J’avais retourné le problèmes dans tous les sens… J’avais réfléchi, peser le pour et le contre et, finalement, j’avais pris une décision.

J’étais prêt.

Prêt à probablement compromettre totalement ma mission, prêt à mettre, de ce fait, ma carrière en danger, prêt à, peut-être, me faire tuer au passage… Mais je ne pouvais pas continuer comme ça et faire comme si de rien n’était alors que Riley, qui était toujours vivante, était en train de souffrir entre les mains de Ward Fleming et de ses hommes.

Je ne pouvais pas.

Les Los Diablos, eux, y arrivaient. Alonso avait interdit quiconque de tenter de sauver la fille. Il l’avait qualifié de traitresse qui méritait son sort. Il disait qu’il ne mettra aucun Los Diablos en danger pour sauver un fille qui avait tenté de nous trahir et ça semblait convenir à tout le monde.

Sauf à moi.

Pourquoi ? Sans doute parce que, malgré tout, je m’étais réellement attaché à Riley. Je savais que c’était une des choses que je n’aurais pas dû faire. L’amour et toutes ces conneries n’étaient pas compatibles avec ma mission au sein du gang… Pourtant, j’étais tombé, bien malgré moi, dans ce foutu piège.

Randall l’avait dit… Randall, c’était un de mes supérieurs au FBI… C’était lui qui avait mis son veto pour que je sois formé pour cette mission. Il me trouvait trop jeune, trop fougueux, trop enclin à tomber dans les pièges… Mais mon père avait tiré des ficelles et l’avis de Randall n’a pas été retenu.

Et maintenant j’étais là à être tombé dans l’un de ses fameux piège. Je m’en rendait compte… Mais si je voulais retrouver autant le sommeil que Riley, je devais tenter de la sauver.

Mais j’étai seul… C’était ça qui avait représenté la première difficulté. Je savais qu’aucun Los Diablos ne me suivra là-dedans… Ils étaient bien trop loyaux à Alonso. Et je savais que d’entrer seul dans le QG des New Soldados reviendrait à me suicider… Je pouvais me procurer de bonnes armes… Mais je n’en restait pas moins seul et je n’avais aucune idée de comment était configuré l’intérieur de l’entrepôt.

Non. L’infiltration en force ou même en furtif était à exclure.

Mais il me restait une arme : l’argent.

J’en avais beaucoup. Déjà parce que mon salaire au FBI était loin d’être dérisoire mais, aussi, parce que la famille de mon père était plus qu’aisée et que j’avais hérité d’une partie de cette fortune à la mort de mon grand-père paternel.

Donc, j’avais utilisé cet argent pour obtenir à ma cause un membre des New Soldados. J’avais pris le temps avant de choisir lequel. Il y avait un peu de tout dans les rangs des New Soldados et en tant que Los Diablos, j’avais appris à en connaitre certains. J’avais, donc, ciblé un latino nommé Adriano. Il était assez bien placé dans la hiérarchie des New Soldados parce qu’il était efficace. Mais il n’arrêtait pas de dire à qui voulait bien l’entendre que s’il bossait pour El Lider c’était parce qu’il était bien payé.

Donc, Adriano aimait l’argent. Je lui en avais, donc, proposé beaucoup. Assez pour se barrer de ce « trou à rat » comme il l’appelait. Il projetait de se tirer aux Caraïbes. Ouais… Avec 500 000 dollars, ça devrait le faire… C’était une énorme partie de mes économies mais qu’importe… C’était ce qu’il fallait pour obtenir sa totale fidélité. Au point même où il a accepté de ne pas savoir d’où je tenais toutes ces thunes.

Le plan devint, alors, plus simple. Adriano m’avait certifié qu’il devait s’occuper de surveiller Riley ce matin. Le matin il y avait peu de gens au QG des New Soldados parce que c’était une période « creuse » autant pour les Los Diablos que pour le gang de Fleming. Donc en dehors d’Adriano, il y aurait le frère d’Adriano avec qui il comptait se partager l’argent et deux aryens pour protéger le QG et leur prise. Des aryens dont Adriano disait être fier de se débarrasser.

Et il le fit… Ce matin-là, j’étais en standby non loin du QG a attendre le signale des deux latinos. Signal qui arriva assez vite. Il faut dire que j’avais envoyé pas moins de la moitié de la somme à Adriano peut avant la mission sauvetage.

Adriano déclara que la voix était libre. J’avais quand même un flingue, on ne savait jamais mais le latino me semblait de bonne foi. Et j’en fus convaincu quand je vis, une fois à l’intérieur, le corps des deux aryens…

-On les a eu par surprise.

C’est ce dont se vanta le frère d’Adriano qui semblait fier de son coup.

-Où est Riley ?

Car c’était ça qui était important. Et Adriano m’amena dans un sorte de grand bureau où, à l’intérieur, se trouvait Riley… Elle avait les yeux fermée et était couverte d’ecchymoses. Je me précipitai vers elle vérifiant son pouls. Elle vivait toujours mais sa respiration était faible.

Ils l’avaient bien arrangée…

-Putain, vous lui avez fait quoi ?!

Je lançai ça à Adriano qui haussa des épaules.

-Moi ? Rien… Mais certains s’y donne à cœur joie. Dont El Lider. Pour lui, c’est une traitresse mais ce type est malade. Je l’ai vite compris… Mais bon, il payait bien… Donc…

Il haussa à nouveau des épaules avant de sourire.

-Mais maintenant, je suis plus riche que lui !

Il en était persuadé en tout cas. Il faut dire qu’il pourra s’offrir une nouvelle vie avec son demi-million…

Je commençai à détacher Riley alors qu’Adriano me faisait me presser.

-Dépêche-toi, moi et mon frère on a un avion direction les Caraïbes à prendre… Loin de ce foutu El Lider. Sinon, il va nous tuer.

Je détachai Riley qui était toujours dans le gaz et la portait délicatement. Je la conduisis, ensuite, jusqu’à ma voiture et quittai, là, mon petit duo bien utile.

Puis, je démarrai en trombe direction San Fernando Valley.

Pourquoi là-bas ? Parce que c’était là-bas que se trouvait une de mes planques. Une petite maison où j’avais placés tous mes dossiers utiles à mon infiltration… C’est là, donc, que je déplaçai Riley qui ne s’était pas réveillée du trajet.

Une fois arrivé, je la déposai délicatement dans mon lit. L’endroit était assez bien entretenu et le lit bien plus confortable que ce qu’on avait dans l’Eastside. Je désinfectai, ensuite, doucement ses blessures… C’est tout ce que je pouvais faire… Du reste, j’espérais qu’un peu de repos allait lui permettre d’émerger. En espérant qu’elle se batte pour revenir à la vie. Parce que, dans son état, rien n’était moins sûr…

Et j’attendis… J’attendis assis sur une chaise à fumer et à regarder le tableau devant moi… Celui que j’utilisais pour faire les liens dans mon enquête. On trouvait une photo d’Edward Fleming, d’Alonso Vega, de Finan Quinn et j’en passe… Ça semblait fourni mais, en réalité, je n’étais pas bien avancé dans tout ce bordel sans nom… Je n’avais pas encore pu trouver le moindre fournisseur. Je savais simplement qu’il s’agissait d’une mafia italienne ou l’autre.

Ce n’était pas suffisant.

Mais Riley était vivante. Et, pour l’instant, c’était le principal.

@ Billy Lighter

Il m’était impossible de savoir depuis combien de temps j’étais attachée à se radiateur, tel un chien galeux. Tout ce que je savais, c’est qu’il n’y avait pas une seule partie de mon corps qui ne me faisais pas souffrir. J’avais le yeux bouffis à un point tel que je ne savais à peu près pas les ouvrir. Je n’étais pas médecin mais je savais que j’avais plusieurs côtes de cassées pour ne pas dire qu’elles l’étaient toutes comme mon poignet gauche et mon genou droit. Peut-être même les deux parce que je ne savais plus ramener mes jambes vers moi sans hurler de douleur quoi que même ça je ne savais plus faire. Plus aucun son ne sortait de ma bouche, tout au plus des son ressemblants à des grognements étouffés.

J’avais la gorge sèche et les rare fois où me donnait à boire, le sang séché à l’intérieur de mes joue faisait comme une pâte épaisse et je m’étouffais avec. Ils m’avaient pissé dessus, ça ne faisait pas beaucoup de différence parce que moi aussi, je m’étais pissé dessus puisqu’ils ne me relevaient pas pour m’amener sur la chaudière prévu pour ça. J’étais couverte d’urine, de saleté, de sang, de bouffe qu’on m’avait écrasé sur le visage pour me gaver de force.

Je crois qu’en plus d’avoir perdu la notion du temps, je perdais aussi les sensations. Je savais que ce qu’on me faisait était douloureux mais je souffrais tellement que je n’arrivais plus à souffrir ou je devais être dans un état semi conscient qui faisait que je ne ressentais plus la douleur sauf quand ils espaçaient les séance de torture et que mon corps désengourdissait.

Au travers de l’une de mes paupières semi close, je regardais mon index tracer un « K » sur le sol. Le bout de mon doigt faisait le même trajet, encore et encore, je m’accrochais à ce mouvement en me disant que tant que je savais le faire, il y avait de l’espoir.

Ce matin, parce qu’un homme m’a dit que nous étions le matin, je devais rester tranquille, c’est ce que ce même homme m’avait dit. Je ne devais pas crier, je ne devais pas résister, je ne devais pas me débattre. De toute façon même si j’avais voulu le faire, je n’aurais pu bouger plus que mon index.

Mon front était contre le radiateur quand on me souleva après avoir détaché mes poignets. Je sentis ma chair décoller des cordes comme si elles avaient fusionné avec ma peau. On me transporta, peut-être pour m’enterrer vivante quelque part. Je le souhaitais, j’en souriais intérieurement, je n’étais même pas certaine que ma bouche savait esquisser un mouvement pouvant ressembler à un sourire.

Je compris que j’étais dans un délire profond ou probablement très prêt de rendre mon dernier souffle quand, entre deux « réveil » je vis le visage de Keenan. Mon subconscient ou peu importe ce que c’était, voulait me faire comprendre qu’il était temps pour moi de lâcher prise et de me laisser aller.

Ça prend du temps mourir, il faut croire, parce que je ne crevais pas, c’était pas faute de le souhaiter de tout mon cœur et mon âme !

Je fu dérangé par un rayon de soleil qui me chatouilla le bout du nez. Il me fallu un moment pour me souvenir que je n’étais plus dans le bureau d’El Lider pourvu d’une seule fenêtre depuis laquelle je ne pouvais rien voir qu’un bout de ciel caché par un mur de brique.

Je soulevais lentement la paupière qui me faisait le moins mal, il n’y avait rien à faire de l’autre œil. J’étais allongée dans un lit et je pouvais voir que mon poignet était bandé tout comme j’avais des bandages aux phalanges. Il y avait eu un changement au programme et on ne m’avait pas prévenu ? El Liver pouvait bien avoir demandé à ce qu’on me répare pour pouvoir mieux me démonter. Cette idée m’effrayait mais j’étais trop épuisée pour m’en faire alors je sombrais à nouveau dans un sommeil s’apparentant à un coma puis je me réveillais à nouveau.

Il y avait quelqu’un dans la pièce avec moi. Il veillait sur moi ou me surveillait, je ne savais pas, je n’étais pas certaine que je voulais le savoir. Pourtant, je tentais quand même une question. J’allais peut-être savoir quel stratagème tordu El Lider avait imaginé pour moi.

- T’es qui toi?

@ Billy Lighter

Le corps de Riley était remplis de diverses blessures et je n’avais pu soigner que ce que je voyais. Ses vêtements étaient souillés mais je n’osais pas trop la manipuler pour la mettre plus à l’aise de peur de créer des blessures supplémentaire en la déplaçant. La sortir du QG et l’emmener en voiture avant de la déposer ici avait déjà été assez délicat que pour en rajouter.

Elle avait besoin de repos, avant tout.

En espérait que son corps ne la lâche pas. C’était possible dans ce genre de situation. Quand le corps se sentait un peu plus en sécurité, il finissait par s’éteindre complètement après avoir tenu le coup sous la torture. Tout était dans la tête. Mais je savais que Riley était coriace alors j’espérais qu’elle puisse s’en sortir.

Je ne pouvais qu’attendre, de toute façon.

Et c’est ce que je fis en fumant et en méditant sur tout ce que j’avais fait. L’après tout ça n’allait pas être facile. J’allais devoir bien réfléchir à quel sera mon prochain mouvement. Mais je devais, dans tous les cas, assurer la sécurité de Riley. Ça signifiait qu’elle n’ira plus ni dans l’Eastside, ni à South L.A.. J’hésitais à la cacher dans la jet-set… Ou bien simplement ici… J’hésitais à continuer ma mission… J’avais désobéi à Alonso et il se pouvait que ça se sache très vite ce qui me vaudrait sans doute un grief de la part du chef des Los Diablos…

Je pouvais aussi abandonner ma mission. Ça serait mal vu au FBI mais j’avais le droit de demander ça si je sentais ma vie en danger ou quelque chose du genre. Dans ce cas, ma vie était en danger… J’allais m’attirer les foudre d’Alonso et de Ward… Dans les deux cas, c’était pas bon. Maintenant quand je devrais expliquer le pourquoi du comment à mes supérieurs, je doute que ça passe bien… Mais il y avait de ça de bon que, pour l’instant, je tenais moins à ma carrière qu’à Riley.

Randall a raison… Je suis jeune. Mais c’est comme ça.

C’est la voix faible de Riley qui me sorti de mes pensées. Elle s’était réveillée ce qui fit battre plus vite mon cœur. Je vis m’asseoir, doucement, à côté d’elle, sur le bord du lit alors qu’elle se demandait qui j’étais. Elle était encore un peu dans le gaz alors j’allais devoir la sortir en douceur.

-Keenan…

Je comptais dire la vérité à Riley… Mais il fallait le temps qu’elle émerge pour l’encaisser.

-Je t’ai sorti du QG des New Soldados… Tu es en sécurité. Personne ne te fera de mal ici. J’ai soigné ce que j’arrivais à soigner. Pour le reste, il vaut mieux que tu ne bouges pas trop. Je pense que tes côtes sont brisées. Tes genoux semblent en mauvais état aussi.

Je parlai doucement caressant doucement sa joue.

-Il faudra du temps mais on pourra tout soigner…

Je l’espérais… J’espérais qu’elle n’aurait pas de séquelles physiques. Il faudra déjà gérer les séquelles psychologiques. Ça elle en aura… Elle a été torturé. C’était inévitable.

-Ward ne viendra pas te chercher ici. On est loin de South L.A. et de l’Eastside. Personne ne sait qu’on est ici.

Absolument personne.

@ Billy Lighter

Je devis être morte ou quelque part pas tellement loin de la mort. J’hallucinais Keenan en chevalier m’ayant délivré de mon cachot pour me mettre en sécurité loin de l’infâme El Lider. Il y avait trop d’information dans ce qu’il me murmurait. Trop de détail pour que ce ne soit qu’une hallucination. Je refermais ma paupière et sentit le sillon chaud d’une larme couler sur ma joue.

- Tu n’es pas là. Je suis morte.

Ça ne pouvait pas être réel puis, je ne voulais pas croire que ce le soit. Pourquoi Keenan aurait risqué sa vie pour moi qui ne vaut absolument rien ? Je ne suis qu’une traitresse. Ce mot est imprimé en forme de poing et de bout de botte dans mes côtes, mon dos, mes cuisses et mon visage. On me l’a craché dessus jusqu’à ce qu’il prenne toute la place dans ma tête, qu’il devienne mon identité.

Qui je suis ?

Je suis la traitresse.

Je me sentais tomber dans le vide, comme si je dégringolais une falaise sans fin. Parfois, il arrivait qu’une main se tende vers moi, comme pour me retenir mais ma chute était trop rapide, trop vertigineuse pour qu’on puisse me rattraper, jusqu’à ce que, sans crier gare, la chute prenne fin.

Cela ne se fit pas abruptement comme je l’aurais cru, ça ne fut pas moins douloureux. Mon corps avait cessé de combattre la douleur, comme si l’épais engourdissement dans lequel je me trouvais s’était estompé en un seul coup. J’eu la nausée mais n’ayant plus rien depuis longtemps dans l’estomac, je ne fis que cracher des sons horribles tout en me tordant de douleur.

Pourquoi n’étais-je pas morte ?

Pourquoi devais-je souffrir encore ?

N’avais-je pas assez souffert que pour enfin avoir gagné mon ciel ou mon enfer ?

Keenan était près de moi, je ne rêvais pas. Je ne reconnaissais pas l’endroit où nous étions ce qui signifiait qu’il m’avait vraiment sorti de l’Eastside et de South L.A.

- T’es vraiment con. Pourquoi avoir tout risqué pour moi, j’en vaut vraiment pas la peine.

Alonso allait lui dégoupiller la tête quand il apprendrait ce qu’il avait fait. J’était certaine à deux cents pour cent qu’il avait donner l’ordre de ne pas lever le moindre doigt pour me sortir des New Soldados, il avait été assez clair quand nous étions encore à revisiter le plan, que si ça devait merder, il n’y aurait pas de retour en arrière.

J’ouvris les yeux, les deux cette fois. Mon œil droit était encore bien amoché, j’y voyais brouille mais ma paupière avait suivi le mouvement de l’autre ce qui était peut-être bon signe. Je ne fis pas l’effort de bouger dans le lit puisque le simple fait de respirer était atrocement souffrant, que je ne sentais pas quem es jambes voulaient coopérer et que je me sentais poisseuse, comme si les fringues que je portais était fusionnées à mon corps et l’odeur… je préfère ne pas la décrire. Ma vision d’habitua à l’éclairage dans la pièce, il n’y avait que mes yeux qui bougeaient, lentement, analysant l’endroit puis, je fus accroché par ce que je voyais sur le mur devant le lit.

- C’est quoi ça ?

Je n’étais pas certaine que je comprenais ou plutôt, j’avais peur de trop bien comprendre ce que je voyais.

@ Billy Lighter

Riley émergeait et, rapidement, elle cherchait à savoir qui j’étais. Quand je déclarai être Keenan, elle ne semblait pas y croire. Ses larmes coulaient alors qu’elle disait que je n’étais pas là… Qu’elle était simplement morte. Vu dans quelle conditions je l’avais retrouvé, ce n’est pas étonnant qu’elle pensait ça.

-Non… Tu n’es pas morte. Et je suis bien là…

Je parlais doucement. Riley devait prendre le temps de reprendre tous ses esprits ce qui, dans son état, n’était pas évident.

J’avais expliqué doucement qu’elle était en sécurité. Ward Fleming n’a aucune idée d’où nous sommes. C’était un fait certain. Alors je savais que Riley aura largement le temps de souffler ici et de s’y construire une nouvelle vie. Parce que, son ancienne vie, elle allait devoir faire une croix dessus. Elle ne pouvait pas se pointer dans l’Eastside ou à South L.A. sans risquer de retomber entre les mains de Fleming. Ou même des Los Diablos… Parce que, de leur point de vue, Riley n’avait aucune importance.

Mais chaque chose en son temps…

Elle souffrait toujours et semblait être sur le point de vomir mais rien ne sortait. Je la fixai sans savoir quoi faire pour apaiser sa douleur.

Elle lança alors que j’étais con. Que j’avais tout risqué pour elle. Qu’elle n’en valait pas la peine. Je n’étais pas d’accord avec ça. Chaque vie a une importance. Puis, je m’étais attaché à Riley et il m’avait été inconcevable de la laisser entre les mains de son bourreau.

-Parce que je t’aime… Voilà pourquoi. Et je ne pense pas que ça soit si con. Ta vie vaut quelque chose. Elle vaut déjà plus que celle de Fleming.

Bien plus. Fleming n’était qu’un serial killer comme l’était son père… Sa vie ne vaut pas grand-chose. Elle ne sert qu’à détruire celle des autres.

Riley ouvrit alors un peu plus les yeux. L’un de ses yeux était trop tuméfié que pour s’ouvrir comme il faut mais elle semblait retrouver doucement ses sens.

Et elle finit par voir tout ce que j’avais accroché dans la pièce qui me servait du bureau et de chambre tout à la fois. Je fixai le mur qu’elle fixait alors que Riley se questionna. Mon but n’était pas de lui mentir. Au contraire. Peut-être que c’était inconscient que de lui dire mais je ne voyais pas d’autres solutions.

-Ça, c’est un résumés des éléments récolté durant ma mission… Celle que je fais au sein des Los Diablos…

Je soupirai.

-Je ne suis pas Keenan O’Connor… Mais Zeke Sullivan. Je suis un agent du FBI…

Je parlais calmement… Presque avec nonchalance même.

-Je suis infiltré chez les Los Diablos pour éradiquer toute l’organisation. Aujourd’hui, je suis sortis de mon rôle pour te sauver parce que tu comptes pour moi… Tout simplement. Le FBI n’appréciera pas… Mais ça m’importe peu à ce stade…

Je fixai toujours droit devant moi avant de reposer mon regard sur Riley.

-Je ne pouvais rien te dire… J’espère que tu comprends…

Je lui laissais encaisser la nouvelle…

@ Billy Lighter

Keenan était là. Pour moi, c’était un signe évident que j’étais morte ou sur le point de trépasser. Ça ressemblait à un dernier délire, quand la vie qui ne tient qu’à un fil s’efforce de montrer ce qui nous a vraiment tenue à cœur pendant notre existence soit pour tourner le fer dans la plaie, soit pour essayer de nous faire tenir bon.

Je n’avais plus envie de tenir bon !

Je voulais mourir pour en finir une bonne fois pour toute avec cette existence de merde ! Il n’y avait tristement rien pour moi ici-bas. J’avais tenté de faire quelque chose et ça n’avait donner absolument rien de bon ! Puis, si je me fiais à combien mon corps était arrangé, je n’allais pas m’en sortir sans en conserver de surprises. Je ne voulais pas aller là, je ne voulais pas que ma vie déjà minable devienne encore plus pénible.

Je passais d’un état de semi-conscience à de courtes périodes d’éveil.

C’est pendant l’une d’elle que je réalisais que Keenan était bien là, qu’il avait risqué sa vie pour me sortir du QG des New Soldados. Je le traitais de con, il fallait l’être pour prendre un risque aussi stupide ! Il se défendit en disant qu’il l’avait fait parce qu’il m’aimait et que ma vie valait quelque chose.

- Avoir plus de souffle, j’argumenterais là-dessus, O’Connor !

Mais chaque mot sortant de ma bouche me faisait souffrir autant que si on me recassait les côtes une à une en y allant lentement, comme pour rendre l’expérience encore plus sadique.  

Je me forçais à ouvrir les yeux, je voulais voir ce qu’il y avait autour de moi. Mon cou ne tournait pas comme je l’aurais voulu mais mon regard fut tout de même sur ce qu’il y avait d’affiché sur le mur devant moi.

- Ta mission ?

Mon cœur, s’il en avait eu la force, se serait emballé et si j’avais pu bondir hors du lit pour fuir, je l’aurais fait ! Celui que je pensais être mon petit ami n’était pas celui qu’il prétendait être. Il était agent pour le FBI, il ne se nommait même pas Keenan.

J’entendais tout ce qu’il me disait mais ça ne faisait aucun sens ! Nous n’étions pas dans un putain de film mais dans la réalité ! Ça ne pouvait pas être vrai, c’était tiré par les cheveux, c’était trop gros…

Trop tout.

- Arrête !

Il y avait trop d’information en même temps, trop pour que mon cerveau embrumé puisse les imprégner et les analyser. Ça ne faisait pas de sens ! Je l’avais vu dealer, il savait que j’avais tué Jennifer, peut-être pas dans sa version original mais il en savait trop pour être quand même amoureux de moi et avoir eu envie de me sauver !

Ou alors, il l’avait fait pour son propre intérêt, parce qu’il savait que j’avais été dans les deux gangs et que je représentais, vivante, une mine d’or d’informations pour son enquête. Mais ça, c’était s’il ne sortait pas d’un autre gang qui voulait faire tomber les deux autres. Avec ce qu’il venait de me dire, tout était possible !

- Montre ta plaque.

@ Billy Lighter

Riley avait toujours eu une piètre opinion d’elle et ça depuis la première fois que je l’ai rencontré. Elle fait semblant qu’elle est confiante en se donnant un genre mais il suffisait de creuser un peu pour se rendre compte que ce n’est qu’une illusion.

Et, aujourd’hui, elle ne pensait pas valoir la peine que je risque quoi que ce soit pour elle. Elle pensait qu’elle était une moins que rien que ne méritait que de crever dans ce foutu QG où je l’avais récupérer…

Riley n’était peut-être pas un exemple mais c’était un être humain qui méritait, donc, de vivre. Contrairement à Fleming qui, lui, ne méritait pas d’être qualifié d’humain. Puis, je l’aimais… Je m’en étais rendu compte au fur et à mesure du temps et je n’avais rien pu faire contre ce sentiment. C’est ce que j’expliquai bien que Riley disait que si elle avait eu plus de souffle, elle aurait argumenter pour contredire ce que je disais.

J’esquissai un sourire.

-Alors on aurait débattu longtemps et tu n’aurais pas eu facile d’avoir le dernier mot.

Mais elle n’avait pas la force d’argumenter. En réalité, elle avait à peine la force d’ouvrir entièrement les yeux pour voir l’étendue de mes recherches sur le mur.

Je fixai le mur sachant que je n’avais pas d’autre issue que de lui dire la vérité. De toute façon, je comptais le faire… Je l’avais emmené jusqu’ici, donc, je devais jouer franc jeu.

Et je le fis en révélant ma véritable identité et en affirmant que j’étais un agent du FBI infiltré.

Elle percutait mais difficilement. Ce n’était pas étonnant… Ce n’était pas simple à encaisser comme nouvelle.

-Oui. J’étais en mission chez les Los Diablos.

Elle ne dit rien et je poursuivis jusqu’à-ce qu’elle me dise d’arrêter sûrement parce qu’il y avait déjà beaucoup à assimiler. Alors, je me tus…

Après un silence elle demanda à voir ma plaque. Je comprenais qu’elle veuille une confirmation. Après tout ce qu’elle avait vécu, je ne pouvais pas vraiment lui en vouloir d’être méfiante.

Alors, je me levai pour écraser ma cigarette dans un cendrier avant de sortir ma plaque du FBI d’un tiroir. Je la lui tendis pour qu’elle puise la voir.

-Tu vois… Zeke Sullivan… Je ne viens pas de New York mais de Quantico… Enfin, j’ai grandis à L.A. mais j’ai déménagé à Quantico quand j’avais 9 ans…

Autant dire que je n’avais très peu de souvenir du L.A. de l’époque.

-Je suis agent depuis peu… C’est ma toute première mission. Je me débrouillais bien. Je commençais à rassembler des informations.

Je montrai le mur du doigt.

-Mais je me suis attaché à toi, malgré tout… Alors quand tu as été enlevée, je n’ai pas pu faire autrement que d’agir.

Quitte à compromette toute ma mission.

-Si tu te pose la question, non, tu ne risques pas d’aller en prison. Le but de ma mission n’est pas d’enfermer des prostituée ou des dealers mais d’avoir les chefs et les fournisseurs. Donc, le haut de la hiérarchie.

Et enfermer les petits poissons avant les gros ne faisait que rendre les gros plus méfiants. Je soupirai.

-De toute façon, ça n’a plus d’importance…

@ Billy Lighter

Keenan m’avait sorti de mon enfer par amour et parce que selon lui, ma vie valait bien quelque chose. Avoir eu la force d’argumenter, nous aurions pu débattre longtemps là-dessus. C’était un truc que nous faisions souvent, d’ailleurs. Débattre sur un tas e truc sans réel importance, juste pour le plaisir d’avoir le dernier mot. Et là encore, il disait qu’il ne m’aurait pas cédé le dernier mot facilement.

Il m’était difficile de savoir ce qui me faisait le plus de bien là-dedans. Le fait de savoir qu’il m’aimait lui aussi ou bien qu’il ait risqué sa vie pour sauver la mienne. C’était probablement un amalgame des deux bien que je le traitais de con d’avoir prit un si gros risque pour moi.

Là où nous étions n’avait rien à voir avec notre appartement. Ce n’était pas comparable à la maison de ma sœur mais on ne risquait pas une septicémie en marchant pieds nues sur le sol de la chambre. Ce qui arrocha mon regard fut les photos arrochés sur le mur. Il y avait celle de Finan, de Ward, d’Alonso, de Carlos, de quelques autres aussi dont je ne me souvenais plus les noms mais dont je me souvenais d’avoir croisé.

J’avais peur de comprendre.

Keenan me confirma mes pensées en avouant être un flic infiltré chez les Los Diablos, qu’il ne s’appelait même pas Keenan mais Zeke Sullivan et qu’il ne venait pas de New York, bref ! Moi qui me pensais être la plus grosse mytho de Los Angeles, voilà que j’avais un solide compétiteur !

Je voulais voir sa plaque, comme si j’avais besoin d’une preuve matériel pour le croire, parce que je ne voulais pas le croire ! Je ne voulais pas que tout ce qu’il me disait soit vrai, c’était beaucoup trop gros à encaisser et ça voulait aussi dire que les sentiments que nous ressentions l’un pour l’autre ne pourraient jamais évoluer. Un flic du FBI ne pourrait pas se mettre en couple avec une prostitué de l’Eastside qui a sa tête mise à prix pas non pas un mais bien deux gangs.

Keenan… Ou plutôt Zeke me racontait qu’il en était à sa toute première mission qu’il se débrouillait bien mais qu’il m’avait rencontré et que ce qui m’était arrivé l’avait forcé à me secourir.

- Super, j’ai aussi ruiné ta carrière. J’ai beaucoup de talent pour ruiner la vie des gens.

Puis je pensais à tout ce que j’avais fait pour les Los Diablos dont Zeke était au courant et pas que. J’avais aussi parlé de Jennifer en disant avoir été forcée de la tuer sous ordre d’El Lider.  Zeke répondit avant même que je ne pose la question, il n’était pas prévu que je me retrouve en prison.

- Pourquoi que les Los Diablos alors que les New Soldaods sont bien plus irritant et qu’en plus je peux te donner tous les fournisseurs et tu connais la tête…

Mais il disait que ça n’avait plus d’importance, son enquête sans doute. Je haussais des épaules et la douleur me rappela que je ne pouvais pas faire ça.

- Ça n’a plus d’importance… si tu le dis.

J’y croyais pas à ça. Je me doutais qu’il ne baisserait pas les bras si facilement surtout qu’en ce moment, Ward Fleming allait possiblement perdre la tête et se faire furie. Les Los Diablos venaient d’essayer de l’assassiner, il le laisserait pas passer ça sans répliquer et mon petit doigt, celui qui n’était pas cassé, me disait que sa vengeance allait être terrible.

Je pris un air blasé parce que je ne voulais pas montrer qu’en dedans, je crevais de trouille.

- J’aimerais changer de vêtement et peut-être même me laver. C’est possible ?

Je ne saurais rien faire de ça par moi-même mais l’odeur émanant de mes fringues était immonde ! Keenan ne la sentait peut-être pas mais moi, elle me poignait à la gorge !

@ Billy Lighter

J’avais dit toute la vérité à Riley… Je ne voyais plus trop bien l’intérêt de mentir. De toute façon, son implication au sein des New Soldados et des Los Diablos était terminée…

Il lui fallut le temps d’assimiler et j’avais dû lui montrer ma carte afin qu’elle puisse se rendre bien compte que je n’étais pas en train de tout inventer. Riley avait la méfiance d’un animal blessé ce qui pouvait se comprendre avec ce qu’elle venait de vivre ces derniers jours.

Je parlais doucement expliquant que j’étais en mission mais que je m’étais éloigné de cette route pour venir la sortir de son mauvais pas… Du coup, elle se sentit coupable de la tournure qu’allait prendre ma carrière. Comme si tout était sa faute. Non. J’hochai négativement de la tête.

-Ma carrière n’est pas encore ruinée… Mais même si ça arrive, ça sera ma faute. Tous mes choix, je les ais fait en réfléchissant à ce que ça pourrait avoir comme conséquence. J’ai choisi de venir te sauver. J’assume. Ce n’est pas ta faute.

J’expliquai que Riley ne risquait rien vis-à-vis de mon enquête et de la police. Le but de l’enquête était de prendre les gros poissons pas ceux en bas de l’échelle. Elle se demanda alors pourquoi j’enquêtais sur les Los Diablos et pas les New Soldados qui, d’après elle, était plus irritant. Je la fixai.

-Parce que ma mission était les Los Diablos… C’était prévu ainsi. Je devais identifier les leader et les fournisseurs. Si je commençais à poser des questions sur les New Soldados aussi, ça risquait de devenir suspect. Dans le milieu, les gens n’aiment pas trop les questions. Or, en montant les échelons des Los Diablos, j’aurais pu avoir les réponses sans poser les questions. C’est le principe d’une mission d’infiltration… Je ne pouvais pas monter deux chevaux en même temps…

Je marquai une pause avant de reprendre.

-Les New Soldados sont plus violent… Mais de ce que j’en sais, ils sont beaucoup moins stables que les Los Diablos… Si Fleming meurt, pas sûr que le gang y survive… Les membres ne sont pas assez soudés. Les Los Diablos, ils sont unis et organisés.

Je ne voyais pas le gang de mon cousin faire long feu… Alors que les Los Diablos étaient dans le paysage depuis des décennies.

Mais je disais que ça n’avait plus d’importance… Riley haussa les épaules avant de demander à se laver et changer de vêtements.

-Oui. Je vais te faire couler un bain.

Je me levai pour aller dans la salle de bain et commencer à faire couler le bain. Je vins, ensuite, près de Riley armé d’un ciseau.

-Je vais découper pour ne pas que tu ais à trop bouger… Tes côtes sont cassées alors il faut éviter de faire trop de mouvement.

Je découpai, donc, délicatement ses vêtements pour aider à ce qu’elle puisse les enlever. Une fois qu’elle fut nue, je la portai doucement vers la salle de bain. Je l’aidai à prendre place dans la baignoire pour qu’elle puisse profiter de l’eau chaud.

Je restai à côté d’elle assis à terre pour l’aider au cas où.

-Il t’a arrangé… Ce qui m’étonne, c’est qu’il t’a laissé en vie… Il voulait faire quoi de toi, ce cinglé ?

La torturer à mort ? De l’extérieur, ça ressemblait à ça.

@ Billy Lighter

Je n’aimais pas du tout découvrir que Keenan n’était pas qui il avait prétendu être. Je sais que niveau honnêteté, je n’avais pas de leçon à donner à personne mais ça m’égratignait quand même. Peut-être était-ce l’idée de m’être fait bluffer par un flic. Ce qu’il y avait de réconfortant, c’était qu’au moins, nous étions un paquet à s’être fait avoir par Zeke.

Il m’expliqua avoir mis en péril sa mission pour venir me sauver et ça me fit ironiser sur la situation, à croire que je n’étais doué que pour pourrir l’existence des gens.

- Elle n’est pas encore ruinée mais quand ils sauront que tu as tout risqué pour une pute qui a trahit les deux gangs, ils vont pas te décerner la plaque de l’infiltré de l’année !

Qu’il assume ou non ses choix, ça avait été stupide de sa part.

Je ne comprenais pas pourquoi il enquêtait sur les Los Diablos puisque ce gang était assez tranquille. Je voulais dire par-là qu’ils ne créaient pas vraiment d’ennuis sauf pour la vente de drogue alors que les New Soldados eux étaient de véritables chiens fous lâcher en liberté dans South L.A. et l’Eastside.

- Fleming ne mourra pas. Il est intuable, l’enfoiré !

Il n’était pas tombé dans notre piège alors qu’il n’y avait aucune raison que cela rate. Il était toujours en vie et plus en colère que jamais ! Le FBI faisait donc fausse route en voulant identifier les fournisseurs des Los Diablos mais s’ils aimaient perdre de leur argent, de leur temps et de leurs hommes en enquêtant sur une rivière tranquille, c’était leur choix ! C’était pas moi qui allait leur dire quoi faire et comment le faire.

J’en avais marre de cette conversation qui me faisait comprendre que l’espoir auquel je m’étais accrocher pendant ma courte captivité entre les mains de Ward, était voué à l’échec. Il n’y avait pas d’avenir pour Zeke et moi. C’était de Keenan dont j’étais tombé amoureuse. Pas d’un flic en mission.

Je lui demandais de m’aider à me laver parce que je ne pouvais plus sentir mes fringues poisseuses recouvertes de sang, de poussière et imbibé d’urine. Je savais que de me déplacer dans une baignoire me ferait souffrir mais je savais aussi que ma convalescence irait mieux si j’étais propre.

Keenan, ou plutôt Zeke accepta de me faire couler un bain puis il découpa mes vêtements pour me les retirer. C’était ce qu’il y avait de moins douloureux pour moi et de toute façon, même si nous les lavions, jamais l’odeur ne partirait vraiment. L’odeur de la peur, ça reste imprégné pour toujours et à jamais.

Quand je fus nue, Zeke me porta jusque dans le bain et resta près de moi. Je ne savais qu’allonger mes bras pour faire bouger l’eau, le reste de mon corps était trop amoché pour coopérer et je ne saurais pas relever mon torse pour me laver correctement à cause de mes côtes cassées. Cependant, le simple fait d’être dans l’eau chaude me fit un bien fou !

- Il ne savait pas quoi faire de moi. Il savait qu’il pouvait me manipuler comme il voulait alors je n’étais peut-être pas inutile.

Ward voulait me garder en vie parce qu’il savait que j’aurais fait n’importe quoi pour sauver ma peau. J’avais même proposé de tuer Howard Stone pour lui prouver ma loyauté. Je ne l’aurais pas fait… J’aurais essayé de tirer Ward à la toute dernière seconde ou je me serais peut-être suicidé si ça m’avait permis de ne pas rester prise entre ses griffes.

- Et toi ? Qui est-ce qui t’a dit pour moi ?

Probablement Carlos, j’en mettrais ma main à couper que c’était ce sale trou du cul mais je voulais entendre Zeke me dire comment il l’avait appris.

@ Billy Lighter

Riley disait que ma carrière n’était pas encore ruinée mais que quand ils sauront ce que j’ai fait, ils ne seront pas forcément content. J’haussai des épaules.

-Non, c’est sûr que ça ne leur plaira pas. Mais au FBI, ce n’est pas comme dans un gang… Je ne risque que d’être recasé à un poste moins attractif…

Je n’avais pas peur pour ma carrière, très sincèrement. Agent du FBI, j’aimais faire ça… Mais je n’allais pas pleurer si sauver quelqu’un me valait une remontrance. Je préférais ça et savoir Riley en vie que de réussir ma mission et de la savoir morte. Même si Riley elle-même semblait trouver ça stupide.

Je m’en fichais. Moi, je ne trouvais pas ça stupide.

Elle se demandait pourquoi j’enquêtais sur les Los Diablos et pas sur les New Soldados… Déjà pour la simple et bonne raison qu’un simple agent novice ne choisit pas ses missions… Et, ensuite, parce que l’un comme l’autre, ce sont des gangs… Même si j’entendais bien, dans le discours de Riley, que les Los Diablos était un gang « tranquille ». Les New Soldados ont fait des morts… Mais c’est le cas aussi des Los Diablos. Avant l’arrivée des New Soldados, il y avait déjà de l’insécurité à L.A. et les Los Diablos en était en partie responsable.

Ils se valent… Point barre. On ne hiérarchise pas la merde.

Quant à Fleming, il finira par mourir… Même si Riley le pensait intuable.

-Personne n’est intuable, Riley. Et si personne ne le tue, il finira par se faire prendre… Comme son père. C’est ce qui lui pend au nez.

Très sincèrement, je ne voyais pas un type comme Fleming vivre très longtemps… Pas avec la vie qu’il menait.

-Il est malin. Il fait peur. Mais il n’est pas sans faille.

Il n’appréciera sans doute pas que j’aie récupéré Riley… Mais plus un homme est en colère, plus il risque d’être impulsif et de commettre des erreurs. Peut-être que Fleming ira trop loin et se fera prendre. Qui sait ?

Quoi qu’il en soit, j’étais libéré d’un poids en révélant à Riley ce pourquoi j’étais Los Diablos. Je l’aimais toujours mais je n’avais aucune idée de si c’était encore réciproque… Enfin, si on considérait que ça l’avait déjà été, réciproque, un jour…

Je l’espérais…

Mais si je voulais vivre quelque chose avec elle, je devais jouer franc jeu… Je n’avais pas le choix.

Il était difficile de dire ce qu’elle en pensait… Elle semblait d’abord vouloir se mettre à l’aise, ce que je pouvais comprendre. Alors, je l’aidai à enlever ses vêtements avant de la porter jusqu’à la baignoire que j’avais remplie d’eau chaude.

Je restai à ses côtés la questionnant sur ce que voulait faire mon cousin d’elle… Mais, apparemment, Fleming ne savait qu’en faire… Ou alors, il ne lui a pas dit clairement.

-Il ne t’a pas tué… C’est sans doute qu’il voulait t’utiliser. Ou te faire souffrir…

Je soupirai. Difficile de se mettre dans la tête d’un cinglé comme Ward.

Ce fut à elle de me questionné sur le comment j’avais été mis au courant de ce qu’il lui était arrivé. J’étais assis à côté de la baignoire à regarder vers Riley.

-Carlos… Quand il est rentré de la mission, il m’a tout raconté. Je lui ai foutu un jetons… Il avait l’air de n’en avoir rien n’à faire de toi. Il te traitait de traitresse… Alonso et lui pensaient que tu avais essayé de les trahir à la dernière seconde.

J’haussai des épaules.

-Les Los Diablos ont reçu l’ordre de ne pas venir te chercher. Finan a été viré définitivement. Je ne l’ai plus revu depuis. Mais moi, j’ai fait un plan et je suis venu te chercher. Pour ça, j’ai payé des New Soldados. Bref, si Alonso l’apprends, je serais viré aussi…

J’haussai les épaules.

-Si ça arrive, je demanderais mon exfiltration… Ou je la gèrerais moi-même. Je ne suis pas en manque de ressource mais…

Je la fixai.

-C’est ta vie qu’il faut reconstruire, Riley… Tu es libre… Je ferais en sorte que tu le sois. Et…

Mes lèvres se pincèrent.

-J’aimerais t’aider à ça…

J’en avais les capacités…

@ Billy Lighter

Zeke et moi avions plusieurs divergences d’opinion mais ça, c’était l’histoire de notre couple si pour autant ce que nous vivions faisait de nous un couple. D’abord, je trouvais son geste téméraire stupide bien qu’héroïque. En plus de risquer la mort pour me sauve, il risquait de perdre son poste comme agent d’infiltration pour le FBI. J’avais encore bien du mal à accepter la réelle identité de Keenan, je doutais d’ailleurs être capable de m’y faire.

Ensuite, je trouvais que d’enquêter sur les Los Diablos était une perte de temps, que le véritable serpent était les New Soldados et que tant que sa tête se trouvait El Lider, la guerre allait continuer de sévir. Ce foutue connard de Fleming était intuable, c’était pas faute d’avoir essayé ! Zeke m’expliqua que sa mission ne concernait pas les New Soldados mais les Los Diablos et ci et ça et, bref ! EN avoir eu la force, j’aurais hurlé ! Je me serais insurgée ! J’avais des tonnes d’informations sur Ward Fleming, assez pour le faire mettre sur la chaise électrique, et moi aussi par la même occasion mais si je pouvais mettre un terme à son régime de terreur en me sacrifiant, j’allais le faire !

Je n’avais strictement rien à perdre, alors pourquoi je ne le ferais pas ?

Je ne le ferais pas parce qu’il n’y avait personne pour m’écouter ! Personne ne voulait m’entendre, parce que personne ne s’intéressait à ce cas-là ! Aussi simple et ridicule que ça !

- Il est malin, il fait peur, sa faille c’est moi mais personne ne veut m’entendre. Je suppose que je vais emporter tout ça avec moi dans ma tombe.

Je demandais à Zeke de m’aider à me laver. Si je voulais récupérer, ne plus être couvertes d’urine, de sang et de je ne savais pas quoi était un bon début et une fois propre, nous pourrions évaluer l’ampleur des dégâts. Cela ne fut pas simple, Zeke avait dû découper mes vêtements pour me les retirer puis il m’avait porté jusque dans la baignoire et même s’il avait fait très attention, le transfert avait été douloureux.

Une fois dans l’eau cependant, je me sentis déjà un peu mieux. C’était un euphémisme parce que j’avais plusieurs fractures, des plaies infectées et que l’eau de la baignoire devînt brouillonne alors que je venais à peine de m’y tremper le cul mais c’était déjà mieux.

- Il va falloir changer l’eau quelques fois j’crois !

Jamais de ma vie je n’avais été autant sale !

De mon bras le moins endoloris, je pris l’éponge et la pressais sur mon crâne pour faire couler de l’eau dans mes cheveux et sur mon visage. Ça faisait tant de bien que de sentir l’eau sur ma peau ! J’allais rester dans cette baignoire tout le temps de ma convalescence !

Zeke était curieux de savoir pourquoi Ward ne m’avait pas tué, si j’avais une idée de ce qu’il avait l’intention de faire avec moi. C’était difficile de répondre puisque je ne savais pas jusqu’à quel point je pouvais me confier à Zeke. Est-ce que je parlais à mon petit ami Keenan ou à l’agent du FBI Zeke… parce que pour moi, il ne s’agissait pas de la même personne. À Keenan, j’aurais dit que pour sauver ma peau, j’avais proposé de tuer Howard Stone qui avait été torturé par Ward ou bien de faire du mal à la femme de l’inspecteur de police Keller. Mais à Zeke, je répondis simplement que Ward avait dit ne pas savoir quoi faire de moi parce que je représentais pour lui, un pion parfaitement manipulable.

- Ou les deux. Plus j’allais souffrir, plus il savait qu’il ferait de moi ce qu’il voudrait ensuite.

N’importe qui en viendrait à vendre son âme au diable pour tenter de survivre. C’était humain après tout, non ?

Puis ce fut à moi de poser des questions. Je voulais savoir comment il avait appris ce qui m’était arrivé. Je savais que ça ne devait pas venir de Quinn à moins qu’ils se soient croisés par hasard et mon petit doigt, celui qui n’était pas cassé, me laissait croire que Carlos avait dû être content de lui dire ce qu’il était advenu de moi.

Et j’avais visé dans le mile ! Ça me donnait la rage mais d’entendre Zeke dire qu’il avait foutu son poing dans le visage de Carlos me fit sourire. Il avait eu la satisfaction de faire ce que je rêvais moi-même de faire.

- C’est vrai. J’ai tenté de prévenir Ward à la dernière seconde parce que j’ai vite compris que le plan allait merder. J’ai voulu sauver ma peau mais en criant à Ward de faire gaffe, j’ai espéré que Finan allait avoir le temps de se sauver le cul lui-même. Un Los Diablos a tiré beaucoup trop en avance… j’sais pas pourquoi… Carlos lui aurait dit de le faire pour que je me prenne une balle à la place de Ward que je ne serais pas surprise.

Zeke m’expliqua ensuite comment il avait fait pour me secourir et je l’écoutais sans vraiment de réaction. De toute ma vie, personne n’avait fait autant pou moi, sauf peut-être Bailey mais je continuais de croire que ma sœur l’avait fait que pour avoir l’air encore plus de la Sainte dans l’histoire. Je compris ensuite qu’il était toujours un Los Diablos mais qu’il risquait de se faire virer si Alonso apprenait ce qu’il avait fait pour moi mais au lieu de s’en inquiéter, il relativisa la situation en disant que si c’était le cas, il demanderait qu’on lui retire la mission mais qu’un ou l’autre, il me maquait pas de ressource.

- Tu ne seras pas viré ! Tu seras tué, t’es con ou quoi ? Tu as désobéi aux ordre, tu n’es pas Quinn pour avoir le cul béni, Keenan… Zeke ! Fait chier, je sais pas comment t’appeler !

Selon Zeke, j’étais libre ou tout du moins, il ferait en sorte que je le sois pour que je puisse reconstruire ma vie. Ça sonnait étrangement comme ce qu’avait proposé Quinn quand il m’avait suggéré de quitter la ville et j’avais refusé…

- Quinn m’a fait cet offre aussi mais je l’ai refusé. Je ne voulais pas être séparé de toi.

Je tournais tant bien que mal ma tête pour regarder Zeke qui voulait m’aider à me reconstruire. Est-ce que je devais comprendre qu’il tenait à moi autant que je tenais à lui ? Oui, il avait risqué sa vie pour me sortir du QG des New Soldados et ça devait suffire à ce que je reconnaisse la sincérité de ses sentiments pour moi mais mon vécu sentimental avait été plus que malmené ces derniers mois ce qui me faisait avoir bien du mal à voir les évidences.

- Accroche toi mon bel agent, on a du travail devant nous !

@ Billy Lighter

Riley était révolté… Révolté d’avoir un tas d’informations sur Ward mais personne pour l’entendre. Elle semblait prête à parler. Prête à faire tomber Ward. Prête à se sacrifier pour obtenir la fin du psychopathe.

C’était courageux. Je la fixai.

-Tu risques d’y rester… Mais chaque chose en son temps. On y réfléchira. Mais avant il faut te retaper.

Il fallait tout évaluer. Les risques contre le bénéfice. Riley pensait que sa vie était inutile mais elle comptait pour moi. Alors, il allait falloir réfléchir. Parce que s’il n’y avait que Riley qui l’ouvrait, il y avait des risques que ça ne soit pas suffisant, hélas… C’était à voir. A calculer. A réfléchir.

Mais avant, je voulais qu’elle aille mieux et qu’elle puisse se reconstruire. Et ça commençait par un bain. Je lui en avais coulé un avant de l’aider à entrer dans la baignoire. J’espérais que ça lui fera du bien. Elle déclara quand même qu’il faudra changer l’eau plusieurs fois.

-Alors on fera ça. On a tout le temps.

Elle commença à se laver alors que je la questionnai sur les intentions de Ward à son égard mais Riley n’en savait rien. Elle n’avait que des suppositions. Moi, je me disais qu’il voulait soit l’utiliser, soit la faire souffrir. Elle, elle était sûre que c’était le deux. Je soupirai avant qu’elle ne me pose, elle, des questions sur le comment j’avais été mis au courant de son sort.

Carlos… C’est ce que je dis avant d’expliquer que les Los Diablos pensaient bien qu’elle avait essayé de les trahir.

Elle confirma ce fait. Je la fixai écoutant son explication. Elle était sûr que le plan allait merder… Elle blâmait Carlos pour avoir fait capoté le plan.

-Je ne sais pas… Je ne crois pas que Carlos aurait mis en danger sa vie pour te voir mourir. Il tient trop à son cul pour ça… Mais rien n’est impossible.

Mais ça n’avait plus vraiment d’importance. Les Los Diablos était derrière elle.

J’expliqua, ensuite, comme je l’avais secouru… Je déclarai que cet acte marquait sûrement le fait que j’allais être viré mais Riley était plus pessimiste. Je fis la moue.

-Tu as peut-être raison… Mais les Los Diablos manquent d’effectif et Alonso n’est pas comme Fleming. Je ne pense pas que je me ferais tuer pour avoir sauvé la fille que j’aime.

C’était à voir… Et si je jugeais l’action trop dangereuse, je pourrais de toute façon me faire exfiltrer.

Et, en attendant, elle,  elle était libre. C’est ce que je dis. Elle pouvait reconstruire sa vie loin de tout ça. Elle déclara que Quinn lui avait fait la même offre mais qu’elle n’avait pas voulu se séparer de moi…

Donc, sans moi, elle aurait accepté et Fleming n’aurait jamais su la torturer. Je baissai les yeux soupirant avant de relever la tête.

-Sauf que, dans ma proposition, il y a moi dans le package. Je ne te laisserais pas seule.

C’était la différence avec ce qu’avait proposé Finan Quinn.

J’allais l’aider à la reconstruire.

Elle me dit alors de m’accrocher parce qu’il y avait du travail.

J’esquissai un petit sourire.

-Ça tombe bien, je n’ai pas peur du travail.

Je la fixai et me penchai pour poser un léger baiser sur ses lèvres.

-On y arrivera.

Il fallait qu’on y arrive.

@ Billy Lighter