* J'étais pas très à l'aise là où j'étais. C'était assez sobre là-dedans, étouffant et très étroit. Serrés l'un contre l'autre, je n'en pouvais plus. Des bébés crient, hurlent. Des personnes à odeurs nauséabondes. J'avais beau être encore SDF, je trouvais quand même les moyens de me laver, enfin j'sais pas y'a quand même des limites à la connerie... Et. Des personnes âgés qui gueulent pour leur place. Des gens qui me raccrochent sous les secousses des raclures. Ma tête contre la barre qui la tape une fois sur deux. J'avais l'impression d'être dans un asile de fou. Mais, en effet, je me trouvais bien dans un bus, peut-être était-ce le plus pourrit... Je ne sais pas, ou je devais être malchanceux... J'me demandais bien pourquoi j'avais fraudé pour en arriver là. Autant être à pied, ça ne m'aurait pas fait de mal. Mais fallait que je me trouve un autre endroit où dormir. Je décidais de descendre au prochain arrêt, sinon, je crois que j'aurais dégueulé tellement que ça me dégoûte, cette odeur et tous ces mômes mal élevés.

Le bus c'était donc arrêté. Je marchais à tâtons dans le bus, car personne ne bougeait, même lorsque tu disais poliment "pardon" certain me dévisageait comme si j'étais quelqu'un d'étrange sorti de nulle part. Je poussais et repousser, même si d'autre me rendait l'appareil. Je ne cherchais pas plus loin, je m'en foutais, je voulais juste sortir de là. C'était horrible. Je n'en pouvais plus. C'était pas quelque chose d'horrifiant non plus, mais.. Je vous invite à être à ma place. Cordialement.

J'étais enfin dehors après avoir franchie cette minuscule marche... J'étais enfin "libre" enfin, on peux dire que je vais trop loin dans mes dires... Mais depuis que je suis à la rue, ma vie est comme celle d'un inconnu... On me regardait, comme si je n'étais pas normal. Je ne supportais, pas ça. J'avais rien fait de mal pourtant, j'étais seulement tombé amoureux d'une manipulatrice qui m'avait manipulé et avait concocté un plan machiavélique, j'avais été trop naïf et j'me suis fait avoir... Moi qui disais être "méfiant" cela est ironique, n'est-ce pas ? J'avais une belle maison, de quoi vivre.

Aujourd'hui mon boulot n'existe plus, je n'ai plus de salaire. Et je suis à la rue. Je galère pour me trouver a bouffé.. Je dors sur les bancs, n'importe où. Mais je préfère quand même les endroits où il fait chaud (mais pas trop) c'est plus convenable... Je n'ai besoin de personne pour m'en sortir, il faut que je m'en sorte, seul, j'en ai bien conscience.

J'étais dans une ville assez unanime, je ne sais pas comment j'avais fait pour me retrouver là, dans un sens, c'était assez bien, personne ne pouvait me juger.. Ni me cracher en plein visage (ce que les gens avaient l'habitude de faire) pour je ne sais quelle raison.

Mais je crois que cette rue n'était pas très bien entretenue. Je voyais des rats non-loin de moi traverser les routes. C'était un peu dégoûtant, j'avais peur qu'ils viennent me mordre. (oui mine de rien j'apprécie pas vraiment les rats).

Mais j'avais quand même peur de les attirer, j'étais un peu sale. Fallait que j'trouve un endroit pour me laver. Et aussi un truc à bouffer, je crevais la dalle. Et j'avais rien à pour me nourrir..

Ce que je tenais en main c'était mon peu d'affaire et ma guitare. Qui ELLE ne m'avait jamais quittée.

Cet endroit grouillaient de choses dégueulasses. Mais plus j'avançais, plus j'allais  vers quelque chose de moins glauque. Et c'était moins rocheux.

J'y étais enfin arrivé, après quelques minutes de marche. Cela avait l'air paisible. Bien que quelque personne me regardait assez bizarre. C'est un peu normal, j'avais des fringues dégueulasses et légèrement troués de partout. Des godasses également trouées. J'étais complètement à sec, ça se voyait à ma mine légèrement attristée bien que je préférais sourire sans aucune raison apparente. Je me faisais, peut-être passé pour un fou, mais je me disais qu'il y avait pire.

Et je finissais par m'en foutre de tous ces jugements hâtifs.

Je crois que j'étais le seul SDF au monde à être comme ça... Mais j'étais con, peut-être que ça ne compte pas. Mon regard était totalement impassible, je regardais droit vers l'horizon.. J'espérais que quelqu'un me sauve la vie... Mais quand je voyais tout ça.. Ces gens qui te regardent de haut en bas. Qui te scrutait sur le moindre détail. Ça me rappelait à quel point l'être humain pouvait-être cruel. Mais, bizarrement... Ça mettait égal.

La mission d'aujourd'hui: patrouille de sécurisation sur tout le secteur qui était devenu le plus grand territoire de SDF de L.A. Conrad et moi hochions la tête en écoutant notre chef. C'était une de nos missions préférées. On avait un très bon contact avec certains SDF et parfois, ça nous permettait de prendre des dealers qui gravitaient autour de ces personnes déjà dans la merde jusqu'au cou. Et les dealers s'amusaient à les enfoncer encore un peu plus en leur promettant pourtant qu'avec un peu de came, ils allaient se sentir vachement mieux.
 
Une fois le briefing terminé, on pris la chevrolet strippée aux couleurs du LAPD et partîmes pour le secteur sus cité (Jeez, y a des jours où je parle vraiment bien, même dans ma tête). On se gara à un emplacement spécialement marqué au sol pour nous, puis on sortit de notre véhicule. Il s'agissait d'une longue rues étroite entre de hauts immeubles résidentiels dans lesquels vivaient des gens à peine plus chanceux que ceux qui étaient dans la rue juste à côté.
 
Dès qu'on pénétra dans la rue, nos uniformes attirèrent les regards, mais pas dans un sens négatifs. La plupart des SDF savaient qu'on était pas là pour les emmerder, mais pour les protéger les uns des autres. Un des plus vieux, complètement monrt plein, avec plus une seule dans en bouche et puant une odeur qui sentait la mort approcha de nous avec son sourire édenté. J'avais mis mes gants en cuir en sachant qu'on venait ici, ce qui me permettait de pouvoir serrer la main à ceux qui venaient à nous. C'est ce que je fis avec le vieux.
 
-Hey Gary! Comment ça va? R.A.S?
 
Je serrai doucement la main du vieux dont les os me semblaient être la fragilité même. Il titubai et il fallait tendre l'oreille et se concentrer pour comprendre ce qu'il disait.
 
-Si chef... Des comme vous sont passés hier, z'ont chassé le petit dealer à coups de pieds au cul! C'était marrant. Pis aujourd'hui l'es po venu. Mais y a un nouveau ici, l'est arrivé pas long avec le bus pis s'est installé sans rien demandé à personne. Pis fait peur avec ses breloques noires.
 
Je regardai Conrad et on sourit. La rue, c'était la jungle et les territoires étaient bien garder. 1 mètre carré pour dormir à l'abri des courant d'air pouvaient faire la différence entre la vie et la mort pour les plus faibles. Du coup, nombre de nouveaux qui s'installaient sans s'intégrer d'abord à la communauté se faisaient planter dans la nuit qui suivait.
 
-On va aller voir, Gary. En attendant, pas de connerie. Il est peut-être pas dans la rue depuis longtemps le pauvre gars. Dis aux gars qui ont le sang le plus chaud qu'on va d'abord y aller nous.
 
Je pris une cigarette, l'allumai puis en tendis une au vieux avant de lui allumer. C'était pas cher payé pour les dernières nouvelles du coin, mais pour un type qui avait rien, c'était déjà bien.
 
-Merci Jordan et Conrad. Dieu vous bénisse.
 
Tout en fumant une clope tous les deux, mon binôme et moi nous enfonçâmes dans la rue jusqu'à l'endroit au fur et à mesure indiqué par les femmes vieilles ou jeunes, enceintes ou entourées d'enfants en bas âge ou les deux, qui se trouvaient sur le chemin. Jusqu'à arriver devant un gars plus jeune, assis par terre, à côté d'une guitare. Vu comme la housse en était encore toute clean, je jurais que ça faisais même pas un mois qu'il était à la rue.
 
-Hey, salut. On est du LAPD. T'es nouveau ici?
 
Tout en gardant la distance et alors que Conrad prenait le rôle du protecteur sans même qu'on se soit dit un mot, je m'accroupis pour me mettre au niveau du jeune gars.

Alors que j'étais quelque peu mécontent de cet endroit, bien qu'il me paraissait un peu étroit dû aux points de vues des angles auxquels j'avais faces, je ne trouvais pas ça très grands, c'était rempli de gens normaux, d'autres moins, ou un peu trop hautains. Dans cet endroit se trouvait également d'autres SDF, j'avais déjà constaté cela dû à leur mine pas très enjouée et à leur visage balafré.. Leur peau très sale dû au frottement contre le sol lorsqu'ils y dormaient. Leurs vêtements encore plus abîmés que les miens... il n'y avait pas que moi dans cet état, ça me rassurait, tout le monde avait vécu un traumatisme qui les avaient amenés jusqu'ici, je pense, que c'était ainsi.

Je n'avais pas vraiment prêté attention aux alentours et des gens qui m'entouraient ou avaient l'intention de me parler, dans le pire des cas, je ne saurais quoi leur répondre. Je mettais lentement assis part terre à sûrement attendre que quelqu'un me vienne en aide mais, vu que beaucoup était encore ici je ne me faisais pas d'idée à ce sujet, j'étais condamné à rester ici encore longtemps, malheureusement.

J'entendais quelque rire, chaleureux, d'autres étaient faux. J'hochais ma tête de droite à gauche rapidement, je voyais sans cesse la même chose, ça commençait à me plaire.

Je clôturai mes yeux quelques instants, avant de vouloir me lever et repartir.

Mais soudainement une voix vint me traverser les deux oreilles. Je rouvrais mes yeux lentement. Et je penchais ma tête légèrement sur le côté, te regardant du coin de l'oeil avec un léger sourire scotcher sur les lèvres.

- Salut.. Oui, je suis nouveau ici, je viens d'arriver à l'instant, un problème ? * Dis-je sur un ton calme et sûr de moi. -

* Je ne cessais par la suite de te regarder je me demandais bien qui pouvais-tu être, je ne te connaissais pas, mais, peut-être que tu n'étais pas quelqu'un de méchant, alors j'avais réagi assez jovialement pour ma part.

J'avais toutes ces petites questions pas importante qui se posaient dans ma tête. *

Patrouiller, j'adorais déjà ça. Mais patrouiller chez les SDF, j'aimais ça encore plus. Parce qu'il était toujours susceptible de se passer quelque chose. Ouais. On était là pour maintenir la paix dans les rues. Et pourtant, on ne pouvais s'empêcher d'espérer qu'il y ait une couille de temps en temps, sans pour autant aller jusqu'à les provoquer. Mais bon... Fallait avouer qu'une journée sans une petite bagarre entre bourrés, ou un petit accrochage entre deux véhicules, ou des guerres de clans... ben c'était une journée un peu monotone.

Et puis chez les SDF, on avait le contact avec les gens. Qui étaient souvent plus franc que celui qu'on pouvait avoir avec les gens lambda qui ne voulaient pas nus voir quand il se passait rien, mais qui voulait qu'on soit là dans la seconde s'il arrivait quelque chose. Et dans les deux cas, pour eux, on était toujours synonyme d'emmerdes.

Tandis que les SDF, eux, avaient réellement besoin de nous. Et presque en permanence, pour les protéger d'eux même et de leurs semblables. La journée ne faisait que commencer et je savais qu'on aurait pas encore traverser une seule fois entièrement leur territoire qu'on devrait appeler au moins une ambulance pour soit une overdose, soit une hypothermie, soit blessure à l'arme blanche, ou, plus merdique à mes yeux, un bébé déshydraté ou atteint d'une autre maladie. Ca pouvait sembler être du sale boulot. Mais au moins, on était utiles.

Et si ce n'était l'ambulance, on devrait faire un transfert au commissariat pour une ivresse publique, un SDF trop bourré qui ferait vraiment trop chier et risquerait tout seul de se faire planter en mettant les autres à bout. Il irai cuver chez nous.

Mais pour l'instant, j'étais accroupi devant ce nouveau qui faisait tellement peur à Gary l'édenté. Ile ne me semblait pas si terrifiant, à moi. Jeune, une guitare à portée de main. Et les yeux fermés qu'il ouvrit dès que je lui parlai. Et il s'exprimait bien mieux que je ne m'y attendais. Encore limite propre... S'il avait eu des emmerdes, ça datait pas de longtemps.

Je lui souris.

-Non, pas de problème pour l'instant. Mais comme tu viens de t'installer, les autres ont un peu peur. On vient les rassurer. C'est quoi ton nom?

Je pensais bien qu'à la limite, je m'exprimais encore plus mal que le jeune gars en face de moi.

-Si tu veux une place ici, tu ferais bien de faire ami-ami avec Gary avant de t'installer. T'es pas dans la rue depuis longtemps, j'ai faux? D'où tu sors?

Suelstion banales. Histoire de cerner un peu le gars quoi... Conrad, lui, rigolait avec les jeunes enfants qui lui tournaient autour et lui posaient plein de questions en désignant son arme accrochée à son ceinturon.

* Après tout, qu'elle intérêt cela avait-il porté à ma personne d'être là devant moi, alors que je n'étais pas le pire ici, je ne comprenais pas. De plus, le bruit des gosses me tiraillée la tête que j'en grinçais des dents. Je n'avais pas l'habitude d'être en compagnie de foule gueulante, donc ça me changeait énormément de mes habitudes calme et paisible.

Je te regardais de temps à autre avant de détourner la tête encore et encore, car je n'aimais pas vraiment ça, parler à des gens que je ne connaissais pas vraiment, quand bien même, j'étais du genre joviale ainsi que gentil pour ne pas me prendre la tête pour ce genre de stupidité.

J'étais quelque peu inerte et concentré à ne pas entendre tous ces gens hurlaient. Ça me cassait tellement la tête. Je soupirais d'exaspération avant de nouveau me tourner vers toi. *

En quoi ont-ils peur de moi ces personnes-là ? Je n'ai rien fait de mal, pourtant. * J'arquais un sourcils. Surpris de cela, j'étais assez sympa pourtant, je n'étais pas un terroriste...*

* Donc je ne comprenais pas vraiment cet enchaînement qui s'écoulait de plus en plus, j'avais l'impression d'avoir mérité d'être aussi malchanceux alors que je n'avais rien fait. Pourquoi me punir de cette manière... Je ne sais pas, j'avais bien mérité mieux, je pense, à moins que j'ai fait quelque chose qui s'avérait être mal et que je ne m'en souviens plus. ?

Ah, quel entêtement. Je me prenais sans doute la tête pour rien, même, c'était sûr.

Je repris d'une manière assez rapide. *

- Non, je ne suis pas là depuis longtemps... Je n'habitais pas très loin d'ici avant.. Mais, j'ai eu des gros problèmes, que je n'ai pas envie de remettre sur le tapis pour de bonne raison, que ça ne ferait que de remuer le couteau dans la plaie alors que je tente d'essayer d'oublier. Mais comme c'est tout frais, ce n'est pas en peu de temps que je vais oublier... -

* Je me sentais un peu mal à l'aise , d'avoir déjà raconté un petit bout de mon ancienne vie, parce-que déjà, ça me faisait mal, d'avoir été aussi naïf. Mais parce-que je pensais aussi que ça ne te regardait en aucun cas. Je clignais des yeux, deux, trois fois. Avant de soupirer de nouveau, d'inspirer et expiré lentement.

Je n'aimais pas être dans cet endroit. J'avais l'habitude d'être assez silencieux, sauf lorsque je connaissais bien la personne où je me trouvais être le plus bavard au monde, je me demandais même si cela en devenait pas gênant pour ladite personne se présentant en face de moi. Bien que des fois, je me trouvais de fausses excuses pour pouvoir me replier. Ça peut paraître lâche, mais c'était la seule solution pour moi de ne pas me sentir trop à l'écart.

Ça n'en faisait pas des moindres.

Plusieurs personnes ont déjà tentés de me comprendre. Mais me comprendre ? Comment commencer ? Ah. Quelle terrible erreur. C'est trop compliqué, oui, je le suis.

Je ne peux pas réellement décrire ce que je suis actuellement, car je suis totalement perdu.

Je me grattais le haut de du crâne, légèrement gêné... *

- Hm... J'ai bien peur de rester toute ma vie ici vu que le nombre de clochards ici présent. - * Dis-je impassiblement, parce qu'à vrais dire, j'avais plus d'espoir de quoique ce soit de bien qui pouvait m'arriver. *

* Alors que je te posais cette question. J'observais au loin une de ces bagarres turbulentes et gores entre deux clochards qui se battait pour une bouteille, que j'observais longuement avant de me dire "J'vais finir comme ça ? Dépourvut de moyen" ?

J'étais démembré et je ne savais pas quoi faire. J'avais toujours ma guitare en main que je tenais fermement... Que je n'aurais lâché pour rien au monde.

Mais peut-être qu'un ce ces jours, tout finira par s'arranger.

J'avais déjà remarqué quel genre de mec que tu étais et la profession que tu faisais. C'est pour cela que je n'avais pas à m'inquiéter de ce genre de bagarre qui tournait mal. Je te regardais fixement attendant la réaction que tu allais avoir face à ça.
Je mordais le bout de mon doigt légèrement anxieux sans savoir pourquoi, mais à vrai dire, les gens qui m'entouraient ne me rassurer pas plus que ça.

En même temps, qui aime être entouré de flics ? Je ne pense pas que sont nombreux les gens ainsi. J'étais assez méticuleux face à ça, bien que je ne voulais pas le montrer, je voulais continuer à me faire discret et sympathique, car, inutile de se bagarrer pour des broutilles.

Ma vie aller peut être aller mieux une fois que j'aurais tout régler mes problèmes, mais à qui en parler, à ce genre de personne ? Est-ce qu'on pourrait accorder notre confiance à ce genre de personne ? Ah.. Tout s'embrouille, je ne sais plus. *

- Ça ne serait pas ton travail d'aller séparer ces deux turbulents là-bas ?

*J'avais un léger sourire scotcher aux lèvres, je ne savais pas pourquoi. Je devais être fou.
Mais cet endroit me rendait dingue, où j'avais atterrit .. Je me le demandais encore *

Vu les questions que ce petit gars se posait, ça ne faisait vraiment pas longtemps qu'il devait être à la rue. Pas grave, il apprendrait certainement à la dure, comme tout ceux qui sont ici. A moi de lui facilité la tâche, et de lui éviter qu'il se fasse poignarder dès cette nuit. Ce serait déjà ça de gagner. Après, il ne tenait qu'à lui de s'en sortir tout seul. J'étais flic, pas assistant social.

-Ils ont peur parce que tu es sur leur territoire, qu'ils ne te connaissent pas. Ils nous font confiance pour t'évaluer. T'as intéret à pas faire de vague et à faire profil bas au début, jusqu'à ce que t'aie trouvé ta place. Quant à t'installer, je te conseille d'abord d'aller faire un brin de causette avec Gary-Sans-dents. Lui te dira où tu peux te placer.

Vu son style, c'était probablement pas la gars à se plier aux règles facilement. Et pourtant, des règles, il y en avait partout, même ici, au plus bas de la société. Ici encore plus qu'ailleurs d'ailleurs... Parce que ici, sans règles, ce serait beaucoup trop dangereux. On lui donnerait sûrement une place de merde où dormir au début. Puis, s'il se montrait coopératif et qu'il aidait un minimum les autres ou qu'il se faisait craindre des autres, il pourrait s'élever et avoir une meilleure place, et ainsi de suite.

Il m'expliqua brièvement et très vaguement comment il s'était retrouver là. Je hochai la tête. Une bagarre éclatait derrière nous entre deux SDF bourrés. Mais l'alccol les avait rendu tellement mous que c'était limite s'ils arrivaient à se toucher l'un l'autre. L'attention de Conrad était tout à eux. Aucun problème. Il interviendrait si besoin. Parfois, ça prenait que quelques secondes à se calmer tout seul.

Je reportai mon attention sur la gars. Je lui avais demandé son nom, et il ne me l'avait toujours pas donné. J'étais pas contraire et patient d'habitude. Mais il m'en fallait aussi peu pour perdre patience.

-Comment t'es arrivé là, c'est pas mon problème. Mon problème, c'est que tu sois un minimum en sécurité et les autres aussi.

Puis, il me regarda et me demanda si c'était pas mon boulot d'aller séparer les deux autres bourrés. Et quand je disais qu'il m'en fallait peu pour perdre patience... Me dire ce que je devais faire n'était certainement pas une bonne idée. Surtout qu'il n'était pas vraiment en position de faire des remarques. Je me tournai vers les deux bourrés, plaçai mes doigts dans ma bouche et sifflai un grand coup. Toutes les conversations de la rue s'arrêtèrent et la petite bagarre aussi. Tous les deux levèrent les mains en signe d'apaisement...

-Ok chef, ok, pas de problème... On stoppe, on stoppe... Vous fâchez pas.

Conrad, qui avait bien compris que l'autre avait du dire un truc qui m'avait pas spécialement plu, souris et s'adressa aux deux ex bagarreurs en leurs disant à l'un d'aller à un bout de la rue et à l'autre de l'autre.

Moi, je regardai à nouveau le petit gars tout de noir vêtu avec un regard qui signifiait bien qu'il n'était pas vraiment en position de la ramener.

-Ton nom que je t'ai demandé. Et puis t'ira voir le vieux sans dents et t'as intéret à faire profil bas avec ceux qui sont ici depuis plus longtemps que toi. Si je viens te ramasser demain pour te mettre dans une boîte en sapin, crois-moi bien que ça me fera ni chaud ni froid. Bien que je préfèrerais pas le faire...

C'était le marine plus que le filc qui parlait maintenant. Mais parfois, à L.A., valait mieux être un marine...

* J'avais vite fini par perdre ce léger sourire que j'avais en coin des lèvres. Mais je tentais quand même de garder mon calme... Après tout, cela était vrai, je venais seulement d'arriver dans cet endroit inconnu que je ne connaissais pas. Les autres étaient donc en droit de se demandait, qui je pouvais bien être après tout ? Et je n'avais pas un style comme les autres donc j'étais facilement remarquable et intimidant. Je ne t'avais pas répondus, car je ne savais pas quoi dire je n'en trouvais pas l'utilité, je te laissais parler à la suite dans des sujets assez dubitatifs. Mais je finissais par prendre la parole au bout d'un moment, car certains de tes mots avaient eu le dont de m'énerver de quelque peu. *

- Je conçois le fait d'être nouveau et de ne rien savoir, mais ce n'est pas une raison pour limite me renvoyer chier . Je sais très bien que je n'avais pas tellement mon mot à dire comme je viens d'arriver ici, mais c'n'est pas non plus la peine de me laminer ! -

* Je tentais de reprendre mon calme, étant impulsif, à la moindre remarque que l'on pouvait me faire c'était déjà mort. Et la susceptibilité ne faisait pas mieux que de me pourrir mon caractère. Enfin faisons brèves. Je n'avais pas réellement la tête à ce que l'on me fasse chier ni à ce que l'on me marche dessus ! C'est un truc sur lequel j'avais horreur !

J'avais fini par passé toutes tes étapes ou tu parlais pour rien dire, tout m'avais énervé en fin de compte, je serrais des dents et des poings. Mes yeux se clôturèrent.

Et ce pendant quelques secondes. *

- Je m'appel Shannon, content ? - * Repris-je en levant ma tête et j'avais un regard impassible et mon timbre de voix n'était guère mieux que mon regard. *

- A présent, je crois que vaux mieux me laisser seul, on m'a suffisamment énervé là ! Mais t'en fais pas, t'y peux certainement rien, je suis cependant, très impulsif et susceptible. C'est toujours comme ça. -

* J'étais un peu plus calme bien que je savais très bien que cette situation allée dérailler vu comment j'avais parlé alors qu'on essayait "de m'aider" si puis-je appeler ça comme ça.

Me mettre en sécurité, ça m'aiderait vraiment avec les problèmes que j'ai en ce moment ?

Oh pire que j'y reste et qu'on m'incinère ou que je reste fort en vie, qui s'en soucie ?

Personne.

Personne n'éprouvera de la compassion pour un être comme moi; c'est-à-dire. Que les personnes ne se préoccupent rarement des autres mais, chacun pour sa gueule.

J'avais une très mauvaise image de la société, désormais. C'est à peine si je devenais misanthrope et misogyne. Bien qu'il fallait que j'accepte. Ces sujets paraissaient un peu rébarbatif mais qu'est-ce que j'y pouvais ?

Chacun sa vision de cette société qui ne sert plus à rien, c'est comme si tout le monde faisait ce qu'il voulait dans ce monde.

Je devais être quelqu'un d'assez bizarre, bien que mon style vestimentaire était assez fun et aussi en ce qui concernait mes goûts musicaux. J'étais assez spécial sur ce coup on va dire, mais, qui s'en souciait, aussi ? A quoi ça servait que je dise tout ça si ça peut sembler lassant pour la personne en face de moi qui m'écouterait ?

En effet, je passais énormément de temps à penser et à discuter de choses inutiles mais, ces choses inutiles peuvent peut-être servir un jour ou l'autre, qui sait.
Enfin, je décidais de reprendre, une phrase qui était, sans doute complètement à part. *

- Je ne me verrais jamais rester longtemps ici. J'deviendrais fou par la suite à coup sûr, j'me connais. -

* Dis-je en venant gratter la paume de main droite. Et mon regard en profitait pour se scruter dans le tient. *

Le gars était susceptible, ça, c'était déjà clair. Mais il me donna son nom. Merci Shannon, c'était pas si difficile, finalement... Puis il continua à parler, à me dire comment il était, etcetera etcetera... Rien de vraiment utile pour moi. D'ailleurs je ne l'écoutais déjà plus. A force d'entendre les gens se lamenter, raconter n'importe quoi, le cerveau fini par faire le tri tout seul. Il aurait fini par dire quelque chose d'intéressant, ça m'aurait tilté direct. Seul son nom l'était, en fait. Pourquoi il était là, le caractère qu'il avait, ça n'avait pas d'importance. Je devais juste aller renseigner son nom au vieil édenté, et lui dire qu'il était inoffensif pour le rassurer. Après, ils se démerderaient et arriverait ce qui arriverait.

-Ok, c'est tout ce que je demandais.

Inoffensif, j'étais maintenant sûr que Shannon l'était. Déjà, il n'avait pas le physique d'un gars qui sait se battre ou du moins, pas de quelqu'un qui en a l'habitude.Il a plus l'air d'un gars qui fait sa crise d'adolescence sur le tard. Quant à savoir s'il était fait pour survivre dans un endroit comme celui-ci, j'en doutais fort. S'il prenait mon ton comme agressif, je pensais pas qu'il allait tenir deux minutes. Mais bon, personnellement, j'aurais fait mon job. Affaire Classée.

Je ne faisais plus attention à lui. Alors qu'il parlait toujours, je m'étais relevé et avait noté son nom dans mon carnet. Parce qu'entre les cent mètres qui me séparait du vieux à l'entrée de la rue et ici, j'étais sûr que j'allais oublié. Shannon, c'était déjà un nom de gonzesse, ça, non? Mais je m'abstins de lui faire la réflexion... Déjà que je n'avais pas voulu le provoquer mais juste le situer dans ce merdier dans lequel il était, fallait pas demander si en plus je décidais de vraiment le provoquer. Nombre de mes collègues l'auraient déjà fait, d'ailleurs, vu sa réaction. Mais c'était pas notre style à Conrad et à moi. Nous, on était d'accord pour ne pas mettre de bordel là où il n'y en avait pas.

Je devais peut-être manquer de compassion aux yeux de Shannon... Mouais peut-être... Mais bon. J'en voyais combien, par jour, des comme lui? Si je devais faire le psy de chacun, j'avais pas fini de faire des heures sup'.

Une fois le nom noté dans mon carnet, je me rapprochai de Conrad. Il me demanda si j'avais fini et je hochai la tête. J'en profitai qu'on avait fini pour m'allumer une cigarette, prenant mon paquet dans la poche latérale de mon pantalon d'uniforme.

-Mouais mec... Serait pas étonnant qu'on vienne l'empaqueter demain, si on fait le même service. Il a un caractère de merde, et ça va pas plaire à ses nouveaux potes.

Je jetai un oeil à un des deux bagarreurs de tout à l'heure qui me salua de la main, signifiant que tout était cool et qu'il resterait calme. Mouais... Jusqu'à ce que tu regardes Shannon un rien de travers, quoi... Mais quelque part, je comprendrais celui qui mettrait sur sa gueule à Shannon... Faudrait bien qu'il apprenne d'une façon ou d'une autre... Et si la manière douce, la notre, ne marchait pas... J'étais sûr que ça rentrerait mieux grâce aux poings de quelqu'un qui en aurait rien à foutre de lui refaire la face... Et s'il comprenait toujours pas... Bah j'espérais au moins qu'il reposerait en paix.

Je m'adressai de nouveau à mon binôme tout en marchant vers le début de la rue, notre point de départ.

-Les gens pigent jamais ce qu'on fait.

Conrad rigola...

-On a fait que troquer notre vieil uniforme pour un nouveau... Et les uniformes, ça rend les gens nerveux... Même si c'est pour leur bien.

Je souris d'un air cynique. Il avait clairement raison. Et quelque part, c'était dans ces cas-là que je regrettais un peu l'armée.

-Mouais... Au moins avant, on avait pas à parlementer. Ami était égal à vivant, ennemi, égal à mort...

Et la vie était nettement plus simple. Même si je n'étais pas fier de ce qu'on avait fait au Vietnam.