J’avais quitté Los Angeles afin de me reprendre à Broadway. C’était là qu’avait lieu la seconde représentation de Grease où Eleanor avait obtenu le rôle principal. J’étais fier de ça et je voulais lui montrer qu’elle avait tout mon soutien dans cette aventure… Je n’avais, malheureusement, pas pu être là pour la grande première mais j’avais fait en sorte de pouvoir me rendre à la seconde.

Quitter L.A. allait me faire du bien… Avant de partir, j’avais pu lire un article tout à fait désagréable qui mettait en scène mon beau-fils et l’un des artistes de ma boîte. The Lightening allait sortir son prochaine album et, pourtant, Izbel avait fait en sorte de se faire remarquer d’une façon dont je n’approuvais pas… Mais c’est surtout mon beau-fils qui m’avait déçu par son comportement et ses propos.

Je n’aimais pas Victor Hunter. Je pensais toujours que c’était une piètre choix de mari de la part de Carrie. Il est jeune, ambitieux, imbu de lui-même, est bien trop bavard et, en plus, il a décidé d’être l’avocat de Jimmy Reed. Sans compter qu’il était raciste et ne s’en cachait pas. Carrie, elle, ne cessait de le défendre. Je ne pouvais pas blâmer une femme amoureuse. Je ne pouvais que lui dire que je n’approuvais pas tellement son choix de conjoint.

Il me fallait changer d’air et aller voir Eleanor me fera le plus grand bien. Surtout qu’elle avait donné son accord pour que notre lien soit publié dans ma biographie, ce que je n’avais pas manqué de dire à Juliet Jones, l’écrivaine en charge du projet.

C’est, donc, au premier rang que j’avais l’honneur d’assister au spectacle. Eleanor était ravissante et tenait bien son rôle. Sa voix était magnifique. N’aurait-elle jamais eut l’idée de se lancer dans une carrière de chanteuse ? Parce qu’elle en avait les capacités. C’est le patron de maison de disques qui le dit…

Et le père…

Car oui, dernièrement, je n’avais pu que constater que mon envie de nouer des liens avec ma fille s’accentuaient. C’est aussi pour ça que j’avais décidé de venir ici. Pour continuer de mieux connaitre Eleanor.

Pendant tout le spectacle, je n’avais eu d’yeux que pour elle. C’était une bonne chanteuse et une grande actrice. Elle avait un bel avenir devant elle. Et je me surprenais à me dire que ses talents, elle les tenait de sa mère. Nous, les Hughes, sommes surtout des gens de chiffres et d’affaires. Carrie était une très bonne femmes d’affaires. Julian était un ingénieur de talent. Eleanor, elle, est une artiste.

Quand le spectacle fut terminé, je m’étais levé, comme toute la salle, pour applaudir. Après, je m’étais présenté à l’entrée des coulisses demandant à voir Eleanor. Je n’avais pas dû insister. J’étais Don Hughes, mon visage était connu et on me dirigea vers la petite loge d’Eleanor.

Je toquai et quand je reçus l’autorisation d’entrée, j’ouvris la porte.

A l’intérieur, je découvrais Eleanor mais aussi un homme… Son visage m’étais familier et je finis par mettre un nom sur l’homme.

Ward Fleming… L’homme qui avait fait les joies de la presse pendant quelques mois à cause de ses liens avec le Boucher de Los Angeles…

Je devais avouer être surpris de voir un tel homme aux côtés d’Eleanor. J’avais, ainsi, regardé l’homme avant de porter mon regard sur Eleanor.

-Bonsoir, Eleanor… Bonsoir, Monsieur Fleming…

Je m’étais raclé la gorge pour reprendre contenance.

-J’ai vu ta représentation. Tu as été exceptionnelle.  Tu es une grande actrice et une chanteuse très douée. Je suis fier de toi et de ce que tu as accompli.

Je jetai un œil vers Fleming avant de revenir sur Eleanor.

-Vous êtes amis ?

Ça serait bien étonnant !

Me lever ce matin avait été très pénible. Ma tête m’avait semblée bien lourde et sur le point de se fende en deux. J’avais dû me reprendre à deux fois pour parvenir à m’assoir dans le lit, un lit qui n’était pas le miens et que j’avais partagé avec Ward Fleming. Il m’avait fallu quelques secondes pour remettre en place dans ma tête, les pièces du puzzle et de me souvenir de ma pathétique prestation d’alcoolique de la veille. Rien pour en être fière !

Ward avait dû me mettre au lit. Je portais l’un de ses t-shirt, je ne me souvenais pas de l’avoir enfilé mais je me souvenais d’avoir vomit ma tequila. Ward avait dû m’aider à me changer après avoir nettoyer mon dégât et aider à changer l’odeur de la pièce. Je tanguais encore en me levant et je dû me retenir d’une main à plat sur le mur pour me rendre jusqu’à la salle de bain pour m’asperger le visage d’eau froide. Je n’avais rien à moi ici, pas de brosse à dent, pas de déodorant, pas de vêtement de rechange.

La journée était déjà bien avancée, nous avions dormit longtemps pourtant, moi, je me sentais comme si j’avais passé la nuit accroché à la corde à linge. La prestation de ce soir allait être laborieuse ! Mais avant d’en arriver là, Ward m’avait accompagné jusqu’à mon hôtel pour que je puisse me doucher, me changer et me préparer pour me rendre au théâtre. Pamela n’était pas là à notre arrivée, heureusement. Je ne me sentais pas asse en forme pour servir de tampon entre elle et Ward. Je m’étais assise sur mon lit le temps de souffler et tenter de mettre de l’ordre dans ma tête.

D’un côté j’étais heureuse de la présence de Ward. Avec un ami près de moi pour vivre cette expérience unique m’aiderait à me faire me sentir moins seule. Puis qu’on l’aime ou non, Ward avait toujours été là pour moi, dans les bons comme les moins bons moments de ma vie. Ça avait toujours été comme ça, sans que je sache l’expliquer. D’un autre côté, j’espérais toujours voir arriver Jordan et le risque de voir les deux hommes de ma vie se retrouver face l’un à l’autre me rendait autant malade que la tequila. Il était clair que si Jordan apprenait que Ward était avec moi en ce moment anéantissait nos chances déjà improbables de se remettre ensemble.

Quand je fus propre, changer et un peu moins cadavérique, c’est à bord d’un taxi que Ward et moi avions fait le trajet jusqu’au théâtre. Il m’avait laissée à l’entrée des coulisses pour que je puisses aller me préparer avec le reste e la troupe. J’avais eu droit à un bombardement de question de la part de Shane dont l’admiration sans borne pour la légende Fleming n’avait pas perdu de ferveur pendant les dernières heures. Pamela, quant à elle, était demeurée silencieuse bien que je sentais son regard perçant dans mon dos quand je ne la regardais pas.

Le spectacle ne fut pas autant pénible que je l’avais anticipé. Une fois sur scène et bien campée dans mon rôle, j’avais oublié les contre effets de ma cuite et j’étais parvenue sans trop de mal à la toute fin du spectacle. Nous avions eu droit à une ovation dingue, plus grosse encore que la veille ! De quoi me faire flotter jusqu’à ma loge dans laquelle m’attendait Ward. Heureuse de ma prestation, je l’avais serré dans mes bras pour partager mon bonheur avant de briser l’étreinte et de retirer ma perruque blonde et frisée qui martyrisait mon cuir chevelu. Je passais ensuite derrière le paravent pour retirer mon pantalon de cuire qui me collait à la peau.

- Je ne porterais pas ça pour le plaisir ! C’est horrible et inconfortable !

Une fois dans des vêtements plus confortable, je commençais à me démaquiller tout en confiant à Ward comment ça c’était passé sur scène, ce que j’avais ressentis, comment j’avais miraculeusement pu laisser ma cuite de la veille dans la loge puis on frappa à ma porte. Mon cœur se stoppa un instant alors que je fixais Ward dans les yeux.

- Si… Si… Qu’est-ce qu’on fait si c’est… Si c’est Jordan ?

Je devais quand même ouvrir la porte ce que je fis en disant simplement que c’était ouvert.

Ce n’était pas Jordan qui entrait dans ma loge avec un bouquet de fleurs et des excuses que j’étais prêtes à accepté contre le réconfort de ses bras, mais Don Hughes dont le visage se figea un instant quand il posa son regard sur Ward.

- Bonsoir, Don.

Hors de question que je l’appel papa et y aller d’un monsieur Hughes me paraissait obsolète depuis notre dernière conversation.

Don était tout en compliment pour ma prestation. J’avais été exceptionnelle, j’étais une grande actrice et une chanteuse douée. Il n’aurait pas fait tout ce chemin pour me dire le contraire et avec sa biographie en rédaction, je le savais en campagne de charme plus qu’autre chose.

- Merci, c’est gentil. Je suis heureuse que tu aies apprécié le spectacle.

Puis Don posa une question qui, de toute évidence, lui brûlait les lèvres. Une question à laquelle je n’avais pas envie de répondre, ma vie privée ne le regardait en rien. Il ne pouvait pas tout simplement me placer dans un chapitre de sa vie pour se donner ensuite le droit de commenter la mienne.  Je regardais Ward un instant avant de quand même lui répondre.

- Oui, enfin, meilleurs amis je dirais même.

Nell s’était rapidement endormie hier soir après que j’aie réussi à l’aider à se changer. Je lui avais prêté un t-shirt étant donné qu’elle n’avait aucun vêtement à elle sur place. J’avais, ensuite dormi à ses côtés. La chambre disposait d’un fauteuil mais j’avais payé cet endroit et ce n’était pas pour dormir dans le divan. Non. Je préférais largement partager mon lit avec Nell et ça même si elle avait littéralement comaté toute la nuit.

Le lendemain, c’est tard qu’on s’était levé. Si le réveil avait été compliqué pour Nell, moi, je me sentais extrêmement bien ayant trouvé en ce voyage un énorme intérêt. Nell s’était accrochée à moi comme à une bouée de sauvetage. Comme si j’étais son uniquement ami dans l’univers. C’était certaine ce qu’elle devait pensé alors que je savais que c’était sa rupture qui la mettait au fond du trou.

Une rupture dont je profitais largement et sans aucune vergogne.

Après notre réveil, on était passé à son hôtel pour qu’elle puisse se changer avant de l’accompagner au théâtre. Ce soir, elle avait à nouveau une représentation. Elle devait se préparer avant de grimper sur scène. Alors, je l’avais simplement déposer là avant de me promener en ville. C’était mon premier voyage à New York… J’avais rarement quitté Los Angeles depuis ma naissance. Les seuls voyages que j’avais fait c’était au Mexique, à Vegas, à Rome et à Saint-Quentin… J’avais parfois fait quelques sortie dans d’autres endroit de la Californie mais ça restait rare. J’étais du genre casanier… Mais New York était une ville active qui semblait autant vivante de jour comme de nuit. Un peu comme L.A. bien que j’avais l’impression que Los Angeles, elle, était surtout vivante la nuit.

J’avais errer dans les rues avant de revenir au théâtre pour assister à la prestation de Nell. Malgré sa cuite, elle ne fit aucune fausse note et c’était tout aussi bon que le jour précédent. Voir même encore mieux. Et j’avais pu rejoindre la loge de Nell avant qu’elle ne revienne. J’avais mon petit passe-droit bien que je sentais des drôles de regard sur moi de la part des gens qui travaillaient sur la pièce.

Décidément, mon procès et mon petit passage à Saint-Quentin avait fait plus de bruit que je ne l’avais imaginé. Et malgré que j’ai été blanchi, il semblerait que les gens restent sceptiques.

Ce n’est pas grave. Ce n’est pas eux que je dois convaincre.

C’est Nell.

Et elle finit par venir dans sa loge et, spontanément, elle me serra dans ses bras. Je lui rendis son étreinte avant qu’elle ne tira sa perruque et son pentalon en cuir qu’elle trouvait inconfortable. J’haussai des épaules.

-Ça te donne un style rebelle.

Je m’appuyai contre le mur, les bras croisés alors qu’elle se mit à se démaquiller. Je la regardai sans rien dire jusqu’à-ce que… Quelqu’un ne frappe à la porte.

Nell bafouilla croyant que c’était Jordan. Comme si elle avait espéré que ça soit lui tout en le redoutant du même temps. Je levai un sourcil.

-Ça m’étonnerait… S’il ta largué ce n’est pas pour venir te chercher jusqu’ici…

Je connaissais Keller sous un certain prisme et je le voyais mal faire ça…

Nell lança alors à la personne derrière la porte que c’était ouvert. Et, à ma grand surprise, ce fut Don Hughes qui entra dans la loge.

Ouais… LE Don Hughes. Patron de MTI. La maison de disques rivale à celle de BSC…

Que faisait-il ici ?

Il salua Nell qu’il semblait parfaitement connaitre. Il me salua aussi. Je tiquai avant de me rappeler, à nouveau, que, désormais, n’importe qui pouvait me reconnaitre.

-Bonsoir, Monsieur Hughes.

Mon ton était neutre alors que je me rendis compte que Nell connaissait Hughes autant que ce dernier semblait la connaitre. Elle l’appelait Don…

Il lui balança alors une série de compliments tutoyant Nell comme une amie. Des compliments qui touchèrent Nell. Hughes, lui, me jetait de temps à autre des regards. Le même genre de regards que la plupart des gens me lançaient désormais… Une mélange de malaise et de méfiance.

Le vieux Hughes demanda alors si nous étions amis. Nell confirma nous qualifiant même de « meilleurs amis ».

J’étais monté en grade ? On dirait bien. Je souris.

-Nell et moi, nous nous connaissons depuis des années. On a brièvement été en couple il y a des années. On se soutient mutuellement.

Le vieux semblait surpris mais il ne l’était pas autant que moi qui l’avait vu débarquer ici. Je regardai, d’ailleurs, l’un puis l’autre.

-Je ne savais pas que tu connaissais le grand Don Hughes… Vous vous connaissez depuis longtemps ?

Dun Hughes qui est, au passage, le beau-père de Livia… Bien que je doutais que Livia ait révélé au vieux Don que c’était mon son ravisseur. J’étais sûr que Jimmy avait fait en sorte que l’information ne tombe pas dans trop d’oreilles. Il fallait quand même que je reste méfiant.

Je ne m’attendais pas à retrouver Eleanor en compagnie de l’homme qui avait, ces derniers mois, secoué la presse de par sa filiation a l’un des serial killer les plus connu de Los Angeles. Un homme qui avait été suspecté d’être le chef d’un des gangs les plus violent de la ville. Certes, il avait été blanchi mais de nombreux experts sont peu convaincu du verdict.

C’était un peu confus que j’avais, tout de même, salué tout le monde. J’étais agréablement surpris qu’Eleanor m’appelle Don. Je ne voulais pas qu’il y ait un gouffre formel entre nous. Mon but étant de nouer des liens avec ma fille.

J’avais commencé par complimentés Eleanor pour sa représentation. Elle avait était absolument époustouflante. J’étais heureux de la voir accueillir mon compliment. Je ne savais toujours pas si elle avait la même volonté que moi de nouer des liens. Je savais qu’elle avait, légitimement, quelques réticences.

Et j’aurais voulu à nouveau aborder le sujet mais… Il y avait la présence de Fleming et je ne pouvais m’empêcher de demander quel était le liens entre les deux. Eleanor avoua qu’ils étaient meilleurs amis.

Vraiment ?

Je n’avais pu cacher ma surprise. Je doutais qu’Eleanor soit insensée au point de se lier à un psychopathe… Peut-être que Fleming était bien innocent, finalement. Je connaissais peu Eleanor mais de ce que j’en savais c’était une femme au grand cœur.

J’étais troublé… Alors même que Fleming confirma leur lien avouant qu’ils avaient même été un couple à un moment donné.

-Oh… Vous avez été en couple ?

C’était une question rhétorique qui était plus le fruit de ma surprise qu’autre chose.

-C’est surprenant… Pardonnez-moi… Je ne sais de vous que ce que la presse en a dit.

Et ce n’était pas reluisant. Au point où je n’avais pu m’empêcher, brièvement, dans ma tête, de faire le lien entre les piètres choix de mari de Carrie et les piètres choix d’amis d’Eleanor.

Edward Fleming se demanda alors comment je connaissais Eleanor. C’était une preuve que, malgré leur lien, Eleanor ne lui avait pas parlé de moi. Je ne savais pas trop quoi penser de ça. Sans doute, elle en avait encore honte. Ou voulait attendre la sortie de ma biographie pour que la nouvelle se repende toute seule.

J’avais fixé Ward Fleming.

-Non. Nous ne nous connaissais que depuis peu. Mais… Eleanor est ma fille. J’ai longtemps cherché à caché cette paternité et à la fuir mais je veux désormais réparer ça du mieux que je peux.

J’avais fixé Eleanor.

-Inutile de faire encore des secrets. Bientôt tout le monde le saura…

Je devais encore en parler à mes enfants, d’ailleurs. C’était mon prochain objectif une fois rentré à Los Angeles. Si je ne redoutais pas la réaction de Julian, je redoutais un peu plus celle de Carrie.

-Je suis venu ce soir pour te soutenir dans ta nouvelle carrière que tu démarres à la perfection.

Ward avait assisté à ma seconde représentation, fidèle au poste comme tout bon ami aurait fait. Je lui étais reconnaissante de l’avoir fait. De le savoir sans la salle m’avait permis de tenir bon parce que ma cuite de la veille avait beaucoup compliqué les choses et que je n’étais pas au sommet de ma forme. Mais mon mal de tête, mal de cheveux et mal de vie n’avaient pas nuit à ma performance. Au contraire, ce fut comme si j’y avais puisé une force pour en tirer toute l’énergie possible.

Après ma représentation, dans ma loge, j’avais entrepris de me démaquiller tout en discutant avec Ward quand on frappa à ma porte. L’espace d’une seconde, j’eu peur que ce soit Jordan qui ait pilé sur son orgueil et ait décidé de venir me rendre visite. Je redoutais que ce soit lui parce que Ward se trouvait avec moi mais, en même temps, j’espérais de tout cœur que mon visiteur surprise soit lui.

- Mais… Il… Tu ne sais pas… Il pouvait… Il savait… On ne sait pas !

Jordan aurait très bien pu décider de venir me rejoindre en ayant apprit dans un journal que j’avais intégré la troupe de Grease. Tout se pouvait, non ?  Ward avait bien été blanchi de toutes les charges retenues contre lui ! Alors peut-être que Jordan aurait réfléchi et en serait venu à se dire que sa réaction avait été excessive et qu’il m’aimait encore malgré tout.

Pour une surprise, ça en fut une et de taille mais pas de celle que j’attendais.

Don Hughes avait décidé de jouer son rôle de père jusqu’au bout. Comme si le fait que ma mère et moi lui avions donné notre autorisation pour paraître dans sa biographie lui avait donner ce genre de droit. Je le saluais, décontenancée par sa présence mais pas assez pour remarquer qu’il dévisageait Ward. Visiblement, même du haut de ses millions, il lisait les journaux et se tenait au courant de l’actualité de la classe inférieure.

Don commença par complimenter ma prestation et je l’en remerciais. Évidement, Don s’intéressa ensuite à Ward en avouant simplement être surpris que nous nous connaissions. Ça y était ! Il allait jouer au papa protecteur et je ne voulais pas ça, il était vingt-six années en retard ! C’est en le regardant dans les yeux que je lui confirmais que nous étions amis, meilleurs amis, même avant que Ward rectifie mon aveux pour ajouter que nous avions même été brièvement en couple et que, depuis, nous nous soutenions l’un l’autre. Comme s’il marchait sur des œufs, Don nous demanda de lui pardonner car il ne savait de Ward que ce que la presse disait de lui.

- Je… T…Tu es bien placé p…pour savoir que la presse dit ce qu’il faut pour vendre.

Toutes presses confondues ne s’étaient cassé le cul, après le procès, pour peindre un meilleur portrait de Ward. Elles ne s’étaient pas rétractées non plus dans leur allégations.

Ward ensuite me demanda comment se faisait-il que je connaisse Don Hughes. Probablement qu’il voulait savoir, en fait, comment cela se faisait-il que je le connaisse suffisamment pour qu’il vienne jusqu’à New York m’applaudir. J’allais répondre mais Don me devança ce qui me fit mettre mes mains sur mes hanches. Il allait sans aucun doute se demander comment cela se faisait-il que je n’ai jamais parlé de lui à Ward alors que je venait de lui dire que nous étions les meilleurs amis.

Don, sur un ton qui donnait dans la fierté et peut-être un peu dans la provocation, répondis à Ward que nous nous connaissions que depuis peu mais qu’il était mon père, avant de porter son regard sur moi et de dire que, puisque bientôt tout le monde le saurait, il était inutile de conserver le secret.

- C’est vrai… Mais… Tout le monde le saura.

Je n’étais pas certaine que j’avais vraiment hâte que ce fait sois dévoilé et la présence de Don à New York renforçait le doute qui grandissait en moi, Peut-être que ma mère et moi n’aurions pas dû lui donner l’autorisation de parler de nous dans sa biographie. Cependant, qu’il soit là pour me soutenir démontrait sa volonté de vouloir bien faire les choses et de réparer à sa manière, bien que tardivement, les erreurs du passé.

- C’est gentil. D’être venu, je veux dire… Merci.

Pour la carrière, je n’en savais trop rien. Je haussais des épaules avant de me retourner vers mon miroir et de constater que je n’étais qu’à moitié démaquillée et que cela me donnait un drôle de look, un peu effrayant je dirais même.

- Pardon je… Je vais juste terminer de…

Je repris ma serviette que j’avais généreusement badigeonnée de démaquilla et je terminais ma laborieuse tâche. Quand ce fut terminé, j’avois toujours Don et Ward dans ma loge et je ne savais pas quoi en faire.

- Il est tard mais j’ai faim. Est-ce que d’aller manger une pizza vous plairait ?

Alors qu’on frappait à la porte, Nell s’était mise à bafouiller croyant que, de l’autre côté, se trouvait Jordan Keller. Je déclarai qu’il y avait peu de chance mais c’est comme si elle semblait le vouloir… Tout en ne le voulant pas. J’haussai des épaules et elle finit par aller ouvrir mais, de l’autre côté se trouvait non pas Jordan Keller mais Don Hughes.

J’étais surpris même si j’essayais de ne pas trop le montrer. Je ne m’attendais absolument pas à ce que le magnat de MTI se pointe ici, dans la loge de Nell.

Je crois que j’étais aussi surpris que ne l’était de vieil homme qui n’était en rien surpris de voir Nell mais bien de voir Nell avec moi… Ils se connaissaient tous les deux. C’était indéniable. Et je n’aimais pas spécialement ne pas savoir ce qui les liait.

Hughes se questionna sur notre lien et Nell déclara qu’on était meilleurs amis. Moi, j’ajoutai même qu’on avait été en couple ce qui surpris à nouveau Don Hughes. J’hochai de la tête.

-Oui. En couple.

Le vieux s’excusa disant que tout ce qu’il savait de moi c’était ce que la presse en disait. Comme quoi j’étais le fils du Boucher de Los Angeles, que j’avais été diagnostiqué comme psychopathe, que j’étais potentiellement El Lider, que j’avais frappé sur ma femme mais que, malgré tout j’avais été blanchi. Ouais… Ça ne fait pas une très bonne publicité de ma personne. Et c’est qu’une caricature mal faite de qui je suis.

Car je suis plus que ça.

Je suis mieux que ça.

Ainsi Nell bafouilla encore déclara que Don était bien placé pour savoir que la presse disait parfois n’importe quoi. Je confirmai d’un bref signe de tête les dires de Nell.

-La vérité, elle est venue de la justice.

Moi, ce qui me troublait c’était ce qui unissait Don Hughes et Nell Harris. A première vue, je ne savais pas bien comment ces deux personnes de monde très différents s’étaient rencontrés

C’est Don qui leva le voile… Il déclara qu’ils s’étaient rencontrés il y a peu mais que…

Quoi ?

C’est le père de Nell ?!

Là, mon visage afficha une certaine surprise. Ce n’était pas simple de me surprendre et encore moins que ça se voit. Pourtant, là, je n’avais pas pu faire autrement que de marquer cette surprise.

Don Hughes avait une fille cachée et c’était Nell. Je savais, grâce à la presse, que Don avait deux enfants dont le mari de la fille de Reed, Julian Hughes. Mais Nell ne m’avait jamais dit qu’elle était la fille de Hughes. Est-ce qu’elle le savait à l’époque où on sortait ensemble ? Difficile à dire.

Mais il semblerait que les deux aient décidé de rendre ça public.

-Waw… Je ne savais pas…

Je me tournai vers Nell. Je n’allais pas la blâmer de ne m’avoir rien dit. Je saurais amener ça plus subtilement plus tard.

-Tu as plus de chance que moi.

Au niveau du père, je veux dire. J’imagine que c’est plus avantageux d’être la fille de Don Hughes que d’être le fils de Thomas Fleming…

L’information faisait son chemin dans ma tête et je ne pouvais m’empêcher de penser aux nombreuses opportunités que représentait ce lien… Tout doucement, je reprenais place dans la vie de Nell. Qui, désormais, était potentiellement héritière de Hughes. Car, oui, le vieux Hughes n’avait pas fait ce chemin jusqu’ici pour rien, j’imagine. Et vu les compliments qu’il ne cessait de balancer à Nell, il souhaitait connaitre sa fille.

Nell le remercia avant de continuer à se démaquiller. Je la regardais. Elle semblait, comme hier soir, ne plus savoir où se mettre. Quand elle termina, ce fut pour proposer d’aller manger une pizza.

-Ok. Va pour la pizza.

Hughes était emballé lui aussi et on sortit de la loge pour se diriger hors du théâtre. Il y avait pas mal de restaurant dans le coin et on entra dans l’une de pizzeria qu’il y avait là.

On s’installa à une table. Moi aux côtés de Nell et le vieux Hughes juste en face.

-C’est étonnant que vous ayez pris autant de temps à vous rendre compte que Nell était une fille à connaitre et reconnaitre… Mais bon… J’imagine que c’est un truc de patron de maisons de disques de reconnaitre ses filles sur le tard. Vos enfants, ils en pensent quoi ?

Ok… Je provoquais un peu le vieux Hughes mais il faut dire qu’il avait lui-même déclaré qu’il avait cherché à cacher sa paternité à tout pris.

Je me tournai vers Nell.

-Ça fait longtemps que tu le sais ?

Il n’y avait pas de reproche dans ma voix, juste de la curiosité.

-Désolé… Je suis curieux.

Je dis ça en haussant des épaules.

La présence du tristement célèbre Ward Fleming aux côtés d’Eleanor me surprenait autant que ça m’inquiétait. Eleanor expliqua qu’ils étaient meilleurs amis alors que Fleming ajouta qu’ils avaient même été en couple. Décidément, je ne m’attendais vraiment pas à ça…

J’essayais de ne pas paraitre décontenancer mais ce fut un lamentable échec… Si bien que je m’excusais disant que tout ce que je savais de Ward venait des journaux qui avaient parlé de son procès, de ses origines et de son passage en prison. Rien de reluisant pour celui que la presse avait qualifié de psychopathe. Cependant, Eleanor avait déclara que la presse disait ce qu’il fallait pour vendre alors que Fleming, lui, disait que c’était la justice qui détenait la vérité.

Je pris un air pensif avant d’hocher de la tête.

-La presse exagère parfois, c’est vrai…

Mais elle se basait toujours sur une part de vérité. De ça, j’en étais intimement convaincu. Or, la presse entière était assez sceptique quant au rendu du verdict qui avait vu Fleming blanchi de tout…

Sauf que… Eleanor connaissait bien mieux Ward que la presse et moi-même. Alors est-ce que cet homme était réellement innocent ? Je ne saurais le dire mais je devais, faute de preuve tangible, faire confiance à Eleanor.

Et, comme Fleming posait la question, j’avais révélé notre lien à l’ex-détenu. Je ne savais pas si je pouvais le faire mais ce qui m’avait convaincu de, finalement, vendre la mèche c’est que Eleanor et sa mère m’avait donné l’autorisation de vendre la mèche au monde entier.

Ça surpris Fleming. Je pouvais le voir aisément sur son visage. Preuve qu’il n’en savait absolument rien.

Il affirma qu’Eleanor avait eut plus de chance que lui. Je ne savais que dire par rapport à cette observation… Quelque part, c’était rassurant que les gens pense qu’il valait mieux avoir Don Hughes comme père qu’un serial killer…

Je finis par changer de sujet pour compliment à nouveau Eleanor qui semblait voir d’un bonne œil ma présence à sa représentation.

Elle se retourna alors pour enlever le reste de son maquillage.

-Fait à ton aise, Eleanor.

Quand ce fut fait, elle nous proposa une pizza. Ward Fleming était partant. Je souris.

-Ça serait avec grand plaisir.

Et nous sortîmes tous les trois du bâtiment pour nous rendre dans un restaurant pas loin. C’est moi qui en avait désigné un. J’étais déjà aller dans ce restaurant à l’un de mes autres passages à New York. Une fois qu’on fut installé, c’est l’ex-détenu qui relança la conversation. Mes lèvres se pincèrent à son observation qui me paraissait être une pique.

-Ne pas la reconnaitre plus tôt était une erreur que j’essaye de réparer. Je n’aime pas vraiment me comparer aux autres. L’histoire de ma belle-fille est une chose et l’histoire d’Eleanor est encore différente.

Bien qu’il y avait sans doute des similitudes. Je ne pouvais pas le nier. Mais je savais que Livia avait un profond respect pour son père… Preuve que certaines choses peuvent être réparée.

-Quant à mes enfants, je comptais les mettre au courant dès mon retour de Broadway. Ils n’en savent encore rien mais, les connaissant, je suis certain qu’ils prendront bien les choses. Ils ont la tête sur les épaules.

J’en étais certain pour Julian. Moins pour Carrie. Je réfléchissais encore comment j’allais leur annoncer les choses. Si je les convoquais ensemble ou séparément. Avec ou sans ma chère Livia et ce petit ambitieux de Victor.

Chaque chose en son temps.

Ward se faisait vraiment curieux avec une autre question destinée à Eleanor. Il s’excusa, ensuite, d’être curieux. Je lui fis signe que ce n’était pas grave.

Mon visiteur inattendue n’était pas celui que j’espérais. J’avais ardemment souhaité voir Jordan se présenter dans ma loge avec des fleurs et ses plus plates excuses. En l’espace de quelques petites secondes, je nous avais vu s’enlacer et s’embrasser, renouer là où tout c’était écroulé mais, non. Ce n’était pas Jordan qui venait solliciter ma présence mais Don Hughes qui se disait surprit de trouver Ward Fleming dans ma loge. S’il était surpris, imaginez un peu ce qu’aurait été la réaction de Jordan !

J’avais expliqué sobrement à Don que Ward et moi étions très amis avant que ce dernier ne précise que nous avions même été en couple. Je ne souhaitais franchement pas déballer ma vie privée avec Don mais ça semblait important pour Ward de le dire pour une raison qui m’échappait. Évidemment, ça ne manqua pas de surprendre Don qui connaissait Ward de réputation. Je m’empressais donc de préciser que la presse écrivait ce qu’elle voulait bien écrire tant que ça vendait, ce à quoi Don répondit qu’effectivement, les journaux exagéraient souvent.

Je ne me sentais pas très bien à l’aise coincée entre Don et Ward, ne sachant pas ce que voulait le premier et ce que j’allais faire du second.

Puis ce fut au tour de Ward de jouer les enquêteurs et de demander comment cela se faisait-il que Don et moi nous nous connaissions. Il n’était pas dupe, mon ex petit ami ! Il devait bien se douter que, pour que le propriétaire de MTI vienne en personne jusqu’à New York pour me voir, ça devait être parce qu’on se connaissait plus qu’un peu. Pourtant, si je lui devais une grande partie de mon ADN, nous ne nous connaissions pas plus que ça.

Don lui avoua alors être mon père et la surprise qui s’imprima sur le visage de Ward avait de quoi de spectaculaire. Jamais de ma vie je ne l’avais vu afficher ce genre d’expression. Juste pour ça, ça aura valu la peine que Don vienne jouer du violon dans ma loge.

- Je n’en ai jamais parlé à personne… Sauf à Jordan en fait.

Voilà pourquoi il ne le savait pas. Don avait tout fait pour cacher sa paternité à mon endroit et moi, je n’avais jamais raconté à qui que ce soit ce que ma mère aurait tant voulu garder pour elle jusque dans la tombe. Bientôt, tout allait être différent parce que nous avions autorisé Don à parler de nous dans sa biographie.

Ward affirma alors que j’avais plus de chance que lui et je passais très près de répondre que je n’en savais rien mais au lieu de ça, je bafouillais comme toujours quand je sentais la nervosité, la peur ou un trop plein d’émotions m’envahir et je m’excusais en me retournant vers mon miroir pour continuer de me démaquiller. Ça faisait beaucoup à gérer en trop peu de temps. Les compliments de Don, la présence de Ward, les histoires du passées dévoilées…

Après m’être démaquillée, je proposais d’aller manger une pizza quelque part. J’étais affamée et nous ne pouvions pas rester dans ma loge toute la soirée, nous en viendront à vite en avoir fait le tour.

On se retrouva donc rapidement dans une belle petite pizzeria qui ne faisait pas restaurant cinq étoiles mais qui n’avait rien d’un petit gueuleton de coin de rue. Ward s’était assis à mes côtés et Don, en face de nous ce qui faisait très formel, je trouvais. C’était comme si Ward et moi officialisions quelque chose et que mon père nous en donnait la bénédiction. Pourtant, je n’étais pas entrain de renouer avec Ward et si c’était le cas, je n’aurais certainement pas besoin que Don approuve.

Je roulais des yeux, ce fut plus fort que moi, quand Ward questionna Don sur le temps qu’il avait mit à me reconnaitre et surtout parce qu’il ne pu s’empêcher de faire le rapprochement avec Olivia Cortez et Jimmy Reed mais ça ne décontenança pas Don qui répondit avec honnêteté et sincérité.

- Je ne veux pas être comparée à Olivia, ça n’a rien à voir c’est tout à fait autre chose.

Don répondit ensuite à la seconde question de Ward, concernant la réaction de Carrie et Julian. J’appréhendais beaucoup leur réaction, je ne voulais pas qu’ils croient que l’initiative était mienne dans le but de mettre la main sur une part d’héritage. Je n’en avais jamais voulu et ce n’était pas près de changer.

- Ils ne le savent pas encore !?

J’étais choquée et surprise d’apprendre que Don n’avait toujours pas parlé à ses enfants alors qu’il avait donner le mandat à l’écrivaine Juliet Jones, je parler de moi dans sa biographie. Attendait-il que le livre sorte en librairie et qu’ils le lisent eux-mêmes pour avouer de sa propre bouche mon existence ?

- Je… Pourquoi… Je… Je ne comprends pas p…p…pourquoi tu ne leurs a rien dit encore. Je ne veux pas qu’ils l’apprennent par hasard.  

Ça risquait bien d’arriver s’il continuait d’attendre !  

Heureusement qu’il n’y avait pas de verre d’alcool sur la table, je les aurais bien vidés l’un après l’autre pour m’aider à avaler cette nouvelle-là, je me contentais de prendre une grande gorgée de mon verre d’eau et de broyer un glaçon tout en regardant Ward qui me demandait si je savais depuis longtemps que Don était mon père.

- Depuis toujours. Ma mère ne me l’a jamais caché, nous n’avons pas de secret l’une pour l’autre, tu le sais. M… Mais… Je…

Je ne pouvais pas dire devant Don que toute même si je savais qu’il était mon père, je n’avais jamais ressentis le besoin de le ‘’retrouver’’ parce que de voir ma mère travailler comme une dingue toute seule pour subvenir à nos besoin m’avait suffi à me faire ma propre perception de la place qu’il pouvait avoir dans ma vie.

- J’ai grandi sans père, c’était normal, je n’ai pas ressenti le besoin d’en avoir un.

Je baissais les yeux sur mes mains en prière posées sur la table avant d’ajouter faiblement :

- Je ne suis pas certaine d’en avoir besoin d’un maintenant.

Je ne fermais pas la porte à une quelconque relation avec Don. Ce que je voulais dire était qu’en fait, je ne savais pas comment je pourrais lui faire de la place en tant que père, ne sachant pas ce que cela pourrait signifier, à quoi cela nous engagerais l’un envers l’autre.

Je venais d’apprendre que Nell est la fille de Don Hughes. Ce n’était pas une information anodine. En étant la fille du magnat de MTI, elle pourrait, peut-être, obtenir un héritage énorme. Même si elle était, visiblement, une bâtarde vu que Don ne l’avait pas reconnue d’emblée. Chose qu’il semblait amèrement regretter aujourd’hui d’où le fait qu’il était venu jusqu’ici pour voir la représentation de Nell.

Je n’avais pu cacher ma surprise et Nell d’expliquer qu’elle n’en avait parlé à personne… Sauf à Jordan Keller. Preuve qu’elle avait fait plus confiance à Jordan lorsqu’elle était en couple avec lui qu’à moi lorsqu’elle était en couple avec moi. Sauf si Nell ne savait pas, à l’époque, sa filiation avec Hughes.

Mais apparemment, tout le monde finira par être au courant. Don allait faire une révélation public comme Jimmy Reed l’avait fait pour Livia ? Je devais avouer que j’étais sans doute un peu responsable, avec la presse, des révélations de Reed. Et, quelque part, j’en étais assez fier.

Nell avait proposé d’aller à la pizzeria et j’avais accepté à l’instar du vieux Hughes. On s’était rapidement retrouvé à l’intérieur d’un restaurant d’un certain standing. On avait pris place à l’intérieur, Nell et moi faisant face à Don Hughes.

Et je ne tardai pas à poser des questions et envoyer des piques à Don tout en faisant la comparaison avec son rival d’en face, mon nouvel allié et ex-ennemi juré, Jimmy Reed. Don répondit clamant qu’il voulait réparer son erreur passée et que, en rien, l’histoire de Livia et celle de Nell n’était la même. Nell confirma ce fait. Ah oui ? Deux filles rejeté par leur père dés la naissance. Toute deux filles d’un patron de maison de disques… Je voyais quand même certaines similitudes, moi…

J’esquissai un petit sourire en coin.

-Ouais… J’imagine que ce n’est pas pareil.

C’était quand même sensiblement la même chose bien que je ne connaissais pas tous les détails des deux affaires. Je sais juste qu’autant Don que Jimmy avait accepté leur fille sur le tard.

Don avoua alors n’avoir encore rien annoncé à ses enfants légitimes… Chose qui choqua un peu Nell. Elle bafouilla se demandant pourquoi Don n’en avait pas encore parlé. Moi, je sais, chérie… Don l’a dit lui-même : c’est un gros lâche. Il avait sans doute peur de leur réaction même s’il prétendait le contraire.

Je laissai, donc, le magnat de MTI se justifier sur ce fait avant de demander  Nell depuis quand elle savait qu’elle était la fille de Hughes. Elle déclara le savoir depuis toujours ce qui m’arracha une petite moue. Elle ajouta avoir grandi sans père et n’avoir, de ce fait, jamais senti le besoin d’en avoir un. Et que ça n’avait pas changé aujourd’hui.

-On ne peut pas regretté ce qu’on a jamais eu…

Je savais que cette affirmation de la part de Nell devait avoir grandement touché Hughes qui semblait réellement vouloir renouer avec sa fille et corriger ses erreurs passé. Mais il arrivait sans doute trop tard. Nell n’avait pas besoin de lui. Elle n’en avait jamais eu besoin.

Et Nell était tellement gentille qu’elle n’était pas fourbe au point de jouer le jeu et de s’octroyer une part d’héritage.

-On peut très bien vivre sans parents… J’ai eu des parents mais mon père est ce qu’il est et, donc, c’est comme si je n’en avais jamais eu. Pareil pour ma mère. Elle ne faisait que me nourrir. C’est tout. Je comprends ton sentiment Nell. On ne ressent pas toujours le besoin d’avoir un lien qu’on a jamais eu.

Je levai un regard sur Don guettant sa possible déception.

Mais j’ajoutai tout de même :

-Mais… Peut-être que tu aurais la chance te pouvoir mieux te comprendre si tu pouvais passer un peu de temps avec Don. Tu n'as rien à y perdre...

Est-ce que je reprenais pour Don ? Oui. Pourquoi ? Parce que je voyais sans doute trop loin. Bien trop loin.

Eleanor n’avait révélé notre lien qu’à une seule personne. Un certain Jordan qui était, si je me rappelle bien, le policier qui l’avait jeter dehors il y a peu. J’étais assez triste pour elle car elle faisait confiance à cette personne suffisamment pour lui révéler ça.

C’est peu après qu’Eleanor proposa qu’on se rende à une pizzeria. J’avais accepté avec grand plaisir ce qui fut aussi le cas de Fleming que je n’arrivais toujours pas à cerner.

Nous allâmes alors à un restaurant que je connaissais et qui faisait d’excellentes pizzas. On s’installa à une table moi faisant face à ma fille et à son ami. Cette disposition était des plus intimidante mais je ne me laissais pas décontenancer. Ni par ça, ni par la pique de celui que la presse qualifiait de psychopathe. Je trouvais que l’histoire d’Eleanor n’était pas semblable à celle de ma belle-fille, Livia. Eleanor confirma ça ce qui me fit sourire alors que Fleming semblait ironiquement nous approuver.

-Sans compter que Reed et moi sommes des personnes très différentes.

C’était indéniable. Je respectais mon rival mais certains de ses points de vue et de ses actions me dégoutaient. C’était un requin qui n’avait pas forcément d’état d’âme. Son point de vue sur les femmes était tout autant affligeant. Je plaignais parfois Livia bien qu’elle semblait lui vouer une forme de respect. Après tout, c’était son père…

Quant à mes enfants, j’avais déclaré que je comptais les mettre au courant dès que je reviendrais de Broadway. Je réfléchissais au meilleur moyen de leur annoncer. Mais que j’ai attendu aussi longtemps troubla fortement Eleanor.

-Ne t’en fais pas… Ils ne l’apprendront pas par hasard. Je rentre demain à Los Angeles et ils seront mis au courant. J’ai voulu d’abord attendre que toi et ta mère me donner l’autorisation d’en parler.

Fleming s’adressa alors à Eleanor qui expliqua savoir depuis toujours qu’elle était ma fille. Sa mère ne lui avait fait aucun secret. Mais je mentirais si je disais que mon cœur ne s’était pas serré quand Eleanor ajouta n’avoir jamais ressenti le besoin d’avoir un père et que ça n’avait pas changé aujourd’hui. Mon visage se ferma un peu. Fleming en rajouta une couche disant qu’on ne regrettais pas ce qu’on avait jamais eu… Je dis d’une voix un peu rauque.

-Je le comprends…

Mais ça me rendait, indéniablement, triste. Fleming continua parlant de sa propre expérience. De ses propres parents qui n’avait, au final, pas vraiment été des parents. Si j’étais au courant que son père était loin d’être un exemple, je n’étais pas au courant pour sa mère. Mais j’étais un peu trop touché par les paroles d’Eleanor que pour réagir à ça…

Je ne m’attendis pas à ce que, finalement, Ward reprenne tout de même pour moi. Je relevai légèrement le regard sur lui alors qu’il disait qu’Eleanor n’avait rien n’à perdre.

J’allais réagir.

Mais la serveuse arriva pour prendre notre commande. Je demandai un bon verre de vin et une pizza au jambon. Quand la serveuse s’en alla, je fixai Eleanor.

-Je comprends que tu n’ais pas besoin d’un père… Tu as vécu sans toute ta vie. Mais si tu veux en apprendre plus sur cette partie de ta famille sache que je suis là pour ça. Je ne t’ai pas caché vouloir mieux te connaitre… Mais si tu ne veux pas, je ne forcerais pas.

Ce n’était pas mon genre… Je n’allais pas forcer une relation que ne voudrait pas Eleanor.

L’histoire de Livia et Jimmy Reed avait certes de grandes similitudes avec la mienne et celle de Don mais je refusais de l’admettre. Je ne voulais pas comparer ce qui me semblait être des poires et des oranges. Je ne connaissais pas les raisons qu’avait eu Jimmy Reed à l’époque, celles de Don me suffisait. Je n’avais pas cherché à attirer l’attention de mon père ce qui semblait avoir été le cas de Livia avec son tout premier single. Qui plus est, il avait fallu que la jeune chanteuse se fasse kidnapper pour que Reed sorte dans les médias et la reconnaisse publiquement. Alors, quand Ward lâcha qu’il imaginait que ce n’était pas pareil, je ne pus m’empêcher de préciser le fond de ma pensée.

- Il n’aura pas fallu à Don qu’un fou cruel et sans cœur me kidnappe pour qu’il désire officialiser notre lien familial.

Est-ce que Reed l’aurait fait sans ce tragique évènement ? La question méritait d’être posée alors que Don avait entreprit de réparer le passé par désir de le faire, sans pression ou rançon.

- Vous êtes très différent.

Je ne connaissais que très peu Don et je ne connaissais pas du tout Jimmy Reed mais, malgré tout, je pouvais affirmer l’un reconnaissait et valorisait les femmes dans leur travail alors que l’autre s’en pensait à ce point supérieur qu’il préférait n’en signer aucune de peur qu’elle lui fasse de l’ombre.

Aucune sauf sa fille…

La belle fille de Don…

Ma belle-sœur ?

Je fus choquée ou décontenancée ou bien surprise d’apprendre que Don n’avait encore rien dit à ses enfants et ça me fit un peu bafouiller. Je ne voulais pas qu’ils l’apprennent autrement que par lui et plus il attendait, plus cela risquait d’arriver. Don m’assura qu’il le leur dirait lui-même et très bientôt car il allait rentrer à Los Angeles dès demain. S’il ne l’avait pas encore fait, c’était parce qu’il désirait obtenir le consentement de ma mère et moi. Je le lui avait donné avant d’arriver à Broadway, ce qui commençait à faire un petit bout de temps. Je ne pouvais que lui laisser le contrôle de la situation.

- Je te fais confiance…

Ward se montra curieux ensuite. Il voulait savoir depuis combien de temps je savais que Don était mon père. Peut-être pensait-il que si je l’avais confié à Jordan, c’était parce que je ne le savais que depuis peu car, lorsque Ward et moi étions en couple, je ne lui avais rien dit à ce sujet. Je ne pouvais pas lui mentir, ça ne servirait à rien de toute façon. Je lui expliquais donc savoir depuis toujours que Don était mon père ce qui m’amena à avouer que je n’avais jamais ressenti de manque paternel et que je n’étais pas non plus certaine qu’aujourd’hui, j’en voulais un dans ma vie.

Je vis le visage de Don se crisper, ce que je venais de dire l’avait affecté et j’en étais désolée mais je ne voulais pas qu’il se fonde de faux espoirs.

Ward, à sa manière, temporisa mes propos en parlant de sa propre expérience de vie. Il avait grandit sans père et sa mère n’était pas très présente. Il ajouta, cependant que je ne perdais rien à offrir une chance à Don. Il avait raison là-dessus, j’avais déjà réfléchi à tout cela mais si Don avait eu toute ma vie pour trouver la force de le faire, n’avais-je pas droit moi aussi à un temps d’adaptation ?

C’est ce moment que la serveuse trouva opportun pour venir prendre notre commande. Don donna son choix et, comme j’avais un peu perdu l’appétit avec cette conversation plutôt lourde, je proposais à Ward d’en partager une avec moi. Ainsi, je ne gaspillerais pas et je n’aurais pas l’air de bouder en ne mangeant que très peu. Quand la serveuse s’en retourna avec ses notes, Don reprit la balle laissée par Ward pour rebondir.

- Oui… Je… Ce n’est pas… Je…

Je soupirais tout en passant ma main sur mon front puis dans mes cheveux avant de regarder brièvement Ward comme pour y puiser un peu de force pour continuer.

- Ce n’est pas que je ne veux pas de toi dans ma vie… Je ne veux p…p…pas de père. Je ne suis pas certaine d’en vouloir un. Mais oui, je veux te connaitre davantage et comprendre certaines choses. Peut-être qu’ensuite…

Peut-être qu’ensuite, les choses se placeront d’elles-mêmes sans qu’ont ai pu les voir venir et les empêcher. Autrement dit, je ne fermais pas complètement la porte. Disons que je laissais une fenêtre entrouverte.

- T…Tu pars demain ? Tu… Si tu veux… Nous pourrions déjeuner ensemble.

Voilà, je faisais un effort là !

Fou, cruel et sans cœur ? Je penchai légèrement la tête sur le côté en fixant Nell alors qu’elle soulignait une différence évidente entre l’histoire de Liv’ et la sienne. Elle ne savait, bien sûr, pas que j’étais ce type fou, cruel et sans cœur… Mais je sentis aussi bien la critique avec Reed.

Mais cette réaction de la part de Nell me faisait penser qu’elle ne pourra jamais, sans doute, accepter ce que j’ai fait… Tout ce que j’ai fait… Et ça même si je lui fais découvrir petit à petit qui je suis comme je l’avais fait avec Sky.

Nell préférera voir le bon en moi et oublier et nier le reste.

Ça me convenait.

-Je te l’accorde… Il parait que l’enlèvement, c’était pour obtenir une rançon… Je trouve que Livia s’est bien remise de tout ça.

Elle avait fait une tournée mondiale, s’était rabibochée avec Julian Hughes, faisait des chansons, des albums… Sans doute que je n’y avais pas été assez fort avec elle.

N’empêche qu’elle devrait me remercier… Grâce à moi, Reed l’a enfin reconnue.

Don affirma alors être différent de Reed. Oh ouais ! C’était clair qu’ils n’étaient absolument pas les mêmes. Don ne jouait pas dans la cour de Reed. Il n’avait même aucune idée que Reed aimait jouer dans plusieurs cours. Il n’avait aucune idée que Reed était capable de tuer. Il n’avait aucune idée que Reed était capable d’oublier ce que j’ai fait à sa fille pour faire un pacte avec moi.

Reed n’est pas comme Don. Et Nell le confirma.

-C’est vrai que vous semblez très différent. Vous semblez respecter les femmes, vous.

Ce qui n’était pas le cas de Reed, soyons honnête. Il préférait que les femmes restent à leur place.

Don déclara alors ne pas encore avoir révélé à ses enfants qu’ils avaient une demi-sœur. Si ça choqua Nell dans un premier temps, Don ce justifia. Nell déclara lui faire confiance. Pas sûr que ça soit réellement le cas.

C’est quand Nell avoua ne pas être sûr d’avoir besoin d’un père que le visage de Don afficha un genre de… Tristesse ? Je crois… Bref, j’étalai un peu de mon histoire avant de reprendre pour Don. J’avais décidé de me lancer dans une sorte de jeu d’échec sans trop savoir où ça allait me mener. Et c’était le coup à jouer pour obtenir le meilleur scénario dans cette partie que je venais de lancer.

On avait alors été interrompu par la serveuse. Don se commanda une pizza mais Nell voulait qu’on en partage une.

-Ok. Une margherita, alors…

Nell savait que je ne mangeais que des margherita. Et la serveuse s’en alla avec notre commande.

Don, toujours assez secoué disait comprendre le point de vue de Nell mais avait tout de même envie de convaincre Nell de mieux le connaitre. Elle bafouilla à nouveau avant de mieux s’expliquer. Elle voulait bien mieux connaitre Don… Mais sans doute pas, pour l’instant, lui offrir sa place de père.

J’écoutais en silence avant que Nell ne proposa à Don de déjeuner avec elle demain.

-Je vous laisserais vous retrouver seuls alors… Pendant que vous déjeunerez, j’irais visiter un peu New York.

Il y a sûrement plein de chose à faire dans cette ville. Et j’ai de l’imagination.

Eleanor avait raison. Reed avait reconnu Livia après son enlèvement. D’après Reed lui-même, il n’avait pas voulu reconnaitre plus tôt la jeune femme justement pour la protéger de ce genre de chose… Comme si les enlèvements du genre était monnaie courante. Si c’était le cas, beaucoup d’enfants de stars se feraient enlever. Or, ce n’est pas le cas. Quant à Fleming, lui, il disait que Livia s’était bien remise de ça.

-C’est une jeune femme très forte. Mais elle a pris le temps de se reconstruire. Il s’agissait, apparemment, bien d’une demande de rançon.

Je clamai alors être différent de Reed. Ce fut confirmé par Eleanor ce qui me fis sourire. Même Fleming abonda dans ce sens.

-Reed a sa vision des femmes. Une vision d’un autre temps. Les femmes sont aussi compétentes que les hommes et il a tort de penser le contraire.

Je pensais à Carrie qui avait réussi à monter sa propre affaire. Elle était une aussi bonne femme d’affaire que n’importe quel homme.

Parlant de Carrie, j’avais rassuré Eleanor quant au fait que je comptais mettre mes enfants au courant de notre lien avant qu’ils ne l’apprennent par ailleurs. Elle sembla confiante et je lui offris un sourire.

Mais les choses se corsèrent par après quand Eleanor affirma ne pas avoir besoin d’un père. Et si Fleming reprenait pour moi, j’avais quand même comme un pincement au cœur en entendant ça. Je pouvais le comprendre… Je n’avais en rien jouer mon rôle de père dans sa vie… Elle avait vécu sans et s’y étais faite au point de ne pas ressentir de manque. Contrairement à Livia qui avait tôt fait d’essayer de retrouver Jimmy Reed. C’était encore une grande différence entre les deux.

Une différence qui me faisait mal.

Ce moment fut suspendu le temps de commander les pizzas et, ensuite, je ne pus m’empêcher de dire à Eleanor que je la comprenais non sans cacher que j’aimerais, malgré tout, mieux la connaitre.

Elle bafouilla à nouveau… Je sentais que tout ça ne la mettait pas à l’aise. Elle précisa sa pensée et je fus soulagé d’entendre qu’elle ne fermait aucune porte.

Elle proposa même d’aller déjeuner ensemble demain. Je souris alors que Fleming ne comptait pas être de la partie ce qui, pour moi, était un autre soulagement. Je préférais pouvoir connaitre ma fille seul plutôt qu’avec un homme dont il m’était impossible de me faire un jugement dessus.

-Je pars demain mais j’ai largement le temps de déjeuner avec toi. Ça sera avec très grand plaisir. J’ai hâte d’y être.

Après ça je devais avouer être en manque de mots. Je ne savais pas qu’elle conversation aborder alors je me mis à simplement parler des bons coins à aller voir à New York alors que notre pizza nous fut servie.