De la vodka et des filles… C’est comme ça que j’avais décidé de me changer les idées, ce soir. Le Wild, c’était l’endroit rêvé pour s’vider totalement le cerveau et m’focaliser sur ma prochaine étape : l’Afrique. C’était pas la prochaine étape la plus difficile. Ça allait plutôt être une aventure fun à partager avec Livia. Mais je préférais penser à cette étape là plutôt qu’aux autres… Parce que j’avais appris que l’état de Savannah ne s’améliorait pas. Pire… Il empirait.

J’devrais aller la voir. J’devrais lui parler. Mais j’en avais pas le courage. J’savais que si j’la voyais mal en point, j’allais m’écrouler définitivement.

Alors, j’préférais ne rien affronter hormis la gueule de bois que j’aurais le lendemain à force de vider les verres de vodka.

-Hein ? Angela ? Qu’est-ce qu’il se passe ?

C’est ce que j’avais demandé alors qu’Angela venait de placer devant moi une note de près de 650 dollars… J’ouvris de grands yeux avant de regarder mon verre de vodka, puis, ensuite, la note.

-Hein ? 650 dollars ? J’ai jamais bus pour 650 dollars… J’viens d’arriver !

Ça faisait environs 20 minutes que j’étais ici et, hormis si la vodka était devenue vraiment cher depuis ce matin, j’voyais pas comment j’pourrais en avoir pour 650 dollars.

Angela, sûr d’elle, afficha un air sérieux.

-C’est ce que tu dois au Wild. Apparemment, tu avais beaucoup de notes impayées. C’est ce que tu as accumulé en environs 10 ans, Stone… Depuis que tu es une rockstar en somme. Le patron veut que cette note soit réglée aujourd’hui.

Je levai un sourcil. Morris ne m’avait jamais fait s’coup là… Pourquoi il voulait que j’paye maintenant ? Le Wild tourne super bien. L’a sûrement pas besoin de ces 650 dollars tout d’suite.

-Bah… J’peux pas payer dans la semaine plutôt ? Va dire à Morris que j’payerais tout ça cette semaine, ok, Angie ?

Elle ses sourcils se froncèrent et elle fut un moment déstabilisée avant de me lancer sur un ton à la fois teinté d’appréhension mais, aussi, d’un p’tit peu de colère :

-Morris ne dirige plus cet endroit. Mon patron, c’est Ward Fleming, alors, s’il te plait ne me fait pas aller lui dire que tu vas payer plus tard. Paye. Tu es une rockstar. Paye, s’il te plait !

Hein ?

-Hein ?

J’pris un air confus. Ward Fleming dirige cet endroit ? J’étais au courant de ça ? Non ? Si ? P’taaaaaaaaaain ! Ce monde tourne vraiment plus rond. J’déglutis… J’me frottai machinalement l’oreille. Celle que Ward avait bousillée.

J’sortis alors mon portefeuille. J’sortis mon truc à chèque… J’tendis la main pour qu’Angela m’file un bic. Elle en sorti un d’une de ses poches. J’lui fis un chèque de 650 dollars.

-Tiens…

Elle prit le chèque alors que j’m’étais dérobé à son regard pour lorgner sur les filles. Mais sur ma figure on pouvait voir un rien de colère. Quand j’vais chez les riche, j’tombe dans la juridiction de Reed. Quand j’vais chez les pauvres, j’tombe dans celle de Fleming.

Ça ne m’amusait plus.

-Merci, Howard…

L’était sincère.

-Tu devrais changer de job.

Elle soupira et s’en alla. Moi, j’achevai ma vodka et en pris une autre. J’attendais Sonny. C’est avec mon bon vieux pote que j’voulais passer la soirée alors j’l’avais appelé avant de venir. Il devrait plus tarder. Et quand j’le vis arriver de loin, mon morale remonta un p’tit peu. J’lui fis signe.

-Sonny !!!! Mon poooooote !

J’le laissai s’installer et j’affichai un p’tit sourire.

-P’tain, j’viens de me faire racketter par le Wild…

J’fis une p’tite moue avant qu’elle ne disparaisse pour laisser place à un sourire.

-Alors, vieux ? Comment tu vas ? Tu m’as méga manqué, mon pote !

Sonny… Depuis que j’suis tout p’tit, c’était lui qui arrivait le mieux à m’remonter le morale.

J’avais essayé, au téléphone, d’expliquer à Howard que le Wild, c’était pas une bonne idée pour sortir ! Mais il avait rien voulu entendre et j’étais pas arrivé à déterminer si c’était parce qu’il m’entendait pas bien à cause des deux bébés qui braillaient en bruit de fond ou si c’était parce qu’il était déjà trop bourré pour daigner écouter quoi que ce soit au téléphone.

Du coup, ben, c’était parti pour le Wild.

Ça faisait un bail que j’avais pas vu Howard. Je savais qu’il était occupé avec l’album hommage à Peyton qui était en finition, ses enfants, la promotion de ses derniers titres (parce qu’apparemment, il avait pu le faire à l’inauguration du Yacht de Ricci, j’avais lu ça dans Guitar&Pen) et certainement encore d’autres trucs à gérer comme son prochain voyage en Afrique pour United For Youth.

J’avais un tas de truc à lui dire, mais surtout quelque chose d’important qu’il allait jamais croire.

Mais le faire au Wild, ça me dérangeait un peu.

Pourtant, c’était un établissement que j’aimais bien, avant. Les filles étaient sympas et comme on était pas du genre irrespectueux, elle nous aimaient bien aussi.

J’aimais les regarder danser et le pole dance me laissait toujours assez admiratif.

Seulement, la substance du Wild était en train de se faire vampiriser.

Je débarquai dans South L.A. au volant de ma Camaro… Elle n’allait pas détoner dans le décor parce que même si on était dans le quartier le plus pauvre de la ville, le Wild attirait toujours tout un tas de gros bonnets. Ce n’était pas rare d’y voir débarquer Jimmy Reed, par exemple.

Mais sincèrement, j’espérais que le ponte de BSC allait pas choisir le même soir que nous pour s’y pointer parce que j’avais pas envie qu’Howard fasse une scène au Wild. Je comprenais son combat (et je comprenais du coup un peu moins cette histoire de combine à l’inauguration du Yacht), mais j’avais comme le sentiment qu’en faisant ça, il se mettait en danger.

Howard était déjà là avec un verre de vodka. Comme j’étais grand, il me vit arriver de loin malgré que je devais me faufiler entre les gens. On avait droit à une assez bonne table vu qu’Howard était une rockstar… Je tournai brièvement la tête vers la super méga table qui était réservée en permanence à Jimmy Reed… Elle était vide…. Ouf ! Mais même s’il était pas là, il y avait deux gorilles pour garder la foutue table ! Comme s’il n’y avait que le cul en or de Reed qui pouvais se poser sur les sièges !

Je fis une accolade chaleureuse à Howard.

Et la première chose qu’il me dit, c’était qu’il s’était fait racketter.

-Je m’en doutais… J’ai essayé de te le dire au téléphone… C’est Ward qui dirige, ici, maintenant… T’imagines ?

On s’assit et Angela vint prendre ma commande.

-Une pinte de bière, s’il te plait… Merci.

Howard voulait savoir comment j’allais.

-Je vais super bien… Et tu m’as manqué aussi. T’es prêt pour l’Afrique ? Tu penses que ça va te changer les idées ?

Ça me démangeait de lui dire ce que j’avais appris récemment, mais je m’inquiétais d’abord pour lui.

Ward dirigeait cet endroit… Première nouvelle. Pas une bonne nouvelle. Il devrait être dans l’couloir de la mort, pas à venir chercher mes p’tites misérables dettes que j’avais pour un foutu club de strip-tease.

Le monde était véritablement injuste mais j’espérais sincèrement qu’il aura son retour de karma, ce sale psychopathe.

En attendant, j’avais payé parce que j’voulais pas me faire braquer une flingue dessus et j’voulais pas qu’Angela s’fasse malmenée à cause de moi.

Heureusement, Sonny tarda pas à arriver. L’était grand. L’était facile à voir dans une foule. Alors, j’lui fis signe et tout d’un air p’t-être un peu trop enthousiaste. Il me repéra. Faut dire que j’avais pris une bonne table. Pas aussi bonne que celle qui semblait constamment réservée à Reed… Mais ! D’ailleurs ! Si Reed a toujours sa table réservée ici… Malgré Ward… Ça veut dire qu’ils sont en bons termes ?

J’voulais pas croire ça.

J’pouvais pas croire ça…

Quand Sonny arriva à ma hauteur on s’fit l’accolade. Et la première chose que j’lui dis ce fut que je m’étais fait racketter. Ce qui était vrai quelque part. Parce que si j’avais pas payé, j’me serais réellement fait racketter. Sonny s’en doutait. Il savait pour Ward. J’fis de grand yeux surpris.

-Hein ? Tu le savais et tu m’as rien dit… Han… Pas cool, vieux.

En fait, quand j’ai téléphoné à Sonny, il avait essayé de me dire quelque chose à propos du Wild mais j’avais pas voulu écouter. Faut dire que les p’tits pleuraient à ce moment-là et que j’crevais réellement d’envie de venir ici… Mais j’aurais pas imaginé que Ward aurait pu prendre le contrôle d’un super établissement comme celui-ci.

Tout part en couille.

Angela revint vers nous pour prendre la commande de Sonny avant qu’il me dise aller bien. Evidemment, il me renvoya vite la question.

-J’suis méga prêt ! J’suis sûr que ça va me changer les idées. J’pars avec Livia. On s’entend bien, donc, ça sera méga cool. Puis, j’ai hâte de voir des koala et tout.

Ouais ! J’voulais voir des koala.

-Puis… Faut que j’me casse d’ici un p’tit moment. T’sais… Y’a rien qui tourne plus rond. Ward qui a le Wild… C’est n’importe quoi… Et Jimmy Reed qui a toujours sa foutue place réservée ici ? Ils sont comme cul et chemise maintenant ?

Tout m’échappait. J’comprenais plus rien à la vie.

-Puis… Être père, c’est cool, hein. Mais… Une p’tite pause ça m’fera du bien. Bref, j’suis pressé de partir.

J’parlais pas de Savannah. J’en avais pas la force. J’pris une grosse gorgée de vodka alors que la pinte de Sonny lui fut apportée.

-Et toi ? Rien de neuf dans l’Eastside ?

Je regardai Howard d’un air torve, avant de m’asseoir, quand il me reprocha de pas lui avoir dit pour Ward. Ça, c’était du Howard tout craché.

-Mais j’ai essayé !

J’avais tenté de lui dire mais soit il me coupait, soit il parlait à ses enfants… Et puis quelque part, il était tellement enthousiaste que je m’en voulais un peu de lui gâcher son plaisir. Mais Ward était dangereux. Alors si on pouvait l’éviter.

Ce qu’on avait pas fait ! J’espérais que Ward avait un bureau ici, quelque part, et n’en sortirait pas de toute la soirée.

Une fois installés et ma commande passée, je demandai à Howard de ses nouvelles. Je savais qu’il devait partir pour l’Afrique bientôt.

Il était content de partir, apparemment… Je fronçai légèrement les sourcils quand il déclara partir avec la fille de Reed. Il s’entendait bien avec elle, apparemment. C’était tant mieux ! J’étais content pour lui… Mais ça n’allait pas aider sa petite campagne contre Reed.

-Je suis vraiment content pour toi. Je suppose que Livia n’est pas comme son père… Ce serait le cas, tu t’entendrais pas avec mais…

Je cherchai son regard.

-La presse va se dire que ce que tu as fait à l’inauguration du Yacht était vraiment calculé par Reed. Tu crois pas ? Vu que t’es ami avec sa fille, je veux dire… Tu vois le truc ?

Après, je voulais pas qu’il boycotte Livia pour ça… Et surtout qu’il se prive de voir des…

-Heu… Les koalas, c’est pas en Australie ?

J’étais pas sûr…

Howard avait vraiment besoin de partir, et le plus loin possible. Il disait en avoir marre de toutes les combines qui se passaient à L.A. Et je pouvais le comprendre, même si personnellement, j’étais bien moins touché par tout ça. Je vivais ma petite vie et ça s’arrêtait là. Il n’y avait que quand je voyais Howard que j’avais une vision d’ensemble plus précise.

Je me tournai instinctivement vers la table que je savais réservée à Reed.

-Je sais pas trop s’ils sont comme cul et chemise… Mais il y a des rumeurs qui disent que ce serait Reed qui aurait évincé Morris pour placer Ward à sa place après son procès.

Je haussai les épaules.

-J’en sais pas plus.

Bref, Howard voulait partir aussi un peu loin de ses enfants, il lui fallait une pause. Je souris tout en remerciant Angela pour la bière.

-S’il y a besoin de quelqu’un pour les garder de temps en temps pendant ton absence, moi je veux bien.

A son tour de me demander ce qu’il y avait de neuf. Je souris d’un sourire bien plus grand, le visage rayonnant.

-J’ai reçu la visite de mon demi-frère et tu le connais !

Je laissai planer le suspense quelques secondes.

-C’est ton manager… Timmy Evans.

L’avait essayé de me prévenir ? Han… Ok. Bon.

Bref… C’est de l’Afrique que Sonny avait parlé. J’lui avais dit que j’étais pressé de partir. Déjà parce que j’étais sûr que ça allait être fun et, ensuite, parce que j’avais besoin de m’casser d’ici. Il se disait content pour moi et s’disait que Livia était pas comme son père. Bah… Non. Sinon, j’irais pas en Afrique avec elle. C’est ce dont Sonny se rendit compte mais il pensait aussi que le fait que j’me casse avec la fille de Reed en Afrique et après ce qu’il s’était passé à la fête de Ricci ça pouvait dire que ma p’tite guerre avec Reed, c’était rien que du marketing. C’est ce que s’connard de Moriarty avait dit.

J’fis la moue.

-Tss… Ils penseront t’façon ce qu’ils veulent. J’ai beau faire tout ce que j’peux pour essayer de réveiller les gens, ils veulent continuer à boire les paroles de Reed et ses p’tits sbires comme Moriarty. J’vais pas m’empêcher d’aller m’amuser en Afrique et aider des gens parce que Livia fait partie du voyage. Surtout qu’elle aussi, elle trouve que son père, c’est un gros connard. Alors…

Quant aux koalas, Sonny pensait bien qu’ils étaient en Australie. J’levai un sourcil.

-Han… Tu crois ? Moi, j’pense qu’il y en a aussi en Afrique…

C’est les kangourou qui sont en Australie, non ?

Quant à Ward et Reed… Bah ils semblaient comme cul et chemise. Et Sonny disait qu’il y avait une rumeur qui disait que c’est Reed qui avait permis à Ward d’être patron du Wild. J’levai un sourcil avant de plisser les yeux. Ça n’avait aucun foutu sens ! Ils étaient ennemis ! Ward a enlevé Livia ! P’tain ! J’comprends plus rien.

-C’est pas normal… Ils sont supposés être ennemis. J’comprends plus rien à ce foutu monde. Reed est un enfoiré à ce point ?

Tout ça m’échappait. Raison de plus pour me barrer bien loin pendant un p’tit moment. Sonny s’proposai même pour garder mes enfants pendant que j’serais en Afrique. J’rigolai un p’tit peu.

-Faudra faire la file… Mes parents, ma babysitter, Hank et Bailey… Se sont déjà tous proposés. Mais j’te tiendrais au courant si j’ai besoin. Merci, vieux.

Et j’lui renvoyai sa question. Parce que les gens demandaient souvent comment j’allais mais j’avais pas toujours le temps de savoir pour eux. Et j’levai un sourcil quand Sonny déclara avoir eu la visite de son demi-frère.

Hein ?

Sonny a un demi-frère ? J’savais ça ? Non… J’savais pas si. Si ? Il a un demi-frère ? Il m’l’a déjà dit un jour ou j’étais bourré ? Il disait que j’le connaissais et j’eus le temps de rien dire qu’il m’annonça que c’était Timmy Evans.

Hein ?

J’ouvris de grands yeux.

Qu’est-ce qu’il a dit là ?

Han… Ok. J’viens de comprendre pourquoi j’ai l’impression que j’comprends plus le monde. En fait, j’suis dans un rêve… Ou j’suis mort. Quelque chose comme ça. En tout cas, là, j’suis sûr que ce que j’suis en train de vivre est pas méga réel. Parce que j’vois pas dans quel dimension c’est possible ce que viens de me dire Sonny.

-Ok… J’suis en train de faire un rêve là… C’est ça ? Ou alors j’ai tellement bu de vodka que j’suis tombé dans le coma et que j’me tape un méga délire. Ou j’suis mort, tout simplement, et la vie après la mort c’est comme la vie mais où tu comprends plus rien.

Parce que :

-Timmy Evans peut pas être ton demi-frère ! Comment tu pourrais avoir un demi-frère ? C’est méga pas possible, ça ! Si ? Explique… Parce que c’est du méga délire. Tu t’es vu ? Tu as vu Timmy ? Puis comment un Américain peut être le demi-frère d’un Anglais. C’est impossible, ça…

Ouais. Pas possible.

Howard allait partir avec Livia en Afrique. J’étais content pour lui et j’espérais que ça lui ferait du bien. Mais partir avec la fille de Reed, ça allait faire jaser les gens. Ils allaient penser que finalement, Howard en voulait pas tant que ça à Jimmy… Sauf que ce que les gens comprendraient pas, c’était que le père et la fille n’avaient rien à voir l’un avec l’autre.

Howard répondit à ça d’un air un peu dépité. Il pensait que tout ce qu’il faisait ne servait quand même à rien, alors pourquoi se priver ?

-Ouais, t’as raison.

Je pris un coup de ma pinte avant de rigoler à son histoire de koalas. Je pensais bien que ces animaux-là vivaient en Australie, mais j’étais pas sûr.

-Si tu le dis… Si tu en vois, t’auras qu’à faire une photo comme ça, on sera fixés.

Mais ce qui acheva Howard, ce fut de savoir qu’il y avait une rumeur qui courait sur un lien possible entre Ward Fleming, notre ennemi de toujours, et Jimmy Reed. Le second ayant aidé le premier à avoir une place dans l’Eastside. Et pas une mauvaise place !

Je haussai les épaules.

-Je sais pas… C’est une rumeur… Et tu sais comment c’est, les rumeurs, dans l’Eastside. N’empêche que cette table est bien celle de Jimmy Reed, ça, j’en suis sûr parce qu’un jour, j’ai pas fait attention, j’ai voulu y aller m’asseoir et j’ai été recalé.

Quant à savoir si Reed était un vrai enfoiré…

-Bah ouais, c’est pas à toi que je vais l’apprendre.

Je changeai de sujet, parlant de ses enfants… Je fis une petite moue triste quand Howard annonça qu’il avait déjà plein de volontaires pour les garder pendant son absence. Ça m’aurait bien plus de jouer les tontons poule quelques jours.

-Mais de rien, ce sera avec plaisir.

C’était à moi de dire comment j’allais ! Et pour une fois, j’avais un truc bien palpitant à raconter ! Et de loin, ça touchait un peu Howard aussi, dans un sens. Alors je lui annonçai, sans trop de suspens, que Timmy Evans était mon demi-frère. Et la tête d’Howard me fit éclater de rire, tout comme sa réaction.

-T’es ni dans un rêve, ni dans un coma éthylique et tu es bien vivant, je te l’assure.

Il pensait que c’était du pure délire et se posait pleine de questions.

-Bah si tu y regarde bien, il y a quelques ressemblances. On est grands et blonds tous les deux. Et tu sais que ton manager a été adopté en Angleterre… Et tu sais aussi que ma mère s’est taillée avec un anglais.

Je me penchai un peu en avant comme pour lui confier un secret.

-C’est lui qui a fait les recherches. Il est même arrivé à retrouver ma mère… Je crois qu’il a été déçu, en fait.

Ouais ! J’ferais une photo des koalas comme ça Sonny verra qu’il y en a en Afrique. J’souris et hochai de la tête pour confirmer que j’lui ferais sa photo.

Sonny me parla de la rumeur qui disait que c’était Reed qui avait foutu Ward sur le trône du Wild. Pour moi, c’était méga invraisemblable parce que j’pensais que Reed et Fleming étaient des ennemis juré. Mais Sonny mit en avant ce que j’avais vu aussi : la table de Reed est méga bien gardée et ça même si le p’tit blondinet n’était pas là. J’fis la moue. J’jetai un œil vers la table. J’soupirai.

-Bah si Reed et Fleming sont amis, p’t-être que j’devrais quitter Los Angeles définitivement.

J’haussai des épaules.

-J’rigole. J’partirais pas définitivement. Mais s’ils sont amis, j’ferais bien de faire gaffe à ce que j’fais à Reed…

Aucune envie de revivre ce que j’avais vécu. Déjà que, depuis que Ward m’avait bousillé l’oreille j’dormais avec un flingue sur ma table de nuit…

Et Sonny et moi étions d’accord sur le fait que Reed est un enfoiré. J’pensais bien que beaucoup de gens le pensaient. J’crois que les seuls qui l’aiment c’est sa femme, sa mère et Ricci.

Sonny changea de sujet. Il s’proposa pour m’aider avec mes enfants quand j’serais parti en Afrique. Plein de gens s’étaient déjà proposés. En réalité, pour mes enfants, j’avais méga beaucoup de solutions. J’avais dans l’idée que ceux qui veulent les garder viennent à la villa. Comme ça David sera pas tout seul. Y’aura toujours quelqu’un. Parce que j’voulais pas que David erre tout seul dans ma grosse villa pendant que j’irais voir les koalas.

J’dis à Sonny que j’penserais à lui si j’ai besoin d’aide. L’avait l’air content de pouvoir aider. J’lui souris.

Mais, finalement, p’t-être que toute cette conversation était un rêve. Ou que j’étais dans l’coma. Ou n’importe où mais pas dans la réalité. Parce que Sonny m’annonça être le demi-frère de Timmy… C’était tellement invraisemblable que l’hypothèse du coma m’semblait être la seule hypothèse valable.

Mais j’étais pas dans un rêve… Et ma réaction faisait méga rire Sonny.

-T’es sûr ?

Si j’étais dans un rêve est-ce que les gens de mon rêve m’avoueraient que j’suis dans un rêve ? Han… J’sais pas… J’pense pas… J’plissai des yeux cherchant à cerner l’mensonge dans le regard du Sonny de mon rêve (ou de mon pas rêve).

Mais y’avait pas de mensonge. Et pour vérifier, j’me pinçai la joue.

-Aïe.

Ok. Pas un rêve.

Sonny disait qu’il y avait des ressemblances. Leur taille, leurs cheveux blonds… Mouais… Mais ils ont pas la même nationalité… Comment c’est possible ça ? Parce que la mère de Sonny c’est tiré avec un Anglais… J’fis un « o » avec ma bouche avant de la refermer.

-Ouais ! J’me rappelle que tu m’as dit ça… Mais… En dehors de ça, vous vous ressembler méga pas.

Sonny se pencha vers moi avouant que c’était Timmy qui avait fait les recherches. L’avait retrouvé la mère de Sonny mais mon manager avait été déçu.

-Déçu ? Que tu sois son demi-frère ou bien à cause de ta mère ? Tu m’as toujours dit que tu as jamais voulu revoir ta mère. P’t-être qu’elle est vraiment méga décevante… Mais… Alors, c’est Timmy qui est venu te voir pour te le dire, c’est ça ? P’taaaaain. L’a dû être choqué de voir qu’il est le frère du meilleur ami de son protégé le plus décevant.

J’rigolai un peu.

-Il t’a dit quoi ? Ton père est au courant ?

J’aurais ma photo des koalas alors j’étais content ! Je sentais déjà bien que ce voyage allait faire du bien à mon ami. C’était bien qu’il s’en aille un peu… Respirer du nouvel air… Et peut-être que ça marquerait une sorte de transition… L’avant et l’après Peyton. Même si je savais qu’il n’oublierait jamais sa femme, ça, c’était clair.

En tout cas, c’était bien qu’il s’éloigne de l’Eastside parce que comme je le lui dis, les choses tournaient pas très rond, comme en témoignait la table bien gardée de Jimmy Reed au Wild. Ça et Ward qui dirigeait la boîte alors qu’il avait frôlé la peine de mort, c’était du délire.

Je fus pris d’un frisson quand Howard affirma que si Reed et Ward étaient amis, il ferait bien de quitter Los Angeles définitivement. J’ouvris la bouche pour protester, mais il me rassura direct.

Je fis la moue.

-C’est clair que s’ils trafiquent ensemble, c’est dangereux de s’attaquer à l’un ou à l’autre. Parce que Reed peut peut-être rien te faire… Mais c’est pas le cas de Ward.

Bref, avec tout ça, Howard avait pas vraiment besoin d’aide pour ses enfants pendant son voyage mais il me tiendrait au courant. Ça me ferait vraiment plaisir de les garder.

Après tout… J’avais même déjà gardé Heaven Fleming parce que j’avais eu pitié de la gamine.

Enfin, je racontai à Howard la dernière histoire invraisemblable qui m’était arrivé ! Timmy Evans qui était venu me trouver pour me dire qu’il était mon frère ! Bon, ok, mon demi-frère ! Mais c’était quand même… génial ! Et en même temps un peu déroutant !

Tellement déroutant qu’Howard croyait être dans un rêve.

Je lui affirmai que ce n’était pas le cas.

-Sûr de chez sûr ! J’ai été surpris aussi, crois-moi.

Comme ma parole ne lui suffisait pas, Howard se pinça la joue, ce qui me fit rire de plus belle. Il me demanda de lui expliquer comment c’était possible alors je m’attelai à la tâche. Je n’étais pas un bon conteur d’histoire. J’avais peur d’embrouiller les choses plus que de les éclaircir.

Cependant, Howard se rappelait quand même que je lui avais raconté, depuis bien longtemps, que ma mère s’était taillée avec un Anglais, nous laissant, mon père et moi, derrière elle sans aucun remord.

Il trouvait pas qu’on se ressemblait. Et il voulut savoir pourquoi Timmy avait été déçu… Mon sourire disparut un peu.

-Je crois qu’il a été un peu déçu des deux. Tu sais… Je suis pas comme Timmy… Il a bien réussi dans sa vie et tout alors savoir qu’il est le frère d’un urgentiste, garagiste et pilote à ses heures perdues, je crois que ça l’a un peu… ouais… Déçu… Je trouve pas d’autre mot.

Je souris un peu mais plus timidement.

-Le fait que tu sois son protégé et que tu sois en même temps mon meilleur ami ne l’a pas trop choqué par contre. Apparemment, il nous met un peu dans le même sac.

Je pris un coup de bière.

-Il m’a dit surtout combien il avait été choqué par ma mère qui ne valait rien à ses yeux. En l’entendant en parler, elle aurait pu être une droguée sans abri… C’est pas le cas mais dans son ton ça revenait au même. Mais ça m’a pas vraiment surpris. Ni de la part de Timmy, ni de celle de sa mère.

Je soupirai.

-Je sais pas comment le dire à mon père. J’ai peur que ça le rende triste.

Ouais… C’est pas le cas de Ward. J’suis bien placé pour savoir ce dont il est capable. Mais ça voulait pas dire que j’pouvais pas continuer à démolir Reed médiatiquement. Il va pas envoyer sa machine de guerre pour ça, si ? M’enverra plutôt Victor, à mon avis. J’préfère m’battre contre Victor, en fait. J’parie que j’le bas en combat de boxe, le p’tit Hunter. Même si j’savais que si Reed m’envoyait Victor c’était à coup de mot que l’avocat va essayer d’me tuer. Han… M’en fiche. J’ai Maitre Louis, moi.

-Ouais… Mais j’continuerais quand même à me battre… Médiatiquement parlant, j’veux dire.

Et après avoir parlé de ça et de mes enfants, Sonny déclara que son demi-frère était Timmy Evans. Bon… Ok. Pendant quelques secondes (longues secondes), j’ai vraiment méga cru que j’étais dans un rêve ou dans l’coma. Comment j’aurais pu penser autrement ? C’était méga invraisemblable. Mon manager et mon ami d’enfant sont frères ? J’avais vraiment du mal à concevoir ça. Pourtant, Sonny disait être sûr que tout ça était vrai.

-Et ben…

J’me pinçai quand même la joue. On savait jamais. Mais on était bien dans la réalité. Et Sonny disait que Timmy avait été déçu. Il avait même été voir la mère de Sonny. Enfin… C’était sa mère aussi du coup. Et j’me demandais bien de quoi mon manager avait été déçu. De Sonny ou de sa mère ? Sonny pensait bien qu’il était déçu des deux. Pourquoi ? Parce que Sonny n’était qu’un ambulancier ? C’est n’importe quoi mais c’est du Timmy tout craché. J’fis la moue.

-Si être urgentiste, garagiste et pilote c’est avoir raté sa vie alors y’a plein de gens qui ont raté la leur. Il ferait quoi, le Timmy, sans ambulancier, hein ? S’il lui arrive quelque chose, un jour, et qu’il y a pas de gens comme toi il va faire quoi ? S’est toujours conduit comme un foutu bourgeois. Tu vaux autant que lui.

J’savais que Timmy avait un p’tit mépris pour les classes basses. C’était pas pire que d’autres dans la jet-set mais quand même…

Par contre, l’avait pas été choqué que son demi-frère soit le meilleur ami de son protégé parce qu’il nous foutait dans l’même sac. J’rigolai un peu.

-Ça m’étonne pas de Timmy, ça…

Sonny disait que Timmy avait surtout été choqué par sa mère biologique. Il la prenait pour une presque sans abri et une droguée alors que c’était pas le cas. J’haussai des épaules.

-Non. C’est pas méga étonnant. En gros, Timmy a été déçu d’apprendre que sa mère est pas ce qu’il pensait, j’suppose. C’est l’risque quand on cherche ses origines, j’suppose. Mais toi, t’es un type bien. J’ai toujours rêvé d’être ton frère… Devrait être content, le Timmy.

Sonny, lui, savait pas comment dire tout ça à son père. L’avait peur de le rendre triste. J’bus une gorgée de vodka avant de fixer mon ami.

-Est-ce que t’es obligé de lui dire ? Genre… Tu comptes quand même pas tisser des liens avec Timmy, si ? Parce que si tu en tisses pas, j’sais pas si ça vaut la peine de le dire à ton père… Mais si tu en tisses, bah… Faudra sûrement que tu te lances, j’suppose. On m’a déjà fait comprendre un tas de fois que cacher des trucs importants, c’est méga mal. Alors… Tu penses qu’il sera triste ? Il doit déjà avoir pas mal peu d’estime envers ta mère, non ? Alors est-ce que ça changera quelque chose ?

J’savais pas… J’savais pas trop comment aider mon pote sur ce coup-là.

Rien ne semblait pouvoir arrêter Howard dans sa petite guerre contre Reed… Je savais que c’était une histoire complexe… Qu’Howard ne pouvait pas dire tout ce qu’il savait et qu’il avait quand même besoin de BSC pour Fireworks. Mais du coup, tout le monde pensait qu’il crachait dans la soupe alors que… Pas vraiment, en fait.

-Ok… Mais fais attention quand même.

De là, je finis par parler de mon tout nouveau frère qui n’était autre que Timmy Evans, le manager de The Burning Fire. Je ne savais pas encore très bien me positionner par rapport à ça parce que… Ben… Timmy avait pas paru spécialement enchanté de la nouvelle même s’il avait tenu à me rencontrer et à discuter un peu avec moi.

Moi, j’étais enthousiaste, par contre… Même si Howard avait été et était toujours un frère pour moi. Probablement plus que ne le serait jamais Evans… Avoir un lien de sang avec quelqu’un faisait un drôle d’effet.

Je parlai de la déception de Timmy. Et Howard prit directement ma défense, ce qui me fit sourire timidement en regardant le fond de mon verre.

Il disait que je valais autant que Timmy malgré mes origines modestes.

-Je sais mais… C’est pas cool de sentir que tu déçois quelqu’un rien que par qui tu es…

Tout ça n’étonnait vraiment pas Howard. Il connaissait Timmy depuis des années alors je ne doutais pas de ce qu’il disait.

Je souris et relevai le regard vers Howard, ému.

-Mais tu es mon frère, tu l’as toujours été. On dit qu’on choisit pas sa famille, mais c’est pas vrai.

Quant à le dire à mon père, j’hésitais encore. J’avais peur que ça le rende triste. Je savais qu’il ne se mettrait pas vraiment en colère parce que pour lui, ma mère était une affaire classée depuis longtemps… Mais d’apprendre qu’il y avait un autre rejeton à elle à Los Angeles, c’était une autre histoire.

Howard disait que ça ne servait à rien de lui dire si je ne comptais pas tisser des liens avec Timmy.

Je me fis plus hésitant.

-Bah… justement… J’aimerais bien apprendre à le connaître mieux. Peut-être surtout pour lui prouver que je ne suis pas le fils de ma mère… De notre mère… Tu vois le genre ?

Je pinçai les lèvres.

-Donc ouais, je devrai le dire à mon père. Peut-être même lui présenter. Je pense que ce qui rendrait mon père triste, c’est peut-être de… je sais pas… Voir le reflet de ma mère dans les traits de Timmy ? Je sais même pas à quoi elle ressemble. Dans sa colère, mon père a jeté toutes les photos.

Sonny, il disait que Timmy avait été déçu autant de sa mère que de lui. Pourtant, Sonny était un type bien. L’avait un beau métier. Il aidait les gens. Il sauvait des vies. C’était pas forcément le cas de Timmy, hein. Il sauve aucune vie comme manager de The Burning Fire… Mais Sonny disait que c’était pas cool de sentir que tu déçois quelqu’un rien que par ce que tu es. J’rigolais d’un rire jaune à cette remarque.

-J’sais ce que ça fait. Ma mère était comme ça… Mais t’as pas à te préoccuper de ce que Timmy pense. Il vaut pas mieux que toi. L’a pas le droit de te juger.

Et si Timmy semblait déçu de savoir que son frère est Sonny, moi, j’ai toujours rêvé d’avoir Sonny comme frère. A vrai dire, l’avait toujours été comme un frère pour moi. Peut-être même plus que mon propre frère qui ne cessait de me faire la morale. Sonny confirma que j’ai toujours été son frère et qu’on pouvait choisir sa famille. J’souris avant d’hocher de la tête.

-T’as raison. On peut choisir sa famille.

Mais on doit quand même se coltiner celle qu’on a en plus de l’autre. Moi, j’avais mes parents et ma p’tite sœur. Et si avoir Kenzie comme sœur est un cadeau, avec mes parents, c’était pas toujours facile même depuis notre réconciliation.

Après quoi, Sonny disait qu’il hésitait de parler de tout ça à son père. Moi, j’pensais que s’il voulait pas nouer des liens avec Timmy alors y’a pas vraiment besoin de le dire au vieux Randall. Mais… Sonny semblait vouloir mieux connaitre Timmy. J’levai un sourcil pas certain qu’il y ait grand-chose d’intéressant à connaitre. Timmy était un foutu coincé buveur de thé. Mais… Semblerait que Sonny veuille prouvé qu’il est pas comme sa mère. J’soupirai.

-J’vois… Mais comme j’dis, t’as rien n’à lui prouver. T’sais, Timmy, c’est pas un ange non plus, hein. Il est pas plus parfait que toi. Quand il veut, il peut être méchant. On parle du type qui s’en fichait que j’sois en train de m’étouffer dans ma loge au Japon…

Bon… Il savait pas que j’m’étouffais… Mais il savait que j’étais pas en forme et l’avait pas daigner alors voir comment j’allais…

Sonny devra, donc, le dire à son père. Voir même présenter Timmy à Randall. Il avait simplement peur que son père ne voit sa mère en Timmy. J’fis une moue de réflexion.

-Bah… Timmy ressemble à un Anglais… L’a des manières d’Anglais… P’t-être qu’il ressemble simplement à son père. J’en sais rien… J’ai jamais vu ta mère non plus. Mais… J’crois que ton père saura encaisser ça. Il dirige un garage dans l’Eastside… L’a vu pire dans sa vie qu’un fantôme du passé, non ?

J’fis la moue avant de fixer Sonny.

-Et Timmy… Il veut aussi nouer des liens avec toi ? Parce que tu avais dit qu’il était déçu et tout, donc…

Il était vrai que je parlais à quelqu’un qui en connaissait un rayon sur le fait de décevoir sa famille sans même le vouloir… Sans voir ce qui n’allait pas chez lui. C’était pareil pour moi avec Timmy. Il avait été déçu, je l’avais vu, mais j’avais du mal à comprendre pourquoi. Parce que je n’étais pas riche et connu ?

Peut-être…

Howard disait que Timmy ne valait pas mieux que moi. Je souris puis repris un coup de ma pinte.

-Je sais… Mais c’est dur d’apprendre que t’as un frère et qu’au premier coup d’œil, il a pas forcément aimé ce qu’il a vu.

Cela dit, on pouvait choisir sa famille, comme je le disais à Howard. Et mon ami était bien d’accord. D’ailleurs, c’était lui mon vrai frère. Timmy, je ne le connaissais pas encore assez.

C’était ce que je voulais faire, d’ailleurs : connaître Timmy et qu’il me connaisse.

Mais Howard semblait ne pas voir ça d’un très bon œil. Pas parce que je serais lié à son manager, rien à voir. Je sentais dans ce qu’il disait que c’était moi qu’il voulait protéger contre le jugement d’Evans. Timmy avait ses défauts.

Je levai un sourcil quand Howard affirma qu’il pouvait être méchant et me rappela sa mésaventure au Japon.

-C’est vrai que c’est pas… Comment dire… Timmy ne semble pas très porté sur les sentiments… ça lui donne un côté inhumain.

Je soupirai.

-Quand il est venu à l’appartement, j’avais vraiment l’impression qu’il me jaugeait… Alors que moi, j’étais tout heureux d’apprendre que j’avais un frère… C’était comme si c’était interdit d’être joyeux.

Pour ce qui était de le dire à mon père, j’hésitais encore. Je ne voulais pas lui faire du mal pour rien. Après tout, lui n’avait rien à voir avec Timmy, hormis d’être le fils de la femme qu’il avait un jour aimée. Mais comme ni moi ni Howard ne savions à quoi ressemblait ma mère, c’était impossible de dire si Timmy lui ressemblait vraiment.

-Ouais, je crois qu’il peut encaisser… Mais j’aimerais connaître un peu plus Timmy avant. Parce que si en plus tu dis qu’il est méchant…

J’avais pas envie de présenter un enfoiré à mon père.

Howard me demanda si Timmy avait la même envie que moi qu’on apprenne à se connaître. Je haussai les épaules, faisant tourner ma pinte entre mes mains.

-Bah il avait pas l’air très chaud… Mais il veut bien quand même…

Je regardai Howard dans les yeux.

-Tu ferais quoi, à ma place ?

Ouais… J’comprenais que ça avait pas dû être agréable pour Sonny de voir que Timmy l’prenais un peu pour un moins que rien. Moi, c’est toujours ce que j’ressentais quand j’étais dans la même pièce que mon manager. Il s’prenait pour plus intelligent et plus mature alors que, en fait, par rapport à moi, c’est qu’un p’tit gamin.

-J’comprends…

Mais ça empêchait pas Sonny de vouloir mieux connaitre son demi-frère. Apparemment, l’était emballé par l’idée de nouer des liens avec lui. D’une part, j’comprenais… Mais d’une autre part… C’était Timmy, quoi. J’le connaissais et j’savais qu’il pouvait parfois être un gros enfoiré quand il le voulait. J’savais qu’il respectait mon talent mais un peu moins l’type que j’étais au-delà de mon talent. Sonny avait remarqué le côté froid de mon manager. J’hochai de la tête.

-Parfois, j’me demande même s’il ressent des trucs…

J’imaginais que ouais… Sinon, Lizzie serait pas en couple avec lui depuis si longtemps. Parce que, Lizzie, elle avait des sentiments. Elle faisait attention aux autres… Elle m’avait beaucoup aidé… Mais j’comprenais pas ce qu’elle trouvait à Timmy…

Sonny expliqua un p’tit peu l’attitude de Timmy quand il est venu le voir. P’taiiin. J’aurais vraiment voulu être là quand ça est arrivé. Ça a dû être un p’tit peu surréaliste.

-J’ai rarement vu Timmy sourire. Il est pas vraiment du genre à montrer ce qu’il ressent. L’a toujours été comme ça. Mais j’le vois bien te jauger voir si tu vaux le coup ou non. J’me demande ce que Lizzie lui trouve, parfois…

Sonny hésitait à raconter tout ça à son père. La question était de savoir si Randall pouvait encaisser toute cette histoire. Sonny était optimiste là-dessus mais il voulait d’abord connaitre mieux Timmy. J’hochai de la tête.

-Ouais… Il vaut mieux. Prépares-toi à boire des litres de thé. Il boit que ça. Et du thé anglais, hein ! Pas une autre sorte de thé.

En tout cas, j’lui souhaitai bonne chance… Parce que faire connaissance avec Timmy ça signifiait passer du temps avec lui. Et, sincèrement, j’avais toujours eu l’impression que mon manager n’avait aucune idée de comment s’amuser.

Mais j’me demandai si Timmy, lui, voulait mieux connaitre Sonny. Mon meilleur ami disait que son demi-frère avait pas l’air très chaud. J’fis la moue avant que Sonny me demanda ce que j’ferais à sa place. J’levai un sourcil. Il demande mon avis ? A moi ? Howard Stone ? P’taaaain… J’pense que c’est la première fois qu’on me demandait ça… J’vois jamais personne se demander « Howard Stone ferait quoi dans ce cas-là ? »… Personne de censé se poserait cette question.

Enfin… Sauf Sonny, apparemment. Mais est-ce que Sonny était censé ? Il veut nouer des liens avec Timmy alors j’sais pas trop.

J’fis la moue réfléchissant intensément… Et après une intense réflexion, j’haussai nonchalamment des épaules.

-Bah, j’imagine que t’as rien n’à perdre à mieux le connaitre. Puis… Disons que si tu arrives à bien t’entendre avec lui, tu pourrais p’t-être le rendre un peu moins méchant avec moi. En gros, tout ce que tu risques de te rendre compte c’est que c’est un gros enfoiré. Mais à partir de là, tu seras pas obligé de continuer à le voir si tu l’aimes pas… Donc…

J’haussai, à nouveau, des épaules.

-Et quand t’en saura plus, tu pourras savoir si t’en parle à ton père ou non…

Howard disait qu’il se demandait si son manager, mon frère, avait des sentiments. S’il ressentait des trucs. Je sentais bien qu’il était sincère et je fis la moue.

-Oh crois-moi que la déception, il peut la ressentir… Et la faire ressentir à qui il vise.

C’était le côté un peu désagréable de Timmy Evans et je comprenais que mon meilleur ami se fritte parfois avec lui. Ils n’avaient pas du tout la même mentalité.

Du coup, je lui expliquai comment je m’étais senti jaugé, presque jugé par Timmy quand il était venu chez moi. ça n’étonnait pas Howard qui se demandait comment le Dr. Spencer, que je connaissais à la fois parce que professionnellement, on se croisait de temps en temps et qu’elle m’avait soigné pour une commotion, pouvait sortir avec lui.

Je haussai les épaules.

-Il est peut-être différent avec les femmes. Tu sais, le charme anglais… ?

Bref, si je voulais faire connaissance avec Timmy un peu plus avant, il fallait que je me prépare à boire des litres de thé. Je retrouvai le sourire, me mis à rire puis levai ma pinte.

-Ce serait de bonne guerre, quand il est venu chez moi, il a eu droit qu’à de la bière.

Howard me souhaitait bonne chance et je le remerciai d’un signe de tête.

J’avais, donc, envie de faire connaissance avec mon frère… Mais je me demandais si ça valait le coup. Alors je demandai à Howard ce qu’il ferait à ma place.

Cela sembla le plonger dans une profonde réflexion.

Quand il se reprit, ce fut pour me dire de toujours essayer et si jamais je n’aimais pas ce que je découvrais chez mon frère, rien ne m’empêchait de lui dire que je voulais en rester là. Et quand j’en saurais plus, je verrais pour mon père.

Je souris.

-Ok… Je vais faire comme ça…

Je me retournai vers le bar et les danseuses.

-On va se reprendre un verre et voir les pole danseuses ?