Peyton, mon imbuvable belle-sœur était morte. Cela faisait presque deux semaines mais je n’en revenais toujours pas. Ça n’avait jamais été l’amour fou entre elle et moi ce n’était pas pour autant que je souhaitais qu’elle meure. J’avoue que j’avais espérer que mon frère et elles en viennent à divorcer mais jamais, au grand jamais je n’aurais voulu qu’elle sorte de la vie de mon frère en mourant.

J’étais moi-même enceinte et de savoir que la femme de mon frère était morte en donnant naissance à leur bébé m’effrayait car je me rendais compte que ce genre de drame n’arrivait pas que dans les films, n’arrivaient pas qu’aux autres ! Si c’était arrivé à Peyton, ça pouvait m’arriver, je n’étais pas beaucoup plus grosse qu’elle, peut-être que notre morphologie ne permettait pas de donner la vie ! Après tout, c’était de faire passer une pastèque dans un trou gros pour un raisin !

Je souffrais déjà uniquement à y penser !

Nathan et moi voulions rendre visite bientôt à mon frère parce qu’il devait avoir besoin de ressentir tout le soutient possible et parce que je voulais aussi rencontrer mon filleul et ma nièce. Leur vie ne commençait pas vraiment bien, c’était horriblement triste.

Betty réagissait pas très bien à la mort de Peyton. Elle disait que le nuage gris était devenu beaucoup plus gros, beaucoup plus lourd et beaucoup trop près de nos maisons. Nathan et moi ne savions plus trop quoi comprendre ni comment la rassurer, surtout que j’avais moi aussi besoin de me faire rassurer sur mon futur accouchement. J’avais demandé à mon médecin si je pouvais avoir mon bébé par césarienne plutôt qu’en l’expulsant naturellement ce à quoi il avait répondu qu’il n’y avait aucune raison de me faire subir une césarienne.

Si c’était ce que moi je voulais, n’était-ce pas une bonne raison ?

Apparemment, non !

J’avais longtemps repoussé de parler à River, parce que ce genre de conversation me rendait un peu inconfortable puis j’avais apprit que j’étais enceinte, puis Nathan avait dû lui-même parler avec Betty puis il y avait eu la mort de Peyton. Bref, pleins de bonnes raisons de repousser la conversation mais aujourd’hui, j’avais prit mon courage à deux mains et j’avais décidé d’aller trouver notre invité longue durée pour savoir ce qu’il avait en tête pour l’avenir et s’il avait, d’une quelconque façon, pu intimider Betty pour qu’elle en vienne à se réinstaller dans le jardin.

Je ne voyais pas du tout comment j’allais aborder tout ça. Ce n’était pas simple, je ne pouvais pas lui dire ‘’Hey, River ! Super ton t-shirt! Au fait, tu pars quand de chez nous ? Parce que Betty dort dans le jardin et que j’aimerais bien qu’elle dorme dans la maison, quand j’aurai expulsé mini Lola!’’ Ouais parce que, si je donnais naissance à une fille, avec Nathan on avait pensé la nommer Lola Stone Williams. C’était beau comme prénom et Howard serait touché par le geste !

- Salut River ! Tu fais quoi ?

Je l’avais trouvé dans le salon. La télé était ouverte mais peut-être qu’il ne la regardait pas vraiment. Il y avait des magazines d’ouverts sur le divan mais peut-être qu’il ne les avait pas regardés. La porte du jardin était ouverte, peut-être… enfin bref ! Il pouvait faire ce qu’il voulait dans le salon, hein ! Je n’étais pas la grande inquisitrice de la maison !

Quand j’avais su pour Peyton… Quand j’avais lu ce qui lui était arrivé… j’avais éclaté de rire. Un rire fou, incontrôlé, de joie pure. La plupart des gens ne souhaitaient pas le malheur des autres. Mais moi si. Et j’aimais penser que c’était tellement j’avais pensé à ce qu’il arrive malheur à cette petite pute de Peyton que sa mort était survenue, brutale et atroce.

Au début, Howard était à New York… Mais j’avais guetté son retour depuis la fenêtre de ma chambre qui donnait sur l’allée de sa villa. Et quand il était revenu… Seigneur… je sus que j’avais gagné. Howard n’était pas mort mais… C’était un zombie.

Il ne garait jamais sa voiture droite, il titubait en en sortant, toussait, crachait. Bref, il n’allait pas bien.

Mes hôtes, je ne savais pas vraiment ce qu’ils pensaient de tout ça. Mais ils n’avaient pas encore rendu visite à Howard.

Kenzie était enceinte…

Je ne savais pas quoi penser de ça, s’il y avait vraiment quelque chose à penser.

Par contre, je me méfiais de Betty… Parce qu’elle semblait avoir senti quelque chose chez moi qu’elle n’aimait pas et était retournée vivre dans une tente dans le jardin.

Bon débarras. Je devrais peut-être penser à ce qu’elle meure aussi. Apparemment, ça fonctionne.

Aujourd’hui, je m’étais installé au salon avec la télé allumée et tous les magazines people que j’avais pu trouver.

Sur l’écran, les Looney Toons cherchaient à se dégommer à coup de bombes Acme et autres pièges. Ça me faisait rire à chaque fois.

Et tout en regardant, je découpais dans les magazines le moindre petit encart parlant de la morte de Peyton.

Une mort que j’avais provoquée… Parce que dès qu’elle s’était assise sur mes genoux sur ce plateau télé à New York, son destin avait été scellé.

J’avais entendu le pas léger de Kenzie arriver par derrière moi. Du coup, je ne m’effrayai pas le moins du monde quand elle s’adressa à moi…

-Je découpe des articles que j’aimerais garder.

Mes trophées.

Je tournai la tête pour voir la sœur de Stone.

-Et toi ? Tu fais quoi ? Vous allez voir Howard ?

S’ils voulaient me proposer d’aller avec eux, accepterai-je ?

Il risquait de m’agresser. Je souris à cette idée. Il s’attirerait encore plus de problèmes qu’il n’en avait déjà s’il faisait ça.

River découpait des articles dans les magazines, des articles qu’il disait vouloir conserver et, en m’approchant de lui, je vis qu’ils parlaient de Peyton. Je fronçais des sourcils en ne me disant que c’était un peu morbide de vouloir conserver ce genre de coupures mais je ne commentais pas parce que River me demanda si Nathan et moi avions l’intention d’aller rendre visite à mon frère.

- Euh oui, oui nous irons.

Mais quand ? Ça, je n’en savais rien. J’avais un petit peu peur de retrouver mon frère en loque. J’avais aussi un petit peu peur de devoir prendre ses bébés et de m’en occuper. J’en avais un dans le bide et heureusement qu’il s’y trouvait encore pour un bout de temps parce que je n’avais toujours pas une seule idée de comment j’allais m’en occuper. Notre plan à Nathan et moi d’observer Peyton et Howard et de faire tout le contraire avait un peu foutu le camp avec le décès de ma belle-sœur.

- Toi ? Tu compte y aller ?

Avec la réaction que mon frère avait eue quand il avait vu River chez moi puis avec les mises en garde qu’il avait formulé sans compter des menaces à l’encontre de mon invité, je me doutais que ce dernier n’irait pas volontairement, offrir ses sympathies à mon frère. Avec les découpures qu’il disait vouloir conserver, en plus, ça me rendait perplexe.

- Dis ? Pourquoi tu conserve ce qu’ils écrivent sur la mort de Peyton ? Ça te rend triste beaucoup ?

Ça me rendait aussi triste mais pas au point de courir acheter ses disques et encore moins pour me faire un album souvenir de tout de qui pouvait s’écrire sur elle.

Je me grattais derrière l’oreille avant de toussoter. Je devais me lancer et aborder le sujet pour lequel j’avais amorcé la conversation avec lui. Étrangement, aujourd’hui, il me mettait mal à l’aise avec sa fascination funeste au sujet de la mort de Peyton.

- Humm… Tu sais, Nathan et moi avons discuter et euh… Tu es le bienvenue ici, hein, tu le sais ça ? Ouais… tu le sais forcément… Mais euh… On se demandait quand même si tu avais commencé à penser à après chez nous et quand ce serait ?

C’était un peu maladroit, pour ne pas dire beaucoup maladroit mais valait quand même mieux aller droit au but que de broder inutilement autour. River n’était pas stupide non plus il devait bien se douter que quand le bébé serait-là, nous aurions envie de nous retrouver en famille, avec Betty dans la maison.

- Tu sais, ma question n’est pas pour te brusquer hein, je ne veux pas que tu penses ça. C’est pas ça. En fait, on essaie juste un peu de voir comment nous allons arranger la venu du bébé et Betty… Tu as remarqué comment elle agit étrangement, dernièrement ? Elle a fait réinstaller sa tente dans le jardin…

Peut-être qu’il me dirait qu’il a involontairement fait peur à Betty, qu’il avait voulu lui demander pardon mais têtue comme Betty pouvait l’être, je pourrais le croire s’il me disait que ma belle-mère avait refusée de l’approcher ensuite.

Nathan et Kenzie comptaient donc aller voir Howard. Je parlais à la sœur de Stone sans la regarder, concentré sur ma tâche, découpant avec une précision monstrueuse… Peyton était morte… Howard, plus que certainement détruit de l’intérieur.

Toi ? Tu comptes y aller ?

Je m’arrêtai brusquement de découper, les deux pointes des ciseaux dans les airs… Puis un sourire mauvais se dessina sur mon visage.

-J’ai l’intention de présenter mes condoléances à ma manière.

Je comptais bien assister à la mise en terre de Peyton. Un peu à l’écart, certes, mais ça me fascinait, ça m’excitait. J’allais me nourrir de toute cette tristesse tragique. J’allais me sentir tout-puissant, je le savais. Et Dieu seul savait si j’allais réussir à rester à ma place, hors de vue de tous, mais avec vue sur tout le monde.

Kenzie semblait tendue… Elle ne m’approchait pas… Elle restait à distance, alors qu’elle aurait très bien pu venir s’asseoir à côté de moi. Cependant, même de là où elle était, elle pouvait clairement voir ce que j’étais en train de faire.

Et ça l’intrigua.

Elle me demanda pourquoi je voulais garder les coupures de presse parlant de la mort de Peyton. Forcément, elle n’était pas sans savoir, comme tout le monde, que c’était moi que Peyton avait suivi à L.A., à la base… Avant même de vraiment connaître celui qui deviendrait son mari.

Alors elle pensait que sa mort me rendait triste.

-Non. Pas triste.

Ça me faisait jubiler et en même temps, j’avais cette impression satisfaisante de travail accompli.

Je pris une des coupures de presse et la levai devant mes yeux, comme si j’examinais un objet précieux.

-Avec sa mort, c’est l’Histoire qui s’est écrite. Dans 50 ans, on parlera encore de la mort de Lola.

Une mort que j’avais provoquée par la pensée. Je souris.

Et là, Kenzie se mit à cafouiller. Je me tournai vers elle et la vrillai du regard, lui rendant probablement la tâche de vider son sac encore plus compliquée.

En fait, elle voulait juste savoir quand j’allais me tirer d’ici. Je n’avais pas l’intention de rester, maintenant que Peyton était morte et qu’Howard n’était plus que l’ombre de lui-même.

-Ma tâche est accomplie ici. Mon agent est sur le coup pour que je récupère mon appartement à Hollywood.

Je la regardai à nouveau dans les yeux, avec un sourire jubilatoire sur le visage. Elle trouvait le comportement de Betty bizarre et je savais que la vieille folle m’avait percé à jour.

-Betty est une couillonne. Elle a du trop regarder Keeping Our Lands.

Je passai ma langue sur mes lèvres.

-Aurais-tu peur de moi, Kenzie ? Je n’ai rien fait pour ça.

River était bien concentré sur sa tâche. Il découpait dans des journaux alors qu’à la télévision, Road Runner se faisait aller le Beep Beep et que le pauvre Coyote recevait ça je ne sais plus combien bombe Acme sur la tête. Ça me faisait toujours rire mais pas aujourd’hui. Je riais moins, dernièrement, les planètes étaient toutes désalignées, rien allait dans le bon sens alors il m’était difficile de rire et de prendre la vie à la légère.

Nathan et moi avions l’intention d’aller bientôt voir mon frère alors je demandais à River s’il avait l’intention de le faire. La situation entre mon frère et mon invité était hyper tendue mais parfois, quand la vie nous envoyait une épreuve, les vieilles rancœurs s’assouplissaient pour laisser la place à de nouveau sentiments.

La façon dont River me répondit me glaça le sang. En fait, ce ne fut pas tant ses paroles mais ses gestes qui me firent un drôle d’effet. Il tenait ses ciseaux bien haut et les pointes brillèrent sous le reflet du soleil. Un truc qu’on voit dans les films d’épouvantes quand le tueur fou brandi sa lame avant de se mettre à courir derrière sa proie qui aurait eu le temps de se sauver quarante-douze fois avant de se faire poignardée jusqu’à finir en bouilli.

Je restais à l’écart de River, non pas parce que j’avais peur de lui… Bon ok son attitude me rendais nerveuse, soudainement. Il avait un drôle de comportement, tout de suite, rien de rassurant.

- Ça veut dire quoi exactement présenter tes condoléances à ta manières ?

Il n’y avait pas trente-six façon de le faire. Il fallait se lever, marcher jusque chez Howard, sonner à sa porte, attendre qu’on vienne ouvrir, tendre la main à Howard et lui dire que nous compatissions à sa souffrance. Ou lui écrire une lettre. Une lettre, ça pouvait bien passer aussi !

J’osais ensuite lui demander pourquoi il gardait des articles parlant de la mort de Peyton, cherchant à savoir si c’était un moyen pour lui de contourner son chagrin. C’était possible hein ! Je ne pouvais pas juger de la façon qu’avaient les gens d’exprimer leur souffrance, il n’y avait pas de bonne ou de mauvaise manière. River, cependant, affirma ne pas être triste mais que dans cinquante ans, on parlerait toujours de la mort de ma belle-sœur.

- C’était la plus grande chanteuse de son époque, c’est certains qu’on parlera encore d’elle dans le futur.

Mais de là à conserver ce genre d’article ?

Je changeais de sujet bien que ce n’était pas plus facile. Je devais connaitre ses intentions sur son avenir. Nous l’hébergions de bon cœur mais avec le bébé surprise et le comportement étrange de Betty, Nathan et moi avions besoin de savoir un peu ce qui nous pendait au bout du nez questions de savoir comment nous organiser.

Et là encore, la manière dont me répondit River me laissa perplexe.

- Ta tâche ici est terminée ?

Parce que sans vouloir être vache, à part jouer à la tapisserie dans la maison, il n’avait pas fait grand-chose alors je me demandais bien de quelle tâche il parlait.

- Rien ne presse tu sais, on ne te mets pas à la rue quand même !

Mais j’avais quand même hâte qu’il parte.

Je lui expliquais que Betty se comportait de façon étrange depuis un moment et que Nathan et moi essayions de comprendre quel en était la raison. Je lui tendis une perche question qu’il ne se sente pas viser d’aucune façon.

- Betty vivait dans la rue, tu sais, je crois pas qu’elle est visionnée Keeping Our Lands.

Alors il me semblait peu probablement que ma pauvre belle-maman ait pu confondre River dans la vie de tous les jours et River dans la série la plus adulée du petit écran.

Ensuite, River me posa une question qui me figea sur place et me retira momentanément les mots de la bouche.

- Là, tout de suite, oui, un peu. Je ne comprends pas l’espèce d’aura trouble autour de toi. J’essaie de rester rationnelle mais ce n’est pas facile, je t’avoue.

J’aurais dû laisser Nathan lui parler et moi, discuter avec Betty !

Je haussai les épaules quand Kenzie me demanda ce que ça voulait dire, présenter mes condoléances à ma manière.

-Howard ne m’aime pas. Mais j’ai connu Peyton avant lui et nous avons eu une courte liaison. Ce ne serait pas juste que je ne puisse pas lui rendre hommage.

Je passai ma langue sur mes lèvres, puis un sourire carnassier se dessina sur mon visage.

-Je serai là pour les funérailles… Mais à distance. Comme le bâtard non désiré que je suis.

Voilà, ça résumait ce que j’allais faire, sans pour autant révéler que tout ça m’excitait à mort.

Je reposai doucement les ciseaux… Apparemment, Kenzie voulait me parler de quelque chose, mais elle tournait autour du pot. Je ne savais pas ce que j’avais fait pour mériter cette soudaine méfiance de leur part… Parce que Nathan, qui était mon « ami » était lui aussi plus distant.

Intérieurement, je pestai sur la vieille folle de Betty qui voyait les choses peut-être un peu trop clairement sous ses dehors de vieille cinglée.

Kenzie voulait en fait savoir si j’allais bientôt débarrasser le plancher. Je savais qu’elle était enceinte. Avait-elle peur pour sa progéniture ? Après tout, j’avais tenu un bébé au-dessus du vide, chez mon cousin. Mais elle ne pouvait pas le savoir, ça, si ?

Je lui annonçai qu’elle n’aurait plus à me supporter très longtemps. En effet, j’étais en train de rassembler mes biens, dont mon appartement, qui avaient été dispersés aux quatre vents pendant que j’étais interné en hôpital psychiatrique.

Kenzie voulait savoir ce que j’entendais par « ma tâche ici est terminée »…

Je lui souris.

-Retomber sur mes pattes… Avoir de nouveaux projets… Tu ne peux pas savoir ce que ça fait d’être accusé à tort et interné pour ça.

Je haussai les épaules.

-C’est comme si tu disparaissais du monde. Que tu n’étais plus une personne. C’est déshumanisant. Encore pire que la prison.

Elle entra finalement dans le vif du sujet : le comportement de Betty. Je la traitai de couillonne et remis cela sur mon rôle dans Keeping Our Lands… Mais ça ne marcha pas.

-Alors je ne sais pas. Je ne lui ai rien fait.

Mais je savais que ma simple présence était ressentie comme dérangeante par les gens. La preuve, quand je demandai à Kenzie si je lui faisais peur, elle répondit par l’affirmative. Ça me fit sourire d’un sourire mauvais et provoqua des fourmillements dans mon bas-ventre. Dieu que j’adorais sentir l’odeur de la peur.

Je me levai et l’approchai, la regardant droit dans les yeux.

-Je suis né comme ça. J’ai toujours fait peur aux gens, pour une raison qui m’échappe.

Je tendis doucement la main et lui caressai la joue.

-Tu n’as rien à craindre de moi…

Pas tant que mon confort dépendait de son bon vouloir…

River avait toujours ce truc énigmatique qui faisait qu’on ne savait vraiment s’il était sérieux ou s’il déconnait. Ça faisait aussi toujours en sorte qu’on ne savait jamais vraiment le fond de sa pensée, comme lorsqu’il affirma avoir l’intention d’offrir ses sympathies à Howard mais, à sa manière.  Déterminée à creuser, je lui demandais de clarifier sa pensée.

- C’est un point de vue qui se défend. Ça s’est terminé comment, Peyton et toi ?

Peut-être qu’en sachant comment leur relation avait prit fin, j’aurais un indice plus précis de la façon avec laquelle River avait l’intention d’offrir ses condoléances. Mon petit doigt me disait de rester prudente après tout, j’avais moi aussi encore en tête la vive réaction qu’avait eu feu ma belle-sœur et Howard quand ils avaient vu que notre invité surprise était River.

River avait aussi l’intention d’assister aux funérailles en soulignant qu’il se tiendrait à l’écart comme le bâtard non désiré qu’il était.

- Mais pourquoi tu t’auto flagelle toujours comme ça ? J’suis moi aussi issu d’une relation secrète et je m’en fou. Ça ne détermine pas qui je suis. On n’a pas à payer pour les pulsions d’cul de nos parents, t’sais !

Nous, nous n’avions rien demandé à personne ! Si nos parents ne savaient pas garder leur cuisses fermés et leur queue dans leur pantalon, ce n’était pas à nous d’en payer le prix avec le titre de bâtard.

River déposa les ciseaux qu’il manipulait avec la finesse d’un chirurgien, pour mon plus grand bonheur ce qui me permis de crever l’abcès et de lui demander quels étaient des plans pour l’avenir. Je ne voulais pas qu’il croit que Nathan et moi avions l’intention de le foutre à la porte mais avec le bébé et Betty, ça commençait à en faire beaucoup. Mon invité affirma être sur le point de partir, qu’il en était aux préparatifs et qu’il était sur le point de terminer sa tâche ce qui me fils tiquer. De quelle tâche parlait-il ?

- Ah… Ouais… Non c’est vrai. Ça doit peser d’être accusé à tort et se voir dépossédé de sa vie. Ça me désole que tu aies eu à vivre ça, tu sais !

J’étais sincère ! Je ne comprenais pas comment on avait pu en venir à lui faire subir tout ça sans investiguer davantage. Il y avait des psychopathes qui s’en sortaient avec plus de chance que lui, la preuve était encore dans les journaux tout récemment.

- Au moins en sortant de là, tu avais encore tes amis. Nathan était là pour toi et moi aussi, si tu veux me considérer comme une amie.

Malgré qu’il vivait chez moi depuis un bout de temps, nous n’avions jamais eu de grandes conversations profondes permettant de mieux faire connaissance. À vrai dire, aujourd’hui c’était la première fois que nous parlions réellement.

Et tant qu’à faire, je parlais aussi du comportement de Betty qui était étrange et préoccupant. River pensait que ma belle-mère s’était laissé impressionner par son rôle dans Keeping Our Lands mais cela me surprendrais puisqu’elle n’a pas eu accès à un téléviseur dans le parc dans lequel elle avait vécue plusieurs années pour ne pas dire décennies. C’était donc un mystère de plus que je devais élucider.

Quand River me demanda si j’avais peur de lui, je n’eu d’autre choix que de répondre par l’affirmative. Il avait un drôle de comportement dernièrement ou venais-je de remarquer ce que Betty avait elle vu depuis un moment et qu’Howard s’évertuait à me faire comprendre ? C’était bien possible.

River se leva alors pour s’approcher de moi et planta son regard dans le mien. Vous allez vous moquer de moi mais je fu soulagée qu’il n’ait plus les ciseaux dans les mains ! Mais quelle idiote suis-je ! Il n’aurait tout de même pas tenté de me blesser avec des ciseaux ! Cependant, il passa sa main sur ma joue en m’expliquant il était né comme ça, qu’il n’y pouvait rien s’il faisait peur aux gens mais que je n’avais rien à craindre de lui.

Nerveusement, je rigolais puis je reculais d’un pas en adoptant une posture que je voulais détachée, zen, comme si j’étais au-dessus de tout ça.

- D’accord alors tu me rassure ! Mais en vrai ce n’était pas une grosse peur effrayante hein, juste parce que, parfois… c’est comme tu dis, tu ne le contrôle pas mais ce n’est que ça alors tout va bien !

Alors si tout allait si bien, pourquoi j’espérais de tout cœur voir entrer Nathan dans le salon, tout de suite ! ?

Kenzie voulait soudain savoir comment ça s’était terminé entre Peyton et moi. Je ne pouvais m’en vouloir qu’à moi-même pour cette question. C’était moi qui avais lancé le sujet. Je pris un air de profonde réflexion.

-Et bien… Elle m’a suivi à L.A., pleine de promesse. Puis elle a vu Howard.

Ce n’était pas tout à fait vrai… Ou… Si ? Je ne savais plus très bien. Après mon passage à l’hôpital où on m’avait bourré de médocs, ma mémoire concernant certaines choses était floue. Mais je me rappelais très bien avoir eu une relation sexuelle avec Peyton alors qu’elle était déjà avec Howard… Elle m’avait dit alors qu’il n’y avait que moi.

Elle m’avait menti. Je serrai les poings.

-Elle a trompé Howard avec moi… Après m’avoir trompé avec Howard.

Ce n’était qu’une petite pute et elle avait eu ce qu’elle méritait.

-Bref, ça s’est mal fini.

La suite, elle la connaissait.

Mais je voulais assister aux funérailles… Pour voir le résultat de mes pensées obscures. Je fis le malheureux en mettant en avant mon statut de bâtard. Mais ça choqua Kenzie qui réagit vivement en disant que je ne devais pas m’auto flageller comme ça. Qu’elle aussi était un enfant non désiré.

Je souris légèrement.

-Mais tes parents t’ont aimée, toi. Tu as été reconnue par ton père.

Je secouai la tête.

-Moi pas. Et ma mère me prenait pour l’enfant de Satan.

Entre deux doses de LSD…

Je continuai sur ma lancée pour l’apitoyer sur mon sort en parlant de mon internement et comment ce genre de chose pouvait déposséder quelqu’un de tout, jusqu’à son âme. En réalité, je ne l’avais pas si mal vécu, mais Kenzie devait le croire.

Kenzie souligna qu’heureusement, j’avais des amis… En Nathan et elle. Sa façon de ses comporter était quelque peu contradictoire, son corps me donnant l’impression qu’elle voulait me fuir alors que ses mots disaient tout le contraire.

Je fis semblant de ne pas voir sa peur et son dégoût pour ma personne.

-Je ne vous remercierai jamais assez de m’avoir accueilli ici quand il n’y avait plus personne qui se souciait de moi.

Je me levai et m’approchai d’elle alors que je lui avais posé une question assez directe. Avait-elle peur de moi ? Clairement, ouais. Quand je lui touchai la joue, elle recula. Mais je lui assurai que la peur que les gens éprouvaient envers moi n’était qu’une fausse impression. Bref, que j’étais inoffensif. Mensonge.

Je souris, carnassier.

-Ouais… Tout va bien, Kenzie… C’est juste mon regard. Il a quelque chose de dérangeant, non ?

J’appuyai mon regard dans le sien…

-Je peux continuer à découper mes articles ? Ou tu veux savoir autre chose ?

J’avançai d’un pas, persuadé qu’elle allait courir en sens inverse. Et je voulais trop voir ça.

River disait que mon frère ne l’aimait pas et qu’il avait eu une courte liaison avec Peyton. Était-ce pour cela qu’Howard n’aimait pas River ? Parce que ce dernier avait déjà eu une histoire avec sa femme ? Ça me semblait un peu n’importe quoi comme raison parce que si nous devions détester toux ceux avec qui notre amoureux ou amoureuse avait eu une relation avant nous, ça ferait un tas de monde qui ne se parlait pas et qui ne s’aimait pas !

Alors je voulu en savoir plus question de comprendre comment est-ce que Peyton et Howard avaient pu en venir à vouer autant de haine et développer ce qui ressemblait à s’y méprendre à une peur bleue de River. Les explications de River demeurèrent vagues bien que je commençais à voir un cadre m oins flou à poser autour de la situation. Il s’agissait d’une histoire de triangle amoureux qui s’était soldé par une équation de 1+1 qui excluait River.

- Bah… On ne peut pas revenir sur le passé mais je comprends que de t’être fait larguer puisse te laisser amer.

Mais jusqu’à quel point pouvions-nous rester amer suite à une rupture ? Au point de finir dans un asile de fou avec une camisole de force ? Ça me semblait extrême et si je pensais aux avertissements d’Howard, ça me laissait encore plus perplexe.

On en vînt aux funérailles de Peyton qui n’était plus là pour donner sa version des faits mais qui n’en demeurait pas moins au centre des intérêts de River qui découpait minutieusement des articles parlant d’elle et de sa mort.

River avait le droit d’assister aux funérailles de son ex-amie de cœur, si ça lui permettait de tourner la page ( ou de la découper) mais de la façon dont il le disait, en se décrivant comme un bâtard, ça me choqua. C’est ce que j’étais,  moi aussi, une enfant issue d’une relation adultère mais je ne me permettais pas de porter ce titre odieux parce qu’en mon sens, ce n’était pas de ma faute mais River affirma que pour lui c’était différent car il n’avait pas été reconnu par son père et que sa mère le considérait comme l’enfant de Satan.

- Ouais… Je suppose que… c’est différent vu comme ça.

Mais n’en tenait-il pas qu’à lui de changer la perception de sa mère et des autres autour ? En fait, il semblait se complaire là-dedans. Son parcours ensuite n’avait pas été plus rose avec son internement et tout ce que cela avait entrainé. Il avait pour ainsi dire tout perdu mais heureusement, et c’est ce que je voulais qu’il ressente, il avait toujours des amis fidèles autour de lui. Même s’il me faisait un peu peur en ce moment avec sa façon d’agir et touts les contradictions l’entourant, je ne voulais pas pour autant son malheur !

Il me remercia pour son hébergement en disant que plus personne autour de lui ne se souciait de lui.

- C’est la moindre des choses, tu sais.

Nous n’allions tout de même pas le laisser à la rue !

Puis River s’était levé en me demandant si j’avais peur de lui. C’était difficile à dire. Là, tout de suite, oui il me faisait peur, un peu, beaucoup peut-être. Mais il était un peu étrange et sa fascination pour la mort de Peyton ne me disait rien de bon. Mais je n’avais pas peur de lui dans le sens ou je voyais en lui une menace possible. Pourtant, quand il s’approcha en me caressant la joue, je reculais en affirmant que oui, il me faisait peur car je ne comprenait pas l’aura trouble subsistant tout autour de lui. Il expliqua que ça venait de lui, qu’il avait toujours inspiré la peur, malgré lui et que son regard avait quelque chose de dérangeant.

- En effet… Il est très pénétrant ton regard, River !

Et ce n’était pas agréable !

Ensuite, il me demanda s’il pouvait continuer de découper ses articles ou bien si je voulais savoir autre chose.

- Tu peux continuer. Je ne vais pas te déranger plus longtemps.

Il avait l’intention de quitter bientôt notre maison, Betty pourrait revenir s’installer dans sa chambre. Je savais donc tout ce que j’avais besoin de savoir. J’esquissais un sourire que je voulais sincère puis, le quittant, je m’en allais par la porte menant au jardin.