Le silence…

J’détestais le silence…

Pourtant, pour le énième repas que je prenais en compagnie de mes parents et de ma femme, c’était ce silence qui dominait. Souvent, on bouffait au resto ce qui faisait que y’avait au moins la musique d’ambiance et le brouhaha des conversations des gens.

Mais aujourd’hui, on avait décidé de manger dans la suite. C’était l’hôtel qui s’était chargé de nous servir les plats à même la suite… On avait fait ça parce qu’aucun de nous n’avions la force de sortir… Dommage… J’aurais voulu que, pour une fois, on puisse bouffer uniquement nous deux et pas avec mes parents en prime.

Mais ils étaient là…

Du coup, les conversations se résumait à mon père qui commentait le repas qui était largement à son goût et de ma mère qui parlait de la pluie, du beau temps et de New York à Peyton… Quant à moi, j’disais rien… J’avais rien n’à dire surtout pas à ma foutue mère.

D’ailleurs, ces repas étaient des temps que j’perdais en compagnie de Peyton et rien qu’elle. Depuis notre conversation de l’autre jour, j’lui racontais chaque jour mes cauchemar. J’étais là aussi pour l’écouter quand elle en avait besoin. Bref, on s’en tenait à ce qu’on avait dit. Mais j’voyais pas le bout du tunnel pour autant.

Sûrement parce qu’il y avait encore trop de questions sans réponses… Comme simplement l’endroit où on allait vivre… Ma mère semblait, elle, se dire que si jamais on venait à New York, elle et mon père en feront de même…

Sauf que…

Ils ont pas d’argent, hein… Ils ont aucun moyen de déménager à New York… Mais bon… J’avais rien dit…

J’mangeai regardant, la plupart du temps, mon assiette et mon verre de vodka qui se vidait rapidement… Ma mère, elle, devint, au fur et à mesure du repas, un vrai moulin à parole. Elle parlait de bébés… De NOS futurs bébés à Peyton et moi…

-N’oublie pas de bien manger Peyton. Le médecin me conseillait de bien manger quand j’étais enceinte. Si tu veux des bébés en santé et intelligent, il faut veiller à ta santé… Je suis certain que tes enfants seront de véritables petites merveilles. De futurs médecins peut-être ? Ou des hommes et femmes d’affaire comme toi ? Avec un exemple de mère comme le tient, ils iront loin.

J’relevai le regard sur ma mère… Elle venait de me lâcher quoi, là ? Des conseils sur comment il faut faire pour avoir des bébés en bonne santé à la naissance ? C’est ça ? Elle déconne là ? Elle se fout de ma gueule là ?

J’secouai la tête pensant d’abord à mon esprit qui avait vagabondé trop loin mais j’me rendis compte que c’était bien ce que ma mère venait de dire.

Et ça me piqua. Très fort. Assez que pour que j’sorte de mon mutisme et que j’fixe Peyton. J’pris mon air le plus nonchalant qui soit. Un air que ma mère avait pris l’habitude de détester.

-Ouais, Peyton, mange bien. Ah et évite de boire aussi et de fumer… Parce que si tu fais ça, tu risques d’avoir des bébés bouffeur de frics… Ceux que tu dois conduire à l’hosto toutes les semaines parce qu’ils s’étouffent tout seuls et qui, de ce fait, ruinent ton compte en banque.

Ma mère me regarda avec un air choqué mais j’continuai sans la regarder.

-En gros, fait pas comme June Stone… Elle, elle fumait, elle buvait et tout le bordel. Résultat, la pauvre a pas réussi à mettre au monde le prochain président des Etats-Unis mais qu’un p’tit batteur de merde.

Je fixai, enfin, ma mère.

-J’ai juste, hein, M’an ?

Mon père savait plus où se mettre… Mais que ma mère se permette de faire la morale à Peyton me tuait un peu…

Par contre, je m’attendais à ce qu’elle réplique… Qu’elle se défende… Qu’elle me rabaisse… Mais elle resta juste à me regarder d’un air interdit.

@ Billy Lighter

Le silence…

Comme il était salvateur le silence !

Howard et moi passions beaucoup de temps ensemble, rien que lui et moi, enfermés dans la chambre de la suite du Plaza Hotel. C’était comme une bulle autour de nous, un château fort dans lequel rien ni personne ne pouvait nous atteindre. Nous y étions en sécurité, du moins moi je m’y sentais en sécurité. Puis ici, Howard était totalement avec moi et pas ailleurs.

Il n’y avait qu’un toute petite brèche à notre forteresse.

La relation d’Howard avec ses parents était toujours aussi houleuse.

D’un côté, il y avait June qui jouait à la mère avec moi et elle y parvenait très bien. Elle veillait à mon alimentation, elle surveillait mon poids, elle faisait des plans pour les bébés comme des voyages à Disney Land, à la plage ou encore dans un verger du Vermont. Elle voyait loin, elle rêvait d’être la mamie parfaite et Holden, lui, suivait les plans de sa femme sans rechigner. Du moment où il ne mettait pas la main dans sa poche, ça allait ! Tout ça, June le faisait sans jamais mentionner Howard. En fait c’était plu vicieux que ça. Elle avait cette façon particulière de faire croire qu’elle l’impliquait dans ses beaux projets, sans jamais le nommer ou lui demander son avis.

De l’autre côté, il y avait Howard qui ne digérait toujours pas ses blessures d’enfance. Il souffrait en silence et ravalait chaque fois qu’il était question des enfants et des projets de sa mère. Là-dedans, je ne voyais pas où ni comment me placer. Pire encore, je sentais Howard sur le point d’exploser et se jour-là, la terre tremblerait.

Ce soir, nous mangions dans la salle à manger de notre suite. Je n’avais pas envie de sortir souper dehors, l’idée de passer des heures à me maquiller et me coiffer pour aller m’installer à la table d’un grand restaurant commander un repas hors de prix duquel je ne prendrais qu’une ou deux bouchées me révulsais.

J’avais donc prévenue June qu’Howard et moi je sortirions pas ce soir croyant qu’elle déciderait pour elle et son époux du choix de leur table et c’est ce qu’elle fit mais pas de la manière dont je m’y attendais. June et Holden souperaient avec Howard et moi, dans notre suite.

À l’heure du souper, nous étions attablés tous les quatre. Holden entretenait à lui seul la conversation que je n’écoutais que d’une oreille. Je ne relevais la tête que lorsque June s’adressa à moi en me conseillant de bien manger et je ne sais plus quelle connerie. Je hochais de la tête tout simplement, continuant de jouer du bout de ma fourchette dans la salade aux crevettes.

Elle rêvait encore à voix haute, ma belle-mère, en estimant qu’avec moi comme mère, mes bébés pourraient être médecin ou brasser des affaires. Honnêtement, je ne savais même pas si je serais encore là pour célébrer leur premier anniversaire alors, avant de rêver de leur future carrière… J’allais lui dire que mes enfants feraient le métier qui les rendrait heureux, ça me suffisait mais Howard s’emporta avant que je ne puisse le faire.

Je fermais les yeux en soupirant, comprenant que j’étais devenu la balle de pingpong entre eux
.
Avais-je besoin de ça, en plus du reste ? J’en doutais ! C’était tout de même ce qui se produisait alors qu’Howard réglait ses comptes, du moins, les premiers sur sa longue liste, en me prodiguant des conseils comme l’avait fait sa mère, mais sur ce que je ne devais pas faire, ce que June elle ne s’était pas privé.

Je déposais délicatement ma fourchette puis je pris ma serviette de table et la déposais sur mon assiette, de toute façon, je n’avais pas faim.

- Est-ce que tout ceci va durer encore longtemps ?

June leva la tête fière, en fait, je pense qu’elle croyait que je m’adressais à Howard mais ce n’était pas le cas. C’est elle que je fixais, ensuite.

- C’est à vous que je parle, June. Vous êtes venue ici, je vous ai accueillie à bras ouvert sans vous cacher que j’espérais retrouver mon époux. Je vous ai donné de l’argent, sans compter pour qu’Holden et vous puissiez vivre des vacances de rêves et, en contrepartie, vous m’avez épaulé et avez prit soin de moi mais voilà où nous en sommes. Howard est là et il y restera. Il faudra que tôt ou tard, ce petit manège cesse et vaudrait mieux que ce soit tôt et non tard.

J’étais épuisée de tout ceci, je n’en pouvais plus d’être le tampon entre la mère et le fils et si j’appréciais énormément la mère, le fils passerait avant.

@ Billy Lighter

Ma mère avait été trop loin. J’pouvais pas croire qu’elle fasse ainsi la morale à Peyton alors qu’elle-même n’avait fait aucune de ces choses-là quand elle était enceinte de moi. J’savais pas ce qu’il en était de Roger… J’crois pas qu’elle avait abusé autant quand elle était enceinte de lui. J’savais pas ce qu’il s’était passé. J’savais pas pourquoi, moi, j’avais mérité sa haine.

C’est tant de questions auxquelles j’avais jamais eu de réponse. Et alors que j’étais loin de mes parents ces dernières années, ces questions m’avaient pas torturées. Mais depuis que j’étais ici avec eux dans les parages, j’pouvais pas m’empêcher d’être assailli par les interrogations. Pourquoi moi et pas Roger ? Ça peut pas être simplement parce qu’on était différent. J’pouvais pas croire ça.

Alors, c’est en m’adressant à Peyton que j’taclai ma mère avec force mettant en avant son hypocrisie sans borne. Et, tout comme mon père, elle savait plus où se mettre. Elle était choquée parce que c’était la première fois que j'disais autant de mots devant elle. Elle s'attendait p’t-être pas à ce que tous ces mots la concerne à ce point.

Peyton posa alors ses couverts se demandant si tout ça allait encore durer longtemps. J’la regardai remarquant que ses paroles étaient destinées à ma mère et pas à moi.

J’fixai alors ma mère… Elle avait fait la fier mais, maintenant, elle se faisait toute p’tite en voyant bien que Peyton ne reprenait pas pour elle. Elle disait que j’allais rester ici et qu’il faudra très vite que ce p’tit manège cesse. Elle parlait sûrement de la tension entre moi et ma mère.

June se racla la gorge et déposa ses couverts avant de replacer sa serviette sur ses genoux d’un air tellement distingué qu’on aurait dit qu’elle s’prenait pour une femme de la haute. J’lui rappelle qu’elle vient de l’Eastside ?

-Tu as raison, Peyton… Tout ceci ne peut plus durer.

J’levai un sourcil fixant ma mère. J’étais toujours très en colère. Mais j’savais que si j’faisais tout éclater Peyton risque d’être un dégât collatéral et j’voulais pas ça.

-J’ai été une mauvaise mère avec toi, Howard. Du moins, pendant ma grossesse et les premières années de ta vie.

Elle me fixa d’un air grave. C’était la première fois qu’elle avouait ça. Comme si la peur de se faire rejeter par Peyton la poussait aux excuses. J’la fixai levant un sourcil. C’était pas un scoop qu’elle avait pas été la mère de l’année, hein.

-Deux ans après la naissance de Roger. J’ai entamé une carrière de mannequin. J’adorais ce métier. J’adorais la rigueur qu’il fallait dans ce métier. Mon travail nous aurait permis à ton père, Roger et moi de sortir de l’Eastside et vivre une vie bien plus aisée. J’étais douée pour ce que je faisais.

Son visage s’assombri ensuite et elle lança :

-Mais je suis tombée enceinte. Mon rêve s’est envolé. Tu n’étais pas voulu Howard, voilà ce que je veux dire. Voilà pourquoi j’ai sombré après avoir appris la nouvelle. Voilà pourquoi j’ai été une mauvaise mère.

Je la fixai bouche bée… J’avais aucune idée que ma mère avait été mannequin. Non mais sérieux… Non… J’peux pas croire ça. Et j’essayais de me focalisé sur cette information insolite pour oublié le fait que j’venais de me faire envoyé à la gueule que j’étais pas voulu.

-Pourquoi t’as pas repris ta carrière après, hein ?

Ouais. L’a pas été enceinte toute sa vie, hein. C’est que 9 mois. Alors, pourquoi, hein ? Ma mère se mit alors à rire jaune ses yeux remplis de larmes.

-Ne soit pas naïf, Howard. Parce qu’après une césarienne c’est impossible de redevenir mannequin. Surtout que j’avais tenté de caché ma grossesse ce qui n’a pas plu à mon employeur.

J’la fixai alors droit dans les yeux.

-J’y étais pour rien.

Non. Pour rien du tout. J’méritais pas sa haine. Mais elle répondit rien à ça. Elle fixa Peyton.

-Je suis sincèrement désolé, Peyton. Pour ces tensions. Je ne savais pas que notre présence ici avec Howard en plus te cause tant d’ennuis. Ainsi, Holden et moi allons retourner à Los Angeles dés demain. Je souhaite que tu mène ta grossesse à terme sans accro. Et…

Les larmes coulaient sur ses joues. Elle nous servait le grand numéro là.

-J’espère tout de même pouvoir faire partie de ta vie et celle de mes petits-enfants. Tu es comme une fille pour moi.

@ Billy Lighter

Le silence était salvateur mais la guerre froide entre June et Howard était dévastatrice et planait au-dessus de nos têtes comme un orage sur le point d’exploser. Ce n’était qu’une question de temps avant qu’Howard ne balance leurs quatre vérités à ses parents et je ne pourrais pas, ni avais l’envie de l’empêcher.

J’aimais beaucoup June et Holden, j’appréciais leur présence mais à choisir entre eux et mon mari, ils ne l’emporteraient pas. Il fallait don que tôt ou tard, ils enterrent la hache de guerre ou trouvent une façon de mettre leur différent de côté si les grands-parents de mes enfants comptaient faire partit de leur vie.

Au souper, June déversa la goutte de trop dans le vase d’Howard qui déversa son fiel sans retenue pour remettre à sa mère, la monnaie de sa pièce. J’écoutais mon mari, puisqu’il s’adressait à moi pour atteindre sa mère, balancer ses reproches. Je ne l’interrompis pas, je me contentais de déposer mes couverts et d’essuyer le coin de ma bouche avec ma serviette avant de la déposer doucement sur mes genoux.

Howard mit un point final et le silence reprit ses droits, le temps que tout le monde encaisse et que je ne me décide à prendre la parole à mon tour. Je m’adressais à June qui cru l’espace d’une seconde que je venais à son secours.

Ce n’était pas le cas.

Quand elle le compris, je la vis descendre de ses grands chevaux, prendre un air vulnérable et avoir presque l’air décontenancer par la tournure des évènements. Je m’attendais à ce qu’elle lutte et tente de tourner les arguments d’Howard à son avantage mais au lieu de ça, elle parla à cœur ouvert d’une période de sa vie qu’Howard ignorait de toute évidence. Mon regard passait de lui à sa mère avant qu’il ne se baisse sur mon assiette dans laquelle je n’avais fait que jouer du bout de ma fourchette.

Howard posa une question qui me brûlait les lèvres et la réponses de ma belle-mère me fit faire un parallèle avec ma propre vie. Reprendre une carrière sous les projecteurs après avoir mis au monde des enfants était très difficile. Plusieurs chanteuses et actrices, autant que des mannequins, se retiraient quand la cigogne passait.

Je levais les yeux alors qu’Howard se défendit sur son implication dans les malheurs de sa mère. Il n’avait rien fait, il n’avait même pas demandé à venir au monde !

Ce fut à moi ensuite qu’elle s’adressa en se disant désolée. Je regardais Howard en fronçant les sourcils car c’était plutôt à lui qu’elle devait des excuses mais elle ne lui en offrit aucune. Elle était désolée pour les tensions avant de revêtir la cape de la victime en disant qu’elle ignorait que sa présence ici occasionnait autant de soucis. Je ne pus m’empêcher de rouler des yeux en croisant les bras sur mon ventre.

- Rien que ça ? Et Howard lui ? Il n’a pas le droit à des excuses ?

Parce que c’était ça le nœud du problème !

En larmes, elle ajouta qu’elle et son époux rentreraient dès demain à Los Angeles et que malgré tout ça, ils auraient leurs places dans la vie des enfants. Je laissais aller un long soupire d’exaspération tout en secouant la tête.

- Personne n’a demander à ce que vous rentriez. Vous faites de la projection ! De simples excuses n’effaceraient en rien les blessures qu’Howard à trainé toute sa vie mais permettraient d’améliorer les choses, justement pour le bien des bébés.

Je ne sais pas ce que June pensait exactement mais il me serait impossible d’élever mes enfants dans un climat perpétuellement lourd. Ce serait de répéter les erreurs du passés. Je regardais Holden ensuite qui n’avait pas dit le moindre mot.

- Vous pensez quoi de tout cela, Holden ? C’est étrange que vous n’ayez absolument rien dit car, volubile comme est Howard tout comme Kenzie l’est, j’aurais cru que vous l’étiez.

J’avais volontairement ramener Mackenzie dans l’histoire, tant qu’à remuer le seau de merde, aussi bien le faire des les règles de l’art !

@ Billy Lighter

J’avais brisé le silence. J’avais pas pu m’en empêcher. Entendre ma mère jouer les hypocrites avait été la goutte de trop. Et d’une p’tit goutte, j’fis plus qu’une rivière alors que j’balançai mes reproches sans remords. Peyton, elle, repris pour moi. L’en avait marre des disputes, visiblement. L’en avait marre des ressentiments entre moi et ma mère.

J’m’attendis à ce que ma mère se défende et mette en avant que le coupable de sa rancœur, c’était moi. Mais non… A la place, elle expliqua pourquoi elle me détestait tant. Elle raconta une histoire que j’avais jamais entendu. J’avais jamais su que ma mère avait, un jour, été mannequin. J’savais pas qu’elle avait été à deux doigts de sortir de l’Eastside comme je l’avais fait des années après.

J’me demandais pourquoi elle avait pas simplement recommencer sa carrière après m’avoir mis au monde mais, apparemment, les choses étaient pas aussi simple que ça. Bref, sa carrière a été foutue et elle a tapé sur le seul qu’elle pensait coupable : moi. Car en plus de pas m’avoir voulu, elle aurait voulu que j’existe pas. C’est ce que j’comprenais. Elle m’avait bien fait comprendre ça pendant toute mon enfance. Et je le lui avais rendu devenu adulte.

J’lui rendais encore aujourd’hui.

Et c’est à Peyton qu’elle s’excusa… Ce qui semblait pas forcément plaire à ma femme qui exigeait plutôt des excuses pour moi alors que ma mère pleurait maintenant pour une raison qui m’échappait.

C’était moi qui venait de me prendre tout dans la gueule !

Mais ma mère répondit pas aux questions de Peyton sur les excuses qu’elle me devait. Elle clama qu’elle allait rentrer à Los Angeles. J’roulai des yeux devant ma mère qui jouait, maintenant, les victimes. Peyton se défendit d’avoir demandé une telle chose. Tout ce qu’elle voulait c’était que je reçoive des excuses.

June la regarda en essuyant ses larmes avec les manières d’une p’tite bourge qu’elle avait jamais été !

J’avais l’impression que j’assistais à une petite de mauvaise pièce de théâtre.

Puis, ce fut à mon père que Peyton s’adressa. Lui qui était devenu complètement muet. J’pouffai un rien de rire à la réflexion de Peyton sur le fait que mon père semblait bien moins bavard que moi et Kenzie. Kenzie… Encore une preuve que rien n’allait dans ma famille. Même si, dans ce cas, Kenzie avait quand même été une bouffée d’air pour moi. Le seul membre de ma famille qui valait la peine. Celle qui me ressemblait le plus aussi, probablement. Même si physiquement, on était opposé. Elle tenait de sa mère et de mon père alors que j’avais tout, physiquement, pris de ma mère.

Mon père sembla surpris. Il déposa ses couverts, je racla la gorge, visiblement mal à l’aise, alors que tous les regards étaient sur lui.

-Je…

Il hésita avant de prendre un air plus sérieux.

-Je pense que ces disputes ont assez durées…

J’levai un sourcil. Mais avant que j’l’ouvre, mon père me fixa.

-Ta mère a vécu un moment difficile lors de ta naissance et après. Il faut ajouter à ça les soucis financier qu’on a vécu. Elle est tombée de haut. Mais ça ne justifie pas notre comportement vis-à-vis de toi les années qui ont suivies. Je m’excuse pour ça. Je m’excuse de ne pas avoir été à la hauteur.

Je le fixai et hochait de la tête.

-Merci…

Puis, il se retourna vers ma mère qui était bouche bée.

-Et je m’excuse aussi, June, de ne pas avoir pu te soutenir comme il le fallait à ce moment-là. Je sais que ça nous a séparé fortement. Je le regrette.

June baissa des yeux avant de soupirer. Elle hocha de la tête et envoya un regard reconnaissant à mon père avant de me regarder. Il y eut un blanc avant qu’elle ne lance un :

-Je suis désolée.

Qui m’était adressé. Je la fixai sentant ma gorge de serré. J’savais pas si elle était sincère où si elle faisait ça pour contenter Peyton. J’savais que mon père, lui, avait été sincère. Mais elle ajouta certaine chose pour montrer qu’elle était, effectivement, sincère :

-Je n’en voulais pas qu’à toi, Howard… Je m’en voulais aussi. Je ne te voulais pas, je m’en rendais compte et je m’en voulais de penser ça. Tu n’y pouvais rien… Tout était ma faute…

J’la fixai. Tout faisait mal. Mais j’suppose que c’était un mal pour un bien.

-Moi aussi… J’suis désolé d’avoir joué les connards quand Roger est mort.

Ma mère se remit à pleurer. C’était ce qui arrivait chaque fois que quelqu’un évoquait Roger. J’savais qu’elle lui manquait. Du coup, j’lançais.

-C’était un emmerdeur moralisateur mais il me manque à moi aussi.

Ma mère elle leva les yeux vers Peyton. Des yeux embrumé de larmes.

-Je suis désolé que tu aie à voir un tel spectacle, Peyton… Vraiment… Je…

Elle ne savait plus que dire… Moi, j’mis ma main sur celle de Peyton avant d’entrelacer nos doigts. En signe de remerciement.

@ Billy Lighter

June se positionnait en victime alors que la seule victime ici présente était Howard qui avait subi à tort, les nombreux reproches de ses parents et ce, pendant toute sa vie. Pour moi, June et Holden étaient importants, j’avais développé avec eux la relation que j’aurais dû avoir avec mes propres parents et je tenais à ce qu’ils fassent partis de la vie de mes enfants. Cependant, pour cela, ils devaient comprendre qu’il n’y aurait jamais personne d’autre de plus important dans ma vie que le père de mes enfants.

Ça ne semblait pas simple, vu le discours qu’avait June bien que ceci expliquait cela. Je ne pu m’empêcher même de baisser les yeux en me disant que j’avais moi-même décidé de mettre un terme à ma carrière pour me consacrer complètement à ma famille. La différence entre la décision de June et la mienne était que moi, contrairement à elle, je l’avais anticipé et je m’y préparais, tant bien que mal.

Je m’attendais à ce que June agisse en mère et adulte en reconnaissant ses tors et en demandant pardon à Howard mais elle ne le fit pas. Au lieu de ça, elle termina son monologue en annonçant qu’elle et son mari rentreraient à Los Angeles non sans avouer un espoir qu’ils puissent toujours faire partis de la vie des bébés. Ça m’exaspérait de l’entendre me formuler ses excuses alors qu’elle ne m’en devait pas à moi, mais à Howard ! Je ne me gênais donc pas pour le lui faire remarquer avant de m’adresser à Holden qui était resté silencieux jusque-là.

Contrairement à sa femme, il avait une opinion pertinente sur la situation. Il croyait que toutes ces histoires avaient assez durées et je lui fus reconnaissante d’un regard, de le mentionner. Les excuses d’Holden emplirent les yeux de larmes que j’essuyais avec le coin de ma serviette alors qu’Howard le remercia dans un souffle. Il ne devait pas s’y attendre, à raison, quand on est dans ce genre de situation depuis toujours !

Ils avaient tous des excuses à se faire, leur histoire de famille n’était vraiment pas simple. À les entendre, je ne pus m’empêcher de me demander si mes parents eux, seraient capable de faire pareil en reconnaissant de m’avoir exploité depuis ma plus tendre enfance pour se remplir les poches, de n’avoir vu en moi qu’un produit et non une enfant.

L’ambiance était lourde, non plus à cause du silence mais bien par toutes ces blessures du passées remise sur le tapis mais parfois, il fallait gratter la plaie pour bien se débarrasser de tout le pus y subsistant.

- C’est… Il fallait le faire, June. Ça va, ça va aller.

Howard serra ma main dans la sienne avant d’entrelacer nos doigts. Je savais que ce qui venait de se dire le bouleversait mais il pourrait peut-être maintenant tourner la page sur son passé pour mieux avancer. Je soupirais puis caressais mon ventre de ma main libre. Je devais tenir bon encore deux mois… Deux mois ce n’était rien.

- Il n’y a rien de pire pour un enfant que de vivre sous le regard désapprobateur de son parent. Ce n’est pas ce que je souhaite pour mes bébés. Je veux qu’ils se sentent libre d’aimer et d’être fier de leur père autant que leurs grands-parents.

Ils venaient de faire un grand pas vers l’avant tous les trois. Les excuses tant souhaités avaient été prononcées et, bien que cela ne réparerait jamais les erreurs du passé, ils pourraient au moins espérer fermer ce chapitre pour en commencer un nouveau, après tout ce temps, il était plus que temps !

- La place d’Howard est ici, avec moi et je n’ai pas envie que vous partiez, alors…

Il nous fallait tous se comporter en adulte et je ne savais pas si cela était réalisable !

@ Billy Lighter

Les excuses de mon père firent du bien… Pendant mon enfance, l’avait toujours approuvé ma mère et il me parlait peu… C’était elle qui dictait les règles à la maison. Mon père, il devait s’y soumettre aussi. J’le savais infidèle… J’savais que c’était pas toujours la joie entre lui et ma mère… Du coup, ça rendait pas la vie chez moi plus facile.

Pendant mon enfance, ce qui me permettait d’être plus ou moins heureux c’était mes amis. Dont Sonny qui était toujours là quand j’avais besoin de lui. Puis, mine de rien, y’avait Roger. Et même s’il était strict, j’savais qu’il voulait que mon bien. J’avais été jaloux de lui… Ma mère l’aimait et elle ne m’aimait pas. Elle le montrait ouvertement à tout le monde. Comment j’aurais pu ne pas être jaloux ?

J’remerciai mon père un p’tit peu surpris qu’il sorte de son mutisme comme ça. Ok, Peyton l’avait aidé mais elle semblait être la seule à savoir faire causer Holden Stone. Comme quoi, Peyton avait plus d’un talent.

Mais j’m’attendais pas à ce que tout ça pousse ma mère à des excuses tant attendues. Elle pleurait… Ok… J’comprenais que ça avait pas été facile pour elle. Puis, l’avait perdu Roger aussi. Et je m’excusais d’avoir été un connard à ce moment-là. Parce que j’avais été un connard. J’avais vécu mon deuil en tournant tout ça à la dérision mais le fait était que la mort de Roger m’avait touché aussi. J’avais juste voulu faire croire que c’était pas le cas et ça avait choqué ma mère qui, ce jour-là, a décidé, du coup, de couper totalement les ponts avec moi.

Nos excuses étaient faites… Ma mère s’excusa à Peyton d’avoir été témoin du lavages en public du linge sale des Stone. Mais ma femme déclara qu’il fallait bien le faire. J’hochai de la tête entrelaçant nos doigts. J’imagine que, maintenant, ça allait aller mieux… J’crois… Du moins pour ce chapitre là… Mais ces dernières semaines bien trop de chapitres s’étaient ajoutés… Peyton et moi, Ward Fleming, Jimmy Reed… Comparé à ça mes disputes avec ma mère me semblait être une douce torture…

Ma femme repris la parole pour dire que le pire pour un gamin était de vivre sous le regard désapprobateur de ses parents. J’savais que, moi, mes gosses, j’les adorerait. J’adorais déjà Jesse alors même qu’il n’était pas sous ma garde. Alors, j’savais que j’aimerais Phénix et Pen d’un amour inconditionnel. J’voulais pas qu’il souffre comme j’avais souffert et j’savais que Peyton voulait pas qu’ils souffrent comme elle avait souffert.

J’la regardai esquissant un p’tit sourire. Ma mère elle, semblait soulagée d’entendre qu’elle pourrait faire partie de la vie de ses p’tits enfants.

-J’aimerais mes petits-enfants de tout mon cœur.

C’est ce que disait ma mère. J’la fixai. Mais j’dis rien. Peyton ajouta qu’elle n’avait pas tellement envie que mes parents partent. C’est là que j’décidai de l’ouvrir. J’fixai mes parents.

-Alors ils peuvent rester. J’pense qu’il y a encore pas mal de truc à régler… Mais les excuses c’est déjà bien. Puis…

J’fixai ma mère.

-J’voulais pas que tu puisses voir mes enfants. Peyton voulait que tu fasses partie de leur vie mais, moi, j’voulais pas. J’change d’avis, maintenant. Tu pourras les voir… T’en occuper et tout.

Ma mère avait toujours les larmes aux yeux. Elle prit alors ma main. La serra légèrement et me regard dans les yeux.

-Merci, Howard.

Elle avait eu ce qu’elle voulait. Moi aussi. J’lui souris légèrement avant de regarder Peyton. J’pris un bouchée de mon souper pour montrer que, pour moi, la conversation était close. J’remarquai alors que c’était froid… Enfin, du moins, plus assez chaud. Alors, j’souris à Peyton.

-Tu dois manger plus, non ? Et si on s’commandait une pizza ?

J’tuerais pour une pizza.

@ Billy Lighter

Le repas que nous partagions en silence avait été interrompu par June qui s’était sentie obligé de me servir des recommandations superflues ce qui avait forcé, involontairement, Howard à craché ce qu’il avait sur le cœur. Tout ce qu’il refoulait depuis des années venait d’être vomit sur la table et chacun son tour ensuite, y alla de son propre commentaire pour dénouer leur historique familiale. J’étais témoins de la scène, ce qui désola June mais c’était un mal nécessaire et puis j’estimais qu’en étant mariée avec leur fils, je faisais partie de cette famille et par conséquent, je ne pouvais être épargnée de cette scène.

J’y prit même part en y mettant un peu mon grain de sel et je forçais Holden à s’exprimer. En parlant de Kenzie, je voulais faire passer le message qu’il n’y avait pas que mon mari qui faisait ses propres encoches mal taillées. Si June avait pu passer par-dessus l’adultère de son mari, elle pouvait pardonner l’attitude détachée d’Howard vis-à-vis la mort de son frère, puisqu’elle venait d’une façon, d’admettre qu’Howard n’était pas responsable de l’échec de sa carrière de mannequin.

L’éléphant blanc dans la pièce était réduit à la taille d’une petite gazelle toute frêle. Évidement, ils auraient besoin de plus que de cette conversation pour se soigner en tant que famille et en tant qu’individu mais les excuses exprimées étaient la base de ce cheminement.

De mon côté, j’avouais qu’il n’y avait rien de pire que de grandir en recherchant sans cesse l’approbation de ses parents. C’était donc la dernière chose que je désirais pour mes enfants. Je ne cachais pas non plus que je désirais fortement que June et Holden puissent être impliqués dans la vie de mes bébés, cependant, pas si mon mari devait se sentir brimé dans l’aventure. Howard était et resterait toujours ma priorité.

- Je n’en doute pas, June.

Je savais qu’elle et Holden aimeraient leurs petits-enfants de tout leur cœur. Ils feraient de bons grands-parents. Howard revînt alors sur sa décision d’exclure ses parents de la vie de nos bébés et trancha en faveur de sa mère en acceptant qu’elle et Holden puissent s’occuper des petits.

Je ne pus retenir mes larmes ensuite quand June, émue, remercia Howard et lui prit la main sur la table. Ils avaient beaucoup à reconstruire et cette conversation laissait espérer que le meilleur pour eux était à venir. Je me surpris à penser que si je devais partir, Howard et les enfants seraient vraiment entre bonnes mains. J’essuyais furtivement une larme avec mon index replié alors qu’Howard, se rendant compte que le repas était devenu tiède, proposa qu’on commande une pizza. Plus rien ne passerait de mon côté mais j’acceptais tout de même sa proposition. Peut-être que l’odeur du formage et de la sauce tomate m’ouvrirait l’appétit.

- Commande de la pizza pour tout le monde, tant qu’il n’y a pas d’infâmes morceaux d’ananas dessus ça sera parfait !

Holden frappa sur la table pour exprimer sa joie et ça me fit rire. Il n’était pas l’homme le plus expressif que je connaissais et de le voir ainsi était amusant. Il proposa même qu’on s’installe au salon, lorsque les pizzas seraient livrées, devant un film.

- Une soirée pizza et film, en famille, devant la télé ?

Jamais de ma vie je n’avais vécue ça. Tous les moments en famille que je gardais en mémoire étaient axés sur ma carrière. Ils consistaient tous en des interview, des réunions de productions, des conseils avec des avocats et planificateur financier. Je me levais et soufflais les bougies sur la table, décrétant que ce souper n’avait été qu’une mise en bouche pour la suite de la soirée qui allait sans aucun doute prendre une toute autre allure que toute celles que nous avions vécues tous les quatre, depuis qu’Howard nous avait rejoint à New York.

@ Billy Lighter

Ma mère s’était excusé et j’en avais fait de même… P’t-être que cette conversation, avec le temps, fera que ça ira mieux entre nous. En attendant, c’était déjà un premier pas. Un pas que j’aurais jamais cru faire de mon vivant. Pour moi, avant que ma mère ne décide de venir dans la vie de Peyton, ma vie avec elle et mon père était terminée.

Mais tout avait changé quand Peyton est tombée enceinte et que June Stone s’est dit qu’elle voulait faire partie de la vie de ses p’tits-enfants. Parce que, à la base, c’était pas pour ce réconcilier avec moi qu’elle avait fait cette démarche mais passer au-dessus de moi pour obtenir un privilège qu’elle s’était retiré au moment où elle avait coupé les ponts.

Peyton, elle, souhaitait simplement que nos enfants puissent vivre librement et pas avec la pression ou la désapprobation de leurs parents. J’comptais pas mettre la moindre pression à mes enfants. J’crois pas que j’en étais capable et j’en voyais, de toute façon, pas l’intérêt. Quant à ma mère, elle déclara qu’elle sera une bonne grand-mère.

P’t-être bien… J’saurais pas le dire… J’saurais même pas dire si j’allais être un bon père alors.

Mais Peyton, elle, en doutait pas… La seule chose dont elle doutait c’est si elle allait être une bonne mère. Personne, ici, sauf June semblait être sûr de lui.

Comme pas mal de trucs avaient été mis à plat, j’décidai de revenir sur ma décision de priver ma mère de ses p’tits-enfants. Ma mère sembla méga soulagée au point où elle alla jusqu’à me remercier. J’hochai de la tête. Ça faisait beaucoup en une conversation.

Me fallait une pause…

Alors, j’proposai de commander des pizzas. Le repas me plaisait pas plus que ça, en fait, et l’était tiède maintenant. Peyton, qui avait encore les yeux embrumés de larmes, disait qu’elle voulait bien des pizzas mais sans ananas. J’esquissai un p’tit sourire.

-A vos ordres.

Moi, j’aimais bien les ananas sur les pizzas mais sans doute pas autant que ce cinglé de Billy Lighter.

Mon père semblait méga enthousiaste au point qu’il proposa même qu’on mange les pizzas devant un film. J’levai un sourcil surpris de tout ça. De la conversation qu’on avait eu, mon père voulait carrément en faire une soirée télé en famille.

Et pourquoi pas ?

J’souris alors que Peyton s’interrogea.

-Pourquoi pas ? Moi, j’suis partant !

Ma mère voulait bien aussi tant qu’elle pouvait choisir le film. J’haussai des épaules la laissant choisir alors que j’commandai des pizzas. Sans ananas, bien sûr.

Ma mère, elle, hésitait entre regarder West Side Story et Grease. Et si c’est à Peyton qu’elle s’adressa, c’est moi qui répondit que, entre les deux, j’voulais Grease. Plus léger. Moins de gangs. C’était mieux, j’pense.

Quand les pizzas arrivèrent, on se planta devant la télé après avoir mis la cassette. Et c’est avec Peyton tout contre moi que j’profitai de ce VRAI moment en famille.

Le premier depuis toujours.

@ Billy Lighter