Mon tour à l’hôpital avait été court mais efficace. On m’avait annoncé alors que je me remettais toujours de ma commotion que j’allais être transféré en prison afin d’améliorer mes conditions de détentions. J’en étais satisfait car je n’en pouvais plus de sentir le flic à longue de journée.

Puis, en prison, j’aurais plus de latitude.

Seulement, je ne m’attendais pas à ce que le juge demande mon incarcération à Saint-Quentin. Je savais que les charges retenues contre moi étaient lourdes mais je m’attendais à une prison du comté et pas à une prison d’Etat mais il semblerait que mon cas soit bien plus grave que je ne l’aurais imaginé si bien que je me demandais sérieusement ce que foutais mon avocat.

Ça me faisait râler… Parce qu’à Saint-Quentin, il y avait mon père et j’étais sûr qu’il se fera une joie de souligné qu’il avait eu raison.

Bref… J’avais bien dû accepter mon sort ainsi que l’expertise psychiatrique qui a été faite dans la foulée avant même que je ne mette le pieds à la prison. Si j’avais cru qu’il ne s’agirait que d’un entretient avec un psy, je m’étais trompé. J’avais bien eu un entretien où j’avais causé de ma vie de mon enfant à maintenant, de mes relations avec les femmes, de celle avec mes enfants, de celle par rapport aux gangs et j’en passe… J’avais joué la carte du remords… Du repentis qui traine depuis son enfant la réputation de son père sur ses épaules. J’avais parlé de Sky et du fait qu’elle était devenue, petit à petit, de plus en plus jalouse et de plus en plus bizarre… Bref, j’avais lancé les mêmes cartes que j’avais lancé à tout le monde jusqu’ici…

Sauf qu’il n’y avait pas eu qu’un entretien… J’avais aussi eu le droits à divers tests qui, pour moi, n’avaient ni queue ni tête… J’avais dû dessiner des chose, répondre à diverses questions, analyser des foutues tâches et passer un test de QI… Je n’avais aucune idée de ce qu’il fallait répondre pour être conforme à ce que j’avais dit au psy précédemment ce qui m’avait profondément agacé.

En gros, je n’avais aucune idée de ce que donnerait le résultat ce qui n’améliorait pas mon humeur qui n’avait fait que se dégradé depuis que j’avais appris que ma nouvelle résidence était Saint-Quentin…

C’était là que j’étais désormais… Obligé de suivre un horaire stricte, de dormir dans une cellule avec un mec qui ne cesse de se venter qu’il a tué l’amant de sa femme et, comble de tout, de constater que la bouffe ici est plus dégueulasse que celle de l’hôpital !

-Tiens ! Le fils prodige est enfin arrivé !

C’est ce que s’exclama mon père en s’approchant de moi alors que j’étais adossé à l’entrée de ma cellule ouverte sur un couloir ultra surveillé. C’était le moment « temps libre ». Mais on se faisait royalement chier.

Je fixai mon père.

-Ça fait deux jours que je suis là… Tu es tellement sénile que tu viens seulement de le remarqué ?

Non. Il venait simplement de la savoir parce que cet abruti s’était battu et avait passé un bon mois en isolement.

-Je savais que tu finirais par venir. C’était écrit Edward.

Mouais… Ecrit… Je le fixai droit dans les yeux.

-Et bien profite de ma présence parce que ça ne durera pas… Je suis innocent.

Il ricana.

-J’en doute… Je sais qui tu es. N’oublie pas que c’est moi qui t’ai fait.

J’allais répliqué mais un gardien s’approcha alors.

-Fleming… Ton avocat est là.

Mon père et moi on se retourna en même temps. Il roula alors des yeux.

-Edward… Pas toi, Tom…

Je foudroyai le gardien du regard.

-Je m’appelle Ward…

Le gardien roula des yeux à nouveau.

-Je sens que vous allez vite me taper sur les nerfs tous les deux…

Il me demanda ensuite de lui suivre et c’est ce que je fis. Je fus menotté et tout le bordel et on me conduisit dans un endroit où se trouvait des table. C’était une cellule mais avec des tables pour discuter. Je fus attaché à l’une d’entre elle et on fit, par la suite, entrer mon avocat.

-Maitre Anderson ! Content de vous voir !

Je dis ça sur un ton enjoué alors qu’Anderson prit place face à moi.

-Dites-moi que je vais bientôt sortir d’ici… Mon père me tape déjà sur les nerfs et je ne l’ai vu qu’une petite minute…

@ Billy Lighter

Aujourd’hui, je  devais aller voir mon client, Ward Fleming, qui avait été enfin transféré à Saint Quentin… J’avais bataillé pour qu’il soit incarcéré dans une vraie prison plutôt que dans une cellule d’un commissariat de quartier. J’avais expliqué que c’était pour plusieurs raisons.

Numéro 1, il n’y avait pas de vraie cuisine au commissariat et Ward devait se contenter de gaufres distribuées à peu près toutes les six heures. C’était déjà limite pour les détenus qui n’étaient enfermés là que 12 heures et Ward y était depuis des jours !

Numéro 2, le confort. Dans une vraie prison, il aurait au moins ce qui ressemblerait plus ou moins à un lit, avec un matelas fin, mais un matelas quand même. Pas le bête bloc de béton qui lui servait de couchette au commissariat.

Numéro 3, tout humain, même le pire, a besoin de respirer un peu d’air frais ou d’avoir quelque chose pour s’aérer l’esprit. Or, au commissariat, c’était impossible, contrairement à la prison où il y avait quand même la promenade quotidienne dans la cour.

Mais il n’y avait rien à faire ! Les inspecteurs Philips et Henry voulaient absolument garder Ward sous la main pour pouvoir l’interroger à n’importe quelle heure sans avoir à se taper Saint Quentin à chaque fois.

Et au moment même où je soumettais le dossier de Ward à une association des droits de l’homme, Ward s’était vu contraint de se blesser lui-même pour pouvoir enfin prendre un peu l’air !

J’avais été révolté !

Sur le coup…

Ma requête avait finalement été acceptée suite à cet incident étant donné que Ward devenait un danger pour lui-même. Et il fut donc transféré à Saint Quentin.

Puis tout m’était tombé dessus d’un coup… Et si j’avais bien voulu croire à la possible innocence d’Edward Fleming et au fait que sa femme soit psychologiquement dérangée… Et bien je tombais de haut !

Il y avait d’abord eu les témoignages. Celui de Finan Quinn mais aussi celui de la fameuse Riley Raphaël qui avait été retrouvée par le FBI et était désormais sous leur protection. En lisant leurs dépositions, j’étais devenu blême… A la limite, que sa femme soit folle, allez, je voulais bien le croire… Mais qu’absolument tout le monde soit cinglé, là, j’étais quand même moins sûr.

Du coup, je pensais que Sky Fleming n’était peut-être pas aussi folle que Ward voulait bien me le faire croire.

Puis j’avais reçu le résultat de l’évaluation psychiatrique de Ward.

Et ça m’avait achevé. Pourtant, je ne pouvais décemment pas abandonner un client comme ça. Je ferais ce pour quoi j’étais payé au mieux, mais je savais qu’il y avait désormais pratiquement aucune chance qu’on gagne.

C’est donc la boule au ventre à l’idée de la réaction de Ward que je me rendis à Saint Quentin.

Là, on me fit entrer dans une petite pièce avec une table boulonnée au sol à laquelle Ward était menotté… ça me rassura un peu. J’avais pas vraiment envie qu’il me saute au cou.

-Bonjour, Ward…

Je m’assis et déposai son dossier devant moi. Ward, lui, me demanda froidement de lui dire qu’il allait bientôt sortir parce qu’apparemment, la rencontre entre le père et le fils s’était déjà mal passée.

Je m’éclaircis la gorge et ouvris le dossier. Avant de regarder Ward.

-J’ai peur que les nouvelles ne soient pas bonnes, Ward…

Je soupirai.

-Le FBI a retrouvé la nommée Riley Raphaël qui est d’accord de témoigner contre vous. Finan Quinn a fait de même. Je suppose que vous connaissez ces deux personnes.

Je pinçai les lèvres.

-Je peux facilement discréditer votre femme… Mais je ne peux pas prétendre que tout ce petit monde est fou quand votre propre évaluation psychiatrique est plus qu’inquiétante.

@ Billy Lighter

Anderson s’était avancé dans la pièce. Je pouvais voir à sa tête qui semblait stressé… Il avait le visage fermé et semblait hésitant à rejoindre le siège face à moi.

Je le saluai et il le fit en retour. Je clamai que j’espérais qu’il venait avec de bonnes nouvelles parce que je n’avais aucunement envie de rester ici. Le commissariat, c’était nul… Mais Saint Quentin avec d’autres inconvénients comme le fait que mon père y résidait et qu’il m’avait déjà tapé sur les nerfs avec sa joie de me voir là où il avait prévu que je finirais. Je savais aussi que si je restais ici, ça serait un moyen pour lui d’avoir un distraction et j’avais autre chose à faire que de me mesure à un tueur en série bas de gamme.

Par que, voyons les choses en face, ma carrière est bien plus florissante que celle du Boucher de Los Angeles. Il avait tué une brochette de femme mais s’était fait arrêter bien avant la trentaine. Moi, j’avais commencé plus jeune que lui et j’avais quasi 37 ans. Lui et moi, on est absolument pas comparable.

Je suis meilleur que lui. Bien meilleur. Et il y avait meilleur que lui dehors aussi.

Mais ici, j’étais sur son territoire et je savais qu’il me faudra du temps avant qu’il ferme son clapet.

Donc, je voulais sortir.

Mais les nouvelles n’étaient pas bonnes.

Je penchai légèrement la tête sur le côté en toisant Anderson.

-Ah oui ?

Développe.

Et il développa me parlant des témoignages de cette enfoiré de Quinn et de Riley Raphaël, cette petite pute qui avait constitué ma seule erreur en plus de 20 ans de carrière !

-Je ne connais pas Riley Raphaël… Mais ma femme semble la connaitre. Peut-être faudrait-il creuser par là. Qui nous dit que Sky n’a pas engagé Riley pour témoigner contre moi ? Elle en serait capable… Quant à Quinn, ouais, je le connais. C’est un Los Diablos. J’ai été un Los Diablos. Il m’a toujours détesté. Alors je doute que son témoignage soit sincère.

Il pouvait facilement démolir ces deux témoignages, non ? Décrédibiliser une pute et un dealer, ça ne doit pas être trop compliqué, il me semble.

Mais Anderson était face à une autre difficulté… Mon évaluation psychiatrique. Je le fixai.

-Inquiétante ? Ça veut dire quoi, ça ? J’ai mal analyser les tâches ? Non, sérieusement, comment on peut savoir ce qu’il se passe dans la tête de quelqu’un avec des test aussi abstrait, hein ?

Ces tests étaient stupides. Je ne comprenais pas comment on pouvait tirer quelque chose de scientifique de ça.

@ Billy Lighter

Je regardai Ward un moment après qu’il m’ait affirmé ne pas connaître Riley Raphaël et avoir accusé Quinn de mensonge. Il allait jusqu’à dire que c’était probablement sa femme qui avait engagé Riley Raphaël pour témoigner contre lui. Il restait donc sur sa version comme quoi il était manipulé par Sky Fleming… Et qu’elle était capable d’aller loin.

Quant à Quinn, apparemment, le seul fait qu’ils se détestaient suffisait. Non. Correction. Le fait que Quinn LE détestait.

Pauvre petit Ward…

Je baissai les yeux sur son dossier et son évaluation psychiatrique.

Edward Fleming est un homme enclin au mensonge qui a consciemment édulcorer son histoire personnelle afin de se faire passer pour un homme repenti qui subit les préjugés du système judiciaire et policier ainsi qu'un possible trouble mental de sa femme, Sky Fleming. En effet, les différents tests ont révélé une tendance d'Edward à la victimisation et à la manipulation d'autrui afin de s'attirer la sympathie ou la pitié.

Je hochai la tête…

-Je pourrai essayer de défendre l’hypothèse que Sky a engagé Raphaël… Mais elle soutient qu’elle ne l’a jamais vue… Qu’elle vous a juste entendu en parler au téléphone, assez pour se faire des films sur une possible liaison entre vous…

Je pouvais toujours essayer… J’étais là pour défendre Ward… J’aurais bien pris note de cela, mais on m’avait pris mes stylos à l’entrée de la prison. Je notai donc mentalement la version de Fleming. Même si je savais que l’avocat de Sky ou celui de la partie civile objecterait en disant que c’est de l’extrapolation…

-Vous avez quelque chose qui pourrait prouver que Sky a pu engager Raphaël pour témoigner contre vous ?

J’en doutais, puisqu’il disait ne pas connaître Raphaël.

-Voyez-vous, je ne peux baser ma plaidoirie sur de l’extrapolation…

Quant au test, Ward s’indigna calmement. Il se demandait ce que les tests qu’il avait passés pouvaient bien prouver…

Je me mordis la lève inférieure.

-Tendance à la victimisation, manipulation d’autrui, anti-sociabilité, faible résistance à la frustration, propension à la violence, manque d’empathie.

Je pointai du doigt son front blessé…

-Et vous n’êtes pas suicidaire. Vous vous aimez trop pour ça. Et vous avez toutes les capacités intellectuelles qu’il faut pour comprendre les règles en société.

Je soupirai.

-En gros, ils disent que vous êtes un psychopathe.

Je pinçai les lèvres.

-Tout ce qu’on peut espérer, c’est que dans le cas de la violence conjugale, et aussi pour le témoignage de Riley, l’évaluation psychiatrique de Sky montre qu’elle est aussi perturbée que vous.

@ Billy Lighter

Apparemment autant Riley que Quinn avaient témoigner contre moi. C’est ce que me rapportait mon avocat qui avait toujours l’air anxieux même s’il essayait de garder son sang-froid.

J’expliquai que Riley était sûrement de mèche avec ma femme et que je ne la connaissais aucunement alors que Quinn, lui, me détestait ce qui ne faisait pas de lui un témoin fiable. Je pensais que mon avocat serait assez compétent que pour décrédibiliser un pute et un dealer mais, apparemment, il semblait sous-entendre que ça allait être compliqué.

Il disait qu’il pourrait éventuellement défendre le fait que Sky est de mèche avec Riley mais Sky avait déclaré qu’elle avait entendu le nom de Riley de ma bouche. Je roulai des yeux.

-C’est des conneries, ça…

Il demanda alors si j’avais quelque chose qui pourrait prouver que Sky avait pu engagé Riley. Il se fout de moi, là ? Je lui ai dis que je ne connaissais pas Riley. Il voulait que je tire une preuve de mon cul, là ? Il déclara qu’il ne pouvait pas baser sa plaidoirie sur des extrapolation.

-Bien sûr que je n’ai pas de preuves ! Je ne connaissais même pas l’existence de Riley ! Et comment ça se fait que ma parole vaudrait moins que celle de Sky ? C’est elle qui a tout orchestré ! Les flics, ils cherchent aussi à voir si Riley, Quinn et Sky sont fiables, j’espère ? Parce qu’à chaque fois que je les ai vu, je pense plutôt qu’ils veulent m’enfoncer !

Ça m’agaçait. Et les choses ne s’arrangèrent pas quand Anderson me parla de ma foutue évaluation psychiatrique… Il la trouvait « inquiétante » et me fit un petit résumé de ce que ça avait dit sur moi.

Je levai un sourcil en entendant tous les qualificatifs me demandant bien comment ils avaient pu tirer ça des tests que j’avais fait. Tendance à la victimisation ? Sérieusement ? C’est n’importe quoi !

J’écoutai restant de marbre quand il disait que je n’étais pas suicidaire parce que je m’aimais trop. Il finit par conclure que la conclusion des psys était que j’étais un psychopathe.

Ben voyons.

Je roulais des yeux alors qu’il disait que tout ce qu’on pouvait espérer c’était que l’évaluation de Sky soit tout aussi « mauvaise ».

-Je me demande vraiment comment ils ont pu tirer ça des tests que j’ai fait. Je doute réellement de la valeur scientifique de tout ça…

Je continuais de fixer Anderson.

-Et quand bien même ça serait le cas, ça ne veut pas dire que j’ai conçu un réseau de prostitution, que je suis chef de gang et que j’ai étranglé ma femme… C’est de l’extrapolation aussi ça, non ? On ne peut pas juger un homme à son profil psychologique, que je sache. Sinon, autant enfermer les gens avant qu’ils aient fait le moindre crime.

Je continuais de fixer Anderson.

-Et nous savons vous comme moi que ce n’est pas les charges de violence conjugale les pires… Votre boulot, c’est de me rendre innocent de tout. On a une chance de gagner, Maitre Anderson ?

Car c’était ça, l’important… De gagner !

@ Billy Lighter

J’avais pensé que Ward laisserait tomber ce qui me semblait être un gros mensonge : comme quoi il ne connaissait pas Riley Raphaël. Mais il continua obstinément à dire qu’il ne connaissait pas la jeune femme. Pourtant, celle-ci l’avait accusé des pires méfaits comme de la forcer à tuer une autre prostituée.

Il était indigné maintenant, se demandant pourquoi sa parole valait moins que celle de Sky… Il y avait encore peu, j’aurais dit que ce n’était pas le cas et qu’on pouvait facilement faire passer Sky pour folle, ce qu’elle était peut-être…

Mais maintenant que j’avais l’évaluation psychologique de Ward devant moi, je savais qu’effectivement, si Sky faisait un meilleur résultat à sa propre évaluation, la parole de Ward vaudrait bel et bien moins que celle de Sky.

Je repris un ton calme.

-Bien sûr que les autorités vérifient leurs sources… Mais jusqu’ici, rien ne dit que Raphaël ou Quinn mentent. Au contraire, leurs versions convergent…

Je lui exposai alors quelques bribes de sa propre évaluation psychiatrique qui était loin d’être bonne. Et il affirma douter de la valeur scientifique de tout ça.

Je m’énervai un peu.

-Le monde se fiche de ce que vous pouvez penser de ça ! Cette évaluation est désormais une pièce à conviction et il va falloir faire avec…

Je me pointai du pouce.

-Je vais devoir faire avec ! Et vous ne m’aidez pas.

Il affirma alors qu’on ne pouvait rien prouver à partir de son évaluation psychiatrique que si c’était le cas, en gros, on avait qu’à évaluer tout le monde et enfermer direct ceux qui présentaient un profil psychopathique.

-Non, ça ne prouve pas que vous soyez un proxénète, un chef de gang et que vous ayez attaqué votre femme. Mais le problème c’est qu’il y a beaucoup de gens qui se bousculent au portillon pour témoigner à votre charge maintenant… Comme s’ils sentaient qu’ils ne risquent plus rien à témoigner…

Il me fixait et je n’aimais pas ça. Mais je soutenais son regard tant bien que mal.

Il me demanda alors si on avait une chance de gagner. J’ouvris les bras en signe d’impuissance…

-Pour la violence conjugale, on a une chance. Pour le reste… J’ai bien peur que Raphaël et Quinn à eux seuls n’en sache suffisamment que pour vous faire moisir ici jusqu’à la fin de vos jours. Surtout si l’enquête mène à des endroit, comme… des planques… où vos empreintes seront partout.

Je mordis ma lèvre.

-Je serai content si vous échappez à la peine de mort.

@ Billy Lighter

Je trouvais si facile de détruire les témoignages de Riley et Quinn que je me demandais si mon avocat, qui semblait sceptique à ce sujet, était réellement compétent. Il disait que les flics vérifiaient bien leurs sources mais que, dans le cas de ces témoignages, ils concordaient. Je roulai des yeux.

-Peut-être qu’ils se sont concertés qui sait ?

J’avais bien compris que quelque chose troublait mon avocat et je compris pourquoi quand il me fit part des résultats de mon évaluation psychiatrique. D’après tous ces psy, j’étais un psychopathe… Reed jubilerait d’entendre ça… Jordan aussi… Et un tas d’autres gens aussi. Mais je doutais de la valeur scientifique de tout ça… Les questions auxquelles j’avais répondu n’avaient ni queue, ni tête… C’est que je dis à mon avocat…

Mais il s’énerva disant que les gens se fichaient de mon avis et que tout ça représentait une pièce à conviction. Je fronçai des sourcils le foudroyant du regard.

-Une pièce à conviction discutable…

Il disait qu’il allait devoir faire avec et que je ne l’aidais pas.

-Ce n’est pas moi qui ne vous aide pas mais ce que les psys ont écrit. Je n’y peux rien si c’est n’importe quoi !

J’ajoutai, ensuite, que ce résultat ne voulait en rien dire que j’étais coupable des charges qui me sont reprochées. Sinon, on devrait enfermer tous ceux qui ont se genre de diagnostiques à l’avance. Il disait que le résultat n’était pas tant le problème mais les gens qui commençaient à venir témoigner.

-Il n’y en a que trois… Dont un est un dealer et l’autre est ma femme qui a tourné cinglée. Faite un petit effort ! A moins que je ne sais pas tout. Il y en a plus ?

Il semble que oui… Ou alors ce sont les preuves qui s’accumulaient. Alors, je demandais si on avait une chance de gagner. Parce que, finalement, le reste, je m’en foutais un peu. C’est le résultat qui compte.

Anderson déclara qu’on pouvait s’en sortir sur le violence conjugale… Mais pas sur le reste. Je tiquai quand il parla de prison à vie… Ou de peine de mort.

Je ne dis rien pendant quelques secondes…

-Donc vous dites que je risque la prison à vie pour le témoignage d’un mec qui ne m’aime pas et d’une femme que je n’ai jamais vu. Ça donne foi en la justice…

Je le fixai toujours.

-Donc mes chances sont estimé à combien de pourcent de m’en sortir avec une peine raisonnable ? C’est quoi le plan ?

Il était avocat. Il devait avoir un plan…

-Et j’aurais une chance de pouvoir revoir mes enfants ? Ils peuvent me rendre visite ?

Je dis ça sur un ton monocorde. Comme si ce que venait de me dire Anderson m’avait fait passé l’idée de me fouler pour jouer les gentils.

@ Billy Lighter

Je soupirai bruyamment quand Ward déclara que les témoins s’étaient peut-être concertés. C’était possible…

-Ah oui ? Et comment vais-je prouver ça, Ward ? Tout ce que je peux faire, c’est semer le doute dans la tête du juge. Et c’est ce que je ferai.

Je lui parlai alors de l’évaluation psychiatrique qui constituait une pièce à conviction… non discutable, justement. Ward m’énervait de plus en plus avec son air suffisant et ses solutions à tout. Je le fusillai du regard.

-Et moi je vous dis que cette pièce à conviction est non discutable ! Tout a été fait dans les règles de l’art ! J’ai passé des nuits à chercher une faille, un test qui aurait été mal fait ou un psychologue qui n’aurait pas été impartial ! Je n’ai rien trouvé !

Je me laissai aller contre le dossier de ma chaise et écartai les bras.

-Vous êtes un psychopathe, Ward ! Même si ça ne fait pas de vous un tueur pour autant !

Ward voulait que je démonte les témoignages des témoins… Je roulai des yeux.

-Vous m’écoutez quand je parle ? J’ai dit que je ferais tout pour les démonter. Et je ne sais pas encore s’il y a plus de témoins… Mais… les gens parlent. Les enquêteurs écoutent. Et je ne doute pas que ce soit possible qu’on se retrouve au final avec plus de trois témoignages concordants.

Je me penchai vers Ward…

-Dont possiblement un agent du FBI dont je ne connais pas l’identité et qui aurait été infiltré chez les Los Diablos.

Celui-là même qui avait retrouvé la dénommée Riley. Si lui témoignait, ça allait devenir très compliqué.

-En plus, vous n’écoutez pas ce que je vous dis, seulement ce que vous voulez entendre. Vous m’avez entendu quand j’ai parlé des empreintes que les policiers pourront trouver dans vos possibles planques ?

Je haussai les épaules.

-Si vous êtes vraiment innocent et qu’ils ne trouvent rien, vous aurez une bonne chance de vous en sortir.

Je passai ma langue sur les lèvres.

-Je dirais que vous avez 10% de chance de vous en tirer avec une peine raisonnable. Je vais détruire tout ce qu’il y a à détruire. Mais je ne peux pas faire mieux.

Je refermai le dossier et me levai, prêt à partir… Quand Ward me demanda ce qu’il en serait de ses enfants.

-Vous ne pouvez pas les voir avant votre condamnation étant donné l’accusation de violence conjugale. Et une fois condamné, il y a de fortes chances que vous soyez déchu de vos droits parentaux.

Je tournai les talons.

-Je suis désolé, Ward.

Et je m’en allai…

@ Billy Lighter

Mon avocat s’énervait un peu alors que je lui soumettait de faire en sorte de décrédibiliser Quinn et Riley. C’était lui l’avocat, non ? Et bien il semblerait qu’il ne soit pas prêt à certains miracles. Maitre Louis, lui, n’aurait pas trouvé la tâche aussi complexe. Mais la différence de prix entre Louis et Anderson était énorme. Ceci expliquait sait doute cela.

Car oui, la justice n’est là que pour ceux qui ont de l’argent.

-Ok. Faites ça.

Il parla ensuite de l’évaluation psychiatrique que j’avais, visiblement, raté. A moins qu’il n’ait basé leurs conclusions sur des préjugés. Je voyais bien les psys faire ça. Après tout, eux-mêmes ne sont pas tout net. Suffisait de voir comment était A.J.. Mais mon avocat disait que l’évaluation était tout à fait recevable. Il le dit avec conviction et en me montrant bien qu’il n’aimait pas tant que je conteste tout ce qu’il disait. Il déclara que j’étais un psychopathe. Je le fixai droit dans les yeux avant de pencher légèrement la tête sur le côté.

-Je n’aime pas tant les étiquettes.

Mais je n’en rajoutai pas sur le sujet alors que mon avocat clama qu’il ferait tout ce qu’il pourrait pour démonter ce qu’il y avait à démonter mais qu’il voyait bien les témoignages commencer à s’accumuler. Dont celui, apparemment d’un agent du FBI qui aurait été infiltré chez les Los Diablos.

Je levai un sourcil. Un agent du FBI infiltré.

Qui ?

C’était la question que je me posai intérieurement. En tout cas, je ne savais pas si Reed savait ça mais je notais l’information dans un coin de ma tête. Ça pourrait m’être utile.

-Chez les Los Diablos ? Je n’en fais plus partie depuis des années…

Mon avocat se plaignait que je ne l’écoutais pas. Il parlait des empruntes que les flics allaient certainement retrouvé dans la planque. Riley savait où se trouvait la planque mais j’espérais que Josh ait eu assez de jugeote que pour faire un grand nettoyage.

-Je n’ai pas de planques…

C’est tout ce que je dis alors que mon avocat disait que si j’étais vraiment innocent, je n’aurais rien n’à craindre. Je ricanai.

-Ouais sauf que j’ai l’impression qu’on prend moins mes paroles au sérieux que ceux des autres. Donc…

Mon avocat estimait mes chances de m’en sortir à 10%. Preuve que, quelque part, il ne me croyait pas innocent. Et si j’avais pu voir le doute la dernière fois que je l’avais vu, cette fois, j’avais bien l’impression qu’il était certain que je mentais quand je disais être innocent.

Je ricanai…

-10%... Génial…

Il ferma son dossier et se leva. Il en avait fini visiblement. Je le questionnai, donc, sur mes enfants. Il déclara que je ne pourrais pas les voir et que je risquais fort, en cas de condamnation, de ne pas en récupérer la garde.

Je ne dis rien…

Il se disait désolé.

Il tourna les talon.

-C’est ça ouais…

Je ne le croyais pas du tout désolé. Je crois juste qu’il était pressé que tout ça se finisse peu importait le résultat.

Mais je ne pouvais plus attendre le résultat. Il fallait que j’agisse.

Il fallait que je sorte ma plus grosse carte.

@ Billy Lighter