J’avais pénétré dans ma chambre afin de changer de vêtement. Je venais à peine de rentrer de MTI où j’avais travaillé toute la journée à des affaires qui concernaient The Burning Fire. Nous étions sur le point de mettre en place une série de concerts qui auront lieu à Los Angeles dans les prochains mois afin que le groupe redémarre doucement.

C’est parce que j’avais travaillé très tard que j’avais décidé d’envoyé un taxi chercher mon Eileen à l’aéroport. Elle devait déjà avoir atterri à l’heure qu’il était et n’allait pas tarder à arriver. Je lui avais téléphoné alors qu’elle était encore à Las Vegas, je lui avais confié que j’avais besoin d’elle à Los Angeles. Je ne m’étais pas épancher dans les détails, je lui avais juste dit que c’était pour une affaire très importante qui allait bouleverser beaucoup de chose mais aussi rendre justice à certaines personnes. Nous n’avions que brièvement parler, je préférais tout lui expliquer en face cela nous facilitera grandement la tâche.

Je lui avais payé l’avions pour qu’elle me rejoigne ici entre deux dates de la tournée qui rassemblait les deux maisons de disques. Elle n’était partie que quelques jours mais elle me manquait déjà beaucoup. Plus que je ne l’aurais imaginé. Même ma mère qui vivait à des milliers de kilomètres d’ici ne me manquait pas autant que m’avait manqué Eileen ces derniers jours. Pourtant, je n’avais pas chômé entre les informations que j’avais recueillies auprès d’Evan et l’approche que j’avais faite auprès de la jeune Sidney Willis. Il n’empêche que, malgré toutes ces occupations j’avais eu le temps de me languir d’Eileen.

Après m’être habiller avec des habits plus léger, je rangeais un peu la pièce à vivre et me mis à faire du thé. Je voulais faire un bel accueil à ma petite amie afin de la mettre tout de suite à l’aise. Vivre en tournée ne devait pas être facile tous les jours surtout entouré de Lenny, The Lightening et Ricci. J’attendais impatiemment le récit de mon Eileen et éventuellement l’aider si cela s’était mal passé. Il fallait que je sache comment se déroule la tournée et si la balance penchait en faveur de BSC ou de MTI, je savais qu’Eileen était suffisamment dégourdie pour savoir cela.

Une fois le thé prêt, je le laissais dans la théière afin qu’il reste chaud jusqu’à l’arrivée d’Eileen. J’allumai la radio pour avoir un bruit de fond agréable et m’installai sur la table à manger.

La sonnette de mon appartement fut une très douce musique à mes oreilles. C’était signe que mon Eileen était là. Je m’étais précipité vers la porte que j’avais ouverte sans hésitation. Mon Eileen me sauta au cou pour m’embrasser. Je lui rendis son baiser tout aussi amoureusement que ne l’avait fait la jeune photographe. Je lui avais manqué autant qu’elle m’avait manqué et c’était signe que tout allait pour le mieux dans notre couple. Je mourrais d’impatience d’entendre son récit tout comme elle semblait impatiente de me le raconter.

Un second baiser plus bref vint se poser sur mes lèvres avant qu’Eileen ne relâche son étreinte. Je la regardais avec un sourire infini. Je la pris par la main et nous pénétrâmes dans la pièce principale où j’avais apprêté la table pour l’arrivée de mon Eileen. Deux tasses de thés nous y attendraient.

-J’ai moi aussi bien des choses à te dire. Mais avant, installe-toi. Je vais chercher le thé.

Je ne cessais de sourire et la laissait se mettre à l’aise pendant que j’allais chercher la théière qui était dans la cuisine. Je pris le sucre aussi au cas où nous en aurions besoin. Avant de lui faire part de ce que j’avais obtenu comme informations ainsi que le teneur de mon plan et de la raison qui m’avait poussé à la faire revenir à Los Angeles, j’allais écouter ce qu’il s’était passé en tournée. Ma petite amie et ses expériences passaient avant mes envies de détruire Daniele Ricci. C’était la première fois de ma vie que je faisais les choses dans cet ordre de priorité. Eileen et son aura en étaient la cause.

Je revins dans la pièce à vivre et nous servis une tasse à chacun avant de m’assoir en face de mon Eileen. Elle était radieuse aujourd’hui, je ne pouvais pas être indifférent à cela. C’était une signe encourageant car cela signifiait que ses premiers jours en tournée n’avait pas été un enfer. Cela m’aurait fait beaucoup de mal si cela avait été le cas car c’était moi qui l’avait encouragé à tenter sa chance la laissant en proie à mes pires ennemis, Knowles et Ricci.

Je déposais un sucre dans mon thé brûlant, attendant qu’il refroidisse un petit peu. Je plongeais ensuite mon regard dans celui de mon Eileen.

-Vas-y raconte-moi tout. Les premiers jours de tournées t’ont plus ?

Cette question lui ouvrait la voie pour me faire part de ses impressions mais aussi de quelques anecdotes. Mon Eileen devait avoir rencontré des gens bien intéressant en tournée. Je sais d’expérience que c’est en tournée que les gens se révèlent tels qu’ils sont vraiment et c’est souvent très positif.  

Nous nous faisions face, heureux de pouvoir nous parler après nos quelques jours séparés. Depuis que nous étions ensemble, nous nous étions peu souvent séparés. Encore plus depuis que mon Eileen avait emménagé dans mon appartement. J’ouvris la voie à ma photographe préférée afin qu’elle me fasse part de ce qu’elle avait vécu à Vegas, mais aussi en dehors. Car elle avait aussi fait les chemins en compagnies des roadies des deux groupes.


Ma jeune Eileen ne savait par où commencer et je ris un petit peu. C’était normal, il fallait le temps de rassembler ses idées et elle avait certainement plus d’un évènement à me faire part. Elle commença par les roadies, elle avait fait la connaissance de quelques-uns mais il n’y avait pas vraiment de choses intéressantes à en retirer. Les roadies posaient rarement problème. J’étais content d’entendre que l’ambiance était au rendez-vous entre roadie. Je n’aurais pas voulu que mon Eileen se sente mal avec eux, cela aurait été invivable pour elle.

J’imitais la jeune femme en buvant à mon tour une gorgée de thé chaud. Je continuais de l’écouter en silence, lui laissant tout le temps de parole. Elle me parla des groupes. Elle évitait l’étrange Cash Izbel, le guitariste n’aimant pas forcément mon Eileen. Je laissais échapper une expression de surprise. Cash était vraiment un personnage étrange. Hormis ceci, rien d’autre ne m’étonna. Les excès étaient une habitude pour le groupe de Knowles quant à Roadtramp cela restait un jeune groupe qui faisait ses dents.

Mon Eileen marqua une pause, elle savait que j’attendais des nouvelles de mes rivaux et, quelque part, je savais qu’elle faisait exprès de garder le meilleur pour la fin. Qui se ressemble s’assemble, disait le dicton. Nous nous ressemblions sur ce point moi et Eileen. Enfin, elle introduit les choses intéressantes. Je m’avançais un peu sur la table apportant tout mon attention à la photographe. Le suspens faisait battre mon cœur un peu plus vite, mon Eileen devait une championne pour ce qui était de garder le suspens au maximum. J’avais en face de moi une fan de très bon cinéma et une part de ce qui fait un bon film est le suspense et son exploitation. J’étais bien trop impatient pour me taire plus longtemps.

-Laisse-moi deviner, Lenny est stressé à cause de son groupe et Daniele, c’est tout l’inverse. Détendu, sûr de lui…

Je ne pus m’empêché de laisser passer une mine réjouie en pensant que Ricci ne se doute pas du plan que je lui réserve.

-Je suppose qu’il se fait une joie de descendre Knowles dès qu’il en a l’occasion. C’est bien son genre. N’est-ce pas ? Tu as découvert quelques choses d’intéressants à leur sujet ?

Je montrais mon impatience saine à mon Eileen par des petits sourires. Son point de vue était plus qu’intéressant sur le sujet. Un regard neuf qui n’est pas dévoré par la rivalité qui m’opposait aux deux hommes.  

Mon Eileen rigolait de me voir essayer de deviner ce qu’il en advenait de mes rivaux managers. Je voyais souvent Lenny car nous travaillions tous les deux dans la même boite, quant à Ricci, en dehors de nos conversations, je n’avais comme informations que ce que disait les médias. Sans oublier, récemment, ce que m’avait dit Evan Kurtz.

Mon Eileen me confirma ce que je pensais déjà de Lenny depuis bien longtemps. Cet homme était la musique mais il n’en restait pas moins un manager moyen. Je montrais toutes mes dents en souriant à Eileen quand elle faisait référence aux problèmes de drogue que rencontrait actuellement The Lightening, chemin que devrait prendre Lenny d’après ma jeune photographe. Mon rival, lui, était fidèle à lui-même. Un homme imbu de sa personne.

Mon Eileen n’avait que peu d’informations sur Lenny ce qui n’était pas grave car Lenny n’était pas une menace pour moi. Je riais alors qu’elle décrivait parfaitement bien mon collègue de MTI. Il avait le don de mettre ma petite amie hors d’elle, il semblerait. Ceci ne faisait qu’intensifier mon rire, marquant mon visage d’expressions de joie.

Je m’arrêtais tout doucement de rire quand mon Eileen parla de sa rencontre avec Ricci. Je m’étais mis à boire mon thé à petite gorgée tout en l’écoutant. Mes expressions, il y a quelques secondes si joyeuses, se fermèrent un peu quand elle évoqua l’endroit où Ricci voulait faire une séance photo. Cela éveilla en moi un sentiment bien marqué de jalousie. Mais mon Eileen n’avait pas été du genre à succomber aux charmes du l’Italien et cela ne faisait que plus renforcer ce que je pensais déjà de ma petite amie. Je riais à nouveau quand mon Eileen prit en horreurs les mets italiens que lui avait proposés Ricci.

-Rappelle-moi, donc, de ne jamais te servir des « trucs italiens ».

C’est par des conversations ainsi que nous pouvions apprendre des petits détails l’un sur l’autre. Nous étions ensemble depuis quelques mois mais nous n’avions pas encore fait le tour l’un de l’autre. Nous avions encore des choses à découvrir et c’était ses petites choses qui ne nous faisaient pas encore tomber dans une routine.

Mon Eileen continuait d’entretenir le suspense et cette séance photo avait apparemment permis à Eileen de cerner mon rival certainement d’une manière dont je n’aurais pas pu le faire. Ricci se méfiait de moi or, il devait beaucoup moins se méfier d’une jeune femme comme Eileen. Je savais que ma petite anglaise était suffisamment intelligente pour avoir exploité cet avantage.

-Tu sais que je n’attends que cela.

Je la regardais abandonnant mon thé pour croiser mes doigts entre eux et m’avancer un peu plus vers mon Eileen.

-Chaque information sur Ricci, peut être intéressante. Dis-moi tout. Des faiblesses, il en a ?

The Army était son fardeau, ceci était l’information que j’avais obtenu et que j’allais bientôt servir à Eileen. Mais ce n’en était qu’une, peut-être ma petite anglaise avait-elle découvert d’autres faiblesses chez l’Italien.  

Je riais de plus belle quand mon Eileen affirma que j’allais me souvenir de son dégout pour les olives et le vin italien. C’est certain qu’il était dur d’oublier les grimaces qu’elle faisait quand elle en parlait.

Nous en vînmes, ensuite, aux choses sérieuses avec le récit complet de ma petite Eileen sur sa rencontre avec Daniele Ricci. Elle avait passé en revue le passé de mon rival et des possibles liaisons entre le père du manager et la mafia romaine. Ceci dit, j’étais d’accord avec mon Eileen, un homme d’affaire comme le père de Ricci avait certainement des liens avec la mafia. Je n’en revenais pas comme mon Eileen avait été maligne. Je ne la savais pas capable d’autant de manipulation. J’en souriais. Ricci avait essayé d’attaquer en parlant de mes tendances à la manipulation et il semblerait que mon Eileen m’ait défendu à ce sujet. La fidélité qu’elle montrait aux autres à mon égard me touchait beaucoup, aucune fille ne l’avait fait avant elle. Elle a, ensuite, aborder le sujet des femmes avec le manager italien et, même si Ricci ne lui avait rien dit, il semblerait qu’il ait souffert. C’était très intéressant. Ricci était connu pour préférer les filles d’un soir et non pour s’y attacher. L’Italien, nous cache peut-être des choses à ce niveau. Je désapprouvais de la tête, je n’avais aucune idée d’une personne dont Ricci aurait pu s’enticher, je ne connaissais pas aussi bien que lui les people pour avoir une idée. Mon Eileen conclu son récit avec l’alcool.

-Tu as été parfaite, mon Eileen.

Son récit était aussi complet qu’intéressant. Pour une première rencontre avec le manager italien, elle avait été d’une efficacité monstre. Je bus une gorgée de thé avant de continuer.

-Il semblerait que tu ais dénicher quelques points faibles. Cette histoire de femme est à creuser. Je ne pensais pas que son point faible se trouverait de ce côté-là.

Je savais qu’Eileen avait encore toute la tournée pour en apprendre plus. Elle était une véritable perle pour moi, elle était mes yeux qui suivent mes rivaux en tournée. Elle semblait accepter ce rôle et le jouait à la perfection. Ma tasse de thé était vide et je la déposais doucement sur la table avant de regarder mon Eileen.

-J’ai moi-même, pendant ton absence, déniché quelques informations intéressantes sur Ricci. C’est pour cela que je t’ai demandé de revenir à Los Angeles. J’ai besoin de toi.

C’était à mon tour de faire planer le suspense. Au téléphone j’avais surtout mis l’accent sur le fait que j’avais besoin de ses talents de photographe. Je souriais attendant que l’envie d’en savoir plus atteigne mon Eileen comme elle l’avait fait avec moi quelques minutes plus tôt.  

Cette histoire de femme était très intéressante et pouvait nous mener à de bien belles découvertes sur le compte de l’Italien. Toutefois, trouver celle qui avait pu conquérir le cœur de Ricci de là à ce qu’il ait des regrets était comme chercher une aiguille dans une botte de foin. Il connaissait beaucoup de personne relevant de la gente féminine, cela n’allait guère être simple. Mon Eileen se disait que cette femme devait être discrète mais devait avoir du caractère. Je souriais à ma jeune photographe.

-Je connais quelques femmes qui ont fréquenté Ricci de près et de loin. Je crois que je vais commencer notre petite enquête par là. S’il faut creuser plus loin, nous creuserons. A nous deux, nous allons bien trouver même si cela n’est pas simple.

Si toutefois, son ancien amour daterait de sa vie en Italie cela pouvait se compliquer mais rien n’est impossible. Tout secret fini toujours par refaire surface un jour. Comme cela sera bientôt le cas pour ce qui était arrivé au groupe The Army.

C’est ainsi que je passais du récit de mon Eileen à la raison de mon appel et de sa présence ici. Je comptais tout lui révéler et tout lui raconter. Je devais toutefois, trouver les bons mots. Elle souhaitait savoir ce qu’elle devrait faire et je notais qu’elle faisait preuve d’autant d’impatience que moi tout à l’heure et ceci me faisait sourire.

-Il y a quelques jours, j’ai été au Dizzy Warhol afin d’assister à quelques concerts. Je suis sorti du bar à quatre heures du matin et je suis passé dans un night shop afin de me trouver à manger. J’y aie rencontré Evan « Sniper » Kurtz, l’ancien chanteur de The Army. Il était méconnaissable, c’était vraiment triste à voir.

Je marquais une pause. The Army avait cessé ses activités il y a 10 ans et je ne sais pas si ma jeune Eileen connaissait Evan.

-The Army est ancien groupe de rock dont j’étais fan étant à l’Université. Je ne sais pas si tu en as déjà entendu parler. Ils ont cessé leurs activités il y a 10 ans d’une manière assez tragique. Evan, lors d’une tournée, est devenu sourd et le groupe n’a pas pu continuer sa carrière.

Je m’éclaircis la gorge afin de continuer.

-Après ce drame, d’autres ont suivis. Les trois autres membres du groupe, excepté Evan sont morts. L’un d’une overdose, un autre d’un accident de voiture et le dernier s’est suicidé. Les médias ont rapporté que la fin du groupe était due à un incident de parcours. Que personne n’aurait pu prévoir qu’Evan allait devenir sourd. Mais j’ai appris, dans ce night shop en discutant avec Sniper, que c’est leur manager qui les avait poussé à continuer à faire des tournées sans annuler de dates malgré le fait que les membres de son groupe étaient malades et à bout. Il les a poussé jusqu’à ce qu’ils n’en puissent plus et qu’Evan perde l’audition.

Je pris une expression grave. Je ne me réjouissais jamais de la mort des rockstars surtout quand j’avais aimé leur musique.

-Je te laisse deviner qui était le manager de The Army.

Je laissais à Eileen le temps de digérer ce que je venais de lui dire. Mon récit ne nous avait pas encore emmenés à ce qui m’avait fait rappeler ma petite amie à Los Angeles.    

Nous allions être deux à enquêter sur les anciennes conquêtes de mon rival. Nous serons plus efficace, elle à chercher en tournée et moi à chercher ici. Ceci me faisait sourire de savoir qu’Eileen et moi étions sur la même longueur d’onde et qu’elle ne semblait pas réticente à écraser Ricci avec moi.

Je pouvais ensuite commencer à expliquer à Eileen mon plan. D’abord, il avait fallu que je raconte brièvement l’histoire tragique de The Army et ma rencontre avec l’ancien chanteur du groupe. Comme je m’y attendais, mon Eileen n’avait aucune idée de qui était The Army. Venant d’Angleterre et étant très jeune pendant les heures de gloire de ce groupe, c’était normal qu’Eileen ne connaisse pas. Cette histoire la touchait.

Je continuais mon récit racontant la véritable histoire de la fin du groupe et la responsabilité que Ricci avait là-dedans. Mon Eileen était choquée du comportement du manager italien. Je gardais mon air grave tout en approuvant mon Eileen.

-La gloire l’intéresse encore plus que l’argent. Il est sorti complètement indemne de cette histoire. Tout le monde pense qu’il ne s’agit que d’un coup du sort et personne n’a jamais remis en cause des compétences de Ricci dans l’histoire.

Ignoble, inhumain, irresponsable. Je souriais intérieurement à tant de qualificatif que mon Eileen énumérait pour qualifier mon rival. Elle le détestait, maintenant, peut-être autant que moi.

Bien entendu, mon Eileen posa plusieurs questions légitimes. Elle voulait savoir qu’elle rôle elle devrait jouer dans cette histoire. Nous arrivions enfin aux choses sérieuses. Les heures de mon rival étaient comptées.

-Je ne sais pas pourquoi il n’a pas au moins dit à la presse la véritable histoire ou bien attaquer l’Italien en justice. Je pense qu’il avait peur de Ricci.

Evan avait eu du mal à me vendre son manager. Je ne sais pas si c’était par peur ou bien si cela cachait autre chose.

-Je veux que justice soit rendu à cet homme. Tu aurais dû le voir, il n’était pas dans son assiette. Quand il jouait sur scène il y a plus de 10 ans, il était rempli de vie. Le voir dans l’état où je l’ai vu m’a fait un choc. J’ai d’ailleurs eu beaucoup de mal à le reconnaitre.

Je soupirais en regardant dans le vide. Je pris un petit temps de pause avant de regarder à nouveau mon Eileen et de reprendre.

-J’aimerais que son histoire soit connue par tous afin que cela ne se reproduise plus. Ricci s’occupe actuellement de Roadtramp, un groupe qui me fait beaucoup penser à The Army. Je ne voudrais pas qu’ils finissent de la même manière. Si on conte l’histoire d’Evan dans le presse non seulement justice lui sera rendu mais les jeunes pourront savoir la vérité et vont pouvoir se méfier de Ricci. Du vrai Ricci, celui que l’Italien à essayer d’enterrer il y a 10 ans.

Je repris mon souffle.

-Pour cela, il me faut une photographie d’Evan actuellement. C’est là que tu entres en scène.

Je regardais mon Eileen droit dans les yeux. Je ne pouvais pas l’obliger à cela. Il s’agissait d’une affaire délicate et à la limite de l’immoralité.  

Eileen était d’accord avec ma supposition concernant le fait qu’Evan n’ai pas attaqué en justice Ricci à l’époque. Je ne pouvais qu’approuver ma petite anglaise. Daniele Ricci, même il y a 10 ans, avait déjà beaucoup d’influence et l’attaquer aurait été dangereux pour Evan.

Je continuais de narrer mon histoire en soulignant à deux traits que j’avais été choqué par l’apparence d’Evan dans ce night shop. La différence entre le jeune homme plein de vie qui chantait pour The Army et le trentenaire ravagé que j’avais vu ce soir-là était manifeste et extrêmement déstabilisant. Mon Eileen posa sa main sur mon épaule, elle souriait, je l’imitai mais d’une façon plus triste. Il était vrai que cela m’avait marqué mais j’exagérais tout de même un peu de peur que cela ne soit pas suffisant pour que mon Eileen accepte la besogne que j’avais à lui confier.

-Je ne suis pas bien sûr qu’il puisse se relever. Pas seul en tous cas.

Après un léger soupire, je venais aux faits concernant les raisons pour lesquelles nous étions réuni moi et Eileen aujourd’hui. Pour ceci, je mettais en avant Roadtramp les actuels petits protégés de Ricci. Ce n’était pas un mensonge quand je disais qu’ils me faisaient beaucoup penser à The Army, c’était véritablement ce que je pensais. J’avais distillés mes informations une à une et une fois ceci terminé je crus bien qu’Eileen allait tout simplement décliner l’offre. A la place, elle avança elle aussi des arguments. Venger Evan l’intéressait tout comme les défis que le prendre en photo entrainait mais elle était moins bien sûr qu’Evan soit d’accord pour tout cela. C’était moi aussi mon seul point où je n’étais pas sûr. Car si Evan n’était pas de notre côté nous risquerions de recevoir un retour de flamme de Ricci. Je comprenais mon Eileen, elle soulevait le véritable problème de cette entreprise.

-Amon m’a certifier qu’avoir une photographie de lui donnerai plus de poids à l’article.

Il m’avait donné pas mal d’arguments en ce sens mais je ne devais pas cacher à Eileen que c’était bien de lui que venait cette idée. Ainsi cela ne me mettait pas responsable de tous les soubassements de ce plan.

-Je comprends tes craintes. C’est pour cela que j’ai pensé à toi. Je pensais que tu pourrais mettre en confiance Evan, lui montrer que tu ne lui veux que du bien. Parce que c’est le cas, on ne veut que l’aider… Mais moi, il ne me fait pas confiance. Il semble détester les managers. A raison bien entendu après ce qu’il s’est passé avec le sien. Le plus prudent serait qu'il ne sache pas pourquoi la photo est prise.

Entrer dans ses bonnes grâces, c’était ce que mon Eileen pouvait tenter avec Evan. Je savais qu’elle en avait les capacités, c’était une fille formidable.

-Bien sûr, si tu trouves cela trop dangereux pour nous trois, je comprendrais et nous nous passerons de cette photo.

Je baissais le regard tout en jouant avec la main de mon Eileen croisant mes doigts avec les siens.  

J’avais évoqué le mensonge afin de nous protéger lors de l’intervention d’Eileen auprès d’Evan. Le mensonge était quotidien pour moi dans mon métier de manager, c’était comme un outil qu’il m’arrivait d’employer à outrance. Tellement que parfois cela en devenait un réflexe. Cela m’embêtait un peu de demander à Eileen de mentir, si bien que je commençais à regretter de lui avoir demandé pareille mission. Car je ne voulais pas qu’elle me voit comme quelqu’un de mauvais, même s’il m’arrivait souvent de flirter avec les limites de la moralité. Tout aussi étant une question de rivalité entre moi et Ricci mais pas uniquement. C’était aussi remettre les choses telles qu’elles doivent l’être c’est-à-dire que les gens reconnaissent Ricci tel qu’il est vraiment et non tel qu’il voudrait que les gens le voient.

Mon Eileen était réticente et se disait incapable de mentir convenablement. Ma petite photographe n’était pas une menteuse, ce qui la rendait encore plus vertueuse à mes yeux. Elle n’avait aucun défaut. Toutefois, elle disait pouvoir pallier ce manque en omettant des détails au lieu d’en inventer de nouveaux.

-Tu as raison. Si tu ne sais pas mentir, il va se douter de quelque chose. Omettre des éléments me semble être une approche plus prudente.

Le soupire d’Eileen me montrait qu’elle n’était pas vraiment rassurée quant à cette mission. Mes plus grandes peurs étaient qu’elle échoue mais aussi qu’elle me voit différemment et que tout change entre nous. Tout ceci pour une photo dans un magazine alors qu’une photo d’archive aurait pu faire l’affaire même si cela apportait beaucoup moins de poids. J’en venais à jouer avec les doigts d’Eileen lui affirmant qu’elle pouvait refuser. Mon Eileen sentait qu’elle avait peu le choix. Je baissais les yeux vers nos mains entrelacées.

-Je m’en excuse…

Mes excuses étaient débordantes de sincérité. Je m’excusais de la mettre sur le fait accomplis. Je ne savais pas si elle se sentait obligée par loyauté envers moi ou pour autre chose. Je replongeais mon regard dans celui azure de mon Eileen.

-Je pense que si tu approches Evan en omettant des détails et que tu sympathise avec lui, il y aura moyen de faire une photo de lui. Sache qu’il ne lit pas les magazines, j’ai pu en déduire ceci quand il m’a affirmé croire que le Crazy Ginger était fermé. Il vit hors du temps. Mais quand l’article sortira, des gens commenceront à s’intéresser à son cas et je pense que beaucoup de personne seront en mesure de l’aider. Ce n’en sera que plus juste.

Je marquais une pause. On pouvait voir dans mon regard que j’étais sûr de la réussite de ce plan mais je sentais comme un malaise parce que j’avais impliqué Eileen dans celui-ci. Au début de notre relation, je m’étais promis de ne jamais l’impliqué dans une de mes machinations justement pour ne pas la perdre car elle était tout pour moi.

-Si toutefois, une fois en face de lui tu sens que les choses ne vont pas aller, n’insiste pas. Je ne voudrais pas que nous soyons tous les trois en danger pour une fichue photo.

Ce n’était pas notre but et si Eileen ne le sens pas, l’article pourra sortir sans photo.  

Mon Eileen s’excusait de ne pas pouvoir mentir. Elle n’en avait pas besoin, c’était tout à son honneur de ne pas avoir ce défaut, même si le mensonge restait une arme très importante dans certaines situations. Elle ajouta que si Evan posait des questions, elle serait contrainte et forcée de mentir ce qui était vrai. Je ne pouvais que confirmer ceci de la tête. Nous devions croiser les doigts pour que l’ancien chanteur de The Army ne soit pas de nature curieuse, ce qui ne m’avait pas semblé être le cas lors de notre rencontre. C’était un avantage pour Eileen.

Les soupires de ma photographe n’étaient pas agréables à entendre. Elle semblait à la fois heureuse d’être mise au défi et en même temps soucieuse des risques que cette mission comportaient. Je n’aimais pas voir ma jeune Eileen soucieuse et si elle l’était maintenant, c’était en grande partie ma faute. Je devais gérer ces nouvelles émotions comme la compassion quand j’étais en compagnie d’Eileen et ceci n’était pas vraiment évident. J’en vins à m’excuser qu’elle se sente obligée de faire ceci. De son point de vue ce n’était en aucun cas ma faute, j’aurais voulu l’embrasser pour la remercier mais je me contentais, pour l’instant, d’un léger sourire. Mon Eileen était bien conciliante. A ses mots, il était donc difficile pour moi de savoir ce qui la poussait à accepter cette mission. Il était peut-être probable qu’elle-même ne le savait pas et que son esprit lui disait qu’il fallait qu’elle le fasse. C’était intriguant d’autant plus qu’il m’était impossible de savoir toutes les pensées et toutes les émotions qui traversaient mon Eileen en ce moment.

Afin qu’elle ait toutes les cartes en main, je lui en racontai plus sur Evan et notamment sur le fait qu’il vivait coupé du monde. Cela pourrait amplement faciliter la tâche de ma petite anglaise. Je laissai aussi à mon Eileen une porte de sortie et ce pour notre bonne conscience à tous les deux. Au Diable Amon, si mon Eileen trouve l’opération trop dangereuse elle aura le droit de reculer.

Loin du manque de moralité de certains points du plan, mon Eileen ne voyait que le positif. C’était une de ses plus grandes qualités, elle voyait le positif chez les gens. Elle avait vu celui en moi et nous ne nous étions plus quitté depuis.

-Cela t’aidera, en effet. Il ne faut pas croire qu’il est si naïf, c’est juste un gars paumé.

Mon Eileen me confirma qu’elle arrêtera tout si cela tourne mal, je lui souris approuvant sa prudence. Elle mettra en place plusieurs plans préparant ainsi son approche. Je me reconnaissais dans les dires d’Eileen, si bien que je me reprochai d’elle un petit peu.

-Il semble très sensible en ce qui concerne le passé, ce qui est évident. Il se préoccupe beaucoup de sa fille. Difficile à savoir s’il est violent, il ne l’a pas été en ma présence. Toutefois, c’est lui qui a dévasté la villa Ricci, je l’ai appris en discutant avec lui, donc il semble qu’il soit capable d’une certaine violence. En conclusion, et d’après mes observations, il se peut qu’il soit alcoolique. C’est un homme à fleur de peau.

Je sentais les mains d’Eileen serrer un peu plus les miennes. Je lui avais donné toutes les informations que j’avais pu obtenir d’Evan.

-J’espère en avoir découvert assez pour ne pas te mettre en danger.

Je pinçais les lèvres. J’espérais qu’Evan n’était pas violent. Son attitude avec la caissière me faisait supposer que non, mais sait-on jamais. 

Je voulais que mon Eileen dispose de toutes les informations dont elle avait besoin pour mener à bien la mission qui lui était confiée. Je lui révélais tout ce que je savais sur Evan Kurtz en essayant d’être le plus complet possible. Normalement, Evan ne m’avait pas semblé être une personne violente envers autrui, c’était juste quelqu’un de sensible et de perdu. Mes informations semblaient convenir à ma petite anglaise qui souriait. Elle était confiante mais cela n’enlevait pas le côté dangereux de l’affaire. Si quelque chose arrivait à mon Eileen pendant sa rencontre avec Evan, je ne me le pardonnerais jamais.

Eileen me rassurait par des gestes et des mots encourageant. Elle était une des seules personnes en qui je pouvais avoir entièrement confiance. Mon sourire vint répondre au sien. Mon Eileen croisait les doigts. Il est vrai que la chance allait aussi jouer un rôle dans cette histoire. Nous ne connaissions aucun des deux Evan personnellement ce qui rendait la chose plus compliquée mais je savais que mon Eileen savait parler aux gens et qu’elle était sensible à ce qu’ils pouvaient dégager.

-Je l’espère sincèrement.

Nous saurons très bientôt comment tout cela finira et si nous avions eu raison de tenter pareille mission. Eileen était maintenant embarquée dans un plan concocté par Amon et moi ce qui était nouveau pour moi. Nous avions l’habitude de faire ces choses-là qu’à deux mais c’était différent cette fois.

-Je te donnerai l’adresse du night shop dans lequel j’ai rencontré Evan et je te montrerai aussi une photo de lui quand il était plus jeune. Je ne sais pas si celle-ci pourra t’aider car il a beaucoup changé mais ce sera déjà ça.

Je disposais encore d’anciens exemplaires de Guitar&Pen que je collectionnais lorsque j’étais à l’Université. Certains contiennent des images d’Evan à l’époque où il tournait avec The Army. Le temps et les circonstances avaient, hélas, fait des ravages et Evan n’était plus que l’ombre de lui-même. Je croisais les doigts pour que cela aide toute de même mon Eileen.

Je me penchais vers mon Eileen pour déposer un baiser sur ses lèvres. Ce qu’elle venait d’accepter valait beaucoup pour moi et je ne savais comment remercier ma petite anglaise. Je rouvris les yeux pour les poser sur ma petite anglaise.

-Merci, Eileen.

Nous pourrons, en cas de victoire, savourer à deux cette vengeance envers Ricci.