Encore une fois ce soir, j’étais seule à la maison et j’attendais le retour de Ward qui m’avait promis une soirée en amoureux. Je ne cessais de me demander pourquoi je le croyais encore, il me faisait le coup presque qu’à chaque fois. Heaven s’était bien remise avec ses antibiotiques et dormait depuis deux bonnes heures alors que moi, dans un petit déshabillé en dentelle, j’attendais que Ward daigne enfin se pointer le bout du nez.

Ce fut Jordan Keller qui, au téléphone, m’expliqua pourquoi Ward n’était pas encore rentré à la maison. En fait, il semblait presque trop heureux de me dire que mon mari était hospitalisé. Le coup de fil ne dura pas longtemps, nous n’avions pas plus envie que ça lui comme moi d’entretenir la conversation et si je voulais me faire rassurer, ce n’était pas auprès de Jordan que j’allais trouver réconfort.

Je ne savais pas quoi penser, que faire, comment réagir. Je restais un long moment assise sur le divan du salon, la tête entre les jambes à me masser les tempes en me répétant que c’était un putain de cauchemar. Notre vie à Ward et moi n’était qu’un interminable cauchemar. Encore sous le choc, j’allais me changer et ensuite je sortis de l’appartement et je montais l’escalier et allais toquer à la porte de Sigurd. Ça allait devenir un véritable running gag mais j’avais un service à lui demander.

Heureusement qu’il était là et qu’il ne dormait pas encore. Et heureusement aussi qu’il était probablement l’homme le plus attentionné qui soit car il accepta de venir visionner son film sur mon divan pendant que j’allais au chevet de Ward. Je ne voulais pas réveiller Heaven et la trainer inutilement à l’hôpital. Sigurd aurait pu refuser vu ce qui s’était passé entre nous la dernière fois…

Ma virée à l’hôpital fut de courte durée. D’abord, des flics étaient dans le corridors de la chambre de Ward et quand je me rendis au poste de garde des infirmières, on m’expliqua que Ward était inconscient pour le moment mais que sa vie n’était pas en danger. Il était inutile que je reste plus longtemps à l’hôpital d’autant plus que l’infirmière me promit de me téléphoner dès que mon mari reprendrait conscience.

Je n’étais qu’à moitié rassurée mais comme Ward était inconscient, valait mieux que je rentre et libère Sigurd de son rôle de baby-sitter d’urgence. J’allais lui devoir beaucoup, à force et honnêtement, je commençais à me sentir très mal à l’aise vis-à-vis de lui d’en faire ma bouée de sauvetage. Ce n’était pas volontaire et ce n’était pas non plus de ma faute s’il était le seul en qui je pouvais avoir confiance.

- Est-ce qu’elle s’est réveillée ?, chuchotais-je en rentrant dans l’appartement après m’être taper le retour sous une pluie battante.  

En marchant sur mon talon droit du bout de mon pied gauche, je retirais mon premier soulier et je répétais l’opération en inversant mes pieds tout en balançant mes clés dans le fond de mon sac et en laissant tomber ce dernier sur le sol puis j’allais m’assoir sur le divan avec Sigurd. Ce même divan sur lequel il m’avait accompagné à boire des bière et sur lequel nous nous étions embrassés.

- De me rendre à l’hôpital n’a absolument rien donné. Ward est inconscient mais on m’a dit que sa vie n’était pas en danger. Je dois juste attendre qu’il se réveil et peut-être que j’en saurai plus à ce moment.

Je renversais la tête contre le divan derrière moi et remontais mes pieds sur l’assise pour tenir mes genoux contre ma poitrine. J’en avais marre de ce stress perpétuel, de toujours être aux aguets, de toujours craindre le pire. Je savais dans quoi je m’embarquais en épousant Ward mais avais-je le droit d’en être usée avec le temps ?

@ Billy Lighter

J’avais passé la journée au studio et j’étais rentré tard faisant des heures supplémentaires afin de mixer quelques dernières créations de The Warriors. Le groupe était très productif et travailler avec eux était devenu mon passe-temps favori. Quand ton travaille devient ton passe-temps c’était que tu as vraiment bien choisi ce que je veux faire.

Je ne regrettais vraiment pas d’avoir accepté l’offre de Samantha Ricci.

Surtout que bosser, c’était le meilleur moyen de resté focalisé sur le travail et ne pas penser à autre chose… Parce que quand j’étais seul mes pensées allaient directement à un seul et unique endroit : vers Sky. Je ne l’avais plus vue depuis qu’on s’était embrassé dans son appartement. Je me disais toujours que j’aurais dû brisé le baiser mais je n’en avais pas été capable… J’avais peur, maintenant, que ça nous éloigne plus qu’autre chose même si je pouvais vraiment comprendre le malaise… Le problème c’est que je n’arrivais pas à m’enlever Sky de la tête.

Et son image me revint en tête alors que je rentrai chez moi. Il était tard et, une fois entré, j’avais réchauffé des raviolis pour les manger. Ça n’avait rien de gastronomique mais c’était histoire de me remplir l'estomac après une journée bien remplie.

Je laissai trainer ma vaisselle jusqu’à demain parce que je n’avais pas du tout la motivation de le faire et quand je fus prêt à me mettre devant un film, j’entendis qu’on sonnait à la porte. Je me levai pour aller ouvrir et tomber justement sur celle qui accaparait toutes mes pensées.

Sky.

Elle avait besoin de moi. Son mari était à l’hôpital et il lui fallait quelqu’un pour surveiller le sommeil d’Heaven le temps qu’elle allait aux nouvelles. J’acceptai tout de suite sans avoir vraiment le temps de poser plus de questions sur ce qui avait conduit Ward à l’hôpital. Sky semblait fatiguée par cette nouvelle alors je ne voulais en rien la brusquée.

Je pris, donc, place dans le salon de Sky pendant qu’elle s’en était allé direction le Good Samaritan. Je décidai de prendra la liberté de mettre un film sans monter le son trop fort pour éviter de réveiller Heaven. Mais alors que le film défilai, je n’arrivais pas à penser à autre chose qu’à Sky et son mari me faisant des scénarios sur ce qui avait pu arriver.

Finalement, je n’ai pas eu le temps de regarder grand-chose parce que Sky est revenue assez vite. J’éteignis la télé alors qu’elle demanda si la petite s’était réveillée.

-Non. Elle n’a pas ouvert l’œil. Du moins, je n’ai rien entendu.

Sky enleva ses chaussures. Elle ne semblait pas réellement ébranlée ce qui me faisait dire que son mari n’allait pas si mal que ça… Elle vint, ensuite, me rejoindre sur le fauteuil m’expliquant qu’elle n’avait pas pu avoir beaucoup d’informations à part que Ward était hors de danger malgré qu’il soit toujours inconscient. Je la fixai alors qu’elle semblait exténuée… Ou exaspérée ? Difficile à dire.

-Et tu sais ce qu’il s’est passé ? Il s’est fait quoi ? Enfin… Si c’est pas indiscret, bien sûr… Il a eut un accident avec son camion ?

C’était le plus plausible vu l’heure tardive et le fait que ça ne se soit pas passé à la maison. Je fixai Sky.

-Tu a l’air crevée… Est-ce que…

J’hésitai…

-Est-ce que tu veux que je reste jusqu’à-ce qu’ils reprenne conscience ? Au cas où Heaven ne serait pas encore réveillée et que tu doives retourner à l’hôpital.

Je ne savais pas si c’était une bonne idée… Mais je ne pouvais pas laisser Sky seule alors qu’elle devait quand même s’en faire pour son mari.

@ Billy Lighter

Ward était hors de danger mais je n’avais pas pu le voir et je n’avais pas insisté vu les policiers qui gardaient sa porte. Il s’était fait attaquer et on le surveillait comme s’il était un criminel… En tous les cas j’étais certaine que pour ce qui était arrivé ce soir, il n’y était pour rien alors je ne comprenais pas l’acharnement des policiers.

J’étais donc rentré chez moi en ayant la certification de l’hôpital que la vie de mon mari n’était pas en danger et qu’on me téléphonerait dès qu’il y aurait du nouveau. J’aurais tout de même préféré le voir par moi-même mais c’était trop compliqué pour que je tente ne serait-ce que de me m’approcher de sa chambre.

Heaven ne s’était pas réveillée, je fus heureuse de l’apprendre. Elle allait vraiment mieux depuis l’autre soir où Sigurd m’avait conduite en urgence à l’hôpital et si elle ne s’était pas réveillée, cela voulait aussi dire que Sigurd n’avait pas eu besoin de la bercer ou de lui donner une bouteille de lait. J’étais partie rapidement en ne prenant pas le temps de lui expliquer comment je préparais son lait, où se trouvait les choses qui lui auraient été utiles. Et s’il avait dû fouiller… Il aurait pu trouver un tas de choses saufs les bonnes choses…

- Il s’est fait poignardé. Je ne sais pas ce qui s’est passé ni dans quel contexte.

Ça ne servait à rien de mentir parce que je sentais que l’information allait circuler et qu’à un moment où un autre, la vérité viendrait aux oreilles de Sigurd. Je soupirais en m’installant dans le divan, toute recroquevillée sur moi-même et la tête pleine de pensées qui allaient en tous les sens.

- Crevée c’est encore trop doux pour exprimer comment je me sens réellement.

Je me sentais confuse, perdue, effrayée, épuisée, frustrée, trahie, délaissée et je pouvais continuer longtemps comme ça. Je tournais la tête contre le coussin du divan pour regarder Sigurd qui proposait de rester avec moi jusqu’à ce que Ward reprenne conscience et j’esquissais un faible sourire avant de lui répondre qu’il prenait un risque avec sa proposition.

- S’il tombait dans un coma qui dire des mois, tu serais coincé avec ta proposition.

Il n’était cependant pas question de comma mais d’un état temporaire d’inconscience. Si ça se trouvait, Ward avait ouvert les yeux à peine avais-je quitté l’hôpital et ils étaient à lui passer des tests avant de me téléphoner.

- J’aimerais vraiment que tu restes, et j’aimerais vraiment qu’on reparle de l’autre soir.

Tant qu’à avoir ce gros éléphant blanc dans la pièce, aussi bien en discuter plutôt que de faire des détours malaisant chaque fois qu’on allait se revoir.

- Tu sais, je ne regrette pas de t’avoir embrassé. En fait, je regrette que ça n’ait pas été plus loin et je te dis ça au risque de passer pour une égoïste olympique vu ce qui se passe en ce moment.

Mais c’était la vérité et même si je voulais me mentir à moi-même, je ne pouvais pas nier ressentir quelque chose pour Sigurd.

@ Billy Lighter

Sky était revenue de sa visite à l’hôpital. Elle avait l’air plus exténuée qu’inquiète et ne tarda pas à venir me rejoindre sur le fauteuil. J’avais expliqué qu’Heaven ne s’était pas réveillée avant que Sky me dise qu’elle avait eu peu d’informations à l’hôpital. Tout ce qu’elle savait, c’était que son mari était hors de danger ce qui, déjà, était une plutôt bonne nouvelle.

Je demandai si elle savait ce qui était arrivé à Ward et elle répondit du tac au tac qu’il s’était fait poignardé mais qu’elle n’avait pas d’information sur le contexte. Ce n’était pas anodin de se faire poignarder même si ça arrivait dans une grande ville comme L.A.. Et quand on connaissait un peu l’historique de Ward Fleming et, bien, ce n’était pas tellement étonnant et ça même s’il semblait s’être rangé…

-Wow… Poignardé ? Carrément ?

Sky soupira et s’enfonça un peu plus dans le fauteuil. Je pouvais voir que ce qui était arrivé ce soir n’était qu’une goutte de trop. Elle n’était pas affolée, ni même triste, elle était plutôt blasée et un rien exaspérée. Elle expliqua, d’ailleurs, que « crevée » n’était pas un mot assez vaste que pour expliquer ce qu’elle ressentait. Je pris un air compatissant, ne sachant pas réellement quoi dire pour l’aider. Déjà la dernière fois que je l’avais vu, elle m’avait semblée exaspérée par sa vie… Au point même où on avait dérapé tous les deux.

Malgré ça, je ne comptais pas partir, ce soir, comme un voleur et risquer que Sky doive à nouveau grimper jusque chez moi pour venir à nouveau me chercher parce que son mari se serait réveillé. Alors, je proposai simplement de rester chez elle jusqu’à-ce qu’elle ait plus de nouvelles. C’était la moindre des choses, je trouvais. Je ne voulais pas laisser Sky seule avec ses problèmes surtout que si je partais, je savais que je n’arriverais pas à dormir parce qu’elle envahirait inévitablement mes pensées.

Elle déclara alors que si son mari tombait dans le coma, je serais coincé ici avec une telle proposition. Je souris pensant que ça ne m’aurait pas dérangé… Avant de me dire que je n’avais pas le droit de penser ça. Je dis alors :

-L’hôpital t’as dit qu’il était hors de danger. Je pense que son réveil ne va pas tarder.

Si ça tombe, on allait téléphoner à Sky dans même pas une heure. Je pouvais bien rester une heure. En fait, je pouvais rester autant qu’elle voulait.

-Et ça ne me dérange pas…

Sky avoua qu’elle voulait que je reste et qu’on reparle du dernier soir… Je ne m’attendais pas à ça mais j’imaginais que, oui, il valait mieux en reparler. Laisser ça en y revenir ferait que, inévitablement, en y repense à chaque fois. Alors, j’hochai simplement de la tête pour lui dire que j’étais prêt à en parler.

Elle disait ne pas regretter et je devais avouer ne pas m’attendre à ça… J’aurais imaginé qu’elle me dise qu’on aurait pas dû faire ça et qu’elle le regrettait. Mais c’était tout le contraire. Elle aurait voulu plus et se trouvait égoïste de penser ça alors que son mari est à l’hôpital. J’étais pris de court par rapport à sa déclaration qui venait de faire battre mon cœur plus vite.

Elle avait été franche… Je serais un idiot de ne pas faire de même…

-Je…

Je pris un inspiration avant de me lancer.

-Je ne pense plus qu’à toi depuis ce soir-là… J’arrive pas à penser à autre chose si bien que j’essaye de me réfugier dans mon job. Mais ce n’est pas assez. Quand je rentre, je pense à toi.

Il était clair que je ressentais quelque chose pour Sky. Et elle semblait aussi ressentir quelque chose pour moi. C’est ce que j’avais conclu de sa déclaration. Mais il y avait un gros hic…

-Mais tu es mariée… A Ward Fleming…

J’avais ajouté ça parce que, si je voulais bien croire Sky que son mari avait changé, je ne pouvais pas oublié la réputation de Ward et tout ce qu’il avait fait dans l’Eastside. Je ne pouvais pas oublié ce jour où il était venu chercher l’argent chez ma mère et où il l’a terrifiée. Si je voulais bien croire au changement de cet homme, je ne pouvais pas croire qu’il soit très gentil s’il apprenait que sa femme le trompait avec le voisin du dessus.

Je fixai Sky droit dans les yeux…

-Ça ne va pas, c’est ça… ? Dans votre couple…

Si tout allait, elle n’aurait pas envie de m’embrasser à nouveau. Si tout allait, elle serait encore à l’hôpital à attendre qu’il se réveille.

@ Billy Lighter

Je n’avais obtenu de l’infirmière de garde que très peu de détail concernant mon mari et donc je ne savais pas grand-chose si ce n’était que sa vie n’était pas en danger. J’étais donc retournée à la maison, là ou Sigurd m’attendait alors qu’encore une fois, il était venu à ma rescousse. Heureusement, Heaven ne s’était pas réveillée et il n’avait pas eu besoin de la rendormir. Depuis qu’elle avait été malade, il était devenu plus difficile de la mettre au lit, comme si elle se souvenait qu’elle avait eu de mauvaises nuits dernièrement. Puis, après m’être installée dans le même divan que lui, je lui donnais les seules nouvelles que j’avais et ça eu pour effet de le surprendre.

- Carrément… Oui…

À quoi bon lui mentir puisque les rumeurs voyageaient toujours plus vite qu’une envie de chier et que parce qu’il connaissait le passé de mon mari, il devait se douter qu’ils étaient quelques-uns à vouloir sa peau. Ça devenait d’ailleurs de plus en plus pesant au point où je craignais de plus en plus pour notre sécurité à Heaven et moi. La mort d’Eden était toujours le plus triste exemple que ce que je ressentais était vrai.

Pour le moment, je ne pouvais que rester avec mes songes et attendre le réveil de Ward pour en apprendre plus. Peut-être qu’il s’agissait d’un évènement isolé qui n’avait strictement rien à voir avec lui. Après tout, les journaux ne disaient-ils pas que le taux d’agression violente et gratuite augmentait de jour en jour et que cela inquiétait les forces de l’ordre ? Il se pouvait donc que mon mari ait été une statistique de plus de ce fléau. Cependant, j’avais du mal à y croire.

- Il va certainement se réveiller d’ici peu mais je crois que l’hôpital va attendre à demain avant de me prévenir.

Ward aurait certainement des tests à passer et puis il y avait la police…

Bref, je soupirais d’épuisement avant de répondre à Sigurd que je voulais bien qu’il reste avec moi. À vrai dire, j’en avais vraiment envie et puis il nous fallait absolument reparler de l’autre soir parce que ce qui était arrivé n’allait pas s’effacer tout simplement parce que nous faisions tous les efforts du monde pour ne pas en reparler.

Je ne regrettais pas du tout d’avoir embrassé Sigurd et même que je lui confiais que j’aurai s aimé prolonger le baiser, peut-être même plus qu’un baiser. Ce n’était pas un super timing pour commencer à regarder de l’autre côté de la clôture mais j’assumais ce que je ressentais, du moins, je l’assumais assez pour le confier à Sigurd mais pas assez pour être honnête avec Ward. De toute façon mon mari n’était pas capable de m’avouer ses propres incartades avec les filles du samedi soir ! Il avait beau me dire tout ce qu’il voulait, j’étais certaine qu’il avait eu des aventures et peut-être même qu’il avait une maitresse régulière. Une femme devine et ressent ce genre de chose !

Je regardais devant moi, un sourire timide et les joue teintée de rose pendant que Sigurd confiait à son tour ne penser qu’à moi depuis que l’on s’était embrassés. C’était bon de savoir qu’au moins, je n’étais pas la seule à avoir ressentit quelque chose ce soir-là. Si cette constatation avait suffi à m’emballer le cœur, le fait que de sois mariée à Ward Fleming comme le faisait remarquer Sigurd venait ombrager le tout.

- Oui… je suis mariée à Ward Fleming.

Je tournais la tête pour regarder Sigurd qui planta lui son regard dans le mien en quête de savoir si tout allait bien dans mon couple. Comment pouvais-je lui exposer ce que je ressentais sans dévoiler toute la vérité sur mon mari ?

- Disons que mon conte de fée n’en ai pas vraiment un et que mon prince charmant s’est lentement transformé en crapaud.

En ce cas, peut-être alors avais-je embrassé Sigurd pour voir s’il allait lui aussi passer de Prince à crapaud ?

- Si tu me poses des questions, je devrai te mentir et je n’ai pas envie de te mentir, pas à toi, tu comprends  ?  

@ Billy Lighter

Le mari de Sky s’était fait poignardé. C’est ce qu’elle venait de me dire… Je savais que L.A. n’était pas l’endroit le plus safe de la planète mais c’était quand même choquant d’entendre ça… Si je n’avais pas su que son mari était Ward Fleming et qu’il devait avoir un tas d’ennemis de son passé, j’aurais pu pensé que ça pourrait arrivé à n’importe lequel d’entre nous si c’était arrivé à un père de famille sans histoire. Sauf que le père de famille en question avait eu des histoires. Et pas des petites d’après ce que j’en savais.

Je déclarai que je pourrais rester avec Sky jusqu’à-ce que son mari se réveille. Elle avait dit que s’il se réveillait bientôt, l’hôpital attendra sûrement demain pour la prévenir. J’haussai des épaules. J’étais sûr qu’il risquait de la prévenir très vite uniquement pour la rassurer. Du moins, c’était mon avis.

-Ça ne me dérange pas de rester… Enfin… Si toi tu le veux.

Et elle le voulait. Elle voulait même plus que ça : elle voulait reparlé de la dernière fois, lorsqu’on s’était embrassé ici même… Je savais que ça ne servait à rien de fuir cette conversation. Mieux valait crever l’abcès que de faire l’autruche. Mais je ne m’attendais quand même pas à ce que son seul regret soit de ne pas avoir été plus loin. Moi qui avait peur que, justement, elle me dise qu’elle regrettait que je n’ai rien fait pour briser le baiser, c’était, en fait, tout l’inverse.

Et comme elle avait eu le courage de me confier ça malgré qu’elle soit mariée, je ne pus m’empêcher d’être franc avec elle aussi et d’expliquer que, depuis ce jour, je n’arrêtais pas de penser à elle. Et alors que j’avouai ça, je ne pu m’empêcher de regarder les expressions de Sky et de voir un léger sourire sur son visage. Je devais avouer que j’avais rarement vu Sky sourire… Mais il faut dire qu’on s’était toujours vu dans de drôles de circonstances et qu’aucun d’entre elles n’étaient réellement agréables.

Nos révélations dites, je mis en avant que d’aller plus loin était impossible parce qu’elle était marié… Et pas à n’importe qui. A Ward Fleming… Dont, justement, les frasques passées ne pouvaient être ignorées. Un homme qui a été violent peut le redevenir s’il se sent trahi.

Elle confirma qu’elle était marié à Ward Fleming et j’hochai de la tête… Avant d’avoir l’audace de demander si tout allait bien dans son couple. Je n’en avais vraiment pas l’impression. C’est pour ça que je posai la question.

Elle utilisa une métaphore pour m’expliquer que, en effet, son mariage n’était pas aussi beau qu’elle essayait de le montrer ou qu’elle l’aurait imaginé. Une métaphore qui m’amena bien des questions en tête mais elle me mis en garde disant que si je lui posais des questions, elle serait obligée de mentir.

Je levai un sourcil.

-Pourquoi… ?

C’était ma première question. Pourquoi serait-elle obligée de mentir ? Je ne pouvais m’empêcher de penser que ça avait à voir avec le passé de son mari… Et je soupirai, la fixant.

-Parce que Ward Fleming ne s’est pas transformé en père de famille non-violent et totalement attentionné, c’est ça ? Que les choses sont plus compliquée que ça, c’est bien ça ?

Je me doutais que ça pouvait être quelque chose comme ça. On parlait quand même d’un ex-Los Diablos dont la réputation effrayait même les autres Los Diablos et dont le père était un sérial killer… Je me doutais qu’on ne pouvait pas faire d’un loup un agneau en un claquement de doigt mais j’avais fait confiance à l’appréciation de Sky.

-Tu sais, Sky… Je viens de l’Eastside. Ma mère est une droguée notoire et ma sœur aussi. Je sais que la vie est parfois difficile. Mais si quelque chose ne va pas… Que tu es malheureuse ou, pire, que quelqu’un te fait du mal, il vaut mieux en parler… Sinon, tu vas t’enfoncer et je sais exactement ce que ça fait. Je l’ai vu sur ma mère.

Je la fixai.

-Tu n’es pas obligé de me mentir… Tu peux me faire confiance. Je ne dirais rien à personne. Mais si tu as envie de parler, tu peux…

Je soupirai.

-Et si tu ne veux pas, je respecterais ça aussi parce que…

Parce que je l’aimais, c’était évident.

-Parce que je t’aime et que je ne peux rien faire contre ça.

@ Billy Lighter

Je n’avais pas du tout envie de rester seule alors j’acceptais la proposition de Sigurd de rester avec moi le temps qu’il faudrait. C’était certainement le début d’un jeu dangereux dont j’ignorais le signal d’alarme. Sigurd me faisait du bien comme il y avait longtemps que Ward ne le faisait plus. Et comme si ce n’était déjà pas assez délicat comme situation, je voulais que nous reparlions de ce qui c’était passé l’autre soir. Nous avions échangé un baiser et depuis, ça nous hantait l’un comme l’autre.

J’étais physiquement et fort probablement sentimentalement attirée par Sigurd, je ne pouvais le nier à qui voulait l’entendre mais pas à moi-même. Là, il n’y avait aucune chance de me berner et c’était possiblement parce que mon conte de fée ne ressemblait plus à la romance qu’il avait été au début et que mon prince charmant n’en était plus un.

Je ne voulais pas mentir à Sigurd, il méritait mieux que ça mais la conversation nous engageait vers un terrain glissant. Évidement qu’il voulait savoir pourquoi j’avais dit ça et encore ne fois, je soupirais tout en cherchant comment expliquer ma situation conjugale dans lui mentir et sans lui dire la vérité.

- Ward n’est pas violent. Il n’est simplement pas impliqué ou il l’est que lorsqu’il sent que c’est nécessaire pour me faire plaisir.

Comme pour ses absences répétés et son humeur qui laissait a désiré qu’il camouflait difficilement quand je lui demandais de s’occuper de notre fille. J’avais voulu fonder une famille, j’avais désiré nos bébés et je me doutais que la charge me reviendrait mais je ne pensais cependant pas qu’il aurait en dédain notre fille… C’était l’impression de plus en plus forte qu’il me faisait ressentir.

Sigurd forçait peut-être trop la confidence en me parlant de sa mère et de ce qu’il savait de l’Eastside mais il ne pouvait même pas imaginer ce qu’était vraiment ma réalité. Je ne pouvais même pas l’aborder sans risque qu’il se prenne un jour où l’autre une balle dans la tête.

- Je te fais confiance mais toi, est-ce que tu me fais confiance ? Je t’en supplie, je ne peux pas tout te confier pas comme ça, pas ce soir.

Que je lui parle ou non, il allait respecter ma décision et ça me dit l’effet d’un poids de moins sur les épaules. Je pourrais prendre mon temps, voir jusqu’où je pouvais me confier bien que je me doutais déjà que je ne pourrais jamais tout lui dire. Mais au moins, il me faisait me sentir moins seule.

- Tu…

Il venait de m’avouer être amoureux de moi. Comment ça c’était produit ? Et quand ? Après l’autre soir ? À cause de nos baisers ? Je le regardais, surprise et muette avec pleins de pensées qui allaient et venaient en tous les sens dans ma tête et avant même que je comprenne ce qui se passais, je m’étais projeter sur lui pour l’embrasser jusqu’à en perdre le souffle, jusqu’à me retrouver allongée sur lui sur le divan du salon. Il n’était plus question de gros bon sens ou de retenue mais de sentiment refoulé et d’un besoin beaucoup trop grand de me sentir réconforter dans les bras d’un autre homme.

@ Billy Lighter

Sky cachait des choses et, en même temps, ne voulait pas me mentir. Son couple n’allait pas bien c’est ce qu’elle m’avait révélé. Ward, apparemment, n’était pas le prince charmant qu’elle avait cru marié.

Je ne pouvais pas cacher que j’avais envie de savoir. Mais je ne voulais pas non plus obligé Sky à tout me dire. C’était délicat et je fus quand même rassuré d’entendre que Ward n’était pas violent. Mais ce qu’elle lui reprochait, c’était de ne pas être impliqué. Et ça, moi-même j’avais pu le voir… Vu que je ne l’avais encore jamais croisé alors que Sky est toujours avec son bébé. En gros, Ward ne s’occupe de sa femme et de sa fille que pour faire plaisir à Sky.

Je soupirai.

-S’il n’est pas impliqué vis-à-vis du bébé, je comprends que tu te sentes bien seule.

J’essayais de lui dire que je pouvais être quelqu’un de confiance à qui elle pourrait dire son secret mais j’ajoutais que si elle ne voulait pas en parler alors ça m’allait aussi. Elle disait me faire confiance mais se demandait si c’était réciproque avant de me dire qu’elle n’était pas encore prête à tout me confier ce soir. Je souris.

-Je te fais confiance et… Tu me parleras quand tu en auras la force. Ou jamais. C’est comme tu veux.

Après quoi, je lui confiai être amoureux d’elle… Est-ce que j’avais été trop vite ? Etais-je vraiment amoureux ? Est-ce que mes mots ne s’étaient pas échappé de manière trop abrupte ? Certainement… J’avais l’habitude de parler trop vite et le visage de Sky se figea sur l’expression de la surprise.

Elle commença une phrase mais ne la fini pas. A la place, elle fondit sur moi pour m’embrasser. Je fus surpris sur le coup avant de me détendre et de profiter de baiser. On finit allongé sur le lit, Sky sur moi. Je me laissai faire… Je pris même certaines initiatives.

Si on avait été raisonnable, on aurait rien fait… Mais quand les sentiments sont impliqués, il n’était plus question d’être raisonnable.



J’entendis le son du téléphone à travers tout l’appartement. J’ouvris doucement les yeux sur le réveille. Il était 6h du matin… Je grommelai me rappelant parfaitement où j’étais. Dans le lit de Sky avec elle à mes côtés. J’étais torse nu. Sky n’était pas beaucoup plus vêtue et était collée à moi.

Je me rappelais parfaitement de la soirée… Et si j’avais l’impression que c’était mal, je n’arrivais pas à avoir de remords… En fait, si ! J’avais des remords de ne pas en avoir…

Je soupirai comprenant que le téléphone sonnait et s’ajouta très vite à ça les pleurs de la petite Heaven.

-Sky…

Elle se réveilla doucement et je me retournai vers elle. La sonnerie du téléphone s’arrêta mais pas les pleurs d’Heaven… A cette heure-ci, je ne voyais pas qui pourrait appeler qui que ce soit…

Enfin, sauf si c’était l’hôpital…

J’embrassai le front de Sky…

-Je crois qu’on essaye de te téléphoner… Peut-être l’hôpital. Si c’est eux, ils auront sûrement laissé un message où ils sonneront à nouveau…

Et, de fait, à peine on s’était redressé sur le lit que le téléphone sonna à nouveau.

-Je m’occupe de la petite. Comme ça tu pourras répondre au téléphone en paix.

Je lui souris me levant direction la chambre d’Heaven. Je la pris alors tout contre moi la berçant un peu. Elle avait sûrement besoin d’être changée et tout mais après l’avoir calmé un peu c’est tout de même vers le salon que je retournai.

@ Billy Lighter

Sigurd et moi avions franchis la limite et plus d’une fois en une nuit et évidement, nous avions fini au lit. Mon lit. Celui-là même que je partageais avec Ward. J’avais dormi paisiblement dans les bras de Sigurd, la tête complètement vide de toutes les pensées parasites qui m’accablaient depuis un moment. Mon cœur lui était léger et battait tout doucement, comme un ronronnement de bonheur.

J’étais si bien que j’eu du mal à me réveiller.

Je n’entendis pas le téléphone sonner.

Je n’entendis même pas ma fille pleurer dans son lit, réclamant son dû du matin.

Ce fut la voix de Sigurd qui me fit ouvrir les yeux, d’bord doucement puis, complètement quand je réalisais que nous étions le matin et que deux casseroles battaient des couverts. Je devais aller répondre au téléphone et lui, il irait s’occuper d’Heaven.

Pourquoi pas l’inverse ?

Parce que Sigurd n’était pas Ward et qu’il ne prenait pas la voie de la facilité… et parce qu’il ne pouvait pas répondre chez moi. Je n’aurais pas su quoi dire pour expliquer la présence de Sigurd chez moi si c’était Ward qui m’appeler pour me dire qu’il allait mieux et qu’il avait obtenu son congé.

Je m’enroulais donc dans un drap du lit et j’allais au salon prendre le combiné puisque le téléphone sonnait encore. D’une petite voix encore endormie, je répondis. Sigurd avait vu juste, il s’agissait bien de l’hôpital et ce qu’il avait à me dire était troublant. Assez pour que je m’assoie en écoutant attentivement les nouvelles de mon mari, avant de raccrocher et de réfléchir.

Sigurd arriva au même moment dans le salon, Heaven dans les bras. Elle n’avait pas l’air très contente, probablement qu’elle avait hâte d’être changée et nourrit mais elle ne pleurait plus.

- C’était l’hôpital… Ward est dans le coma…

Je ne savais pas comment réagir à cette nouvelle. J’étais triste et effrayée. Je ne voulais pas qu’il meurt, je l’aimais ! Malgré ce que j’avais fait cette nuit, je l’aimais et je ne voulais pas qu’il nous quitte. Il n’avait pas été question de ça, on avait été tout de même rassurant au téléphone mais ne m’avait-on pas dit la veille que sa vie n’était pas en danger ?

- Il a développé une infection dans le courant de la nuit et voilà… Il est dans le coma maintenant. Ils vont lui donner des antibiotiques par intraveineuse et tout faire pour faire tomber la fièvre.

En dedans de moi, je ne pouvais taire la petite voix qui disait qu’après tout ce que nous avions traversé, c’était impossible que ce soit une infection qui vienne à bout de l’imprenable Ward Fleming !

@ Billy Lighter