Avec Hank, nous étions d’accord que Riley ne pouvait pas rester chez nous plu longtemps que ce que j’avais convenue avec elle. Deux jours et pas un de plus. J’étais prête à déplacer toutes les montagnes possibles et imaginables pour l’aider mais, parce qu’il devait y avoir un mais, jamais au péril de la sécurité de ma famille. Avec les confidences d’Howard et même avec ce que m’avait raconté à demi-mots ma sœur, je ne pouvais ni ne voulais prendre de risque.

Après ma discussion avec Hank, j’étais allée trouver Riley et je lui avais exposer les options que je lui offrais. Ça n’avait pas fait son bonheur, je l’avais anticipé. Ma sœur oubliait peut-être que j’avais chaussé ses souliers et que je savais dans quel tunnel sombre elle avançait. Elle avait ses propres démons et peut-être même des monstres encore plus effrayant se cachaient sous son lit mais la trame restait sensiblement la même.

Riley devait choisir entre accepté la main tendue ou la refuser. Elle avait évidement commencé par m’envoyer sur les roses en disant que je ne comprenais rien, que c’était facile pour moi de la juger maintenant que je vivais mon conte de fée et que j’avais oublié ce que c’était que la vie dans la rue. Je ne vivais peut-être plus dans la rue mais jamais je n’oublierais ce que c’était.

Bref, le lendemain matin, Riley s’était pointé le bout du nez pour dire qu’elle acceptait mon coup de main mais qu’elle ne voulait pas quitter Los Angeles et qu’elle voulait pouvoir revoir Keenan, son petit ami. Je n’avais rien contre ses demandes, même que je trouvais qu’elle en avait peu, compte tenue de la situation bien qu’elle n’avait pas beaucoup de marge pour négocier.

Ensuite, j’avais contacté Finan Quinn sous prétexte que je voulais revoir avec lui un détail de son costume. Loin de moi l’idée de le placer dans une situation délicate mais je ne voulais pas dire au téléphone la vraie raison de ma demande. Avec tout ce qu’il vivait de son côté, je ne voulais pas risquer qu’on capte notre conversation ou bien que ça puisse embarrasser sa femme. C’était délicat comme situation. Après, c’est à Howard que je téléphonais puisqu’il était en quête d’informations, je croyais que ce serait peut-être pour lui le moment d’en récolter ou alors, il pourrait m’aider à garder Riley dans son cadre puisqu’il savait les grandes lignes de son histoires.

J’avais demandé à Hank de téléphoner au Snow White Detox Center pour qu’il arrange l’admission de Riley pendant que j’attendais avec ma sœur au salon l’arrivée des invités dont elle ignorait la venue. Entre temps, Grâce était passé prendre les filles. Je préférais qu’elles ne soient pas à la maison au cas… Je ne pouvais pas prévoir la réaction de Riley, les possibles débordements émotionnels donc c’était préférable que les filles ne soient pas à la maison pendant cette réunion.

Finan arriva le premier et je le saluais en l’embrassant sur ses joues. Avant de le conduire au salon, je lui confessais mon petit mensonge tout en lui expliquant que j’avais cru que ce serait mieux de ne rien dire au téléphone pour toutes les raisons qu’il connaissait déjà. J’allais m’assoir au salon quand on sonna à nouveau à la porte mais comme Howard était chez moi comme chez lui, il entra sans attendre et nous trouva tous réunis dans la même pièce.

Le visage de Riley était fermé, je crois qu’elle réalisait un peu que mon aide ne consisterait pas à uniquement la conduire dans un centre mais qu’elle devait aussi régler certaine chose avant son départ.

Après notre conversation, Bailey était allée parler avec sa sœur. Quant à moi, je profitai que cette dernière ne sorte pas de sa chambre pour me calmer, pour prendre les choses sous un angle plus mature que celui que j’avais eu jusqu’ici.

Si Bailey voulait aider Riley, je serais aux côtés de ma femme, même si je ne supportais pas Riley… Je ne devais pas oublier que Bailey était passée par là elle aussi et que sans soutien, elle ne s’en serait jamais sortie.

N’empêche que de ce que je me rappelais, Bailey, quand elle était encore prostituée, avait une moins grande gueule que Riley et semblait subir beaucoup plus sa situation que Riley. Mais c’était peut-être le fait que j’en étais déjà amoureux qui obscurcissait mon jugement. Même si Bailey, même alors, savait être d’une bonne écoute et de bonne compagnie.

J’avais téléphoné à Grace pour qu’elle vienne chercher les filles. Ce qui allait se passer n’était pas pour les enfants. C’était Howard qui allait être déçu de ne pas voir sa filleule mais ce serait pour une autre fois.

Bailey, elle, s’était occupée de téléphoner à ce dernier ainsi qu’à Finan Quinn, sous le couvert d’un détail sur son costume. Elle avait bien raison, on ne savait pas si le chanteur et ex peut-être pas si ex que ça, Los Diablos, était sur écoute ou pas.

Elle était intelligente, ma femme. Mais surtout, elle connaissait bien ce monde-là, malheureusement.

Puis ça avait été à moi de reprendre le téléphone pour sonner au Snow White et leur dire qu’une nouvelle résidente allait bientôt arriver. Ça faisait partie de nos conditions, qu’elle se débarrasse de toute addiction qu’elle pourrait avoir.

Quand Riley était descendue, je lui avais souhaité le bonjour. C’était la moindre des choses. Puis elle s’était installée au salon en attendant nos malheureux invités. Malheureux parce qu’ils n’étaient pas là pour un barbecue et des bières et je trouvais ça dommage. Parce que j’étais sûr que Finan et Howard seraient de supers acolytes pour ce genre de soirée.

Après être resté un moment assis dans nos fauteuils respectifs sans rien se dire, je tins quand même à adresser la parole à Riley.

-Je ne peux pas dire que je t’aime beaucoup. Mais je tiens à t’aider, moi aussi, comme Bailey.

Je ricanai.

-J’avoue que je me dis un peu que si tu te débarrasses de tes démons, soit tu te comporteras autrement, soit on ne te reverra plus jamais.

La sonnette retentit et je me levai pour suivre Bailey qui allait ouvrir. Finan arriva le premier et je le saluai d’une franche poignée de main.

-Merci d’être venu, surtout pour ça. On ne tient pas à ce que tu aies plus de problèmes que tu en a déjà.

Puis, quelques minutes plus tard, après qu’on ait installé Finan dans le salon et qu’il avait vu Riley, ce fut au tour d’Howard à qui je fis l’accolade.

-Merci d’être venu mon ami… Fait attention où tu marches, Hope met des pièges partout. On a rangé, normalement, mais c’est une petite vicieuse.

Et je l’escortai, avec Bailey, jusqu’au salon.

-Bon… Alors n’y allons pas par quatre chemins, nous sommes tous là pour aider Riley qui va entrer en cure… Et pour qu’elle ne soit plus liée à aucun gang…

Je regardai Finan et pinçai les lèvres.

-Je pense que vous vous connaissez tous…

Des liens avec les Los Diablos, je n’en avais presque plus depuis ma dispute avec Alonso. Tout ce qu’il me restait à attendre était un signe de Riley qui était infiltré chez les New Soldados. Pourtant, j’avais tout de même eut un appel de Carlos qui m’avait annoncé qu’on avait encore perdu des hommes. Non… Pas des hommes en fait… On avait carrément perdu une famille entière…

Et il me raconta toute l’histoire. Celle de Lina qui avait quasi réussi là où d’autres avaient échoué avant elle en essayant de tué Ward Fleming. Un Ward qui avait, finalement, survécu et dont la vengeance ne s’était pas faite attendre. Carlos m’a raconté les détails étonné qu’il était d’apprendre que je n’étais au courant de rien. Preuve étant qu’Alonso n’avait pas encore dit officiellement que je n’étais plus son second mais un simple sous-fifre en charge d’une ultime mission.

Après son appel j’avais raccroché et j’étais longuement resté à fixé le téléphone… Je savais que Ward était sans pitié. Je savais qu’il était capable de bien beaucoup de choses. Mais je n’aurais pas imaginé que torturer une gamine soit dans ses capacités.

Et pourtant… Il avait bel et bien torturé la pauvre Leandra ainsi que sa sœur laissant derrière lui deux gamins traumatisés : Iker et Manuel. En réalité, je crois que n’importe qui aurait été traumatisé s’il avait retrouvé le corps de Leandra ou, pire, être témoin du massacre.

Je n’avais rien dit à Tiff… Le procès à venir était déjà source de stress et je ne voulais en rien rajouter une histoire de massacre là-dessus. J’avais gardé ça pour moi espérant pouvoir retirer les images que je m’étais forgé dans la tête très vite.

Et c’est ce matin que je crus avoir le coup de fils qui me permettrait de me changer les idées. Ce coup de fils était celui de Bailey qui voulait encore ajuster des choses à mon costume de scène. J’avais accepté l’invitation me disant qu’une virée à San Fernando Valley où je pourrais boire des bières avec Hank North ne me fera pas de mal.

C’est, donc, là-bas que j’étais parti profitant du trajet pour écouter l’album de Sniper toutes fenêtres ouvertes. La musique était le meilleure remède contre les mauvaises pensées et il était claire que j’en avais plus que besoin.

J’arrivai, ensuite, devant la grande villa North et y garai ma voiture avant de me diriger, sourire aux lèvres, vers la porte. Je sonnai une fois et fut accueilli par Bailey qui était suivie de son mari.

-Salut !

Je fis la bise à Bailey et Hank North me serra la main avant de me remercier d’être venu « surtout pour ça ». Je levai un sourcil sans vraiment comprendre avant que Bailey ne confesse son mensonge… En fait, si j’étais ici, ce n’était pas pour des costumes mais pour sa sœur, Riley…

Et merde !

Je pris un air un peu plus sombre hochant la tête alors que Bailey disait avoir menti au cas où j’aurais été sur écoute… Ce que j’espérais qui n’était pas le cas vu le dernier appel de Carlos…

-Tu as bien fait… Je ne t’en veux pas.

Je fixai Hank et lui fis un signe de tête alors que mon sourire était définitivement disparu et on m’escorta jusqu’au salon où se trouvait ma petite taupe préférée.

-Salut, Riley…

Je dis ça en la fixant ne sachant, finalement, pas trop quoi pensé. Que Riley revienne chez sa sœur n’était pas au programme… Le programme est d’envoyer Fleming dans un guet-apens… J’avais proposé à Riley d’autres échappatoires dont celle de sa sœur mais elle avait refusé préférant piéger Fleming. Mais il semblerait que Riley avait finalement suivi son propre plan et que je n’avais, du coup, aucune idée d’à quelle point elle était dans la merde ce qui me serra un rien l’estomac…

Je ne sais pas combien de temps il y eut avant d’un autre invité d’arrive. Howard Stone. Alors, là, je devais avoué que j’étais perdu. Qu’est-ce qu’Howard Stone venait faire dans cette foutue histoire ? C’est Hank qui alla l’accueillir alors que le batteur, lui, ne semblait aucunement surpris que je sois là ainsi que Riley qui, elle, avait le visage fermé.

Putain, où j’étais tombé ?

-Salut, Stone…

Il me salua à son tour et c’est quand tout le monde fut rassemblé dans le salon qu’Hank ouvrit la bouche pour nous dire qu’on était tous ici pour aider Riley Raphaël. Une Riley qui avait décidé de prendre le chemin de la cure. A première vue, c’était un programme tout à fait louable mais… Mais comme Hank le disait si bien, il voulait aussi que la jeune femme ne soit plus liée à aucun gang…

Je me retins de ricaner, là ! Clairement ! Sortir Riley des Los Diablos était faisable. Je lui avais donné la porte de sortie il y a quelques semaines. Mais, depuis, elle avait, j’imagine, un peu plus infiltré le gang adverse et elle était, donc, liée, indéniablement, aux New Soldados sur lequel je n’ai strictement aucune emprise !!

J’avais toisé Hank qui conclu qu’on se connaissait certainement tous ! Et je ne pus m’empêcher de m’exclamer.

-Sans blague !

Je fixai Riley d’un air un rien réprobateur.

-Je connais Riley, en effet… Elle était une taupe parmi les Los Diablos. Une taupe qui s’est repentie. Donc, j’ai bien peur qu’actuellement, elle ne soit liée à deux foutus gangs dont celui des New Soldados…

Je fixai, ensuite, Hank et Bailey et montrai Stone du doigt.

-Lui, je le connais aussi. C’est le plus grand mauvais payeur de L.A. mais je ne vois pas bien ce qu’il fait dans cette histoire.

Il est là pour faire le public ?

Je fixai, ensuite, Riley…

-Explique-moi… Là, je suis perdu. Fleming t’a grillé ?

Si c’est le cas, je comprenais sa fuite mais, en même temps, je la désapprouvais parce que ça signifiait qu’elle mettait Bailey, Hank et leurs deux gamins en danger… En gros, si Fleming l’avait grillé, elle aurait dû venir m’en parler…

Acculée au pied du mur, voilà comment je me sentais et je n’aimais pas ça du tout. Bailey, toute sainte et bien intentionnée, s’était mise en tête de me sauver en me sortant de mon chemin de travers en m’expédiant en cure. Au début, je voulais refuser son offre, j’étais une cause perdue, à quoi bon tenter de me sauver ? Puis je pris le temps de réfléchir et j’avais vu s’ouvrir une porte de sortie, un plan se dessinait dans ma tête. J’avais donc fini par accepter l’aide de ma sœur et je lui avais donné mon accord pour qu’elle et son mal engueulé de mari réserve une place pour moi dans un centre de désintoxication.

Le lendemain, j’avais traîné longtemps au lit en réfléchissant à mon plan. Il allait fonctionner si on m’en donnait l’occasion. J’avais juste besoin d’un tout petit peu de temps et je me débarrasserais des New Soldados et d’El Lider une bonne fois pour toute. En ce qui concernait les Los Diablos, je n’avais rien à craindre, pas si ce que j’avais en tête fonctionnait.

J’allais livrer Ward Fleming à Finan Quinn et sur un plateau d’argent qui plus est !

Après avoir prit une douche, j’étais descendu au salon malgré l’interdiction de North. Si Bailey avait dit que c’était correct parce que j’acceptais son aide, alors je voyais mal pourquoi je devais rester confiné entre quatre murs. D’ailleurs, Hank me salua et je lui rendis la politesse avant qu’il n’ajoute qu’il ne m’aimait pas beaucoup mais qu’il tenait à m’aider, tout comme sa femme. Je dû me retenir de lui dire que je ne l’aimais pas plus que ça non plus mais je restais calme et adoptais un profil bas.

- J’apprécie sincèrement l’aide que vous tentez de m’apporter.

Pour mon caractère et la façon de me comporter, je doutais qu’une cure y change quelque chose. On naît comme on est hein, faut pas chercher des solutions à tout !

On sonna à la porte et je fronçais des sourcils. Est-ce que les gens du centre faisaient la cueillette des tous croches ? J’aurais bien aimé que ce soit le cas mais au lieu de ça, c’est Finan Quinn qui entra dans le salon et peu après, Howard Stone arriva à son tour. Ça promettait d’être intéressant mais pas pour moi ! J’allais passer un putain de mauvais quart d’heure, je le sentais !

Hank prit la parole en disant qu’ils étaient tous réunis ici pour m’aider. J’avais du mal à figurer en quoi Howard Stone pourrait m’aider, pour dire vrai. Finan l’avait mauvaise, ça transpirait dans son ton et ça planait partout dans le salon, il ne tarda pas non plus à souligner que j’étais une taupe et qu’il me pensait relier à deux gangs dont le gang rival au sien. C’était très bien résumé, trop bien même, puis il me demanda si Ward m’avait grillé

- Non, pas encore.

Je me redressais su mon siège et décidais que le mieux était que je résume la situation pour qu’ils se démêlent tous avant que l’ont se perdent dans une marée d’informations. Je les regardais tous avant de m’éclaircir la voix et de me lancer.

- J’ai été recruté par Josh comme prostitué pour les New Soldados. Je pense que vous devez vous en douter qu’un gang dirigé par El Lider ne traite pas ses putes avec tendresse. J’ai dû prouver à Fleming un soir que j’étais capable de me démarquer et j’ai tiré sur une fille. Je l’ai tué.

Je venais de cracher un gros morceau qui allait san doute être difficile à encaisser pour un frigide comme North mais si je voulais mener Finan à vaincre Fleming une bonne fois pour toute, il y avait de passages obligés dans mon histoire.

- Il m’a dit que j’étais précieuse, que je valais mieux que les autres et qu’il me confiait une mission spéciale. Je devais ruiner la vie de Finan. Si je refusais, il me tuait, c’est comme ça avec lui. Sois-tu marche, soit tu crèves. Ça été facile d’intégrer les Los Diablos, trop même et je m’y sentais bien et en sécurité parce que Keenan était avec moi, parce que tu étais gentil avec moi, Finan. Mais je devais rendre des comptes c’est devenu trop lourd trop gros ! Putain ! J’allais me faire buter d’un côté comme de l’autre, vous vouliez que je fasse quoi ? Je me suis juste accroché à toutes les chances que j’avais de rester en vie.

Puis c’est à Finan que je m’adressais directement ensuite parce qu’il était le seul concerné par ce que j’avais à dire ensuite.

- Tu sais comme moi qu’on ne peut pas berner Ward comme ça et même si j’étais sincère avec le plan que je t’ai proposé, j’avais encore des comptes à rendre et puis j’ai eu besoin d’un temps d’arrêt pour savoir comment j’allais faire. C’est pour ça que je suis venue ici. Ward s’attend à ce que je te livre à lui mais ça ne sera pas le cas.

Ce serait plutôt l’inverse et je pourrais aller en cure ensuite et je ne craindrai pas de me retrouver avec ma tête mise à prix en sortant de là ensuite.

J’avais super sursauté en entendant le téléphone sonner. J’avais super mal à la tête parce que, après avoir tout donné en studio la journée d’hier, j’avais, ensuite, été me taper dans un bar avec les roadies pour faire la fête jusqu’à… J’sais plus. Tard. Très tard… Ou très tôt, j’sais pas trop comment le dire. Bref, j’avais fait la fête. Une fête dont je me rappelais même plus…

J’avais décroché le téléphone et c’est d’une voix pâteuse que j’avais demandé à qui j’avais affaire. C’était Bailey… Elle voulait me voir aujourd’hui disant que si j’venais, j’aurais des informations sur Ward Fleming. Apparemment, y’aura Finan Quinn et Riley qui étaient, tous les deux, de très bonnes sources d’informations même si… Bah, j’avais plutôt intérêt à ne pas montrer que j’étais un foutu indic’ pour un flic à Quinn… Pas sans toutes l’histoire qui entourait la chose…

J’avais accepté et… Bah, j’avais encore un peu dormis avant de me réveiller en passant sous la douche, en m’habillant et en buvant quelques vodka me rendant compte que, malgré la gueule de bois, j’étais encore bourré d’hier… Bourré ou stone, j’savais même pas parce que j’avais même pas réussi à retrouver la dose que j’avais acheté à Riley y’a quelques semaines…

Bref, j’étais à la masse. J’le savais… Mais comme certains pensent que là est mon état normal, j’y avais pas prêté attention.

Une fois prêt et tout, j’avais pris ma bagnole pour aller chez Hank et Bailey en m’disant qu’Hope pourra m’donner le courage d’affronter Quinn et Riley… J’avais toujours pas de permis parce qu’il y avait de la paperasse et des coups de fils à passer et que j’avais encore rien fait mais ça allait venir.

J’arrivai à toute vitesse chez Hank et Bailey et j’me garai derrière une autre bagnole avant de sortir de ma caisse pour entrer directement chez Hank et Bailey sans même sonne. Ça faisait longtemps que j’sonnai plus pour entrer…

Une fois à l’intérieur, Hank vint me saluer. J’lui souris et son se fit l’accolade alors qu’il me mit en garde contre les pièges de Hope. J’souris.

-Ouais, j’vais faire attention.

J’arrivai au salon où se trouvait Bailey, Finan Quinn et Riley… J’saluai Bailey en souriant alors que Quinn me salua d’une façon plus… Froide ? Ouais, j’crois que c’est ça. Il semblait pas heureux d’être ici.

-Salut, Quinn… Et salut, Riley…

J’m’installai dans le fauteuil alors qu’Hank lança la conversation disant qu’on était tous ici pour aider Riley. Mouais… Tous ? J’sais pas si j’étais là pour ça ou pour simplement aider Jordan Keller. Parce que j’voyais pas comment aider Riley, en fait. J’pouvais pas faire la cure pour elle et j’avais aucune emprise sur les gangs… Mais bon, j’imagine que si j’contribue à enfermer Fleming, j’l’aiderais d’une certaine façon.

Et quand Hank disait qu’on se connaissait tous, j’hochai de la tête. Mais Finan, lui, il crut bon de devoir extrapoler en disant dans quelle ciconstances il nous connaissait. Il résuma que Riley était une taupe et était donc liée à deux gangs et que moi, j’étais le plus mauvais payeurs de L.A..

Hey !

J’fis la moue.

-Pas cool, ça…

J’avais l’habitude de me faire tacler surtout par tout ce qui ressortait de l’Eastside. Mais j’étais pas ici en ennemi de Finan Quinn alors il pourrait être un peu plus sympa.

Par contre, j’comprenais qu’il sache pas pourquoi j’étais là.

-J’suis là parce que j’ai couché avec Riley.

Ouais… Non, j’étais pas là pour ça… Mais bon… J’avais pas de meilleure explication sur le coup.

Puis, Quinn entra dans le vif du sujet. De mon sujet pour la cause vu qu’il parla de Fleming. Voilà. On y était ! Au cœur de l’informations.

J’ouvris, donc, grand mes oreilles. Parce que Riley commença à raconter son histoire.

Riley qui parla de sa carrière de prostituée. De Fleming qui était bien El Lider… Des putes maltraité par ce même Fleming. De Riley qui avait tué une autre fille. J’clignais des yeux devant cette information et soufflai un.

-Wow, p’tain…

A moitié inaudible.

Elle continua parlant de son passage chez les Los Diablos en tant que taupe. De Finan et d’un certain Keenan. C’est là que Riley s’est littéralement foutue dans la merde. Le cul entre deux gangs. A pas savoir choisir. P’tain, j’pensais pas trouver quelqu’un, à L.A., qui arrivait à se foutre plus dans la merde que moi. Pourtant, là, Riley, l’était douée.

Bref, elle conclu disant que Ward attendait que Riley lui livre Finan. Donc, en gros, Ward attendait impatiemment Riley vu que Ward semblait bel et bien avoir survécu à son coup de poignard.

Un silence tomba…

-Waw ! Toi, tu sais te foutre dans la merde, hein.

J’parlais de Riley, bien sûr. Et j’savais pas si ce commentaire était le bienvenu mais j’avais le cerveau un peu en bouillie. J’secouai la tête en me reprenant.

-Le moyen le plus radical de te sortir de là, c’est de livrer Fleming aux flics… Mais t’as tué quelqu’un alors, ça la fout méga mal… Pourtant, t’as tout pour le faire coffrer.

Jordan voulait que j’pousse Riley à témoigner mais après ce qu’elle venait de me raconter, j’doutais sérieusement qu’elle accepte. J’soupirai regardant Hank et Bailey.

Finan et Howard étaient arrivés et nous pouvions donc amorcer la conversation. Je me doutais que l’exercice ne serait pas facile pour ma sœur mais pour mieux l’aider, nous avions besoin d’avoir l’heure juste et comme je ne pouvais pas jurer qu’elle ne dise toute la vérité, la présence de Finan allait l’aider à ne pas balayer certaines choses sous le tapis. Comme le disait Hank, nous étions là pour aider Riley même si Finan afficha une mine septique. Je pouvais comprendre qu’il n'avait pas envie de l’aider mais nous devions au moins essayer avant de s’avouer vaincue.

Riley répondit à Finan quand ce dernier lui demanda si Fleming l’avait grillé. Elle commença son récit et moi, assise près d’Hank, ma main dans la sienne, je l’écoutais attentivement bien que chacun de ses mots me pesaient sur le cœur. De tous les scénarios horrifiques que j’avais pu me faire la nuit dernière, je n’aurais jamais cru que son histoire puisse être aussi horrible et violente. Ma main glissa de celle d’Hank et je la ramenais, tout comme l’autre, sur mes tempes et je me penchais vers l’avant pour encaisser le choc. Des larmes coulèrent même le long de mes joues, c’était plus fort que moi.

- Mon Dieu… Riley ! , soufflais-je.

Déjà que le meurtre qu’elle avait été forcée de perpétrer me laissais complètement sous le choc, j’avais du mal à entendre la suite. Elle était passée d’un gang à un autre dans l’espoir de se sauver le cul mais ça avait fait l’effet contraire. Elle se retrouvait avec deux gangs contre elle, beaucoup trop d’informations en sa possession, des informations qu’elle nous partageait d’ailleurs. Je relevais la tête et je regardais Hank sans vraiment le regarder, mes yeux brouillés de larmes.

Quand elle termina son récit, c’est Howard qui brisa le silence en soulignant l’évidence. Riley s’était incroyablement mise dans la merde puis il ajouta que le meilleur moyen d’aider ma sœur serait de livrer Fleming aux flics sauf que ça ne me semblait pas si simple après un court moment de réflexion.

- Elle a été forcée de la tuer donc elle aura quoi ? Homicide involontaire ? Et peut-être qu’un juge tiendrait compte de la situation dans laquelle elle se trouvait. Mais si on ne parle pas de ce meurtre, livrer Fleming à la police ne sera pas si simple. Dites-moi si je me trompe mais il faudrait plus que la parole de ma sœur pour relier Fleming aux crimes dont il est suspecté ?

À moins que la police ait des pistes et que le témoignage de Riley leur permet de solutionner le problème. C’était à la police de nous dire s’il y avait quelque chose à faire avec le témoignage de ma sœur alors je la regardais elle après avoir essuyé mes yeux. Elle fixait le vide, même quand je l’interpellais avec douceur et bienveillance.

- Riley…La prison serait peut-être la meilleure des solutions le temps que ça se calme autour de toi. Et contre ton témoignage, on ne sait pas, hein mais la police pourrait minimiser les charges. Ça s’est vu, non ?

Riley tourna la tête et elle me toisa du regard. Un regard qui ne se voulait pas hautain ou arrogant comme l’attitude qu’elle avait adoptée en arrivant ici. Son regard était plutôt celui d’une biche effrayée et perdue. Et après une pause pendant laquelle il semblait que tout le monde encaissait la situation à sa manière, Riley clama d’un ton fragile qu’elle irait en cure ou en prison mais qu’elle avait un engagement envers Finan et qu’elle comptait remplir sa part du marché. Je me laissais alors aller vers l’arrière dans le divan en me massant encore les tempes puis je soupirais entre mes lèvres en craignant d’entendre la suite de son discours. Après ce que je venais d’entendre, pouvais-je entendre pire ?

Une fois nos amis arrivés, car je considérais Finan comme un ami même si on ne se connaissait pas très bien, on s’installa tous au salon. Je les laissai choisir leur place avant de prendre la mienne à côté de Bailey qui me prit la main.

J’avais fait un peu le topo sur le pourquoi on était tous là et Finan demanda direct à Riley si elle s’était fait grillée.

Puis Riley nous raconta son histoire. Et c’était le truc le plus horrible que j’aie entendu. Pour entrer chez les New Soldados, elle avait du tuer une pauvre fille… Puis elle avait infiltré les Los Diablos mais s’était attachée à l’un d’eux, devenant un agent double à la solde de Finan ou de quiconque était en courant.

J’étais bouche bée et quand je me tournai vers Bailey qui me serrait la main, je vis les larmes silencieuses couler sur ses joues. Je lui caressai la main. Sa sœur avait tué, ce n’était pas rien. Sous la contrainte, certes. Mais elle avait tué quand même.

Et Riley n’en était pas fière, d’ailleurs, elle en avait perdu ses grands airs maintenant qu’elle déballait tout devant Finan. Quelque part, je me dis que c’était bien fait, avant de secouer la tête pour chasser cette pensée injuste.

Elle devait normalement vendre Finan à un dénommé Ward, ou El lider, je ne savais pas très bien. Mais elle disait que ça n’arriverait pas.

Howard, lui, disait que c’était mieux si elle livrait Ward aux flics. Qu’elle avait tout pour le faire coffrer. Et il avait raison. Mais qu’arriverait-il à Riley si elle faisait ça ? Parce qu’elle aussi avait commis des crimes. Si je comprenais bien, elle s’était prostituée, avait dealé et avait tué.

C’était ce qui hantait Bailey qui se demandait ce qu’elle allait prendre.

-Homicide involontaire ? Je ne pense pas si elle arrive à prouver qu’elle a fait ça sous la contrainte. C’est plutôt ce Ward qui prendra… je ne sais plus le terme juridique mais, quand on profite de la faiblesse de quelqu’un… Genre abus de pouvoir mais c’est pas le terme que je cherche. Abus de confiance non plus.

Je me frottais les yeux et regardai Riley qui se faisait toute petite dans son fauteuil. C’était plutôt dans cette attitude là que je m’étais attendu à la rencontrer et si ça avait été le cas, j’aurais peut-être été beaucoup plus clément avec elle. Mais il avait fallu qu’elle joue les fortes têtes.

-Comme le dit Bailey, de toute façon, sans preuve, ce sera la parole de Riley contre celle de Ward.

Je regardai à nouveau Riley alors que Bailey lui disait que la prison ou la cure, ce serait peut-être le mieux pour elle.

Je secouai la tête.

-La cure, c’est le mieux… Le genre de criminel qu’elle décrit a sûrement des contacts en prison, même dans les prisons pour femmes, et pourrait la faire tuer pour qu’elle évite de témoigner devant un tribunal…

Je soupirai.

-Donc elle ne peut pas vendre ce Ward… En plus, j’ai l’impression qu’il vous faire peur à tous.

Puis je regardai Finan…

-Je peux pas croire que tu trempes dans des trucs aussi graves.

Puis Howard.

-Et toi, tu joues encore avec le feu.

Il n’y avait ni colère ni jugement dans ma voix, juste un énorme désespoir.

Donc, Bailey et Hank nous avait rassemblé tous ici pour aider Riley à se sortir des gangs… Si l’idée était louable elle n’en était pas moins complexe. Ça aurait pu être simple s’il n’y avait eut que les Los Diablos en jeu mais il y avait aussi les New Soldados… Quant à Stone… Je n’avais toujours strictement aucune idée de ce qu’il faisait là hormis le fait qu’il avait, visiblement, couché avec Riley. Et ? En quoi le reste le regarde ?

Bref… Ma première question fut de savoir si Riley avait été grillé par Fleming mais elle rétorqua que ça n’était pas encore le cas… C’était déjà ça bien que, du coup, je ne comprenais pas que Riley ait quitté le navire en pleine mission sans m’en parler avant. J’aurais accepté qu’elle prenne la fuite… Je l’aurais même aidé à ça… Mais elle avait décidé de faire les choses autrement.

Puis elle se lança dans son récit parce que, visiblement, elle n’avait pas encore tout dit à sa sœur… Et je me tus écoutant le parcours de la jeune femme. J’en savais déjà un grand bout. Sauf le fait qu’elle avait, visiblement, bel et bien tué une de ses congénères sous la pression de Ward. Je passai ma main sur mon visage quand elle avoua ça avant de soupirer nerveusement. Ward s’amusait à contaminer tout ce qu’il touchait… Riley n’avait pas échappé à la règle sauf qu’elle semblait visiblement largement regretter son geste…

Quant au reste de l’histoire, c’était des choses que je savais déjà… Fleming avait tenté d’utilisé Riley pour m’atteindre et, moi, après concertation avec Riley, j’avais renvoyé sa taupe à Fleming pour le piéger. Par contre, je n’étais pas d’accord sur le fait qu’elle allait se faire buter d’un côté comme de l’autre. Je lui avais certifié que les Los Diablos ne l’éliminerait pas. Je lui avais même proposé une porte de sortie qu’elle avait refusé.

Mais je ne dis rien alors qu’elle s’adressa à moi pour me dire qu’elle avait été sincère avec notre plan mais que, là, elle avait eut besoin d’un temps d’arrêt. Elle ne comptait pas me livrer à Ward… Alors qu’est-ce qu’elle comptait faire ? Pourquoi ce meeting ? Elle ne pouvait pas amadouer Ward depuis son centre de désintox’ que je sache ?

Je répondis pas un tête marqué par l’incompréhension alors que Stone souligna ce qui était une putain d’évidence… Oui, Riley était dans le merde. Parce que je savais Fleming aussi cruel qu’impatient.

Mais Stone poursuivit en parlant de la police. Il disait de livrer Ward à la police. Mais oui ! Comme si c’était aussi simple que ça ! Et je roulai des yeux avant que Bailey ne prenne la parole.

Je la fixai voyant qu’elle avait pleuré sûrement touché par le récit de sa sœur. Bailey venait de la rue elle aussi. Elle savait comment ça fonctionnait dans l’Eastside… Mais jamais elle n’avait été autant dans la merde que ne l’était Riley Raphaël actuellement. En fait, je crois que personne n’était autant dans la merde qu’elle à cet instant même dans tout Los Angeles.

Bailey cherchait à savoir ce que Riley risquait… Elle pensait à l’homicide involontaire. Ce n’était pas totalement ça… Et Hank entra dans le conversation se disant que Riley n’aurait pas l’homicide sur le dos si Ward était le coupable… Quoi qu’il en soit, c’était trop maigre, de toute façon. Ward pourra simplement dire que Riley ment et son passé de prostituée ne jouera pas en sa faveur.

-Il y a des chances pour que ça soit classé sans suite. Le simple témoignage de Riley ne mènera pas Fleming en prison. Loin de là… Il s’en est sorti de chose pire que celle-là.

Il faut des preuve. Et, de toute façon, impliquer la police là-dedans n’était pas mon intention. Ce qu’Hank, Bailey et Stone ne comprenaient pas c’était que si Fleming était arrêté, tout allait s’écrouler sous un château de carte. Il se fera un malin plaisir d’emmener tout le monde avec lui dans sa chute.

Et si Riley témoigne et qu’il n’y a pas assez de preuves alors ça serait comme si Riley décidait d’aller danser au milieu de l’autoroute. Elle sera morte en moins de temps qu’il ne faudra pour le dire et il y a des risques qu’elle ne soit pas la seul à périr dans l’aventure.

Même si Bailey se disait que la prison n’était pas un mal pour Riley… Moi, je me disais que si Riley témoignait contre Fleming, elle n’aura pas le temps d’atteindre la prison. Mais je me retins de dire ça tout de suite alors que Riley, désespérée, se disait que la prison ou la cure, c’était pareil pour elle mais qu’elle voulait mener à bien sa mission. Je la fixai avec un air compatissant. Elle n’était pas obligée de faire ça… Et j’allais la questionner quand Hank North pensait que la cure était le meilleur endroit car Riley risquait d’être éliminée en prison.

Il n’était pas dupe… Enfin, pour moi, Riley subira pire que ça mais c’était déjà un bon élan de lucidité. Je ricanai tout de même passant ma main sur mon visage quand Hank déclara qu’il avait l’impression que Ward nous faisait peur à tous.

-Normal. C’est un serial killer… Le plus dangereux de L.A..

Non en fait. Depuis le coup de fil de Carlos, je pense que c’était bien pire que ça.

Puis Hank me jugea et je fronçai les sourcils.

-C’est écrit dans L.A.People pourtant…

Des trucs « si grave »… On parle de gang. Il sait que je fais partie d’un gang, non ? Faisait partie, d’ailleurs, parce que tout ce qui me liait encore au Los Diablos, c’est la mission de Riley.

Il s’adressa, ensuite, à Stone disant qu’il jouait encore avec le feu… Je levai un sourcil.

-On sait même pas ce qu’il fout ici, lui…

Je dis ça sur un ton légèrement sarcastique avant de soupirer et de me lancer :

-Vendre Fleming au flic est exclus. Si Riley témoigne, elle met une cible sur sa tête. Fleming l’éliminera avant qu’elle n’ait eu le temps de se cacher ou d’atteindre potentiellement la prison. Et, croyez-moi, il réussira. De plus, si Fleming sait qu’il risque la prison, il donnera tout le monde. Absolument tout le monde. J’irais en prison… Plein d’autres personnes iront en prison… Et pas pour des petites peines. Tout va s’écrouler comme un château de cartes.

Et je ne pouvais pas laisser faire ça…

Je fixai Riley droit dans les yeux.

-Maintenant que tu es ici, Riley, pourquoi tu veux absolument finir cette mission ?

Elle savait qu’elle avait des portes de sorties… Je les lui avais donné. Elle avait fait un pas en renouant avec sa sœur… Alors pourquoi vouloir aller jusqu’au bout ?

Sans broder autour des faits, je racontais mon histoire à ma sœur, son mari et leur ami, rafraichissant du même coup la mémoire de Finan qui l’avait déjà entendu. Ce n’était pas facile, surtout en voyant les larmes sur le visage de ma sœur. Je réalisais à ce moment que malgré tout ce que j’avais pu penser au cours des dernières années, Bailey tenait à moi et que je tenais également à elle. La stupéfaction se déchiffrait sur le visage de mon beau-frère et celui de Stone.

Ensuite, s’en suivit un débat sur ce que je risquais, sur ce qui pouvait m’arriver de pire. Ils parlaient tous comme si je n’étais pas dans la pièce, comme si je ne savais pas déjà à quel point j’étais dans la merde. Pourtant, j’en avais bien conscience, je n’avais pas besoin de leur commentaires pour m’en rendre compte.

Cure ou prison, je n’en avais rien à foutre puisque je savais que si je ne menais pas ma mission à sa fin, Ward m’attendrait au détour et que je n’échapperais pas à sa colère. C’est ce que je dis, plus ou moins, à Bailey. J’avais un engagement envers Finan et je comptais aller jusqu’au bout et après, s’il y avait un après, j’irais en cure ou en prison ou je disparaitrais, peu importait.

Finan, après avoir mit sur la table que de me faire dénoncer Ward puis témoigner contre lui était la solution à exclure d’entre toute, se tourna vers moi et me demanda pourquoi je tenais absolument à aller au bout de cette putain de mission. De tous les gens assis au salon, je pensais qu’il comprendrait pourquoi je n’avais pas le choix de continuer.

Avant de répondre, je les regardais tous. Bailey essuya une nouvelle larme puis se colla à Hank et je pensais à Keenan en les voyant si amoureux. Je ne pourrais même pas certifier que toutes les fois où nous avons fait l’amour Keenan et moi, tous les fous rires, les batailles d’oreiller, les matin à se chatouiller au lit étaient gages d’amour. Bailey avait trouvé son prince charmant, moi, il ne devait même pas avoir remarqué mon absence.

Je n’avais donc absolument rien à perdre.

- Je veux finir cette mission parce que je te suis redevable et que tu sais aussi bien que moi que tant que Ward sera vivant, aucun Los Diablos ne sera en sécurité, toi en premier.

Mon plan était tout simple et n’avait aucun raison de ne pas fonctionner.

- Je vais me rendre directement au QG desNew Soldados avec ça dans les mains…

Je donnais un petit coup du bout de mon index sur le pendentif de Finan. Tout le monde savait que pour rien au monde, l’Irlandais se séparait de cette chaîne.

- Je dirai à Ward que je t’ai laissé seul, blessé et inconscient et qu’il n’a plus qu’à s’y rendre pour faire ce qu’il veut faire depuis longtemps, te tuer. À ce moment, tu pourras toi-même le surprendre et faire ce que tu as à faire.

Ward enverra possiblement des hommes vérifier que je dis la vérité mais ils ne lui toucheront pas parce que c’est Ward qui voulait se charger lui-même de tuer Quinn. Ça pouvait fonctionner, même, ça avait d’excellente chance de fonctionner. Ward me disait précieuse pour lui et je lui avais prouver ma loyauté. Quand il verrait la chaîne ensanglanté de Finan entre mes mains, il sauterait sur l’occasion qu’il avait d’enfin éliminer son rival.

L’histoire de Riley, l’avait quelque chose d’horrible. J’savais que l’Eastside, c’était pas beau surtout quand il s’agissait des gangs et de Ward Fleming. Mais ce que racontait Riley, c’était méga triste pour elle. Elle avait dû tué… Elle avait était utilisé par deux gangs afin de chaque fois détruire l’autre.

Et tout ça faisait pleurer Bailey. L’était forte, Bailey, j’le savais. Mais entendre tout ce qu’avait fait sa sœur semblait être trop. P’t-être parce qu’elle se rendait compte que Riley était clairement dans la merde.  

C’est ce que je dis tout haut, d’ailleurs… Que Riley était dans la merde. Ça semblait être une évidence pour tout le monde mais j’avais pas pu m’en empêcher de le dire tout haut.

Et j’finis par dire que, avec tout ce que Riley avait, le mieux était d’aller tout dire aux flics. En réalité, j’étais ici pour amasser des informations dans le but de coincer Fleming et, ici, j’en avais une mine d’informations. Mais elle venait toute de la même source : Riley. Et j’savais que la parole d’une prostituée valait pas grand-chose aux yeux des flics…

Puis, Riley avait tué. Et ça, ça risquait de se retourner contre elle.

Mais Bailey disait qu’elle avait été contrainte de tuer… Donc, elle risquait peut-être pas grand-chose. Sauf que, ouais, tout ça risquait d’être la parole de Fleming contre celle de Riley… Un potentiel tueur et une pute. Deux témoignages qui auront pas de valeur aux yeux des flics.

J’soupirai alors qu’Hank confirma que ça risquait pas d’aller bien loin, tout ça. Et Finan pensait pareil aussi…

J’fis la moue… Désolé Jordy… Mais ils ont pas tort là…

Riley semblait s’en foutre d’aller en prison ou en cure. C’était pareil pour elle. J’me disais, moi, que si elle y allait pour avoir balancer Fleming, y’avait des chances qu’elle vive pas longtemps en prison. Moins longtemps qu’en cure, en tout cas. Et c’est ce qu’Hank pensait aussi…

-Ouais… Se faire tuer en prison, c’est courant…

J’en savais rien en fait… Mais c’était ce que tout le monde disait.

Donc, on allait pas balancer Ward. Pas comme ça, en tout cas. Et à Hank de dire qu’il avait l’impression que Ward nous faisait peur à tous… Ça fit ricaner Finan qui disait que Ward était un serial killer méga dangereux. J’hochai de la tête.

-J’ai fait mes primaires avec Fleming. L’était déjà cinglé. Il s’est fait viré à 12 ans parce qu’il a littéralement démoli un autre élève parce que l’élève l’avait regardé de travers. Genre, le gamin a été dans le coma et tout. L’est pas mort mais bon… Apparemment, il a fait plein de meurtres, Ward. Bref, ouais, il est effrayant.

Puis, Hank dit à Finan qu’il croyait qu’il était sorti de tout ça et ça sembla pas du tout plaire à l’Irlandais qui dit à Hank que tout était noté dans L.A.People… Ouais… J’fis la moue.

Mais je m’attendais pas à ce que Hank me vise juste après disant que je jouais avec le feu. Quoi ? En voulant aider un gosse et son tuteur ? J’crois pas que, ici, ça soit moi qui soit le plus en danger vu ce que j’entends. Apparemment, Finan est dans le viseur de Ward et Riley est pas loin derrière. Mais Finan m’anticipa disant qu’on savait même pas ce que je foutais ici.

J’fronçai les sourcils.

-J’essaye d’aider c’est tout. Riley, toi et plein d’autres gens… T’es pas le seul à avoir des liens. Et j’sais des trucs sur Ward et sur l’Eastside c’est pour ça que j’suis ici.

J’avais Jordan Keller, moi ! Je doutais que Finan puisse se vanter de ça vu que c’est un criminel.

Bref, Finan voulait pas vendre Ward parce que tout allait s’écrouler. Mes lèvres se pincèrent. J’me doutais bien que Ward allait pas se laisser faire et allait se venger d’une façon ou d’une autre. Et s’il risquait la prison, l’allait faire des dégâts. Mais bon… Ils avaient tous fait des crimes, non ? Faut passer à la caisse un jour. Moi, chaque fois que j’faisais une connerie, j’me faisais avoir et j’payais. La preuve avec mon permis…

-Ça, vieux, fallait pas faire de conneries.

Ok, c’était pas des choses à dire. Surtout que Finan me regarda de travers… Mais ce fut vers Riley qui reposa son attention et il se demanda pourquoi elle tenait tant à aller au bout de sa mission.

Et elle voulait finir parce qu’elle était redevable aux Los Diablos ce qui me fit rouler des yeux mais, aussi, parce qu’elle savait que tant que Ward serait vivant personne sera en sécurité. Enfin, aucun Los Diablos… J’soupirai. Elle avait sûrement raison, c’est ça le pire.

Puis, elle expliqua son plan. Ils voulaient piéger Fleming et la croix de Finan semblait être une bonne façon d’amener Ward dans un piège. J’levai un sourcil m’exclamant à la fin :

-Waw. Vous voulez le tuer vous-même en faites…

J’pensais pas que c’était mal… Tuer Ward Fleming, c’était sûrement pas mal…

-Et si vous vous loupez ?

Ouais… Si jamais il s’en tire ? Qu’est-ce qu’il se passera ?

L’histoire que nous racontait Riley était pire que tout ce que j’aurais pu imaginer. J’avais du mal à contenir mes larmes qui exprimaient tout ce que je ressentais. J’étais choquée et effrayée mais j’étais surtout très triste d’entendre le calvaire que vivait ma sœur. Même dans mes heures les plus sombres dans la rue, je n’avais jamais vécu le dixième de ce qu’elle avait subi.

Avant qu’Hank ne s’exprime, je pensais que Riley serait plus en sécurité en prison qu’en cours mais il était vrai que Ward Fleming pourrait très bien avoi des contacts entre les murs du pénitencier. Puis je ne savais pas ce qu’un juge pourrait retenir contre elle compte tenu de son récit mais il fallait que sa parole soit prise en considération.

- Mais il s’agit de Ward Fleming ? Est-ce que la parole de Riley n’aurait pas plus de poids que celle de ce psychopathe ?

Oui… mais non.

Sans preuve c’était difficile de prévoir comment les choses allaient s’enligner.

Puis Finan expliqua que si Riley parlait, elle mettrait une cible sur la tête de Finan. Nous ne voulions pas sauver ma sœur et condamner Finan, le but de cette rencontre n’était pas de faire pire que mieux.

Howard se défendit quand Hank lui fit remarquer qu’il jouait avec le feu et que Finan ajouta qu’on ne savait même pas ce qu’il foutait ici.

- On se calme… tous… S’il-vous-plait.

Les esprits ne s’échauffaient pas mais je préférais que le ton demeure calme afin que nous tous gardions la tête froide. Ce n’était pas le moment de se chercher des poux.

Finan voulait savoir pourquoi Riley était ici exactement et j’allais demander si c’était vraiment important mais ma sœur expliqua qu’elle avait eu besoin d’un répit pour mettre en place son plan. Je la regardais en fronçant des sourcils avant de jeter un coup d’œil à Hank puis je reportais mon attention sur ma sœur qui détaillait comment elle comptait s’y prendre pour tenir son engagement envers Finan et se sortir des New Soldados.

Et j’étais encore plus sous le choc.

- TUER UNE FILLE NE T’A PAS SUFFIT !?

J’avais crié, bien contre ma volonté et sans être capable de me maitriser mais de l’entendre planifier le meurtre de Ward Fleming avant la complicité de Finan dépassait tout ce que je pouvais entendre aujourd’hui. Je me levais et je traversais le salon pour me planter devant la fenêtre et je regardais dehors en scrutant les buissons comme si soudainement, je craignais voir le diable en personne dissimulé dedans. Puis je me retournais pour regarder à la fois Finan et Riley.

- Si vous voulez planifier un meurtre, vous irez faire ça ailleurs que chez moi ! , puis ce fut à ma sœur que je m’adressais ensuite. Et si tu veux vraiment reprendre ta vie en main et aller en cure ou dénoncer Fleming, je vais t’aider mais je n’irai pas au-delà de ça.

Depuis quand planifier de tuer un homme était devenu un sujet de conversation entre amis autour d’une bière ? Après quoi ? Ils allaient nous demander d’enterrer le corps dans notre jardin, de planter mes hortensias dessus et admirer les fleurs à chaque printemps en songeant à quel point la pourriture de Fleming faisait un bon engrais ?

Je n’en revenais pas de ce qui se racontait dans notre maison. Heureusement que les filles n’étaient pas là, même si elles étaient trop jeunes pour comprendre ! On parlait gang, prison, l’éventualité que Riley pourrait se faire tuer en prison ou avant même d’y arriver.

Je n’aimais pas Riley… Mais pas de là à souhaiter sa mort !

Bailey en pleurait… Mais après tout et d’après Finan, sa sœur n’était pas seulement au prise avec deux gangs différents, mais carrément avec un sérial killer. Un sérial killer que Howard connaissait pour avoir été à l’école avec lui et où ce Ward était déjà un gros caïd.

On essayait de trouver une porte de sortie par la voie légale… Mais ça semblait être un dead end… En plus, Finan disait que si Ward allait en prison, beaucoup de monde le suivrait, dont lui-même et pas seulement.

Et comme le disait Howard, ouais ben ça, fallait pas faire de connerie… Et j’eus le même regard qu’Howard pour Finan à ce moment-là. J’aimais bien Finan, je savais que c’était, dans le fond, un type bien. Mais il avait un passé sombre, très sombre.

Bien plus sombre qu’Howard qui semblait en savoir un bout sur Ward tout ça parce qu’il était originaire de l’Eastside.

Puis il fut question d’un plan que Riley avait avec Finan. L’Irlandais lui disait qu’elle n’était pas obligée d’aller jusqu’au bout de ce plan mais elle y tenait, parce que ça semblait être la dernière issue pour tout le monde.

Mais j’étais bouche bée alors qu’ils planifiaient littéralement un meurtre chez moi !

Ce fut trop pour Bailey qui se leva… Howard demandait ce qui arriverait s’ils se loupaient et ce fut là que Bailey éleva la voix, me faisant sursauter. Il était rare, très rare quand Bailey élevait la voix. Alors que pour moi, c’était monnaie courante, ma femme, elle, était plutôt du genre calme, apaisée depuis qu’elle avait laissé son ancienne vie derrière elle.

Mais avec Riley, tout remontait.

Je me levai et allai la rejoindre près de la fenêtre et lui caresser doucement le dos pour lui montrer que j’étais là, que je la soutenais et que j’étais d’accord avec elle.

Je regardai Riley et Finan…

-Bailey à raison… On ne peut pas vous permettre de planifier ce genre de chose chez nous… On est prêts à vous aider, mais en restant dans la légalité… Si vous ne comptez pas vous y tenir, alors nous ne vous seront d’aucune aide.

Je regardai Riley…

-De toute façon, ton temps ici est écoulé. Alors choisis, soit c’est la cure et, si c’est vraiment impossible de livrer Fleming aux flics, on essayera de t’en protéger au mieux de nos moyens. Soit vous faites votre plan, mais pas ici.

Bailey, Hank et Howard voyait une porte de sortie dans le témoignage de Riley… Mais non seulement ça risquait de mettre Riley en danger mais, en plus, elle risquait de ne pas être prise au sérieux… Ça serait la parole de Ward contre la sienne et Bailey se demandait si la parole de Riley ne sera pas mieux considéré que celle d’un psychopathe… Je la fixai.

-Je ne compterais pas là-dessus… Riley ne sera pas si bien considérée vu qu’elle a été prostituée. Sans compter que, visiblement, Ward Fleming sait se payer les meilleurs avocats de la ville…

Je ne savais toujours pas comment… Mais qu’importe…

Hank semblait avoir compris que Ward nous faisait peur à tous… J’expliquai que c’était un serial killer alors que Stone, lui, ajouta qu’il le connaissait depuis les primaires et que, déjà à l’époque, c’était le caïd du coin. Pas étonnant… Fleming était né mauvais. C’est ce qu’Alonso disait, en tout cas et j’étais sincèrement prêt à le croire. Les chiens font pas des chats et Fleming avait une sale hérédité. Bien que… Je voulais penser le contraire autant pour Grant que pour Heaven.

Après ça, Hank nous jugea autant Howard que moi… Et moi, je renvoyai tout dans la tronche de Stone dont je ne voyais pas l’utilité ici. Il expliqua qu’il était ici pour aider Riley… Pour m’aider moi… Je levai un sourcil.

-Tu as des liens ? Toi ? Et ça fait des années que tu ne vis plus dans l’Eastside et tes connaissances sur Fleming semblent remonter à la maternelle, donc…

Mais j’arrêtai de tourmenter Stone quand Bailey souffla de se calmer. Je déclarai alors qu’on ne pouvait pas vendre Fleming à la police de peur de faire tomber tout le monde en même temps… C’est là que Stone déclara que j’avais qu’à pas faire de conneries. Je le foudroyai du regard mais Hank North sembla d’accord avec son ami… Je roulai, donc, des yeux me disant que, quelque part, ils n’avaient pas tort… Ce n’était pas pour ça que j’avais envie de risquer la peine de mort, moi…

-Conneries ou pas, je veux pas finir en taule jusqu’à la fin de ma vie…

Hélas même pas pour enfermer Fleming… C’était peut-être égoïste mais je pense que quiconque à ma place penserait pareil. J’avais une femme, un fils et j’allais en avoir un autre… Je ne pouvais pas aller en taule.

Mais Riley avait avoué vouloir finir cette mission. Je lui demandai pour qu’elle raison elle voulait faire ça et elle me l’expliqua en quelque mot. Je pris un air compatissant alors qu’elle semblait croire m’être redevable… Elle semblait consciente que tant que Ward sera vivant, les Los Diablos étaient en danger et j’étais compris dans le lot. J’hochai de la tête.

-Tu as sans doute raison…

Et ça l’incluait elle, j’en avais bien peur… Si jamais elle faisait attendre Fleming, il finira par l’éliminer… Ou pire… Désormais, je pensais bien que mon imagination n’était pas assez grande que pour savoir ce dont Fleming était capable.

Mais Riley exposa son plan… Et je ne pu m’empêcher de serrer ma croix dans ma main après que Riley l’ai touché disant qu’elle ira se rendre avec ça près de Fleming pour l’emmener tout droit dans un piège.

Le plan était solide même si, dans tout plan du genre, il pouvait il y avoir des imprévus… Je déglutis fixant Riley alors que le dénouement de l’histoire était simple : moi qui tuait Fleming.

Je m’étais promis de ne plus jamais tué quelqu’un. Même pas Ward Fleming… Mon cœur battait plus vite alors que je pesais le pour et le contre de ce plan. Tout ça ne me plaisait pas mais je savais que le seul moyen d’en finir était… Ben d’en finir avec Fleming.

Tant qu’il sera vivant, rien ne changera…

J’entendis alors la question de Stone qui se demandait ce qu’il se passera si on se loupait. La réponse était simple… Si on se loupe, je crevais, Riley aussi, sans doute Tiff et Guillermo… Peut-être Bailey, Hank et leurs filles… En fait, si on se loupait, je ne voyais que des morts.

-Il faudra pas se louper…

C’est ce que je soufflais…

Mais, soudain, Bailey s’exclama tellement fort que je sursautai tenant toujours fermement ma croix. Elle n’en pouvait plus n’appréciait pas du tout qu’on planifie le meurtre de Ward ici même.

Elle s’approcha de la fenêtre bientôt rejointe par son mari. Je comprenais… Ce dont on parlait était horrible et Bailey n’avait aucune envie de prendre part à ça. Elle voulait bien aider pour la cure de Riley et pour, éventuellement, témoigner contre Ward mais ça s’arrêta là…

Dans un sens, je la comprenais… Je soupirai.

Si Riley voulait rester elle devait choisir la cure et Hank, lui, disait qu’il la protègera au mieux de leurs moyens de Ward. J’hochai négativement la tête.

-Au mieux de vos moyens, ça ne sera pas assez. Pas du tout…

Il n’y avait qu’un seul moyen pour protéger efficacement quelqu’un de Fleming : tuer Fleming ou aller habiter en haut d’un immeuble ou, mieux, du Mont Everest !

Je fixai Riley… Le choix final lui revenait.

-Ton plan est bon… Même si je ne l’aime pas… Je m’étais promis de ne plus faire de crime. Même pas pour nous débarrasser de Fleming mais… Tu as raison… S’il reste en vie, il y aura d’autres morts.

Dont des enfants, peut-être, encore…

-Mais je peux aussi faire croire qu’on t’a éliminer et, ainsi, tu pourras aller en cure et vivre une autre vie protégé par ta famille. Celle que tu as ici… Je ne peux pas dire que c’est sans danger si jamais Fleming te croise, un jour, mais c’est tout de même efficace…

Je soupirai.

-Ou tu veux continuer et, dans ce cas, je t’hébergerais quelque part. Au motel ? Quelque part en tout cas… Pour ton plan… S’il réussit, je te conseille de changer de vie après… Mais… S’il rate. On est tous mort. Donc… Réfléchis bien…

Je n’avais pas lâché ma croix pendant tous mon discours. Je fixai, ensuite, Hank et Bailey.

-Je suis désolé…

Pourquoi ? Pour la conversation qu’ils avaient entendu ? Pour le fait que je devais certainement avoir baissé dans leur estime ? Les deux sans doute et bien plus encore…

Bailey perdait de son assurance à mesure que la conversation avançait. Elle déchantait ma grande sœur d’entendre tout ce que j’avais à dire. Hier à peine, je me serais régalée de la voir se déconfire mais à l’instant présent, je n’aimais pas ce que je voyais, je n’aimais pas l’ambiance que je créais.

C’était malheureusement un mal nécessaire.

Ils débâtaient tous sur ce qui pouvait m’arriver de mieux entre la cure et la prison, chacun ayant son avis sur la question. J’étais là, près d’eux, à me demander s’ils avaient tous entendu ce que je disais. Que je termine en prison ou en cure, je ne serais jamais libérée de Ward Fleming et de ses New Soldados tant qu’il ne serait pas mort. C’était mathématique, aussi simple qu’un plus un faisait mal !

Quand je pu ensuite reprendre la parole, c’est devant cette évidence là que je les plaçais tous. Si je tenais tant à respecter mon engagement envers Finan, c’était autant pour lui que pour moi. Tant que Fleming était en vie, je ne pourrais jamais reprendre un semblant de vie normale tout comme Finan.

J’expliquais mon plan auquel j’avais réfléchi pendant plusieurs nuits tant et si bien que je ne voyais pas comment il ne pourrait pas réussir. Il suffisait que j’amène à El Lider la chaîne ensanglantée de Quinn pour qu’il se rende là où je lui dirai l’avoir laissé entre la vie et la mort. La suite appartenait à Quinn qui pourrait simplement s’allonger sur le sol, couvert de sang et avoir des hommes cachés prêt à intervenir.

C’est Howard qui demanda en premier ce qui arriverait si on ratait notre coup et je ne pu répondre parce que ma sœur s’insurgea en levant le ton en clamant refuser qu’on organise un meurtre dans son salon. Ce n’était probablement pas sa tasse de thé mais c’est elle qui avait proposé de m’aider, non ? Et Hank, en bon mari, seconda sa femme avant de me rappeler que mon temps ici était écoulé et que je devais donc choisir entre la cure ou livrer Fleming aux flics mais que leur aide n’irait pas au-delà de ça.

- Je ne comptais pas te proposer de faire le guet, Hank.

Puis Finan expliqua que ce que Hank et Bailey se proposaient de faire ne serait malheureusement pas suffisant.

- ENFIN ! Quelqu’un qui entend et comprends !

Mais comme il le disait, lui aussi, il ne faudrait pas rater notre coup parce que si c’était le cas, nous n’avions plus aucune chance de nous en sortir. Finan disait que mon plan était bon bien qu’il ne l’aimait pas mais il admettait que j’avais raison. Ça ne me faisait pas plaisir ! J’avais beaucoup réfléchi et j’avais tourner la situation en tous les sens, c’était le seul plan assez solide que j’avais pu trouver.

- Je ne te demande pas de le tuer toi-même ! Il y a assez d’hommes doués chez les Los Diablos qui peuvent s’en charger. Tout ce que je te demande, c’est de m’aider à piéger Ward et ensuite…

Je n’avais pas besoin de terminer ma phrase pour qu’il comprenne là où je voulais en venir et surtout, je ne voulais pas que Bailey nous fasse une crise d’hystérie parce qu’on planifiait toujours le meurtre de Ward dans son salon et qu’elle semblait presque croire que c’était comme si nous cachions le corps sous le tapis de son salon.

- Quand ce sera fait, j’irai en cure, je changerai de couleur de cheveux, je déménagerai à l’autre bout du monde  mais au moins, j’aurais tenue ma promesse et je serai clean. Mais je veux que Keenan soit libéré lui aussi de ses liens avec les Los Diablos sinon je ne pars pas. Pas sans lui.

Je me levais, croyant avoir fait le tour de la question et que le plan soumis était approuvé par le chef. Je n’avais pas besoin de jouer plus longtemps avec les nerfs d’Hank North.

- Je vais aller chercher mes choses dans la chambre et après je pars, Hank. Merci à vous deux pour l’hospitalité et je suis vraiment désolée pour l’embarras.

Hank y verrait certainement un affront, une insulte ou je ne sais pas quoi encore mais j’avais sincèrement apprécié pouvoir dormir deux nuits complètes loin de mes problèmes bien que je n’avais fait que y réfléchir.  Puis, avant de demander à Finan de bien vouloir me conduire auprès de Keenan, je regardais Howard.

- Toi, je ne sais pas quel jeu tu joue en t’intéressant autant à mon histoire et à Ward mais t’es un chouette type. Essaie juste de pas te foutre dans une merde comme la mienne parce que comme tu vois, y’a pas beaucoup d’issue.

Ma présence semblait pas trop plaire à Finan qui ne cessait de se demander ce que j’foutais ici. Alors, j’déclarais simplement que j’étais là pour aider. Que j’savais des choses sur Ward et sur l’Eastside mais il me renvoya à ma place disant que mes connaissances sur Ward remontaient à la maternelle. J’grommelai marmonnant :

-A la primaire, vieux…

Mais j’voulais pas en dire plus. J’voulais pas dire que j’étais là pour aider Jordan Keller. J’voulais pas que les Los Diablos me ciblent.

Bailey souffla qu’on se calme alors j’me calmai même si quand Quinn exposa que si on donnait Fleming à la police, il risquait la taule, j’dis qu’il fallait pas faire de conneries à la base. N’empêche que Quinn voulait quand même pas aller en prison à vie… Ok, là, j’le comprenais. Puis, j’suis pas sûr qu’il le mérite. Pas autant que Fleming, en tout cas.

Donc pas de prison pour Fleming… Alors, Riley avait un autre plan. Celui d’emmener Fleming dans un piège pour le descendre. Ouais, c’était bien ça. Riley planifiait de remplir son contrat pour les Los Diablos en éliminant Fleming. Enfin, en donnant l’occasion aux Los Diablos d’éliminer Fleming.

J’crois que c’est la première fois que j’entendais ce genre de trucs… Mais j’me démontai pas demandant ce qu’il se passerait s’ils se loupaient. Finan répondit simplement qu’il faudra pas s’louper. J’fis la moue…

Puis, Bailey s’exclama d’un coup. Elle m’avait fait méga peur et j’la regardai avant de grands yeux alors qu’elle se leva apparemment vraiment pas contente que sa sœur suive le mauvais chemin… Enfin, le seule chemin qu’elle croyait bon pour survivre à Ward. J’comprenais un p’tit peu Bailey… Riley était en train de planifier un meurtre ici même.

C’était surréaliste, en fait…

Et Hank soutenait Bailey… Les deux voulaient rien n’à voir dans le meurtre de Ward Fleming et que si Riley et Finan voulait continuer là-dedans, ils avaient qu’à partir. Riley répliqua qu’elle avait pas vraiment demandé à Hank de faire le guet dans son plan et c’était pas forcément faux. Moi, j’savais pas quoi dire… J’savais pas où me mettre. Finan avait p’t-être raison… J’avais rien n’à faire ici. Surtout à partir du moment où ils ont tous refusés de témoigner contre Ward.

Y’avait rien pour que Keller avance…Enfin, sauf le plan là… Parce que, plus de Ward, plus de problèmes pour Keller. Mais j’crois que le flic préférait que ça soit la justice qui s’occupe de Ward et pas Finan et Riley…

Ce que Bailey et Hank proposaient c’était une cure et une protection… Mais Finan disait que ça serait pas forcément assez pour protéger Riley contre Fleming. J’fis la moue… Et Riley, elle, était enfin contente que quelqu’un la comprenne…

Et Finan laissa quand même le choix à Riley. Faire son plan ou bien changer de vie et se cacher. Dans tous les cas, y’avait un risque. Bref, Riley était pas tiré d’affaire dans aucune des scénarios. Quant à Finan, il voulait plus tuer personne. J’plissai des yeux. Ça signifiait qu’il avait déjà tué. Ok… Il avait longtemps fait partie des Los Diablos. Ça devrait pas me surprendre mais pourtant, ça me surprenait quand même…

J’savais qu’il y avait des histoire de meurtres et d’autres histoire encore plus sordide dans l’Eastside. J’le sais depuis que j’suis tout p’tit. J’pensais pas tomber au milieu d’un de ces trucs-là un jour. Ça faisait bizarre.

Bref, Riley voulait faire le plan et puis changer de vie… Elle voulait aussi que le type appelé Keenan soit libérer des Los Diablos. Tout ça pour, finalement, dire à Bailey et Hank qu’elle s’en allait pour retourner de là où elle venait.

Finan s’était levé… Riley aussi… Ils étaient prêt à s’en aller. Mais avant de partir, Riley déclara qu’elle savait pas à quoi je jouais mais que j’étais un type bien et qu’elle espérait que j’me mettrais pas autant dans la merdre qu’elle. Pas sûr que c’était possible, ça…

-T’en fais pas… J’sais ce que j’fais. Essaye de pas mourir, toi… J’suis sûr que tu peux avoir une meilleure vie que tu l’imagines…