Il m’avait fallut quelques jours avant de me décider à, finalement, me rendre chez Bailey… Je n’avais aucune nouvelle de Riley… Ni en bon, ni en mauvais. Il faut dire que les seules nouvelles que je pouvais avoir, c’était à travers les faits divers… Or, aucun mort ne correspondant à la description de Riley n’avait été retrouvé.

Et je ne savais pas si c’était bon ou non… En réalité, ça laissait bien trop place à mon imagination. Riley pouvait très bien être déjà morte sans qu’on ne retrouver son corps… Personne n’aurait signalé sa disparition, de toute façon. Ou alors, elle pouvait toujours être entre les mains de Ward et Dieu seul savait ce qu’il pouvait lui faire subir, dans ce cas…

Bref, aucune issue ne me semblait favorable et je n’en pouvais plus de culpabiliser. Depuis quelques jours, je n’avais qu’une seule envie : revenir en arrière. J’aurais refusé le plan et j’aurais protéger Riley tout autrement. Je lui aurais payé un allé simple loin d’ici ou j’aurais fait en sorte qu’elle reste chez sa sœur même si, dans le chef de Bailey, ça ne semblait pas être l’option la plus favorable. Déjà parce qu’entre Hank et Riley, ça ne semblait pas être le grand amour et, aussi, parce que le couple North avait peur de Ward.

Je pouvais le comprendre…

J’aurais peut-être pu avoir des nouvelles en passant par les Los Diablos mais j’avais interdiction de leur parler. Et, pour être honnête, je doutais sincèrement qu’ils comptaient me répondre si jamais j’avais l’audace de tenter le coup. Un coup que je n’allais de toute façon pas tenter car je n’avais aucune envie de décevoir une nouvelle fois Tiff.

Mon couple… C’était la seule chose que je pouvais encore sauver. Alors, je m’accrochais à ça tant bien que mal.

En attendant, Bailey avait le droit d’être au courant pour sa sœur. Car je savais, pour l’avoir vécu, qu’il n’y avait rien de pire que de ne pas savoir. Je n’avais jamais su pour ma mère. Je ne pouvais pas infliger ça à Bailey.

J’avais, donc, expliqué à Tiff que je me devais d’aller lui annoncer. Ça ne fera qu’une personne en plus dans les personnes qui n’ont plus aucune confiance en moi, après tout…

J’avais pris ma voiture pour rejoindre la villa North… Plus j’avançais plus j’avais mal au ventre. Je me doutais que la réaction de Bailey ne serait pas bonne mais je craignais aussi celle d’Hank.

Mais je devais bien passer par là.

Une fois arrivé, je me parquai dans leur allée avant de sortir de ma voiture… Je n’avais pas prévenu… Je m’en rendais compte maintenant. J’aurais sans doute dû prévenir… Mais j’avais tellement été pris dans mes pensées que je n’avais simplement pas pensé.

Du coup, j’espérais qu’ils étaient là… Ou pas en fait… Je ne savais pas trop ce que je voulais.

Je pris une grande inspiration avant de sonner à la porte… Et c’est Hank qui ouvrit… Il semblait pas de bonne humeur…

Ça commence bien…

Je le fixai avec, moi aussi, ma tête des mauvais jour.

-Salut Hank… Bailey est là ?

J’espérais qu’elle était là.

@ Billy Lighter

Tout allait bien ! J’avais repris un tournage et ça me maintenait bien occupé quand je n’étais pas en repos pour m’occuper de ma famille. Autre chose qui était bien aussi : on avait plus vu ni entendu parler de Riley… Et personnellement, je me foutais comme de ma première couche de savoir si elle s’en était sortie, si elle avait sombré dans la drogue ou même si elle était morte.

Peut-être, d’ailleurs, que la dernière option serait la plus salvatrice pour la petite sœur de Bailey. C’était peut-être cruel à dire, mais c’était comme ça. Parce que contrairement à mon épouse, Riley était loin d’avoir un bon fond.

Je le savais, parce que je savais cerner les gens. Il ne me suffisait que de deux minutes pour savoir si, malgré qu’ils puissent avoir de nombreux défauts, les gens avaient un bon fond ou pas. Howard était gentil, peut-être trop gentil. Et Quinn, qui avait été là pour discuter meurtre en règle avec Howard et Riley, avait un très bon fond aussi.

Et ils avaient tous les deux été manipulés par Riley qui, elle, était une véritable sorcière.

Bref, aujourd’hui, j’étais à la maison.

Haley tenait assise toute seule maintenant et Hope, Haley et moi, on était assis par terre à se faire rouler une balle au rythme de la machine à coudre de Bailey qui nous regardait de temps en temps d’un air attendrit.

-Allez, Hope… Passe à ta petite sœur.

Elle le fit et Haley rit aux éclats, ses deux petites dents du dessous fièrement dressée, avant de taper maladroitement dans la balle à son tour, que je rattrapai en applaudissant ma petite dernière. Et Hope fit de même, félicitant sa petite sœur.

Elles étaient très complices et me faisaient un peu penser à mon frère et moi quand on était plus jeunes. Même s’il y avait une plus grande différence d’âge entre Christopher et moi qu’entre Hope et Haley.

Mais notre jeu fut interrompu par la sonnerie de la porte et ton mon enthousiasme s’écroula d’un coup !

Je me tournai vers Bailey en me relevant.

-Je te jure que si c’est un putain de démarcheur pour les aspirateur, je lui fais bouffer le furet !

J’allai à la porte et me retrouvai, avec ma tête des mauvais jours, devant Finan Quinn… Mais ma mauvaise humeur fit vite place à la surprise.

-Bah, Finan… Fallait prévenir… Je pense pas que Bailey ait déjà fini votre troisième tenue mais…

Je regardai vers l’intérieur de la maison.

-Viens, entre… Elle saura mieux te dire que moi.

Je ne voulais pas parler de Riley, je ne voulais pas savoir si leur foutu plan avait marché. Je préférais qu’il vienne pour les costumes et que lesdits costumes soient le seul lien qu’on ait avec Finan Quinn.

Dans le hall, je gueulai.

-Bailey ! C’est Finan !

Hope trottina jusqu’à nous et fit un pistolet avec ses doigts en fusillant Quinn du regard.

-Pan !

Je pris ma petite Hope dans les bras et guidai Finan jusqu’à l’atelier de Bailey.

@ Billy Lighter

Coudre avec les trois amours de ma vie qui jouaient au sol rendait un travail ordinaire en un moment extraordinaire. Hank faisait rouler une balle entre Hope et Haley et quand cette dernière n’arrivait pas à l’attraper ou à la retourner, ce qui arrivait à peu près chaque fois, Hope se faisait un grand plaisir d’aller la chercher et de l’aider. Nos filles avaient maintenant une belle complicité. C’était magnifique de voir Haley tenter d’imiter sa grande sœur et de voir Hope patiemment enseigner des trucs à sa petite sœur.

Je travaillais au troisièmes costumes du groupe de l’heure The Warriors et j’y mettais vraiment beaucoup de cœur dans ce projet. C’était très différent que de faire des habits pour les tous petits. Je pouvais laisser libre-cours à mon imagination fantaisiste en m’inspirant des contes de fées, des chevaliers et des dragons. J’utilisais beaucoup de matériaux et tissus différents que ce dont j’avais l’habitude.

C’était un beau défis dont je me pensais capable de relever haut la main. Après tout, les deux premiers ensembles avaient été approuvés par le groupe qui n’avaient pas ménagés les compliments pour mon travail. J’avais donc très hâte d’entendre ce qu’ils allaient dire cette fois, surtout que je m’étais permis plus de liberté ayant eu carte blanche.

Je levais la tête de mon modèle et levais le pied de la pédale de ma machine à coudre car on avait sonné à la porte. Je vis instantanément le visage d’Hank s’assombrir. Il détestait qu’on vienne troubler notre petit bonheur familiale et à force de vivre avec lui, je prenais ce genre de plis, moi aussi.

- Hey ! Mon furet ne t’a rien fait !

Du moins, pas dernièrement mais Hank n’avait toujours pas développé d’intérêt pour mon adorable petit bébé poilu, il le tolérait, tout au plus et encore, le mot était fort. Je me levais pour aller prendre Haley alors qu’Hope suivait son père de très près. J’allais près de la fenêtre pour tenter de voir si je reconnaitrais la voiture qui s’était garée dans notre allée mais notre visiteur s’était beaucoup trop avancé pour que je puisse le voir depuis la fenêtre de mon atelier.

- Oh ? C’est le gros barbu ! On va le voir ma puce ?

Haley en avait rien à faire, elle, du gros barbu. Tout ce qu’elle voulait s’était de jouer avec le médaillon du pendentif que m’avait offert Hank à Noël. C’était un magnifique cœur sur lequel se trouvais nos pierres de naissance et celles de nos filles et il y avait bien assez de place pour ajouter plusieurs pierres. Ça avait d’ailleurs valu quelques taquineries de la part de Christopher qui voyait ça comme une annonce de plusieurs autres bébés !

Je n’avais pas été à la défense de mon époux. Je m’étais contenté de lui sourire béatement puisqu’il savait très bien que s’il n’en tenait qu’à moi, j’enchainerais les grossesses une derrière l’autre mais ce noël-là, je portais encore Haley dans mon ventre.

Je rencontrais mon mari, Hope et Finan alors qu’ils allaient entrer dans mon atelier et c’est en souriant que je saluais mon ami.

- Salut Finan ! Je ne pensais pas que tu viendrais aujourd’hui, les costumes ne sont pas près bien que le travail avance.

J’avais fait un geste de la main, tenant fermement Haley de l’autre, vers ma table de travail près de laquelle mon mannequin de bois portait la prochaine robe de Tiffany.

@ Billy Lighter

Hank ouvrit la porte et mon cœur se mit à battre plus vite. Je n’avais pas nécessairement un tête joyeuse. Il faut dire que je n’avais aucune envie de rire ou quoi que ce soit.

Hank fut surpris que je sois là. Il disait que j’aurais dû prévenir et pensait que j’étais ici pour les tenues. Non. J’aurais voulu être là pour ça mais ce n’était pas le cas… Mais je n’eus pas le courage de la dire tout de suite… Je préférais lancer :

-Oui… J’aurais dû prévenir… Désolé.

Hank North me fit tout de même entrer et je lui en était reconnaissant. Sa réputation n’était plus à faire et c’était le genre à aimer rester dans sa bulle. Une bulle qui s’était agrandie avec sa femme et ses deux filles.

Je suivis Hank et l’une de ses filles ne tarda pas à sortir de sa cachette me visant de son pistolet imaginaire. Je ne sursautai pas mais je ne pus m’empêcher d’afficher un air plus grave alors que ma main s’était machinalement porté sur mon bras blessé. J’avais encore mal mais les anti-douleurs aidaient beaucoup.

-C’est un caïd, ta fille. Elle vient de me tuer, là.

Je dis ça essayant de faire un trait d’humour mais, dans ma voix, on entendait que le cœur n’y étais pas.

Hank, lui, avait appelé sa femme alors que je le suivis jusqu’à l’atelier de Bailey. Dans ma tête j’essayais de savoir comment j’allais présenter les choses à la sœur de Riley… Parce que ce n’était pas forcément quelque chose de facile à annoncer.

Bailey me salua et je lui offris un maigre sourire alors qu’elle disait que les costumes n’étaient pas encore terminés. Elle me montra alors une magnifique robe qu’elle était en train de concevoir pour Tiff.

-Waw… Elle est magnifique. Tiff sera ravie mais…

Mes lèvres se pincèrent…

-Je ne viens pas pour les costumes… Je…

Je cherchais toujours mes mots.

-Il faut peut-être qu’on s’assoit quelque part… C’est mieux d’être assis.

Je laissai Hank et Bailey nous mener quelque part où on s’installa. Les filles étaient là une dans les bras d’Hank et une dans les bras de Bailey. Je me raclai alors la gorge. Il fallait que je me lance, je ne pouvais pas laisser Bailey se poser plus de questions. Parce que j’imaginais qu’elle pouvait déjà se faire pas mal de film quand je lui ai dit ne pas venir pour les costumes.

-Le plan a merdé… Ward a compris que Riley l’a trahi et on a pas réussi à l’avoir alors il l’a emmené. Je n’ai aucune idée de ce qui lui est arrivé… Je ne sais pas si…

Je me mordis la lèvre.

-S’il la tué ou s’il la détient toujours. Je suis vraiment désolé, Bailey.

Qu’est-ce que je pouvais dire de plus ?

@ Billy Lighter

Finan n’avait pas l’air au mieux de sa forme, pour un gars qui, je le pensais, venait pour voir ses futurs costumes de scène. Mais je savais pas, peut-être qu’il couvait un truc. Peut-être que c’était simplement pas son jour. Ça je pouvais le comprendre, moi aussi des fois je me réveillais ronchon sans aucune raison et ça durait toute la journée.

Il s’excusa de ne pas avoir prévenu, mais je le fis entrer quand même.

-C’est une règle à retenir. Ça nous permet de ne pas être pris au dépourvu et puis comme ça on prévoit quelque chose à boire et des petits trucs à grignoter.

Pas que j’aimais spécialement recevoir des gens, mais je le prenais déjà mieux quand j’étais prévenu. Ça calmait un peu mon anxiété. Parce que la foutue sonnette de la maison était pour moi, clairement, une source d’anxiété.

Hope nous rejoignit et fit semblant de tuer Finan qui dit qu’elle était un caïd en se tenant le bras et en faisant la grimace.

Je pris ma fille dans mes bras et lui souris.

-Elle protège sa maison et sa petite sœur. C’est une vraie North, tu sais.

Puis, je m’adressai à Hope.

-Mais tu n’as pas envie de tuer Finan, hein, Hope… Tu aimes bien sa musique.

Je la passai de temps en temps dans la maison ou dans la voiture. Ce qu’ils faisaient, avec les instruments et les voix de Finan et d’Ivar qui se mêlaient de temps en temps était impressionnant.

On arriva dans l’atelier et Bailey montra la magnifique robe qu’elle était en train de confectionner pour la femme de Finan. Je souris.

-Il faudra attendre qu’elle accouche pour pouvoir la mettre, je pense.

Mais Finan avait quelque chose à dire… Et je ressentis l’anxiété dans mon ventre… Et je pouvais sentir planer le spectre de Riley. Finan voulait s’asseoir.

-Bien sûr… Allons au salon.

Je le guidai jusque-là, moi portant Hope et Bailey portant Haley… Une fois assis, j laissai Hope aller jouer avec ses jouets.

Et c’est là que Finan dit tout ce qu’il avait sur le cœur. Il venait nous annoncer que Riley avait disparu, qu’elle était entre les mains d’un psychopathe et qu’il ne savait pas si elle était en vie ou non… Personnellement… j’en avais rien à foutre. Mais c’était la sœur de Bailey et je ne savais pas comment ma femme allait prendre la nouvelle.

Je me levai.

-Je vais chercher des bières.

Mais je ne fis pas de commentaire, par respect pour Bailey. Pourtant, je n’en pensais pas moins. Je revins avec trois bières fraîches et les distribuai, attendant une réaction de Bailey à qui je pris la main qui ne tenait pas sa bouteille de bière.

@ Billy Lighter

Finan nous rendait visite à l’improviste, probablement pour voir l’avancement de leur troisième commande. Je n’avais pas grand-chose à lui montrer sauf pour la robe de Tiffany que portait mon mannequin de bois. Il manquait toutes les fioritures et les détails que je voulais ajouter pour la rendre encore plus spectaculaire.

Je souriais quand Finan trouva la robe magnifique et croyait même que Tiffany en serait ravie mais, il ne venait pas pour les costumes. Je devinais à sa mine que ça avait rapport avec ma sœur, sinon, pourquoi serait-il ici ? Je hochais donc de la tête alors qu’Hank l’invita à se rendre au salon ou nous serions plus à l’aise pour discuter.

Au salon, je tenais Haley sur mes genoux alors qu’elle se mangeait joyeusement les doigts. Elle avait certainement des dents qui la gênait et qui viendrait troubler son humeur dans les prochains jours. Elle en bavait même suffisamment pour mouiller son chandail à l’effigie d’une princesse sur patin à glace.

Finan ne fit pas durer inutilement longtemps le suspens pour nous annoncer ce que je redoutais déjà. Le plan élaboré ici même il n’y avait pas si longtemps que ça n’avait pas eu la fin qu’ils escomptaient et ma sœur était probablement morte, si elle avait eu de la chance, ou entre les mains e Ward Fleming.

- C’était à prévoir…

C’est tout ce que je soufflais alors qu’Hank décréta le bon moment pour aller nous chercher des bières. Pour digérer cette nouvelle-là, j’allais avoir besoin de plus que d’une bière mais j’allais m’en contenter.

Nos bière en main, je tentais sans vraiment m’en rendre compte, d’empêcher Haley d’entre son doigt dans le goulot de ma bouteille, je fixais le vide, là où commençaient les pieds de Finan sur le tapis de mon salon.

- Ce plan était merdique, vous le saviez… Je ne voulais pas… Peut-être que si je ne vous avais pas empêché de le préparer correctement vous auriez réussis.

Haley lâcha ma bouteille et je la portais à ma bouche pour en prendre une longue gorgée puis je regardais Hank. Même si je pleurais toutes les larmes de mon corps, ça ne ramènerait pas ma sœur qui avait rejeté du revers de la main, les portes de sorties que nous lui avions suggérées.

- Riley savait ce qu’elle faisait.  Elle a pris sa décision alors…

Je ne voyais pas ce que je pouvais ajouter d’autre mais je sentais que je devais trouver quelque chose à dire, ne serait-ce que pour Finan qui visiblement vivait mal avec cette nouvelle et qui avait probablement besoin de sentir que malgré le fait qu’il n’avait pu empêcher ma sœur de tomber entre les mains de Ward Fleming, je ne lui en voulais pas.

- Tu as fait ce que tu as pu Finan. Tu pensais que le plan fonctionnerait mais tu n’étais pas tout seul là-dedans alors… Ça va aller ? Je veux dire, pour toi ? Tout va bien ? Tu n’iras plus à la rencontre des problèmes ?

@ Billy Lighter

Hank me mit en garde que prévenir était important… Il disait que ça lui permettait de ne pas être pris au dépourvu… Sauf que, là, j’avais eu autre chose en tête et que j’avais zappé de faire attention aux sensibilités des autres.

-Ok. J’y penserais la prochaine fois.

S’ils voulaient encore me voir après ça. Parce que j’étais prêt à avoir deux personnes de plus en moins dans les gens qui me faisaient confiance. Je crois que je n’aurais, de toute façon, pas la force de me battre si Bailey venait à me cracher sa haine et sa déception. Je le comprendrais. Elle avait bien fait comprendre, la dernière fois, qu’elle n’approuvait pas du tout ce plan.

C’est donc avec une attitude à la fois morose et légèrement anxieuse que je suivis Hank pour retrouver Hope qui semblait, elle aussi, prête à me tuer. C’était un geste anodin que n’importe quel enfant pourrait faire mais après ce que j’avais vécu, ça ne pouvait rien faire d’autre que de me rendre légèrement plus anxieux encore même si, tout haut, je pris ça avec humour alors qu’Hank disait qu’Hope protégeait sa petite sœur comme une vraie North…

Protéger sa petite sœur…

Moi je n’avais pas pu protéger celle de Bailey…

Je fixai Hank.

-Elle a du courage. C’est bien d’avoir une famille unie comme ça.

Moi j’avais été enfant unique. Des « petits frères » j’en ai eu une fois devenu Los Diablos… Et je n’avais pas toujours réussi à les protéger.

Je souris quand Hank s’adressa à sa fille me faisant comprendre que la gamine aimait ma musique.

-Et ben c’est déjà ça.

Je rigolai un peu d’un rire discret parce que contenu… J’avais toujours l’estomac un peu retourné alors ce n’était pas simple de rire de tout.

On arriva près de Bailey qui déclara que les tenues n’étaient pas encore faites même si la robe de Tiff avançait bien. Elle était magnifique ce que je ne manquai pas de dire. Hank disait qu’il allait falloir que Tiff accouche avant que pouvoir enfiler la robe. J’hochai de la tête.

-En effet. Elle accouche en juillet. On a plus tant à attendre.

Sauf que je ne venais pas pour ça… C’est ce que je dis avant d’ajouter qu’il valait mieux s’asseoir… Je savais, à cet instant, que Bailey savait de quoi on allait parler…

On suivit Hank au salon et je m’installai dans un fauteuil avant de me lancer et de dire ce qu’il en était. J’avais déclaré n’avoir aucune idée de ce qu’il était vraiment arrivé à Riley. Je ne savais pas si elle était encore en vie ou non.

Et Bailey déclara que c’était à prévoir. Elle dit ça sur un ton calme alors qu’Hank trouva le moment opportun pour aller chercher des bières. Ouais… J’avais besoin d’une bière. Voir même de plusieurs.

Il revint peut de temps après et je bus une longue gorgée de bière alors qu’Hank soutenait sa femme avec des gestes… Une Bailey qui était atrocement courageuse face à la nouvelle car elle ne pleura pas. Elle fixait plutôt le vide peut-être le temps d’encaisser la nouvelle. Je ne dis rien lui laissant le temps et quand elle ouvrit la bouche, ce fut pour juger le plan.

Un plan merdique ? Non… Pas tant que ça. Dangereux, oui. Tout ce qui impliquait Fleming était dangereux… Tout ce qui impliquait les gangs étaient dangereux. Mais merdique, non. J’avais vu des plans plus bancales. Mais ce que j’entendais c’était que Bailey s’en voulait de ne pas nous avoir permis de le préparer correctement. J’hochai négativement de la tête.

-Ce n’est pas ta faute. Le plan était bien préparé… Mais dans ce genre de plan, si un seul geste est mal exécuté, tout merde. C’est ce qu’il s’est passé. Un des nôtres à tiré trop tôt et ce fut terminé. Tu n’as rien n’à te reproché.

Moi oui. J’aurais dû refusé le plan de Riley et la contraindre à changer de vie. J’en avais le pouvoir.

Je bus une autre gorgée alors que Bailey disait que Riley savait ce qu’elle faisait. Que c’était sa décision…

-Peut-être bien… Mais je doute qu’elle avait assez de jugement pour choisir pour elle.

Elle était tiraillée entre deux camps… Tiraillée entre les belles paroles de Fleming et l’amour qu’elle portait à O’Connor. C’est ce qui l’avait conduit à ne pas savoir quoi faire et à faire n’importe quoi. Sans compter que, dans l’histoire, elle avait chaque fois peur de se prendre une balle au premier faux pas. La position qu’à eu Riley, personne n’aurait voulu l’avoir même si beaucoup diront qu’elle s’y est mise toute seule comme une grande.

Et je m’attendais à des reproches… Mais Bailey disait que j’avais fait ce que j’avais pu. C’est là que je me rendis compte que celui qui m’en voulait le plus, c’était moi… Parce que, contrairement à Bailey, je ne pensais pas en avoir fait assez…

Bailey, en fait, s’inquiétait de savoir si moi, j’allais bien… Ma gorge se noua et je déglutis.

-J’ai perdu la confiance de tout le monde… Dont de me femme. Non… Je ne vis pas ma meilleure vie. Quant aux problèmes, disons que je ne suis plus du tout un Los Diablos. J’ai été viré même si, honnêtement, j’avais donné ma démission bien avant… Ce n’est pas ça le pire. Ça, c’est plutôt une bonne nouvelle. Le pire c’est qu’en voulait faire mieux, j’ai fait pire.

J’avais perdu Riley. Je l’avais utilisé comme appât et je l’avais perdu.

-Je n’aurais jamais dû accepté ce plan. Je savais que c’était risqué. Mais j’entrevoyais le moyen de nous débarrasser de Ward. Parce que je sais que tant que je vivrais, il cherchera à me faire du mal…

Je soupirai.

-Maintenant, je dois essayer de faire en sorte de regagner la confiance de Tiff, d’Ivar et de bien d’autres. La mienne aussi, sûrement. Parce qu’il n’y a rien n’à faire, je culpabilise. C’est comme si c’était moi qui avait tué Riley quelque part…

C’est ce que je ressentais et je finis par boire le reste de ma bière d’une traite.

@ Billy Lighter

Je souris, fier de ma fille, quand Finan affirma qu’elle avait du courage. Il trouvait ça bien d’avoir une famille unie comme la mienne. D’ailleurs, cette famille ne s’arrêtait pas à mon épouse et à mes enfants ! Il y avait les grands-parents, les oncles, les tantes, les neveux, les filleuls, « le clan North » comme l’appelait la presse.

-Tu es en train de construire la tienne, si tu le désires. Mais sache que même Bailey et moi, parfois, on a des clashes. Le contraire serait inquiétant.

On rejoignit Bailey et Finan ne s’extasia qu’à moitié sur la robe de Tiffany… Perturbé qu’il était par quelque chose. Il disait que sa femme allait accoucher en juillet…

-Ça approche.

Mais comme je l’avais senti, Finan n’était pas là pour la robe, ni pour aucun des costumes.

Riley avait encore frappé. Sauf que cette fois, elle ne s’en était apparemment pas tirée à si bon compte. Je pensais qu’elle l’avait bien cherché. A jouer avec le feu, on finit par se brûler. Mais je ne dis rien et ramenai des bières pour chacun au salon où on avait fini par s’installer pour parler de tout ça.

Je ne pensais pas avoir mon mot à dire, sirotant ma bière en scrutant les réactions de Bailey. Je la sentis littéralement encaisser la nouvelle, les yeux un moment dans le vide, avant qu’elle ne les repose sur le chanteur de The Warriors.

Elle était courageuse, ma petite femme. Ce n’était plus la jeune fille fragile que j’avais rencontré en plein milieu de la misère… Une petite prostituée hantée par son addiction mais qui, malgré tout, savait encore avoir de la compassion pour un gars comme moi, riche, avec une belle carrière, mais dévasté parce que son épouse le battait.

Elle m’avait écouté à l’époque, alors que, de nous deux, c’était elle qui avait le plus de problèmes.

Aujourd’hui, elle était mère de famille et couturière de talent. Elle avait les deux pieds sur terre et était capable d’encaisser même les pires nouvelles, comme celle que nous apportait Finan.

Je l’admirais.

Selon elle, Riley avait fait son choix. Même si Finan n’était pas si sûr de ça.

-Je connais peu Riley. Mais du peu que je la connais, c’est le genre à n’avoir aucun scrupule à vous emmener dans de mauvais plan. La preuve.

Et là encore, Bailey… ne me surpris pas vraiment mais… l’admiration que j’avais pour elle augmenta encore. Elle voulait savoir comment Finan, lui, allait.

Et il allait mal. Il avait perdu la confiance de tout son entourage, qu’il aurait voulu faire mieux et qu’à jamais il serait poursuivi par Edward Fleming.

-Et on ne peut rien faire ? Par la voie légale, je veux dire ? C’est quand même un criminel notoire et si Riley est… Enfin, ça laissera des traces, non ?

@ Billy Lighter

L’accouchement de Tiffany était prévu pour juillet. Ce n’était pas pour demain mais ça viendrait vite ! Cela dit, Finan n’était pas ici pour discuter des costumes que je préparais pour eux et ce qu’il avait à nous dire requérait que l’on s’assoit au salon. Je n’avais pas besoin de plus d’information pour deviner que je n’aimerais pas ce qu’il allait me dire.

Le plan qu’il avait préparé avec Riley, ma sœur, avait échoué. C’était désolant de l’entendre mais pas autant que d’apprendre que Riley se trouvait entre les mains de Ward Fleming. Je ne pu m’empêcher que de souhaiter qu’elle soit morte car la mort était moins pire que ce que ce psychopathe de Fleming pouvait lui faire subir.

J’encaissais la nouvelle en laissant Haley mettre ses doigts dans le goulot de ma bouteille, tel une vraie North, attiré par la bière ambré qu’elle contenait. Je concluais que le plan était merdique et que si je ne m’étais pas emporté ce jour-là, si je les avais laissés le préparer correctement, ils auraient eu une petite chance de le voir réussir.

Finan n’était pas de mon avis et sincèrement, ça ne me faisait ni chaud ni froid. Nous pourrions passer la nuit à essayer de comprendre ce qui n’avait pas fonctionner qu’on en reviendrait toujours au même résultat. Riley était peut-être morte, ou pas mais elle avait fait ce choix volontairement et en connaissance de cause.

- Elle a manqué de jugement, c’est certains ! Elle en a manqué déjà en débarquant à los Angeles en pensant que la prostitution était une bonne idée parce que je l’avais fait.

Comme si elle avait idéalisé mon passé en s’imaginant connaître le même dénouement ou je ne sais trop quoi. En fait, je ne savais pas ce qu’elle avait pensé mais elle n’avait clairement pas pris le temps d’y réfléchir.

Hank, ayant une opinion arrêté sur ma sœur, ne pouvait que la tenir pour responsable de son triste sort et des répercussions collatérales. Je ne lui en voulais pas, elle n’avait pas su se présenter sous son meilleur jour et avec Hank, vous n’avez qu’une seule chance de faire une bonne première impression. Riley ne l’avait pas saisi.

Finan disait avoir perdu la confiance de pas mal de monde avec ce plan, dont celle de sa femme et qu’il avait fait pire en voulant faire mieux. C’était désolant de voir tout les dégâts qu’avait créé ma sœur en voulant monter deux chevaux avec un seul cul.

- Tiffany s’en remettra avec le temps, j’en suis certaine et quant au reste… Ça aussi ça passera tu verras. J’ai eu mes tempêtes et le vent fini toujours par les pousser plus loin.

Je ne prétendais pas que ça se ferait facilement mais le temps venait à bout des pires souffrances.

Finan avait aussi beaucoup de regrets et ça me désolais de le voir en cet état. Le pire c’est qu’en ayant voulu se débarrasser de Ward Fleming, et que ça n’ait pas fonctionné, il se retrouvait avec une épée de Damoclès de plus en plus menaçante au-dessus de la tête et je comprenais le stress qu’il devait ressentir.

- Personne ne se risquera contre lui mon amour. Le plan qu’avait Riley était audacieux et si Finan et les Los Diabos ont accepté d’y marcher, c’est bien parce qu’il n’y a que ce genre de plan tordu qui puisse fonctionner. Et ça n’a pas été le cas alors…

Je ne voyais pas Finan aller témoigner contre Fleming, ça l’enverrait en prison assurément quant à ma sœur, si elle était encore en vie, ne se ferait probablement pas prendre au sérieux n’ayant pas de preuve autre que sa parole. Ward était vraiment une pieuvre avec un tentacule fourré un peu partout pour bâillonner et neutraliser la menace.

Finan avait un gros travail devant lui, Celui de regagner la confiance d’un tas de gens et pas que. Il avait besoin de rebâtir sa propre confiance en lui-même. Doucement, je posais Haley par terre qui en profita pour attraper la commande de la télévision au passage et la porta immédiatement à sa bouche, puis j’allais m’assoir près de Finan pour le prendre dans mes bras.

- Ne dis pas ça. Tu n’es pas responsable du sort de Riley. Nous lui avons proposé des options et elle a fait son choix tu te souviens ? C’était son choix, tu n’en es pas responsable, je veux que tu cesses de penser ça, d’accord ?

Je voulais le rassurer et le réconforter mais ma voix était faible et brisée par le chagrin car, même si je n’en voulais pas du tout à Finan, même si je savais que ma sœur avait fait son propre choix et que dès le départ je savais qu’il y avait de fortes chances que je ne la revoie jamais, j’étais triste et troublée par tant de malheur.

@ Billy Lighter

Hank disait que lui et sa femme avaient parfois des clashes… Comme dans tous les couples, en fait… Sauf que je doutais que, dans leur cas, les clashes concernaient toujours la même chose… Car chez moi, c’est le cas. Les clashes concerne toujours mon implication avec les Los Diablos. Mais j’esquissai quand même un maigre sourire.

-Oui, ne jamais se disputer c’est inquiétant…

Le couple North croyait que je venait pour voir les nouvelles tenues confectionnées par Bailey. Comme la robe qu’elle était en train de réaliser pour Tiff. Mais avant de me lancer, j’avais déclara que le bébé était pour juillet. Donc, pour bientôt comme l’indiqua Hank. Je souris.

-Oui, ça approche.

Mais il fallait que je me lance… Et c’est au salon que je le fis annonçant la mauvaise nouvelle à Bailey. Je savais que ce n’était pas le grand amour entre Bailey et Riley mais je savais que Bailey aimait, malgré tout, profondément sa sœur. Donc, je savais que la nouvelle n’allait pas être simple à encaisser.

Je scrutai sa réaction alors qu’Hank nous rapporta des bières ce qui allait me faire franchement du bien. Je commençai à boire alors que Bailey encaissa la nouvelle avec une certaine sérénité. Elle était triste, ça se voyait… Mais sachant le plan qu’on avait prévu, elle avait peu de doute que le dénouement soit tel qu’il était aujourd’hui. Bailey n’avait, en fait, aucun espoir dans le plan qu’on avait façonné ici même alors que, moi, j’avais pensé qu’il pouvait fonctionner…

Mais Bailey disait qua sa sœur avait manqué de jugement au moment même où elle avait décidé de suivre les traces de sa sœur… J’hochai de la tête.

-Sans doute… Peut-être qu’elle espérait la même fin…

Sincèrement… Je crois réellement que Riley attendait la même fin. Elle avait pour ça réussi à attirer l’attention de Fleming. Sauf que s’attirer l’attention de Fleming n’est pas le moyen de finir dans un conte de fée mais dans un film d’horreur. Et je commençais à penser que si Riley avait manqué de jugement, elle avait aussi manqué de chance.

Quant à Hank, il disait peu connaitre la sœur de Bailey. Je ne prétendait pas la connaitre bien non plus. Keenan la connaissait bien mieux que moi. A l’heure qu’il est, il devait certainement être dévasté, lui aussi… Seulement, North avait moins de remords à mettre en avant les fautes de Riley.

-Je pense qu’elle croyait que c’était l’unique solution pour pouvoir vivre une vie normale. Ce qui était faux… Elle aurait dû fuir et reconstruire sa vie ailleurs mais elle ne voulait pas quitté son petit ami…

Mais Bailey semblait être résigné au sort de sa sœur… Et c’est de moi qu’elle demanda des nouvelles. Bailey, avec le temps, était devenue forte. Probablement plus forte que moi. Malgré l’horrible nouvelle que je lui avais rapporté, elle arrivait à garder la tête froide et à avoir de l’empathie pour moi alors qu’elle aurait pu m’en vouloir.

Et je fus sincère avec elle en lui disant que rien n’allait. J’avais perdu la confiance de mes proches et probablement la mienne aussi. Mais Bailey était confiante sur le fait que Tiff allait finir par s’en remettre. J’hochai de la tête, pensif.

-Je l’espère… Si je n’ai plus Tiff et si je perd complètement la confiance d’Ivar, je n’aurais plus rien.

Plus de famille, plus de Los Diablos, plus de groupe… Plus rien. Et je savais où ça menait de ne plus avoir rien n’à se raccrocher et de vivre toute sa vie avec le poids de la culpabilité. J’avais vu mon père dépérir à cause de ça.

Hank lui se demandait si on ne pouvait rien faire pout Ward… Il n’osait pas dire clairement que si Riley était tuée ça risquerait de se voir.

Si seulement…

Et en même temps non. Parce que je savais ce que ça causerait si Ward Fleming était un jour attrapé pour quelque chose de gros.

Quant à Bailey, elle disait que personne n’oserait balancer Fleming. Elle disait que si on avait risqué le plan c’était que seul ça pouvait fonctionner. J’hochai de la tête.

-Ouais… Bailey a raison. Si quelqu’un balance Ward, Ward n’aura absolument plus rien n’à perdre… Au mieux pas mal de gens, dont moi, iront en prison aussi, au pire, il tuera les proches de ceux qui l’ont balancé. Quant au fait de laisser des traces… Je ne sais pas combien de personne Ward a tué depuis qu’il est en âge de le faire mais tu n’as pas assez des doigts de ta main pour les compter, c’est un fait certain. Et aucun corps n’a été retrouvé. Je n’ai aucune idée de ce qu’il en fait… Le nettoyage, c’est son truc…

Ward était chef de gang… Et il avait été dealer. N’empêche que son activité principale restait de tuer des gens. Quoi qu’il en dise et quoi qu’il en pense. Et le pire, c’est qu’il n’épargne pas les enfants.

Quant à moi, je ne pouvais pas m’empêcher de dire à quel point je me sentais coupable. Bailey déposa alors sa fille pour venir s’asseoir près de moi et me prendre dans ses bras. Elle disait que je n’étais pas responsable. Qu’elle avait eu le choix… Je déglutis à la fois triste parce que j’entendais que Bailey était triste et soulagé qu’elle ne m’en veuille pas et qu’elle ne voulait pas que je m’en veuille.

Je la serrai, aussi, contre moi.

-D’accord… Mais j’essayerais quand même d’avoir des nouvelles… Histoire que tu puisses faire ton deuil au cas où… Enfin, tu vois, quoi…

Je desserrai l’étreinte et fixai Bailey.

-J’aurais voulu que ça finisse autrement, tu sais…

J’aurais vraiment voulu que Fleming la prenne, cette foutue balle.

-Un jour, Fleming payera… C’est pas possible autrement.

C’était tout ce que j’espérais. Je fixai, ensuite, Hank.

-Je ne vais pas vous ennuyer plus longtemps… Je dois affronter Ivar… Je n’ai pas encore eu le courage de le voir.

Pourtant, il le fallait.

@ Billy Lighter

Je n’osais pas en dire trop, sirotant ma bière et soutenant Bailey en me collant à elle et en lui prenant la main qui ne tenait pas sa bière et ne soutenait pas Haley qui jouait avec le goulot comme si elle voulait attraper la bière qu’il y avait dedans. Je me serais amusé de ça en temps normal, mais l’heure n’était pas à la rigolade.

Je n’aimais pas Riley, c’était de notoriété publique. Mais j’avais assez de bon sens pour savoir que, si pour moi, que Riley soit vivante ou morte, ça avait peu d’importance tout comme ce qu’elle pouvait bien faire.

Mais c’était la sœur de mon épouse et je devais respecter ça.

Bailey qui prit la chose avec beaucoup de recul. Je savais qu’elle et sa sœur n’étaient pas proches, mais n’empêche que ça devait faire un choc de savoir qu’elle était entre les mains d’un serial killer et qu’elle était peut-être en train de souffrir le martyr en ce moment même.

Cette idée me laissa quand même mal à l’aise. Je n’aimais pas Riley, mais je ne lui souhaitais pas des tourments éternels non plus !

Bailey en vint à demander à Finan, qui avait été au cœur de l’action, comment lui se sentait, une preuve du grand cœur de ma femme. Finan disait que ça avait brisé la confiance de Tiffany et que ça allait lui faire perdre la confiance de bien d’autres encore.

Je grimaçai, rien qu’à l’idée que ça puisse signer la fin de The Warriors… Tout ça à cause de Riley ! Elle m’aura vraiment fait chier jusqu’au bout et sur un très court lapse de temps !

Quant à Fleming et la possibilité qu’il soit arrêté d’une façon tout à fait légale, tant Finan que Bailey me firent comprendre que c’était du domaine de l’impossible. Parce que personne ne voulait parler et que Ward, qui en était pas à son premier rodéo, savait cacher ses traces.

-Putain… On sait qu’il y a un serial killer dans la nature et on ne peut RIEN faire ??

J’étais sur le cul.

Quant à Riley… Bailey avait raison… On avait proposé à la jeune femme des échappatoires, de pouvoir reprendre sa vie en main. Et elle n’en avait pas saisi l’occasion, préférant rester dans sa merde. Je ne savais pas si c’était parce qu’elle manquait de confiance en elle ou par fierté mal placée.

Bailey avait déposé Haley à terre, qui entreprit de manger la télécommande, et était allée s’installer à côté de Finan pour finalement le prendre dans ses bras. Et un mince sourire se dessina sur mes lèvres devant ce spectacle.

-Tu vois, Finan, tu n’as pas tout perdu. Tu as toujours notre amitié. Et tu as eu une sacrée paire de couilles de venir nous annoncer ça.

Il affirma qu’il donnerait des nouvelles à Bailey, s’il en avait, pour qu’elle puisse éventuellement faire son deuil. Il disait qu’un jour, Fleming payerait.

-Les flics finissent toujours par les avoir… J’ai confiance.

Puis Finan se leva en me fixant, affirmant qu’il devait maintenant affronter Ivar.

Je me levai, posant ma bouteille de bière vide sur la table basse et serrai la main de Finan.

-Merci pour les nouvelles, Finan. Et par pitié, cesse de t’en vouloir.

@ Billy Lighter

Évidement que j’étais affectée par les nouvelles qu’avait Finan concernant ma sœur Riley et le plan qu’ils avaient concocté pour se débarrasser de Ward Fleming. Quand je me prostituais dans ce qui me semblait être une autre vie, il m’avait pourchassé et menacé plus souvent qu’autrement. Je savais donc très bien que si ma sœur était toujours en vie et entre ses mains, elle souffrait.

Cependant, je ne voulais pas que Finan se tienne pour responsable de ce triste dénouement. Ma sœur savait très bien ce qu’elle faisait et nous lui avions proposé des alternatives mais elle avait fait son choix et avait préféré se lancer dans cette quête plutôt que de choisir la liberté.

Toute cette situation était désolante vu tout ce qu’elle avait créer comme dommage. Finan disait avoir perdu la confiance de sa femme et celle de ses amis en plus de culpabiliser pour le sort de Riley. La seule bonne chose, a mon avis, là-dedans, était que Finan s’était défait de tous liens le retenant aux los Diablos. Il ne partageait peut-être pas mon avis mais pour avoir eu mon propre passé trouble, je savais qu’on en ressortait plus fort, avec le temps et de la patience.

Hank n’en revenait pas quand il se rendit compte qu’on ne pouvait rien contre Fleming et il n’était pas le seul car moi non plus, j’avais peine à y croire. Cela dit, cet homme était si vil et rusé qu’il semblait être impossible à coincer. Un jour, ça allait lui éclater au visage, tout venait à point qui savait attendre et nous étions un paquet de gens à patienter.

Alors je me levais pour enlacer Finan, pour le réconforter amicalement, qu’il ressente que malgré tout ce qu’il pouvait penser en ce moment, il y avait encore des gens là pour lui, pour le soutenir et l’aimer, exactement comme Hank et sa famille avait fait pour moi. Je redonnais au suivant, si on peut dire.

Finan me promis d’avoir des nouvelles, ne serait-ce que pour que je puisse faire mon deuil de ma sœur. Je hochais de la tête, appréciant sa démarche, tant qu’il ne tentait pas le diable pour parvenir à ses fins.

- Ne déplace pas une montagne pour ça, ok ? Tout fini par se savoir et tu en as déjà suffisamment à pelleter dans ta cours.

Finan ne voulait pas prendre plus de notre temps.

- Tu es le bienvenu ici, quand tu veux.

Il n’avait pas besoin de s’excuser pour être venu nous trouver d’autant plus que je comprenais combien cette démarche avait dû lui peser. J’espérais que son ami Ivar ne serait pas trop dur envers lui. L’essentiel était que maintenant, la page des Los Diablos était définitivement tournée et que Finan pouvait aller de l’avant. En espérant que Fleming le laisse tranquille.

Je me détachais de Finan pour qu’il puisse se lever alors qu’Hank lui disait en ses propres mots ce que je venais de lui dire. Après qu’ils se sont serré la main, Hank et moi raccompagnons notre ami à la porte de notre demeure alors qu’Hope expliquait à Haley dans un mélange de mots et de babillages de bébé pourquoi il ne fallait pas manger la commande du téléviseur.

@ Billy Lighter