-On y est presque… On prend juste les bagages…

C’est ce que je disais à Heaven qui s’impatientait dans mes bras alors qu’on venait de sortir de l’avion… J’étais enfin en Irlande et je n’y étais pas venu seul… Sky m’avait confié sa fille au moins le temps qu’elle soit sûre d’être en sécurité et j’avais accédé à sa requête…

Et il y avait des moments où je regrettais. Pas qu’Heaven n’était pas une fille adorable. Non… C’était même un bébé plutôt calme. Mais parce que s’occuper d’un bébé seul était incroyablement difficile ! J’avais dû apprendre à changer des couches, à essayer de comprendre pourquoi elle pleurait et ce qu’elle voulait dire dans son jargon mi-humain mi-bébé. Le vocabulaire d’Heaven, qui avait fêté ses 1 an il y a quelques jours seulement, n’était pas très élaboré mais quand elle voulait réellement se faire comprendre elle sait que les pleurs sont très efficaces !

Bref, j’avais eu un entrainement pour quand Yoric sera là… C’était ce que je me disais… Tout comme j’avais dû prévenir Tiff que j’attendais toujours mon audition et qu’on aura, pendant quelques temps, une petite locataire supplémentaire… Je lui avais dit que c’était Sky qui me l’avait confié le temps que les choses aillent mieux pour elle et que j’avais accepté… J’avais souligné le fait que ce n’était que temporaire… En tout cas, j’étais rassuré par le fait que, lors de mon coup de fils, Yoric était encore bien en place.

C’est le jour après mon coup de fils que les flics avaient décidé de donner signe de vie pour m’auditionner. Je les avais rencontré chez moi pendant qu’Heaven dormait et j’avais croisé les doigts pendant toute l’audition qu’elle ne se réveille pas.

Elle ne s’était pas réveillée et l’audition m’avait paru être un sacré champ de mine bien que les flics avaient, apparemment, surtout en tête de mettre un maximum de charge sur Ward. J’étais resté sur ce qu’on avait convenu avec Bailey et Hank… Mais les flics me coincèrent parce que, apparemment, ils avaient obtenus des informations qui contredisait certaines parties de mon témoignage… Alors, j’ai dû avoué avoir bel et bien validé Riley pour les Los Diablos mais que Bailey n’en savait rien et que ça avait été mon dernier mouvement pour les Los Diablos. Après quoi, tout a été plus simple vu que j’ai surtout dû parlé de mon passé avec Ward avant de confirmer qu’il s’agissait bel et bien d’El Lider.

J’avais mal dormis ce soir-là… Je m’étais tout repassé en tête en espérant ne pas m’être compromis.

Le lendemain, j’avais une sale tête d’avoir mal dormi mais j’étais heureux de pouvoir prendre l’avions. Un trajet qui s’est extrêmement bien passé. Heaven n’a pas bronché et à beaucoup dormi… La seule chose qui semblait la contrarier c’était qu’il y avait du monde et du bruit. Visiblement, l’anti-sociabilité est génétique.

Et nous voilà, enfin, en Irlande à chercher nos bagage.

-Ah voilà !

Je trouvais ma valise qui contenait mes affaires et ceux d’Heaven. Je n’avais pas pris grand-chose mais je comptais acheter des nouveaux vêtements sur place.

Une fois ma valise dans une main et Heaven dans l’autre, je m’avançai vers l’endroit où les gens attendaient impatiemment les gens qu’ils étaient venus voir. Je cherchais Tiff, Ivar, Guillermo et Vanya des yeux mais c’est Shane, l’ex-mari d’Abby, ma tante, qui se rua sur moi.

-Finan ! Il faut te dépêcher ! Ta femme est en train d’accoucher en ce moment même ! Si on traine trop tu vas rater la naissance de ton fils !

Il était affolé et mon cœur se mit à battre plus vite d’un seul coup.

-Quoi ?! Maintenant ?!

Il confirma alors qu’Heaven sembla contrarié par Shane qui parlait fort. Mais au lieu de pleurer, elle le foudroyait simplement du regard.

Il regarda le bébé.

-C’est qui ce bébé ?

Je fixai Heaven essayant encore de digérer ce que venait de dire Shane. Apparemment, Tiff ne l’avait pas prévenu pour Heaven. Ou alors, il était trop affolé que pour faire le lien.

-Ce bébé est une longue histoire ! Mais on doit y aller là !!! Elle est où ta caisse ?!

Il m’y entraina et je m’engouffrai dans l’habitacle la gamine toujours sur mes bras. Yoric n’était pas censé venir si tôt ! Il avait bien deux semaines d’avances ! Il aurait pas pu attendre un peu ?! On dirait qu’il avait simplement attendu que les flics me lâche la grappe pour pointer le bout de son nez !!!

Mon cœur battait vite alors que Shane conduisait jusqu’à l’hôpital où Tiff était en train d’accoucher. Shane expliqua qu’Abby l’avait appelé en urgence sans trop lui expliquer les choses et lui avait demandé de venir me chercher à l’aéroport. J’écoutais tout ça les yeux river sur la route alors que Heaven, elle, s’était endormie au rythme de la voiture.

On arriva quelques minutes après à l’hôpital et je n’attendis pas Shane avant de me rendre à la réception.

-Ma femme accouche ! Elle s’appelle Tiffany Quinn. Elle se trouve où ?!

On me donna l’étage et je m’y rendis rapidement. Dans le couloir, je trouvai Ivar, Vanya, Guillermo et Abby qui attendait. Vu leur tête, j’arrivais avant que Yoric ait pointé le bout de son nez.

-Je suis là !!!

Je criai ça du bout du couloir alors que Shane suivait loin derrière. Je m’approchai de tout le monde.

-Salut ! Dites-moi qu’il est pas encore né, s’il vous plait !!

Je parlais vite. J’étais angoissé. Quant à Heaven, elle s’était réveillée et se demandait où elle avait atterri. Elle regardait tout le monde avec ses grands yeux bruns. Elle regarda alors Ivar et souris avant de tendre ses bras vers lui.

-Papa !

C’était la première fois qu’elle souriait bordel !! Mais loin de moi l’idée de reprendre Heaven qui semblait confondre Ivar avec Ward ce qui était pour le moins effrayant. Je finis par refourgué la petite à mon bassiste sans réfléchir.

-Tiens !!! Il faut que je rentres voir Tiff !!! Vite ! Elle va bien ?!

Finan devait arriver aujourd’hui… Et apparemment, Yoric, notre filleul à Vanya et moi, aussi !

Tiff avait commencé à avoir des contractions assez impressionnantes à la maison ! Elle m’avait même fait peur ! On l’avait embarquée dans la camionnette d’Abby et la tante de Finan s’était révélée être une vraie as du volant !

Putain ! J’ai cru mourir malgré sa maîtrise ! Guillermo était assis sur le siège avant et Vanya et moi, on était derrière avec Tiff à essayer de la mettre le plus confortable possible. Du coup, elle s’était retrouvée de biais, la tête et le haut de son dos affalé sur Vanya et ses fesses, ses cuisses et ses jambes sur moi.

A un moment, j’ai bien cru que j’avais pissé dans mon froc sans m’en rendre compte ! Puis j’avais été  pris d’un stress ! Et si Tiff faisait une hémorragie ?! Alors j’avais pris mon courage à deux mains et touché ce qui était mouillé sur mon pantalon pour me rendre compte que le liquide était clair et légèrement visqueux.

Tiff m’avait regardé d’un air désolé et avait affirmé qu’elle avait perdu les eaux.

Mais loin de lui en vouloir, j’avais souris, rassuré.

-Ok… Si c’est que ça, c’est normal. Tiens bon !

Et l’avion de Finan qui devait arriver dans seulement deux heures ! Merde, il allait rater la naissance !

J’avais posé une main sur le ventre de Tiff qui était tout dur et avait marmonné une prière à Yoric.

-Yoric, s’il te plait… Attends encore un peu.

On était arrivé à l’hôpital et les infirmiers avaient transféré Tiff de la camionnette sur une chaise roulante pour l’emmener en salle d’accouchement et nous, on avait suivi le mouvement. Tout le trajet, j’avais tenu la petite main de Tiff… Je ne la serrais pas trop fort parce qu’elle avait des mains délicates de harpiste, mais elle, elle se gênait pas pour broyer la mienne.

-Tiens bon ! Je suis sûr que Finan arrivera à temps !

Puis je l’avais lâchée et elle avait disparu dans la salle d’accouchement. Tout ce qu’on entendait, c’était ses cris à chaque contraction… Des contractions qui étaient de plus en plus rapprochées, me semblait-il.

J’avais des spasmes dans la jambe, alors que j’étais assis dans le couloir, la main de Vanya dans la mienne… Je regardai Guillermo à un moment donné.

-Ça va, Guille ? T’as l’air inquiet… Tout va bien se passer… les mamans crient toujours comme ça quand elles accouchent.

Enfin, j’espérais.

A un moment donné, une gentille sage-femme était venue nous donner des nouvelles : le travail était long, mais tout se passait dans l’ordre des choses. Je m’étais détendu un peu… Puis j’avais bondi de mon siège en voyant Finan débouler dans le couloir, celle qui devait être la petite Heaven dans les bras.

Ouais, il avait sonné pour nous prévenir. Il avait pris sous son aile la fille de Ward, le criminel… Je n’avais pas bien compris son geste mais bon… C’était Finan, des fois il faisait des trucs que je ne pigeais pas… Sauf que s’il l’avait fait, c’était que c’était pour le bien de quelqu’un. Probablement la mère de l’enfant, d’après ce que j’avais compris.

J’accueillis mon ami en le prenant par les épaules et le secouant comme un prunier.

-Ah ! Finan ! Grouille-toi ! Yoric arrive ! Je crois que Tiff a serré les fesses… enfin… Enfin tu vois ce que je veux dire ! Elle s’est retenue pour ne pas que tu rate la naissance ! Alors grouille-toi ! Elle est dans cette salle !

Et ce fut là que la petite tendit les bras vers moi en m’appelant…

-Papa ? Heu… non…

Et Finan de me la fourrer dans les bras avant de s’engouffrer dans la salle d’accouchement.

Je restai là, debout, interdit, à regarder le bébé.

-Alors c’est toi Heaven ? Salut…

Elle me regardait avec de grands yeux admiratifs. Je me dirigeai vers Vanya et me calai contre elle, Heaven entre nous.

-Elle est belle… Elle est… Putain, quel début de vie !…

Je regardai Vanya et souris.

‘’Hein?!’’ avait été ma réaction quand Ivar m’avait expliqué que Finan s’en venait mais qu’il serait accompagné du bébé de Ward Fleming. J’avais regardé en direction de Tiffany qui avait confirmé la nouvelle et, puisqu’elle semblait bien le prendre, je ne pouvais qu’être d’accord avec l’initiative de Finan. Malgré tout, me restait en tête cette rencontre avec Ward Fleming et la désagréable impression qu’il m’avait laissée. Ajoutons à cela tout ce qui se disait sur le psychopathe de l’heure à Los Angeles… Mais il s’agissait là de son bébé et nous étions en Irlande.

Tiffany avait eu des contractions toute la nuit nous avait-elle dit au petit matin quand nous étions descendus prendre notre déjeuner avec ensuite, l’idée d’aller nous promener dans les environs pour faire des photos avant qu’il ne soit l’heure d’aller chercher Finan à l’aéroport. Nos plans avaient rapidement changé alors qu’Abby massait le creux des reins de Tiffany qui malgré la douleur, était de bonne humeur.

Quand ensuite ses contractions étaient devenues plus rapprochées et douloureuse, nous avions tous embarqués dans la camionnette de la tante e Finan en croisant les doigts et les orteils pour que Shane arrive à temps à l’aéroport. Finan était si près du but qu’il serait triste qu’il rate à quelques minutes près, la naissance de son fils.

Dans la camionnette, Ivar et moi avions aidé Tiffany à s’installer de son mieux et je lui tenais la main tout en lui jouant dans les cheveux. Abby roulait vite et l’une des roues ne pu éviter un trou sur la route de gravier ce qui nous secoua à l’arrière et c’est à ce moment que Tiffany perdit les eaux. J’en écarquillais les yeux en voyant le pantalon de mon petit ami devenir trempé et Tiffany, presque honteuse, lui demander pardon pour l’incident.

- Oui, tiens bon Tiffany !

Peut-être que je me trompais mais j’avais toujours cru que le bébé était sur le point de naître quand la poche des eaux crevait. Il ne fallait pas que Yoric naisse dans la camionnette !

- Nous y sommes !

Jamais de ma vie je n’avais été autant soulagée d’arriver dans un hôpital. Je me disais que maintenant que nous y étions, tout irait bien. Il ne manquait que Finan et tout serait parfait. Des infirmiers aidèrent Tiffany et moi, je passais mon bras autour des épaules de Guillermo sachant que pour lui aussi c’était une grosse journée.

- C’est aujourd’hui que tu deviens officiellement un grand-frère !

Tiffany fut rapidement conduite dans une chambre et Abby entra avec elle. Valait mieux elle que moi ! J’aurais été d’un bien mauvais support pour mon amie. Alors, avec Guillermo et Finan, on s’installa sur des chaises très inconfortable et commença alors une longue attente. Je me rongeais les ongles, littéralement, puisque je ne savais pas quoi dire ni quoi faire ! Heureusement que Finan arriva autrement, j’allais massacrer ma manucure ! Ivar bondit de son siège, littéralement, comme un clown sort de sa boîte à surprise, et alla accueillir le futur papa qui tenait en ses bras, sa petite pensionnaire.

Je me levais moi aussi et m’approchais de Finan qui semblait à bout de souffle. Shane n’était pas avec lui, peut-être garait-il la voiture. Ivar fait un rapide exposé de la situation et un nouveau cri s’extirpa de la chambre où se trouvait Tiffany.

- Vas-y, on s’occupe des enfants, nous !

Oui car il n’y avait plus que Guillermo, dorénavant. Il fallait compter la petite Heaven qui avait tendu les bras en direction d’Ivar et l’avait appelé papa.

- Papa !?

Je ne pus m’empêcher de rire, nerveusement alors que Finan s’engouffrais dans la pièce et qu’Ivar faisait connaissance avec la gamine, mignonne comme tout qu’elle était. N’en demeurait pas moins que la situation était ultra étrange. Ivar reprit sa place sur sa chaise et je fis pareil, un siège d’écart pour qu’il puisse placer entre nous deux, la fillette.

- En effet ! Mais au moins, elle est bien mieux avec Finan et Tiffany qu’avec Ward Fleming.

Je baissais les yeux alors que mon regard croisa celui de Guillermo. Je ne savais pas si la présence d’Heaven allait lui raviver de mauvais souvenirs.

Finan devait arriver aujourd’hui et pas seul… Maman Tiff m’avait expliqué qu’il allait venir avec Heaven Fleming… La fille de Ward. J’avais regardé bizarrement Maman Tiff quand elle m’avait annoncé ça. Je savais que Ward avait des enfants parce que Grant était son fils. Mais je savais pas qu’il avait aussi une fille ou, du moins, j’avais oublié.

Moi, je savais que Ward était en prison… Mais pourquoi Finan prend sa fille ? Ils sont pas de la même famille et, en plus, Heaven, elle doit avoir un Maman, non ? Apparemment, d’après ce que j’avais compris, c’était que pour un petit temps qu’Heaven resterait avec nous. Moi, j’avais dit à Maman Tiff qu’il y avait United For Youth pour ça et c’est le seul truc que j’avais dit, depuis, sur Heaven.

J’aimais pas savoir qu’elle viendra ici. Notre famille, c’est Maman, Yoric, moi et Finan… Heaven, elle a rien n’à voir là-dedans.

Bref, depuis que je savais ça, j’étais moins enjoué. Finan m’avait dit de ne jamais parler de Ward et, depuis, il fait que le ramener sur le tapis. Maintenant, il ramène même ses enfants. C’est n’importe quoi !

Et je pensais bien que, aujourd’hui, à Finan, j’allais le lui dire.

Mais la journée à pas tourné comme ça.

Parce que Maman Tiff a commencé à accoucher !

C’était pas prévu pour aujourd’hui alors ça me faisait peur. Mais j’eus pas le temps de rien dire qu’on avait embarqué dans la camionnette d’Abby. J’étais devant et Abby roulait vraiment très vite !!! J’avais l’habitude parce que Finan roulait comme un fou aussi. Je m’accrochai à la portière alors que Maman criait de douleur par moment. Je me mordais la lèvre l’air inquiet alors qu’Ivar et Vanya aidaient Maman à l’arrière… Moi, je les regardais dans le rétroviseur et quand je vis que tout était mouillé, je ne pus m’empêcher de grimacer fort.

-Vivement qu’on arrive… Moi, je vais vomir.

A cause de la voiture et de ce que je voyais…

Ivar priait pour que Yoric arrive après Finan. Moi, je voulais simplement que Maman aille mieux.

Et on finit par arriver à l’hôpital. Je me retins de vomir en sortant et Maman Tiff fut emmenée alors qu’on devait rester sur les chaises du couloir. Vanya disait que c’était aujourd’hui que j’allais devenir grand frère. J’hochai de la tête toujours inquiet.

-Ouais… J’espère que Maman ira bien…

Je m’installai sur la chaise alors qu’on entendait toujours Maman crié de l’autre côté de la porte. Je déglutis et Ivar disait que les Maman criaient toujours comme ça quand elles accouchaient. Je déglutis.

-J’espère… Pourquoi elles font des bébés si ça fait mal ?

Oui, c’est débile, ça…

C’est un peu après que Finan finit par se pointer avec un bébé sur les bras. Ivar se précipita vers lui et lui dire de se grouiller. Je ne dis rien… Je regardais Heaven… Elle ressemblait à Grant ce qui me fit rouler des yeux. Mais je pouffai quand même un peu de rire quand Heaven appela Ivar papa. Il ressemblait pas à Ward… Enfin, sauf les cheveux. Je dis alors sur un ton moqueur.

-Elle est aveugle, c’est con.

Entre temps, Finan était parti près de Maman. Apparemment, c’était le Papa qui avaient le droit de rentrer… Pas les frères. Je trouvais ça injuste…

Ivar ramena Heaven près de nous et je croisai les bras alors qu’il mit Heaven entre lui et Vanya. Il la trouvait belle et Vanya, elle, disait qu’elle était mieux avec MES parents qu’avec Ward… Vanya capta mon regard et je pris un air suffisant.

-Elle est pas belle, elle ressemble à Grant, son débile de frère.

Le bébé s’exclama alors :

-Grant !

Ouais, ton sale frère. Je roulai des yeux.

-Moi, je comprends pas pourquoi Finan l’a pris… Elle est pas de sa famille. Pourquoi elle vit pas avec son débile de frère ? Elle a pas de Maman, Heaven ? Ça m’emmerde. Normalement, on devait être quatre.

Je me renfrognai. Je râlai beaucoup alors que la petite n’avait d’yeux que pour Ivar. Je fixai la gamine.

-J’espère que tu rentreras vite chez toi.

La petite s’en foutait de ce que je disais, apparemment. Pff !

Peu après m’être mise au lit, j’avais commencé à ressentir des crampes qui ressemblaient plutôt à des douleurs prémenstruelles qu’à des contractions. Nous avions beaucoup marché dans la journée alors je m’étais convaincue que mon état de femme enceinte jusqu’aux yeux ne me permettait plus d’encaisser des activités que je faisais facilement, avant. Je m’étais tournée sur le côté et j’avais coincé un oreiller entre mon ventre et le matelas ce qui avait semblé calmer la douleur et j’avais pu dormir quelques heures avant que la douleur ne devienne plus intense, assez pour m’empêcher de dormir.

Je m’étais levée, contrariée et j’avais trouvé qu’en faisant des pas dans ma chambre, j’avais moins mal. Comme c’était ironique, puisque je croyais que c’était justement parce que j’avais trop marché que j’avais mal. Tant qu’à être réveillée, je m’occupais l’esprit en me répétant que demain, Finan serait ici. Je me réjouirais beaucoup plus s’il ne venait pas avec le bébé de Ward et Sky Fleming.

Finan m’avait expliqué la situation et je ne pouvais pas lui en vouloir d’avoir prit ce genre de décision, j’aurais fait la même chose. Seulement, nous avions cruellement besoin de nous retrouver et entre la petite Heaven et l’arrivée imminente de Yoric, je craignais que ce ne soit encore notre couple qui souffre.

Les heures passaient et je me rendis vite compte que les crampes étaient en fait des contractions ce qui signifiait que Finan allait peut-être rater la naissance de son fils. Sur la pointe des pieds, autant que je le pus, je me dirigeais dans le couloir jusqu’à la chambre d’Abby et je la réveillais pour lui faire part de ce qui se passait. Elle se leva et d’un calme olympien, m’aida à descendre jusqu’à la cuisine et commença à calculer les écarts de temps entre chacune de mes contractions.

Je vis le soleil se lever, Guillermo descendre à la cuisine, puis Ivar et Vanya et tous passèrent d’un état semi endormis à totalement réveillés quand ils apprirent que nous étions au jour J.

J’étais emballée et nerveuse.

Heureuse de rencontrer enfin ce petit homme qui grandissait en moi depuis tout ce temps, mais anxieuse que Finan ne soit peut-être pas arrivé à temps. Son avion n’allait atterrir que dans quelques heures et je n’avais aucune idée de combien de temps j’allais être en travail.

Après un moment de savant calcul, Abby annonça qu’il serait plus sage de nous rendre à l’hôpital.

- Mais Finan n’est même pas encore là !

Je soupirais avant de me retenir au bord de la table et de retenir un gémissement de douleur. Abby avait raison, je ne pouvais plus attendre, les contractions étaient beaucoup trop rapprochées.

- Guillermo, mon grand ? Tu voudrais aller chercher ma valise et celle de ton petit frère ?

J’avais déjà préparé les sacs avec tout ce que je pensais pouvoir avoir de besoin lors de mon séjour à l’hôpital. Dans mon plan parfait d’accouchement, c’était Finan qui chargeait la camionnette d’Abby et cette dernière, en compagnie d’Ivar, Vanya et Guillermo, attendaient patiemment à la maison que Finan leur passe un coup de fil pour leur annoncer la bonne nouvelle. Ça n’avait plus beaucoup d’importance à cet instant précis, la douleur était trop forte pour que je m’en fasse avec ça.

En chemin, alors qu’Abby conduisait rapidement, je perdis mes eaux et mouillais au passage le pantalon d’Ivar. J’étais gênée par la situation mais mon ami comprenait que je n’avais pu me retenir.

- Je t’achèterai un AAAAAAARGHHHH MMMMHHHHHHH AAAAAAÏEEEEEE !!! Un nouveau pantalon, promis !

Je respirais rapidement, ça semblait atténuer la douleur ou bien j’avais simplement peur de manquer d’air, sans me rendre compte que je devais broyer la main de Vanya qui, d’une douceur sans bornes, jouait dans mes cheveux.

Une fois à l’hôpital, c’est la main d’Ivar que je broyais jusqu’à ce que je sois installée dans ma chambre, seule avec Abby et l’infirmière. Je n’avais pas eu le temps d’étreindre Guillermo ni de remercier Vanya et Ivar pour leur support. J’avais l’impression d’avoir été expéditive mais, en même temps, je ne contrôlais plus rien.

À partir de cet instant, j’eu l’impression que le temps s’était figé. J’étais allongée dans un lit, en jaquette d’hôpital et je souffrais à chaque contraction pendant que l’infirmière regardait le monitoring chaque fois en disant que tout était normal, que tout allait bien, mais que, après examen entre mes cuisses, le moment de pousser n’était pas encore là.

- Le travail progresse lentement, Madame Quinn. Essayez de vous reposer pendant que vous le pouvez.

Je l’avais regardé avec des yeux d’assassin. Comment voulait-elle que je me repose en souffrant de la sorte ? Je n’étais même pas au stade de pouvoir recevoir l’épidural, une anesthésie localement administré qui atténuait de beaucoup les douleurs de l’accouchement.

Le soleil était maintenant bien haut dans le ciel, signe que la journée avançait bien, contrairement à mon travail qui stagnait. Abby, délicatement, passa sa main dans mes cheveux en murmurant que peut-être que le bébé attendait l’arrivée de son père pour sortir.

- J’espère que tu as raison, Abby !

J’avais trouvé une position qui rendait un peu moins pénible mes contractions et Abby pouvait masser le bas de mon dos plus facilement. Ce n’était pas parfait mais, à la guerre comme à la guerre.

La porte s’ouvrit et je m’attendais et espérais y voir l’infirmière qui viendrait pour une énième fois vérifier entre mes cuisses les progrès de mon travail mais au lieu de ça, et ce fut bien mieux, c’est Finan qui entra !

- Nounours !! ÇAAAAAAAAAAAAA FAIT MAAAAAAAAAAAAAL !!!

Une fois arrivé dans le couloir, ce fut Ivar qui accouru vers moi pour me dire que Yoric arrivait et que Tiff avait tout fait pour le faire patienter encore quelques minutes. Il m’affolait encore plus que je ne l’étais déjà alors qu’il m’avait secoué comme si j’étais un foutu arbre à fruits ! Si ça n’avait pas plus à Heaven de se faire secouer de la sorte elle retrouva le sourire quand elle vis la bouille d’Ivar qu’elle confondit avec Ward certainement parce qu’ils avaient tous les deux la même couleur de cheveux.

-Ok, ok !!! Je me grouille !

Sur ce, je lui filai Heaven qui semblait plus que ravie d’être dans le bras d’Ivar qu’elle prenait pour son père.

Vanya, elle, déclara que je pouvais aller en paix car ils s’occupaient des enfants. Guillermo, lui, n’avait pas péter un moi et semblait à la fois inquiet et contrarié. Mais je n’avais pas le temps de m’inquiet de ses états d’âmes.

-Ok, merci Vanya !

J’entrai, donc, et a peine je fus entré que Tiff cria qu’elle avait mal.

-Je sais, chérie ! Mais je suis là !

Abby était avec elle et une infirmière arriva ensuite pour me tendre un survêtement d’hôpital que je devais mettre avant d’approcher ma femme. Je le fis en vitesse avant d’approcher de Tiff et de lui prendre la main.

-Ça va aller, chérie…

Elle serrait fort ma main et semblait réellement souffrir le martyr. J’avais déjà vu ce genre de scène dans des films mais jamais en vrai et c’était très impressionnant et effrayant à la fois.

-Il peut venir maintenant, je suis là, ok ? J’espère que, maintenant, il ne va pas trop se faire attendre. Tu as l’air de souffrir, ma pauvre Tiff…

Et je me sentais impuissant face à tant de douleur… Mais j’imagine que tous les pères ressentaient ça devant leur femme en train d’accoucher…

Une infirmière entra et, anxieux, je ne pus m’empêcher de la questionner.

-Tous va bien, hein ? C’est normal qu’elle souffre à ce point ?

Quand Guillermo avait demandé pourquoi les mamans faisaient des bébés alors queça faisait mal, il me fallut quelques secondes de réflexion pour lui répondre.

-Heu… Ma maman a moi m’a déjà dit que les souffrances valaient le coup et qu’elle s’en était rendue compte une fois qu’elle m’avait eu tout nu et tout poisseux dans ses bras.

Je haussai les épaules et Finan finit par arriver et me fourrer Heaven dans les bras avant de se grouiller d’aller voir Tiff.

Vanya rassura Finan en disant qu’on s’occupait des enfants. Je m’étais approché d’elle et avait collé Heaven entre nous pour qu’elle se sente en sécurité malgré les cris qui venaient de la salle d’accouchement mais ça ne semblait pas la perturber le moins du monde. J’avais littéralement l’impression qu’elle n’avait d’yeux que pour moi.

Je ressemblais tant que ça à Ward Fleming… Heu… Non… Je l’avais vu dans le journal quand il s’était fait arrêté et on avait pas les mêmes yeux ni le même visage. En fait, à part notre couleur de cheveux, on ne se ressemblait pas du tout. Mais pour un bébé de l’âge d’Heaven, je supposais que ça comptait plus que tout.

Je soulignai le malheureux début de vie de la petite fille… Son père était en taule, sa mère, je savais même pas mais elle avait apparemment tellement peur de son ex-mari qu’elle avait choisi d’abandonné son enfant a Finan. Je comprenais toujours pas bien pourquoi il avait accepté alors que sa famille commençait à peine à se construire. Mais bon…

Tiff était d’accord alors…

Par contre, ce n’était pas le cas de Guillermo qui s’approcha de nous en disant que la petite était aveugle et pas belle. Je pinçai les lèvres… Je comprenais Guillermo, pour le coup. Lui avait été adopté et il avait peur de perdre sa place non pas pour un mais pour DEUX bébés.

Heaven capta le nom de son frère dans le discours du petit latino et le répéta.

Je regardai Vanya alors que Guillermo se renfrognait. C’était comme s’il se repliait complètement sur lui-même.

-Tu veux bien la prendre, Vanya, s’il te plait ?

Je passai le bébé à mon amour et la petite se mit à protester en tendant les bras vers moi. Mais là, je ne voyais que Guillermo et son mal-être. Je m’approchai de lui et posai ma main sur son épaule.

-Tu sais, Guille… Finan a dit que c’était que temporaire, le temps que la maman d’Heaven soit en sécurité. Tu connais Ward, non ? Tu ne veux pas que Ward fasse du mal à la maman de Heaven.

Je soupirai puis lui souris.

-Heaven n’est pas comme toi. Toi, tu as été vraiment adopté, officiellement et tout. Heaven, c’est juste pour rendre service. Vous serez quatre, au final.

Je regardai Vanya, espérant qu’elle m’aide un peu sur ce coup-là, malgré Heaven qui râlait de plus en plus fort en se tirant vers moi. Dans la salle d’accouchement, les cris continuaient, de plus en plus rapproché…

Je regardai Guillermo.

-T’as raison… je sais pas pourquoi les mamans font des enfants… ça a l’air de faire mal à mort.

Finan avait déboulé dans le corridor de l’hôpital comme un chien dans un jeu de quille, avec en ses bras, une petite fille mignonne comme tout. Il était enfin là et je me sentais rassurée alors je ne pouvais pas imaginer comment Tiffany elle, se sentirait alors qu’elle accomplissait le plus important travail de sa vie. J’en serrais les cuisses pour elle, comme si cela pouvait aider mon amie d’une quelconque manière.

Le gros nounours de Tiffany, après nous avoir confié la petite Heaven qui, pour une raison que j’ignorais mais qui je faisais rire confondait son tristement célèbre père et mon petit ami, s’engouffra dans la salle où se trouvait sa femme. Il ne restait plus que nous trois. Enfin nous quatre car il ne fallait pas oublier la gamine envers qui, Guillermo observait un certains malaise ce que je pouvais comprendre. La situation était délicate et nous n’avions eu que peux de détails.

Guillermo fut le premier à dire tout haut ce que je pensais tout bas et fort probablement qu’Ivar aussi se posait ce genre de question. Pourquoi avoir accepté de prendre la fille d’Edward Fleming sous son aile après tout ce que ce dernier avait fait pour lui pourrir la vie ? Un jour viendrait où nous aurions toutes ces réponses et nous comprendrions mieux mais pour le moment, alors qu’Ivar me demandait de prendre la petite dans mes bras ce qui ne lui plaisait pas plus que ça, nous étions toujours dans le brouillard.

Ivar s’approcha de Guillermo pour tenter d’atténuer un peu les choses. C’était comme marcher à l’aveugle dans un champ de mines. Il voulait rassurer Guillermo de son mieux et la tentative était plus que louable. Il fallait absolument réconforter le grand-frère qui vivait une étape importante de sa vie en ce moment. Ce n’était pas rien que de se voir promu d’enfant unique à grand-frère.

- Ivar à raison, Guille. Pour Tiffany et Finan, leur famille se compose d’eux, de toi et Yoric qui va arriver d’un instant à l’autre. Heaven n’est que de passage. En visite.

Comme nous l’étions chez Abby.

Je tournais Heaven sur mes genoux pour qu’elle soit face à Ivar et qu’elle constate que celui qu’elle avait désigné comme son papa n’était pas loin mais elle tendait toujours les bras vers lui et je craignais qu’à force de gigoter comme ça, j’en vienne qu’à l’échapper. Je n’étais pas plus douée que cela avec les tous petits, un signe que pour Ivar et moi, le projet famille n’était pas pour tout de suite. Dans cinq ou dix ans, nous en reparlerions.

Puis un nouveau cri de douleur résonna jusqu’à nous et je figeais sur place en serrant encore plus des cuisses, comme si c’était possible d’être autant crispée sur une chaise ! Ivar revenu sur ce qu’il avait dit un peu plus tôt comme quoi, une fois le bébé dans les bras, la maman oubliait la douleur de l’accouchement, pour finalement dire qu’il ne comprenait pas lui non plus vu combien ça semblait douloureux.

- Ça l’air beaucoup moins fun la réception que la conception !

J’étirais les lèvres en serrant des dents en me disant que finalement, dans dix ou quinze ans, nous en reparlerions !  

J’aimais pas qu’Heaven soit là. J’aimais pas le fait que Finan ait accepté qu’elle vienne chez nous. Moi, je pensais qu’on serait que notre famille mais il avait fallu qu’il revienne avec la fille de Ward.

Et une fois que Finan fut parti, je ne pus m’empêcher de le dire en disant qu’Heaven était pas jolie et qu’elle n’avait rien n’à faire ici. J’étais replié sur moi-même alors que le bébé regardait Ivar avec un sourire et des grands yeux parce qu’elle pensait qu’Ivar était son père alors que c’est pas le cas. Combien de temps il lui faudra pour penser que Tiff est sa mère, hein ?!

Je déteste les bébés en plus ! Sauf Yoric !

Ivar passa la gamine à Vanya avant de venir près de moi et de mettre sa main sur mon épaule. J’étais toujours renfrogné alors qu’Ivar disait qu’Heaven sera pas là pour toujours… Que c’était juste le temps que la maman d’Heaven soit en sécurité… Il disait que je connaissais Ward et que, du coup, je ne voulais pas que Ward fasse mal à la maman d’Heaven.

-Non, je ne veux pas qu’il lui fasse mal. Sinon, Heaven sera ici pour toujours ! Je veux pas ça. Mais je comprends pas pourquoi elle vient chez nous. Finan n’aime pas Ward. Alors pourquoi il s’occupe de sa fille ? Il veut toujours sauver tout le monde, c’est super chiant.

Je grommelai.

-En plus, ça explique pas pourquoi Heaven est pas chez son frère. Lui, il est où, hein ? Pourquoi on met pas Heaven au même endroit ?

Ivar essayait de me rassurer en disant qu’Heaven était pas comme moi parce qu’elle avait pas été adopté et tout. Vanya disait la même chose. Je ricanai.

-Moi aussi, au départ, c’était que temporaire, hein.

Après quoi, on entendit un cri de douleur de Maman Tiff… Je déglutis même si j’étais toujours renfrogné sur ma chaise. Ivar disait que, du coup, il savait pas, non plus, pourquoi les Maman faisaient des bébés. Vanya aussi disait que ça avait pas l’air fun.

Je me mordis la lèvre.

-Pauvre Maman Tiff…

Heaven s’exclama alors d’un air autoritaire.

-Papa !

Je la fixai.

-Il est en prison, ton père… Ça c’est Ivar. C’est pas pareil.

Mais elle m’ignora encore et continuai de protester pour finir par pleurer de colère encore plus fort que les cris de Maman. Je bouchai mes oreilles contrarié.

-Ta gueule, Heaven !

Oui. Ta gueule.

Les heures passaient et mon travail stagnait alors que la douleur elle, progressait et de manière fulgurante. Je ne pouvais me retenir de crier de douleur à chacune de mes contractions même si j’inspirais profondément pour expirer par petit coup, comme me l’avait enseigné l’infirmière. Même les massages d’Abby dans le bas de mon dos ne faisaient plus effets.

Je me tordais de douleur en m’accrochant d’une main au barreau métallique de mon lit et je l’autre, je massais mon ventre dur comme du béton ! Je commençais à douter de mes capacités à devenir mère. Si je ne parvenais pas à mettre au monde mon bébé, je ne serais pas une mère, c’était logique !

L’infirmière disait que mon travail progressait lentement et que je devrais tenter de me reposer pendant que je le pouvais et ça me donna envie de lui dévisser la tête. Comment pouvais-je me reposer alors que, dès que je parvenais à reprendre mon souffle, j’étais submergé par une nouvelle contraction encore plus douloureuse que la précédente ?

Je perdais espoir de voir Finan arriver ou alors il arriverait pour me trouver morte d’épuisement ! Mon esprit dramatisait la situation. Des femmes mettaient au monde des enfants depuis la nuit des temps et si l’espèce humaine ne s’était pas éteinte depuis, ce devait être parce que je pouvais passer au travers. Je devais rassembler mes forces et me montrer forte !

Par miracle, Finan arriva et pu prendre le relais d’Abby, non pas que je voulais chasser la tante de mon époux hors de la chambre, mais j’étais persuadé que Finan saurait me masser de manière à ce que ma douleur s’estompe de beaucoup. Il avait des mains magiques, mon gros nounours… Oui, oui !

Je lui hurlais que j’avais mal et il me répondit d’une voix oscillant entre la panique et le réconfort qu’il savait mais qu’il était là. Il me prit alors la main et je m’y accrochais de toutes mes forces parce qu’une nouvelle contraction prit le relais de la précédente. Il me sembla qu’il ne s’était même pas écoulé une toute petite minute entre les deux ! À ce rythme, j’allais finir par fendre en deux, et je n’avais même pas commencé à pousser, encore !

Je me redressais en tirant sur le bras de Finan qui espérait que le petit ne se ferait plus trop attendre vu comment je souffrais et je sifflants, entre mes dents, un avertissement qui faisant plein de sens à l’instant présent.

- Tu vas passer le reste de tes jours à te masturber parce que moi, je n’accoucherai jamais une seconde fois, t’entends ?!

J’avais déjà entendu dire qu’une fois le bébé dans nos bras, on oubliait vite la douleur et qu’on était même prête à récidiver ! Et bien ça ne serait pas mon cas ! Je n’étais pas à ce point masochiste !

- Le travail suit son court, Monsieur Quinn, mais il progresse lentement. Dès que votre femme sera assez dilatée, elle pourra avoir l’épidurale et la douleur s’estompera de beaucoup ce qui l’aidera à se reposer pour la suite.

- La suite !? Parce que ça sera pire, la suite ?

C’était définitif ! Finan allait observer un régime sec, fini les cajoleries sous les draps en pleine nuit ! Fini les collations au lit le dimanche ! Plus de coquinerie sur le divan su salon quand Guillermo est en classe !

C’était fini !

F-I-N-I !

Je tenue bon encore avec l’aide de mon mari qui faisait des miracles en me massant le dos et mon travail fut suffisamment avancé pour que je puisse enfin recevoir cette fichue piqûre bien que, quand je vis l’anesthésiste entrer et la longueur de l’aiguille en question, j’eu envie de vomir et de prendre ensuite mes jambes à mon cou et de fuir ! Pourtant, l’effet sur à ce point salvateur que je pu enfin me détendre et prendre un peu de repos.

- Tu devrais aller voir Guillermo pendant que je profite de l’effet du calmant. Il pourrait même venir me voir, si je ne l’ai pas trop effrayé en hurlant pendant des heures.

Mon pauvre grand garçon ! La dernière chose que je voulais était bien de lui foutre la trouille de sa vie, lui qui avait déjà perdu une maman. Je ne voulais pas qu’il craigne pour moi.

J’avais vraiment l’impression que Tiff souffrait le martyre comme pas possible. Elle criait, serrait ma main avec une telle force que je croyais que mes doigts allaient se détacher de ma main.

Abby, elle, était sortie de la salle alors que Tiff s’accrochait maintenant à mon bras en gémissant de douleur avant de siffler entre ses dents que je n’aurais plus qu’à me masturber après tout ça car elle ne voulait pas vivre ça deux fois. Je pris un air surpris par sa remarquer.

-Hey ! C’est pas ma faute si ça fait mal…

Ce n’était pas faute de personne, en fait. C’était juste comme ça. Les naissances étaient réputées pour être très douloureuses. Bien que je n’imaginais pas que c’était à ce point-là. J’avais toujours pensé que les gens exagéraient.

Ben, ils n’exagéraient pas.

Du coup, j’espérais que Yoric ne se ferait plus trop attendre. Ça semblait affreusement horrible pour Tiff alors j’espérais pour elle que son supplice était bientôt terminé. L’infirmière déclara que le travail était long et que le bébé, c’était pas pour tout de suite. Je me mordis la lèvre.

-J’espère que ça ne va pas tarder. Elle a l’air de souffrir bien trop.

Tiff s’exclama alors quand elle pouvait comprendre que ça sera encore pire ensuite. Je lui faisais, désormais, des massages dans le bas de son dos pour qu’elle se détente.

-Ça va aller, chérie. Tu es une battante. Tu peux y arriver.

Je continuai, donc, mes messages en rassurant Tiff et, à un moment donné, elle put, enfin, recevoir la piqure censé la soulager. Sauf que vu la taille que la piqure, ça ne devait pas du tout être une partie de plaisir si bien que je devins un peu blême.

Mais après, Tiff sembla soulagée et se détendit. Elle m’envoya chercher Guillermo qui devait être inquiet. J’hochai de la tête.

-Ok, je vais aller le voir.

Je passai une main dans les cheveux de Tiff avant de sortir or de la salle et rejoindre Abby, Ivar, Vanya, Guillermo, Shane et Heaven. Ils étaient tous là désormais.

-Tiff a eut la piqure pour la soulager. Tout se passe comme prévu jusque-là. Tu peux aller voir Maman, Guillermo, si tu veux.

Le petit se leva et ne se le fit pas dire deux fois. Il entra dans la salle alors que je me tournai vers Vanya et Ivar

-Alors… Comment ça va vous deux ?

Je me mordis la lèvre.

-J’espère qu’Heaven ne vous a pas trop ennuyé…

Je leur avais largué comme ça, en plus.

J’avais laissé la petite Heaven à Vanya le temps d’aller essayer de rassurer Guillermo qui voyait sa famille brusquement plus agrandie que prévu. Shane, l’ex-mari d’Abby, était là et blême en entendant les cris de Tiff… Je ne savais pas s’il avait eu des enfants avec Abby mais peut-être que c’était la première fois qu’il était si près d’un accouchement.

Moi, en tout cas, c’était ma première fois et je devais avouer que ce n’était pas rassurant.

Mais pour l’instant, ce qui m’importait, plus que l’accouchement, plus que les protestations d’Heaven, c’était les inquiétudes de Guillermo. Il était bien cynique pour son jeune âge. Mais comme moi, il se posait la question de savoir pourquoi Finan avait accueilli Heaven alors que le père de celle-ci lui en avait fait voir de toutes les couleurs.

Il se demandait aussi où était le frère d’Heaven et pourquoi elle n’était pas au même endroit. Puis il ajouta d’un air cynique que pour lui aussi, au départ, ce n’était que temporaire.

Je finis par soupirer en passant mon bras autour de ses épaules. Vanya appuya mes dires…

-Ecoute, mon petit pote… J’ai pas les réponses à tes questions. Mais je pense que tu dois faire confiance à Finan… Et si tu as des questions, tu devrais les poser à tes parents.

Je pinçai les lèvres.

-Je suis sûr qu’ils te répondront sincèrement.

Heaven était vraiment pas contente maintenant… Elle commençait à vagir en tendant les bras vers moi et en appelant son père. Elle croyait vraiment que j’étais son père, c’était dingue ! Je tapotai un peu l’épaule de Guillermo puis me levai pour aller sauver Vanya de la petite terreur qu’elle tenait sur ses genoux.

Guillermo se fâcha contre elle et je fis une moue réprobatrice à l’égard du petit latino…

-S’il te plait, Guille…

C’était déjà assez compliqué comme ça. En plus, avec tout ça, j’avais même pas remarqué qu’Abby était revenue parmi nous.

Je pris la petite fille et elle se tut directement, me regardant de nouveau avec de grands yeux admiratifs alors que je la berçais.

Il me semblait que les cris s’étaient atténués et Finan sortit de la salle d’accouchement.

-Ça y est ? Yoric est né ?

Mais non, en fait. Tiff avait juste eu une piqûre pour la soulager et Guillermo pouvait aller la voir.

Je me détendis, soulagé, et Guillermo disparut.

-C’est que tout va  bien alors si le petit peut aller la voir.

Finan nous demanda comment on allait, Vanya et moi et si Heaven ne nous avait pas ennuyés.

-Non. T’inquiète, on gère. Mais les cris c’est… impressionnant…

Je regardai Vanya en rigolant…

-Je crois qu’on fera pas de bébé tout de suite.

Je regardai Finan dans les yeux.

-C’est normal que ce soit si long ?

Selon moi, la petite Heaven portait mal son nom. Elle était agitée et réclamait les bras de mon petit ami en l’appelant papa.  Ivar avait de la chance car je connaissais bien des filles qui auraient tout de suite tiré des conclusions. J’essayais de la calmer en la tournant sur mes cuisses pour qu’elle puisse voir son faux papa tout près mais elle continuait à tendre les bras vers lui.

Guillermo avait besoin d’être réconforté, le pauvre ! Tout son univers basculait, encore, et si à notre départ de la maison d’Abby c’était pour la meilleure des raison, la présence d’Heaven remettait beaucoup de choses en question pour lui. Ivar avait des mots tendres et il lui parlait doucement pour bien faire passer la pilule. United For Youth avait vu juste en voyant en lui un bon porte-parole pour la jeunesse.

Je tentais d’aider Ivar pour réconforter Guillermo car moi aussi, cet enfant-là, je l’aimais vraiment très fort et de le voir comme ça me tordait un petit je ne sais quoi en dedans. Il ne devait pas croire qu’Heaven était là pour toujours, son histoire était différente de la sienne. Elle était avec nous en visite, de manière temporaire et rien de plus… À moins que Finan ne nous ait pas tout dit mais je me gardais bien de faire cette hypothèse à haute voix.

Ivar ne pouvait répondre à toutes les questions de Guillermo, moi non plus d’ailleurs et mon petit ami avait raison en ajoutant que Guillermo pourrait poser toutes les questions qu’il désirait à ses parents. Ils étaient les mieux placés pour lui répondre, enfin, peut-être qu’il devrait attendre quelques jours pour discuter avec Tiffany à ce sujet parce que si je me fiais aux cris de douleurs qui sortaient de sa chambre, je doutais que Guillermo obtienne satisfaction.

- Vous croyez que Tiffany est entrain de broyer la main de Finan ?

Je fis bouger mes propres doigts en disant cela. Je conservais un bon souvenir de la force de mon amie quand elle gérait du mieux qu’elle pouvait sa douleur, dans la voiture.

Tante Abby et son ancien amoureux, Shane, étaient maintenant avec nous dans le couloir, signe que Finan avait prit les choses en mains, sinon, Abby serait toujours auprès d’elle dans la chambre.

Heaven retrouva les bras d’Ivar pour notre plus grand soulagement commun mais lorsqu’elle s’exclama encore, Guillermo eu des mots durs pour elle. Ce n’était qu’un bébé très confus qui s’était vu baladé de bras en bras. Ivar intervenu en douceur juste avant que Finan ne sorte de la chambre.

Ivar s’exclama à savoir si Yoric était né et j’en avais la bouche grande ouverte par tend de suspens mais Finan expliqua que Tiffany avait reçu une piqûre pour la soulager. Je refermais illico ma bouche pour déglutir. Combien de temps encore, mon amie allait être en souffrance avant que le petit ne soit enfin dans ses bras ? Heureusement que cette injection miracle fonctionnait ! En tous les cas, cela fit en sorte que Guillermo pu entrer dans la chambre voire sa maman.

- Ça va lui faire du bien de voir sa maman…

Avoir su que cela était si long et souffrant, je serais restée à la maison avec Guillermo et nous aurions rejoint l’hôpital qu’une fois le petit réellement sur le point de naître. Ça aurait épargné à Guille d’entendre sa maman souffrir et ça aurait également épargner une rencontre délicate avec la petite Heaven.

Guillermo n’eut pas besoin de se le faire dire deux fois qu’il pouvait entrer dans la pièce, pour s’y engouffrer.

- La petite fait une fixation sur mon copain mais je ne crains pas la compétition !

Une petite touche d’humour ne pouvait qu’aider à détendre l’atmosphère, surtout que comme le disait Ivar, les cris étaient impressionnants. Puis, il me regarda en rigolant à son tour et confirma mes pensées. Nous ne ferions pas de bébé tout de suite !

- Ou alors il y a l’option des bébés clés en mains ! Il y en a une là qui t’appelle déjà papa !

Puis Ivar, inquiet, demanda si c’était normal que ce soit si long. Abby s’avança et ce fut elle qui répondit à la question.

- J’en ai aidée des femmes à mettre au monde leurs bébés et il n’y a pas une naissance pareille. Pour un premier bébé, ça arrive que ce soit vraiment long. Je me souviens d’Aisling. Elle a été en travail pratiquement quarante-huit heures avant de tenir son p’tit ! Un peu de patience, les jeunes !

Je regardais la tante de Finan avec des yeux si grands ouverts qu’un peu plus, ils allaient me sortir des orbites. Un bébé clé en main, ça serait vraiment envisageable !

Je râlais parce que je ne voulais pas qu’Heaven soit là et même Ivar qui essayait de me rassurer en disant que ça serait pas éternel ne pouvait rien faire contre le fait que je râlais beaucoup.

J’avais plein de questions. Je voulais savoir pourquoi Heaven n’était pas avec Grant. Et combien de temps elle comptait rester avec nous. En fait, je voulais qu’elle parte et puis c’est tout. Surtout que, là, elle était super chiant à réclamer Ivar comme si c’était son père.

Ivar disait pas avoir les réponses à mes questions ce qui me fit faire la moue. Il faisait confiance à Finan ce qui n’était pas mon cas. Il avait dit qu’il ferait plus de mal à Maman Tiff et avant de partir ici, il lui avait fait mal. Donc, je ne lui fais pas confiance.

-Ouais… Je leur demanderais…

Je dis ça en me refrognant un peu plus alors que Maman Tiff continuait de crier. Vanya se demandait si Maman broyait la main de Finan. J’esquissai un sourire mauvais.

-J’espère ! Il le mérite !

Abby, elle, était sortie pendant qu’Heaven aussi criait de plus en plus alors je la rappelai à l’ordre en disant qu’Ivar était pas son père et qu’elle devait la fermer. Ivar me fit la moue et je roulai des yeux alors qu’il me rappela à l’ordre doucement.

-Quoi ? Elle est chiante !

Ivar prit la petite dans ses bras qui arrêta de faire mal à mes oreilles. Puis, un peu après, Finan sortit de la chambre. Je me levai et Ivar demanda si Yoric était né mais c’était pas encore le cas. Par contre, je pouvais aller voir Maman.

-Super !

Je filai dans la chambre et vis ma pauvre Maman toute fatiguée dans son lit. Elle avait l’air pas si bien et je m’avançais vers elle d’un air inquiet.

-Maman ça va ? Yoric va bientôt arrivé ? J’aime pas t’entendre crier… Tu as fort mal ?

Je pris sa main doucement.

-Tu va pas mourir, hein ? Je veux pas que tu meurs… Sinon, je serais seul avec Finan et Heaven…

Je voulais pas être seul avec ces deux-là.

Plus aucune position m’était confortable. Les contractions me vrillaient le corps et les massages d’Abby n’aidaient plus. En fait, de contractions en contractions, je commençais à me dire que je ne passerais jamais au travers, que je n’étais pas faite pour être mère, du moins pas naturellement parlant. Partout, les femmes disaient que la douleur s’estompait d’elle-même dès le bébé dans nos bras mais vu la souffrance que je ressentais, je voyais bien mal comment je pourrais oublier en un clin d’œil !

Puis, par je ne savais quel miracle divin, Finan entra dans la pièce et pu prendre le relais de sa tante qui s’éclipsa sans s’attarder. Elle savait que la place revenait à mon mari qui était parvenu à tenir parole et à être présent pour l’accouchement.

Peut-être qu’inconsciemment, j’espérais que l’arriver de Finan aide à diminuer ma souffrance. Je croyais à tort que mon corps réagissait à son absence et que sa présence allait être le baume dont j’avais cruellement besoin mais je me trompais.

- Oui, c’est ta faute !

Ce n’était pas sa faute, je le savais, il le savait, l’infirmière aussi le savait mais en ce moment j’avais mal et j’avais besoin d’un coupable ! Et plus je souffrais, plus j’étais persuadé que c’était la faute de la terre en tienne, sauf de la mienne ! Ce n’était pas le moment de me contredire et je défiais Finan du regard de tenter de le faire.

Finan s’inquiétait de savoir si le travail serait encore bien long. Était-il épuisé de me voir souffrir ? Si c’était le cas, il pouvait changer de place avec moi, je ne m’en plaindrais pas moi ! L’infirmière ne faisait que répéter la même chanson que depuis le début ! Le travail était long mais tout se déroulait normalement ! J’en doutais ! Ce ne devait pas être normal de souffrir autant ! Mais je devais vraisemblablement continuer de souffrir avant de pouvoir avoir la fameuse épidurale qui me soulagerais.

Mon gros nounours continuait de me masser tout en m’encourageant et je grommelais d’épuisement que je ne m’en sentais plus la force. Pourtant, il n’y avait pas d’autre solution. Il fallait bien faire sortir Yoric de là que je le veuille ou non.

- Et si j’y arrive pas, nounours ?

La fatigue commençait à s’emparer de moi, j’en tremblais de la tête aux pieds.

Mon supplice dura encore un long moment avant que l’infirmière annonce que j’avais atteint le seuil recommandé pour avoir l’épidurale. L’anesthésiste procéda bien que l’espace d’une seconde, en voyant la longueur de l’aiguille, j’hésitais entre continuer de souffrir et le calmant !

Heureusement, l’effet fut presque instantané. Je ressentais toujours de fortes crampes, comparables à quand j’avais mes règles mais jamais autant douloureuses que les contractions que j’avais eu. J’allais pouvoir me détendre et reprendre des forces avant ce qui semblait être, le second round. Je proposais donc à Finan d’aller rassurer la famille et, s’il le voulait, Guillermo pourrait venir me voir.

- Merci nounours. Mais ne t’éloigne pas trop, d’accord ?

Je ne voulais pas qu’il aille trop loin, des fois que Yoric profiterait de l’anesthésie pour effectuer la grande descente.

Guillermo entra dans ma chambre et je lui souris. Mon grand garçon devait trouver le temps bien long à attendre dans le corridor. Il portait trop d’inquiétude sur son visage et je n’aimais pas le voir s’en faire pour des histoires de grands. Guillermo avait plusieurs questions et je n’avais pas toutes les réponses.

- J’ai mal mais maintenant ça va. Je suis désolée si j’ai crié si fort, je ne pouvais plus me contrôler.

Je caressais sa main avec la mienne, doucement. J’aurais voulu avoir la force de le rassurer plus que ça mais ce n’était pas évident, à bout de force que j’étais.

- Yoric va arrivé aujourd’hui, demain matin au plus tard.

J’embrassais sa main puis je la portais à mon front. Elle était fraîche et ça m’était très agréable sur ma peau brûlante.

- Je ne vais pas mourir, t’en fait pas. Je suis forte mais tu vois, c’est comme pendant la boxe quand les boxeurs crient. Ils le font parce qu’ils encaissent la douleur alors moi aussi je cris.

Puis ce fut dans ses cheveux que je passais ma main ensuite.

- Tu ne seras pas seul avec Finan, Yoric et Heaven. Puis Heaven, tu sais, elle n’est avec nous que pour un petit moment. Elle s’en ira dès que sa maman aura trouvé un appartement.

Et j’espérais que ça serait avant notre retour à Los Angeles comment ça, elle la récupérerait dès notre arrivée !  

Tiff clamait que tout ça était ma faute. Elle criait, broyait ma main et semblait complètement à bout de nerfs. Comme quoi le fait que les femmes en train d’accoucher sont des vraies furies n’est pas non plus un mythe.

Je me mordis la lèvre me sentant bien impuissant devant toute la douleur que ressentait ma femme en ce moment. Elle disait ne plus vouloir d’autres enfants et qu’elle mettra tout en œuvre pour ça. Bon… J’imagine que c’est des paroles en l’air, hein… Ouais, on va dire que c’est la douleur qui lui fait dire n’importe quoi.

J’espérais, du coup, que la souffrance de Tiff allait bientôt se terminer mais une infirmière précisa que le travail était long et que ça prendra encore un peu de temps.

Alors, je faisais de mon mieux pour que Tiff souffre le moins possible en la massant et en lui parlant doucement. Tiff semblait épuisée par toute cette douleur qui lui vrillait le corps. Elle se demandait même si elle allait y arriver.

-Tu y arrivera, chérie. Tu es forte. Tu peux le faire.

Je la croyais capable de tout. Alors ce n’est pas un accouchement qui allait venir à bout de sa force. Je le savais. J’en étais certain.

Je la massai encore un moment avant que, enfin, les infirmières puissent lui faire la piqure censée la soulager. Et, par miracle, ça sembla marcher parce que Tiff sembla se détendre. Elle ne criait plus mais avait l’air vraiment épuisée. Elle souhaitait voir Guillermo sans doute pour le rassurer. Je lui souris prêt à lui envoyer Guillermo mais elle me demanda, avant que je ne quitte la pièce, de ne pas m’éloigner trop.

-Promis. Je reste juste derrière la porte.

Je sortis alors de la salle d’accouchement envoya Guillermo après de sa mère. Il ne se le fit pas dire deux fois et s’engouffra dans la pièce. Ivar, lui, se demanda si Yoric était né.

-Non, pas encore… Ils ont dit que ça serait long. Elle a eu son anesthésie pour se reposer avant la suite.

Ivar conclut que tout allait bien vu que j’avais envoyé Guillermo à l’intérieur. J’hochai de la tête.

-C’est ce qu’ils disent en tout cas.

Je demandai à mes amis si tout allait bien. Ivar disait qu’ils géraient mais que les cris étaient impressionnant.

-C’est encore pire à l’intérieur.

Vanya allait bien aussi et souligna la fixation qu’avait Heaven sur Ivar bien qu’elle n’en était pas jalouse. Je rigolai un peu voyant que la petite était toujours en admiration devant Ivar qui la tenait dans ses bras.

-C’est les cheveux noir, j’imagine…

C’est la seule chose que Ward et Ivar avaient en commun, après tout.

Ivar disait que lui et Vanya ne feraient pas un bébé tout de suite. Ouais, j’imagine que les cris ne donnent pas envie de s’y mettre. Vanya, elle, disait qu’ils n’étaient pas obligé de passer par cette case pour avoir un bébé. Je rigolai alors qu’elle disait qu’il y en avait déjà une qui l’appelait papa.

-Ouais, c’est vrai ça, Ivar. Il y a des bébés tout fait partout dans le monde.

Ivar demanda si c’était normal que l’accouchement soit si long. C’est Abby qui lui répondit et sa réponse me fit déglutir.

-Quarante-huit heure ?! C’est énorme ! Bordel, j’espère que ça prendre pas tant de temps…

Et c’est comme si la petite avait compris qu’on en avait pour un moment parce que, d’un coup, elle prit un air contrarié et lança un :

-Papa ! Ger !

Ger ? Je levai un sourcil alors qu’elle répéta ça encore et encore en s’agitant dans les bras d’Ivar.

-Si quelqu’un parle le bébé, faites quelque chose…

Le ton d’Heaven était plus autoritaire et Abby fixa Ivar.

-Cette jeune fille semble vouloir à manger, mon cher Ivar.

Abby regarda Shane.

-Rends-toi utile ! Va chercher à manger à cette pauvre enfant.

Et Shane ne se le fit pas dire deux fois. Je fixai ensuite Ivar :

-Je sens que les premiers jours avec trois enfants ne vont pas être simple. Heureusement que vous êtes tous là.

Vanya avait demandé si on pensait que Tiff était en train de broyer la main de Finan…

-Je crois plutôt qu’elle crève d’envie de lui broyer les couilles pour ne plus jamais avoir à vivre ça mais… Ouais… je pense…

Puis j’avais essayé de rassurer Guillermo au sujet de la petite Heaven mais je n’avais pas les réponses à toutes ses questions. Alors je lui conseillai de demander tout ça à ses parents, Tiff et Finan… Parce qu’eux sauraient mieux lui expliquer que moi.

Moi, j’étais juste son pote.

Après, j’avais repris Heaven dans mes bras pour ne pas qu’elle se mette à hurler et elle s’était directement calmée. Guille avait pas été très sympa mais rien n’y faisait. Pour lui, elle était chiante, point-barre.

Heureusement, Finan revint à ce moment-là, alors que les cris de Tiff étaient beaucoup plus étouffés. Et Guillermo fut autorisé à aller voir sa mère. Je crois que rien ne pouvait lui faire plus plaisir.

Du coup, on se retrouva Vanya, Finan, Heaven, Abby, Shane et moi, à attendre que Finan nous donne des nouvelles en espérant qu’elles seraient bonnes. Yoric n’était pas encore né mais apparemment tout se déroulait normalement.

Je soupirai.

-Tant mieux… Pauvre Tiff.

Puis ensuite, Finan s’inquiéta de nous. Mais nous, on allait bien. Un peu stressés par les cris mais Vanya détendit l’atmosphère en disant qu’Heaven n’avait d’yeux que pour moi mais qu’elle ne craignait pas la compétition, ce qui me fit marrer.

Heaven me regardait toujours de ses grands yeux noirs.

On affirma quand même à Finan qu’on ne ferait pas de bébés tout de suite. Mais Vanya disait qu’il y avait toujours l’option du bébé clé en main. Et Finan d’ajouter qu’il y avait des enfants tout fait partout dans le monde. Je souris.

-L’adoption me déplairait pas, personnellement. Mais je suis trop jeune pour ça encore.

On s’inquiéta de savoir si c’était normal que ce soit si long et Abby nous mis direct les points sur les « i »… Je m’exclamai en même temps que Finan :

-Quarante-huit heures ???!!!

Je la regardais, médusé alors qu’Heaven touchait mon visage comme pour s’assurer que j’étais réel. Puis elle commença à s’agiter et à m’appeler encore papa… Puis un mot que je ne compris pas. Je la berçai dans mes bras.

-Boh Heaven… Qu’est-ce qu’il se passe ?

Abby, elle, comprenait le bébé. Heaven voulais manger. Et elle ordonna à Shane d’aller chercher à manger pour la petite.

Je croisai alors le regard de Finan… Il était content qu’on soit là parce que ça allait pas être facile avec trois gosses. Je lui souris.

-On est potes, on s’entraide, c’est comme ça.

Shane revint avec un paquet de biscuits qu’il avait été cherché au distributeur et me le donna. Je m’assis à côté de Vanya, assis Heaven sur mes cuisses (mon pantalon avait un peu séché même s’il était dégueulasse mais bon… Pas trop le choix), face à moi, puis lui donnai un biscuit qu’elle porta direct à sa bouche.

-Oh mais c’est qu’on avait une grosse faim, dis donc !

Je me penchai vers Vanya et déposai un baiser sur sa joue. Puis, je m’adressai à Finan…

-Guillermo est pas très pour… Pour la présence d’Heaven, je veux dire… Attends-toi à des questions. Il est vraiment pas content. Pourquoi tu as pris la petite de Fleming ?

J’en revenais pas d’entendre que le travail de Tiffany n’était pas plus avancé que ça et d’apprendre qu’il pourrait se prolonger encore longtemps. Je souffrais pour mon amie dont les cris filtraient facilement au travers de l’épaisse porte nous séparant d’elle. Si je ne pouvais rien faire pour soulager Tiffany, je tentais au moins d’appuyer Ivar qui lui faisait de son mieux pour rassurer Guillermo qui s’en faisait pour sa mère mais qui devait aussi gérer la présence d’Heaven.

Finan annonça à Guillermo qu’il pouvait aller voir Tiffany, maintenant qu’elle avait eu une piqûre presque magique. C’était rassurant de penser que mon amie pouvait maintenant se reposer un peu, se refaire des forces pour quand viendrait le moment d’expulser son bébé. Je me disais naïvement que cela ne saurait plus tarder mais Abby, la tante de Finan, brisa mes illusions, et pas que les miens ! Nous fûmes trois à s’exclamer « quarante-huit heures! ». Je m’accrochais à ce qu’elle avait dit juste avant, comme quoi pas un accouchement était pareil alors peut-être que pour Tiffany, les choses iraient mieux et plus rapidement.

Finan ne semblait pas en mener bien, bien plus large que Tiffany. L’inquiétude et la fatigue se lisait sur son visage. La situation ne devait vraiment pas être simple à gérer d’autant plus qu’il devait se douter que nous étions tous là avec cette question qui nous brûlait les lèvres concernant Heaven.

D’ailleurs, la petit commençait à s’agiter encore plus si cela était possible et à papa, elle ajouta un mot que personne sauf Abby sembla décoder. Heureusement qu’elle était là faute de quoi, Heaven aurait bien fait compétition à Tiffany avec les hurlement !

- Ah mais oui, elle doit crever de faim !

Shane fut désigné par Abby pour aller lui chercher un truc à manger et il revînt avec un biscuit qu’elle porta tout de suite à sa bouche et y mordit à pleine dents, pour ce qu’elle en avait !

J’étais soulagée de ne plus l’entendre râler, sans vouloir paraitre mesquine. C’était lourd comme ambiance et le caractère d’Heaven nous aidait en rien. Ivar se réinstalla à mes côtés et m’embrassa furtivement avant de se retourner vers Finan et de l’interroger sur ce que nous voulions tous savoir.

- C’est noble de ta part comme geste mais avec Yoric qui arrive et Guillermo qui perd sa place d’enfant unique, ça fait un peu beaucoup, non ?

Je ne voulais pas lui reprocher quoi que ce soit de toute façon ce n’était pas à moi de le faire, leur vie familiale ne les regardaient qu’eux mais j’aimais beaucoup Guillermo, comme mon petit frère et de le voir ainsi m’étais difficile. Cela dit, Finan et Tiffany avaient tous les deux un cœur immenses et ne devaient pas avoir su refuser de venir en aide, surtout en sachant dans quoi Heaven vivait.

Je regardais Heaven qui mangeait son biscuit avec appétit. Bientôt, elle l’aurait englouti tout entier et peut-être réclamerait-elle encore de quoi se rassasier. Elle était toute mignonne, c’était triste de penser qu’elle avait comme père et grand-père des hommes avec une histoire aussi sombre et violente.

J’étais entré dans la chambre de Maman qui avait l’air très fatiguée… Elle avait crié beaucoup et j’avais peur qu’elle ait encore mal. Je m’avançais vers elle me demandant si elle allait bien. Elle disait qu’elle avait mal mais que ça allait mieux. Elle s’excusait d’avoir crié.

Je tenais sa main.

-C’est pas grave… J’avais juste peur pour toi…

Je voulais que Yoric arrive pour que Maman aille mieux, pour rencontrer mon petit frère et pour renter. Je m’ennuyais à l’hôpital surtout avec Heaven dans le coin. Mais quand Maman dit que Yoric arrivera peut-être demain, je poussai un long soupire.

-Demain ? C’est très loin ça… J’espère qu’il va arriver dans dix minutes…

Oui, j’espérais ça… Si ça prenait trop de temps, j’allais vraiment péter un câble. En plus, il y avait rien pour s’amuser dans le couloir de l’hôpital. Et puis, je ne voulais plus entendre Maman crier… Si Yoric prenait plus de temps Maman allait encore avoir mal longtemps.

-Yoric, il fait comme Finan… Il prend son temps.

Oui, je faisais des reproches à Finan depuis que j’avais appris qu’il s’était disputé avec Maman à cause des Los Diablos. Maintenant, j’allais en faire encore plus parce qu’il avait ramené Heaven…

J’étais toujours inquiet même quand Maman porta ma main à son front. Il était tout chaud son front et je ne voulais pas qu’elle meurt. C’est ce que je dis tout haut. Mais Maman disait qu’elle allait pas mourir. Elle comparait ça à la boxe.

-Oh d’accord… Alors c’est normal… D’accord… Mais j’aime pas quand tu as mal quand même.

Elle disait que je n’allais pas me retrouver seul avec Finan, Yoric et Heaven. Elle ajouta qu’Heaven ne resterait pas. Elle partira quand sa Maman aurait trouvé un appartement.

Je fis la moue quand même.

-Ouais mais j’aurais voulu qu’elle aille ailleurs… Elle n’est pas de notre famille. Son père, c’est l’ennemi de Finan… Puis, je comprends pas pourquoi Heaven ne vit pas avec son frère pendant ce temps… Je voulais être juste avec Yoric.

Je soupirais.

-Moi, je crois que Finan aurait dû demander à tout le monde si on voulait. Il m’a rien demandé…

Rien du tout.

Je posai ensuite ma main sur le ventre de Maman.

-Yoric, amène-toi… Vite.

Guillermo entra dans ma chambre et je pu tout de suite voir sur son visage qu’il ne passait pas le meilleur moment de sa vie, bien que la récompense au bout allait nous combler tous les trois. Je pris sa main dans la mien, ou peut-être était-ce lui qui avait prit la mienne mais qu’importe. Je pouvais le sentir tout près de moi et c’était merveilleux. Si j’en avais eu la force, je l’aurais serré dans mes bras.

- Je comprends, mais ne t’en fait pas. C’est un mauvais moment à passer mais bientôt, ce ne sera plus qu’un souvenir.

On disait même que ce serait un très bon souvenir puisque toutes celles ayant accouchés avant moi répétaient toutes, du moins la très grand majorité, qu’une fois le bébé né, la douleur s’éclipsait d’elle-même ! J’avais du mal à y croire pour l’instant mais qui sait, quand j’aurais mon beau petit Yoric dans les bras.

Je ne savais pas pour combien de temps encore j’en avais avant que Yoric naisse mais vu la lenteur de mon travail, je commençais à me dire que ça ne serait pas avant demain ! Guillermo espérait que ça serait plus rapide que ça et ça me fit rire.

- Peut-être pas dans dix minutes mais avant cette nuit ce serait déjà bien !

Il ne restait plus qu’à espérer !

Heureusement au moins que j’avais pu avoir cette fichu épidurale et que la douleur s’estompait assez pour que je puisse récupérer un peu de mes forces ! Autrement, j’aurais réclamé qu’on m’endorme et qu’on m’ouvre le ventre !

- Oh oui ! Tu as bien raison mon grand !

La présence de Guillermo me faisait beaucoup de bien. Il me faisait rire avec ses commentaires francs. J’aurais aimé le réconforter autant que sa présence me réconfortait moi mais je voyais bien que quelque chose le chicotait et j’étais presque certaine que ce n’était pas que mon accouchement et la douleur que je ressentais qui le préoccupait.

Je visais juste quand, après l’avoir rassuré sur mon état, je lui certifiais qu’Heaven ne resterait pas avec nous. Je voulais bien l’héberger le temps qu’il serait nécessaire à Sky pour se planter les pieds quelques part mais pas plus. Je ne sentais pas que je lui devais quoi que ce soit, aussi triste était son histoire. Cependant, je ne me sentais pas capable non plus de laisser une enfant dans une situation précaire.

Je caressais le visage de mon grand garçon puis je le fis se pencher vers moi pour lui embrasser le front.

- Notre famille ne sera jamais que toi, Yoric, ton père et moi. Peut-être qu’un jour nous aurons un autre bébé mais je ne veux pas que tu t’en fasses avec la présence d’Heaven. Ce n’est qu’un bébé qui n’a pas eu la chance d’avoir une famille comme la tienne. Ce n’est pas sa faute, tout ce qui arrive.

Ça ne devait pas être simple pour Heaven de passer de sa mère à un parfait inconnu puis toute une bande d’inconnu.

- Je comprends ce que tu dis. Finan n’a pas eu beaucoup de temps, il ne voulait pas risquer de manquer la naissance de ton frère, et heureusement qu’il n’a pas attendu.

Je me redressais dans mon lit parce que, même si je n’avais plus autant mal, je ressentais un fort inconfort. Guillermo posa sa main sur mon ventre et demanda à son frère d’arriver et vite et… je ressentit une envie de pousser ! Mais Guillermo était là, avec moi et je ne me voyais mal m’écarter les cuisses en les relevant devant mon fils !

- Euh… Guillermo… Va vite chercher le docteur et ton père… Je pense que Yoric n’attendait que tu le lui ordonne pour se pointer… Dépêche-toi mon cœur !

Vanya et Ivar n’étaient pas forcément prêt de passer par ce quoi moi et Tiff étions en train de passer. Apparemment l’adoption était plus dans leurs cordes. Bien qu’Ivar se trouvait encore trop jeune pour ça.

-Ouais, prenez votre temps. Bien que parfois, ça arrive sans qu’on s’y attende.

C’est ce qui m’étais arrivé. Autant pour Guillermo que pour Yoric qui n’allait, je l’espérais, pas tarder à arriver… Parce qu’il se faisait attendre et Abby ne me rassura pas en disant que certains accouchements pouvaient durer parfois 48h ! C’était énorme ! Du coup, on s’exclama tous les trois mais Abby était réellement sérieuse !

Pauvre Tiff ! Et pauvres nous !

Après, Heaven s’agita à nouveau. Elle n’avait pas bougé d’un poil pendant tout le trajet d’avion mais là, elle s’agitait pour un oui et un non. Et c’est Abby qui réussi à traduire les mots de bébés de la fille de Sky. Vanya confirma qu’elle devait crever de faim. J’hochai de la tête.

-En effet, ça fait un moment qu’elle n’a pas mangé et vu tout ce qu’elle bouffe d’habitude, c’est pas étonnant.

Ouais, j’avais été étonné de voir tout ce que ce petit corps pouvait engloutir. C’était assez dingue.

Abby ordonna alors à Shane d’aller chercher à manger à Heaven. Je soufflai alors que trois gosses, ça allait pas être facile à gérer mais Ivar disait que lui et Vanya étaient là.

Je soupirai.

-Ouais, heureusement.

Shane revint avec les biscuit et Heaven se chargea directement de mordre dans l’un d’entre eux quand Ivar le lui donna. Elle va l’engloutir en deux secondes ce biscuit.

-Un vrai goinfre cette gamine… Putain, je crois que même Guillermo mange moins…

Abby me foudroya du regard.

-Ton langage, jeune homme !

Je me mordis la lèvre. Elle rigolait pas Abby…

Ivar me demanda alors pourquoi j’avais accepté de prendre Heaven. Il disait que Guillermo n’en était pas enchanté… Je m’en doutais un peu… Mes lèvres se pincèrent alors que Vanya trouvait que ça faisait peut-être beaucoup pour Guillermo… Je soupirai.

-Je ne pouvais pas refuser ça à Sky… Elle avait peur pour la sécurité de sa fille ce que je pouvais comprendre. Je savais que la rassurer n’aurait servi à rien. Je savais aussi que si j’avais refusé elle aurait cherché quelqu’un d’autre. Peut-être quelqu’un de moins fiable… Donc, je l’ai prise… J’en devais une à Sky. A ma sortie de l’orphelinat je lui avais promis de venir l’aider quand elle-même sera libérée… Mais je n’ai pas tenu ma promesse. Je n’ai revu Sky que quand elle est tombée enceinte de ses jumeaux… Je devais me racheté.

Je fixai Heaven qui mangeait son biscuit avec appétit.

-Sky a besoin de temps pour se reconstruire. Garder Heaven lui donne ce temps. Mais ça ne sera que temporaire.

Je fixai, ensuite Vanya.

-Je sais que ça fait beaucoup pour Guillermo… Bien qu’il a normalement l’habitude de cohabiter avec d’autres enfants. Mais je comprends. Il a peur. Je le rassurerais. Puis, Heaven n’est là que pour un court temps. Elle rejoindra vite Sky.

Je l’espérais, en tout cas… Et j’espérais que Ward sera bientôt condamné afin que tout le monde puisse être, enfin, tranquille.

Guillermo sortit alors de la salle et nous lança que Yoric arrivait.

-Quoi ?!

Il répéta et j’entrai directement dans la salle où se trouvait Tiff. Je m’approchai d’elle.

-Le voilà ?!

Je pris la main de Tiff et le médecin arriva à son tour.

Heaven mangeait son biscuit avec appétit, ses petites dents croquant avidement dans la friandise. Du coup, elle était calme et ne voyait plus que le biscuit. Finan était surpris de ce qu’elle pouvait engloutir… Apparemment, j’avais sur les genoux un petit goinfre. Et je rigolai quand Abby reprit Finan sur son langage.

Je profitai que la petite était concentrée sur autre chose que moi pour dire à Finan que Guillermo n’était pas content de la présence de la petite fille et lui demandant pourquoi il l’avait accueillie alors qu’il allait lui-même avoir son propre premier enfant, si on exceptait Guillermo… Ça allait être un peu beaucoup d’un coup, tant pour Finan que pour Tiff et Guille.

Vanya abonda dans mon sens, louant le geste de Finan…

Alors Finan nous expliqua qu’il ne pouvait pas refuser ça à Sky, la femme de Ward Fleming. Parce qu’il avait une dette envers cette fille parce qu’il n’était pas venu l’aider à sa sortie de l’orphelinat.

-Oh… Je comprends… Tu étais à l’orphelinat avec Sky… C’est pour ça et pas…

Je cherchai mes mots.

-Enfin, ça n’a rien à voir avec Ward, je veux dire… Tu n’as pas fait ça pour le faire enrager…

C’était un peu ce qui me faisait peur. Que Finan ne s’attire les foudres d’un criminel… J’avais déjà entendu dire que des criminel pouvait très bien faire des méfaits depuis leur cellule de prison et j’avais pas envie que ça arrive à Finan.

Finan répéta que ce n’était que temporaire, le temps que Sky se reconstruise. Et il assura qu’il allait parler avec Guillermo.

-Ouais, je pense qu’il a vraiment besoin que tu le rassures… Il nous a fait remarquer que pour lui aussi, au départ, c’était juste temporaire.

Soudain, Guillermo jaillit de la salle d’accouchement comme un diable hors de sa boîte.

Yoric arrivait ! Si je n’avais pas eu le bébé goinfre sur les genoux, j’aurais bondis de mon siège !

-Il était temps !

Pauvre Tiff… J’espérais que ça n’allait plus tarder maintenant.

Une fois Finan dans la salle d’accouchement, Heaven avait fini son biscuit. Elle me regarda, fis une drôle de grimace et puis… lâcha un loooong pet avant de prendre un air de soulagement… Et ça se mit à puer la mort.

Je la regardai, interloqué… Puis me tournai vers Vanya.

-Et merde… Qu’est-ce qu’on fait dans ces cas-là…?

J’espérais que ça débordait pas parce que j’avais déjà le jeans tout tâché de la perte des eaux de Tiff… Je voulais pas du caca de bébé en plus… C’était trop pour ma maigre expérience.

Que ce soit de façon naturelle ou en passant par l’adoption, Ivar et moi n’étions pas près de se lancer dans l’aventure parentale. Jouer aux baby-sitters nous convenait pas mal mieux. Nous pourrions prendre Guillermo seul ou avec Yoric, tout un week-end, plus longtemps même pour permettre à Tiffany et Finan de souffler un peu, aucun problème car nous savions que cela était temporaire.

Ce fut Abby qui trouva comment calmer la petite Heaven qui devenait difficile à gérer, même dans les bras d’Ivar qu’elle appelait papa. Elle avait faim et maintenant que la tante de Finan le mentionnait, ça me semblait évident ! Nous même n’avions pas déjeuner à notre réveil car nous avions découvert Tiffany en plein travail dans la cuisine. Je regardais l’heure sur l’horloge fixé au mur et je réalisais que moi aussi, j’avais un petit creux. Je ne devais pas l’avoir ressenti parce que mon inquiétude pour mon amie était plus importante que ma faim.

Finan fut grondé par Abby qui lui ordonna de surveiller son langage. J’échangeais avec Ivar un regard moqueur en essayant très fort de garder mon sérieux avant que, finalement, Finan explique un peu mieux le contexte ayant amené la petite Heaven avec lui, ici, en Irlande.

Je l’écoutais sans l’interrompre, de toute façon il n’y avait rien à dire. Il avait fait ce qu’il pensait être le mieux dans les circonstances que nous comprenions mieux avec ses explications. Il avait voulu protéger Heaven comme il sentait qu’il aurait dû le faire avec sa maman. Il était ferme sur le fait que la situation était temporaire et qu’il parlerait à Guillermo dès que possible pour le rassurer.

- Nous ne cherchions pas à te faire culpabiliser, tu sais. Je pense que tu as fait ce que tu devais faire et je suis certaine que Guillermo comprendra.

Je regardais la petite Heaven qui en avait presque fini avec son biscuit et je soupirais.

- De si petits êtres avec de si grands soucis.

Guillermo n’avait pas eu un parcours facile avant de tomber sur Finan et Tiffany et il n’était pas le seul. Nous avions Heaven sous les yeux et Ivar en aidait beaucoup avec United For Youth. Ivar arrivait à la même conclusion, que le mieux était de rassurer Guillermo sur la situation et ce dernier sortit de la chambre de sa mère pour annoncer que son frère arrivait. Je crois qu’à ce moment-là, nous eûmes tous la bouche et les yeux grands ouverts.  

Il ne fallu pas plus d’explications pour que Finan disparaisse par la porte de laquelle venait d’en sortir Guillermo et ont se retrouva tous comme au début, à attendre sans savoir. Puis, je tournais lentement la tête vers Ivar avec un regard choqué en croyant d’abord que mon petit ami venait de nous gratifier d’un pet très sonore mais l’air qu’il avait lui-même me fit comprendre que la coupable se tenait sur ses cuisses.

- Ne me dis pas que… Ça vient d’elle ?

Mais comment une si petite fille pouvait faire un son aussi immonde ? Et l’odeur qui l’accompagnait ?

- Oh… Non !? Non !!

Pourtant si ! Heaven avait fait caca et il fallait absolument la changer avant qu’on ne condamne l’étage entier. Je me sentais totalement désemparée alors qu’Abby leva les mains en signe de refus de coopérer et Shane, lui tourna la tête et fit mine d’être très absorbé par la lecture d’une affiche épinglée sur le mur.

- Je suppose qu’oncle Ivar et tante Vanya devront se sacrifier.

Je me levais et prit le sac appartenant à la petite puis je pointais d’un signe de la tête la salle de toilettes plus loin.

- Tu la tiens, je la nettoie. On fait comme ça ?

Je supposais que Guillermo allait demeurer près de la porte de la chambre de sa mère en attendant qu’Ivar et moi revenions de notre pénible périple qui s’avéra moins terrible que ce que j’avais anticipé. Le truc était de cesser de respirer et de ne pas trop s’attarder sur ce que je nettoyais avec les lingettes. Et il m’en fallu un paquets, de ces lingettes ! Mais la petite fut vitre propre et semblait sur le point de s’endormir maintenant que deux de ses besoins primaires étaient soulagés.

Tiffany, elle, était toujours en plein travail et nous n’avions plus de nouvelles pendants un long moment.

Maman disait que sa douleur n’était qu’un mauvais moment à passer. Moi, j’espérais qu’elle avait raison. Je n’aimais pas la voir souffrir.

Je voulais que Yoric arrive vite. Dans dix minutes ça serait bien. Mais Maman doutait qu’il vienne dans dix minutes. Je fis une moue un peu triste. J’étais impatient de voir Yoric. Je voulais savoir à quoi il allait ressembler. Mais il prenait son temps… Comme Finan. Maman confirma et je rigolai un peu.

J’expliquai, ensuite, à Maman que j’étais pas très content que Heaven soit là. Pour moi, elle ne faisait pas partie de la famille. Maman essayait de me rassurer en expliquant pourquoi Finan avait fait ça avant de dire que c’était temporaire. Tout le monde disais ça… Mais j’en serais vraiment sûr que quand elle sera partie. Même si je croyais Maman… Plus que je ne croyais Finan.

Maman disait que notre famille, ça sera nous quatre… Avec peut-être un autre bébé un jour mais qu’Heaven n’était que de passage. Elle disait que tout ce qui arrivait n’était pas la faute d’Heaven… J’hochai de la tête. Je savais que c’était pas sa faute.

-Non… Je sais… C’est la faute de Ward, des Los Diablos, des New Soldados… De tout ça… C’est toujours la faute de ça.

Mais on pouvait pas sauver tout le monde. Sinon, pourquoi sauver Heaven et pas Alejandra, Ugo et Ernesto ? Finan les a mis chez United For Youth… Pourquoi il a pas fait pareil avec Heaven ? Puis, je comprends pas sa Maman… Moi, Maman m’aurait jamais donné à Finan…

Maman expliqua que Finan avait pas eu beaucoup de temps parce qu’il voulait venir vite ici. Je soupirai.

-Ouais… Je sais…

Je posai la main sur le ventre de Maman… Je demandai à Yoric de vite arriver. Et… Bah il arriva. Maman me dit qu’il allait arriver. Je fis un « o » avec ma bouche avant de dire :

-Ok ! Je vais les chercher !

Et je sortis rapidement de la pièce pour m’agiter devant tout le monde.

-Yoric arrive !!! Il faut le médecin et Finan ! Vite !!! Je l’ai fait venir et il arrive !

Finan entra dans la pièce et le médecin suivit peu après. Je me retrouvai avec Abby, Shane, Ivar et Vanya… Puis Heaven fit un pet qui fit plein de bruit. Je fis une grosse grimace.

-Dégueulasse !!!

Ivar et Vanya s’affolèrent alors que ça puait maintenant. Il fallait changer Heaven alors je leur tournai le dos. Non. Pas moi qui ferait ça.

Ni Abby et ni Shane aussi apparemment…

Ivar et Vanya vont donc se sacrifier. Je fis la moue.

-Vous êtes pas son oncle et sa tante…

Non. C’était les miens et celui de Yoric. Heaven n’était pas de la famille. Grant a qu’à venir la chercher.

Vanya et Ivar s’en allèrent aux toilettes et je pris place sur une chaise… Moi j’attendais que Yoric arrive… Mais ça prenait du temps…

Beaucoup de temps…

Heaven, Ivar et Vanya était même revenu que Yoric était pas encore né. Je me rongeais les ongles… J’avais peur à nouveau.

-C’est long…

Trop long. Abby mis sa main sur mon épaule.

-Tout ira bien, jeune homme. Les femmes sont fortes. Tiffany passera au travers.

Plus on attendait plus Heaven s’impatientait aussi… Et plus elle me tapait sur les nerfs.

Si j’avais pu éviter toute cette inquiétude à Guillermo, je l’aurais fait volontiers. S’il était resté à la maison, il aurait tourné en rond et se serait fait des milliers de scénarios en ayant pas de nos nouvelles rapidement ou alors, chaque fois qu’un en avait besoin. De m’entendre me lamenter en me sachant en souffrance n’était certes pas mieux mais il étai entouré de Vanya, Ivar, Shane, Abby et maintenant Finan était là.

Tout pouvait maintenant se dérouler comme il se devait mais il y avait un petit bémol qui se prénommait Heaven et qui n’était pas entrée dans les bonnes grâces de Guillermo. Je n’avais pas les idées très claires dans l’immédiat mais je tentais tout de même de le rassurer. La petite était avec nous mais cela était très temporaire. Elle avait encore sa maman mais pour que cette dernière puisse la reprendre, elle devait se mettre en sécurité d’abord.

Guillermo comprenait bien tout cela, trop bien même. Ça me faisait toujours mal de l’entendre parler des gangs comme d’un soucis de cours d’école mais c’était là-dedans qu’il avait grandit avant de venir s’installer avec nous. Je ne pouvais pas effacer son passer à coups de câlins et de chatouilles, même si j’en avais envie.

Finan n’avait pas eu beaucoup de temps pour prendre une décision et nous en faire part. Il était pressé de nous rejoindre ce qui faisait que nous avions apprit la venue du bébé Fleming et avions tous dû absorber le choc de la nouvelle.

- Si nous avions eu plus de temps, nous aurions prit cette décision tous les trois, ensemble.

J’aurais voulu expliquer à Guillermo que je voyais notre famille comme un tout et non pas comme des parents versus des enfants. Évidement, il y avait des choses que nous ne pourrions pas débattre avec lui, comme il allait devoir gérer parfois ses propres questionnements mais je voulais qu’au minimum, il se sente impliqué et qu’il sache que son avis nous importait beaucoup à son père et moi.

J’aurais voulu lui dire tout ça mais une forte pression entre mes cuisses me fit grimacer alors que je compris que le moment était venu de passer à la phase deux de mon accouchement. La présence de Guillermo avait peut-être inciter son petit frère à se pointer le bout du nez plus rapidement que ce qu’il avait fait jusqu’à maintenant.

- Merci mon grand, je t’aime !!

Je le fis sortir de la chambre en coup de vent et Finan y repassa à la même vitesse suivit de peu par le médecin. Mon mari prit ma main et je confirmais ce que j’avais dit à Guillermo.

- Oui, j’en suis certaine !

Le médecin procéda à un énième examen de mon travail. Je ne savais plus combien de fois on m’avais scruté cette partie de mon corps depuis mon arrivée à l’hôpital, ni par combien d’infirmières. J’en avais perdu toute notion du temps et pudeur. Le médecin confirma qu’il était temps et on m’installa pour que je puisse pousser.

Et c’est ce que je fis, en tenant la main de Finan. Je poussais chaque fois qu’une contraction arrivait, je poussais de toutes mes forces et pendant de longues et interminables minutes, peut-être mêmes des heures mais je poussais sans relâche jusqu’à ce que Yoric se retrouve dans les bras du médecin, tout visqueux et poussant de grands cris de colère. Il semblait tout minuscule mais le médecin affirma que je venais de mettre au monde un bébé d’un peu plus de quatre kilos. Un gros bébé en santé qui ne ressemblait pas encore tout à fait à son papa ou à sa maman, les prochaines heures définiraient mieux ses traits quand il serait calmé et tout propre. Malgré tout, il était le plus magnifique bébé du monde quand je pu enfin l’avoir dans mes bras et que je pouvais le regarder de près.

Je tournais mon regard embrumé par la fatigue et mes émotions vers Finan. Nous avions un second fils, la vie nous choyait. Je remarquais qu’à se moment que mon mari avait retrouvé son collier.

- Tu l’as retrouvé ? La boucle est bouclée…

C’est ce que je soufflais alors que je soulevais notre fils pour que son papa puisse le prendre à son tour et faire connaissance.