Syd était revenue avec Billie Blue à la maison depuis une bonne semaine maintenant. Et tout allait bien, nous étions sur notre petit nuage et Jess était aux petits soins pour sa petite sœur. D’ailleurs, elle avait dormi chez nous toute la semaine. Jusqu’à ce que sa mère l’appelle pour lui dire qu’elle aussi, elle méritait un peu l’attention de sa fille.

Mais il fallait bien avouer que Jess se sentait mieux avec Syd et moi qu’avec sa mère et son beau-père. Pas que Babs fut méchante ou quoi, pas du tout. Mais le lien entre un père et sa fille est toujours un peu différent, un peu plus fort.

Ce week-end, alors que Jess était repartie chez sa mère, nous avions organisé un petit souper avec mon vieux père. Il était génial ! Il adorait Syd et était complètement fou de sa deuxième petite-fille. Il était venu la voir à l’hôpital, puis encore une fois en début de semaine…

Billie Blue était déjà couverte de doudous, de petits jouets, de couvertures brodées à son nom… Tout le monde avait été vraiment super gentil et même Amon Sørensen nous avait fait un petit article sympa… Ce qui faisait qu’on était relativement tranquilles et qu’on pouvait sortir faire des courses avec Billie Blue dans sa poussette sans être poursuivis par les paparazzi.

Bon, bien sûr, il y avait toujours des fans, de moi ou de Sydney, qui voulaient des photos avec nous en croisant notre chemin ou des trucs comme ça. Mais en général, on se prêtait au jeu… Si on pouvait faire le bonheur des gens…

Donc, ce soir, on avait prévu un souper chez mon père. Sydney s’était faite toute belle alors même que je lui disais en rigolant qu’on allait pas un bal, simplement chez mon papa.

Une fois prêts, on avait pris la route jusque dans l’Eastside où j’avais grandi… C’était une belle maison car on était pas pauvres comme la famille de Howard Stone. On avait toujours fait partie de la classe moyenne car mon père avait sa pension de combattant en plus de ce que lui rapportait son magasin de disque du centre commercial.

Ma mère, elle, était morte en 1978, pour ajouter à mon malheur de cette décennie où j’avais l’impression que tout le monde crevait autour de moi. Mais je pense qu’elle aurait été fière de moi, si elle m’avait vu comme j’étais maintenant… Légende de la musique et heureux père de deux enfants, avec une femme que j’aimais plus que tout au monde.

J’avais pris le maxi-cosy de Billie Blue et on était rentrés dans la maison.

-Bizarre, toutes les lumières sont éteintes…

Je regardai autour de moi…

-Papa ?

Pas de réponse…

-Tiens, Syd… Prend le Maxi-Cosy… J’espère que papa n’a pas fait une chute…

A nonante ans passés, il était pas à l’abri de ça… Et mon cœur commença à battre la chamade quand je commençai à monter les escaliers. Comme si je savais. Comme si je le sentais.

-Papa ?

Syd était toujours en bas et je pénétrai doucement dans la chambre de mon père.

Il était là, allongé sur le dos dans son lit, bien au chaud sur les couvertures… Il avait l’air de dormir, serein…

Je m’approchai et le secouai doucement.

-Papa… Tu la trouves pas un peu longue, ta sieste ? Tu as oublié le souper ?

Ma gorge se serra quand il n’eut aucune réaction et que je le voyais un peu trop pâle, un peu trop raide.

Je le secouai un peu plus fort, les larmes aux yeux.

-Papa ??! Papa !!! PAPA !

Je continuai de secouer mais… C’était trop tard…

@ Billy Lighter

Le retour à la maison fut beaucoup plus facile que ce à quoi je m’attendais et Jess y était pour beaucoup. La fille aînée d’Evan avait passé la première semaine de vie de sa petite sœur avec nous et nous avait grandement aidé ce qui m’avait permis de récupérer et de bien m’adapter à ma nouvelle vie de maman. Aussi, Evan était un papa hors paire qui n’avait pas peur des couches et de se lever la nuit pour m’accompagner avec le boires interminables.

Si Billie Blue avait été pressée de naître, elle prenait maintenant la vie avec douceur et semblait apprécier les moments d’éveils, surtout la nuit. Malgré cela, j’adorais ces moments en tête à tête à quatre puis à trois, quand Jess dû retourner auprès de sa maman.

Il y avait aussi le grand-papa d’Evan, Hunter Kurtz, qui malgré son âge avancée, était passé voir la petite, l’avait prise à souhait et l’avait couvert d’amour bienveillant. J’étais heureuse que ma fille puisse déjà développer des liens avec ses proches car mes parents n’avaient pas pu encore venir nous visiter mais ils comptaient venir dès que possible.

Je me découvrais une fibre maternelle que je ne savais pas avoir. Il faut dire qu’avant de tomber enceinte d’Evan, je ne savais pas si l’aventure de la famille était toute désignée pour moi. Je me disais qu’Evan avait déjà connu la joie de devenir père avec Jess et que nous étions très bien comme nous l’étions mais la vie étant ce qu’elle est… J’adorais passer des heures à bercer Billie Blue, lui fredonner les chansons de son papa, lui raconter des histoires, lui partager des projets que j’avais bien que j’étais consciente qu’elle ne captait pas tout ce que je lui disais.

J’adorais tout de ma fille pour ne pas dire que j’en étais folle dingue ! J’adorais cette façon qu’elle avait de tenir mon doigt quand je l’allaitais et ce sourire qui se dessinait sur son tout petit visage, comme ça, tout simplement, quand elle rêvait. Et chaque fois je ne pouvais m’empêcher de demander à Evan de prendre une photo mais le temps qu’il ouvre l’appareil et qu’il s’approche, elle ne souriait plus alors nous allions fort probablement avoir près d’une vingtaine de poses de notre fille qui dormait pour deux ou droit clichés où il aurait réussi à immortaliser un sourire.

Ce soir, nous devions souper chez Hunter et ça me réjouissais ! Sauf pour faire des courses, nous n’avions eu aucune sortie à proprement parler et de voir autre chose que les murs de notre appartement allait me faire du bien. Je m’étais même fait toute belle pour l’occasion, pour mon propre plaisir, parce que je me réjouissais de porter mes vêtements d’avant. Evan gara la voiture et il prit le maxi-cosy dans lequel dormait Billie Blue et moi, je récupérais le sac de notre fille et une salade que j’avais faite… bon ok je l’avais acheté toute faite !

- Il n’a peut-être pas remarqué que le soir est tombé parce qu’il est concentrer sur la télévision…

C’était tout de même étrange que de trouver toute la maison plongée dans la noirceur et, une fois à l’intérieure, n’entendre rien d’autre que le silence. Un silence qui n’augurait rien de bon, qu’on le veuille ou non. Evan me laissa le maxi-cosy et grimpa l’escalier et moi, nerveuse, je m’approchais du bas des marches et je regardais Evan disparaitre à l’étage.

- Non…Oh non !

J’avais compris, en entendant Evan s’exclamer depuis la chambre de son père, qu’il était mort. Je déposais le siège de Billie Blue sur le plancher et j’appelais une ambulance, peut-être qu’il n’était pas trop tard… Puis quand je raccrochais, je m’assurais que notre fille dormait toujours avant de monter, presque sur la pointe des pieds, comme si j’allais profaner un lieu. J’entrais dans la chambre de mon beau-père et je m’approchais d’Evan puis je posais ma main sur son épaule.

- J’ai appelé une ambulance… Mon amour, je suis désolée.

À l’œil, je pouvais voir qu’Hunter nous avait quitté dans son sommeil, paisiblement. Il n’avait donc pas souffert, même qu’il semblait dormir profondément et faire un beau rêve. Seulement, aucun mouvement de poitrine soulevé par sa respiration ou d’œil furtif sous ses paupières closes.

@ Billy Lighter

J’aurais tellement aimé que Syd ait raison et que papa se soit simplement endormi devant la télévision, ce qui aurait expliqué l’obscurité ambiante… Mais quand j’étais monté, j’avais eu un vraiment sale pressentiment. Et ça s’était confirmé quand j’étais entré dans la chambre.

Mon père était comme endormi, limite un sourire sur le visage, comme s’il faisait un beau rêve… Mais en fait, il était déjà parti, il nous avait quitté paisiblement, silencieusement et discrètement.

Je n’avais pu m’empêcher de le secouer, de déranger son sommeil éternel en espérant qu’il nous revienne, au moins pour un temps. Et je l’appelais, je l’appelais de plus en plus fort !

Je ne m’arrêtai de secouer que quand Syd m’eut rejoint et ait posé sa main sur mon épaule. Alors j’avais simplement éclaté en sanglots. J’étais profondément triste.

Je pris la main de mon père et la portai à mon front, la mouillant de larmes. Syd avait appelé une ambulance et était désolée…

-Il était tellement en forme cette semaine ! Tellement heureux…

Je sanglotai un peu.

-J’en étais venu à le croire immortel… Billie Blue ne connaîtra jamais quel grand homme il était… Doux et généreux.

Puis j’éclatai en pleurs plus forts et me tournai vers Syd pour la prendre dans mes bras, m’accrochant à son cou comme à une bouée de sauvetage.

-Je peux pas croire que c’est fini… Syd… Je peux pas le croire !

C’était une véritable épreuve pour moi… Et je comprenais ce que mon ami Captain avait vécu lorsque son propre père était mort… Ça l’avait mené à se donner la mort lui-même.

La tristesse était profonde, comme un abîme dont personne ne pouvait sortir… Mais moi, j’avais une famille. J’avais Syd, j’avais Jess, j’avais Billie Blue…

-Qu’est-ce que je vais dire à Jess ?

Je me calmai un peu, reniflai et me retournai vers mon père. Je repris sa main et la serrai dans la mienne.

-Merci papa… Merci pour tout ce que tu as fait pour moi… Pour nous… Je parlerai de toi à Billie Blue… Je parlerai de toi dans mes chansons…

Je regardai Syd d’un air désespéré.

-Qu’est-ce que je peux faire d’autre ?

@ Billy Lighter

C’est plongé dans la noirceur qu’Evan et moi avions trouvé la maison d’Hunter. Ce n’était pas si inquiétant à priori si ce n’était qu’il nous attendait pour le souper et que donc, il devrait être entrain de nous cuisiner quelque chose pour accompagner ma salade toute faite.

Evan me laissa seule avec Billie Blue et grimpa à l’étage en espérant ne pas trouver son père affalé sur le sol après avoir fait une vilaine chute. En disant cela, je savais qu’Evan appréhendait bien pire comme scénario.

Je tenais le maxi-cosy fermement, comme si je m’accrochais à l’espoir qu’Evan redescende, tout sourire, se moquant d’avoir trouvé son père les cheveux en bataille, réveillé par notre arrivée. Malheureusement, j’entendis mon amoureux s’exclamer d’une voix qui me brisa le cœur et je déposais le symbole de mon espoir au sol pour appeler une ambulance.

Billie Blue dormait paisiblement et elle ne risquait pas de rouler hors de son petit siège alors je la laissais là et je grimpais à mon tour l’escalier, redoutant ce qui m’y attendais. Evan secouait son père tout en l’appelant. C’était presque comme une supplication, comme s’il l’implorait d’ouvrir les yeux. Doucement, je posais ma main sur son épaule et c’est alors qu’Evan éclata en sanglot.

Je lui murmurais que j’avais appelé une ambulance avant de lui dire que j’étais désolée. Le mot était faible mais je ne trouvais pas mieux.

- On ne peux jamais imaginer que nos parents vont un jour nous quitter…

Il m’était difficile d’imaginer que mes parents puissent eux aussi un jour mourir. Ils étaient mes symboles et mes repères, mes premiers confidents et mes guides.  Ce genre d’icone dans la vie d’un enfant ne peut pas mourir, cette croyance était fausse, malheureusement.

- Billie Blue le connaitra au travers de tout ce que nous lui raconterons. Il vivra dans son cœur tout comme il sera dans le nôtre.

Je me sentais stupide de dire ce genre de chose. Ce n’était probablement pas ce qu’Evan, qui venait à peine d’être confronté à la mort de son père, avait envie d’entendre, surtout qu’il disait ne pas arriver à croire qu’il soit déjà parti.

Je serrais fort Evan contre moi, pleurant à mon tour, triste que j’étais pour mon amoureux, triste de perdre un homme de qui je m’étais attaché dès notre première rencontre.

- Tu lui diras simplement que son papy est parti dans son sommeil, paisiblement, après avoir vécue une magnifique semaine avec ses deux petites filles et son fils.

Il n’y avait pas de bonne façon d’annoncer ce genre de chose, je ne voyais pas comment cela pouvait passer sans créer de souffrance. Ce sera délicat et douloureux.

Evan se retourna à nouveau vers son père et reprit sa main entre les siennes et moi, je m’approchais doucement et je déposais respectueusement un baiser sur le front déjà froid d’Hunter. C’était ma manière de le remercier pour son passage dans ma vie et de lui souhaiter un bon repos éternel. Puis ce fut Evan qui lui parla et moi, je me reculais d’un pas pour respecter ce moment que je jugeais solennel.

- Je l’ignore mon amour. Pour tout de suite, je crois que tu devrais accompagner les ambulanciers quand ils arriveront et moi je m’occuperai des filles.

Ce seront les prochains jours qui ne seront pas de tout repos.

@ Billy Lighter

Sydney avait raison… On ne peut jamais imaginer comment c’est, quand nos parents nous quittent. Parce qu’ils ont toujours été là, parce qu’ils sont un symbole de stabilité. Enfin, pas dans toutes les familles, mais dans la mienne, c’était le cas. J’avais déjà perdu ma mère, ce qui n’avait pas arrangé mon cas, à l’époque et j’avais bu encore plus et m’étais caché encore plus…

Mais là, je devais affronter la mort de mon père totalement sobre et bien conscient de ce qu’il se passait. Je ne pensais pas que ça allait me faire replonger, parce que j’avais Syd, Jess et Billie Blue et que je devais être fort pour elles.

Mais ça faisait mal quand même. Très mal, comme en témoignaient mes sanglots.

Syd me parlait doucement, sur un ton chaud et réconfortant.

-Ouais, je parlerai de lui à Billie Blue… J’ai des photos aussi… Beaucoup de photos. Je suis content qu’on en ait fait une de lui avec la petite dans les bras quand il est venu à la maison.

Ça ne datait que de quelques jours et j’avais maintenant l’impression que c’était il y avait une éternité… Comment avait-il pu être si en forme, si heureux, pour nous quitter seulement quelques jours plus tard ?

C’était cruel.

Je passai ma main sur mes yeux.

-Au moins, il aura eu une mort digne de lui. Paisible et sans souffrance… Je préfère ça qu’une longue agonie.

Je reniflai…

-Mais j’ai mal au cœur quand même.

Et puis, qu’est-ce que j’allais dire à Jess ? Comment lui annoncer cette triste nouvelle ? Syd qui avait un peu plus la tête sur les épaules que moi, malgré que ses larmes coulaient sur ses joues, trouva les mots justes. Ceux que je devrai dire à ma fille une fois mon père pris en charge par les pompes funèbres, quand son décès aura été officiellement déclaré.

-Ouais, je lui dirai ça.

Syd embrassa le front de son beau-père alors que moi, je lui tenais la main et lui jurait que sa mémoire serait honorée.

Mais après ça, je regardai Syd l’air perdu. Heureusement qu’elle était là parce que mon cerveau et mon cœur étaient en bouillie.

Qu’est-ce que je devais faire maintenant ?

Syd dit que je devais accompagner les ambulanciers. Je hochai la tête. Les jours à venir allaient être très tristes… Mais déjà, les paroles d’une chanson se formaient dans ma tête. Parce que c’était comme ça que je m’exprimais le mieux…

Je plaçai ma main sur la tête de mon père et lui caressai les cheveux en chantant doucement.

-You know that I care
What happens to you
And I know that you care
For me too…

Mais ma voix s’étrangla et on sonna à la porte… Les ambulanciers avaient fait vite mais avaient roulé sans leurs feux bleus et sans la sirène… Probablement parce que Syd leur avait bien fait comprendre qu’il y avait peu, voire pas d’espoir…

Je me redressai et serrai les mains des ambulanciers que Syd accueillit dans la chambre…

-Je vais venir avec vous… C’est mon père… Je dois l’accompagner jusqu’à la fin… Je suis son fils unique.

Je passai une main dans le dos de Syd…

-Appelle Jess… Dis-lui de me rejoindre à l’hôpital… Je lui annoncerai la mauvaise nouvelle moi-même… Je ne me vois pas faire ça par téléphone.

@ Billy Lighter

Un grand homme venait de nous quitter.

C’était douloureux d’un côté et de l’autre, le fait qu’il soit partit dans son sommeil, paisiblement, après avoir passé une magnifique semaine à faire connaissance avec sa dernière petite-fille, après une belle et longue vie, rendait le chagrin moins amer, et non pas moins présent.

Billie Blue n’aura pas eu la chance de le connaitre comme Jess mais nous allions lui parler souvent de son grand-papa, de quel homme merveilleux il était et de combien il avait été fier de pouvoir la prendre dans ses bras. Nous avions pu prendre beaucoup de photos d’Hunter et de Billie; l’une d’elle irait dans un cadre, sur le mur de sa chambre comme nous avions planifié de le faire avec des photos de notre famille.

Evan était soulagé que la mort de son père se soit faite sans souffrance et non pas après une longue maladie qui l’aurait fait souffrir inutilement. Quand je le regardais, il semblait paisible et en paix, comme s’il faisait un beau rêve qui le comblait.

- Il est parti sereinement. Et dignement.

Ça ne faisait pas moins mal…

Quant à ce qu’il allait dire à Jess, il suffisait de le lui dire doucement que son papy nous avait quitté, le cœur remplit de bonheur. Il me semblait l’entendre encore rire des histoires rocambolesques de Jess et de répéter combien il était heureux. C’était ce que nous devions garder en tête.

J’embrassais le front de mon beau-père pour lui témoigner mon amour et respect puis je laissais Evan se recueillir à sa manière. Il avait déjà une petit ébauche de chanson en l’honneur de son père, c’était touchant.

Les ambulanciers arrivèrent ensuite et ils prirent en charge Hunter alors qu’Evan s’assurait qu’il pourrait demeurer avec son père pour la suite des choses. Je descendis derrières les ambulanciers qui descendaient Hunter sur une civière, et Evan qui suivait de très près mais avant de quitter la maison pour me rendre à l’hôpital, je passais un coup de fil à Jess qui, loin d’être dupe, appréhendait déjà ce que son père avait à lui dire.

Quand j’arrivais à l’hôpital, Jess s’y trouvait déjà. Il faut dire que j’avais prit mon temps en quittant la demeure d’Hunter, de m’assurer que tout était bien verrouillé, que le four était bien éteint.

Ma petite Billie Blue qui avait dormit tout ce temps-là, n’avait eu connaissance de rien mais avec tout le brouhaha de l’hôpital, avait ouvert les yeux et ne voulait plus demeurer dans son maxi-cosy.

- Est-ce que tu as vu le médecin, Evan ?

Il devait probablement avoir des papiers à signer avant de rentrer. Jess s’installa sur la chaise à mes côtés et posa sa tête contre mon épaule. La pauvre avait les yeux tout rougis et était incapable de parler tant sa voix était étranglée par ses sanglots.

- Tu veux venir dormir à la maison ce soir, Jess ? Ça nous ferait du bien de nous retrouver tous ensemble

@ Billy Lighter

Les ambulanciers furent très compréhensifs et très respectueux de la dépouille de mon père quand ils le placèrent sur la civière, les bras croisés sur son torse. Je passai une dernière fois ma main dans ses cheveux éparse avant de laisser les ambulanciers le recouvrir d’un drap blanc.

Ils ouvrirent la marche, suivis de Sydney qui récupéra Billie Blue au pied des escaliers… Je m’arrêtai un instant auprès d’elle et de Syd et lui murmurai, les larmes aux yeux, que tout allait bien. Mais elle dormait, et j’enviais sa tendre innocence. Car à cet âge où on vient à peine de s’ouvrir à la vie, la Mort n’est qu’une chimère.

Je montai dans l’ambulance et Syd nous suivit en prenant la voiture avec Billie Blue. Petit cortège funéraire dans l’effervescence de la ville.

A l’hôpital, on se retrouva et nous allâmes jusqu’à une salle d’attente où Jess nous attendait déjà, crispée. Mais ce n’est que quand je lui pris les mains dans les miennes, mes yeux rougis mais déjà beaucoup plus calmes maintenant, qu’elle se laissa aller et pleura son grand-père.

-Papy est parti dans son sommeil, Jess. Je pense qu’il nous a quittés paisiblement même si le médecin doit encore me le confirmer. Je compte sur toi pour, à l’avenir, raconter à ta petite sœur tout ce que tu sais de lui.

Elle hocha la tête et pleura son papy silencieusement.

-Je te laisse avec Syd.

Un peu plus tard, je revins auprès des femmes de ma vie et soupirai… Syd demanda si j’avais vu le médecin. Jess était appuyée contre son épaule.

-Ouais, j’ai vu le médecin. Il confirme que papa est parti dans son sommeil, sans aucune souffrance. Son cœur a juste ralenti la cadence jusqu’à s’arrêter tout à fait.

Je m’approchai et pris Syd et Jess dans mes bras.

-Les pompes funèbres vont prendre le relais maintenant et dès demain, nous pourront faire des veillées pour que ceux qui l’ont connu puisse venir se recueillir et penser à lui…

J’embrassai le sommet du crâne de mon aînée puis m’écartai alors que Syd lui proposait de venir dormir à la maison.

-Je suis sûr que ta mère comprendra.

Je les serrai encore dans mes bras puis me penchai vers Billie Blue…

-Rentrons à la maison, ma toute petite… On doit accrocher une photo de toi et papy dans ta chambre.

Et ce fut ainsi que mon père tira sa révérence, après une longue vie pleine de mérite, laissant derrière lui une famille aimante et deux petites-filles à l’avenir prometteur.

Que son âme repose en paix.

@ Billy Lighter