Je venais de raccrocher après avoir entendu mon client favori, cet abruti de Ben Masters, se plaindre que son ancien groupe avait, à nouveau, repris un de ses anciens rythme pour un de ses nouveaux tubes. Il s’était plaint en long et en large clamant que Hotplay ne pouvait définitivement rien faire sans lui… J’allais devoir, à nouveau, trainer Hotplay en justice pour une énième histoire de plagiat. C’était ennuyeux, le plagiat… Il n’y avait rien de fun à analyser au millimètre deux pistes de chanson pour y entendre les similitudes…

J’avais demandé à Masters de me donner tout ce que j’avais besoin pour lui gagner ce foutu procès et si je n’avais aucunement montré mon ennuis au téléphone, j’avais soupiré profondément après avoir raccroché.

-Laisse-moi deviner… C’était Thomas Fleming, c’est ça ?

Carrie s’était planté dans l’encadrement de la porte de mon bureau en petite tenue… Il était tôt… Mais elle avait pris congé et aimait attirer mon attention de cette manière pour que je fasse un break dans ma foutue journée.

-Non… Pire. Ben Masters et ses plagiats. Je crois qu’il n’y a rien de pire que Ben Masters et ses plagiats.

Elle rigola et entra dans la pièce pour s’asseoir sur mes genoux. Elle sourit tournant sa tête vers moi.

-C’est une pause qu’il te faut…

Elle dit ça avec un petit sourire prête à m’embrasser. J’esquissai un sourire en coin. Je ne savais pas pourquoi Carrie s’efforçait de se foutre en petite tenue. Elle avait 40 ans. Elle n’était plus tellement belle à regarder bien que je lui faisais croire le contraire…

J’esquissai un sourire.

-Tu as raison…

Et je la fis glisser de mes genoux alors que je me levai de mon siège. Je pris mes clés de voiture sur mon bureau et Carrie me regarda d’un air interdit.

-Où tu vas ?

Je me tournais vers elle un sourire aux lèvres. J’avais rendez-vous avec Jimmy Reed. J’avais eu un coup de fils de sa secrétaire ce matin. Ça faisait des années que je n’avais plus vu Jimmy Reed et je me demandais bien ce qu’il voulait… Mes conseils d’avocats ? D’après ce que je savais, Jimmy avait un des meilleurs avocat au monde… Du coup, j’étais très curieux. Mais je n’avais aucune envie que Carrie sache que je me rends au bureau de Reed.

-A un rendez-vous… Un de mes clients veut me voir. Et loin de ce bureau, je ne risque pas de recevoir un coup de fils de Ben Masters.

Carrie prit un air déçu mais, en général, elle comprenait que je ne pouvais pas laisser en plan mes clients. Elle n’aurait pas aimé que je la laisse en plan quand je n’étais que son avocat.

Elle m’embrassa et je quittai notre villa de Beverly Hills pour filer à Downtown où se trouvait les bureaux de BSC. Je me présentai à la réception où on me fila un badge « visiteur » avec mon nom écrit au marqueur effaçable dessus. Je ne le mis pas me contentant de le garder dans la poche de mon pantalon de costard.

Je grimpai, donc, au dernier étage où, devant la porte de Reed, se trouvait un gamin… Je levai un sourcil alors que le gosse me barra la route. Il avait l’air de mauvais poil et je me demandais bien ce qu’un gosse de 4 ans et demi foutait devant la porte de Reed.

-Pas de badge. Vous entrez pas… Si vous essayez d’entrer, moi, je vous vire.

J’esquissai un sourire avant de lire le nom du petit. Grant W. Fleming. Tiens, donc… Un futur client ? Je rigolais intérieurement. Non. Ce gosse avait, de mon avis, simplement un nom d’enfoiré sans avoir un lien avec ledit enfoiré que je défendais en pro deo.

Je sortis mon badge de ma poche.

-Tu parles de ça, petit ? Tu as vu ? Je l’ai… Je peux entrer, maintenant ?

Il grommela, hocha de la tête et se retira du chemin. Je sortis alors une carte de visite de ma poche et le tendit au petit.

-Tiens… Tu en aura sûrement besoin un jour.

Ceci était dit, je toquai à la porte et quand je reçu l’autorisation de Reed, j’entrai.

-Jimmy ! Content de te voir, mon vieux !

Pourquoi être formel alors que j’avais connu ce bon vieux Jimmy dans les fêtes de Ricci. Ok… Il me prenait pour un sale gamin a l’époque mais j’étais différent maintenant. Je n’étais plus un petit avocat en début de carrière ou un étudiant en droit.

-Tu voulais me voir, c’est bien ça ? Pourquoi ? Ma sœur a fait une bêtise ?

J’étais l’avocat de ma sœur… Mais je doutais sincèrement qu’elle ait fait une connerie.

-A moins que ça ne soit Ben Masters…

Si ça tombe, ça n’avait rien n’à voir avec mes clients.

-Au fait, charmant le gamin devant ta porte… J’ai cru qu’il allait me tuer avec son regard… Tu a été le chercher dans une camp de redressement ?

Je parlais toujours trop… Mais Reed le savait.

@ Billy Lighter

Malgré ce que j’avais appris ce matin, j’étais d’excellente humeur. Parce que j’avais toujours un ou deux coups d’avance sur tout le monde et le savoir me rendait joyeux.

A vrai dire, ce que mon avocat, Kandel Knicks, m’avait appris ce matin n’était pas vraiment une surprise. Il avait été l’avocat de mon père avant d’être le mien et effectivement, il avait déjà dépassé l’âge de la retraite depuis quelques années.

C’est donc avec moult compréhension que je lui avais donné ma bénédiction pour qu’il puisse enfin profiter de ses vieux jours. De toute façon, l’âge le ramollissait un peu… Or, il allait me falloir quelqu’un de jeune, de dégourdi et qui ait vachement la gnaque ainsi que peu de sens moral pour affronter ce qui pourrait potentiellement arriver dans les années à venir.

J’allais quand même faire sortir Ward Fleming de prison à coup de pot de vin… Alors, on ne savait jamais. Et puis, je voulais pouvoir transmettre ce nouvel avocat à mes enfants lorsque je n’en aurais plus besoin…

Or, il y avait quelqu’un que j’avais dans mon viseur pour ce rôle… Un homme que je connaissais depuis longtemps ! Depuis son adolescence, à vrai dire ! Et si ça avait été un jeune arrogant, il était désormais un avocat en vue qui avait à son actif plusieurs clients bien connus ! Il était même marié à Carrie Hughes !

Une autre raison de l’avoir près de moi…

Cet homme se nommait Victor Hunter… Je saluais l’imagination de la famille Hunter. Victor était le frère de Victoria, la seule femme chez BSC en dehors de ma fille, et l’oncle de Ian Victor Hunter.

Seigneur ! Même moi j’avais eu plus d’imagination pour les prénoms de mes enfants !

Il avait nettement fait ses preuves ces dernières années. J’avais suivi son parcours avec intérêt justement au cas où il se produirait ce qui se produisait maintenant.

Frances l’avait contacté et je ne fus donc pas surpris d’entendre frapper à la porte de mon appartement.

-Entrez !

Quand la porte s’ouvrit, j’entrevis Grant à qui je fis un signe de tête approbateur. Le petit faisait bien son travail.

Je me levai et serrai la main de Victor qui se mit à parler… Encore et encore. Je le laissai faire, me dirigeant vers le minibar et nous servis deux whiskys. Je revins vers lui et m’installai.

-Je suis content de te voir aussi. Et non, ta sœur n’a pas fait de bêtise. Elle se tient d’une façon exemplaire. Jamais un mot plus haut que l’autre.

En tant que femme chez BSC, elle avait tout intérêt ! Sinon elle n’aurait plus qu’à tenter de finir sa carrière ailleurs.

-Quant à Ben Masters… Tant qu’il frappe sur ses foutus tambours, je me fiche de ses états d’âme.

Je rigolai quand il parla de Grant… Puis repris mon sérieux et regardai mon futur avocat dans les yeux.

-Ce gamin est efficace. Dernièrement, il a tiré sur un cambrioleur. Il est bon, car tout le monde le sous-estime. Sauf moi.

Je m’adossai de nouveau à mon siège, pris le temps de planter une cigarette entre mes lèvres et l’allumai.

-Si je t’ai convoqué, c’est parce que ce bon vieux Kandel est sur le point de partir se cacher pour mourir. J’ai besoin d’un bon avocat et je pense que tu es l’homme de la situation.

@ Billy Lighter

J’avais serré la main de Reed une fois entré dans son appartement qui dominait Downtown. Putain, qu’est-ce que je rêverais d’avoir ce genre d’appartement ! Ça sera probablement le cas quand Don clamsera. Mais ça ne semblait pas encore être pour demain, hélas.

Je déclarai être content de le voir avant d’essayer de trouver la cause de cette entrevue. Pendant ce temps, Reed nous servait une whisky. On pouvait dire tout ce qu’on voulait de Reed mais il avait le sens de l’hospitalité. Du reste, ses autres défauts, il les fallait pour arriver là où il était arrivé bien que Reed avait tout de même eut la chance d’hériter.

Il disait être content de me voir aussi alors que je pris le whisky qu’il m’avait tendu. Apparemment, le problème ne venait pas de Victoria qui ne disait jamais un mot plus haut que l’autre. Elle était comme ça ma sœur : extrêmement conciliante. Je lui avais dit qu’à être trop gentille, elle finira par avoir des ennuis surtout dans le monde impitoyable de la jet-set. Ainsi, je rigolai un peu à la remarque de Reed.

-Ça ne m’étonne pas ! Je lui dis souvent, pourtant, que de se décaler un peu, parfois, ça fait du bien.

Le problème ne venait pas non plus de Masters. Apparemment, Reed se fichait de ses états d’âme. On voit bien qu’il n’était pas son avocat. Moi, je ne devais faire qu’écouter ses foutus états d’âmes dont je n’avais rien à cirer. Si j’avais accepté de représenter Ben Masters c’est uniquement parce qu’il avait une certaine notoriété et que ma sœur avait insisté. Je ne peux rien refuser à Victoria. C’est ma faiblesse.

Je ricanai.

-Ouais… Il ne fait pas que taper sur des tambours… Il tape aussi sur mes nerfs. Pour lui, chaque nouveau tube de Hotplay est un plagiat de quelque chose qu’il a fait.

Même les pires psychopathes de mes clients étaient moins chiants que Masters. Pourtant, Dieu sait que Thomas Fleming est pas mal dans le genre. Mais Masters bat tous les records. Il n’y a pas un seul jour que Dieu fait où il ne m’appelle pas pour une raison X ou Y. Un vrai gosse !

J’avais aussi parlé du gamin qui faisait le pied de grue devant la porte de Reed. Un gamin efficace d’après Reed. Un gamin qui avait tiré sur un cambrioleur. Je sifflai d’admiration.

-Il a tiré sur un cambrioleur ? Sérieusement ? J’ai bien fait de lui donner ma carte alors ! J’ai encore de la place pour un Fleming en pro bono.

Je blaguais, bien sûr… Je n’aurais aucun intérêt à défendre le petit morpion qu’il y avait dehors. Sauf si, un jour, il devient adulte et qu’il se met à tuer autre chose que des cambrioleurs. Là, ça deviendra intéressant parce que ça finira dans la presse.

Bref… Trêves de bavardage… Je m’étais allumé une cigarette alors que Reed vint enfin au fait (je sais, c’est moi qui digresse mais, bon). Il déclara qu’il m’avait convoqué parce que le vieux Knicks prenait sa retraite et que Reed avait, de ce fait, besoin d’un nouvel avocat.

Et il avait pensé à moi.

Je le fixai un moment. Il était rare qu’on arrive à me la faire fermer mais, là, je devais avouer que je ne m’y attendais pas. Je pensais qu’à la mort… Heu, qu’à la retraite, pardon, de Kandel, Reed aurait choisi un autre vieux briscard expérimenté de la profession comme le vieil italien qui s’occupait de défendre Ricci.

Mais non. Il me voulait mois.

Une fois l’information bien comprise et bien digérée, j’esquissai un sourire en coin soufflant ma fumée de cigarette.

-Waw ! J’avoue que là, je ne m’y attendais pas ! Tu es toujours aussi doué pour surprendre ton auditoire.

Flatter les puissant étant une façon de s’attirer leur sympathie et de grimper les échelons. Même si, souvent, mon arrogance ne me permet pas de réellement mener ce petit jeu de flatterie très longtemps.

Sa proposition était alléchante. Jimmy Reed était puissant et connu. L’avoir dans mes clients était une façon de faire connaitre encore plus mon nom, de finir dans la presse et de me hisser dans la hiérarchie des avocats. C’était un très bon tremplin en attendant que Don Hughes casse sa pipe.

-J’avoue que c’est très difficile de refuser ça. Mais pourquoi avoir pensé à moi ? Je t’imaginais prendre un autre vieil avocat expérimenté avec un taux de défaite très bas.

Je n’étais pas dupe. Je me savais très bon. Je ne perdais que des causes perdues d’avance et Dieu sait qu’avec certain clients c’est le cas. Mais je savais aussi que je n’avais que 29 ans et que ça ne faisait pas beau sur un CV d’avocats.

J’esquissai un petit sourire.

-C’est Victoria qui t’a conseillé ?

J’en doutais sincèrement. Je ne pense pas que Reed soit du genre à demander l’avis à une femme. Qui ferait ça, d’ailleurs ?

@ Billy Lighter

Il fallait vraiment que Victor fasse des commentaires sur tout. C’était un bavard qui ne savait jamais quand il fallait s’arrêter. Mais il fallait dire que pour un avocat, c’était ce qu’il fallait. J’aurais cependant aimé qu’il soit moins loquace quand il n’était pas en plaidoirie.

On parla un peu se sa sœur en nous installant plus confortablement, avec cigarette et whisky. Il affirmait qu’il conseillait à Victoria de se décaler un peu.

Je fis une moue de désapprobation.

-Victoria n’a pas intérêt à se décaler avec moi.

Quant à Masters, il tapait sur les nerfs de Victor qui me raconta ses déboires avec le batteur. En effet, ce dernier prenait chaque nouveau tube de son ancien groupe pour du plagiat. Je regardai Victor en feignant un air compatissant. Ce ne devait pas être drôle d’avoir à plaider chaque fois la même chose.

Et de perdre… Parce qu’à ce que je savais, Masters n’avait jamais eu gain de cause pour ses accusations de plagiat.

A part ça, l’avocat avait remarqué mon petit garde du corps, Grant. Il se demandait ce qu’un gamin foutait là, à demander les badges avec de grands airs. Mais quand je lui racontai la dernière aventure de Grant, Victor en fut impressionné et ça me donna une bouffée de fierté.

Il disait avoir encore de la place pour un Fleming… Et ça me rappelait que Victor était aussi l’avocat de Thomas Fleming, le père de Ward et donc, le grand-père de Grant.

Je ricanai.

-Qui sait, il aura peut-être un jour besoin de toi. Et si ce n’est pas en Pro Deo, je suis prêt à financer sa défense.

Comme j’avais financé la libération de Fleming père. Restait à attendre le procès.

J’en vins finalement à ce qui était l’objet de ce rendez-vous. Je le lui dis de but en blanc et sans détour.

Et je souris à l’idée de lui avoir rabattu son caquet ne fusse que pour quelques secondes. Finalement, il souffla une bouffée de nicotine et se dit surpris. Il se demandait pourquoi j’avais pensé à lui et pas à un avocat plus vieux avec un taux de réussite élevé.

-Parce que je t’observe, Victor. Depuis des années. Tu connais la jet-set. Tu sais comment ça fonctionne. J’ai besoin de quelqu’un avec une vision jeune des choses. Quelqu’un d’ambitieux qui tiendra le coup face à la pression.

Il me demanda si c’était Victoria qui m’avait conseillé. Je hochai négativement la tête.

-Non. Comme je te l’ai dit, je ne t’ai jamais perdu de vue. Je veux aussi quelqu’un de jeune qui, avec le temps, connaîtra les moindres méandres de ma société parce que je veux que mes enfants héritent de toi quand mon heure sera venue.

@ Billy Lighter

Je rigolai quand Reed déclara que ma sœur n’avait pas intérêt à se décaler avec lui. Je voyais très mal Victoria dire un mot plus haut que l’autre. Surtout à Jimmy Reed a qui elle trouvait toujours un tas d’excuses pour ses actes. Elle était comme ça, ma sœur… Elle voyait le bon en absolument tout. J’esquissai un sourire en coin.

-Même pas au lit ?

Je savais que Reed s’était déjà tapé ma sœur de nombreuses fois. Il faut dire que Victoria n’était pas du genre à se caser… Quoi qu’elle fréquentais de plus en plus souvent Tobby Cooper… Même si, d’après elle, c’était uniquement pour le travail.

J’avais parlé de Masters qui me tapait sur les nerfs avant de passer au mini monstre qu’il y avait devant la porte de Reed et qui semblait gardé l’endroit aussi bien que Cerbère. Apparemment, le gamin avait déjà un sacré caractère au point même qu’il n’avait pas hésité à tirer sur un cambrioleur. Une prouesse dont Reed semblait très fier. Je déclarai alors que j’avais encore de la place pour défendre un Fleming gratuitement. Oui, parce qu’avoir Thomas Fleming comme client c’était surtout bon pour les mentions dans la presse de temps à autre… Pas forcément pour l’argent…

Reed confirma que son petit protéger pourrait avoir besoin de moi un jour. Et si je ne le prenait pas gratuitement c’est carrément le magnat de BSC qui comptait payer pour le petit. J’esquissai un sourire.

-Ah oui ? Je ne savais pas que tu pouvais avoir de l’affection pour un morveux court sur patte… Mais on dirait que je me suis trompé.

Mais Reed ne m’avait pas appelé pour le mini Fleming, ni pour un de mes clients. Il m’avait appelé pour que je devienne son avocat étant donné que l’ancien avait décidé de prendre sa retraite.

Je devais avoué que Reed avait réussi à me surprendre. Mais je voulais savoir pourquoi Reed avait décidé de me choisir moi et pas un avocat plus expérimenté. Il disait m’avoir observé. Ok ! J’étais flatté, là ! Au point où ça se voyait sur mon visage. Il disait que je connaissais la jet-set, ce qui était vrai. D’une certaine façon, j’en faisais partie. Il voulait aussi un avocat plus jeune et qui a de l’ambition. Je remplissais tous les critères bien entendu !

Ce n’était, donc, pas ma sœur qui l’avait décidé mais lui-même. Ce qui était gratifiant. Autrefois, je réussissais à tout obtenir à travers Victoria. Maintenant, c’est grâce à mon talent.

Parfait !

Reed semblait aussi vouloir me transmettre à ses enfants comme on transmettrait une foutue fortune. Je savais qu’il avait deux enfants… Un bébé appelé J.R. et la jolie Livia.

Intéressant !

Très intéressant !

-Jeune… Ambitieux… Je me reconnais bien là-dedans, je dois avouer. Si c’est ça que tu veux, je suis ton homme ! Comment je pourrais refusé une offre pareille, après tout ? Aucun avocat ne refuserait ça.

C’était vrai. Avoir Jimmy Reed comme client annonçait argent et notoriété. Et si le vieux Kandel n’aimait pas se mettre en avant, je n’étais pas obligé de faire la même chose.

Jimmy Reed le savait certainement en m’engageant.

-Et tu pourras compter sur moi pour tes enfants. Je leur serais loyal.

Surtout à Livia ! Dommage que j’étais certain qu’elle n’allait pas hérité de BSC et que Reed soit si jeune sinon, je l’aurais troqué sans réfléchir contre Carrie !

-Mais tu es Jimmy Reed… J’imagine que tu as pensés à des possibles… Conflits d’intérêt ? Tu as souvent des bisbrouilles avec MTI ? Parce que je suis l’avocat de Carrie Hughes aussi et qu’elle va hériter de MTI un jour… Si jamais tu as des soucis avec ma femme et elle avec toi, je vais avoir un soucis.

Je souriais toujours en disant ça. Je me demandais quelle carte Reed avait dans sa manche pour nous sortir de ce potentiel futur soucis juridique.

@ Billy Lighter

Je ricanai, ma cigarette au coin des lèvres, quand Victor me demanda ce qu’il en était de sa sœur dans la plus stricte intimité… Bien sûr, avant le retour de Maritza, j’avais eu des aventures périodiques avec Victoria… Tout comme je m’étais même occupé occasionnellement de son petit Ian.

Je regardai Victor dans les yeux.

-Ta sœur est une bonne amante… Et elle s’est contentée de ça.

Je ne lui avais rien donné de plus qu’un peu de plaisir que j’avais pris, moi aussi.

-Mais c’est du passé tout ça.

Depuis qu’il y avait Maritza, je n’étais plus allé voir ailleurs. Je n’en ressentais aucunement le besoin.

On parla un peu de Grant que Victor voyait déjà comme l’un de ses futurs clients. Mais il fut surpris que je puisse être aussi protecteur avec l’enfant.

Je tirai longuement sur ma cigarette avant de souffler une fumée lascive.

-Je sais qui garder près de moi et qui éviter. Grant fait partie des gens qui peuvent se révéler très utile.

Tout comme Victor lui-même.

-Si tu me crois incapable d’affection envers des enfants, c’est que tu me connais mal. Par contre, je te connais bien.

Je lui exposai ensuite mon offre. Et son visage s’illumina comme un sapin de Noël. Il disait qu’aucun avocat ne refuserait de me représenter en justice.

-Très bien, je savais que tu dirais ça.

Il affirma qu’il serait aussi loyal envers mes enfants. Je hochai la tête, pris un coup de whisky tout en le scrutant. Quelque chose me disait que je n’attendrais pas le jour de ma mort pour le transmettre à Olivia et J.R., histoire de le garder à l’œil et d’être sûr que cette promesse n’était pas simplement des mots lancés pour me charmer.

Cependant, apparemment, ce qui chiffonnait Victor, c’était que je puisse avoir des soucis avec MTI. Je fis la moue, réfléchissant.

-Je n’ai plus eu de problème avec MTI depuis cette histoire avec the Lightening en tournée. J’ai été dédommagé par Don Hughes, comme il se devait, donc on est quitte.

Mais s’il me posait la question, c’était parce qu’il était marié à Carrie Hughes… Une femme qui était revenue dans le paysage et risquait de briguer l’héritage de la maison de disque de son père alors que je faisais tout, avec Livia, pour que ce soit ma fille qui en soit l’heureuse héritière.

Je me penchai un peu en avant.

-Je suis très proche de la famille Hughes. Julian est mon beau-fils. Quant à ta femme, si un jour, j’ai un souci avec elle… Imaginons… Tu sais très bien qu’elle ne pourra t’apporter ni l’argent, ni la notoriété que je peux t’apporter. Ce sera à toi de choisir entre ton mariage et la gloire, Victor.

@ Billy Lighter

Je rigolai quand Jimmy Reed déclara que ma sœur était une bonne amante. Mais qu’elle s’était contenté de ça. Jusqu’ici, ma sœur n’avait jamais trouvé d’intérêt à se poser avec quelqu’un surtout depuis que Ian, ce petit bâtard, était né. D’ailleurs, je me demande toujours qui est le père de ce petit enfoiré. Ma sœur n’a jamais voulu me le dire parce que, même si elle m’adore, elle trouve que j’ai une bien trop grande gueule.

Ce n’est pas pour ça que je n’ai pas mes petites hypothèses, bien sûr ! Et Jimmy Reed faisait partie de mes hypothèses.

Il affirma qu’il ne se tapait plus ma sœur. J’imaginais qu’il était devenu sage depuis qu’il était marié à cette latina sortie de nulle part et qui était aussi la mère de Livia. Je m’exclamai :

-Le mariage rend fidèle, c’est bien connu !

Non. Ce n’était pas le cas. Pas pour moi en tout cas. Maintenant, je ne pouvais pas témoigner pour Reed.

On parla un peu de Grant W. Fleming. Il avait un nom prédestiné afin de finir dans mon carnet de client. Et je compris assez vite que Reed avait une certaine affection pour le garçon. Il déclara alors vouloir le garder près de lui. Il trouvait qu’il pourrait se montrer utile. J’esquissai un sourire.

-Tu penses à long terme. C’est bien.

J’étais pareil.

Il déclara alors être capable d’affection envers les enfants. Il disait que je le connaissais mal mais qu’il me connaissait bien. Je rigolai un peu.

-Il faut dire que je n’ai rien n’à cacher et que, donc, je ne cache rien. Mais d’autres n’ont pas ma chance. Quant aux gamins, ils m’horripilent.

Et ça aussi tout le monde le savait. Ma chère sœur savait que si elle venait me rendre visite, elle devait foutre Ian au chenil.

Puis, Jimmy en vint à sa demande. Une demande que je ne pouvais pas refuser. En étant l’avocat de Jimmy Reed mon taux de popularité et mon compte en banque allait réellement augmenter. Je déclara, afin de flatter Jimmy, qu’aucun avocat ne pouvait refuser pareille proposition. Il disait qu’il savait que je dirais ça. J’écartai les bras.

-Que veux-tu, je suis prévisible.

Il voulait me transmettre à ses enfants une fois qu’il n’aura plus besoin de moi, même si j’étais sûr qu’il allait me partager avec eux même quand il aura encore besoin de moi. J’avais hâte de travailler avec Livia, je ne pouvais pas le nier !

Mais je ne pouvais pas accepter sans parler, avant, d’un possible conflit d’intérêt étant donné que je suis aussi l’avocat de Carrie. Or, j’imaginais qu’entre BSC et MTI, c’était parfois la guerre. Mais, apparemment, la dernière fois que BSC était allé en justice contre MTI datait de la dernière tournée de The Lightening. Autant dire que c’était il y a un siècle !

Reed continua disant qu’il était proche de la famille Hughes étant donné que sa fille était marié au fils de Don. C’était une détail à ne pas négliger… Qui pourrait m’être profitable à l’avenir. Je devrais me poser un moment pour évaluer toute les possibilités d’être à la fois l’avocat de Reed que celui de Carrie. A première vue, ça ne pouvait m’être qu’extrêmement profitable.

Puis, Reed ajouta que, si jamais une conflit juridique avait lieu entre lui et ma femme, ça sera à moi de choisir entre mon mariage et la gloire. J’esquissai un sourire. Ce scénario ne pouvait arrivé que quand Carrie sera à la tête de MTI et, sincèrement, à ce moment-là, il sera déjà trop tard pour elle. Je dis alors avec un petit sourire en coin :

-Espérons, donc, que je n’ai jamais à choisir, n’est-ce pas ?

Mon choix était fait ! Et j’imagine que Jimmy Reed le savait.

-J’accepte ton offre ! Je serais ton avocat ! Je signe tout de suite, si tu veux.

Je bus une gorgée de whisky avec de sourire à nouveau en regardant Reed dans les yeux.

-Alors ? A quoi je dois m’attendre ? Quels genre de soucis juridique le grand Jimmy Reed était-il confronté chaque jour qui se fait ?

Je voulais qu’il me donne un avant-goût de mon futur travail.  

@ Billy Lighter

Je regardai Victor d’un air entendu quand il s’exclama que le mariage rendait fidèle. Moi, ça m’avait rendu fidèle, mais lui, nullement. Et je le savais. Seule Carrie se voilait encore la face.

Quant à Grant, Victor trouvait que c’était bien que je pense à long terme. Je le regardai d’un air torve.

-Tu m’as déjà vu penser autrement ? C’est aussi la raison pour laquelle tu es ici aujourd’hui.

Je pris un petit coup de whisky… Tout en parlant, je me rendais compte que Victor me connaissait mal, contrairement à moi qui le connaissais bien. Mais comme le disait l’avocat, il ne cachait rien. Il était un livre ouvert.

C’était vrai qu’il n’entrait pas vraiment dans les intrigues. Et comme il le disait, il était prévisible.

Je me frottai le menton avant de planter à nouveau ma cigarette dans ma bouche. Il allait falloir qu’il apprenne à intriguer… Qu’il la joue fine. Je n’étais pas n’importe quel client.

-Il va falloir que tu deviennes imprévisible. Travailler pour moi n’est pas une mince affaire ! Tu dois gérer les mensonges, d’une partie comme de l’autre. Tu dois pouvoir mentir toi-même…

Je marquai une pause et plantai mon regard dans le sien comme si je pouvais le transpercer.

-Tu dois être impitoyable.

Je tirai longuement sur ma cigarette.

-Mon secret est d’avoir toujours deux ou trois coups d’avance sur mes ennemis.

Il devait en faire de même.

Mais ce qui le turlupinais, c’était qu’un jour, je me retrouve face à Carrie, son épouse. Je lui affirmai que ce jour-là, il devrait choisir. Il disait espérer qu’on ait pas à choisir.

Je souris.

-D’ici à ce que Carrie hérite de MTI, si elle en hérite… Tu auras changé de femme pour un modèle plus jeune…

Et peut-être plus riche.

Il accepta mon offre avec enthousiasme… Il voulait signer tout de suite. Je me levai pour aller vers le bureau et, du tiroir, je sortis un lourd contrat avant de revenir vers le petit salon de mon appartement. Tout en allant vers lui, je répondis à sa dernière question.

-Pour l’instant, je crains surtout la diffamation. Tu as entendu Stone à la radio ? Ce n’est à mon avis que le début. Tant que ce n’est que Stone, je m’en fous un peu… Mais si d’autres décident de le suivre et de dire des horreurs sur moi, je veux que tu sois là pour me défendre.

@ Billy Lighter

Jimmy Reed savait penser à long terme ce qui n’était pas bien étonnant. Il disait que c’était pour cette raison que j’étais ici… Parce qu’il savait penser à long terme. Bien ! Ça annonçait une bonne entrevue, alors, j’imagine !

Reed clama que je le connaissais bien mal vu que j’avais été surpris qu’il puisse avoir autant d’affections pour ses enfants… J’avais dit ça après qu’il m’avait avoué me vouloir comme avocat et vouloir me transmette à ses enfants. Quant à moi, j’étais prévisible, de son avis. Oui. Je l’étais. Parce que je n’avais rien n’à cacher. C’était un avantage ! Mais d’après Reed, travailler pour lui requérait que je sois imprévisible, que je sache mentir et que je sois impitoyable ! J’esquissai un petit sourire. Reed me disait comment être… Comment travailler. Comme quoi, s’il aimait mes compétences, il ne me croyait pas encore assez « prêt ». Je ricanai.

-Mais voilà où est ma force Reed ! Je te dis que je suis prévisible et que tu me connais bien ! Tu en es persuadé et je te conforte dans cette croyance. Mais qui te dis que c’est vrai ?

Je souriais toujours.

-Si les autres me pensent prévisible, c’est un avantage, Reed. Je devrais l’être de temps à autre pour mieux les enculer quand je déciderais qu’il sera temps de ne plus l’être. Les gens ne se méfient pas de ce qu’ils pensent connaitre et de ce qu’ils sous-estime. C’est ma force. Les gens ne se méfient pas de moi pour un tas de raison notamment ma jeunesse. C’est grâce à ça qu’il m’est facile de les avoir.

Je venais d’exposer ma tactique à Reed. Mais comme je comptais accepter le poste alors, ce n’était pas bien grave. Puis, j’aimais parler…

-Et je sais être impitoyable. Je ne serais pas devenu avocat de la défense, sinon. Et je n’aurais pas accepté d’être l’avocat de ce dégénéré de Thomas Fleming.

S’il doutait de tout ça, il finira bien par le voir en directe, de toute façon. En attendant, j’aimais parler… Particulièrement de moi et il m’en avait donné l’occasion, donc…

Le secret de Reed était d’avoir toujours deux ou trois coups d’avances sur les autres. J’esquissai un sourire.

-Il parait, oui.

Ça, ce n’était pas vraiment un secret. Reed était décrit comme un homme d’affaire extrêmement doué et impitoyable.

Je finis par mettre sur la table la possibilité d’un conflit d’intérêt si jamais Reed se retrouvait, un jour, face à ma femme en justice. Mais Reed mis en avant que les possibilités étaient faibles et que si ça arrivait quand même ça sera à moi de choisir.

Je déclara que j’espérais ne pas avoir à choisir. Même si, en réalité, j’avais déjà fait mon choix.

Il déclara alors que d’ici-là, j’aurais sans doute une autre femme plus jeune. Non. Parce que je ne me tapais pas Carrie pour sa plastique mais bien pour son héritage. Un héritage que Reed pensait bien qu’elle n’aurait pas. C’est le beau-père de Julian Hughes. Il ne faut pas chercher très loin pour se dire que Reed préférerait que MTI finisse entre les mains du petit frère de Carrie. Sauf que j’avais tout mis en œuvre pour que le vieux Don refile MTI à sa fille. Pour l’instant, le testament du vieux faiblard était ainsi fait.

Mais si j’aurais bien voulu expliquer tout ça à Reed parce que j’aimais parlé, je préférais faire ce qu’il semblait ne pas croire que je puisse faire : « mentir et avoir un ou deux coups d’avance ».

Je rigolai, donc, à sa réflexion.

-Tu as sans doute raison… Elle se fait vieille, la Carrie… Alors quand Don sera mort, tu imagines ?

Mais elle m’était utile, la Carrie. Donc… Puis, je ne suis pas malheureux. Je vais voir ailleurs très souvent !

J’acceptai, donc, son offre. J’étais prêt à signer tout de suite. Reed se leva, donc, pour se diriger vers son bureau pour en retirer un contrat extrêmement volumineux… Vous savez ce qui est triste ? C’est que je n’ai pas d’avocat pour lire toute cette paperasse à ma place… J’allais devoir le faire moi-même.

Je pris le contrat après avoir vidé et déposé mon verre de whisky calant ma cigarette entre mes lèvres pour ouvrir le contrat avec de retirer ma cigarette pour demander quel genre de « cas » j’avais devoir plaider pour lui. C’était toujours bien de savoir quel genre de job on allait faire, non ?

Reed me répondit alors que je lisais les premières lignes de ce contrat. En fait, je lisais distraitement me concentrant plutôt sur les paroles de Reed.

Il parlait de diffamations et de Stone. C’était son principal problème du moment. J’avais suivi ça dans la presse. Même si ce n’est pas tant de Stone que Reed avait peur mais d’autres personnes. J’esquissai un sourire sans relever mon regard du contrat.

-Ouais… Il n’y a rien de plus facile que de gagner contre Stone dans un jugement pour diffamation. Je pourrais facilement le manger tout cru. Il est alcoolique et, en plus, il a signé pour BSC en sachant quel homme tu es. Ses accusations dans la presse peuvent facilement passer pour une façon pour lui d’attirer l’attention.

Même si, dans ses accusations, il y avait des faits grave comme des liens avec la mafia et le fait qu’il accuse Reed de l’avoir fait tabasser dans l’Eastside.

Je relevai le regard du contrat qui était d’un ennui mortel avant de sourire à Reed.

-Mais si d’autres se mettent à parler alors je serais là pour te défendre et leur foutre sur le dos une condamnation pour diffamation. Même si je te dirais que pour les refroidir, il faudra attaquer Stone pour faire un exemple. Mais ce n’est que mon avis.

Mon sourire s’élargit.

-Mais, pour mieux défendre mes clients, je dois savoir si ce qu’on leur reproche est vrai ou non. Donc… Est-ce que ce que dit Stone est vraiment de la diffamation ou bien c’est vrai ? Tu me connais… Tu sais que je n’aurais aucun jugement sur tes actions, Reed.

Après tout, je défendais des psychopathes qui avaient tués des gens de façon atroce. Alors qu’un homme d’affaire fasse tabasser un batteur dans un ruelle ne me faisait réellement ni chaud, ni froid. J’avais entendu bien pire.

-Mais il faut que je sache. Ça aide à gagner, si tu vois ce que je veux dire…

@ Billy Lighter

Bla bla bla… Une chose était sûre : Victor Hunter adorait le son de sa propre voix, même quand son discours ressemblait vachement à une tentative de rattraper le coup. J’avais dit bien le connaître et le trouver prévisible et maintenant, en bon avocat, il tentait de plaider l’inverse.

Je souris en coin, ma cigarette entre les doigts d’une main, mon verre de whisky dans l’autre, les bras nonchalamment appuyés sur les accoudoirs de mon fauteuil.

-Mouais…

Ce fut là toute ma réponse à son petit discours… Mais ce qui m’intrigua quand même, ce fut qu’il mentionne Thomas Fleming.

-Je sais que tu es probablement la cause du fait que Fleming Senior n’a encore jamais mis les pieds dans le couloir de la mort.

Je le regardai dans les yeux.

-Ça me suffit. Alors garde ta salive pour les tribunaux.

Mais je n’aimai pas la lueur que je perçus dans ses yeux quand il fut question de Carrie, la fille de Don et héritière officielle. Il fallait que je la déloge, d’une façon ou d’une autre.

Les accidents, ça arrive.

Mais ce que j’avais vu dans les yeux de Victor, c’était qu’il n’était pas prêt à lâcher ce potentiel héritage juste pour quelques rides, même s’il prétendit plus ou moins le contraire en confirmant que Carrie se faisait vieille.

Je tirai une dernière bouffée de ma cigarette avant de l’écraser dans le cendrier sur la petite table à côté de moi.

-Quand Don sera mort… Tu toucheras le gros lot, j’imagine… A côté de son héritage, quel petit désagrément ce sera que de coucher avec une momie ?

Surtout quand on passe son temps à aller voir ailleurs.

Je lui souris, ne laissant pas paraître les plans que je comptais mettre en place pour lui couper l’herbe sous le pied. C’était aussi pour ça qu’il serait bon qu’il soit mon avocat. Il aimait tant parler qu’il ne me cacherait certainement rien.

Une fois qu’on en fut venu à ce qui nous intéressait ce jour, et alors que je lui donnais le lourd contrat qu’il allait pouvoir lire à tête reposée chez lui, Victor voulut avoir un aperçu de ce qui l’attendait comme type de travail.

Je ne lui cachai pas que, pour l’instant, ce qui m’inquiétait le plus était les diffamations de Stone.

Et de nouveau, il ouvrit les vannes… Et j’eus tout juste la présence d’esprit de me retenir de rouler des yeux.

Il me donna donc son avis, qui était de poursuivre Stone pour faire un exemple…

Je fis la moue, y réfléchissant sérieusement.

-Je pense que c’est un peu tard. Si j’avais voulu le poursuivre, il aurait fallu le faire directement après ses sorties dans la presse…

Je haussai les épaules.

-Disons que laisser Stone tranquille me donnera une image magnanime… Si d’autres s’y mettent, là, on mettra le paquet.

En plus, je me voyais mal poursuivre un de mes propres artistes.

Par contre, là où l’avocat me prit un peu de court, ce fut quand il me demanda si les accusations de Stone étaient vraies. Qu’il lui fallait savoir pour mieux gagner.

Je le regardai quelques secondes sans rien dire. Et me rallumai une cigarette.

-Ce que tu as besoin pour gagner, c’est d’être persuadé que je suis innocent. Donc, considère que je le suis.

@ Billy Lighter

Mon discours n’avait pas convaincu Jimmy Reed, apparemment. Bien ! Qu’il me sous-estime ! Ainsi, je pourrais le surprendre plus tard. Que ça soit pour son compte ou non, d’ailleurs !

Bien que, même si Reed était moyennement convaincu par ce que je venais de dire, il savait que j’étais, en partie, responsable du fait que Thomas Fleming n’avait pas encore été casé dans le couloir de la mort malgré ce qu’il faisait en prison et des cadavres qu’il avait laissé derrière lui avant son incarcération en 55. J’esquissai un petit sourire en coin.

-Exactement. Je lui ai évité la peine de mort il y a quelques temps quand un témoin a décidé de parler des siècles après la mort de Sabrina Miller, un victime de ce cher Tom. Mais rendons à César ce qui revient à César… Le témoignage d’Edward Fleming m’a bien aidé vu qu’il mettait en avant que le meurtre n’était pas prémédité.

Maintenant, je savais que mon client en faisait baver à mort à Ward Fleming…

-Edward aurait dû se retenir… Maintenant, il en bave en prison d’après ce que je sais…

Ok… Je parle beaucoup. Et Reed ne tarda pas à me dire de garder ma salive pour les tribunaux. Je savais qu’il détestait ma tendance à parler trop. Pourtant, il devait en voir avec Ricci. Ricci parlait beaucoup aussi. Bon, ok, peut-être pas autant que moi…

On parla brièvement de conflits d’intérêt et de Carrie. Carrie que Jimmy me voyait larguer bien avant qu’elle ne, potentiellement, hérite de MTI. Je lui confirmai qu’il avait probablement raison même si, intérieurement, je comptais mordre sur ma chique jusque-là. Surtout que ce n’était pas si compliqué vu que j’allais souvent voir ailleurs. Mais Jimmy ce fit alors sceptique sur sa propre déclaration disant que quand Don mourrait je toucherais le jackpot et que coucher avec une veille (qui avait à peur près son âge, cela dit en passant) n’était qu’un petit désagrément.

Je rigolai.

-Certes… Mais Don n’est pas prêt de mourir et à Los Angeles il y a un milliard de façon de toucher le jackpot.

Parce que si mon plan avec Carrie pourrait me permettre d’avoir l’argent et la gloire, je savais qu’il y avait d’autres chemins pour ça et qui n’impliquait pas de coucher avec une momie. Mais pour l’instant, j’aimais ce plan et rien que pour titiller l’ego de Reed, j’étais prêt à aller jusqu’au bout.

Reed me fila alors le contrat. Il était indécemment long et, j’imagine, chiant à lire. Alors, je n’allais pas le signer tout de suite… J’allais, avant ça, devoir lire tout ça, petits caractères compris… Parce que je n’avais aucunement envie de me faire entuber par Jimmy Reed.

Mais avant de partir pour aller lire cette horreur, je demandai à Reed qu’elle genre d’affaire m’attendra à son service. Et il me parla de Stone et de diffamation. C’était facile d’attaquer Stone et de gagner en justice dans un procès pour diffamation. Mais c’est surtout des autres que Reed avait peur. Alors, je lui conseillai d’attaquer Stone pour faire un exemple et refroidir les autres mais, d’après lui, c’était un peu tard. Là-dessus, je ne pouvais que lui donner raison.

-Tu n’as pas tort. On attaquera le prochain, alors.

Parce que, visiblement, Reed avait peur que d’autres sortes du bois… C’était déjà un indice que ce que Stone avait dit n’était pas totalement faux. Mais il me fallait la vérité et c’est ce que je demandai à Reed. C’était plus simple pour moi que de savoir la vérité. Même si, dans mes clients, j’avais toujours des gens pour me la cacher et dire qu’ils sont innocent alors que ce n’est pas le cas. Pas honte, parfois… Pour se protéger, dans d’autres cas… Mais j’en avais aussi qui disait être coupable alors que ce n’est pas le cas ! Ce foutu Thomas Fleming était un as pour ça. Bref, mes clients ne jouaient pas toujours franc jeu…

Et Reed faisait partie de ce genre de client…

J’esquissai un sourire quand il me disait de le considéré innocent. En gros, je devais me persuadé qu’il l’était.

Donc, il ne l’était pas… Pourquoi me le cacher ? Par honte ? Pour se protéger ? Parce qu’il ne me fait pas confiance ? Je parie sur la dernière solution. Moi non plus, cela dit, je ne me ferais pas confiance si j’étais face à moi-même.

Je ricanai avant d’écraser ma cigarette et de me lever en portant l’énorme contrat.

-D’accord, Jimmy l’Innocent. Considère-toi comme tel. Maintenant, je vais aller lire ce truc bien trop gros et je le ramènerais signé à ta secrétaire.

Je lui tendis la main.

-On se revoit très vite, j’imagine ?

Oui vu qu’il est tellement innocent, c’est clair qu’on allait se revoir très vite.

@ Billy Lighter

Victor avait bel et bien réussi, jusqu’ici, à éviter la peine de mort au père de Ward, ce qui n’était pas une mince affaire au vu des crimes du Boucher de Los Angeles. Mais c’était surtout justement Ward qu’il mettait en avant pour l’avoir bien aidé. Et maintenant, c’était Ward qui croupissait en prison.

-J’ai lu tout ce qu’on dit sur Ward Fleming. Si son père lui en fait baver, il risque fort de se retrouver avec un fameux retour de karma.

Oui, car je savais que Ward était à un autre niveau que Tom. Ward était intelligent, son père pas.

Quant à Carrie, elle n’était qu’une option parmi tant d’autres, apparemment, pour le jeune avocat. Mais effectivement, je ne pouvais que lui donner raison : il y avait un tas de moyen de gagner fortune et gloire à Los Angeles.

-Tu es brillant, je ne doute pas que tu t’en sortes.

Je lui donnai son contrat et on parla alors des affaires qu’il pourrait avoir à gérer à mon service. J’avais surtout un problème de diffamation, pour l’instant. Mais attaquer Stone maintenant comme il le suggérait ne servirait à rien. C’était trop tard.

Et puis, quelque part, je ne pouvais pas l’attaquer là-dessus et accepter en même temps de publier le dernier single de Fireworks qui m’attaquait directement…

Ce serait un peu gros, non ?

Mais par contre, gare à celui ou celle qui voudrait jouer les Stone…

Victor était d’accord avec moi, je levai mon verre à ça et le vidai…

Puis mon futur avocat, car il avait accepté mais pas encore signé, me demanda de lui dire si j’avais vraiment fait et/ou dit ce dont Stone m’accusait.

J’étais sûr que c’était juste de la curiosité malsaine de la part de Victor et non une stratégie pour gagner.

Je lui répondis donc que tout ce qu’il avait à faire, c’était se persuader que j’étais innocent, quoi qu’il arrive.

Victor écrasa sa cigarette et je me levai en même temps que lui, le sourire aux lèvres.

-C’est Kandel qui a rédigé ce contrat… Il a fermé toute possibilité de jouer avec le système. Il était bon. J’en attend autant de toi.

Je lui serrai la main.

-A bientôt, Victor.

@ Billy Lighter