Je ne dormais plus…

Depuis deux jours, je ne dormais plus… Depuis que Manuel avait frappé à ma porte pour m’annoncé ce qu’il avait trouvé, je n’arrivais plus à fermer l’œil.

Parce que ce qu’il avait trouvé, c’était ce que je redoutais depuis que Bruno Gomez m’avait annoncé que sa fille, Lina, avait poignardé Ward Fleming dans un vieil immeuble de South L.A.. J’avais convoqué Lina qui m’avait expliqué l’avoir poignardé en vue d’obtenir la récompense afin de payer le traitement que suivait sa mère pour sa maladie. J’avais alors, posé la question fatidique : est-ce que Fleming est mort ? Elle a dit qu’elle n’en savait rien mais qu’il s’était écroulé avant qu’elle ne parte.

Elle le croyait mort… C’était mal connaitre Fleming. Et si j’ai espéré que la gamine ne se trompait pas, j’avais bien du constaté, que, le lendemain, je n’avais eu aucune nouvelle d’un mort dans les environs de South L.A.. Et si Ward Fleming avait bel et bien était assassiné, ça se serait su…

Mais il n’en était rien.

J’avais alors craint pour Lina et j’avais demandé à Bruno de protéger sa fille… Mais ça n’avait pas été suffisant… Parce que c’est un Manuel tremblant qui, il y a deux jours, m’avait annoncé avoir retrouvé le cadavre de Leandra, 10 ans… La petite sœur de Lina… Il l’avait trouvé dans un vieil entrepôt qui était une de nos anciennes planques. Manuel et ses potes allaient souvent boire là-bas quelques bières et ils ont retrouvé le petit corps dans un très sale état. La gamine n’avait plus de doigts et son visage était lacéré… Mais c’est sans doute la balle qu’elle a reçu dans la poitrine qui avait abréger ses souffrances.

C’est ce que Manuel m’a dit… Un Manuel a qui j’ai donné, après ça, un jour de congé.

Quant à moi, j’étais allé voir chez Bruno. Si sa fille manquait à l’appel, il me l’aurait dit. Donc, je m’attendais à découvrir d’autres cadavres. Mais il n’en fut rien… Il n’y avait aucune trace de bagarres, de cadavres ou de sang dans la petite maison des Gomez. Rien… J’avais appelé plusieurs fois après les divers membres de la famille et c’est le petit Iker, 9 ans, qui a finit par sortir d’une cache sous l’escalier… Iker est le neveu de Bruno. Un gamin qui vivait depuis 3 ans chez les Gomez depuis que son père était en prison.

Il était blême… Il tremblait… Il avait le regard vide…

Je l’ai ramené chez moi cherchant à comprendre où étaient passé Bruno, Graziella et Lina… Et c’est le petit complètement traumatisé qui a finit par m’expliquer quelques bribes de ce qu’il c’était passé.

Ils sont tous mort. C’est ça qu’il a dit. Tous tué par Fleming. Apparemment, Bruno et sa femme ont été les premiers à mourir. C’est ce que je comprenais dans les discours chaotique et entrecoupé de sanglots du petit. Ils auraient pris une balle chacun devant les yeux des deux filles. C’est ensuite que le discours du petit fut plus confus… Ward aurait torturé Leandra mais le gamin avait trop peu de mot pour expliquer l’horreur que Manuel avait constaté... Puis, il m’a dit que c’est Lina qui a tué sa sœur avant que Ward ne la poignarde… Je crois que c’est ça qu’il a essayé de me dire…

Si le gamin a survécu c’est uniquement parce qu’il était sous l’escalier avant que Ward n’arrive parce qu’il jouait à cache-cache et que Ward n’avait pas cherché après. Certainement parce que Fleming n’avait aucune idée qu’Iker habitait là.

Et il n’est pas sortit de sa cachette. Il n’a pas osé. Surtout pas quand des hommes sont revenus tout nettoyer…

J’avais gardé le gamin chez moi… Ma femme s’était attelé à s’en occupé et à essayer de le rassuré mais c’était peine perdue. Il n’arrivait pas à manger… Il ne dormait pas si bien que mon fils a voulu changer de chambre tellement les cauchemar d’Iker l’empêchait de dormir… Il restait prostré dans sa chambre à trembler…

Je réfléchissais à tout ça dans mon salon à fumer… J’avais vu des horreur dans ma foutue vie de Los Diablos. J’en avais fait aussi ! J’avais tué des gens… Mais jamais je ne pensais qu’on pouvait atteindre un tel niveau de barbarisme.

J’ai hésité à appeler Finan… Quand des choses tragiques arrivaient, on avait l’habitude de se soutenir. Mais Finan et moi, on était en froid et j’avais toujours du mal à lui pardonné ce qu’il avait fait.

Alors, je m’étais résigné à ne rien lui dire… Et j’avais appelé Jimmy Reed à la place. Il devait savoir ce qu’il c’était passé… Il devait savoir qu’on avait encore perdu deux membres du gang ainsi que leurs filles.

Je lui avais, donc, dit que je devais le voir et rapidement. Il avait dû entendre dans ma voix que la situation était grave.

Je l’attendais, donc, maintenant, dans mon salon… Ma femme était partie avec les plus jeune au parc… Les plus grands étaient dans leur chambre et Iker dans la sienne. En dehors de ça, j’étais seul.

Jusqu’à-ce que Sofia me tire dans mes pensées alors qu’elle descendit l’escalier avec sa corde a sauter en main et qu’elle se dirigeai vers la porte d’entrée.

-Où tu vas ?

C’est ce que je lançai d’un air interrogateur. Elle se retourna vers moi.

-Ben, je vais jouer dehors… Pourquoi ?

Elle me regardait d’un drôle d’air… Comme si ma question était totalement dénuée de sens.

-Non. Tu ne sors pas…

Je ne voulais pas qu’elle sorte dehors toute seul. Pas après ce qu’il c’était passé même si, Sofia, n’avait aucune idée de ce qu’il c’était passé. Je n’avais rien raconté aux enfants sur les horreurs que m’avait dites Iker.

Elle fronça les sourcils.

-Pourquoi ? Je n’ai rien fait. Je ne suis pas punie. Je vais toujours jouer dehors d’habitude. Pourquoi je ne peux pas ?

Sofia contestait de plus en plus les ordres que je lui donnais… Ma femme disait que c’était parce qu’elle entrait dans l’adolescence et que c’était normal mais le fait était que ça me faisait royalement chier !

-Parce que je l’ai dit. Si tu veux sortir, tu attends ta mère, c’est compris ?

Elle me foudroya du regard.

-Je peux plus rien faire ! Je ne peux pas aller chez Grant ! Grant ne peut pas venir ! Et maintenant, je ne peux même plus aller dehors ?! Je peux faire quoi alors ? Je m’ennuie ici !

Elle n’avait qu’à aller au parc. Elle avait refusé tout à l’heure disant qu’on s’ennuyait au parc. Elle se fout de ma gueule, là ?

-Tu n’avais qu’à aller au parc avec les autres…

Au moment où je dis ça, on sonna à la porte. C’était sans doute Jimmy Reed. Je me levai et m’avançai vers Sofia.

-Monte dans ta chambre, maintenant. C’est compris ?

Elle me regarda avec son petit menton levé. Comme si elle essayait de me tenir tête. Elle tourna ensuite les talons avant de grimper les escaliers en tapant des pieds et en me laçant un.

-Je te déteste !

Qui avait dû s’entendre même de l’autre côté de la porte d’entré tellement Sofia avait gueulé.

Je soupirai et une fois que j’eus entendu la porte de la chambre de Sofia claquer, j’ouvris la porte d’entrer.

-Bonjour, boss.

Je lui serrai la main et le fit entrer. Je fermai, ensuite, la porte à clé avant qu’on ne rejoigne mon salon.

-Désolé de vous avoir fait attendre. Ma fille fait sa crise d’adolescence… Je pensais qu’elle le ferait pas avant ses 13 ans au moins mais Sofia est une forte tête.

Mon ton était fatigué et amer. Je laissai Jimmy prendre place. Je me dirigeai vers une armoire et en sorti le whisky que Jimmy avait entamé à notre dernière conversation ici même. Un whisky de qualité et très cher si bien que je n’en avais pas bu une goutte. Seul Jimmy savait vraiment apprécier ça. Moi je me contentais largement de bières ou d’alcool de moins bonne qualité.

Je lui servis un verre et le lui tendis.

-Je vous ai appelé, patron parce qu’on a encore perdu des membres… Deux… Bruno et Graziella Gomez. Leurs deux filles de 10 et 19 ans sont mortes aussi…

Je le laissai déjà réagir là-dessus avant de lui parler du reste.

@ Billy Lighter

Nous étions rentrés à L.A. le lendemain de la prestation magistrale de Livia à Las Vegas… A l’hôtel, alors que j’avais pris le relais pour m’occuper de J.R. qui dormait à poings fermés, mère et fille avaient eu tout le loisir de passer du temps ensemble au bar de l’hôtel… Bref, ça avait été une belle soirée où notre famille quelque peu dysfonctionnelle avait pu renforcer ses liens.

Mon phare avait été réparé sur place et nous avions pu reprendre la route à travers le désert pour rentrer à la maison. Je ne pouvais pas m’absenter trop longtemps. Les Los Diablos avaient besoin de moi en ces temps troublés.

Ma mère avait été contente de nous retrouver tous et J.R. avait été ravi de retrouver tous ses jouets et autres peluches que nous n’avions pas su prendre avec nous.

Ce fut la voix d’Alonso au téléphone qui me fit brusquement retomber sur terre. Tout ce qu’il voulait, c’était que je passe chez lui pour parler. Mais je sentais bien à sa voix que quelque chose de grave était arrivé.

J’avais donc embrassé Maritza, J.R. et ma mère avant de partir. Parce que plus on avançait, plus je me disais que je pourrais peut-être un jour y rester. C’était mon lot de chef de gang. Et Ward était impitoyable.

Mais je ne savais pas encore à quel point.

Je pris une voiture moins voyante que la Cadillac pour me rendre chez mon associé… Et quand j’arrivai à la porte, j’entendis une dispute à travers la fine planche de bois. Alonso avait apparemment un désaccord avec sa fille.

J’appuyai sur la sonnette et ça mis fin à l’altercation entre Alonso et sa fille. Quelques secondes plus tard, il venait m’ouvrir.

-Bonjour Alonso…

J’entrai dans la petite maison, rien de bien luxueux, mais une maison très confortable. Je payais bien Alonso, et encore plus depuis le début de la guerre, comme tous les autres Los Diablos.

Alonso s’excusa pour sa fille et je lui fis signe que ce n’était rien.

-Ma fille aussi a fait des siennes. Je te rassure, ça passe en grandissant…

Je m’installai au salon dans mon fauteuil favori et en moins de temps qu’il n’en fallut pour le dire, j’avais un verre d’un excellent whisky en main… J’en humai l’odeur avant de m’allumer une cigarette… Enfin… D’essayer de l’allumer parce que ce que m’annonça Alonso de but en blanc me fit rater la flamme qui s’éteignit directement.

Je regardai Alonso dans les yeux. Tiquai fort de l’œil gauche. Puis enfin, allumai proprement ma cigarette.

Et je soufflai la fumée en même temps qu’un nom.

-Ward…

Il n’y avait que lui pour tuer des enfants. En tout cas, depuis que j’avais supprimé Yang.

De ma voix particulièrement grave, j’ajoutai…

-Je te donnerai l’argent qu’il faut pour leur faire de belles funérailles.

Je me mordis la lèvre inférieure.

-Pourquoi eux ? Pourquoi toute la famille ?

@ Billy Lighter

J’avais envoyé Sofia dans sa chambre avant d’ouvrir à Jimmy Reed qui attendait devant ma porte. Je n’aimais pas laisser mon patron trop longtemps attendre. Je savais qu’il ne pouvait pas être vu lorsqu’il faisait des escapades jusqu’ici. Je n’avais aucune envie qu’on le reconnaisse parce que Sofia piquait sa crise.

Je m’excusai, donc, expliquant que Sofia était en plein crise d’adolescence. Jimmy Reed comprenait car sa fille était passée par là. Sa fille qu’on avait une fois sauver des griffes de Ward Fleming… Il aurait dû crever ce jour-là aussi. Mais le Diable semblait apprécier Fleming au point de lui donner plusieurs vies. A moins que ça soit le Diable en personne. Il y a des jours où je me disais que c’était simplement ça.

-J’espère que vous avez raison, patron…

Mais avant que Sofia ne devienne une adulte responsable, j’aurais encore quelques années à l’endurer…

On s’installa dans mon salon et j’avais servi un très bon whisky à Jimmy. Je vis à son expression qu’il en était satisfait, du coup, j’étais satisfait aussi. Je m’installai face à lui avant d’entrer directement dans le vif du sujet et de faire part des lourdes pertes qu’on avait eues. Ce n’était pas la première fois que je perdais des Los Diablos… Mais quand des enfants étaient impliqués ça faisait toujours plus mal surtout quand leur mort était à ce point barbare. Le dernier enfant qu’on a enterré, c’était Paco… Mais il était mort vite. Il n’avait pas souffert. Lina et surtout Leandra avaient souffert et pas qu’un peu.

Mon air était grave et Reed tiqua de l’œil preuve que la situation lui déplaisait. Je savais qu’il compatissait à chacun des morts subissait. Il s’inquiétait réellement pour nous. Quoi qu’en pense Finan…

Il souffla le nom de Ward. Et j’hochai de la tête mon air se faisant plus grave.

-Oui. Ward…

C’était facile à deviner. Les bas-fonds de L.A. regorgeaient de criminels… Mais peu étaient capables de tuer des enfants. Ward n’avait aucun remords à tuer des enfants. Parait que c’était pour cette raison que Angelo de la Casa Nuova avait fait de lui son soldat numéro un. Moi, si j’avais déjà tué, j’étais totalement incapable de faire du mal à un enfant.

Sauf une fois… Une fois, j’avais frappé un gosse de 12 ans. Il s’appelait Ward Fleming. Mais j’étais moi-même jeune et je savais déjà qu’il était le mal incarné.

Reed déclara qu’il allait payé de belles funérailles. Il le faisait toujours. J’hochai de la tête.

-Merci, patron… On fera ça bien. Même si on a qu’un corps sur quatre. Celui de la gamine… C’est ce corps que Ward a utilisé pour nous faire passé son message comme quoi il avait frappé. C’est Manuel qui l’a retrouvé dans un de nos anciens entrepôts…

Puis virent les questions… Pourquoi ? J’avais les réponses. J’avais toutes les réponses. Mais je me servis un whisky avant de me lancer. Chose que je ne faisais jamais… Jamais je ne me servais dans le whisky réservé à Reed. Mais j’en avais besoin… Je le bus d’une traite avant de lancer :

-Par vengeance. Il a fait ça par vengeance…

Je me raclai la gorge regardant mon verre avant de plonger mon regard dans celui de Reed.

-Vous avez mis sa tête à prix et j’ai fait passé le message à nos hommes. Lina, la fille de Bruno, a eut vent de ça et, comme ils avaient besoin de beaucoup d’argent pour payer le traitement de Graziella, elle s’est donné pour mission de tuer Fleming. J’avoue qu’elle a été maligne et très douée… Elle a utilisé le réseau de prostitution des New Soldados pour être en face à face avec Ward. Apparemment, Ward fait passez lui-même les auditions à ses putes. Seul. Sans aucun de ses hommes dans les environs tellement il est sûr de lui.

Je soupirai.

-Seulement, Lina n’a jamais commis le moindre crime. Ce n’est qu’une gamine de 19 ans. Du coup, face à Fleming, elle a flippé et n’a pas eu le courage de tirer dessus. Ce n’est que quand Fleming l’a démasqué et qu’il a menacé sa petite sœur qu’elle a réussi à trouver la force de le poignardé.

Je passai un main sur son visage.

-Elle s’est enfuie… Sans vérifié. Elle a eut peur. Je peux la comprendre. Ce n’est qu’une gamine.

Je l’avais déjà dit… Mais je ne pouvais m’empêcher de me dire qu’elle avait simplement voulu bien faire. Elle voulait simplement soigner sa mère.

-Ward a survécu… Il s’est, donc, vengé malgré que j’avais dit à Bruno de rester sur ses garde. J’ai su que Ward avait réussi sa vengeance quand Manuel est venu me dire pour le corps de la petite Leandra. Mais…

Je dus m’arrêter pour tirer sur ma cigarette nerveusement avant de reprendre.

-Le corps de la petite était mutilé. Il l’a torturée et pas qu’un peu. Il a tué Bruno et Graziella d’une balle dans la tête mais Leandra, il l’a torturé sous les yeux de sa sœur avant de forcer Lina à la tuer elle-même. Puis, il a poignardé Lina… Si je sais tout ça c’est parce qu’il y avait un témoin. Le neveu de Bruno, Iker… Il est ici… Il a tout vu. Ward ne savait pas qu’il était là parce qu’Iker vit depuis trois ans seulement chez Bruno…

Mon récit était terminé et je fixai, toujours Reed.

-Le gamin est traumatisé. Manuel est dévasté… Je n’ose plus laisser mes gamins sortir seul…

Parce que je savais que Ward serait bien capable de les tuer sans aucun remord.

@ Billy Lighter

Je posai ma main sur l’épaule d’Alonso pour le rassurer au sujet de sa fille puis nous nous installâmes au salon. Et là, alors que je m’allumai une cigarette, Alonso me raconta son récit. Un récit qui me fit tiquer.

Nous avions encore perdu des nôtres. Et comme chaque fois que ça arrivait, je compatissais avec les familles… Enfin, dans ce cas-ci, toute la famille y était passée.

J’en vins à une conclusion : Ward… Et Alonso me le confirma rien qu’en répétant ce nom qui, même à moi, me donnait des sueurs froides.

Et des envies de meurtre.

Mais dans un premier temps, je voulais offrir des funérailles dignes de ce nom à ceux qui avaient perdu la vie dans une guerre des gangs. Seulement, il ne leur restait qu’un corps sur quatre, celui de la plus jeune, Leandra… Un corps mutilé que le jeune Manuel, fraîchement devenu un Los Diablos, avait retrouvé.

Je fouillai dans ma poche arrière et en sortis une liasse de billets de 50$... J’en pris quelques-uns et les tendis à Alonso.

-Pour Manuel, ainsi que mon entière gratitude et mon admiration pour son courage.

Quand je demandai pourquoi Ward s’en était pris à eux, Alonso me donna comme motif, la vengeance. Je le laissai continuer, me raconter comment Lina, pour avoir la prime promise, avait pris le risque de se mêler aux putes de Fleming…

Je regardai Alonso dans les yeux.

-Tu aurais du venir me voir pour me dire que Graziella était malade. J’aurais pris les frais en charge et sa fille aurait laissé sa place à des Los Diablos autrement expérimentés.

Mais Lina avait réussi à poignarder Ward. Et elle s’était enfuie sans vérifier, ce que je pouvais comprendre. J’avais déjà fait la même erreur.

Je tirai longuement sur ma cigarette puis l’écrasai dans le cendrier au centre de la table basse pour en rallumer une directement après.

-Alors Lina est venue te raconter tout ça avant sa mort… Sinon tu ne connaîtrais pas tous ces détails.

Et en effet, Alonso avait prévenu le père de famille. Mais ça n’avait pas suffi et l’histoire qui suivit, une histoire de mutilation d’une petite fille que Ward avait ensuite fait abattre par sa sœur… Je retenais les larmes qui menaçaient de rouler sur mes joues, mais sans pour autant quitter le regard d’Alonso.

J’allais ouvrir la bouche pour demander comment Alonso savait tout ça. Mais il y avait eu un témoin : Iker. Désormais orphelin…

Je m’éclaircis la voix pour ne pas qu’on y entende les tremolos.

-Impossible d’emmener Iker témoigner à la police… Si Ward se fait prendre, il me donnera, et vous tous avec.

Je réfléchis un moment…

-Ne laisse plus les gamins sortir seuls. Garde Iker chez toi en espérant que d’autres nouveaux Pequeñas Manos ne feront pas leur apparition.

Je vidai mon verre de whisky et demandai :

-Sais-tu où est Ward maintenant ? Si non, fait le suivre jusque chez lui. Mais pas d’attaque. Je m’occuperai de lui moi-même.

@ Billy Lighter

Reed voulait payer les funérailles de la famille Gomez… Si nous n’avions que le corps de la petite Leandra, on pourrait tout de même faire des funérailles digne de ce nom. Mais je savais que ces funérailles n’allaient pas enlever de la tête de Manuel, les images qu’il avait vu… Quand je parlai de lui à Reed lui expliquant que c’était le plus jeune des Los Diablos qui avait fait la découverte du corps, il sortit plusieurs billets que je devrais remettre à Manuel.

J’avais pris les billets et hocher de la tête.

-Merci pour lui… Je lui ferais passer le message et l’argent.

Avoir des compliments de Jimmy allait sûrement consoler un peu Manuel mais je crois qu’il lui faudra du temps avait de pouvoir se sortir de la tête ce qu’il avait vu. Voir des cadavres étaient une chose… Mais le cadavre d’un gosse… C’était autre chose.

J’avais, ensuite, raconté que si Ward avait tué une famille entière, c’était par vengeance. J’entendis quelques reproches dans sa voix quand il me dit que j’aurais dû venir le voir pour lui parler de Graziella et ainsi, Reed aurait pu payer les frais et Lina n’aurait pas fait ce qu’elle avait fait et ce qui avait conduit à la perte totale de sa famille. Je soupirai.

-Je ne savais pas qu’ils avaient du mal à payer le traitement. D’ailleurs, je n’avais aucune idée que Graziella était malade à ce point. Bruno ne m’a rien dit. C’est un type très fier. Il n’aime pas demander l’aumône…

Je fixai Jimmy Reed.

-Je lui ais dit qu’il aurait dû m’en parler… Mais il m’a dit que ce n’était pas son genre.

Il n’est plus là pour regretter sa fierté… Et ce que Fleming lui avait fait était bien trop cher payé pour un excès de fierté.

Je continuai mon histoire et Jimmy avait compris que Lina avait eu le temps de venir me faire part de sa tentative de meurtre avant de mourir elle-même.

-Ouais. Bruno est venu me voir et j’ai, ensuite, parlé à Lina. Elle en savait pas me dire si Fleming était mort ou vivant… Mais les jours d’après, je n’ai eu aucune confirmation de sa mort. S’il avait été mort, ça se serait su. J’ai conclu qu’il avait malheureusement survécu.

J’expliquai, ensuite, le sort qui avait été réservé à la famille. Comment Fleming avait utilisé toute sa cruauté pour faire payé une pauvre jeune fille désespérée. Je voyais bien, dans les yeux de l’homme que je respectais, que mon récit le touchait. Même moi, ça me secouait. Pourtant, j’en avais vu dans ma vie. J’en avais fait aussi. Mais ça… C’était pas qualifiable.

J’avais aussi parlé du témoins, Iker, qui vivait, pour l’instant, chez moi. Et Jimmy arriva à la même conclusion que moi : on ne pouvait pas faire témoigner Iker…

Parce que si Fleming tombait, on tombait tous. Je fixai Reed droit dans les yeux.

-Je sais, patron. De toute façon, Ward mérite pire que ce que lui réserve la justice s’il se fait prendre.

Il ne méritait pas la peine de mort. Il méritait bien pire que ça. Il méritait de souffrir comme il avait fait souffrir la pauvre gamine.

Jimmy déclara qu’il ne fallait plus faire sortir les gamins… J’allais faire passer le message à nos hommes… Et Sofia n’allait pas apprécier mais son petit confort n’était pas ma préoccupation première. C’était sa sécurité qui m’importait. Parce que si je perdais un seul de mes gosses à cause de Fleming, il n’aurait pas assez de toute la planète pour me fuir.

Jimmy disait qu’il espérait que d’autres Pequeñas Manos ne feraient pas leur apparition. J’hochai de la tête avant de tout de même lancer :

-Si Fleming commence à tuer les enfants, il n’y aura pas d’autres Pequeñas Manos…

Il n’y aura plus rien, d’ailleurs.

-C’est pour que nos gosses aient une vie meilleure que la nôtre, boss, si on fait ce boulot… S’ils meurent, plus rien n’a d’importance…

Je dis ça en le regardant droit dans les yeux avant que Jimmy ne me pose des questions sur Ward.

-Je sais où il habite. Il habite un appartement sur Downtown. Mais il y a souvent des New Soldados qui rôdent autour parce que Ward fait protéger sa femme et sa fille qu’on ne peut, de toute façon, pas toucher.

C’était dans le deal que Jimmy Reed avait avec Ward Fleming. Je savais que si on touchait à Sky ou Heaven, c’est la famille de Jimmy qui allait y passer et je ne voulais pas être responsable de ça. De toute façon, hormis enlever Heaven, je ne voyais pas très bien ce qu’on pourrait faire de la gamine. Je ne suis pas Fleming et je ne connais personne parmi les Los Diablos qui est capable de tuer une môme de quelques moi. Quant à Sky, elle semblait souvent sur ses gardes et elle est souvent avec son bébé…

-Le reste du temps, il est au QG des New Soldados qui est encore plus gardé. On ne pourrait même pas refaire un carnage là-bas. Pas sans avoir de grosses pertes de notre côté. Ils sont plus nombreux que nous et, d’après les rumeurs, ils auraient même des armes de guerres…

Ils étaient plus nombreux et mieux armés. Parce que Fleming jouait aux chefs de gangs plus pour s’amuser et tuer que pour l’argent.

Mais quand Jimmy Reed expliqua qu’il compter s’occuper de Ward lui-même, je pris un air surpris.

-Vous seul, patron ? Vous êtes sûr ? Comment ? S’il vous descend, qu’est-ce qu’on fera ?

Je pouvais perdre des hommes, les Los Diablos survivront… Mais qu’est-ce qu’il se passera si Jimmy Reed y passe ?

@ Billy Lighter

Je hochai la tête quand Alonso me promit de faire passer l’argent et le message à Manuel. Ce petit jeune en avait du courage, mais il n’avait pas à voir ce qu’il avait vu… Et c’était ma faute.

Si Manuel savait qui j’étais vraiment, ce n’était pas le cas de Bruno et de Graziella. Eux pensaient que la tête des Los Diablos, c’était Alonso. Et ce dernier de me dire qu’il ne savait pas que la femme de Bruno était malade à ce point et qu’ils avaient du mal à payer son traitement. Question de fierté. Je savais que Bruno était un homme d’honneur alors que lui-même ne savait même pas que j’étais son patron.

Je pinçai les lèvres avant d’y porter ma cigarette.

-C’est tout à son honneur… Mais son honneur l’a tué, lui et toute sa famille.

Lina était venue parler à Alonso de ce qu’elle avait fait peu avant sa mort. Mais quelques jours plus tard, Alonso n’avait toujours pas de nouvelles de la mort de Ward. Et ça, ce n’était pas bon… Si le fils du boucher de Los Angeles était mort, on l’aurait lu au moins dans un petit encadré dans la presse. Mais rien. Je n’avais rien vu, Alonso n’avait rien entendu.

Le cafard était toujours vivant et il avait tenu à nous montrer de la façon la plus barbare qui soit. En s’en prenant à des enfants, car Lina, du haut de ses 19 ans, était aussi une enfant.

Et cette histoire me prenait aux tripes au point que j’en avais les larmes aux yeux. Je dirigeais les Los Diablos par amusement, pour certain… Et c’était peut-être vrai. Mais ce qui était vrai aussi, c’était que je tenais à chacun d’eux comme s’il s’agissait d’amis. Je les connaissais tous alors que la grande majorité ne me connaissaient même pas, si ce n’était pour être le patron de BSC.

Je dirigeais mon gang comme une entreprise… Mais que faire quand un parasite comme Fleming venait tout foutre en l’air ?

Dans l’histoire, il y avait le neveu de Bruno, Iker mais on ne pouvait pas le faire témoigner devant les flics. Parce que si on leur donnait Fleming, Fleming nous donnerait tous. Et ce serait la peine de mort pour tout le monde ou presque.

De toute façon, Alonso et moi étions d’accord pour dire que Fleming méritait bien pire que ce que la justice lui réservait.

Je tirai longuement sur ma cigarette avant d’émettre le souhait un peu utopique qu’il n’y ait plus de Pequeñas Manos. Mais Alonso souligna que si Ward se mettait à tuer des enfants, il n’y en aurait pas.

Bref, il fallait protéger les enfants de Ward. Les adultes du gang faisaient ce qu’ils faisaient en connaissance de cause.

Je me mordis la lèvre. Alonso avait raison.

Mais, plus intéressant, il savait où habitait Fleming. Et il était grand temps que je lui rende une petite visite.

-Je ne parle pas de faire un carnage à son QG, Alonso. Rassure-toi, tu ne perdras personne dans une mission suicide.

J’écrasai ma cigarette.

-Maintenant, c’est entre moi et Fleming.

Alonso s’inquiéta alors de mon sort. Je souris.

-Ne t’en fais pas, Alonso. Au pire, je le tue. Au mieux, je revois les termes de notre accord pour mettre tous vos enfants en sécurité.

Et s’il me descendait ?

-S’il me descend ? Il ne le fera pas… Parce qu’il aime trop ce jeu auquel nous jouons.

Je me levai, marchai à travers la pièce et posai ma main sur l’épaules d’Alonso.

-Sincères condoléances. Enterrez vos morts, pleurez-les. Je m’occupe du reste.

@ Billy Lighter

J’hochai de la tête. Reed avait raison. L’honneur et la fierté de Bruno l’avait tué, lui et toute sa famille. Mais je n’arrivais pas réellement à lui en vouloir pour ça. Les membres qui ont un tel honneur et une telle fidélité, on en trouvait peu. Bruno faisait partie d’entre eux… J’avais aussi Rafael qui était comme ça mais que Fleming avait aussi tué. Puis, il y avait Finan… Jusqu’à-ce qu’il me fasse une sale coup… Pourtant, malgré tout, en ce moment il me manquait sérieusement.

J’avais dû raconté toute l’histoire à Jimmy. C’est probablement l’histoire la plus sordide que j’ai dû raconté de mon histoire de Los Diablos. Des meurtres d’enfants, il y en avait rarement dans nos rangs et c’était tant mieux. Il y avait eu Paco mais, ici, c’était un tout autre niveau. Et je voyais bien que ça touchait Jimmy Reed autant que ça me touchait. Je n’avais, pourtant, pas l’habitude de regarder en arrière. Je savais qu’une vie de membre de gang faisait que je verrais mes amis mourir… Mais leurs enfants… C’était trop même pour moi.

J’avais parlé d’Iker si, bien qu’il était vivant, était un dégât collatéral. Je ne savais pas s’il allait s’en remettre ou s’il allait resté prostré comme ça jusqu’à la fin de sa vie. Je savais que ma femme allait mettre tout en œuvre pour qu’il puisse s’en remettre mais je ne pouvais pas savoir si ça allait suffire alors, quelque part, j’étais plutôt content que Reed ne veuille pas impliqué les flics.

De toute façon impliquer les flics était toujours trop dangereux pour nous. Car si je voulais que Fleming paye, je préférais qu’on le fasse payer à notre manière.

Tout ça pour que j’explique à Reed que, le but de mon travail dans ce gang, était que mes enfants puissent avoir l’avenir que je n’ai pas pu avoir. Je savais qu’il comprenait ça. Je le vis à son expression.

Il posa alors des questions sur Fleming et j’y répondis. J’expliquai qu’il n’était pas évident de refaire un carnage à son QG parce qu’il avait désormais trop d’hommes et trop d’armes. Mais Reed me rassura en disant que ce n’était pas dans ses plans. J’hochai de la tête mais fut surpris de comprendre qu’il comptait s’occuper lui-même de Fleming. Il disait que c’était entre lui et Ward.

-Chef de gang contre chef de gang…

Si je trouvais ça courageux, je ne pouvais pas ne pas prévenir Reed que c’était dangereux et qu’il avait des chances d’y rester. Il disait qu’au pire, il tuait Fleming et qu’au mieux et revoyait les termes de son accord avec lui. Je levai un sourcil. Au pire il le tuait ? Ce n’était pas le meilleur des scénario que de le tuer ? Pour moi si… Mais Reed avait peut-être peur que de le tuer n’envoie une enquête sur lui.

-Tant que les enfants sont en sécurité, c’est tout ce qui compte, boss.

Nous… Nous, on savait ce qui nous attendait.

Reed était sûr que Fleming n’allait pas le descendre parce qu’il pensait bien que Ward aimait trop le petit jeu auquel il jouait avec Jimmy. Je savais que c’était bien la façon de Ward… Mais je savais aussi qu’il rêvait sûrement d’accrocher Reed à sa liste de victimes. Une liste qui devait être extrêmement longue.

-J’espère que vous avez raison. Mais faites attention, boss, j’ai l’impression que plus les années avances, plus il est cinglé.

Je me rappelle d’un temps ou je pouvais acheter un peu de calme avec quelques billets. C’était comme ça que je gardais Fleming plus ou moins calme quand il était Los Diablos. Mais maintenant, il était en roue libre…

En tout cas, j’admirais, désormais, encore plus Jimmy Reed. Il aurait pu donné le sale boulot à d’autres. Il aurait pu me donné la mission d’éliminer Fleming moi-même ce que j’aurais fait avec grand plaisir… Mais il voulait lui-même protéger nos enfants.

Il se leva et posa sa main sur mon épaules donnant son condoléances. J’hochai de la tête avant de me lever à mon tour pour le raccompagner en espérant que j’allais le revoir un jour.

@ Billy Lighter