J’sais pas combien de temps j’suis resté dans cette toilette à chialer encore et encore. J’en venais à ne plus savoir correctement reprendre mon souffle tellement j’chialais. J’étais incapable d’accepter ce qu’il venait de se passer.

A un moment, quelqu’un ouvrit la porte qui était, de toute façon, pas verrouillée. C’était une infirmière. L’était jeune et elle avait un air désolé. Elle se mit à ma hauteur. Me donna, elle aussi, ses condoléances. Comme si ça allait changé quelque chose, sérieusement. Peyton était morte. Ça changeait rien que tout l’monde soit désolé. Désolé pourquoi, d’ailleurs ?

C’est ma faute.

Elle me demanda si j’voulais appeler quelqu’un ou voir un psy. J’avais aucune envie d’causer à des inconnus. Mais j’savais que j’devrais prévenir David et mes parents… Sauf que j’avais aucune envie de voir mes parents. Aucune.

-David… Mon meilleur pote. J’crois qu’il est encore à l’hôtel. J’ai prévenu qu’on allait ici mais j’crois qu’il attends à l’hôtel qu’on l’prévienne de la naissance.

J’crois… Si ça tombe, l’était dans l’hôpital et s’y était perdu. J’savais pas… Mais il devait savoir. T’façon, y’avait pas vraiment l’choix. Et j’préférais le dire moi-même. Les médecins, ils savent pas s’y prendre.

Quant à mes parents, j’leur dirais plus tard… Si ça tombe, ils finiront par se pointer ici par eux-mêmes en voyant que tout prends trop de temps…

J’savais pas…

Y’avait trop à penser.

Et moi, j’pensais qu’à la dernière image de Peyton. Et rien que d’y repenser, j’me remis à chialer devant l’infirmière qui me frottait le dos en signe de réconfort.

Y’a rien qui pouvait me réconforter.

Et les sanglots étaient si fort que encore une fois, j’eus du mal à respirer. Le stress s’évacuait pas si bien que l’air avait de plus en plus de mal à passer.

L’infirmière me fit alors me relever pour m’installer dans une autre pièce. C’était pas une chambre. C’était un cabinet où, comme elle le disait, j’pourrais me calmer en paix. J’pris un coup de mon inhalateur avant de lui donner le numéro de la chambre de David.

Elle me déclara qu’elle allait s’occuper de le trouver. J’hochai de la tête et j’fus seul à nouveau.

La pièce était p’tite… Blanche… Impersonnelle… Y’avait plus que moi, ma tristesse et mon acouphène dans cette foutue pièce.

J’pleurais toujours. Plus doucement mais j’pleurais. J’ressassai… Jusqu’à-ce que, dans un élan de rage, j’lance brutalement mon inhalateur contre le mur.

Il éclata en plusieurs morceau.

Mais ça changea rien. J’étais toujours triste. Toujours mort à l’intérieur.

Après un moment l’infirmière fit entrer David dans la pièce. J’me levai mon visage mouillé de larmes.

-Dave…

Mes mots restaient coincés dans ma gorge.

-Y’a… Peyton… Elle…

Je m’avançai vers lui et ne pus m’empêcher de pleurer à nouveau.

-Elle a pas survécu… Les bébés, oui. Pas elle.

J’pensais être le meilleur placé pour le dire à David… Mais j’étais pas sûr que ça soit le cas, finalement.

@ Billy Lighter

Daviiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiid !

DIVAD !

Quelque chose ne vas pas !

Han…

J’ai mal à la tête…

J’étais stressé.

Impatient aussi.

J’attendais le coup de fil.

D’Howard.

Pour qu’il me dise.

Que tout s’était bien passé.

Que les bébés étaient nés.

Non, David.

DAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAVIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIID

Tout ne s’est pas bien passé.

Mais si !

Je me frottai le visage.

Et pris dans ma valise.

Un petit flacon…

Lysanxia.

J’en avais besoin.

J’en pris dix gouttes.

Avec de l’eau.

Quelque chose ne va pas.

DAviiiiiiiiiiiiiiiid !

-Arrêtez !

Je me pris la tête.

Entre les mains.

Et le téléphone sonna.

Je me jetai dessus.

-A… Allo ?

C’était une voix de femme…

Probablement jeune.

Elle voulait.

Daviiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiid

Que je vienne à l’hôpital.

Mais elle ne m’en dit…

Pas plus.

Quand je demandai…

Si ça allait…

Elle dit…

Qu’Howard m’expliquerait.

Alors je pris un taxi.

Le cœur battant…

Quelque chose ne va pas.

J’en étais sûr.

Je le sentais.

Je savais pas comment.

Mais parfois.

Je sentais des choses.

Le taxi arriva à l’hôpital.

Puis je demandai à l’accueil.

Où était Howard.

-Quelqu’un… Quelqu’un peut… m’accompagner jusque-là… j’ai… J’ai peur de me perdre.

Tout le monde savait…

Que j’étais malade.

J’avais pas besoin de le préciser.

Alors on me guida.

Jusqu’au cabinet.

Om une infirmière

Me fit entrer.

Howard pleurait.

Je m’accroupis près de lui.

Dave…

-Je suis là…

Je suis là…

Y’a… Peyton… Elle…

Il pleura de plus belle.

S’avançant vers moi.

Et on tomba à genoux tous les deux.

J’avais déjà…

Les larmes aux yeux.

Elle a pas survécu… Les bébés, oui. Pas elle.

Mon cœur s’arrêta…

-Q… Quoi ? Mais comment ??? Pourquoi ??

Je pleurai moi aussi.

Maintenant.

Et je serrai Howard très fort.

Dans mes bras.

-Comment ??

Pourquoi…

Nos corps tressautaient

Au rythme de nos sanglots.

Nous n’étions plus qu’un…

Dans le chagrin.  

@ Billy Lighter

Dave était entré et j’réussis pas à faire autrement chose qu’à craquer encore. C’est comme si j’savais plus faire autre chose que de pleurer. J’crois que j’avais jamais pleurer autant de ma vie. Même quand j’étais qu’un gamin, j’avais jamais pleuré autant.

Mais là, la situation me semblait complètement insurmontable.

Dave se mit à ma hauteur. Il disait qu’il était là. C’était le premier visage connu que j’voyais depuis la nouvelle de la mort de Peyton. Une nouvelle qui m’faisait suffoquer au point que j’avais envie qu’on m’achève. J’voulais plus ressentir la douleur que j’ressentais.

J’vis les larmes dans les yeux de David alors que j’essayais d’expliquer ce qu’il s’était passer sans que les mots arrivent vraiment à sortir. C’est comme si, si j’le disais, les choses allaient devenir vraiment réelle. Et j’voulais pas que ça soit réel. J’voulais que ça soit un cauchemar. Que j’me sois endormis dans la salle d’attente et que le stress ait provoqué ce cauchemar. Mon cerveau savait plus que me faire cauchemarder de toute façon.

Sauf que cette fois, ça semblait bien trop vrai.

J’tombais à genoux avec David qui me serrait contre lui alors que les sanglots avaient repris de plus belle. J’déclarai alors que Peyton avait pas survécu. Des mots qui me firent mal quand ils sortirent de ma bouche.

Je sentis David se raidir. Il se demandait comment ça était arrivé.

A cause de moi.

Il me serrait fort et j’arrivais plus à parler alors que ma figure était enfuie dans son cou. Il pleurait aussi. J’savais qu’il tenait à Peyton aussi.

Fallait que j’lui explique. Et c’est d’une voix étouffée parce que j’arrivais pas à relever ma tête que j’lui expliquai.

-En accouchant du p’tit… Le deuxième… Elle a fait une rupture d’anévrisme. C’est ce que le médecin a dit et…

Ma voix se brisa à nouveau.

-C’est ma faute !

C’est ce que j’lançai en criant presque avant de me calmer un peu.

-Le médecin a dit que c’est un coup qui peut faire ça. Et… J’ai frappé Peyton… J’l’ai frappé y’a…

Des années…

-Des années… C’était y’a des années…

Malgré que j’avais dit ça tout haut j’me sentais toujours coupable. Y’avait rien n’à faire.

-Qu’est-ce que j’vais faire maintenant ?

J’étais désespéré. Y’avait que ça dans ma voix : de la tristesse, de la culpabilité et du désespoir.  

@ Billy Lighter

Daviiiid !!!

Oh la ferme !

C’est ça chiale !

Chiale !

Elle est morte !

C’est ta faute !

Tu aurais du dire

Que tu venais vivre à New York !

Tu l’as tuée !

Je pleurais…

De plus en plus fort.

Serrant Howard dans mes bras.

Et les voix…

Qui n’arrêtaient pas.

Trop de stress.

Trop d’angoisse

Trop de tristesse.

Je savais.

Que pas beaucoup de gens

Aimaient vraiment Peyton.

Mais j’en faisais partie.

Mais est-ce que…

Je l’avais aimée…

Comme il le fallait.

En accouchant du p’tit… Le deuxième… Elle a fait une rupture d’anévrisme. C’est ce que le médecin a dit et…

Je soufflai un bon coup…

Mon menton dans le creux

De l’épaule d’Howard.

-C’est pas ma faute.

Un sanglot me resta dans la gorge.

C’est ma faute !

C’est votre faute à tous les deux.

MOUHHAHAHAA !!!

-C’est pas… C’est pas ta faute, Howard…

Je reniflai.

Essayai de me reprendre.

-C’est un… un accident.

Mais non.

Noooooooooooooooooooooooon

MOUAHAHAHA

Le médecin a dit que c’est un coup qui peut faire ça. Et… J’ai frappé Peyton… J’l’ai frappé y’a… Des années… C’était y’a des années…

Pleurant toujours.

J’écartai un peu Howard.

Mais je savais pas

Le regarder dans les yeux.

Qu’est-ce que j’vais faire maintenant ?

Je le serrai à nouveau…

Très fort.

DAAAAAAAAAAAAAAAAAAAVIIIIIIIIIIIIIIIID

-On va… Tu n’es pas seul… On est tous les deux… On est Fireworks…

Je l’écartai à nouveau.

Essayai de sourire.

Malgré mes larmes.

Et ma morve…

Qui coulaient.

-Les enfants… Les enfants vont bien… C’est un peu de Peyton qui… qui vit en eux. Il faut… Il faut penser à eux.

Je réussi enfin à capter son regard.

-Je t’aiderai… Mais… Mais pourquoi tu… Tu l’as frappée ?

@ Billy Lighter

J’étais tombé dans les bras de David. J’tenais plus debout. Y’avait plus rien, dans mon corps, qui fonctionnait comme il le fallait tellement j’étais détruit par cette nouvelle que j’pouvais pas accepter. A chaque moment, j’avais l’impression que j’allais me réveiller de ce foutu cauchemar.

Mais j’me réveillais jamais.

J’du expliquer à David ce qu’il s’était passé. J’parlai de l’accouchement et de la rupture d’anévrisme. David souffla alors que c’était pas sa faute. Comme s’il était soulagé. Comment ça aurait pu être sa faute ?

-Non… Bien sûr que c’est pas ta faute.

C’est la mienne…

Rien que la mienne.

Et j’finis par le crier que c’était la mienne. Parce que j’en étais méga convaincu. J’arrivais pas à réfléchir autrement et je n’avais qu’un seul raccourcis en tête : le coup que j’avais donné à Peyton il y a quelques années avait provoqué sa mort. Un raccourci qui était aussi vrai que complètement stupide.

David disait que c’était pas ma faute. Que c’était un accident. Il pleurait toujours. Autant que j’pleurais. Comme si rien pouvait nous consoler. Rien pourrait jamais me consoler. J’pensais être enfermé à jamais dans cet état.

-Si… C’est ma faute. Tout est ma faute.

Et comme d’habitude, il n’y avait aucune retour en arrière. J’avais plein de fois voulu remonter le temps et pas merder. Mais cette fois, j’pensais que remonter le temps était une question de vie ou de mort.

Celle de Peyton…

La mienne…

Parce que depuis qu’on avait annoncé sa mort, j’avais l’impression que ma vie était finie.

J’parlai du coup que j’avais donné à Peyton comme si mon cerveau pouvait pas sortir de cette croyance que c’était ça qui l’avait tué. Après ça, j’demandai ce que j’allais faire.

Parce que j’en savais rien.

David me serra plus fort. J’m’accrochais à lui. Comme si, s’il me lâchais, j’allais m’écrouler et plus jamais me relever.

Il disait que j’étais pas seul. Qu’on était deux. Lui et moi. Fireworks.

Il s’écarta. Me regarda en essayant de sourire. J’le fixai de mes yeux rouge de larmes.

-J’sais mais… Peyton…

Elle, elle sera plus jamais là…

Jamais.

David disait que les enfants allaient bien. Qu’ils avaient un peu de Peyton en eux. J’repensais aux expressions de Pen qui étaient identiques à celles de Peyton. Et quelque part, ça m’brisa le cœur.

David disait que j’devais penser à eux… J’parlais alors que ma voix tremblaient de sanglots.

-J’sais… Et j’les aimes… Mais… J’serais jamais à la hauteur… J’le sens pas du tout.

J’pensais déjà pas l’être avant même avec Peyton à mes côtés. J’pensais qu’elle sera mon guide. J’avais plus de guide. J’étais seul. J’avais deux enfants… J’savais pas comment faire… J’savais même pas comment j’allais faire pour vivre…

David disait qu’il m’aidera mais revint sur le coup… Il demandait pourquoi j’avais frappé Peyton. J’secouai la tête comme si ça allait m’aider à avoir les idées plus claires.

-Je…

J’me raclai la gorge tentant d’essuyer mes larmes d’un revers de la main mais j’pleurais toujours alors ça servait à rien.

-Y’a quelques années… Peyton était aux studios de MTI et moi aussi. On s’détestait à l’époque. Elle m’a provoqué… On a coucher ensemble… Ça arrivait souvent ce genre de truc… Mais l’est aller trop loin dans la provocation. Alors…

Ma voix se brisa.

-J’l’ai frappé. Fort. L’est tombée dans les pommes. J’ai fui. J’pensais que j’l’avais tué alors j’ai fui. Mais elle était pas morte. L’est passée par la case hôpital mais elle est pas morte. Elle m’a pas dénoncée. J’m’en voulais à mort… Alors j’suis allé la voir à sa chambre d’hôtel…

J’m’arrêtai dans mon histoire.

-C’est là que tout à commencer.

Notre histoire. La belle version de l’histoire. Et c’est là que j’me rendis compte d’une chose :

-Si j’avais jamais frappé Peyton, on serait jamais tombé amoureux. Elle serait jamais tombée enceinte. Elle serait pas morte.

C’était, donc, ma faute.

Et j’gémis en me rendant compte de ça avant de baisser les yeux.

@ Billy Lighter

Non… Bien sûr que c’est pas ta faute.

Daviiiid !

C’est ta faute !

Parce que tu merdes tout le temps.

Tout merde toujours.

Autour de toi.

Tu rends les gens malheureux.

Tes parents biologiques

Tes parents adoptifs

Syd…

Syd…

Syd…

Je fermai fort les yeux.

Secouai la tête.

Tout en serrant Howard.

Je fis un gros effort.

Pour ne plus entendre.

Les voix.

Parce qu’il fallait…

Que j’aide Howard.

Je reprendrais une dose.

De médocs

Plus tard.

C’était pas ma faute.

Ni celle d’Howard.

Si… C’est ma faute. Tout est ma faute.

-Shhhh… Non… Non.

Je lui caressai les cheveux.

Mais il était persuadé

Qu’il avait tué Peyton.

J’sais mais… Peyton…

Peyton vivait…

Dans les enfants.

Il fallait penser à eux.

Ils avaient besoin d’Howard.

Ils avaient besoin de leur père.

J’sais… Et j’les aime… Mais… J’serai jamais à la hauteur… J’le sens pas du tout.

Je le berçai doucement.

-Ça… ça va aller… Tu n’es pas tout seul… Tu n’as… jamais été seul… Il y a Hank. Il y a Sonny. Il y a Bailey. Il y a moi.

Je pris sa tête.

Entre mes mains.

-Le monde… le monde entier t’aime, Howard.

Pas comme toi, David !

Personne ne t’aime.

Tout le monde s’en fout.

Bien.

Je m’en fous aussi.

Laissez-moi parler !

A Howard !

Il avait une raison.

De croire que c’était sa faute.

Il avait frappé Peyton.

Il y avait longtemps.

Mais l’est allée trop loin dans la provocation. Alors…

Je hochai la tête.

-Ok…

Je connaissais Peyton.

Je savais comment elle était.

Avant.

J’ai fui. J’pensais que j’l’avais tué alors j’ai fui. Mais elle était pas morte.

Je frottai son dos.

L’écoutant.

Quoi qu’il ait fait.

C’était trop tard.

C’est là que tout a commencé.

Mes larmes coulaient toujours.

Mais je ne sanglotais plus.

Je n’étais pas non plus…

Fâché sur Howard.

Il pouvait pas savoir.

Personne pouvait savoir.

Si j’avais jamais frappé Peyton, on serait jamais tombé amoureux. Elle serait jamais tombée enceinte. Elle serait pas morte.

-Personne pouvait… pouvait savoir, Howard.

Je tentai un sourire.

-Je crois… Je crois que Peyton voudrait… pas te voir dans cet état… Elle voudrait que tu sois fort.

Je me relevai

Lui tendis la main…

-Si tu me présentais… Aux petits ? Peyton t’aura… au moins laissé ça.

J’insistai.

-Tu n’es pas… tout seul… Tu ne seras… jamais plus seul.

Il serait à jamais lié.

A ses enfants.

@ Billy Lighter

C’était pas la faute de David… C’était la mienne… Mais David était pas d’accord. Il disait que c’était pas ma faute en passant sa main dans mes cheveux.

Pourtant, j’pouvais pas me défaire de l’idée que c’était bien ma faute.

J’crois que j’arriverais jamais à me défaire de ça.

David essayait d’me rassurer alors que j’étais totalement inconsolable. Il disait qu’il y avait un p’tit peu de Peyton dans mes enfants… Que j’devais penser à eux. J’déclarai que j’les aimais mais qu’il y avait vraiment aucune chance pour que j’sois à la hauteur. David me berçait… Il disait que j’étais pas seul. Y’avait lui… Hank… Bailey… Sonny… J’savais que j’pouvais aussi compter sur Lizzie et Savannah… Même si penser à Savannah me fit un p’tit peu gémir en sachant que, d’ici quelques années, j’me retrouverais devant une autre issue fatale.

Enfin, si j’vis moi-même jusque-là.

J’déglutis.

-J’sais… Mais même… J’pense pas que j’y arriverais.

En réalité, j’pensais que j’arriverais à plus rien faire du tout. J’étais mort à l’intérieur au point que je n’avais plus envie de rien. Absolument rien. D’habitude, quand j’étais au fond du trou, l’envie de faire de la musique était plus forte. J’devais écrire des chansons pour expulser tout ce que j’avais en moi.

Ici, rien. J’avais juste envie de fermer les yeux et de plus me réveiller.

David déclara que le monde m’aimait et j’ressentis un pincement au cœur. J’savais que plein de gens m’aimait… Et j’aurais voulu qu’il en soit de même pour Peyton.

-Mais pas assez aimait Peyton… Elle méritait que tout l’monde l’aime. J’aurais voulu qu’elle puisse voir le monde comme j’le voyais au moins quelques minutes.

J’avais pas réussi. J’crois même que j’avais empiré les choses.

J’fis, ensuite, part de ma culpabilité. J’parlai du jour où j’avais frappé Peyton. Ce jour qui nous avait mené à cette issue fatale.

David écoutait et fini par dire que j’pouvais pas savoir.

-Non. Mais j’pouvais pas frapper. C’est pas mon genre en plus.

C’était parti tout seul.

David disait que Peyton voudrait pas que j’sois dans cet état. J’soupirai. L’avait raison.

-J’sais… Mais…

J’y arrivais pas.

David se releva et me tendit la main. Il voulait voir les bébés. Il disait que Peyton m’avait laissé les bébés. Il disait que j’serais pas seul. J’hochai de la tête et pris sa main.

-Ok…

J’réussi à me remettre sur mes pieds même si j’pleurnichais toujours. On se leva et c’est en trainant les pieds que j’amenai David devant la vitre derrière laquelle se trouvait les deux bébés. Ils étaient tous les deux réveillés et gesticulaient dans leur p’tit lit vitré.

-Pen et Phénix… Peyton a eut le temps de voir Pen… Pas Phénix…

T’façon il me ressemblait alors elle aurait rien raté.

J’secouai la tête pour faire disparaitre cette idée de ma tête et j’laissai David regarder les bébés alors que j’posai ma tête contre la vitre en soupirant.

Après un moment j’lançai :

-J’veux rentrer… A l’hôtel, j’veux dire… J’suis crevé. Et j’veux pas croiser mes parents. L’hôpital se chargera de leur annoncer la nouvelle. J’ai pas envie que cette journée soit pire encore en voyant ma mère.

Qui dira que c’est ma faute.

J’le savais.

J’avais pas besoin d’elle pour me le dire.

@ Billy Lighter

J’sais… Mais même… J’pense pas que j’y arriverais.

Je pinçai les lèvres.

Je connaissais…

Cette impression que…

Qu’Howard avait maintenant.

-Tu sais… Moi aussi il y a… il y a des jours où… je me sens incapable de faire… quoi que ce soit… Om les voix sont… trop envahissantes… Om j’ai des sentiments qui… qui sortent de nulle part…

Je haussai les épaules.

-Mais dans ces… cas-là… tu es toujours là… Tu as toujours été là. Alors, je serai là pour toi… C’est… C’est mon tour de… t’aider.

Et puis…

Howard était pas seul.

Il avait plein d’amis !

Mais pas assez aimait Peyton… Elle méritait que tout l’monde l’aime. J’aurais voulu qu’elle puisse voir le monde comme j’le voyais au moins quelques minutes.

C’était vrai.

Tout le monde

Aimait pas Peyton.

Parce qu’elle s’était créé…

Un personnage…

Assez détestable.

Mais quand on grattait un peu.

On pouvait trouver

Un peu de gentillesse

Chez Peyton.

Moi, je le savais.

-Elle se rattrapera… au Paradis… Et elle veillera sur toi… Et les enfants.

Puis il me raconta.

Pourquoi il croyait

Que c’était sa faute.

Il avait frappé Peyton.

Il y avait longtemps.

Non. Mais j’pouvais pas frapper. C’est pas mon genre en plus.

Je pouvais comprendre…

Moi aussi…

Dans un délire où

Je la croyais possédée

Il y a bien longtemps

J’aurais pu lui faire

Du mal.

Sans vraiment le vouloir.

J’étais sûr qu’Howard

N’avait pas voulu.

Faire du mal.

A Peyton.

Ni à personne.

Je le serrai.

Une dernière fois

Contre moi.

Avant de me lever.

Et de lui tendre la main.

Il fallait pleurer Peyton.

Mais dignement.

Ok…

Et peut-être que voir…

Ce que Peyton laissait

En héritage.

Les bébés

Pas l’argent.

Lui ferai du bien.

Il me guida jusque-là.

En pleurant et reniflant.

Pen et Phénix… Peyton a eut le temps de voir Pen… Pas Phénix…

Je souris.

Les yeux toujours plein de larmes.

Et posai ma main

Sur la vitre.

-Ils sont magnifiques… Howard… Ce qu’elle t’a laissé… est précieux.

On resta là un bon moment.

Sans rien dire.

Comme un silence digne.

Pour Peyton.

Devant les grands yeux

De ses enfants.

Puis Howard soupira.

J’veux rentrer… A l’hôtel, j’veux dire… J’suis crevé. Et j’veux pas croiser mes parents. L’hôpital se chargera de leur annoncer la nouvelle. J’ai pas envie que cette journée soit pire encore en voyant ma mère.

Je hochai la tête.

-Allons-y… Tu vas… tu vas dormir dans ma chambre… Personne… viendra te chercher là.

@ Billy Lighter