu’une fois mort, je ne pourrais pas le vendre. J’expliquai alors que le nettoyage était crucial dans le métier et il répliqua que je radotais parce que je lui avais déjà fait la morale là-dessus. Il ajouta que trop propre c’était suspect aussi.

-Beaucoup moins qu’un endroit remplis de sang et de corps… Et, si je radote, c’est parce que tu n’as pas nettoyé après que je t’ai fais la morale la dernière fois. J’ai dû le faire moi-même.

Je ne parlais pas du corps de Yang qui avait sans douté été nettoyé… Mais bien de la fille qu’avait libéré Reed.

Il avoua n’avoir tué que les Conti et Yang. En gros que des gens mauvais d’après les standards humains.

-Même les femmes des membres de la Casa Nuova ? Si c’est le cas, c’est comme si Maritza était responsable de toutes tes conneries. Si c’est comme ça que tu penses, ça veut dire qu’elle le méritait quand j’ai tiré dessus. Tu n’es pas le Punisher, Jimmy… Tu es juste un chef de gang qui a décidé de détruire la concurrence de façon radicale. C’est tout. Il n’y a rien de vertueux, là-dedans.

Mais tout cette conversation ne menais qu’à exposer nos différences ce qui était inutile. Reed et moi, on était pas ami et ça n’allait sans doute jamais changer. Alors, je voulais savoir pourquoi il voulait tant me voir… Il se leva, s’approcha de moi et tapota sur mon épaule disant qu’il était bien venu uniquement pour me montrer qu’il pouvait très bien me tuer. Je levai un sourcil alors qu’il me menaça ensuite. Ce que voulait Reed c’est que je ne torture plus les enfants. Je peux les tuer alors ? J’imaginais que non.

Il se dirigea, ensuite, vers la sortie. Je ne dis rien le laissant faire parce qu’il ne pouvait, de toute façon, pas sortir. Je verrouillais toujours la porte quand je sortais ou quand j’entrais. Je me levai à mon tour m’approchant de lui mais laissant une distance. Je n’avais pas sorti de flingue. Je ne comptais pas tuer Reed. Pas aujourd’hui.

-C’est verrouillé.

J’aurais pu rajouter « abruti » mais je me suis retenu.

-Tu es sur mon territoire, Reed. Ne crois pas pouvoir imposer toutes tes règles.

Je croisai les bras.

-Tu es venu simplement pour frimer… Je pensais que tu aurais quelque chose de plus intéressant à me dire que « t’as vus, je peux te tuer, Ward »… Tu es un acteur, Reed, pas un chef de gang.

Je sortis la clé de ma poche et la lui lançai.

-Et… Pour les enfants. Sache que je ne réplique uniquement que quand on me provoque. Alors, tiens tes gosses et il ne leur arrivera rien. Je n'en avais pas touché un seul avant que Lina ne s'amuse à jouer les héroïnes. Quant aux adultes. C’est la guerre. Des gens meurent. C’est comme ça.

Et après ça, je ne pus m’empêcher d’ajouter en l’imitant, tête levée et petit geste dédaigneux de la main.

-Tu peux t’en aller maintenant.

@ Billy Lighter

Ward m’en voulait toujours de ne pas l’avoir pris comme deuxième homme il y avait des lustres d’ici… Il disait que je n’aimais que les moutons qui me léchaient le cul.

-Non. Si j’aimais ça, tous les Los Diablos seraient au courant que je suis à leur tête. Hors, ce n’est pas le cas. J’ai assez de gens qui me lèchent le cul à la tour BSC.

Je regardais les photos. Il y en avait quelques-unes, toutes soigneusement encadrées… Mais sur aucune, Ward ne figurait en compagnie de sa femme et de sa fille. Seulement avec Sky. Une Sky que je supposais ne pas être son épouse, mais sa possession. J’étais prêt à parier qu’il tenait autant à Sky qu’à son flingue. Un objet, donc.

Mais il me renvoya ma propre expérience familiale dans la tronche, me parlant de Livia. Elle lui avait probablement raconté beaucoup de choses alors qu’elle était sa prisonnière. Je tiquai et rajustai la visée de mon pistolet sur lui.

-Le temps a passé. J’ai appris et apprends encore. Toi, tu es toujours le petit psychopathe de 1965.

Je marquai une pause… Ma cigarette était terminée et je n’avais pas de cendrier à disposition. Je pris donc doucement dans ma poche ma petite pochette en métal qui contenait mes cigarettes, y déposai mon mégot et en pris une autre que j’allumai.

-Tu n’imagines pas à quel point ma fille et moi sommes proches, désormais.

Quant aux gangs… Ward était persuadé que les Los Diablos n’auraient jamais le monopole. Que ça ne fonctionnait pas comme ça.

Je le regardai en biais.

-C’est un défi ?

Je pensais qu’en le tuant, ou qu’une fois qu’il mourrait peu importe comment, tout s’arrangerait. Mais apparemment, Ward avait tout prévu face à cette éventualité et s’il mourrait, la vérité sur mon propre gang éclaterait.

Je me mordis la lèvre inférieure puis tirai sur ma cigarette.

-Alors on va devoir se supporter longtemps.

Ward du alors me trouver hypocrite car il mit le massacre de la Casa Nuova sur la table… Il me demanda ce que j’aurais fait s’il y avait eu des enfants sur place. Et je lui répondis franchement. Je me serais fait prendre, plus que probablement. Sauf si j’avais fait assez peur aux enfants pour qu’ils gardent ma description pour eux.

Et Ward de dire que ça le décevait.

-Désolé de ne pas être à la hauteur de tes attentes. Mais je te l’ai toujours dit : je ne suis pas comme toi et je ne le serai jamais. Cela signera mon arrêt de mort ? Peut-être.

Je le regardai dans les yeux.

-Mais moi aussi, si je meurs, je ne risque pas seulement de chier dans mon froc. Au contraire, la merde va s’infiltrer partout… Et tu ne seras pas épargné.

Et en parlant de saleté, Ward me fit encore la leçon sur la nécessité de bien nettoyer après un carnage. Il disait que la dernière fois, il avait du faire le travail lui-même. Et j’ai bien vu dans ses yeux qu’il ne parlait pas de Yang.

-Tu as tué la fille.

Je serrai les dents et les poings.

Moi, je pensais n’avoir tué que des mauvais. Et Ward souligna que j’avais aussi tué les femmes de la Casa Nuova.

-Mon meilleur ami est Italien. Et j’en connais beaucoup sur leurs coutumes. Toi-même, tu as été traqué par Alice. Et chacune des femmes que j’aurais pu laisser en vie ce dimanche-là aurait été une menace potentielle pour moi. Car ce sont des vraies furies quand on s’en prend à leurs hommes. Elles ont une âme de tueuse.

Mais Samantha Mancini n’était pas venue pour moi. Car en la débarrassant du joug des Conti, je lui avais permis de reformer une nouvelle famille avec Daniele.

Je me levai ensuite et pris congé. Mais quand j’arrivai à la porte, celle-ci était verrouillée. Pas étonnant, Ward devait être constamment sur ses gardes.

Ward souligna alors que j’étais juste venu pour frimer, juste venu pour lui montrer que je pouvais le tuer.

Et c’était vrai.

Il me lança la clé que j’attrapai au vol. Quant aux enfants, il était vrai qu’il n’en avait touché aucun avant que Lina ne s’en mêle.

-Les adultes savent ce qu’il en coûte. Si l’un d’eux s’en prend à toi, n’étale pas ta vengeance à leur famille.

Je mis la clé dans la serrure et disparus derrière la porte.

@ Billy Lighter