Depuis trois jours, nous ne dormions pas très bien à la maison. Heaven avait mal à ses dents et ça la rendait maussade et pleurnicharde. J’utilisais souvent l’huile de girofles pour lui masser les gencives et ça fonctionnait plutôt bien. Heaven s’endormait mais dès que l’effet s’estompait, elle se réveillait en pleurant, réclamait que nous la prenions pour faire les cent pas dans l’appartement. Ward ne m’aidait presque pas alors que la petite avait autant besoin de lui que de moi.

J’étais à bout de ressources et de sommeil.

Ward m’annonça après le souper pendant lequel je n’avais fait que promener notre fille d’un bout à l’autre de l’appartement pour la calmer, qu’il partait pour la soirée et que je ne devais pas l’attendre pour me coucher. Notre fille nous faisait la vie dur et lui, il quittait le navire pour faire je ne savais quoi avec je ne savais trop qui alors que j’avais cruellement besoin de sa présence ne serait-ce que pour prendre ma place le temps que je prenne une douche.

Je le fusillais du regard alors qu’il prit ses clés, son portefeuille et son flingue et qu’il quitta sans même m’embrasser. Quand il eu passé la porte, je replaçais la chaine de sécurité et je verrouillais les quatre différents verrous avant de soupirer de colère.

- Ça sent la fille du samedi soir !

J’eu droit à une accalmie, je cru même qu’Heaven était endormie pour sa nuit et je me permis donc de passer sous la douche. C’était salvateur ! L’eau chaude me détendit et je massais le fond de ma tête en me disant que je pourrais m’installer devant un film avant de réfléchir et de décider que d’aller directement au lit pour rattraper les heures de sommeils perdues ces dernières nuits était la chose la plus sage à faire.

Heureusement que les parents d’Axel Moriarty étaient de passage chez eux et que mes patrons m’avaient donné congé ! Autrement, je ne savais pas comment j’aurais fait pour passer au travers des derniers jours.

Heaven dormait toujours quand je sortis de la douche et j’enveloppais mes cheveux dans une serviette avant d’enfiler une culotte et un grand t-shirt. Mais avant d’aller dormir, je passais dans la chambre de ma fille au risque de la réveiller. Je voulais m’assurer qu’elle dormait bien. Je passais ma main sur son petit front et tout de suite je compris que quelque chose n’allait pas. Heaven était brûlante et sa respiration sifflante.

J’allumais et Heaven ne broncha même pas. Ses petites lèvres étaient sèches et j’aurais juré qu’elles étaient même légèrement bleutées.

- Heaven ! Heaven ?

Je la pris dans mes bras et la portais tout contre moi avant de me diriger vers le téléphone et j’appelais Ward à son QG. Il devait y être, c’est ce qu’il m’avait dit mais bien sûr, il ne répondit pas, personne ne le fit. Je courais en tous les sens dans l’appartement pour trouver de l’argent pour payer le taxi mais Ward ne m’avait rien laissé et si je ne pouvais pas appeler l’ambulance, mon mari serait furieux. Je devais trouver une meilleure solution et plus rapide.

- Maman sait quoi faire ma puce ! Tout ira bien !

Je ne réalisais même pas que j’étais à moitié vêtue alors que je déboulais dans le couloir et que je grimpais l’escalier pour me rendre à l’étage au-dessus, Heaven toujours dans mes bras, sa tête surélevée pour l’aider à respirer. Je frappais à la porte de l’appartement de Sigurd en espérant qu’il y était toujours. Je l’avais vu arriver, c’était vers l’heure du souper, alors que je marchais devant la vitrine de mon salon pour calmer les pleures de mon bébé. Il avait stationné sa voiture et je ne l’avais pas quitté du regard.

- SIGURD !!! OUVRE JE T’EN SUPPLIE !

Je tambourinais du poing contre sa porte et je ne prêtais même pas attention au voisin qui sortit pour m’ordonner de faire moins de bruit.

@ Billy Lighter

La journée au studio s’était bien passée. The Warriors avait sorti pas mal de bon trucs malgré l’humeur un peu taciturne de Finan. Il semblait surtout fatigué en fait alors tout le monde s’était dit que ça ira mieux demain. Ça n’a pas empêché le groupe, après tout, de sortie de bonnes choses.

Je m’éclatais depuis que j’avais décroché ce boulot. Finan était exigeant, c’est vrai. Parfois un peu chiant, c’est clair. Mais on finissait toujours par tomber d’accord autant avec lui qu’avec Tiff et Ivar. Ivar que j’appréciais particulièrement certainement parce qu’on avait le même âge et beaucoup de centre d’intérêts en commun. Puis, il était fun ! On savait s’amuser avec lui.

Après la journée, j’avais repris le chemin de chez moi pour aller souper. Je crevais de faim mais je n’avais pas la motivation de m’arrêter quelque part pour commander alors j’étais tout de suite rentré chez moi où m’attendait des pâtes qu’il ne suffiraient de réchauffer. Après ça, je me foutrais devant un film avant d’aller dormir…

Enfin, c’était sans compté sur ma mère, hein !

Une fois arrivé chez moi, le téléphone avait sonné. J’avais décroché tombant sur le voix inquiète de ma mère.

-Sig… Mon chéri… Est-ce que tu peux venir ? Alonso est passé tout à l’heure. Il n’était pas content du tout. Il me réclame quatre cents dollars. Je ne les ais pas… Est-ce que tu peux venir m’apporte quatre cents dollars ? Il les veut pour demain soir sinon…

Sa voix se brisa… Sinon quoi ? Ça faisait des années que ma mère payait ses dettes en retard et jamais les Los Diablos ne lui avait fait le moindre mal parce qu’ils savaient qu’elle finissait par payé. Enfin, que JE finissait par payer ou la convaincre de le faire. Alors je ne vois pas pourquoi il en serait autrement aujourd’hui… Bien que c’était la première fois qu’Alonso venait personnellement rappelé à ma mère ses dettes.

-Alonso ? Il n’a pas envoyé ton pote Carlos ?

Parce que Carlos et ma mère étaient comme cul et chemise, en général…

-Non… Alonso était là… Il était très énervé. Je ne l’ai jamais vu d’aussi mauvaise humeur. Tu sais, Sig, c’est un bon garçon… Mais il m’a fait peur.

Ouais, ouais ! Un bon garçon ! Un chef de gang, surtout ! Je soupirai passant ma main sur mon visage.

-Je passerais demain matin. J’apporterais l’argent, ok ?

D’un coup, son ton inquiet disparut me faisant roulé des yeux.

-D’accord ! Merci, mon chéri. A demain.

Elle raccrocha et je soupirai encore. Quand est-ce que cette histoire allait se terminé ? Quand est-ce que ma mère comprendra que la drogue ne la mènera nulle part ? J’avais tout essayé, rien n’y faisait. Elle retombait tout le temps dans ses travers et je savais que, si j’étais bien payé, quatre cents dollars d’un coup, ça faisait quand même mal à mon compte en banque !

J’essayai d’oublié les déboires de ma mère pour me préparer à manger avant de manger et d’aller me mettre dans le fauteuil. C’est alors que je zappai que j’entendis frapper vivement à la porte… Je levai un sourcil avant d’entendre crier après moi derrière la porte.

C’était Sky, la jeune mère de l’étage en dessous !

Je me levai d’un bond avant d’aller ouvrir la porte. Sky était là en pleine panique et en tenant contre elle son bébé. Les voisins se plaignaient, eux, de ses cris.

-Sky ? Qu’est-ce qu’il se passe ? Entre !

Je la fis entrer dans mon appartement avant de comprendre en voyant la petite respirer difficilement que le problème venait d’Heaven.

-Qu’est-ce qu’elle a ? Elle est malade ? Tu as appelé un médecin ? L’ambulance ? Ton mari, il est là ? Il travaille ?

Je parlai vite ma main sur le bras de Sky pour lui montrer que j’étais là. La petite avait les lèvres très légèrement bleutée et je passai une main sur son front remarquant que la gamine était brûlante.

-Il faut une ambulance!

Ou, au moins qu’on aille chez le médecin !

@ Billy Lighter

Je tambourinais intensément de mon poing contre la porte de Sigurd en ignorant les lamentation du voisin d’à côté qui trouvait que je faisais trop de bruit. Je n’en avais rien à foutre de lui, ma fille n’allait pas bien du tout et il était urgent qu’on aille voir un médecin. Sigurd prit une éternité avant d’ouvrir la porte, quelques secondes tout au plus mais paniquée comme j’étais, cela me sembla être de longues minutes.

- Elle pleure depuis trois jours et là je viens de la trouver comme ça. Elle a du mal à respirer, il faut que tu nous amène à l’hôpital !

La respiration d’Heaven était sifflante et ta poitrine contre la mienne, je pouvais ressentir l’effort qu’elle mettait à respirer. Il fallait rapidement qu’on se mette en route mais Sigurd avait tout un tas de question. Non je n’avais pas appelé l’ambulance parce que je ne pouvais pas risquer que les ambulanciers entrent chez moi et que ça donne un prétexte ensuite à la police de venir enquêter. Tout, absolument tout pouvait être un prétexte suffisant et Ward me le reprocherait, même si la vie de notre fille en dépendait.

Cependant, je pouvais faire en sorte que l’ambulance vienne et pas chez moi. Ou je pouvais trouver un moyen de transport tout aussi rapide… Si Sigurd cessait de poser trop de questions qui nous coûtait un temps précieux.

- Non je… j’ai paniqué ! On n’a pas l’assurance et je suis incapable de rejoindre mon mari.

En disant que nous n’avions pas l’assurance médical, peut-être que Sigurd comprendrait plus rapidement pourquoi je n’avais pas appelé la fichu ambulance. Toutes ces questions me tombaient sur les nerfs mais d’un autre côté, j’étais rassurée d’être avec lui parce que Ward nous aurait mises Heaven et moi dans le premier taxi passant en me rappelant pourquoi il ne pouvait pas traîner dans les couloirs d’un hôpital.

Sigurd passa sa main sur le front d’Heaven et je l’imitais alors qu’il s’exclama que nous devions l’amener chez le médecin. C’était exactement pourquoi j’avais tenté de défoncer sa porte à coups de poing !

- Tu peux nous y conduire ?  Avant que mon mari n’ai mon message et ne rentre, il sera peut-être trop tard !

Je ne savais pas ce qu’avait Heaven mais elle pleurait depuis trois jours avant d’éprouver ce soir des problème de respiration et de me faire une monté de fièvre fulgurante. Ça pouvait être qu’une petit virus récurent pour un bébé de con âge comme elle pouvait avoir attrapé une bactérie qui était entrain de la tuer à petit feu. Quoi qu’il ne soit, j’avais déjà perdu Eden, il était hors de question que je perde Heaven !

- S’il-te-plait !

Cette fois, je fondis en larmes tout en serrant un peu plus mon bébé contre moi. Elle avait les yeux vitreux et à moitié ouverts, je m’ennuyais de ses crises de larmes inconsolables ! Dans l’urgence, et certaine que Sigurd allait accepter, je tournais des talons pour redescendre chez moi prendre le sac de la petite ainsi que son maxi-cosy. Si mon voisin se dépêchait, nous pouvions être à l’hôpital en moins de cinq minutes.

@ Billy Lighter

J’avais ouvert la porte sur Sky qui, angoissée, s’inquiétait pour son bébé. Heaven respirait mal, ça s’entendait. Et Sky déclara que la petite pleurait depuis trois jours. Je n’y connaissais pas grand-chose en bébé mais il était clair que la petite avait besoin d’un médecin en urgence.

Mais je ne m’attendais pas à ce que Sky demande à ce que ça soit moi qui le conduise à l’hôpital. Je m’attendais à ce qu’elle appelle une ambulance parce que je pouvais conclure que son mari n’était pas là et que la jeune mère ne pouvait pas à la fois conduire et surveiller sa fille.

Mais au lieu de la rassurer en acceptant tout de suite, je posai plusieurs questions. En fait, j’étais pris de court par cette situation angoissante et Sky déclara qu’elle n’avait pas appelé l’ambulance parce qu’elle était paniquée et qu’elle n’avait pas d’assurance pour les frais et Dieu sait que l’ambulance, ça cause beaucoup de frais.

-Je comprends.  

C’est ce que je conclus avant de me rendre compte moi-même que la fille avait pas mal de fièvre. Je me mordis la lèvre. Pas d’ambulance. Il fallait que je les conduise à l’hôpital le plus proche tout de suite. Sky ne voulait en rien attendre que son mari ait le message avant de démarrer ce que je pouvais comprendre. Je savais que son mari était routier et que, donc, il ne devait pas avoir accès facile à un téléphone.

Sky se mit alors à pleurer me suppliant avant de filer sans que j’ai eu le temps d’accepter. Je pris alors mon portefeuille et mes clés avant de descendre rapidement pour retrouver Sky qui avait pris ses affaires afin de partir.

-On y va. On a pas de temps à perdre !

On fila jusqu’en bas sans prendre le temps de prendre l’ascenseur. On allait bien plus vite en dévalant les escaliers. La petite ne pleurait pas et ça semblait largement inquiéter Sky.

On arriva vite à ma voiture et une fois qu’on fut tous à l’intérieur, je démarrai en tombe. Tant pis pour les excès de vitesse. Si je me faisais arrêter, les flics comprendront l’urgence et nous aideront à atteindre l’hôpital rapidement. Hôpital qui n’était vraiment pas loin ce qui était un avantage.

-Ça va aller. On y est bientôt.

C’est ce que je disais toutes les minutes à peu près pour rassurer Sky qui était littéralement en panique. Et l’attente pris enfin fin quand on arriva à l’hôpital à l’entrée des urgences. Je sortis de la voiture en même temps que Sky et son courus vers l’entrée.

Je lançai à la première infirmière venue.

-C’est la petite. Elle a du mal à respirer. Il faut vite vous en occuper.

Je dis ça ma main derrière le dos de Sky pour lui apporter mon soutien. Sa fille allait mal, elle était seule sans son mari, elle était en totale détresse. Ce n’était pas vraiment le moment de me défiler. Ce n’était pas mon genre, non plus.

@ Billy Lighter

Sigurd posait trop de question pour l’urgence de la situation et toutes ses questions me demandaient beaucoup trop de réflexion vu combien j’étais paniquée. Néanmoins, je lui résumais la situation assez simplement en expliquant que notre assurance ne couvrirait pas les frais. Ça sembla satisfaire mon voisin du dessus qui disait comprendre.

Qu’il comprenne ou non, nous devions rapidement nous rendre à l’hôpital la plus proche. Heaven était brûlante de fièvre et sa respiration sifflante faisait sa minuscule poitrine forcer contre la mienne. Je pouvais sentir les tirement provenant d’en dessous de ses côtes, c’était terrifiant comme sensation.

Sigurd se décida enfin à partir alors je ne fis ni une ni deux et je regagnais mon appartement pour installer ma fille dans son maxi-cosy et ramasser son sac et le miens. On fila ensuite et je m’installais sur la banquette arrière avec Heaven alors que Sigurd démarrait sa voiture et fit route vers l’hôpital. Le trajet se fit en un rien de temps, j’en étais reconnaissante à mon voisin alors qu’en temps normal, je l’aurais invectivé d’avoir rouler si vite avec mon bébé à bord. Les perspectives changeaient selon l’évènement, de toute évidence.

C’est Sigurd qui, une fois à l’intérieur de l’hôpital, interpella une infirmière qui réagit rapidement à son appel.

Je relevais la tête de mes mains posées sur mes cuisses alors que Sigurd et moi attendions silencieusement dans une salle d’attente impersonnelle et bondée de gens qui toussaient, mouchaient, se plaignaient de la douleur.

- Est-ce que j’ai fermée la porte de chez moi avant de partir ?

Je regardais Sigurd pour la première fois en je ne savais pas combien de temps. J’étais resté silencieuse en me rongeant le cœur d’inquiétude. Je ne me souvenais pas avoir verrouillée la porte de la maison, je ne me souvenais même pas des enjambées pour nous rendre jusqu’à l’accueil de l’hôpital.  Je ne me souvenais pas non plus de Sigurd qui interpelait la première infirmière croisée pour lui dire que mon bébé parvenait difficilement à respirer.

Je ne revoyais que l’infirmière me prendre ma fille des bras pour l’amener avec elle alors qu’une autre me demandait de remplir le formulaire d’enregistrement. Mes mains tremblaient sur mes cuisses et je jetais un regard anxieux vers l’horloge de la salle d’attente.

- Ça fait combien de temps que nous attendons ?

Une heure, peut-être deux.
Peut-être même trois ?

Je croisais mes bras contre ma poitrine puis je penchais ma tête sur le côté pour l’appuyer contre l’épaule de Sigurd. Il y avait eu un moment où j’avais passé un coup de fil au QG de Ward et j’avais laissé un message à l’homme qui avait répondu. Ward m’avait dit que s’il ne répondait pas lui-même, le seul autorisé à le faire pouvait prendre le message mais que je devais être prudente tout de même. Alors j’avais demandé qu’on passe le message qu’Heaven était au Good Samaritan Hospital.

Mon mari était toujours aux abonnés absents.

- Tu n’es pas obligé de rester avec moi. Je te pourrie sa soirée.

Je regardais Sigurd tout en essuyant du revers de ma main, mon œil qui chauffait un peu après toutes ces larmes.

- Mais je t’avoue que je me sens mieux avec toi que seule.

Seule, j’aurais déjà dévissé deux ou trois têtes.

@ Billy Lighter

Tout s’était enchainé vite. On avait embarqué dans ma voiture, direction l’hôpital, et j’avais conduit vite afin de ne pas faire trainer les choses. Je savais que conduire aussi vite était dangereux mais la respiration d’Heaven était à ce point inquiétante que je ne pouvais pas prendre le risque de respecter toutes les limitations de vitesse.

Une fois à l’hôpital, j’interpellai une infirmière pour expliquer ce qu’il se passait et, très vite, Heaven fut retiré des bras de sa mère. Si l’image était déchirante, c’était, quelque part, pour le bien de la gamine qui allait pouvait, enfin, être prise en charge. Tout en même temps, ou presque, on interpella Sky pour qu’elle remplisse la fiche de renseignement. Je l’accompagnai apprenant, au passage, que la petite s’appelait Heaven Fleming.

Et vous savez la première chose que j’ai pensé ? Que ça sonnait bien…

Après quoi on fut amené dans la salle d’attente où d’autres personnes avec des symptômes moins graves attendaient, eux aussi, d’être pris en charge. Et Sky brisa alors le silence pour demander si elle avait bien fermé la porte de son appartement… Dans la précipitation, je n’avais pas du tout fait attention à ça… Alors, dans le but de la rassurer plus qu’autre chose je dis :

-Je pense que oui…

Après ça, l’attente commença… Une attente que Sky vivait dans l’angoisse et… Moi aussi, en fait. Je n’avais aucune envie qu’il arrive quoi que ce soit à la petite Heaven et plus on attendait sans avoir de nouvelle, plus je ressentais, moi-même, de l’angoisse. Sky ne me quitta qu’un moment pour aller téléphoner à son mari mais, apparemment et vu sa tête quand elle revint, elle n’avait réussi qu’à lui laisser un message. Je n’avais pas d’enfants… Mais si jamais j’en avais et qu’on me disait que l’un d’entre eux était à l’hôpital, je foncerais là-bas sans me poser de questions.

Peut-être que ça sera le cas du mari de Sky quand il recevra le message.

Après ça, l’attente continua jusqu’à-ce que Sky demande depuis combien de temps on attendait… Je levai les yeux vers l’horloge… Avant de soupirer…

-Heu… Deux heures quart à peu près… Je crois…

Je ne savais pas précisément quand on était arrivé ici…

Sky posa alors sa tête sur mon épaule. Je n’osais pas imaginer tous les films qu’elle devait se faire dans sa tête à cet instant précis. Surtout qu’on avait pas encore eu de nouvelle de la petite.

C’est là que Sky déclara que je n’étais pas obligé de rester avec elle… Elle s’en voulait de pourrir ma soirée mais le fait était que partir n’avait même pas traversé l’esprit. Pour moi, c’était normal de rester à ses côtés… Je n’avais aucune envie de la laisser seule ici…

D’ailleurs, elle était bien contente que je reste. Je posai, alors, sans m’en rendre compte, ma main sur la sienne après qu’elle ait sécher ses larmes.

-Je vais rester jusqu’à-ce que, au moins, ton mari arrive. S’il faut que je reste la nuit, je resterais. Je ne vais pas te laisser toute seule ici avec l’angoisse. Puis… Je suis inquiet pour Heaven aussi. J’arriverais pas à dormir sans savoir comment elle va.

Je continuai ensuite :

-Ton mari… Il travaille, je suppose ? J’imagine que dès qu’il aura le message, il viendra. Lui aussi il doit s’en faire pour sa fille.

En fait, le cas contraire ne me venait même pas à l’esprit.

-Je n’ai encore jamais réussi à le rencontrer, ton mari. Il vit vraiment en décalé. Routier, ça doit vraiment être éprouvant autant pour lui que pour toi et Heaven…

@ Billy Lighter

Dès qu’on posa le premier de nos orteils dans l’hôpital, Sigurd interpella une infirmière qui prit en charge ma fille alors qu’une autre voulait que je remplisse la fiche médicale. Était-ce si urgent de la remplir ? Je voulais être avec ma fille mais on m’expliqua qu’énervée comme j’étais, le mieux était que je laisse l’équipe médical faire son boulot et que je prenne le temps de me calmer. Je l’avais trucidé du regard et j’avais prit les papiers et le bic qu’elle m’avait tendu pour remplir les espaces sur la fiche avant de la lui rendre et d’aller m’installer avec Sigurd dans la salle d’attente.

L’heure avançait et je n’avais toujours pas de nouvelles de ma fille. En regardant les gens de la pièce, je comprenais pourquoi les gens malades étaient appelés des patients ! Il fallait de la patience avant d’être soigné ! Certains étaient ici depuis beaucoup plus longtemps que nous, c’est ce que j’entendais d’une oreille distraite.

- Manquerait plus que je me fasse cambrioler en mon absence. Je hais ma vie en ce moment !

C’est ce que je soufflais avant de me pencher vers l’avant, la tête entre mes mains et que je me massais les tempes pour essayer de faire diminuer le mal de crâne qui s’était joint à la fête. Je ne me redressais que pour me lever et aller tenter encore de rejoindre Ward, sans succès. Ça commençait à me rendre complètement cinglée de ne jamais réussir à le joindre quand c’était nécessaire. Je savais que toutes ses planques n’avaient pas le téléphone et qu’il ne pouvait pas non plus rester à côté de son appareil installé au bureau du QG mais n’y avait-il pas un seul de ses hommes dignes d confiance qui pouvait jouer le rôle de secrétaire ?

Les secondes me paraissaient être des heures, d’ailleurs, quand je demandais à Sigurd depuis combien de temps nous attentions, il me répondit qu’il croyait que nous étions là depuis environ deux heures.

- Je ne comprends pas pourquoi c’est si long ! Ça ne devrait pas être si long !

Quelque chose n’allait pas, je le sentais ! Et s’ils étaient entrain de s’acharner pour garder mon bébé en vie ? Je ne devais pas songer à ce genre de chose mais n’étant pas encore remise de la mort d’Eden, j’étais incapable de ne pas laisser cette pensé parasiter mon cerveau.

Heureusement que Sigurd était là, parce que si j’avais été seule, j’aurais probablement déjà perdue patience. J’avais posé ma tête contre son épaule et esquissais un petit sourire quand il affirma qu’il resterait là jusqu’à ce que mon mari arrive et même, toute la nuit s’il le fallait parce qu’il s’en faisait pour Heaven qu’il connaissait à peine alors que Ward avait préféré sortir bien qu’il savait qu’elle n’était pas en super forme et que j’étais crevé. J’avais besoin de son support et au lieu de lui, c’était Sigurd, un nouveau voisin que je ne connaisse qu’à peine qui était là à me soutenir.

- Il était trop content de foutre le camp ce soir, et de me laisser seule avec notre fille. Ç fait trois jours qu’elle pleure sans arrêt et c’est à peine s’il a levé le petit doigt le temps que je me douche, pour prendre soin d’elle !

Je me mordis l’intérieure de la joue en fermant les yeux quand je réalisais ce que je venais de dire. Je le pensais, en totalité, mais Sigurd ne devait pas entendre ça. Personne ne le devait parce que je m’évertuais à faire passer Ward pour le père de l’année pour obtenir la garde de Grant et me voilà entrain de l’enfoncer.

- Je suis épuisée, pardon. Je ne sais plus ce que je dis et c’est injuste… Il doit travailler pour nous faire vivre.

Je me redressais sur ma chaise bien que ma tête était lourde, puis je le regardais alors qu’il supposait que le métier de routier devait être difficile puis que mon mari semblait vivre décalé du fait que Sigurd ne l’avait pas encore rencontré. Et c’était mieux ainsi, mais ça, il ne le savait pas encore.

- C’est horrible pour une vie de famille harmonieuse je l’avoue mais faut bien travailler. Il n’est pas du genre à s’enfermer dans un bureau pour faire comme Monsieur et Madame tout le monde.

Je me levais en disant à Sigurd que j’avais besoin de bouger. J’allais aller faire pipi et j’irais nous chercher un gobelet d’eau de vaisselle qu’ils appelaient café, ici. Ça passerait un gros cinq minutes d’attente mais au moins, j’aurais eu l’impression que le temps passait un peu. Mais si j’avais su que l’infirmière viendrait pendant cette petite absence, je serais demeurée scotchée sur ma chaise inconfortable et dont le plastique déchargeait sa statique sur nous.

- Monsieur Fleming? Je vous rends votre petite Heaven, elle va bien. Le médecin vient de signer son congé. Elle n’a qu’un début de bronchiolite et elle aura des antibiotiques à prendre pour quelque jours, voici l’ordonnance. Vous pourrez rassurer votre épouse.

@ Billy Lighter

Mais j’avais quand même un job de journée… Enfin, pour l’instant. J’allais partir en tournée un jour et les horaires seront différent. Tout comme quand on fera des concerts. Mais routier, c’était des horaires encore pires…

Sky se leva alors car elle avait besoin de marcher un peu. J’hochai de la tête lui disant que je ne bougerais pas d’ici. Et il ne fallut pas trois minutes avant que l’infirmière ne vienne vers moi, Heaven dans ses bras. J’affichai un large sourire en me levant alors que la petite semblait aller bien.

Mais je pris un air surpris quand je me fis appeler « Monsieur Fleming ». Wow… Ok. L’infirmière me prenait pour le père de la petite et pour le mari de Sky. Et… Ça sonnait très bizarre. Parce que je connaissais un Fleming mais je le voyais mal être père de famille… Du coup, me faire appeler comme ça, c’était… Bizarre… Même si j’aurais sûrement l’occasion de mettre un visage un peu plus sympathique sur ce nom quand je rencontrerais le mari de Sky.

Du coup, je n’eus pas le temps d’expliquer que je n’étais pas le père d’Heaven que l’infirmière m’avait expliqué que l’état de la petite n’était pas aussi préoccupant qu’il n’y paraissait et qu’un traitement aux antibiotiques devrait venir à bout de sa bronchiolite.

Elle me tendit alors la petite et je la pris dans mes bras. Elle se blotti tout contre moi, visiblement fatiguée par cette soirée agitée.

-Heu… Oui, d’accord. J’ai tout bien compris. Merci à vous.

Elle me sourit et s’en alla vers une autre urgence après m’avoir laissé l’ordonnance pour les médicaments d’Heaven. C’est là que Sky arriva et je me tournai vers elle en souriant pour lui tendre son bébé.

-Voilà la petite. L’infirmière m’a dit qu’elle avait un début de bronchiolite. Elle aura juste des médicaments à prendre mais il ne faut pas s’alarmer. Heaven peut rentré à la maison.

Je rigolai ensuite.

-Elle m’a prit pour le père d’Heaven… J’ai même pas eu le temps de corrigé qu’elle est partie…

Je passai une main dans le dos de Sky.

-Tu vois… Tout rentre dans l’ordre. Je vais vous ramener.

On sortit alors de l’hôpital pour retourner dans ma voiture. On s’arrêta juste en chemin pour acheter les antibiotiques à une pharmacie de garde avant de retourner à notre immeuble. Sky devait être crevée après tout ça alors je pris son sac pendant qu’elle prenait Heaven pour le monter dans son appartement.

On y entra et je pus remarqué que c’était bien plus grand et avec un style bien différent que le mien. C’était assez gothique, en fait comme endroit. Je sifflai.

-Waw ! Pas étonnant qu’il y a un différence aussi grande de pris entre les appartements du premier et du deuxième étage et ceux des étages au-dessus. Le tiens est bien plus grand que le mien et j’adore la déco.

Je regardai autour de moi avant de voir des photos dans des cadres sur certains meubles. Il y en avait beaucoup d’Heaven… Mais j’en vis une de Sky avec…

Ward Fleming ?!!!

Je déglutis mais ne dit rien alors que je venais de comprendre… Sky Fleming était la femme de Ward Fleming. Je connaissais Fleming parce qu’il était Los Diablos et qu’il avait déjà été réclamé de l’argent à ma mère il y a des années d’ici. J’étais beaucoup plus jeune et je me rappelle encore des fois où il venait. Il était terrifiant comme sa réputation dans l’Eastside…

Je me raclai la gorge avant de me tourner vers Sky et d’essayer de sourire… Est-ce que Ward Fleming était devenu un père de famille modèle qui gagne sa vie en jouant les routiers ? Je n’en savais foutrement rien. Mais c’est ce que prétendait sa femme et j’avais du mal à ne pas croire Sky… Donc, je pris le parti de penser que, peut-être, le Fleming s’était rangé.

-J’imagine que ton mari ne va pas tarder… Enfin… Il faut peut-être lui dire qu’on est rentré de l’hôpital.

Oui, parce que Sky lui avait certainement dit qu’on était à l’hôpital, ce qui n’était plus le cas.

-Mais si tu veux, je peux rester jusqu’à-ce qu’il revienne. Au cas où…

Au cas où quoi, Sigurd ? Avoue que tu as envie de rester parce que tu apprécie la compagnie de Sky et que tu n’as pas envie de la laisser toute seule alors qu’elle vient de vivre pas mal de stress. Avoue que c’est pour ça. Je pris un air un peu gêné.

-Enfin… Peut-être que je devrais rentré. Je veux pas m’incruster…

Ouais, parce que ça pouvait être mal pris comme proposition.

@ Billy Lighter

Je ne tenais plus en place, je devais bouger même si je ne voulais pas trop m’éloigner. Je craignais qu’on vienne nous annoncer le pire lors que je me répétais qu’il arrivait souvent que les jeunes enfants aient des difficultés respiratoires a cause d’un rhume ou d’un début de grippe. Au nombre d’enfant que j’avais gardé dans ma vie, je devais bien le savoir mais quand il s’agissait de la mienne, la terre cessait de tourner, aussi simple que ça !

Je me levais tout de même et dis à Sigurd que j’allais aller à la toilette puis que je nous ramènerais du café. Ça allait faire s’écouler un gros cinq minutes de ma vie et qui sait si ensuite, on ne viendrait pas me donner des nouvelles de mon bébés.

Il flottait une odeur de mort dans la salle de bain de l’urgence et l’envie de pisser me passa avant même que je n’ose m’assoir sur la cuvette. C’était un truc à se prendre une septicémie ou pire encore. Je relevais m on chandail par-dessus mon nez pour respirer au moins au travers du tissus le temps de me laver les mains, puisque j’avais touché à la poignée de porte et qu’on savait très bien que la majorité des gens ne se lavaient jamais les mains après être allé se soulager et vu combien il y en avait qui toussait dans la salle d’attente, je préférais ne pas prendre de chance. Ensuite, je me dirigeais vers la machine à café mais en fouillant dans mon sac, je me rendis compte que je n’avais pas d’argent et je roulais des yeux avant de jurer et de donner un coup de pied dans la machine. Cela me valu un avertissement de la part du concierge qui, quand même, me proposa de me payer un café.

- Merci mais, non. Je crois que je suis assez énervée comme ça. C’est gentil d’avoir proposé.

Je retournais vers la salle d’attente et j’y vis Sigurd debout avec mon bébé dans les bras. Mon cœur s’emballa et je marchais plus vite et allongeais les bras pour la prendre et la couvrir de baisers.

- Oh, ma puce ! Maman est là maintenant !

Tout en couvrant ma fille de baisers et de caresses, j’écoutais Sigurd m’expliquer qu’Heaven avait un bête bronchiolite et qu’avec des antibiotiques, elle irait rapidement mieux. J’étais soulagée et heureuse de pouvoir enfin la tenir tout contre moi.

- Ah oui ? Ce n’est pas grave. Je doute qu’elle se souvienne de nous si on la recroise.

Ward n’avait pas besoin de savoir que Sigurd était passé pour le père d’Heaven et de toute façon, ça n’avait aucune importance. Tout ce qui comptait c’était qu’Heaven irait vite mieux et que nous pouvions rentrer à la maison.

Le trajet du retour se fit plus tranquillement et même, Sigurd eu la gentillesse d’arrêter à la pharmacie de garde pour que je puisse prendre les antibiotiques d’Heaven. J’avais promis de revenir le lendemain payer la note qui s’élevait quand même assez. C’était cher tout ça ! Ward allait râler, encore !

Une fois à la maison, mon bon samaritain s’était exclamé sur la différence entre mon appartement et le sien, disant qu’il comprenait mieux la différence de prix. J’avoue que l’immeuble était bizarrement fait mais tout était étrange ici alors nous n’étions pas à une anomalie près.

- Ouais, j’aime bien l’espace qu’on a ici. C’est grand et Heaven qui va bientôt commencer à se promener aura assez pour courir à défaut de pouvoir profiter d’un jardin.

Je m’excusais auprès de Sigurd le temps de donner sa première dose à Heaven, de la changer puis de la remettre au lit. Elle n’eut pas de problème à s’endormir après autant d’émotion et même, cela laissait croire qu’elle allait probablement dormir de longues heures. Ça ne lui ferait pas de tord que de rattraper un peu de sommeil ! Ensuite, j’allais à la cuisine et je pris deux bouteilles de bière et je rejoignis Sigurd qui m’attendait au salon et qui supposais que Ward n’allait pas tarder à rentrer.

- S’il a l’un de mes message, il passera par ici avant de se rendre à l’hôpital. Je le connais trop bien.

Il viendrait s’assurer que ce n’était pas un piège ou un truc dans le genre. Ou alors il viendrait simplement dormir en se disant que je finirais bien par rentrer d’une façon ou d’une autre. Je tendis sa bière à Sigurd qui proposait de rester en attenant que mon mari ne rentre, au cas-où mais il était hésitant. De toute évidence, il ne voulait pas s’imposer mais la bière que je lui offrais était la preuve que je n’avais pas envie qu’il parte tout de suite.

- C’est la moindre des choses, pour te remercier d’avoir jouer le taxi et perdu des heures de sa soirée à attendre à l’urgence avec moi.

Je trinquais avec lui puis je m’installais dans le divan, de manière à avoir dans mon champ de vision, l’entrée de l’appartement. Si Ward devait rentrer, il n’apprécierait pas de trouve run homme en ma compagnie, surtout dans notre appartement mais je m’en fichais ! Il m’avait laissé seule sachant que j’étais épuisée et que notre fille n’allait pas bien. Sa place, ce soir, avait été auprès de sa famille et il avait choisit son gang.

- Je ne sais pas ce que j’aurais fait sans toi. J’étais totalement paniquée et pourtant j’ai l’habitude avec les enfants. Je suis calme et méthodique et là, je ne savais plus réfléchir. De la voir comme ça m’a retourné le cerveau complètement.

J’avais posé ma main sur la sienne et l’avais serré en signe de reconnaissance puis je pris une gorgée de ma bière puis une autre. Elle était bonne et fraîche, elle se buvait sans effort tant et si bien que je la terminais rapidement et que j’allais m’en chercher une autre. J’avais vraiment besoin de décompresser.

@ Billy Lighter

Je m’étais retrouvé avec la petite Heaven dans les bras alors que l’infirmière m’avait pris pour son père. J’avais été surpris mais, en même temps, j’étais content d’apprendre que la petite n’avait rien de réellement grave et qu’elle pouvait rentrer à la maison.

Sky ne tarda pas à revenir et c’est toute heureuse et soulagé qu’elle pris sa fille dans ses bras pour la couvrir de baisers. Je souris en regardant la scène avant d’expliquer à Sky ce que l’infirmière m’avait dit avant d’ajouter, en rigolant, qu’elle m’avait pris pour le père d’Heaven. Mais, d’après Sky, ce n’était pas tellement grave étant donné qu’elle était certaine que l’infirmière ne se souviendrait pas de nous. Je rigolai.

-Tu as sûrement raison.

Après ça, on retourna chez Sky non sans passer par une pharmacie pour prendre tout ce dont Heaven avait besoin. Une fois arrivé, j’avais porté le sac de la petite jusqu’à l’appartement des Fleming et je découvris que l’appartement de Sky était plus grand que le mien. Elle appréciait l’espace disant que, quand sa fille se mettra à courir partout, ça pourrait pallier l’absence de jardin.

-C’est sûr qu’elle aura la place pour courir et jouer. C’est un bel appartement pour grandir.

C’était le juste milieu entre ce que j’avais eu. Quand j’étais petit je vivais dans une grande villa et dès que ma mère a récupérer la garde, j’ai vécu dans un petit appartement miteux. Ici, c’était grand mais pas trop et assez bien pour une petite famille comme celle de Sky.

Alors que Sky se mit à s’occuper d’Heaven, je pus attarder mon regard sur les photos pour constater que, en réalité, je connaissais bel et bien le mari de Sky. C’était, anciennement, un des gars les plus redouté de l’Eastside avant qu’il ne disparaisse… Et voilà que je le retrouvais père de famille au beau milieu de Downtown…

La vie était bizarre parfois.

Si ça m’avait un peu troublé, je tentai de reprendre pied disant que son mari allait peut-être aller à l’hôpital si jamais il recevait les messages de Sky mais elle était persuadée qu’il repassera par ici avant. Je levai un sourcil.

-Heu… D’accord. Tu le connais mieux que moi…

Moi, je serais directement allé à l’hôpital mais peut-être que Ward avait des raisons de repasser par ici même si j’avais du mal à voir lesquelles.

Je remerciai Sky en prenant la bière qu’elle me tendait. C’était sans doute pour me remercier mais je pensais bien que n’importe qui aurait aidé Sky dans la situation où elle était tout à l’heure. Mais je proposai de rester au moins jusqu’à-ce que son mari ne revienne… Avant de me dire que je m’incrustais peut-être un peu trop avec ma proposition mais Sky semblait vouloir que je reste. Je souris.

-D’accord. Je vais rester alors. Même si, tout à l’heure, j’ai fait tout ça de bon cœur. Je me voyais vraiment mal te laisser toute seule.

Je me mis à boire ma bière après qu’on ait trinqué avant que Sky déclara qu’elle n’aurait pas su quoi faire, tout à l’heure, sans moi. Elle était en panique ce qu’elle n’était pas, d’habitude, avec les enfants dont elle s’occupait.

-C’est toujours différent, j’imagine, quand c’est notre propre enfant. On s’inquiète plus vite quand c’est le sien. C’est normal, tu sais.

La réaction de Sky avait sans doute était la même que toutes les autres mères dans sa situation.

Elle posa alors sa main sur la mienne et nos regard se croisèrent. Je lui souris et Sky ne tarda pas à finir sa bière alors que j’en étais encore à la moitié. Elle se leva pour aller en chercher une autre. Quand elle revint s’installer, je me lançai à poser une question qui me taraudait depuis que j’avais vu les photos.

J’en montrai une du doigt.

-C’est ton mari, n’est-ce pas ? Je le connais… Enfin, je l’ai connu mais c’était il y a quelques années. J’ai vécu dans l’Eastside avant quand je vivais chez ma mère. Ton mari…

Je fis la moue cherchant les bons mots.

-C’était un Los Diablos et c’était un peu une terreur dans l’Eastside. Le voir père de famille, ça change. Mais j’imagine que, parfois, il suffit de rencontrer la bonne personne pour rentrer dans le rang.

Et, pour cause, aux dernières nouvelles, Fleming n’était plus un Los Diablos… Je souris à Sky avant d’achever ma bière d’une traite.

-Il faut dire que, moi aussi, je rentrerais dans le rang si j’étais tombé amoureux de toi…

Pourquoi j’avais dit ça, moi ? Je me mordis la lèvre me rendant compte que j’aurais peut-être pas dû dire ça à une fille mariée.

@ Billy Lighter

Heaven allait très bien. C’est ce que l’infirmière avait dit à mon mari de substitution et nous pouvions ramener la petite à la maison après un court arrêt à la pharmacie de garde. J’étais soulagée que cet épisode angoissant soit derrière moi. J’avais pu mettre Heaven au lit qui tombait de sommeil après trois jours à le combattre et une soirée stressante à l’hôpital.

Pendant que je rangeais les antibiotiques d’Heaven et que je nous ramenais des bières, Sigurd s’étonnait de la différente de configuration des appartements. Je m’y plaisais et nous avions suffisamment grand pour qu’Heaven puisse y courir à défaut de le faire dans un jardin convenablement aménagé. C’était le seul problème de notre petit nid douillet. Sigurd, ensuite, demanda s’il ne valait pas mieux que je laisse un nouveau message à mon mari qui accourrait à l’hôpital alors que nous étions rentrés. Tel que je connaissais mon mari, je doutais qu’il se rende directement là-bas. Il viendrait vérifier ici avant.

- Des fois, j’ai l’impression de ne pas le connaitre du tout.

Il avait changé.

Ou était-ce moi qui avait changée ?

Lui ou moi. Le fait était que quelque chose était différent entre nous et je n’arrivais pas à mettre le doigt dessus. Un instant, il était un papa attentionné et un mari dévoué et l’instant suivant, il crevait d’envie d’être le plus loin possible d’Heaven et moi. Il n’avait pas besoin de prononcer un seul mot pour que je le devine.

Sigurd avait peur de s’incruster en restant mais puisque je lui offrais une bière, il me semblait que l’invitation était plutôt claire. Il s’installe dans le divan et je fis comme lui puis je soufflais que je lui étais reconnaissante de m’avoir accompagné car sans lui, j’aurais été complètement désemparée. Jamais de ma vie je n’avais ressenti autant de panique et de peur mais Sigurd comprenait ma réaction. Il ne me jugeait pas, au contraire il disait que quand il s’agissait de notre propre enfant, l’inquiétude devait toujours être plus vive.

- Je confirme !

La bière était bonne et fraîche et se buvait sans effort tant et si bien que j’avais fini ma bouteille en un rien de temps et que je me levais pour aller m’en chercher une autre. Réinstallée auprès de mon voisin sur le divan, il me demanda si l’homme sur les quelques photos posées ici et là dans des cadres étaient mon mari. Je ne pouvais pas lui mentir, de toute façon, un jour où l’autre, ils finiraient par se croiser entre deux portes.

- C’est bien lui.

Sigurd en savait pas mal aussi sur le ’’passé’’ de mon mari devenu routier, pour la bonne cause. Je l’écoutais tirer ses propres conclusions sur ce qu’était devenu Ward avant de sourciller et d’esquisser un sourire moqueur quand il ajouta maladroitement qu’il rentrerait dans le rang lui aussi s’il était tombé amoureux de moi.

- Le pouvoir de l’amour. Tu as fait quoi de dingue pour un fille dont tu étais amoureux ?

J’aimais bien son petit air timide et la façon dont il avait de se mordiller la lèvre.

@ Billy Lighter

Sky semblait désabusée par son mari… C’est ce que j’entendais mais j’imaginais que c’était peut-être la fatigue et les émotions qui parlaient. Elle lui en voulait, peut-être, de n’avoir pas été présent, ce soir, alors que la petite Heaven était souffrante. En réalité, je ne savais pas du tout comment allait leur couple. S’il y avait de l’eau dans le gaz ou non… Mais je ne posai pas de questions parce que ça ne me regardait pas.

Sky dû s’occuper un peu d’Heaven avant d’aller nous chercher des bières et c’est pendant ce temps là que je pus voir une photo de son mari et me rendre compte qu’elle était mariée à une des anciennes terreurs de l’Eastside. Probablement la pire à l’époque… Mais ça remontait déjà à quelques années la dernière fois que j’avais vu Ward Fleming.

Il avait terrifié ma mère et, pourtant, Dieu sait qu’elle n’a pas facilement peur des Los Diablos. Au contraire, elle a même le tour pour les faire rire ou se lier d’amitié avec eux. Elle est loin d’être une menace pour eux et ils le savent bien que ça les agace qu’elle s’endettent constamment. Mais Ward Fleming… Ward Fleming lui a clairement fait peur et, moi, j’avais été trop jeune que pour réagir réellement. Sans compter la réputation qu’il se trainait dans les rues. Celle d’un violent et impitoyable tueur. Mais il fallait se méfier des réputations dans l’Eastside. Elles étaient loin d’être toutes fondées.

Et je n’avais jamais voulu vérifiée celle de Ward.

Tout ce que je savais c’était qu’il avait disparu de la circulation et voilà où je le retrouvais : à la tête d’une jolie petite famille. Et je pris le pas de me dire que certaines personnes pouvaient changer si elles arrivaient à tomber sur les bonnes personnes.

C’était peut-être le cas de Ward. Je l’espérais pour Sky et Heaven.

Du coup, au fil de la conversation, je ne pus m’empêcher d’avouer à Sky que je connaissais son mari. Et elle confirma que c’était bien lui. Elle avait, donc, conscience de son passé. J’imaginais que c’était une bonne chose. Et je souris.

-Et ben…

Et je conclus que, moi aussi, finalement, je changerais si jamais je tombais sur un fille comme Sky… Et ce n’est que trop tard que je rougis me rendant compte que je n’aurais peut-être pas dû dire ça mais ça semblait amuser la jeune mère avant qu’elle ne me demander ce que j’avais fait de dingue pour une fille pour laquelle j’étais amoureux.

Je rigolai un peu gêné avant de boire un coup de bière et de réfléchir à mes exs.

-De dingue ? Je ne sais pas… Par contre, j’ai fait des choses très stupides. Genre, une fille que j’aimais devait de l’argent à un type et, comme j’étais fou amoureux d’elle, j’ai payé sa dette. Tout ça pour me faire largué deux jours après.

Je rigolai un peu maintenant que cette histoire était derrière moi.

-Moi, l’amour me rend un peu con… C’est l’impression que j’ai en tout cas… Je me suis fait largué par toutes mes exs… Je n’en ai pas eu tant que ça mais c’est assez pour me faire dire que je devrais être moins naïf avec les filles.

Je fis la moue avant de sourire à nouveau.

-Ah et j’ai déjà volé des cadeaux pour des filles que j’aimais. Mais j’étais encore un ado… Maintenant, les cadeaux, je les achètes.

Je fixai, ensuite, Sky.

-Et toi ? Tu as déjà fait des trucs dingue pour ton mari ? Ou lui pour toi ?

@ Billy Lighter

Il n’y avait aucun moyen d’éviter de parler de la réputation de mon mari. C’est ce que je compris quand, une fois installé sur le divan du salon avec chacun une bière entre les mains, Sigurd me demanda si mon mari était bien Ward Fleming. Je lui confirmais ce qu’il savait déjà en disant que l’amour était puissant. Il devait comprendre par-là que Ward avait changé par amour pour moi et qu’il vivait maintenant une petite vie de famille paisible ou du moins, qui était paisible quand Heaven ne tombait pas subitement malade me faisant paniquer.

Sigurd estima qu’il pourrait lui aussi changé s’il tombait amoureux d’une femme comme moi. Ça me fit sourire et je le taquinais en lui demandant ce qu’il avait bien pu faire de dingue par amour pour une fille. Il rigola, visiblement un peu prit de court par ma question qui l’amusait tout de même. Il prit le temps de réfléchir alors que je prenais moi, une autre très grande gorgée de bière. Elle me faisait du bien, ce soir ! L’alcool me faisait me détendre et me relaxer.

Je l’écoutais me raconter comment il avait payer une dette pour la fille qu’il aimait avant qu’elle ne le largue deux jours ensuite. Ça me faisait un peu penser à toutes mes précédentes relation pendant lesquelles je m’étais toujours investie corps et âme, sans compter, sans calculer, sans réfléchir et où on m’avait toujours brisé le cœur. Je sentais aussi que c’était ce qui était entrain d’arriver avec Ward. Il me glissait entre les doigts alors que j’avais tout fait pour que ça fonctionne. J’avais même tué pour lui !

- L’amour, ça rend con un peu tout le monde du sais.

Il avoua aussi avoir volé des cadeaux pour des filles qu’il aimait, adolescent. Quel ado n’a pas fait une connerie dans ce genre pour l’amour de sa vie car oui, à l’adolescence, chaque amourette est celle d’une vie… Jusqu’à la prochaine !

Sigurd me retourna ma question mais il s’intéressait lui, à ce que Ward et moi avions fait l’un pour l’autre de complètement dingue. La liste était longue mais inavouable. Avant de lui répondre, je terminais ma bière d’un trait puis je jouais avec ma bouteille vide. Il me faudrait vider encore plusieurs bouteilles pour lui dire absolument tout.

- On s’est marié sur un coup de tête à Vegas. En fait, j’ai cru qu’il m’avait amené là pour ça mais il ne voulait que passer un weekend à profiter de la chambre d’hôtel et quand il a compris que je m’étais fait un scénario, il l’a réalisé.

Il avait tué pour moi et j’avais tué pour lui. Nous avions tous les deux un parcours atypique que je ne tenais pas à étaler comme ça, même sous l’effet de l’alcool. Puis je baissais les yeux sur ma bouteille vide et je haussais des épaules. Est-ce que Ward avait fait un truc dingue pour moi qui se racontait ? Je ne me souvenais pas qu’il m’ait fait couler un bain uniquement pour que je puisse me relaxer. Et ce n’était pas si fou que ça comme truc à faire.

- Il a acheté des bonnets pour nos bébés. Je ne le sentais pas impliqué dans ma grossesse et il est allé acheter des bonnets pour me montrer qu’en fait, il était à fond avec moi là-dedans.

Je cherchais vraiment un truc mais rien ne me venait alors je levais les yeux et je regardais Sigurd.

- En fait je crois que Ward me sait acquise et qu’il ne se sent pas le besoin de faire d’efforts.

Je me levais en lui prenant sa bouteille presque vide des mains et j’allais nous en rechercher d’autres. Je ramenais aussi un sac de chips que je balançais sur le divan entre nous deux et je lui donnais sa seconde bière alors que je décapsulais ma troisième.

- Le truc c’est qu’une fois marié, la magie s’envole. Je m’en rends compte. Et les problèmes commencent. Il me croit trop jalouse mais il me donne plein de raison de nourrir ce sentiment. J’aimerais parfois qu’il est peur de me perdre assez pour qu’il prenne conscience que rien n’est éternel. Est-ce que ça compterait pour un truc dingue ?

@ Billy Lighter

Après avoir parlé de son mari, j’avais conclu que l’amour pouvait changer les gens, d’une certaine façon. J’étais convaincu de ça et Sky me demanda alors ce que j’avais fait de cinglé pour une fille. J’avais eu quelques relations où, à chaque fois, j’avais fini par me faire plaquer alors que je m’investissais chaque fois à fond. Comme avec cette fille dont j’avais payé la dette… A croire que j’étais fait pour ça : payer les dettes des gens. Un argent qu’ils ne me rendaient jamais. Je me demandais bien tout ce que j’aurais pu faire avec l’argent des dettes que j’avais payé aux gens que j’aimais… La somme devait commencer à devenir énorme après toutes ces années.

Sky conclut alors que l’amour rendait con. Je rigolai un peu.

-Sans doute, oui.

J’avais même volé pour des filles quand j’étais adolescent. Des choses que je ne ferais sans doute plus aujourd’hui mais que j’avais fait quand j’étais plus jeune et plus con encore.

Je retournai, ensuite, la question à Sky et elle m’expliqua qu’elle et son mari s’étaient mariés sur un coup de tête à Las Vegas. Sky s’était fait des films à l’époque croyant que son marié l’avait emmené là-bas pour ça mais ça n’avait pas été le cas. Ça n’a pas empêché son mari de tout de même réaliser le chose. Je souris.

-Et ben. C’est une histoire dingue, en effet, parce que, le mariage, c’est pas rien. Mais bon, si vous vous aimez, c’est le stade à passer, en effet.

C’était comme ça que je voyais les choses, en tout cas. Si un couple s’aimait, un mariage était un moyen de concrétiser la chose.

Quant à ce qu’avait fait son mari, elle sembla réfléchir un moment en baissant des yeux sur sa bière. Elle finit par dire que ce qu’il avait fait de dingue, c’était acheter des bonnets pour leurs bébés. Je pris un air pensif. Tout parent achèteraient des choses pour préparer la naissance de leurs enfants, non ? Semblerait que pour Ward Fleming, ça soit une épreuve… Mais ça ne m’étonnait pas tant en fait.

Sky ajouta, après, que son mari le croyait comme acquise et qu’il n’avait plus besoin de faire des efforts. Je fis la moue.

-Je vois… Mais vu d’où vient ton mari et comment il se comportait avant, je crois que c’est un grand pas pour lui… Je ne pense pas qu’il ait déjà été gentil avec qui que ce soit. Alors montrer qu’il tient à des bébés, ouais, ça doit être une grande preuve pour lui.

J’haussai des épaules. C’était ma théorie. Et Sky se leva pour aller nous rechercher des bières. Je la remerciai avant de me remettre à boire. Elle parla, ensuite, du mariage et qu’elle avait l’impression que, depuis, les problèmes étaient arrivés. Son mari la pensait jalouse mais Ward ne faisait rien pour qu’elle pense le contraire apparemment. Et elle semblait vouloir essayer de lui rendre la pareille. Je fis la moue.

-Ouais, ça serait dingue… Et ça pourrait mal finir aussi. S’il voit que tu t’éloignes d’une façon ou d’une autre, il pourrait se dire que tu te fiches de votre mariage mais… Ouais, j’imagine que ça peut aussi faire en sorte qu’il cherche à savoir pourquoi tu t’éloignes. S’il tient à toi, soit il le montrera par de la jalousie, soit il viendra discuter avec toi… Je suppose…

Je fis la moue…

-Mais il risque peut-être de mal le prendre s’il sait que tu le fais exprès… J’en sais rien.. Mais c’est clair que ça serait dingue et risqué aussi.

Mais je n’étais pas dans son mariage, ni dans sa vie.

-Tu as déjà pensé à discuter de ça avec lui. De ce que tu aimerais pour votre couple ? De ce que tu ressent ? C’est peut-être la première chose à faire, non ?

@ Billy Lighter

Sigurd avait fait des tas de trucs pour pleins de filles qui avaient toutes finis par le larguer. C’était triste parce qu’il me semblait être quelqu’un de bien qui ne méritait pas qu’on se joue de lui. Alors je tirais la conclusion que l’amour rendait con. C’était vrai, cela dit ! L’amour abrutissait les gens, j’en étais la preuve vivante bien que je refusais de voir la vérité en face.

Sigurd me retourna ma question et ça me fit réfléchir à mon couple et à qui de moi ou de Ward avait fait le plus de truc stupide par amour. Sauf assassiner des gens, nous n’étions pas un couple si olé olé que ça. Cependant, nous avions fait la folie de se marier sur un coup de tête à Vegas. Ça, c’était fou, non ? Sigurd disait que le mariage n’était pas rien. Est-ce que je devais comprendre qu’il était le genre d’homme à réfléchir longtemps avant de prendre une décision et de franchir le cap ? C’est ce que je pensais comprendre.

- Ward et moi ça été l’amour fou au premier coup d’œil. Je répondais à son annonce parce qu’il cherchait un ou une colocataire et finalement, nous avons partagé tout de suite la même chambre.

Je me souvenais, en évoquant ce souvenir, des papillons qui me vrillaient l’estomac dès que nous avions un simple échange de regard ou qu’on s’effleurait en passant près l’un de l’autre. Je ne ressentais plus la même chose et ça me désolais. J’étais toujours autant amoureuse de Ward mais il avait broyé tous mes papillons pour faire place à des sentiments de peur et de jalousie. Je craignais tout le temps de le perdre au profit d’une fille du samedi soir !  

J’envoyais balader les filles du samedi soir en racontant un autre souvenir à Sigurd qui voyait là un changement drastique entre le Ward que j’avais épousé et celui qu’il avait connu dans l’Eastside. Je ne savais pas quoi en penser parce qu’en fait, Ward ne s’intéressait que très peu pour ne pas dire pas du tout à ses enfants… à Heaven puisqu’il ne restait qu’elle. Sauf quand il avait peur de me perdre. Comme la fois justement où il était allé acheter les fameux bonnets. Il avait craint que je ne rentre pas et il avait voulu me reconquérir et ça avait fonctionné. Ward s’occupait d’Heaven quand je ne lui laissais pas le choix et qu’il sentait que j’approchais de ma limite.

- Il s’en soucis vraiment ? Il n’a pas hésité à me laisser seule avec notre fille ce soir. Il savait pourtant qu’elle n’allait pas bien depuis trois jours et que j’étais réellement exténuée.

Il trimballait Heaven avec lui quand il voulait marquer des points comme la fois où il avait voulu l’amener rencontrer Vanya Kournikova.

Parler donnait soif. J’achevais donc ma deuxième bière et Sigurd sa première bouteille alors je me levais et allait nous en rechercher. Ça me calmait autant que ça me montait à la tête puisque je n’étais pas habituée de boire autant et si vite.

En me réinstallant dans le divan, je supposais que si Ward craignait de me perdre, il ferait peut-être en sorte que les choses changent entre nous. Il ferait plus attention à mes sentiments et à sa fille. Mon raisonnement faisait son bout de chemin dans ma tête et Sigurd lui, y voyait cependant l’autre côté de la médaille. Alors soit les choses s’arrangeraient, soit j’obtiendrais le résultat inverse.

Est-ce que j’étais prête à prendre le risque ?

Assurément pas !

- Tu as surement raison mais en attendant, je me sens de plus en plus seule à ramer dans cette barque.

Cela dit, quand j’avais découché pour passer la nuit chez les Moriarty, Ward était venu me trouver pour qu’on discute. Alors peut-être que ce que disait Sigurd n’était pas si fou que ça et que sa suggestion valait la peine d’être considérée.

- Il le prendra mal, ça c’est certain ! Si ça ne vient pas de lui ça ne vaut pas la peine d’être considéré.

Ce n’était pas tout à fait vrai mais c’était ce que je pensais à ce moment précis et ma longue gorgée de bière valida mon impression.

- Nous en avons déjà parlé. Je pense qu’il est temps de passé à l’action, maintenant.

Je n’avais pas d’idée de comment et quand je voulais agir mais si je voulais avoir une réponse clair et savoir où en était mon couple, je sentais que c’était la seule chose qu’il me restait à faire et toute résolue que j’étais, je levais ma bouteille en signe de ma détermination et je vidais d’un trait l’alcool qu’elle contenait. J’en eu presque le souffle coupé mais ça fit du bien à ma soif que je n’arrivais pas à étancher. Ma tête commençait à tourner légèrement et mes joues devaient être rouges.

- Pourquoi tomber amoureux de moi te ferais rentrer dans le rang ? Tu as dit ça, tout à l’heure. Mais pourquoi moi et pas une fille comme moi? Y’a une sacrée nuance dans cette phrase.

@ Billy Lighter

Je compris très vite que Sky et Ward s’étaient mariés sur un coup de tête chose que je n’aurais sans doute jamais eu les couilles de faire. Pour moi, le mariage, ce n’était pas une petite décision qui se prenait comme ça. Mais pour certain, c’était comme ça que ça se faisait. Mais chez Sky et Ward, ce n’était pas la seule chose qui s’était vite. En fait, tout s’était fait vite depuis le début car, apparemment, leur relation à démarré sur un coup de foudre. Je souris.

-Waw. Pour être rapide, c’était rapide. Et ça vous a donné une belle petite fille.

Sky parla un peu plus de son mari et, notamment, des choses dingues qu’il avait fait pour elle. Elle parla des bonnets qu’il avait acheté pour ses enfants mais, dans la bouche de Sky, ça semblait être peu… En effet, dis comme ça, ça n’avait rien d’exceptionnel sauf quand on savait comment se comportait Ward avant. A vrai dire, j’ai vraiment du mal à l’imaginer aller acheter des tout petits bonnets pour des bébés. Il y avait quelque chose de peu naturel dans cette image. Sûrement parce que je connais l’ancien Ward et pas le nouveau. Celui que Sky avait réussi à créer.

Mais Sky n’était pas sûr que son mari se souciait vraiment de sa fille. L’évènement de ce soir, pour elle, était une preuve. Je la fixai voyant bien qu’elle était en plein débat interne et se posait pas mal de questions sur son mari. Je soupirai.

-Peut-être ne pouvait-il vraiment pas s’absenter. Les employeurs peuvent parfois être de vrais enfoirés, hélas…

Je n’en savais rien… Et, quelque part, j’avais vraiment du mal à imaginer le terrible Ward Fleming se laisser intimidé par un employeur… L’image, là encore, était complexe à imaginer…

Sky était revenue avec des bières. La troisième pour elle ce qui était signe qu’elle devait certainement avoir besoin de décompresser. Et c’est peut-être à cause de l’alcool que Sky cherchait un stratagème pour faire réagir son mari. Ça avait des avantages mais ça avait aussi des inconvénients que je mis en avant pour qu’elle fasse le bon choix.

Elle disait que j’avais raison mais elle disait se sentir seule. Je pris un air compatissant.

-Je comprends…

Elle disait que Ward prendrait mal ce genre de tactique. Que tout ce qui ne venait pas de lui ne pouvait pas être considéré et, dans ce discours, je reconnaissais plus le Ward Fleming que j’avais vu dans l’Eastside… Je ne dis rien ne sachant pas vraiment quoi dire… Je n’avais aucune envie de dire quelque chose qui pourrait précipiter ou, pire, provoquer une rupture…

Alors je dis simplement qu’elle devrait parler de tout ça à Ward mais ça semblait déjà avoir été fait. Je fis la moue.

-Ouais… Je vois. Et il ne t’a pas écouté, c’est ça ? Pourtant, il devrait faire attention à sa femme. Enfin, c’est ce que je ferais…

Sky semblait déterminé à le faire réagir et leva sa bouteille pour sceller son choix avant de la boire d’une traite. Je sifflai d’admiration devant une telle descente avant qu’elle ne me pose une question qui me fit bafouiller.

-Heu… Que… Quoi ? Heu…

Je me mordis la lèvre… Ouais, j’avais bien dit ça de cette façon là et… Ouais, je le regrettais un peu maintenant. Je pouvais me défiler mais ça ne servait à rien.

-Et bien… Heu…

Je me raclai la gorge et bus une gorgée de bière avant de trouver le courage de parler.

-Parce que je te trouve sympa et courageuse et je t’admire sur certains points. Chaque fois que je te vois tu es seule avec ta fille et je trouve que ça ne doit pas être simple de s’occuper seul d’un enfant et…

Je me perds.

-Parce que j’aime bien passer du temps avec toi. Du coup, je crois que si je sortais avec toi et que j’étais un Los Diablos, je me rangerais pour vivre une vie paisible.

Je me mordis la lèvre.

-Je crois que je m’enfonce… Je devrais pas dire ça. T’es mariée en plus…

Putain, t’es con, Sigurd.

@ Billy Lighter

Tout avait été très vite pour Ward et moi à partir du moment où nous avions aménagé ensemble et comme le disait Sigurd, il s’en résultait une magnifique petite fille. Je ne pouvais qu’être fière de ça bien qu’à l’instant présent, ma conversation avec mon voisin faisait naître plein de questionnement dans ma tête.

Est-ce que Ward avait déjà fait un truc absolument dingue pour moi ? En avais-je fait ? Autre que de tuer, bien sûr ! J’avis raconter l’histoire des bonnets mais je ne voyais pas là un geste insensé que l’on pose sur un coup de tête dans le but de charmer son partenaire. Ça avait été une tentative désespérée ou bien calculée pour éviter de me perdre.

Alors j’en revenais encore aux mêmes questionnements et le fait que mon mari n’avait pas hésité à me laisser seule avec notre fille alors qu’elle n’allait pas bien depuis quelques jours et que j’étais littéralement épuisée ne s traduisait pas pour moi comme le comportement d’un père qui s’implique. Sigurd tenta néanmoins de temporiser en disant que peut-être que son patron n’aurait pas été si compréhensif.  Je le regardais alors, muette. Je ne pouvais pas lui dire que Ward était son propre patron et que les deals de drogue pouvaient attendre un soir !

- Ouais, son employeur est un vrai connard.

Je me sentais tout de même souvent très seule.

Je ne pouvais pas entretenir d’amitié avec personne parce que je ne pouvais pas vraiment recevoir e gens à la maison. Ce que je faisais là avec Sigurd étai exceptionnel et risqué. Puis, tout le monde savait un peu qui était Ward Fleming. Les gens lisaient les journaux, comméraient entre eux sur des potins entendu ici ou là. Le nom de Ward Fleming ne passait pas inaperçu. Soit un lien se faisait immédiatement vers Thomas Fleming, soit c’étaient des histoires tirés de l’Eastside qui refaisaient surfaces. Bref, mon univers se résumait à Heaven, Ward et Grant mais on voulait me priver de ce dernier.

Sigurd était, de toute façon, la dernière personne avec qui je devais discuter de mes problèmes de couple. Non pas parce qu’il n’était pas de bons conseils mais parce qu’on ne se connaissait que très peu et parce que ma vie et tout se qui gravitait autour devait rester privé. Si je mêlais Sigurd à tout ça, il risquait de finir comme une statistique de plus dans le palmarès de ma tendre moitié.

Je vidais d’une traite ma bière ce qui me valu un sifflement d’admiration de la part de Sigurd qui fut ensuite pris de court avec ma question. Il avait dit qu’il rentrerait dans le rang s’il tombait amoureux de moi et non pas s’il tombait amoureux d’une fille comme moi. Il y avait une sacrée nuance entre les deux façons de le dire et je me demandais si c’était son subconscient qui l’avait fait formuler sa phrase comme ça ou s’il avait réellement mal choisi ses mots.

- Heu… Allez, dis-moi !

Je le piquais un petit peu, en rigolant. Je n’avais pas l’intention non plus de lui tirer de forces les mots de la bouche même si je mourrais d’envie de savoir. Il eu besoin de boire une gorgée avant de me répondre qu’il me trouvait sympa et courageuse et que même, il m’admirait sur certains points. Il ajouta même qu’il aimait passer du temps avec moi et j’éclatais de rire avant de me confondre en excuses. Je ne me moquais pas de lui, loin de là !

- Chaque fois que tu as dû passé du temps avec moi j’étais soit complètement énervée parce que rien ne fonctionne dans ce building ou totalement paniquée parce que ma fille est malade.

Toutefois, je le prenais comme un gentil compliment car, malgré tout ça, il aimait passer du temps avec moi ce qui me laissais croire que lorsque j’étais détendue et en pleine possession de mes moyens.

Il ajouta un truc mais je ne l’entendis pas. Je m’étais projeter vers lui et je l’avais embrassé. Un vrai baiser digne d’un film d’Hollywood. Un baiser qui ne se brisa pas immédiatement par la gêne ou parce que c’était mal. Il se brisa parce que j’étais à bout de souffle mais le temps d’une inspiration et je l’embrassais encore avant de me reculer cette fois parce que je prenais conscience que je venais de le mettre en danger.

- Je suis désolée. J’ai bu trop vite, je crois.

Je me distançais de lui avant de me lever et de prendre une grande inspiration pour calmer le sentiment de panique qui commençait à grimper en moi.

- Tu devrais rentrer. Heaven va bien et je… Je suis désolée Sigurd, je ne sais pas ce qui m’a pris.

@ Billy Lighter

Sky avait confirmé que l’employeur de son mari était un vrai connard. C’était souvent le cas, hélas… Moi, j’avais de la chance de travailler chez MTI. Même si le travaille n’était pas toujours simple, c’était un endroit de rêve pour bosser. Surtout quand on aimait ce qu’on faisait.

Malgré tout, Sky semblait en vouloir à son mari. J’avais l’impression qu’elle se sentait profondément seule et abandonnée avec sa fille. Mais ce n’était qu’un impression. Peut-être que, ce soir, Sky avait l’air en colère contre Ward parce qu’elle avait vécu une soirée particulièrement stressante et que, demain matin, en se levant, elle arrivera à prendre plus de recule.

Enfin, si elle a pas la gueule de bois… Parce qu’elle enchainait les bières à la vitesse de la lumière au point qu’elle en avait une d’avance sur moi. Pourtant, j’avais quand même une assez bonne descente mais cette fille ma battait largement, ce soir. Elle en avait sûrement besoin pour décompresser maintenant que sa fille était hors de danger et dormait paisiblement dans sa chambre.

Mais elle reprit la conversation et me prit de court en revenant sur ce que j’avais dit plus tôt et qui pourrait mettre en avant certaine chose. Du coup, je ne pus m’empêcher de bafouiller sans arriver directement à trouver mes mots ce qui fit que Sky tenta de m’encourager. Elle semblait vraiment vouloir savoir alors je me lançai en balançant quelques compliments… Des compliments sincères. Je trouvais vraiment Sky courageuse par rapport à sa vie et son parcours. Il ne faut pas oublié qu’elle avait perdu l’un de ses bébés et que ça ne devait en rien être facile. Pourtant, elle continuait à vivre pour elle et pour sa fille.

Et elle éclata de rire avant de s’excuser. Moi je me grattai l’arrière de la tête un peu gêner par tout ça. Est-ce que j’étais allé trop loin ? Je n’aurais peut-être pas dû dire tout ce que je pensais à une femme mariée. Elle disait que chaque fois que j’avais passé du temps avec elle, elle était dépassée ou énervée. Je rigolai un peu.

-Ouais, c’est vrai… Il faudra peut-être qu’on se croise dans d’autres circonstances.

Ça non plus je n’aurais pas dû le dire… Alors, je me mordis la lèvre encore une fois croisant le regard de Sky. Avant que… Qu’elle ne s’avance d’un coup pour m’embrasser.

Je fus pris de court encore une fois. Mais cette fois, mon cœur s’accéléra et, la surprise passée, je ne pus m’empêcher de fermer les yeux me laissant complètement aller à ce baiser. J’avais du coup plus chaud. Le baiser ne se brisa que quand on eut tout les deux plus de souffle. Mais à peine fut-il brisé qu’on recommença. Le pire, c’est que j’aimais ça. Je savais que c’était mal mais je n’arrivais pas à briser les choses. Je n’en avais pas envie, en fait.

Mais après ce baiser, Sky recula alors que j’essayais de comprendre ce qu’il venait de se passer alors que c’était très simple. J’avais la bouche entrouverte alors qu’elle s’excusa… Je bafouillai :

-Heu… C’est rien… C’est pas grave…

Je ne savais pas quoi dire alors qu’elle déclara que je devais partir avant de s’excuser encore. Je me levai comprenant totalement. J’hochai de la tête.

-Ouais… Je… Je vais rentrer. Il est tard…

Surtout si son mari rentrait… Il valait mieux que je m’en aille.

J’abandonnai le reste de ma bière et passai à côté de Sky.

-Je… A la prochaine… Enfin… Au revoir…

Et je partis de l’appartement grimpant à l’étage au-dessus avant d’entrer dans mon appartement. Je m’appuyai contre le mur respirant plus vite en essayant encore de comprendre ce que Sky venait de faire…

Enfin, ce qu’on venait de faire…

@ Billy Lighter