Malgré le réveil brutal à cause d’Ivar Miller, on avait passé une magnifique journée à Milan. Entre les visites, le restaurant et le concert plus que réussi de Livia, ça avait été une journée mémorable.

Guillermo c’était bien amusé mais avait été une peu déçu que le concert de Jesse ne se soit pas passé comme prévu. Il aurait voulu voir Jesse chanté mais le gamin avait mal à la gorge et c’est, contre toute attente, le grand Sniper qui l’avait remplacé au chant. Je ne m’attendais pas à voir Sniper ici mais il était bel et bien là. C’était une véritable légende et il avait surpris absolument tout le monde avec ce concert et son duo avec Livia.

Bref, si Guillermo était déçu, moi, j’avais largement apprécié. La prestation de Livia était mémorable. Nul doute que cette gamine irait loin. Et ce n’était pas grâce à ses gênes mais à son talent. Elle avait elle-même grimpé les échelons.

Après les concerts, on est rentré à l’hôtel où, visiblement, certains roadies de Livia avaient décidé de faire la fête. Comme on était en vacances on avait décidé de rester à la petite fête. Après tout, on pourrait dormir demain matin pour récupérer.

Enfin, si Ivar le veut bien ! Mais je lui avais fait promettre de ne plus jamais me faire un coup pareil !

Donc, la fête ! La bière coulait à flot dans le hall de l’hôtel. Tiff n’en buvait pas, bien sûr, mais le reste ne lésinait pas, moi compris. Enfin, et Guillermo aussi, n’en buvait pas. Pas que je sache parce que je n’avais pas tout le temps les yeux dessus.

Je m’amusais. Je discutais avec Tiff, Ivar, Vanya mais aussi d’autres roadies que je ne connaissais pas parce qu’ils n’étaient pas de la même maison de disques que moi. Ils voulaient tous des anecdotes sur ma vie dans les gangs… Ouais… Mon image était éternellement liée aux Los Diablos. Je devais simplement m’y faire. Je racontai, donc, quelques anecdotes… Les plus drôles. Pas les autres.

Ça les fit rire et j’espérais n’avoir pas donné une image trop fun de la vie de gang.

Ce n’est qu’après avoir terminé une énième anecdote que je remarquai que Guillermo s’était endormi sur un fauteuil mais qu’une roadie semblait veiller sur lui. Je souris avant de repéré Sniper plus loin. Je l’avais vu depuis le début de la soirée mais il était toujours occupé avec quelqu’un alors je n’avais pas encore eu le temps de lui parler.

C’était l’occasion ! Ce n’est pas tous les jours qu’on a l’opportunité de parler à une légende de la musique.

Je m’approchai de lui en souriant.

-Salut, Sniper ! Super ta prestation de ce soir avec le petit Jesse. Tu lui as sauvé la vie, le pauvre.

Ouais. Le gamin avait l’air vraiment vidé même s’il a réussi à gérer le concert à la batterie. Je savais Jesse fragile… Quand il était un Pequeñas Manos, il était souvent malade ce qui avait toujours le don d’inquiéter Isabel.

Je lui tendis la main.

-C’est un honneur de te rencontrer.

@ Billy Lighter

J’avais aidé Jesse, en première partie de Livia, en chantant à sa place pendant qu’il me donnait le rythme à la batterie… On avait donné une belle prestation. Ce petit était vraiment doué à la batterie, ce qui me rassurait. Parce qu’un jour, il allait muer et peut-être que sa voix ne donnerait plus aussi bien. Même s’il avait vraiment bien le sens du rythme et chantait juste, ce qui serait quelque chose qu’il ne perdrait pas tant c’était naturel chez lui.

Il était, à la fin, venu saluer la foule avec moi… Il était vidé et ne tenait presque plus debout. Alors je l’avais pris sur mes épaules pour quitter la scène, le laissant faire quelques derniers signes à la foule, conquise par cette surprise. J’espérais malgré tout ne pas avoir volé la vedette au petit Jesse, mais je ne pensais pas…

Je l’avais ramené à ses parents en coulisse et ils n’avaient pas manqué de me remercier pour mon aide. Jesse voulait voir ensuite la prestation de Livia et j’avais regardé avec lui depuis les coulisses… D’abord, assis à terre l’un à côté de l’autre puis après, avec lui dans mes bras parce qu’il s’endormait.

Jesse s’était finalement littéralement endormi avant le premier rappel de Livia…

Je l’avais à nouveau confié à ses parents qui avaient affirmé retourner directement à l’hôtel pour l’installer dans son lit et veiller sur son sommeil car sa respiration était devenue rauque avec le temps. Aucun doute que Jesse avait attrapé un gros rhume.

Moi, j’avais regardé Livia jusqu’à la fin et était resté à l’entrée des coulisses pour la féliciter quand elle était descendue de scène. Et c’est ensemble qu’on étaient retournés à l’hôtel pour fêter ça avec les roadies et tout le staff de BSC où se mêlait aussi celui de MTI puisque demain, ce serait au tour de la diva Lola de montrer ce qu’elle avait dans le ventre, et je ne parlais pas de ses jumeaux !

Malheureusement, je ne verrais pas ça parce que je repartais le lendemain matin très tôt pour retourner auprès de Syd qui, elle aussi, attendait notre premier enfant qui allait bientôt montrer le bout de son nez.

La fête était vraiment super ! L’ambiance bonne enfant et il semblait que malgré la rivalité qu’il y avait entre les deux chanteuses qui se croisaient à Milan, et donc Livia m’avait brièvement parlé en disant qu’elle n’était pas là pour détrôner Lola mais juste pour donner la meilleure prestation possible pour ses fan, ça n’entache pas les relations entre les roadies.

Je carburais au coca, même si j’étais tenté de prendre une bière. Mais dès que l’envie me venait, je pensais à Syd, à Jess et à Billie Blue… Hors de question que je retombe dans l’alcool, je m’étais trop bien battu pour m’en sortir que pour replonger.

J’avais parlé à beaucoup de monde, mais surtout à Livia qui était la meilleure amie de ma fille et donc la personne que je connaissais le mieux ici… Des roadies étaient venus m’aborder aussi et c’était avec plaisir que j’avais échangé quelques mots avec chacun. Je ne me rendais pas vraiment compte de mon statut de légende et restais simple et accessible.

Je prenais une gorgée de coca quand Finan Quinn s’approcha de moi. J’avais le premier album de The Warriors chez moi et j’avais aussi acheté la cassette pour l’écouter dans ma nouvelle voiture. Un véhicule que j’avais acheté une fois mes finances remises à flot. Ce qui avait été le cas grâce à mon premier album solo.

Je souris à Finan et lui serrai la main alors qu’il me félicitait pour mon concert avec Starky.

-Bonsoir, Finan ! C’est un plaisir de te rencontrer ! Et merci pour les compliments. Je l’ai fait parce que, comme j’ai dit à Jesse, entre artistes, on doit s’entraider…

Pour lui, c’était un honneur de me rencontrer.

-Honneur partagé ! J’ai votre album à la maison et j’adore ce que vous faites ! C’est complètement atypique et chacune de vos chansons est un petit conte digne de Tolkien.

Je souris et désignai Tiffany Quinn, la femme de Finan, qui avait le ventre rond.

-Toi aussi tu vas être papa, à ce que je vois… C’est votre premier ?

@ Billy Lighter

J’avais réussi à trouver un créneau pour pouvoir parler à la légende qu’était Sniper. Il tenait, en main, un coca. J’avais lu dans L.A.People que, depuis qu’il était sorti de l’Eastside, il était sobre. Et il semblait vouloir continuer à l’être ce qui était une bonne chose, j’imagine. Quant à moi, j’avais, en main, une bière.

Je me présentais parce que c’était la toute première fois que je parlais avec Sniper. Je l’avais bien vu, de loin, aux AMA mais jamais, encore, je ne lui avais parlé en personne et ça faisait bizarre. C’est pas tout les jours qu’on rencontre ses idoles et Sniper est indéniablement une idole pour moi notamment pour son jeu de guitare. Il n’a pas d’égal à ce petit jeu.

Je lui fis des compliments et il me les rendis en me serrant la main. Il disait qu’entre artiste, il fallait s’entraider et que c’était pour ça qu’il avait aidé le petit Jesse. Je souris.

-Je suis d’accord avec ça. Jesse a dû être ravi le connaissant.

Ce gamin s’émerveillait de tout… Même l’Eastside n’a jamais réussi à brisé ça. Pourtant, ça avait changé la personnalité de bien des gens dont les gamins. Mais pas de Jesse. Jesse avait toujours été Jesse envers et contre tous. Et tant pis si ça ne rentrait pas dans le moule.

J’avouai que c’était un honneur de le rencontrer et il disait qu’il en était de même pour lui. En réalité, je n’imaginais qu’un type comme Sniper aimerait notre musique qui n’était pas courante. C’était très différent de ce qu’il faisait. Pourtant, il adorait. J’esquissai un sourire.

-Tolkien est une de mes inspirations. C’est des livres que j’ai lu durant toute ma vie que je tire mes chansons. Mais savoir qu’une légende comme toi adore ce qu’on fait, c’est quelque chose.

Il désigna alors ma femme et conclu que j’allais être père. Mon sourire s’élargit.

-Notre premier ? Pas vraiment. Tu vois le gamin qui dors là-bas ?

Je désignai Guillermo du doigt.

-C’est notre fils adoptif. Tu vois le gamin qui fait des chronique dans l’émission de Vanya ? Bah, c’est lui. Guillermo qu’il s’appelle. On l’a adopté il y a quelques mois. Donc le petit que porte Tiff, ça sera le deuxième. Mais le premier bébé, oui.

Je savais que c’était le cas aussi pour Sniper. J’avais entendu que sa petite amie, Sydney Grey, était enceinte.

-Et toi aussi, d’ailleurs, tu vas en avoir un, n’est-ce pas ? Le deuxième ? Tu as déjà une fille, c’est ça ? Comment elle s’appelle encore ?

@ Billy Lighter

Finan avait une bière en main et je ne pouvais m’empêcher d’être un peu envieux… Je m’amusais bien, à cette petite fête ! Mais une fête en état d’ébriété, c’est complètement différent… Mais encore une fois, je pensai à Syd et aux enfants et l’envie passa. Je pu relever les yeux sur Finan et le saluer comme il se devait.

Et quand ma main fut libre, je fouillai dans ma poche arrière pour y trouver mon paquet de cigarettes… Je ne pouvais pas boire, mais rien ne m’empêchait de fumer… Bon, je ne fumais pas autant qu’un Jake Snyder qui les enfilait les unes après les autres pour calmer sa nervosité, mais j’étais un gros fumeur quand même. Il faudra que je me calme à la naissance du bébé, déjà que je faisais quand même attention de ne pas enfumer Syd qui, elle, ne fumait pas…

Je parlai au chanteur et guitariste de The Warriors du concert que j’avais donné avec le petit Starky. Et je souris bien grand quand Finan affirma que Jesse devait être content.

-Je crois bien qu’il l’était… Mais il était vraiment vidé à la fin du concert et il s’est endormi dans mes bras dans les coulisses… Il doit être au pays des rêves à l’heure qu’il est. Mais j’espère que son rhume passera vite… Je sais ce que c’est que d’être malade en tournée.

Je tripotai à un de mes appareils auditif d’une main et tirai sur ma cigarette de l’autre.

Je félicitai Finan pour la musique que faisait son groupe et que j’adorais ! Je ne me gênais pas de le dire ! Ils avaient un style encore jamais vu avant et il fallait oser ! Leurs chansons étaient relativement longues et racontaient des histoires… Ils se faisaient ménestrels alors que l’époque de tels conteurs était révolue depuis longtemps.

Mais ça marchait !

Finan affirma que Tolkien et d’autres livres étaient sa source d’inspiration…

-Ça s’entend ! Et tu as trouvé de super partenaire pour faire prendre vie à ta musique… Le jeune Ivar est impressionnant quand il chante avec toi quant à Tiffany, je me demande encore comment on peut maîtriser autant d’instruments différents et tous aussi compliqués les uns que les autres.

Je rigolai et rougis un peu quand il me dit que j’étais une légende… Je grattai l’arrière de ma tête…

-C’est me surestimer… Je ne suis qu’un homme qui aime la musique, c’est tout… Ma carrière n’est pas finie, je pourrais encore faire un flop, surtout avec ce que je prévois pour mon prochain album… Mais c’est ce que je veux faire… Quand je serai mort, peut-être que je mériterai le statut de légende, mais pas avant.

Puis je l’interrogeai sur sa femme et son enfant à venir. Et je vis la fierté dans ses yeux. Il me désigna un petit garçon qui dormait dans un coin avec une roadie qui veillait sur lui en lui caressant les cheveux. Il m’expliqua que c’était son fils adoptif, Guillermo. Et qu’il se produisait dans l’émission de Vanya Kournikova.

-Oh ouais ! Guillermo, je le reconnais maintenant ! Syd et moi, on est fans de cette émission et on a toujours admiré qu’un si jeune garçon ait autant d’idée et d’esprit critique sur ce qu’il voit et entend.

Mon regard revint sur Finan alors que je tirais sur ma cigarette.

-C’est super de votre part d’adopter. Vous avez rendu un enfant heureux, je suis sûr !

Quant au bébé, c’était le premier.

-Vous allez voir, un bébé, c’est que du bonheur ! Autant de bonheur que de couches !

Quant à moi, je hochai la tête quand Finan déclara que j’allais avoir mon deuxième enfant.

-Ouais, je vais en avoir un, une fille encore. J’ai déjà une fille, elle s’appelle Jess. Elle joue de la guitare aussi mais je ne sais pas si elle se lancera dans une carrière musicale ou dans tout autre chose. Elle est juste un peu plus jeune que Livia et elles sont comme cul et chemise.

@ Billy Lighter

Sniper disait que le petit Jesse avait était ravi mais qu’il était complètement vidé. Il espérait que le gamin n’avait rien d’autre qu’un petit rhume… Il savait à quel point c’était difficile d’être malade en tournée. J’hochai de la tête.

-Il devrait s’en remettre. Ne t’en fais pas.

Il avait vu pire qu’un petit rhume, le petit et dans des conditions moins confortables. Depuis qu’il était chez les Perry, il avait grandi et me semblait moins chétif. Donc, je ne crois pas qu’il fallait s’en faire. Un peu de repos et il sera reparti pour un tour.

Même si je savais que Sniper, lui, avait été malade en tournée il y a des années d’ici ce qui l’avait conduit à perdre, en partie, l’audition et avait réduit à néant sa carrière à l’époque… Donc, ouais, il avait sans doute peur pour le petit Jesse.

Je ne m’attendais pas, par contre, à ce que le légende du rock me complimente pour notre musique à The Warriors… Je ne savais pas qu’il aimait notre style et apprendre que c’était le cas me rendait un peu fier, je dois l’avouer. Il complimenta aussi mes partenaires. C’est clair qu’ils étaient doués.

-J’ai de la chance de les avoir. Tiffany est un perle autant pour le groupe que pour ma vie en général. Je ne serais pas ici sans elle. Et Ivar est un petit génie du rythme, c’est clair.

Même s’il avait la fâcheuse tende de réveiller les gens n’importe quand !

Je bus une gorgée de bière avant de dire que Sniper était un légende. Mais il était aussi modeste et ne se voyait pas comme ça. Il disait, aussi, que sa carrière n’était pas finie ce qui m’arracha un large sourire.

-Un flop ? Peut-être. J’imagine que ça peut arriver à tout le monde. Mais je doute que ça fasse de l’ombre à tout ce que tu as fait avec The Army et avec l’album que tu as sorti après ta mauvaise passe. Tu es plus un exemple qu’autre chose, d’ailleurs. Sortir de ce que tu es sorti, il faut le faire.

Il était bien plus un exemple que je ne l’étais. Moi, j’étais plutôt tout ce qu’il fallait éviter de faire…

On en vint à des conversation plus personnelles quand Sniper parla de l’enfant que portait Tiff. Je lui parlai alors de Guillermo qui s’était endormi non loin d’ici. Il reconnu le gamin quand je le replaçai. Je ricanai quand il dit que Guillermo avait un bon esprit critique.

-Ça je ne te le fais pas dire… Critiquer, c’est sa passion… Mais il est mature pour son âge sur certains points.

A cause de tout ce qu’il avait vécu il avait dû grandir plus vite. Ce qui n’était pas arrivé à Jesse… L’Eastside n’avait absolument pas contaminé Jesse… Il était inchangeable. Pourtant, il en avait vu des choses… La mort de sa mère, celle de Paco… Pourtant il restait un innocent et parfois naïf petit gamin.

Sniper était sûr qu’on avait fait un enfant heureux en l’adopte. Je souris et hochai de la tête.

-Sans doute… Ce que je suis sûr c’est qu’il a une meilleure vie qu’avant.

C’était pas comparable… Maintenant, il avait un avenir. Ce n’était pas le cas avant. Avant, il serait mort ou serait devenu Los Diablos… Ou, pire… New Soldados. Il aurait eu le choix entre mourir ou tuer.

Quant au bébé, on l’attendait. Et je rigolai quand Sniper déclara que ça ferait autant de bonheur que de couches.

-Ouais… Il parait… Heureusement que ça ne sera pas éternel, les couches…

Sniper aussi attendait l’arrivée de son enfant. Une fille. Sa deuxième fille vu qu’il en avait déjà une qui était adolescente. Apparemment, la fille de Sniper était amie avec Olivia Reed.

-Qui sait ? Peut-être qu’un jour ta fille, Jess, fera un groupe avec Livia.

J’haussai des épaules.

-Quoi qu’il en soit, je suis sûr qu’elle réussira dans la vie. Avec un père comme toi, ça peut pas rater.

Je bus un gorgée de bière.

-Moi, ça sera un garçon. C’est un peu stressant mais avec Tiff, je crois que tout ira bien.

J’achevai ma bière d’une traite avec de sourire à Sniper et de m’allumer une cigarette.

-Tu as des conseils ? Tu as déjà eu une fille alors… Tu l’emmenais en tournée ? Maintenant que je sais que j’irais pas en prison, on fera sûrement un tournée… Tu gérais ça comment avec un gosse ?

@ Billy Lighter

Finan était confiant et me dit que Jesse allait s’en remettre. Je souris.

-Tu sembles bien connaître Jesse…

Mais je n’en dit pas plus, lui laissant le choix de m’en parler ou pas. J’étais curieux, bien sûr, mais je ne voulais quand même pas m’immiscer dans ce qui ne me regardait pas.

Je tirai longuement sur ma cigarette avant de le complimenter sur son groupe et sur ses membres. Il semblait vraiment ravi de les avoir. Ils faisaient une belle équipe !

-Je me réjouis d’entendre vos prochaines chansons ! Ou mieux ! De vous voir en tournée !

Finan prit une gorgée de bière et moi de coca avant de replanter ma cigarette entre mes lèvres. A mon avis, j’allais beaucoup fumer ce soir, pour compenser mon envie d’alcool. J’étais toujours en sursis mais je ne pouvais pas demander à ceux qui savaient se modérer de ne pas boire juste parce que ça me faisait envie, ça ne se faisait pas !

Finan disait que j’étais une légende, mais je refusais ce titre… C’était bon pour les Jimmy Reed et autres Daniele Ricci de ce monde. Moi, je n’étais qu’un musicien qui avait trouvé dans la musique le seul moyen de s’exprimer correctement.

Finan ne nia pas le fait que je pouvais faire un flop mais que ça n’égratignerait même pas la réputation que j’avais construite avec The Army et mon album solo. Pour lui, j’étais un exemple parce que j’avais réussi à me sortir d’un très mauvais pas…

Je souris et rougis un peu.

-Merci, je prends le compliment. Si mon exemple peut en sauver d’autre, alors ainsi soit-il. Quant à mon prochain album, on verra… J’espère qu’on ne dira pas de moi ce qu’on dit de Lola : que je perds de mon mordant parce que je me suis rangé et que j’ai des enfants.

Et justement on parla de nos enfants et en particulier du très jeune Guillermo qui s’était déjà endormi.

Je rigolai quand Finan affirma que critiquer était la passion du petit.

-Ouais, il est très mature ! Et il ose dire ce qu’il pense… je crois que c’est très important de ne pas avoir peur de dire ce qu’on pense des choses.

Je haussai les épaules.

-Un peu comme moi avec ma musique… Daniele n’était pas très content de mon album solo… Ça lui a un peu fait du mal, mais je n’ai dit que la vérité.

En attendant, Finan et Tiffany, eux, avaient rendu un enfant heureux et Finan confirma. Puis on en vint à nos bébés à venir… Et c’était vrai ce que disait Finan ! Les couches ne seraient pas éternelles ! Je levai mon verre et écrasai ma cigarette dans un cendrier posé sur un renfoncement du mur.

-Comme dirait Howard Stone, Amen à ça !

Quant à ma fille, Finan la voyait bien faire un groupe avec Livia.

-C’est ce que je me dis… Et en même temps, je crois que si ça devait être le cas, ce serait déjà fait, je ne sais pas.

Je frottai mon menton, réfléchissant… Finan, lui, était encore une fois confiant et disait que Jess irait loin dans la vie.

-Oh ouais, pour ça je lui fais confiance. Et quoi qu’elle choisisse de faire, je serai à ses côtés. C’est ça, être père.

Je retrouvai mon sourire. Et encore plus largement quand Finan me dit qu’ils allaient avoir un fils… Il était un peu stressé. Je visai mon verre de coca et, de concert avec Finan, rallumai une cigarette on envoya tous les deux la fumée dans les airs.

-Moi c’est la deuxième fois et je suis toujours aussi stressé… Je l’étais même moins quand j’étais jeune parce que j’étais bourré h24 et complètement inconscient. Alors est-ce que j’ai des conseils ? Pas vraiment… Hormis être toujours là pour ses enfants, les soutenir quand ils en ont besoin…

Je me grattai la tête.

-Je n’ai pas été le père de l’année pour Jess… je ne l’emmenais pas en tournée parce que sa mère refusait qu’elle soit au milieu de gens complètement ivres tout le temps, ce qui était vrai. Alors j’ai été beaucoup absent pour Jess, surtout quand j’en ai perdu la garde…

@ Billy Lighter

-Oui, je le connais bien… C’était un gamin des rues et j’étais un Los Diablos. On vient du même monde.

Et lui comme moi on s’en est sorti… Enfin, pour Jesse c’était une certitude. Pour moi, c’était différent… J’avais encore une mission et pas des moindres. Mais je n’avais aucune envie d’y penser maintenant.

Si j’avais beaucoup de compliments pour Sniper, il en avait aussi beaucoup pour The Warriors. J’en étais ravi alors qu’il ajouta qu’il était impatient d’entende nos prochaines chansons. Avec l’idée d’Ivar ça risquait de donner encore mieux et je me demandais si ça allait plaire à notre public.

-J’ai hâte aussi d’aller en tournée. Ça va largement changer ma vie.

Sniper était modeste et se disait qu’il n’était pas à l’abri d’un échec… Mais j’étais certain qu’il était difficile, avec un échec, d’effacer tout ce qu’il avait fait jusqu’ici. Il avait reçu un tas de récompense et la musique de The Army n’avait jamais été oubliée. Pour moi, Sniper était un modèle à suivre et il l’était sûrement pour un tas d’artistes. Tout ce qu’il avait peur c’était qu’on dise de lui ce que les gens avaient tendance à dire sur Lola depuis que tout le monde savait qu’elle était enceinte. Mes lèvres se pincèrent.

-On ne dira pas ça de toi… Je pense que les gens disent ça de Lola parce que c’est une femme… C’est assez injuste pour elle. Même enceinte, elle assure, apparemment. Il faut le faire.

J’haussai des épaules.

-Elle paye peut-être sa réputation… Tu n’as pas du tout la même.

Sniper était loin de la diva qu’était Lola. Ou ce que la presse disait de Lola. Je ne connaissais pas la diva personnellement. Mais Stone l’encaissait… Alors j’imagine que la vérité est au milieu…

On parla alors des enfants et notamment de Guillermo qui n’avait pas sa langue dans sa poche. Si Sniper disait que c’était important dans la vie, ça se voyait qu’il n’élevait pas le gamin. Je ricanai.

-Ouais, c’est important… Enfin, sauf si c’est pour contester la règle « va au lit à 21h parce que tu as école demain », par exemple.

Sniper fit alors le parallèle avec lui et son dernier album où il avait dit toute la vérité, n’e déplaise à Ricci. J’hochai de la tête.

-Et tu as bien fait. C’est une œuvre ton dernier album.

Ce fut, ensuite, de mon enfant à venir qu’on parla et des couches que j’allais devoir change. Heureusement ça ne sera pas éternel et Sniper partagea ma pensée en citant Stone. Je ricanai… Je n’avais rien contre Stone… Même s’il me désespérait parfois et que j’avais l’impression, ces derniers temps, qu’il fourrait son nez là où il ne devait pas…

Sniper parla de sa fille, Jess, que je voyais bien faire un duo avec Olivia Reed. Sniper pensait la même chose mais comme ça ne s’était pas encore fait, il n’en savait rien. J’haussai des épaules.

-Ça se fera peut-être un jour.

Qui sait ?

De toute façon, j’étais sûr que Jess allait réussir dans la vie et Sniper était confiant aussi. Il avait l’air vraiment serein. Probablement bien plus que moi si bien que ça me poussa à lui demander des conseils. Mais il expliqua que, avec Jess, ça n’avait pas été facile parce qu’il était dans une mauvaise passe à l’époque. Ouais… J’avais lu ça quelque part. Du coup, le seul conseil qu’il avait c’était de toujours soutenir mes enfants et d’être là pour eux.

-C’est un bon conseil. Je m’en rappellerais.

Quant au reste, je ne jugeais absolument pas Sniper… J’avais aussi mon lot de squelette dans le placard. Des choses que je ne pourrais jamais changer. Tout comme Sniper avec le temps qu’il avait perdu avec sa fille aînée.

-L’important c’est qu’elle t’aime, ta fille, et qu’elle ne t’en veuille pas.

Je souris.

-T’es un bon gars, Sniper… Doute jamais de ça. Des erreurs, on en fait tous. J’en suis la preuve vivante.

Et on était pas le seuls. Je tapais amicalement sur son épaules.

-Bon, je vais te laisser faire la fête. Souhaite mes félicitations à l’avance à Sydney et dis lui que si elle veut nous interviewer, ça sera avec plaisir.

@ Billy Lighter

Finan m’apprit que Jesse et lui venaient du même monde. Je savais, comme tout le monde, que Finan avait été un Los Diablos donc ça ne me surpris pas le moins du monde et loin de moi l’idée de le questionner là-dessus surtout maintenant qu’il avait tourné la page. C’était comme si on me posait tout le temps des questions sur les 11 ans que j’avais passés à me noyer dans l’alcool dans un appartement minable de l’Eastside (que Carolyn Adam avait magnifiquement bien rénové et nettoyé).

Par contre, pour Jesse, je ne savais pas !

-Comment un petit gars comme ça peut se retrouver orphelin dans la rue… ? Le pauvre, ça a du être difficile. Mais lui comme toi avez eu de la chance, vous avez tous les deux une famille maintenant et c’est tout ce qui compte.

En plus, le groupe de Finan, The Warriors, n’allait pas tarder, puisqu’ils avaient déjà un album bien fourni, à aller en tournée. Finan s’en réjouissait d’ailleurs.

-Ouais, ça change la vie. Mais attention aux excès ! Les tournées peuvent être de vrais pièges à cons. Mais c’est aussi chaque fois des expériences inoubliables.

Finan n’avait que des compliments pour moi et pas des moindres. Alors que moi, j’avais toujours peur de l’échec. Je savais vers quoi je voulais diriger mon prochain album, ce serait un album plus calme, plus lumineux et plus romantique que mon album solo qui critiquait l’industrie du disque comme on avait critiqué, du temps de The Army, toutes les guerres quelle qu’elles soient.

Du coup, j’avais un peu peur de décevoir les fans et qu’on dise de moi que je me ramollissais alors que cet album à venir serait en fait un one shot, une ode à l’amour que je vivais à nouveau avec Syd.

Mais Finan affirmait qu’on disait ça de Lola parce qu’elle était une femme et que c’était une diva. Je hochai la tête parce que j’étais bien d’accord que Lola, enceinte, était en train de nous jouer un véritable tour de force !

-Je sais que je ne suis pas une diva… Mais c’est quand même un peu dégueulasse de la part des fans et des critiques… Parfois, je ne les comprends pas. Mais il faut dire aussi que mes fans ne sont pas du tout comme ceux de Lola… Je m’accroche à ce fait, ça me rassure.

Puis on parla de nos enfants respectifs et j’éclatai de rire, toussant un peu de fumée nicotinée quand Finan déclara que ouais, avoir l’esprit critique, c’était bien, mais pas pour les règles de la maison…

-Toi au moins, tu mets des règles… Moi je suis un vrai papa gâteau et je laisse tout faire… Syd va devoir prendre le rôle de la méchante.

Je haussai les épaules, souriant.

-Ou alors notre fille sera une pourrie gâtée.

Quant à Jess, le chanteur de The Warriors avait bon espoir qu’elle fasse encore un groupe avec Livia Hughes Cortez Reed, je ne savais plus trop bien.

-Je l’espère, elles sont les meilleures amies du monde.

Pour le reste, Finan disait que le principal, c’était que ma fille m’aime et ne m’en veuille pas pour mon passé de père absent… J’eus un sourire de gratitude pour l’Irlandais.

-C’est ce que Livia m’a dit, que Jess m’aimait et ne m’en voulait pas. D’ailleurs, j’en ai la preuve puisqu’elle passe beaucoup de temps avec nous depuis qu’elle peut choisir un peu plus entre rester chez sa mère ou chez nous.

Et si j’avais donné un conseil à Finan, lui me rassura quant au fait qu’on faisait tous des erreurs en me tapant gentiment sur l’épaule.

-Merci… Je te considère comme un ami, Finan. Amusez-vous bien, profitez de la ville et je ne manquerai pas de dire à Sydney que vous êtes partant pour une interview, elle en sera très heureuse.

@ Billy Lighter