J’avais passé, avec Carolyn, la nuit au manoir de Roadtramp ! Je ne vous raconte pas l’honneur que ça m’a fait d’être invité… Après tout, j’étais le nouveau petit-ami de Lynn et Eddy était son ex… mais si ces deux-là avaient foiré leur couple, ils géraient pour ce qui était de leur séparation ! Et c’était Lucky qui avait tout à y gagner là-dedans. Ils étaient soudés, solides comme un roc, rien que pour leur tout petit.

J’admirais ça… Et j’admirais encore plus Eddy qui avait travaillé dur sur son addiction à l’alcool pour devenir un père encore jeune et naïf, mais qui faisait de son mieux. Moi aussi, je m’occupais pas mal de Lucky, et j’étais encore plus inexpérimenté qu’eux, mais Lynn trouvait que je me débrouillais très bien.

D’ailleurs, le petit m’adorait alors je supposais que c’était bon signe.

Le manoir était dans un état de rangement tout relatif… Mais ils vivaient à quatre jeunes mecs dans cette baraque de luxe, il fallait pas demander de miracle non plus.

Eddy nous avait préparé la chambre juste à côté de celle de Lucky… En fait, la chambre de Lucky se trouvait entre celle d’Eddy et la nôtre… C’était idéal si le petit se réveillait en pleine nuit à cause de son mal de tête ou quoi que ce soit d’autre. Bref, si Lucky se sentait mal, on allait certainement tous débarquer en même temps pour l’aider.

Mais si Lucky marqua de grands signes de fatigue assez tôt, il passa une nuit à dormir sans problème… restait à voir s’il n’allait pas se sentir nauséeux le lendemain. Parce que ce n’était pas une petite bosse qu’il avait sur le front. D’ailleurs, quand j’étais arrivé au manoir, Lucky s’était empressé de me raconter sa mésaventure avec ses mots à lui.

Le lendemain, j’avais embrassé Lynn toujours au lit et était passé voir par la chambre de Lucky si tout allait bien, mais le manoir était paisible, il n’y avait que moi qui était réveillé car aujourd’hui, j’avais une émission à enregistrer… Elle passerait à 19 :00 mais pour des raisons de planning avec mon invité, on ne serait pas en direct.

Tobby Cooper était un lève tôt.

C’était bien lui, mon invité du jour… Le boxeur devenu chanteur presque du jour au lendemain.

J’arrivai aux locaux de la radio et allai dans le studio prévu pour moi, content de voir que j’étais quand même arrivé avant mon invité. C’était la moindre des choses.

J’avais quand même un peu le trac, un peu d’appréhension… je ne connaissais pas Tobby Cooper comme je connaissais Howard Stone ou d’autres artistes avec qui j’étais plus à l’aise… Ou d’autres qui me mettait, je le savais d’avance, complètement sur la défensive comme Lola ou Billy Lighter.

Mes régisseurs m’annoncèrent que mon invité était arrivé et j’allais le chercher dans la petite salle d’attente qui servait aussi de salle de repos…

Je lui tendis la main.

-Bonjour, Monsieur Cooper. Je peux vous appeler Tobby ?

Puis j’allais vers la machine à café.

-Je vous offre un café ? Histoire de pouvoir s’hydrater la gorge pendant l’interview ? On a des bouteilles d’eau en studio, si vous préférez.

Mais moi, je me fis couler un café, et pendant que ça se faisait, je m’allumai une cigarette.

@ Billy Lighter

Aujourd’hui avait lieu ma véritable première interview à la radio et j’avais passé la nuit pour ainsi dire à imaginer et spéculer sur les questions qu’on pourrait me poser. Je n’étais pas très branché sur l’actualité alors moi, le pedigree des journalistes quel que soit leur médias, je ne les connaissais pas. Devais-je m’attendre à des questions sur mon ancienne carrière, sur ce que j’avais fait entre le moment où j’ai connu le fond à la boxe et la sortie de mon album ou simplement sur mon choix de style et ce qui m’avait donné le goût de me lancer ?

Diablo me regardait, une passe sur son museau, comme s’il était exaspéré de m’entendre répéter devant un interviewer invisible, des formules de politesses ou des petites blagues que je pourrais insérer ici et là. Ce que je faisais, Diablo le savait aussi bien que moi, était tout à fait inutile. J’étais pétrifié à l’idée de parler en onde que je ne saurais pas place aucune de mes blagues même si j’en avais l’occasion.

Je ne savais pas non plus si je pourrais ou devais faire une prestation en onde. Je savais que certains le faisaient, mais ils étaient bien plus connus que moi et donc, ils avaient probablement ce genre de privilège alors que moi, j’étais tout petit, minuscule, rien du tout dans le monde de la musique. Et puis j’allais détonner avec le style musical qui y jouait, non ? C’était L.A.Rock et moi je faisais de la country music.

Mon album était cependant bien accueilli, je pouvais être fier. Je ne m’attendais pas à ce que la réponse des gens soit si positive, non pas que je ne croyais pas en mon talent mais bien parce que je n’entretenais aucune attente.

Avant de quitter mon appartement, je m’étais assuré de syntoniser le bon poste de radio et j’avais levé le son pour que Diablo puisse m’entendre parler à la radio ! Il allait être tout fou en m’entendant mais en ne me voyant pas !

Donc, je m’étais rendu à la station de radio avec ma guitare, valait mieux être trop préparé que pas assez. Ce serait bien un comble que de causer de la honte à mon manager à ma toute première interview. Une fois sur place, on m’avait gentiment indiqué où me rendre et je n’avais pas patienté longtemps avant que Jake Snyder en personne ne vienne me chercher. Il me tendit la main et je la lui serrais fermement.

- Bonjour Jake. Ouais ! Ouais et me dire tu, ce serait cool.

Je m’empêtrais toujours avec les formules de politesse et ce n’était pas parce que j’étais irrespectueux. Simplement que je ne parlais pas beaucoup de nature et que pour moi, un tu pouvais être tout aussi convenable qu’un [/i]vous[/i].

- De l’eau, ce sera parfait.

Je ne buvais pas de café et nerveux comme j’étais en ce moment, valait mieux que j’évite de m’exciter en plus avec de la caféine. Jake lui, se fit coule run café et s’alluma une cigarette. C’est dingue ce que les gens ne faisaient pas attention à leur santé. Pourtant, il semblait être en grande forme. Ma pensée tenait d’une déformation d’ancien athlète qui avait suivit et suivait toujours, une discipline strict.

- Je voulais te dire merci pour l’interview. Tu es le premier, je sens que je vais m’en souvenir.

@ Billy Lighter

L’ancien boxeur était arrivé… Je l’avais imaginé plus impressionnant que ça, mais il y avait une différence entre voir quelqu’un torse nu à la télé en train de dégommer un autre gars aussi baraqué que lui et le voir en vrai. Il était un rien plus petit que moi, si peu que ça ne se voyait même pas… Mais il était quand même vachement plus musclé que moi qui avais plutôt une carrure filiforme.

Et c’est avec le sourire qu’il me serra la main, acceptant que je l’appelle Tobby et demandant le « tu » avec ça. Je lui souris en retour.

-Alors nous ferons comme ça… Les gens aiment quand l’émission est décontractée et je dois dire que je ne les satisfais pas toujours à ce niveau-là.

Parce que j’étais nerveux et réactionnaire. Parfois, mes interviews tournaient au vinaigre. Mais je savais juger les gens au premier regard et je savais qu’avec Tobby Cooper, je n’aurais pas de problème.

Je pris mon café alors que mon invité affirma préférer l’eau. Clope au bec et café en main, je lui désignai de ma main libre le chemin à suivre pour arriver dans le studio. Il y avait deux micros, des câbles un peu partout, une vitre qui donnait sur la salle des ingénieurs du son… Rien de très impressionnant pour moi, mais j’avais l’impression que pour Tobby, ça l’était.

-C’est ta première interview ? Si oui, je suis content d’avoir l’exclusivité !

Je lui fis passer une bouteille d’eau.

-Installe-toi, fait comme chez toi. C’est toi, la star aujourd’hui, pas moi.

Il me confirma que j’étais le premier et qu’il allait s’en souvenir.

-En bien j’espère. En tout cas, on va tout faire pour… Ne t’en fais pas, l’émission est enregistrée, si tu cafouilles ou qu’il y a des choses que tu veux effacer, ça pourra toujours se faire.

Je testai mon micro puis fis signe à l’ingénieur du son que c’était bon.

Puis je regardai mon invité.

-Tu es prêt ? On commence dans 3…2…1…

Je pris une inspiration.

-Bonsoir ! Vous êtes sur L.A.ROCKS et il est 19 :00 ! J’espère que les embouteillage du retour du boulot n’ont pas été un trop gros calvaire et il est l’heure maintenant de découvrir un tout nouveau talent de L.A.

Je marquai une pause pour reprendre mon souffle.

-Si c’est un nouveau talent, ce n’est pas pour autant un inconnu. Il s’agit, vous l’aurez deviné, de l’ex champion de boxe Tobby Cooper qui nous fait l’honneur d’être là ce soir. Bonsoir, Tobby et bien venue parmi nous.

Je le laissai répondre à ma formule de politesse avant d’entrer dans le vif du sujet.

-Depuis quand est-ce que tu nous caches ce magnifique talent que tu nous as révélé dans ton premier album, Halos ?

@ Billy Lighter

Je préférais de loin qu’on se tutoie, Jake et moi parce que je trouvais ça plus simple et parce que j’étais plus à l’aise avec cette formulation. Les gens s’embrouillaient les pinceaux en cherchant à perler alors que moi, je préférais parler pour qu’on me comprenne. Ça allait aussi pour Jake qui disait que son émission était en formule décontractée.

- Donc je n’ai pas besoin de chercher à être parfait, juste à être moi-même, c’est cool.

Puisque les gens préféraient que ce soit décontracté, je n’avais pas besoin de me foutre une pression inutile sur les épaules. Du quoi, je me sentis rapidement plus à l’aise. Je n’avais qu’à faire confiance à Jake et tout irait bien.

Il me proposa à boire et j’optais pour de l’eau. C’était en général ce que je buvais, ça et des jus de fruit faible en sucre. Je ne supportais pas bien l’alcool et stressé comme j’étais, valait mieux que j’évite le café qu’il me proposait.

- La star. Même quand je boxais, je ne me suis jamais vu comme une star. Ça me fait toujours étrange qu’on parle de moi en disant ça.

Je supposais que je devais m’y faire tôt ou tard. Après tout, j’avais été champion de boxe et mon album se vendait vraiment bien ce qui faisait que, ouais, avec le succès acquis dans deux domaines complètements différents, je devais peut-être commencer à me voir comme une star.

C’était ma première interview à titre de chanteur, je sentais que j’allais m‘en souvenir toute ma vie. Au moins, je n’étais pas tombé sur un journaliste avec une réputation douteuse ou bien qui n’avait pas plus envie que ça que d’être avec moi. Jake, lui, m’apparaissait comme un type sympathique et il avait des années de métiers derrière la cravate.

Tout irait donc bien.

- Je suis prêt, oui.

Jake se plaça au micro et moi devant lui et après un test, il amorça la présentation de son émission alors que moi, je jouais nerveusement avec le bouchon de ma bouteille d’eau que je vissais et dévissais tout en écoutant Jake et en me demandant si Diablo, à la maison, était à l’écoute. En fait, mon chie devait roupiller sur mon lit ou encore, il s’adonnait à son activité préféré : se lécher les couilles !

- Bonsoir ! Merci à toi de me recevoir.

Voilà, j’avais dit ma première phrase complète dans le micro sans bafouiller, sans avoir envie de vomir. C’était un bon départ qui fut suivis de la première question. Et c’était une excellente question, même moi, j’avais hâte d’entendre la réponse.

- Je n’en sais trop rien, tu sais. Honnêtement, j’ai cessé ma carrière sur le ring avec ma cuisante et mémorable défaite puis j’ai galéré sans trop savoir quoi faire de ma vie. Un jour j’ai attrapé cette vieille guitare qui trainait dans mon placard chez moi, tu vois, et je me suis mis à gratter les corder et ça donnait un truc pas trop moche.

Je me grattais derrière la nuque alors que je me souvenais de comment les choses s’étaient passées et comment les relater au micro pour que ça ne soit pas trop long ou trop ennuyeux à entendre.

- J’ai écrit des truc et quand j’en ai eu assez d’écrit, un soir je me suis rendu dans  un bar pour essayer la scène, question de voir si y’avait que mon chien qui aimait mes chansons ou bien si des gens pouvaient aussi apprécier. Ça été une surprise autant pour moi que pour vous !

@ Billy Lighter

On opta pour une formule sans fioriture… Tobby me semblait être quelqu’un de très humble, loin des Daniele Ricci et autres Lola. Du coup, on pouvait se dire « tu » et Tobby était soulagé de n’avoir à être que lui-même. Je tirai sur ma cigarette.

-Je sens quand les gens ne sont pas eux-mêmes. Et je peux te dire que je n’aime pas ça. Mais toi tu te présentes à moi, sans même réaliser que tu es une star de la chanson en devenir alors que tu es déjà champion de boxe. Si ce n’est pas de l’humilité, je ne sais pas ce que c’est.

Je lui souris.

-Tu as ta place ici, crois-moi. J’ai écouté ton album. Alors pas de stress, d’accord ? De toute façon, j’ai le monopole du stress, c’est moi qui l’ai inventé.

Je ricanai…

Pourtant, face à Tobby, je ne ressentais pas cette boule au ventre et cet étau autour de ma tête. Il était calme bien qu’ayant un peu le trac… Mais je me rappelais l’avoir vu sur un ring à la télé, et il était plutôt du genre force tranquille quand il était dans son élément.

Il n’y avait plus qu’à faire de la musique son élément.

On s’installa dans le studio et je lui demandai s’il était prêt. Il m’affirma qu’il l’était et on put commencer. Je lui souhaitai le bonsoir, même si nous n’étions pas encore le soir, et même loin de l’heure de diffusion… Je préférais toujours, pour les premières interviews, que ça ne se déroule pas en direct. Pas tellement pour moi, mais pour mes invité pour qui c’était une première… Pour qu’ils aient le loisir de dire « oh non, ça je ne veux pas garder » ou mettre plus en avant une autre question ou un message à faire passer aux auditeurs.

Il parla de sa lourde défaite qui l’avait fait quitter les rings et de sa longue période d’égarement. Puis de cette vieille guitare qu’il avait trouvée et en avait sorti des sons assez intéressant pour qu’il pense se lancer en musique.

E fumais tranquillement en l’écoutant Tobby et le laissant parler à son aise, puis pris une gorgée de café avant de reprendre.

-Et c’est dans un de ces bars que tu as fait la connaissance de Daniele Ricci ? Celui qui est aujourd’hui ton manager ? Ou tu as préféré envoyer des démos un peu partout en espérant que le poisson morde à l’hameçon ?

Je le regardai, encourageant.

@ Billy Lighter

Puisque je n’étais pas quelqu’un qui avait une vie sociale très garnie, je m’empêtrais facilement dans les formules de politesses encombrante et superflue. Avec Jake, on trancha vite que la convivialité était notre meilleure avenue. Ça m’éviterait d’avoir l’air trop con en onde en jonglant entre le vous et le tu ce qui me ferait à coup sûr bégayer. Et heureusement qu’il n’y avait pas l’image, à la radio, parce que les gens verraient combien je rougie facilement et je pourrais dire adieu à ce qui me reste de ma réputation de gros dur du ring.

Je compris ensuite que Jake avait un radar pour détecter quand les gens n’étaient pas eux-mêmes ce qui devait être vachement pratique ! Je ne m’attendais cependant pas à me faire complimenter sur une qualité que je ne pensais pas avoir : l’humilité. En fait, j’avais toujours fait ce que je devais faire parce qu’on me disait que je devais le faire, aussi simple que ça. Je ne m’étais jamais vraiment questionné sur la place que j’occupais sous le spotlight parce que je n’ai toujours que garder en tête mon objectif et quand je pouvais lâcher un peu prise, je retournais chez moi, dans mon tout petit appartement, avec mon chien.

- Carrément, tu as inventé le stress ? Je suis l’un de tes plus gros client alors !

Ouais parce que si Jake pensait avoir le monopole du stress, alors moi je carburais à son essence ou je sais pas trop mais j’étais un paquet de nerfs à mes heures, surtout dans des moments comme celui-ci. Mais bon, si on prenait ça autrement, c’était peut-être signe que nous allions bien nous entendre et que notre stress commun allait faire en sorte qu’on se détende plus facilement.

Jake fit la présentation d’usage quand on lui en donna le signal et l’entrevu débuta avec une question sur mes débuts dans la chanson, une excellente question. Pour faire une histoire courte, je racontais que ça venait un peu de la fin de ma carrière sur le ring, un évènement qui m’avait laissé complètement sur le cul et avec rien devant moi et que mon errance ensuite m’avait conduit à essayer la guitare. C’était peut-être beaucoup trop de mots mais au moins, c’était dit du mieux que je le pu.

- Heu, Daniele. Ouais, non. En fait je l’ai rencontré chez lui pendant l’une de ses fêtes et ensuite il m’arrivait de lui envoyer des billets pour mes combats. Nous étions déjà connaissance quand je suis aller le trouver avec ma guitare, à son bureau.

J’espérais qu’en disant ça, je ne passe pas pour un mec qui était accro aux fêtes chez Ricci et à la débauche, parce qu’en réalité, ça n’avait été ni mémorable ni incroyable. Je n’y étais pas retourné, d’ailleurs.

- En fait, ce soir-là au bar, c’est Apolline McGonagall que j’ai rencontré et elle est venu chanter sur scène avec moi, en improvisant totalement sur une chanson, Tell Me Something, que j’ai enregistré avec Victoria Hunter. Après, j’ai juste pris mon courage à deux mains et je me suis rendu chez Daniele pour lui faire entendre mes compositions et voilà, ça a fonctionné.

Ça avait tout de même été facile et rapide m ais Daniele avait vu neiger, il savait comment lancer les choses sans que ça prenne trois vies à se faire.

@ Billy Lighter

Je sentais la timidité de Tobby Cooper… Elle émanait de lui comme l’angoisse pure émanait de moi… Et heureusement pour nous, au lieu de s’additionner pour produire une anxiété que nous n’aurions su gérer aucun des deux, ça s’annulait… Tobby était lui-même, j’étais moi-même, on restait naturels et c’était très bien comme ça. Ça se ressentirait aussi à l’antenne que l’animateur radio le plus critiqué de L.A. se sentait, pour une fois, bien dans ses baskets et pas prêt à partir en guerre contre le monde parce qu’il était mal dans sa peau.

D’ailleurs, je rigolai avec l’ancien boxeur en disant que j’avais inventé le stress, histoire de lui montrer qu’il n’était pas le seul. Qu’il n’était pas seul… Et ça sembla le détendre un peu bien qu’il se disait être l’un de mes plus gros clients.

-Juste après Billy Lighter.

Je l’invitai à entrer dans le studio où nous allions enregistrer. On s’installa, lui avec sa bouteille d’eau, moi avec mon café et les choses sérieuses commencèrent, avec une question qui me semblait légitime. Une question que le tout L.A. devait se poser.

Comment une star de la boxe pouvait cacher un talent comme celui que nous avait révélé Tobby Cooper dans son premier album qui comptait pas moins de dix chansons !

C’était autre chose que de sortir un single pour tâter le terrain ! Lui se lançait tête la première dans le show business… Un monde qu’il devait déjà connaître un peu, mais pas comme une star de la chanson.

J’écoutai attentivement sa réponse, le laissant aller jusqu’au bout de son idée. Il avait rencontré Daniele Ricci lors d’une de ses fêtes, ce qui était coutumier à L.A. quand on était un tant soit peu connu. Or, Tobby était plus que connu pour sa droite et son crochet exceptionnels.

Il connaissait donc déjà Daniele Ricci avant de se lancer dans la chanson.

-Mais à ce moment-là, avais-tu déjà en tête de te lancer dans la chanson ? Avais-tu déjà des mélodies en tête ? Ou c’est vraiment après ta défaite que l’inspiration t’es venue ?

Puis il me raconta qu’il avait pris ses couilles à deux mains pour aller chanter dans un bar avec sa guitare. Je souris en coin quand il écorcha le nom d’Apolline McLagan, une chanson qu’il avait finalisée, en studio, avec nulle autre que Victoria Hunter.

-Je suppose que tu veux dire Apolline Mclagan. Mais ne t’en fait pas… Son nom risque de vite tomber dans l’oubli maintenant qu’elle est retournée se terrer en Ecosse. Les absents ont toujours tort.

Et donc, finalement, ses démos avaient fonctionné avec Ricci.

-Et où trouves-tu ton inspiration pour cette sorte de pop country que tu nous offres ? Excuse-moi si je n’utilise pas les bons mots pour catégorisé ta musique. C’est juste qu’à l’instar de The Warriors, on a encore jamais rien entendu de tel. Et ici, nous sommes loin des ranchs et des chapeaux de cowboys.

@ Billy Lighter

C’était bien de me retrouver, pour ma première interview, avec quelqu’un comme Jake. Il comprenait mon stress mais il ne me le mettait pas sous le nez parce qu’il était lui-même très stressé et ce qui devenait intéressant, c’était qu’ensemble, le stress s’annulait, du moins, c’était mon impression. Peut-être que ça allait bien fonctionner, à cause de ça !

Il était temps de laisser tout ça de côté car l’interview commença et je ne voulais pas dire n’importe quoi justement parce que je stressais. Jake avait de bonnes questions et ce n’était pas contraignant que de lui répondre, c’était comme parler avec un bon copain.

- Non. Non tout ça c’est vraiment très récent, ça remonte à cet été.

Ouais, ça m’avait pris comme ça, l’inspiration et la guitare qui venait avec sans que je comprenne vraiment pourquoi. Après avoir touché le fond suit à ma défaite, il me fallait un nouveau projet et mon écart dans le crime organisé ne m’avait pas séduit plus que ça.

- Après ma défaite, j’ai galéré à pas savoir quoi faire de ma vie. Certains vont dire que j’aurais pu faire un combat revanche mais à force de manger des coups sur la gueule, on vient qu’on ne sait plus les encaisser, tu vois, alors c’était fini pour moi, le ring. Il me fallait un nouveau projet.

Mais de là à dire que c’est ma défaite qui avait servi de tremplin, j’en suis pas certains.

- Peut-être qu’en fait, j’avais ça en moi sans le savoir.

Je racontais, pour faire suite à l’interview, que je m’étais rendu dans un bar un soir avec ma guitare pour performer lors d’une soirée amateur et qu’Apolline McGonagall m’avait accompagné sur scène pour la chanson que j’ai plus tard enregistré en studio avec Vickie.  

- McGona… Mclagan… Mais pourquoi j’ai dit McGonagall ?

Je m’esclaffais comme un gosse en réalisant ma bourde mais aussi, quand Jake ajouta que de toute façon, le nom d’Apolline risquait de bien vite tomber dans l’oubli ce qui n’était pas faux ! La preuve ? Je venais de la débaptiser en onde, rien de moins !

- Nous devions l’enregistrer ensemble cette chanson mais elle ne s’est jamais pointé donc bon. Mais ouais tu as raison et en plus, j’ai eu la chance de pouvoir la chanter avec Victoria Hunter qui a sublimiser la chanson.

J’avais clairement gagné au change en passant de Mclagan à Hunter ! Vickie avait bien plus de charisme et de voix pour ce genre de chanson et au moins avec elle, je ne risquais pas d’être déçue comme avec l’autre qui n’avait pas retourné mes appels.

- C’est le bon terme, de la pop country ou Daniele dit aussi du new country.  J’ai toujours été fan du country, tu sais Johnny Cash, la famille Carter et tout ça. D’un autre côté, j’aime beaucoup Fireworks et Red Flag l’ancien groupe de Jackson Holland et j’crois qu’en fait j’ai suivi mon inspiration sans trop me poser de questions.

Ça me rendait fier que Jake dise qu’on avait jamais entendu un son comme le miens. Ça voulait un peu dire que j’étais un investigateur, au moins, personne ne pourrait dire que je n’apportais rien de nouveau et que j’aurais dû rester sur un ring.

- Et peut-être qu’en fait, je voulais montrer qu’on a pas besoin de se balader a cheval sur un ranch et porter un chapeau de cowboy pour écouter de la country music. C’est accessible pour tout le monde, je crois.

En tous les cas, si j’en jugeais par les ventes ici même à Los Angeles, ca semblait plaire et pourtant, il n’y avait pas beaucoup de cowboy au mètre carré ici !

@ Billy Lighter

Tobby avoua que sa passion pour la chanson remontait à tout juste cet été… Je sifflai, impressionné avant de dire au micro.

-Et bien ! De l’inspiration cet été et déjà un album complet, ça mérite des félicitations !

Puis je l’écoutai attentivement raconter ce qu’il s’était passé après sa défaite sur le ring, après la perte de son titre. Il avait eu comme un gros passage à vide. Je m’allumai une cigarette tout en l’écoutant. Il en avait marre de prendre des coups sur la gueule, il voulait montrer autre chose, un autre Tobby Cooper.

-Et bien je pense que c’est réussi… Les sondages ne sont pas trop mal d’après ce que j’ai pu lire dans différents magazines. Donc, pari réussi.

Je lui souris, soufflant la fumée de ma clope par mes narines.

Il disait avoir ça en lui sans le savoir.

-C’est indéniable.

Puis, il me parla de ses tous début et de son duo avec Apolline Mclagan dont il écorcha le nom et s’en suivi un fou rire avec Tobby qui me fit tousser sur la fin.

-Hum… Ouais, pardon. C’était bien McLagan, son nom. Si tu parles bien de la guitariste de The Burning Fire. Enfin, ex-guitariste.

Et en fait, elle lui avait carrément fait faux bond pour l’enregistrement de sa chanson. Je fis la moue. Moi qui n’appréciais déjà guère Apolline Mclagan pour avoir pris trop de place sur l’album Dynamite, ça n’allait pas m’aider. Mais de toute façon, elle avait disparu de la circulation et m’était avis qu’elle n’était pas prête de revenir.

-C’est une chance d’avoir pu enregistrer avec Victoria Hunter. C’est peut-être un coup du Destin.

Après ça, il m’expliqua que Daniele appelait sa musique de la New Country et me parla de quelques-unes de ses influences, tous des grands noms.

-Parfois il faut y aller au feeling. Et j’aime bien cette étiquette de New Country… Je trouve que c’est ce qui caractérise le mieux ta musique… Même si une étiquette n’est jamais totalement exacte.

Et je pouffai de rire quand il dit qu’il voulait prouver qu’on avait pas besoin de se balader à cheval dans un ranch et de porter un chapeau de cowboy pour faire de la country.

-Et tu l’as bien fait. Et ouais, je pense que c’est une musique accessible à tous.

Je m’éclaircis la gorge.

-Et dis-moi, quel genre de travailleur es-tu ? Musicalement parlant… Tu passes beaucoup de temps sur tes textes ? Tu en écris au contraire comme tu respires ? Ou c’est les mélodies qui te prennent plus de temps. Bref, comment travailles-tu ?

@ Billy Lighter

Mon inspiration était toute récente, de cet été et ça impressionna mon interlocuteur. La première fois que j’avais agrippé une guitare, j’avais eu la piqûre comme on dit puis, tout c’était enchaîné rapidement. Il faut dire que je n’avais pas non plus grand-chose d’autre à faire, sauf peut-être aller courir avec Diablo.

- Merci ! Avec le recul je me rends compte que j’y ai consacrer tout mon temps mais quand je le faisais ça ne me semblait pas être tant que ça.

Après ma défaite et ma longue errance pendant laquelle j’avais flirté avec le crime organisé, j’avais eu besoin de changer mon cap et trouver une nouvelle façon de m’exprimer. J’en avais marre de démonter des gueules et après ma première défaite, je m’étais juré ne pas récidiver. Quand je prenais ma guitare et que je grattais les cordes, il me semblait que je parvenais à m’exprimer, mieux que je ne le faisais de vive voix, en conversation avec quelqu’un. Sauf peut-être maintenant, avec Jake. Les mots coulaient d’eux-mêmes.

- Je n’ai pas vu les sondages et je n’ai pas lu les critiques. Je laisse ça à mon manager mais là que tu me le dis je trouve ça génial.

C’était cool d’entendre Jake me dire que ma carrière décollait bien. Ce serait mentir que de prétendre que je ne l’espérais pas mais maintenant que mon album était lancé et que la réponse des gens était favorable, c’était comme recevoir une tape dans le dos.

J’avais fait ma première bourde radiophonique en débaptisant Apolline McLagan mais vu la réaction de Jake, il n’y avait pas beaucoup de mal. Et puis il y avait peu de chance qu’on lui rapporte mon erreur. Aussi, je pourrais dire que je n’avais jamais été très branché show business et que je n’avais pas la mémoire des noms.

- Ouais, c’était bien d’elle que je parlais.

Elle s’en mordrait certainement les doigts si elle entendait Vicky Hunter défendre notre chanson, bien mieux qu’Apolline ne l’avait fait dans le bar. Mais comme le disait Jake, les absents ont tords.

- Victoria est fabuleuse et sa voix parfaite.  Je suis vraiment heureux d’avoir pu l’enregistrer avec elle.

Ensuite, c’est de mes influences et de mon style qu’on parla. Daniele avait baptisé cela du new country et ça collait plutôt bien, puisque mon son était différent de ce que les gens connaissaient de la music country qu’on entendait déjà.

- Ce qui est drôle c’est que je n’ai jamais cherché un style en particulier. Ça s’est imposé comme ça dès ma première composition. Qui sait si j’avais essayé un autre instrument de musique, je ferais peut-être du rock ou du jazz.

Quoi que j’en doutais.

Le country m’allait bien et je prouvais qu’il ne fallait pas avoir un cheval et un chapeau de cowboy pour apprécier ma musique que je voulais accessible pour tous.

- Ouais, non…

Je me grattais la nuque en rigolant avant de me reprendre. C’était une excellente question, le truc, c’est que je ne m’étais jamais vraiment rendu compte de comment je travaillais mes chansons pour pouvoir en parler avec quelqu’un.

- Je prends ma guitare, mon chien Diablo s’installe près de moi et je grattes mes cordes pour essayer des trucs. C’est avec la mélodie que je trouve mes sujets. Je n’écris pas bien, je n’aime pas écrire alors je ne le fais que pour ne pas oublier les phrases qui me passent par la tête, viens un moment où j’ai asse pour tout mettre ensemble et ça donne une chanson.

Je n’étais peut-être pas très clair, j’en savais trop rien. Ma méthode de travail n’était pas précise, je ne m’y prenais pas toujours de la même manière.

- J’y vais une chanson à la fois. C’est Diablo qui me dit si c’est bon ou pas. Il se cache sous les couvertures quand ça ne lui plait pas. D’ailleurs j’ai laissé la radio allumée avant de partir pour qu’il m’entende. Hey, salut vieux ! Bouffe pas le tuyau du radiateur encore hein !

@ Billy Lighter

Tobby avoua avoir passé pas mal de temps sur sa guitare, mais sans s’en rendre compte. C’était la marque de la passion, tout simplement. Et ça se ressentait dans son album. Après, attention, ce premier opus n’était pas parfait et comprenait des erreurs de débutant. Mais c’était aussi ce qui faisait le charme de la chose… Tout comme la timidité de Cooper devait faire tomber les filles parce que ça en faisait un homme un peu ténébreux.

Cela dit, il semblait à l’aise dans cette interview, tout comme moi, même si je n’avais pas réussi à résister à mon addiction et m’étais allumé une cigarette.

Tobby disait ne pas avoir vu les sondages, ni lu les critiques, probablement par peur de se prendre une gifle, mais je le rassurai en lui disant que globalement, son album avait reçu un bon accueil. Du coup, il avait le sourire et trouvait ça génial.

Puis on discuta de la genèse qui avait eu lieu dans un bar, avec Apolline Mclagan qui, par après, lui avait posé un lapin sans le prévenir. Mais heureusement, Victoria Hunter, une valeur sûre, l’avait alors accompagné.

-Elle est talentueuse et généreuse. C’est rare que des grandes stars se mobilisent pour faire percer quelqu’un de nouveau dans le métier.

Quant à son style, Cooper disait qu’il s’était imposé comme ça, que ça lui était venu naturellement. Mais qu’écrire lui posait beaucoup de problèmes… Les phrases lui venaient petit à petit puis il devait les combiner pour en faire des chansons.

-C’est atypique comme façon de travailler, mais chacun son truc. Il y a des chanteurs qui découpent carrément des mots, les mélangent et voient ce que ça donne… Et parfois, ça donne des chefs d’œuvre.

Et je rigolai gentiment quand il expliqua que son baromètre pour savoir si une chanson était bonne était son chien. Ça aussi, c’était spécial.

-Et bien, ton chien à l’oreille musicale !

Il disait lui avoir laissé la radio allumée pour pouvoir l’entendre… Je ne relevai pas… Enfin pas tout de suite.

-Et si nous écoutions l’une de tes chansons ? Voici la chanson titulaire de l’album, Halos !



On était hors antenne désormais et j’enlevai mon casque pour parler avec la sourire à Tobby.

-Ça va jusqu’ici ? L’émission, tu pourras l’écouter ce soir à 19 :00 avec ton chien, nous ne sommes pas en direct. Là, ton chien est sur le point d’écouter SydG !

Je marquai une pause.

-Est-ce qu’il y a une question en particulier que tu voudrais que je te pose ? Quelque chose dont tu aimerais parler ?

@ Billy Lighter

J’avais gagné au change en enregistrant ma chanson avec Victoria Hunter plutôt qu’avec Apolline McLagan. En tous les cas, c’est ce que je comprenais avec les propos de Jake mais j’en avais bien la certitude de toute façon, rien qu’avec la complicité que j’avais eu avec la belle et légendaire chanteuse et je ne faisais pas référence uniquement à la chanson que nous avions enregistrée ensemble. Le moment passé ensemble au mariage de mon manager était gravé dans ma mémoire.

- Elle a été très généreuse ouais c’est le moins que je puisse dire et aussi, elle m’a donné plusieurs trucs du métier. Oh et il y a Livia aussi. J’ai aimé enregistrer avec elle. Elle est jeune mais elle sait ce qu’elle fait. C’était cool.

Ce fut ensuite sur ma façon de travailler que Jake s’intéressa et ce n’était pas si facile que ça à expliquer parce que moi-même je ne savais pas comment je m’y prenais. Je n’arrivais pas vraiment à écrire des chansons au complet d’abord. Je travaillais mes mélodies puis j’y collais des bouts de phrases et je voyais ce que ça donnait.

- Atypique, ouais c’est bien ça. On pourrait dire que je fais dans le désordre. Peut-être que Victoria voudra me partager une méthode de travail plus conventionnelle.

Un peu comme au mariage de Daniele, je ne serais pas contre, au contraire !

Quoi qu’il en soit, jusqu’à présent c’est Diablo qui m’avait toujours guidé sur ma musique en aboyant ou en grattant de la patte pour me faire comprendre qu’il aimait ou n’aimait pas. Ça fit rire Jake et moi, ça me fit sourire, timide. Pour une fois que quelqu’un ne ridiculisait pas d’ambler ma relation avec mon chien, c’était un vrai soulagement.

- Ouais, j’crois qu’on peut dire ça.

Jake passa l’une de mes chansons, Halo et ça me fit me raidir, un peu d’appréhension mais aussi d’excitation. Je n’étais pas encore habitué d’entendre mes chanson à la radio. C’était jusqu’à tout récemment un passetemps, un truc que je faisais pour moi, pour me changer les idées et voilà que maintenant, les gens pouvaient entendre mes chansons et c’était comme les laisser entrer dans ma tête.

Jake retira son casque alors je fis pareil avant de me pencher pour prendre ma bouteille d’eau et en dévisser le bouchon pour en boire une grande gorgée. Je venais de parler là, plus que je ne parlais dans une semaine mais je me disais que je ne pouvais pas répondre que des ‘’ouais’’ ou des ‘’p’t’être bien’’. Je devais quand même montrer que j’étais plus qu’un tas de muscles et une cervelle en bouillie.

- Ouais c’est génial. J’essaie d’être précis sans me perdre dans mes idées.

C’était ce qui était le plus difficile mais ça semblait satisfaire Jake et moi je me sentais parfaitement à l’aise même si c’était la première fois que j’accordais une interview. Même pour la boxe, après mes matchs, je laissais la parole à mon manager. C’était plus simple comme ça.

- Il aime bien SydG. Elle est aussi sympa dans la vie qu’elle semble l’être à la radio ?

Ensuite, je ne savais pas trop quoi répondre à Jake quand il me demanda s’il y avait une question que j’aimerais qu’il me pose. C’était embêtant mais je tentais quand même un truc.

- Peut-être juste de mes projets à venir ou si j’ai des choses que je souhaiterais faire.

J’aimerais bien faire de la scène, j’avais adoré l’expérience lors du mariage de Daniele et si je pouvais chanter encore avec Victoria je serais heureux.

@ Billy Lighter

Tobby vanta encore un peu les mérites de Victoria Hunter, mais aussi ceux d’Olivia Cortez avec qui il avait fait aussi un duo sur son album. Je souris, écrasai ma cigarette, pris une gorgée de café tout en l’écoutant.

Je lui demandai ensuite quelle était sa façon de travailler et il me répondit d’une manière assez complète. Il disait faire tout dans le désordre. Une méthode de travail atypique qu’il allait peut-être perfectionner au contact de personnes comme Victoria Hunter par exemple.

M’était avis que le jeune chanteur en pinçait pour la grande chanteuse qu’était Victoria… Et qui ne serait pas charmé ? J’aurais été journaliste people, je lui aurais posé la question, mais je n’étais pas journaliste people.

Il expliqua aussi que son baromètre pour savoir si une chanson était bonne était son chien. Il semblait soulagé que je ne me moque pas de lui.

-Les chiens ont une ouïe sensible. Je ne sais pas s’ils ont l’oreille vraiment musicale mais ce n’est pas exclu.

Puis j’envoyai la musique et en profitai un peu pour prendre la température de Cooper. Il avait l’air
de s’éclater.

-Tu es parfait. Tu réponds aux questions de façon complète sans en dire trop ou te perdre. Bref, tu gères.

Mais je lui expliquai que l’émission, il pourrait l’écouter avec son chien puisque nous n’étions pas en direct. Et qu’en ce moment, son chien devait écouter SydG. Je souris quand il demanda comment elle était.

-C’est une sainte. Malgré mon mauvais caractère, elle m’a tiré d’un mauvais pas.

Un très mauvais pas.

J’eus encore le temps de demander à Tobby quelle question en particulier il voudrait que je lui pose.

Je hochai la tête et rallumai une cigarette. Depuis la régie, on nous fit signe que nos secondes étaient comptées avant la fin de la chanson. Je remis mon casque.

-Vous êtes bien sur L.A. ROCKS, ne changez pas de station, nous sommes sur le point d’en apprendre encore plus sur Tobby Cooper, le boxeur devenu chanteur.

Je regardai Tobby.

-Quels sont tes projets pour l’avenir ? Des dates de concerts à Los Angeles ou ailleurs ? Ou tu as d’autres projets à venir ?

@ Billy Lighter

Je ne ressentis pas de jugement de la part de Jake quand je parlais de mon chien et du fait que je me fiais à ses réactions pour savoir si ce que je faisais était bien. Il disait que les chiens avaient une audition plus sensible, et c’était très vrai. Cela dit, je ne pouvais pas prétendre que mon chien avait une oreille musical développée, cependant, j’aimais le croire.

Ensuite, Jake lança l’une de mes chansons et nous pûmes retirer nos casques d’écoute. Je fus surprit du compliment de l’animateur radio mais c’était rassurant que de savoir que je ne faisais pas trop le pitre en onde. J’avais peur de me couvrir de ridicule mais il semblait que ce n’était pas le cas.

- Cool, merci de me le dire.

J’allais pouvoir me détendre et ne pas trop me prendre la tête avec ce que je pouvais ou plutôt de comment je pouvais le dire. J’étais moi-même c’était l’important et ça semblait être la ligne à suivre.

Diablo, de son côté, était en compagnie de la belle SydG puisque l’émission à laquelle je participais en ce moment ne serait en onde que le soir. Je n’avais pas voulu que mon chien s’ennuie et lui avait laissé le poste radio ouvert mais je n’avais pas songé que nous enregistrions l’émission. Pourtant, je le savais ! Je n’y avais simplement pas songé, comme toujours, parce que j’étais trop nerveux et que j’avais pensé à un tas de chose sauf aux choses évidentes.

- Elle doit être vraiment sympa alors ! C’est cool de travailler avec des gens comme elle.

J’allais dire que j’avais eu de la chance d’avoir Victoria Hunter pour m’épauler mais j’allais sembler être un obsédé si je parlais encore de la belle chanteuse, même en des termes élogieux. Je ne savais pas jouer de subtilité alors dans le doute, valait mieux que je me taise.

L’interview recommença après ma chanson et je replaçais mon casque en passant près de l’échappé ce qui me fis rire de nervosité puis je me repris quand Jake me posa de nouvelles questions, que je lui avais suggéré d’ailleurs mais je n’avais pas toutes les réponses alors en gros, j’avais l’air d’un con !

- En fait, mon manager, Daniele Ricci, m’a permis de vous dire que je serai au Empire Records dans deux jours pour signer des albums, des affiches et pour chanter devant le public qui se seront déplacés pour me voir. Et parmi ses gens, nous feront tirer des billets pour ma toute première prestation au Rainbow.

Nous commencions tout en douceur mais moi ça m’allait. Je redoutais le jour où  je devrais faire de grosses salles non pas que j’en avais pas envie mais comme tout allait très vite, je voulais bien prendre au moins le temps de m’habituer à être devant un public  qui allait accroitre de fois en fois.

- Sinon je vais passer a la télé sur le plateau de Vanya Kournikova, la semaine prochaine.  C’est dingue de voir ce qui se passe mais de la bonne manière. Je suis heureux de caser la glace ici avec toi.

@ Billy Lighter

Tobby était ravi que l’interview se passe bien… Je trouvais qu’il se débrouillait pas mal. C’était quelqu’un d’intelligent. Et je ne me gênai pas pour le lui dire alors que la musique passait. Quant à son chien, il devait être en train d’écouter SydG que je complimentai au passage et Tobby de dire que ça devait être cool de travailler avec elle.

-J’ai travaillé une fois avec elle, sur une émission sur ton manager, Daniele Ricci. Et elle a été parfaite.

On reprit l’interview et moi, une cigarette. Je lui demandai donc quels étaient ses projets futurs et il m’annonça une séance de dédicace chez Empire Records, ainsi qu’un tirage au sort pour gagner des places pour son premier concert.

Il annonça aussi qu’il allait passer à la télévision, dans l’émission de Vanya Kournikova.

-Félicitations pour tout ça, j’espère que les gens viendront nombreux chez Empire Records et que l’audience sera bonne pour l’émission…

Il se disait heureux de pouvoir casser la glace ici avec moi.

-Et ce n’est que le début d’une longue série d’interviews ! Es-tu prêt à entrer dans la Jet-set ou seras-tu plutôt du genre discret, n’accordant des interviews qu’à quelques journalistes par an… Bref, comment comptes-tu gérer ta toute nouvelle célébrité ?

Je souris.

-Ce sera donc une première aussi, la télévision… ? A moins que tu n’aies déjà été interviewé à la télé quand tu étais boxeur ?

@ Billy Lighter

C’était cool de savoir que l’animatrice de l’émission du midi, SydG tait aussi sympathique dans la vraie vie qu’elle ne semblait l’être à la radio car souvent, on déchante quand on arrive dans la réalité. J’avais connu ça, des femmes qui se donnaient de beaux air mais une fois le masque tombé, c’était pas mal moins beau !

Après un court bavardage qui tenu le temps de ma chanson, l’interview reprit avec la question que j’avais suggérée à Jake et du coup, ça refit monter ma nervosité parce que je n’étais pas certains de pouvoir tout dire, quoi que ça ne devait pas être un secret, si ? Daniele me l’aurait dit si je ne pouvais rien dire.

Alors je parlais de l’émission de Vanya Kournikova pour laquelle j’allais faire une chanson en live puis de l’Empire Records où j’irais signer des affiches et des albums et chanter aussi, devant les fans et il y avait le Rainbow, je ne devais pas l’oublier !

- Je crois que oui. J’ai vu la première semaine avec The Warriors, et le petit qui posait des questions. Il était chouette ce gosse. Et puis pour Empire Records je suis impatient, ça sera un premier vrai contact avec les fans. Je pensais pas que ça arriverait si tôt.

Ou plutôt que ça m’arriverait à moi, de sitôt !

Au moins, j’aurai eu un avant-goût de ce que ça pouvait être que d’accorder une interview et avec Jake c’était parfait. Il était vraiment sympathique et comme on se l’était dit au début, notre nervosité commune devait s’annuler parce que c’était quand même pas si pire que ça.

- Je sais pas trop comment je vais gérer ça. À la boxe c’était mon manager qui s’occupait de tout, je n’avais pas besoin d’y songer et le plus que j’ai fait a été de prendre la pose pour des affiches promotionnelles, tu vois ? Là je me défends seul, même si Daniele est là pour m’orienter. J’crois que je vais laisser les choses aller et voir comment elles se places d’elles même.

C’était probablement plus sage d’attendre de voir comment évoluaient les choses avant de me tracer un plan de match. Mais une chose était certaine, je reviendrais voir Jake aussi souvent qu’il le voudrait.

- Non, pas réellement. Les caméras venaient parfois pour l’issu d’un match mais je ne parlais pas, de toute façon après avoir encaissé autant de coup, t’as pas envie plus que ça de répondre à des questions !

Et je m’esclaffais, un peu trop peut-être, avant de reprendre mon sérieux.

- On ne pense pas vraiment à ce genre de chose, quand on s’essaie pour un album, en tous les cas moi j’y ai jamais songé. Mais à force, peut-être que je vais m’habituer et devenir plus à l’aise, ou peut-être que je ne m’y ferai jamais.

@ Billy Lighter

L’émission reprit et j’orientai mes questions dans le sens où il l’avait voulu. Pourtant, il sembla hésitant une seconde avant de répondre… Le trac fait parfois faire des choses bizarres, mais ça arrive. Mais Tobby Cooper retomba sur ses pieds et répondit.

Il était impatient et nerveux à la fois pour tout ce qui l’attendait dans un avenir très proche. Je lui souris.

-Au moins tu sauras à quoi t’attendre, pour avoir vu l’émission de Vanya Kournikova une fois. Elle mène bien sa barque, je suis sûr que tout se passera sans problème.

Mais ce qu’il avait surtout hâte, c’était le contact avec ses fans. Mais encore une fois, ça semblait le rendre nerveux tout à la fois. Il était un peu comme moi en fait… Probablement moins impulsif et violent et pourtant, le boxeur, c’était lui.

Il disait ne pas trop savoir comment gérer tout ça, que c’était son manager qui d’habitude se prêtait au jeu des micros et des caméras.

Je lui souris, la fumée me sortant par les narines.

-Moi je trouve que tu gères plutôt bien jusqu’ici. Et au pire, Daniele adore s’écouter parler.

Je ne portais pas l’Italien dans mon cœur quoi qu’un peu plus quand même depuis que j’avais appris à le connaître à travers les recherches et l’émission qu’on avait faite avec SydG.

Il disait avoir parfois fait face aux caméras mais n’avait jamais parlé… C’était clair que, comme il le disait, ça ne devait pas être évident de parler après avoir pris des coups en pleine figure.

-Je comprends… mais crois-moi et prépare-toi, tout ça va changer. Conseil d’ami.

Je rigolai.

-Et je ne suis que le premier à t’emmerder.

Je souris quand il dit que quand il avait fait son album, il n’avait pas pensé à la célébrité qui s’en suivrait. Peut-être parce qu’il était déjà célèbre… Je ne savais pas. Et lui ne savait pas s’il allait s’y habituer ou s’il ne s’y ferait jamais.

-Seul le temps nous le dira. En attendant, j’ai été ravi de te recevoir dans ce studio pour ta première interview… On connait maintenant un peu plus le Tobby Cooper chanteur.

Je marquai une pause.

-Et on va se quitter sur une autre de tes chansons, Lullaby, en duo avec nulle autre que Livia ! Merci encore, Tobby. Et ç mes chers auditeurs, merci d’être là ! Schüss !

@ Billy Lighter

Même si c’était moi qui avais donné des pistes à Jake pour les prochaines questions, je ne répondis pas de manière spontanée comme si je maîtrisais bien le sujet. La raison était justement que je ne maîtrisais que très peu tout ce qui m’arrivait. J’avais pourtant envie d’en parler, de le partager, de montrer mon talent puisque de toute évidence, je m’en tirais plutôt bien. En fait, c’était que ça devenait à ce point concret et que je ne l’avais pas anticipé. J’avais simplement attrapé ma guitare un jour, gratté les cordes pour voir ce que ça donnait et voilà.

Aujourd’hui, j’avais un album et des fans et des dates de prestations et d’interview, j’y croyais à peine. Jake, concernant l’émission de télé de Vanya Kournikova, ajouta simplement que je saurais à quoi m’attendre pour l’avoir suivi à la télé.

- Ouais, le concept est bien et ce n’est pas compliqué. Je pourrai faire deux chansons en studio, ça va être chouette.

J’étais autant excité que nerveux mais comme tout allait vraiment bien en ce moment avec Jake Snyder, je me disais que le plus dur était fait. Je venais de casser la glace, je pouvais me laisser porter par la suite des évènements.

Et savourer ce qui m’arrivais, après tout, je ne l’avais pas volé !

- Ouais, je m’en sors plutôt bien je crois. Et c’est vrai ! Ouais ! Daniele, il aime bien s’entendre parler !

Ça me fit marrer ! Et en plus Daniele il était méga expressif alors c’était ce qui faisait que je trouvais que Jake avait tellement raison !

Je devais me préparer pour la suite, comme le disait Jake. Ce n’était plus comme quand je boxais. Je devais montrer que je savais parler, et réfléchir et pas que frapper dans le tas.

- S’ils sont tous comme toi, je vais y prendre goût ! C’est sympa de bavarder comme avec un vieux pote !

Jake m’avait mis à l’aise, je ne sentais pas la pression ce qui faisait que la conversation était facile et qu’elle coulait d’elle-même.

Avec le temps, je devrais me faire à la célébrité. Quand je boxais, j’étais célèbre mais on ne m’approchait pas, peut-être parce que le fait d’être le maitre incontesté du ring ne donnait pas envie aux gens e s’approcher de trop près. Avec la musique, les choses seraient différentes. Avant la sortie de mon album, je ne m’étais même pas posé la question, pas une seule fois, sur comment je vivrais la célébrité parce que pour moi, ça ne s’additionnait pas. Force était d’admettre que j’avais tord mais ça me plaisait. Je mentirais si je disais que je n’appréciais pas cette reconnaissance !

- Le plaisir a été partagé et je voudrais ajouter que ça été vraiment un honneur que d’avoir ma première interview avec toi ! Je vais m’en souvenir toute ma vie, merci pour ça !

Jake envoya ensuite une autre de mes chansons en onde, celle que j’avais enregistré avec Livia e encore une fois, ça me fit tout drôle d’entendre le fruit de mon travail dans mes oreilles.

@ Billy Lighter