Finalement, j’avais passé la journée à installer Ian dans sa chambre temporaire. Il avait fallu mettre des draps propres, notamment, et faire en sorte que Ian se sente comme chez lui… Enfin pas trop non plus, hein… J’avais pas envie qu’il s’incruste jusqu’à l’âge adulte. C’était juste pour le dépanner le temps qu’il se calme parce que je savais trop bien ce qu’il ressentait.

Un tel état d’énervement provoquait beaucoup de chose et l’irritabilité n’était que la partie émergée de l’iceberg. Ian devait avoir mal au ventre et couver une sacrée migraine, s’il était comme moi.

Hope, qui avait regardé Ian d’un air suspect tout du long, avait participé au mieux que ses petites mains le lui permettait. Je me disais que de la faire installer Ian lui ferait réaliser que le garçon était vraiment le bienvenu et n’était pas une menace, en aucune manière.

Une fois la chambre prête, j’avais laissé Ian à son intimité. Je lui avais même installé un poste de télévision d’appoint dans sa chambre, comme ça, il pourrait regarder ce qu’il voudrait quand il le voudrait.

J’étais donc redescendu, j’avais donné le goûter aux deux petites, puis, les laissant jouer au sol, j’avais tendu l’oreille.

Rien. Aucun bruit. Ian devait prendre ses aises dans sa chambre.

Et j’en avais profité pour passer un coup de fil à Victoria.

-Vicky ? C’est Hank…

Direct, j’avais senti le soulagement dans sa voix.

-Hank !... Ian…

J’avais souris.

-Il est ici… Ne te tracasse pas… Je vais le garder jusqu’à ce qu’il se calme.

Là, de l’inquiétude avait pointé dans sa voix.

-Tu crois qu’il se calmera ? Qu’il me pardonnera ?

J’avais haussé les épaules même si elle ne pouvait pas me voir.

-On finit toujours par se calmer. Rester dans une telle colère bouffe trop d’énergie pour durer, crois-moi. Et il n’y a rien à pardonner. Mais il finira pas comprendre… On s’habituer à l’idée. Tu lui manqueras trop vite, de toute façon.

De nouveau, du soulagement.

-Merci Hank… Veille bien sur lui.

Je le lui avais promis puis avait raccroché. Puis, j’avais regardé l’heure et annoncé joyeusement à mes filles :

-Maman va bientôt rentrer !

Et en effet, moins d’une heure plus tard, Bailey revenait, les bras chargés de sacs à l’effigie des différents magasins qu’elle avait dévalisés avec Carrie… Elle semblait contente de sa journée et j’allais l’embrasser.

-Oh mais qu’est-ce que c’est que tout ça ?

Il s’avérait qu’au finale, Bailey avait acheté plus de trucs pour les filles et même pour moi que pour elle-même. Et on était en train de faire l’inventaire quand je me grattai la tête et lui dit timidement…

-Heu… Ian Hunter est ici… Il va rester un moment, si ça ne te dérange pas… Il a des problèmes avec sa mère… Je l’ai installé dans la chambre d’amis.

Je venais de passer une magnifique journée en compagnie de Carrie Hughes, pendant laquelle nous avions beaucoup parlé de nos familles respectives, d’abord pour briser la glace et, ensuite, probablement à cours d’anecdotes mignonnes sur les enfants ou croustillantes sur la vie de couple, nous étions passées aux choses sérieuses : Le shopping !

Faire les boutiques était en soit une thérapie et pour moi, une source d’inspiration. Je regardais dans les vitrines, les nouveaux modèles de robes, les tendances de l’heure en me disant que je pouvais faire mieux, tellement mieux ! Non, je ne me pensais pas meilleure que les grands couturiers de ce monde ayant une griffe depuis des décennies mais je me pensais capable de rivaliser et de jouer dans la cours des grands.

Carrie faisait plus sonner sa carte de crédit que moi, n’en demeurait pas moins que je trouvais pleins de belles choses pour mes filles et pour Hank. De belles poupées, de beaux souliers, des cravates, des ceintures en véritable cuir. J’avais les bras chargés de sacs quand j’entrais dans la maison et que je fus accueilli par mes filles et mon époux !

- Coucou mes amours !

Je posais mes sacs sur la table de la salle à manger et avec Hank, nous les vidions pour voir l’éventail de mes achats.

- Les filles avaient besoins de nouvelles chaussures et toi de ceintures ! Oh et regarde la belle cravate que je t’ai trouvé ! Et il y avait le mouchoir qui allait avec et… ces boutons de manchettes, ne sont-ils pas magnifiques ?

Hope berçait déjà sa nouvelle poupée alors qu’Haley était plus fascinée par la boite que par son contenu.

- Et moi… je me suis prit ce sac. Il ira bien avec ma robe rouge, tu sais, celle avec le dos nu ?

La robe qu’il aimait tant m’enlever, comme il me le murmurait à l’oreille chaque fois que je la portais.

Magasiner était peut-être une thérapie mais pouvait être aussi une discipline olympique. J’avais mal aux pieds et à mes jambes aussi ! Carrie avait beaucoup plus d’expérience que moi, je courrais presque derrière elle par moment ! J’étais tout de même prête à répéter l’expérience la semaine prochaine puisque nous avions convenue de se réserver une sortie par semaine, au moins pour boire un café ou pour aller manger quelque part. Nous n’allions pas forcément dévaliser les boutiques chaque fois.

- Ici ? Pour un moment ?

Je m’étais arrêté net de plier mes sacs maintenant vide, puis je regardais Hank, non sans cacher ma surprise.

- Bien sûr que non, ça ne me dérange pas, tu as bien fait, même mais, pourquoi il est ici ? Est-ce qu’il va bien ? Il est arrivé quelque chose de grave ?

Et surtout, pourquoi il était ici ? Sa mère le lui avait-elle confié et le jeune garçon avait senti le besoin de venir ici nouer des liens ? Ce serait tout à fait compréhensible, si tel était le cas et expliquerait ce qu’Hank avait dit en parlant de problème avec sa mère. Ian avait peut-être mal réagit au fait d’avoir été mis hors d la confidence pendant toute sa vie…

Bailey était rentrée les bras chargés de sacs contenant surtout des cadeaux pour nos filles et moi. On en fit l’inventaire avec plaisir ! Je m’exclamai de joie en découvrant les ceintures de cuir parce qu’elles étaient très belle et de bonne qualité, mais surtout parce qu’il m’en fallait absolument… Mais avant que je me décide à aller faire du shopping pour ça, les poules auraient des dents et les dinosaures réapparaitraient.

Ça en plus de la cravate, du mouchoir (j’avais toujours un mouchoir sur moi) et des boutons de manchette, j’étais vraiment gâté.

J’embrassai Bailey.

-Merci. Tu viens de m’éviter d’avoir à aller chercher tout ça moi-même !

Hope était ravie de sa nouvelle poupée et Haley jouait avec une boîte plutôt que son jouet… je les regardai tendrement avant que Bailey ne me montre ce qu’elle s’était acheté pour elle : un beau sac rouge qui irait avec une robe que je ne connaissais que trop bien, ce qui me fit sourire.

-Très bon choix.

Une fois l’inventaire fait, je repliai les vêtements aussi bien que je le pouvais, c’est-à-dire pas super bien, pendant que Bailey remettait de l’ordre en repliant les sacs.

Alors je lui parlai de Ian en espérant ne pas lui zigouiller sa journée. Parce que bon… Je ne savais pas comment elle prendrait le fait que j’aie laissé Ian s’installer chez nous, même temporairement. Surtout que je lui avais bien fait comprendre il y avait peu de temps de ça que je ne voulais pas que sa sœur mette un pied ici. Décision sur laquelle j’étais maintenant revenu intérieurement puisqu’il aurait été injuste que je vienne en « aide » à Ian et qu’elle ne puisse pas en faire de même avec Riley.

Mais bon, on verrait ça quand le problème se présenterait… parce que si j’étais disposé à ce que Riley puisse venir à la maison, je tenais toujours à être absent quand ça se présenterait et à emmener mes filles avec moi.

Bailey s’était arrêtée net dans son activité pour me regarder. Mais elle avait l’air plus surprise que fâchée. Je me grattai l’arrière de la tête.

-Ouais… Juste pour quelques jours, même si ce gamin pense que c’est définitif. Mais c’est surtout parce qu’il est en colère contre Victoria, là tout de suite.

J’esquissai un petit sourire.

-Sa mère lui manquera bien plus vite qu’il ne le croit. Il ne peut pas vivre sans elle et inversement.

Bailey m’annonça alors que la présence de Ian ne la dérangeait pas, mais elle avait des questions. Elle se demandait surtout s’il y avait un vrai problème.

-Rassure-toi. Ian va très bien, Victoria va très bien aussi. Rien de grave. Ian fait juste un caca nerveux parce que sa mère a décidé que Tobby Cooper… tu sais ? Le chanteur de country ?... Bref, ils sont amoureux et ils vivent ensemble et ça ne plait pas à Ian.

Je fis la moue.

-Alors il fait pression sur sa mère en… « fuguant » si on peut appeler ça comme ça. J’ai mis Vicky au courant qu’il était ici.

J’empilai les achats de Bailey sur la table puis allai jusque dans le hall.

-IAN ! VIENS DIRE BONJOUR A BAILEY !

Hank n’avait donné une chambre et j’étais content parce qu’il avait installé une télévision dedans. J’avais une télévision, dans ma chambre, chez Maman. Ça faisait depuis que j’ai 9 ans que j’en avais une.

J’étais toujours très fâché sur Maman. Pendant qu’on aménageait la chambre, je me repassais toute la conversation que j’avais eu avec elle. Jamais elle n’avait choisi quelqu’un d’autre avant moi. Pas même Victor. Mais, cette fois, elle l’avait fait. Pour Tobby Cooper !! Il n’était rien pour nous ! Il ne faisait même pas partie de la famille ! Je ne comprenais pas ce qui avait pris à Maman.

Du coup, en faisant la chambre, je ne parlais pas beaucoup. J’avais mal à la tête parce que j’étais fâché alors quand on eut terminé avec Hank, j’avais décidé de rester dans la chambre. J’irais dans la piscine plus tard. Puis, j’avais envie d’être loin de Hope. Elle me regardait de travers ! Je n’aimais pas cette gamine !

J’avais d’abord rangé mes affaires dans les armoires puis, je m’étais couché dans le lit pour regarder la télévision. Mais, après dix minutes, je m’étais endormis devant une publicité pour du fromage qui était très mal jouée !

Ce n’est que quand j’entendis la porte d’entrée s’ouvrir et des voix venant d’en bas que je finis par me réveiller. Je frottai mes yeux avant d’éteindre la télévision pour écouter qui était là. Je n’entendais pas bien alors je m’approchai discrètement de la porte de ma chambre pour l’ouvrir légèrement.

J’espérais que c’était Maman ! Qu’elle venait me chercher en s’excusant et en disant qu’elle avait mis Tobby dehors !

Mais ce n’était pas Maman mais la femme d’Hank, Bailey. Je fis la moue alors que j’entendis les voix se déplacer dans une autre pièce. Je descendis alors discrètement les escaliers et me mis près de la porte entrouverte de la pièce om se trouvait les North au complet.

Ils parlaient shopping… Puis de moi… Je plissai des yeux. J’entendais que Bailey voulait bien que je reste. Je ne comptais pas partir de toute façon ! Si elle m’avait mis dehors, j’aurais crié au scandale. Mais ce qui me déplu c’est comment Hank parlait de mon problème.

Je fronçais fort les sourcils. C’était un GROS problème ! Et je ne fais pas un caca nerveux ! Quand j’entendis Hank se diriger vers la porte qui menait au hall où j’étais, je filais à la vitesse de la lumière me cacher derrière un meuble du hall. Mais quand il m’appela, je décidai, directement de sortir de ma cachette.

-Je suis déjà là !

Mon visage était fermé et je me dirigeai vers Hank rentrant dans la pièce où se trouvait tout le monde.

-Je ne fais pas un caca nerveux ! Et je suis ici POUR TOUJOURS !

J’appuyai mes paroles avant de poser mon regard sur Bailey.

-Bonjour. Merci de permettre que je reste, Madame North.

Voilà ! Je sais être poli ! Avec les gens qui sont gentils avec moi, je sais l’être.

Hank et les filles avaient tous les trois droit à pleins de surprises car si l’on peut sortir la maman de la maison, on ne sort jamais vraiment la maison de la maman ! Je leur avait trouvé un tas de petites choses que je savais leur feraient plaisir. Hank m’en remercia d’ailleurs autant parce qu’il était content que parce que je lui évitais d’aller lui-même s’acheter tout ce dont il avait besoin.

- Je sais, dis-je en rigolant, je dors dans la même chambre que toi… j’entends bien chaque fois que tu ronchonne contre tes ceintures ou que tu ne trouve plus de cravates à ton goût.

Je lui embrassais le bout du nez avant de lui montrer le sac que je m’étais pris, une gâterie, ni plus ni moins. Je n’en avais pas vraiment besoin mais je trouvais qu’il irait bien avec la robe qu’Hank aimait bien. Il savait exactement de quelle robe je parlais, je vis passer dans son regard gourmand, le sous-titre malicieux. J’avais d’ailleurs envie de lui proposer une soirée entre adultes consentant dès que les filles seraient profondément endormies mais mon cher et tendre époux avait quelque chose à me dire avant.  

Je cessais de plier les sacs de mes emplettes pour l’écouter attentivement me parler de Ian et de son hébergement temporaire chez nous. Il m’expliqua le contexte alors que je m’inquiétais de savoir si quelque chose de grave s’était produit. Il en était rien ce qui me rassura. En fait, le jeune garçon réagissait mal à la nouvelle relation amoureuse de sa maman.

- Tobby Cooper… Il est très belle homme !

Victoria Hunter et le nouveau country man en ville formaient un très beaux couples, n’en déplaise à Ian.

- C’est normal à son âge de ne pas aimer le petit ami de sa maman… Il est enfant unique, il n’a pas envie de la partager. Un peu comme Hope les premières semaines après la naissance d’Haley. Elle ne faisait plus ses nuits et elle était d’humeur massa… encore plus massacrante.

Je ricanais en passant ma man dans les cheveux de mon mari qui continua son explication en disant que Ian pensait faire pression sur sa maman en fuguant. Je fus cependant rassurée quand il ajouta que Victoria était au courant que son fils squattait notre demeure.

Hank allait appeler Ian qui apparu immédiatement en tonnant être ici pour toujours et qu’il n’avait pas fait de caca nerveux en réaction à la relation de sa mère. Je pinçais des lèvres comprenant qu’il avait tout entendu, mon dieu ! Je n’avais pas hâte d’en venir là avec les filles ! Quand Hank et moi allions devoir parler en code pour ne pas que les filles comprennent un sujet ou un autre… Déjà qu’Hope répétait maladroitement les jurons de son père !

- Bonjour Ian. Cela me fait plaisir que tu sois ici mais… Ne crois-tu pas qu’une bonne conversation avec ta maman s’impose avant de décider de déménager, que ce soit ici ou ailleurs, pour toujours ?

Je m’attendais à ce qu’il me dise qu’ils avaient déjà discuter en vains et que la seule issue possible était de partir.

- Peut-être que tu verras qu’ici, en plus d’avoir une maman et un papa, tu devras aussi te faire à deux petites sœurs qui en valent cinq chacune. Parfois, la vie n’est pas plus rose ailleurs qu’à la maison.

Puis je levais les mains devant moi, en signe de prudence.

- Mais… Il n’y a pas d’urgence hein. Tu es le bienvenue ici. On va tous prendre le temps… de prendre le temps…

Je fis la moue, juste pour faire rire Bailey, quand elle affirma que je ronchonnais suffisamment pour qu’elle sache exactement de quoi j’avais besoin…

-Je ronchonne jamais.

Je souris quand elle m’embrassa sur le nez. Puis j’admirai le sac qu’elle s’était choisi avant de reporter mon regard sur mes filles… Et une pensées me vint à l’esprit que, pour la première fois, toute ma famille de sang proche était réunie. Mes trois enfants étaient à la maison, légitime ou pas. Et ça me donna comme… une drôle de sensation… Comme si la perspective de toute chose était augmentée.

Est-ce que je considérais Ian comme mon fils ? Non. Comme mon protégé ? Oui. Il était acteur, comme moi. Il était talentueux et encore très jeune. Si je pouvais l’aider, je le faisais. Et c’était plus dans cette optique là que je l’avais accueilli ici sans hésitation que parce qu’on partageait quelques gènes.

J’expliquai donc la situation à Bailey qui qualifia la nouvelle conquête de Victoria de « bel homme ». Je haussai les épaules.

-Si tu le dis…

Je ne connaissais pas Tobby Cooper et je n’aimais pas spécialement sa musique. La country, c’était bien beau, mais à très petite dose. J’étais pas vraiment du genre à me trémousser, déguisé en cowboy.

Bailey compara le comportement de Ian à celui d’Hope après la naissance d’Haley. C’était clair que ça avait été un moment un peu difficile à passer, mais notre aînée s’était quand même vite ajustée. Maintenant, elle tenait à sa petite sœur comme à la prunelle de ses yeux et devenait une vraie lionne quand il s’agissait de la défendre.

-Heureusement qu’Hope n’était pas encore capable d’appeler un taxi !

Bailey passa sa main dans mes cheveux et je ronronnai de plaisir. Puis, j’allai appeler Ian pour qu’il vienne saluer mon épouse. C’était la moindre des choses vu qu’il squattait ici.

Il descendit les escaliers quatre à quatre pour venir directement m’agresser… Apparemment, il avait entendu une partie de ma conversation avec Bailey et n’était pas content que je minimise son problème relationnel avec sa mère.

-C’est pas bien d’écouter aux portes, Ian.

Il salua Bailey très poliment, la remerciant au passage… Et ma femme se fit très philosophe… J’enfouis mes mains dans mes poches et m’appuyai contre l’armoire à bonbons pour écouter leur conversation. Bailey demanda s’il ne devait pas avoir une bonne conversation avec Victoria. Et comme elle l’ajouta, l’herbe n’était peut-être pas plus verte ailleurs.

-Ecoute bien Bailey, Ian. Elle a raison.

Je souris au garçon.

-Mais effectivement, tu es le bienvenu et tu prendras le temps qu’il faudra. Mais pense aussi à ta maman… Elle doit être triste que tu sois parti…

Tobby Cooper ? Un bel homme? Il était moche ! Et je ne dis pas ça rien que parce qu’il a séduit Maman, je ne sais pas comment… J’entendis ensuite Bailey dire que c’était normal de ne pas aimer le petit ami de sa mère. Oui ! Ça l’était ! Surtout quand le petit ami venait vivre sur MON territoire ! Je n’avais pas envie que Tobby Cooper s’immisce dans notre vie à Maman et moi et Bailey semblait comprendre mieux ça que Hank qui, lui, disait simplement que je faisais un caca nerveux !

Ce n’est pas gentil !

Alors quand il m’appela, je sortis de ma cachette montrant que j’avais bel et bien écouté leur conversation en protestant à grand cri avant de les rejoindre. J’avais le droit d’écouter sur quand on parlait de moi et ça même si Hank disait que c’était mal d’écouter aux portes. Maman aussi n’aimait pas quand je faisais ça. Je foudroyai Hank du regard.

-Ça me concernait !

Je saluai, ensuite, poliment Bailey qui, elle, semblait me comprendre. Elle voulait aussi bien que je reste ici alors je la remerciais pour ça. Hank pensait que je ne respectais pas tout le monde et je voulais lui montrer qu’il se trompait. Je respectais sa femme parce qu’elle me respectait.

Jusqu’ici, en tout cas.

Elle disait que ça lui faisait plaisir que je sois ici mais pensait qu’une conversation avec Maman serait bien avant que je ne m’installe définitivement ici. Je plissai des yeux.

-J’ai déjà parlé avec Maman. Elle ne veut pas changer d’avis. Elle veut Tobby Cooper ? Elle peut l’avoir. Mais moi, je n’en veux pas alors je suis parti ! Je préférais quand on était que deux, Maman et moi.

Bailey déclara que, ici, j’aurais un père et une mère mais aussi, deux sœurs. Je tiquai regardant vers l’infâme Hope et Haley. La dernière jouait avec une bête boite. Les bébés, c’est très bête. Je suis content que Maman n’ait eut que moi…

Je ne dis rien pour l’instant recadrant mon regard sur Bailey qui disait que j’étais le bienvenu ici. Hank confirma tout ce que Bailey avec dit. Si j’étais content de ça, j’étais aussi en partie contrarié par Hope et Haley.

-Quand je suis venu, j’avais oublié qu’Hank avait des enfants.

Oui, soyons honnête, c’était ce qu’il s’était passé.

-Mais je n’avais nulle part d’autre où aller. J’ai pensé à Jimmy Reed mais il a aussi un enfant… Mes grands-parents me renverront chez Maman. Et en dehors de ça je n’ai qu’un connard d’oncle !

Je fis la moue, insatisfait par la situation.

-Mais je peux essayer de vivre avec Hope et Haley… C’est toujours mieux que de voir Maman ne parler qu’à Tobby Cooper et de voir Tobby Cooper vivre dans MA maison. Même si Hope m’a dit que j’étais un intrus et que je devais dégager ! Elle l’a dit comme ça !

Je sais. C’est de la délation. Mais je m’en fiche ! Elle m’avait insulté !

Mais quelque chose m’avait contrarié dans ce qu’avait dit Bailey.

-Tu dis que Hope et Haley en valent cinq… Elles valent plus que moi ?

C’est ce que j’avais compris, hein. Puis, je me tournais vers Hank revenant sur quelque chose que j'avais entendu de ma cachette.

-Tu as téléphoné à Maman... Je t'ai entendu dire ça... Si elle vient me chercher ici, je ne te pardonnerais pas!

- Évidement que tu ne ronchonnes jamais, mon amour !

Je ricanais doucement avant d’embrasser mon époux sur le bout de son nez avant de lui montrer le sac que j’avais trouvé pour moi. Tout le monde avait été bien gâté pendant ma sortie shopping avec Carrie Hughes. J’étais satisfaite et comblée puisque mes humains préférés étaient eux aussi comblés et contents.

Seulement, Hank prit un air plus sérieux avant de ne m’annoncer que Ian V Hunter, son fils illégitime venait squatter notre demeure pour un petit bout de temps. J’eu plus l’impression qu’il me plaçait devant un fait accomplis plutôt que d’en discuter avec moi mais le petit avait eu besoin d’un refuge ce qui passait par-dessus tout le reste.

Ian vivait un conflit avec sa mère depuis que cette dernière avait amorcé une relation avec Tobby Cooper, le très séduisant nouveau cowboy en ville. Hank ne semblait pas partager mon avis sur la beauté de Cooper et ça me fit rire.

- Si, si ! Je le dis mais rassure-toi. Tout muscle qu’il est, il ne t’arrive pas à la cheville.

Je comprenais très bien la réaction de Ian sans pour autant la valider. En tant que mère, j’avais vu la réaction d’Hope à l’arrivée de sa sœur bien qu’aujourd’hui, elle décrocherait la lune pour Haley.

- Elle aurait plutôt appelé direct Howard pour qu’il vienne la chercher !

Mais l’instant où Hope ne sache composer un numéro sur le téléphone n’était pas pour demain la veille. Elle se contentait de faire tourner la roulette du cadran en tous les sens, quand elle arrivait à grimper assez haut pour l’atteindre !

Hank alla quérir Ian mais ce dernier avait visiblement joué à l’oreille indiscrète puisqu’il avait entendu notre conversation, ce que lui reprocha Hank mais le petit se défendit en disant que notre conversation privée le concernait.  

- Ça te concernait en effet mais ce n’est tout de même pas poli que d’écouter aux portes. Ce n’est toutefois pas très grave.

Je ne voulais pas l’accabler davantage car, bien qu’il ait prit lui-même la décision de fuguer, il ne devait pas se sentir très bien dans sa peau. De ce que j’en savais, il avait une relation très fusionnel avec sa maman et du jour au lendemain, elle décidais de lui imposer un beau-père. Le petit devait y voir là une forme de compétition. Il perdait l’exclusivité de l’attention de sa chère maman. Ça ne serait pas simple de lui faire comprendre qu’il n’en perdait cependant pas son amour inconditionnel.

Je tentais de trouver les bons mots, tout d’abord en lui demandant s’il avait discuter comme il se devait avec sa maman avant de prendre la drastique décision de déménager. Il disait que ça avait été fait mais il n’avait certainement pas peser le pour et le contre car ici non plus, il n’aurait pas l’exclusivité. Il devrait partager Hank avec moi, Hope et Haley.

- Tu as l’impression que ta maman ne te donne plus d’attention quand Tobby est à la maison ? Mais… Est-ce que tu as essayé ? Je veux dire… As-tu passé suffisamment de temps avec eux avant de dire que Victoria n’en a que pour Tobby quand il est là ? Une semaine… un mois ?

Il était certain que les premiers jours, Victoria devait avoir beaucoup à dire à Tobby en plus de vivre sur leur petit nuage ensemble. Forcément, Ian devait se sentir exclu de cette balade en amoureux. Son égo n’appréciait pas d’être relégué à la banquette arrière.

- Non, ce que je veux dire en disant que mes filles en valent cinq chacune c’est qu’à deux, on dirait souvent qu’elles sont dix. Le bruit, les cris, les jouets éparpillés un peu partout, les pleurs, les couches à changer… C’est beaucoup dix fillettes en comparaison à un seul cowboy…

Ceci dit, Ian devait valoir son pesant d’or lui aussi ! Hank et moi allions en voir de toutes les couleurs dans les prochains jours, je sentais la soupe chaude d’ici !

Puis, en colère, Ian avisa Hank qu’il ne serait pas du tout content s’il voyait sa mère débarquer ici pour le chercher.

- Hank a eu raison de prévenir ta maman, ne serait-ce que pour éviter qu’elle n’appel la police et qu’elle se mette à ta recherche dans toute la ville. Puis, tu sais, si elle venait ici, vous pourriez parler tranquille ment tous les deux avec Hank et moi pas très loin, comme ça, tu te sentirais moins seul pour lui dire ce que tu ressens.

J’avais rigolé quand Bailey avait affirmé qu’à la place de Ian, Hope aurait appelé Howard direct. Evidemment, ce n’était que spéculations, mais je trouvais ça amusant d’imaginer ma fille, adolescente et fâchée, appeler son parrain quand quelque chose lui déplairait. Le pire, c’était qu’Howard allait certainement faire les autres volontés d’Hope sans même réfléchir une seconde…

Mais… C’était pas un peu ce que j’étais en train de faire avec Ian ? Pas étonnant qu’Howard et moi, on soit amis.

Ian était descendu en ne cachant pas qu’il avait écouté aux portes pendant que Bailey et moi, on parlait. Et ce qu’on avait dit ne lui avait pas forcément plu. Appuyé contre l’armoire à bonbons, je m’allumai une cigarette pendant que Bailey abondait dans mon sens pour ce qui était de l’espionnage d’adultes compulsif… Elle se montra cependant conciliante et j’étais bien d’accord : c’était pas très grave… Ian n’avait rien appris de bien compromettant.

C’était pas comme si un de nous avait clairement dit que j’étais son père, ce que Ian ne savait pas.

Bailey entama une conversation avec le garçon. Elle semblait bien plus psychologue et pédagogue que ça et je me demandais où elle avait appris ça. Peut-être que ça venait tout seul en devenant maman et que les papas n’apprenaient ça qu’avec le temps ?

J’en savais rien, mais j’espérais que ça ramènerait Ian à un état plus serein. Parce que je le voyais bien se crisper et s’énerver. Il bouillonnait intérieurement et je savais que ce genre de colère faisait extrêmement mal.

Il avait parlé à sa mère… Mais Bailey insistait en demandant s’il avait passé suffisamment de temps avec eux.

Je haussai les épaules.

-Le gamin te dit que ça ne va pas, c’est que ça ne va pas, Bailey. Moi aussi je cerne vite les gens et je sais dire en deux secondes si je les aime bien ou pas. Si ça a pas passé du premier coup entre Cooper et Ian, tu peux déjà te dire que c’est foutu.

Voilà, c’était comme ça.

Je tirai sur ma cigarette en regardant Ian.

-Mais là où Bailey a raison, Ian, c’est que ta mère va pas forcément s’occuper moins de toi ou te donner moins d’attention. Je pense que tu passeras toujours premier, pour elle.

Puis Bailey lui expliqua que, de l’attention, il allait avoir du mal à en avoir ici vu qu’on avait deux filles en bas âge à s’occuper (ce que Ian avait avoué avoir complètement oublié en venant se réfugier ici). Et elle avait bien raison. Ian compris d’abord de travers, prenant la phrase de Bailey littéralement. Et ça me fit sourire un peu parce que moi aussi ça m’arrivait de prendre les métaphores des gens au pied de la lettre parce que je comprenais pas la figure de style. Et ce fut avec une grande patience que mon épouse lui expliqua posément les choses.

-C’est vrai qu’il y a toujours beaucoup de bruit dans la villa… On finit par s’habituer mais au début c’est un peu envahissant…

Les premiers jours avec un bébé braillard avaient été compliqués pour moi parce que le bruit me stressait au plus haut point. Mais une fois que j’avais eu compris que les pleurs avaient différentes significations (faim, couche à changer, mal au ventre…), ça m’avait un peu moins foutu les nerfs. Et maintenant, j’étais rôdé.

Ian, lui, s’énerva en disant qu’il ne me pardonnerait pas si sa mère venait le chercher. Bailey affirma que j’avais bien fait, ne fut ce que pour ne pas qu’elle mette L.A. sens dessus dessous.

-Elle ne viendra te chercher que si tu le décides, Ian. Elle est d’accord pour te laisser du temps à toi puisque tu sembles en avoir besoin.

Je fis une petite moue quand Bailey disait que ce n’était pas bien d’écouter aux portes même si ça me concernait. Je n’aime pas qu’on parle dans mon dos, moi ! Qui aime ça ? Mais je n’en rajoutai pas. Pas pour le moment. Même si j’avais plein d’arguments pour montrer que je pouvais.

J’avais expliqué avoir parlé à Maman déjà ! Mais elle ne voulait pas changer d’avis sur Tobby Cooper. Elle voulait absolument qu’il vienne vivre chez nous. Alors, moi, j’avais décidé de partir parce que je ne voulais pas de Tobby Cooper chez moi. C’était aussi ma maison ! Mais Bailey insista en demandant si j’avais passé un peu de temps avec Tobby chez moi pour juger et décidé. Je n’avais pas besoin de ça ! Je n’avais pas envie que quelqu’un d’autre que Maman et moi vienne s’installer chez nous ! Que ça soit Tobby Cooper ou quelqu’un d’autre ! Je fronçais les sourcils alors qu’Hank disait que, parfois, il suffisait de deux secondes pour juger quelqu’un.

Voilà ! Même si, moi, j’avais jugé bien avant ça !

-Je suis parti avant même que Tobby Cooper ne vienne s’installer chez nous. Maman me l’a annoncé avant qu’il ne vienne et je suis parti ! Que ça soit Tobby Cooper ou quelqu’un d’autre, je ne veux pas que quelqu’un s’installe chez nous ! Surtout si c’est pour se mettre en couple avec Maman ! Elle n’a pas besoin de ça. On est tout les deux. On est bien à deux. Je ne veux pas que ça change.

Mais Hank ajouta que ce n’est pas parce que Cooper s’installait chez moi que ma mère me portera moins d’attention. Je fronçai les sourcils.

-Je m’en fiche ! Je ne veux pas qu’il y ait un deuxième.

J’étais le premier et l’UNIQUE. Je ne voulais pas de Tobby Cooper. Point à la ligne.

Sauf qu’ici, je n’étais pas seul non plus. Il y avait les deux filles d’Hank et Bailey… J’avais expliqué qu’Hope m’avait insulté mais Bailey ne semblait pas s’en formaliser. Elle a quand même dit « dégage » ! Le dernier qui m’a dit « dégage », c’était Victor et je lui ai shooté dans le genou pour la cause.

J’expliquai avoir oublié qu’ils avaient des filles et quand Bailey dit que ses filles valaient pour cinq chacune, je crus qu’elle voulait dire que je valais moins qu’elles. Mais elle s’expliqua que c’était surtout qu’elles faisaient du bruit. Je fis la moue quand Hank confirma.

-Il faut leur apprendre à ranger et à ne pas faire de bruit… Mais si elles en font, j’irais dans ma chambre. Ou j’irais dans la piscine sous l’eau. Voilà.

Loin d’elles, en somme. Elles ne savent pas nager à leur âge, après tout.

Je fixai, ensuite, Hank, lui reprochant d’avoir téléphoné à Maman. Mais Bailey disait que Hank avait eu raison d’appeler pour ne pas que Maman s’inquiète. Je plissai des yeux.

-Pourquoi elle s’inquiéterait ? Elle savait que j’étais quelque part. Je n’allais pas dormir dans la rue ! Je sais me débrouiller seul. Je suis presque un adulte.

Bailey disait que si ma mère venait, on pourrait discuter ici calmement… Mais Hank ajouta que Maman n’allait pas venir. Quelle voulait bien me laisser du temps.

-Elle ne compte pas changer d’avis, alors ?

Je grommelai ça.

-Je vais rester pour toujours alors… Ou plutôt jusqu’à-ce que je sois assez grand pour acheter une maison. A mes 18 ans, j’aurais accès à la totalité de mon argent. Je pourrais m’acheter une villa. Ce n’est que dans 4 ans… Ou je demanderais à être émancipé. Julian Hughes l’a fait alors je pourrais le faire aussi et obtenir mon argent plus tôt.

Il me faudra un avocat. Un VRAI ! Comme Maitre Louis. Il a défendu Lola. Il était digne d’être mon avocat.

-Je vais rester quelques jours ici et dire ça à Maman. Elle n’aura qu’à vivre avec Tobby Cooper toute seule !

J’étais toujours très fâché. Mais j’avais pris ma décision ! Maman pouvait vivre sans moi ! Qu’elle vive sans moi.

-Je ne vous dérangerais pas. Il faudra juste me conduire aux studios pour tourner. C’est possible ?

Ian nous avait surpris, Hank et moi, en pleine conversation sur sa situation. D’un même avis, on lui fit remarquer que cela ne se faisait pas que d’écouter aux portes mais comme ce qu’Hank et moi disions le concernait et n’était pas secret, il n’y avait pas vraiment de mal.

Le petit vivait mal la nouvelle relation de sa maman avec Tobby Cooper, le séduisant chanteur country. Je pouvais très bien comprendre que cela ne lui plaise pas. Depuis sa naissance, il n’avait jamais eu à partager l’attention et l’amour de sa maman avec une autre personne et l’arrivée de Tobby dans le cœur ( et dans le lit ) de Victoria chamboulait le quotidien de Ian. Je voulu savoir s’il avait donné assez de temps à Tobby pour se faire valoir mais Hank trancha que si le petit avait dit que ça n’allait pas et bien c’était que ça n’allait pas et que tout. Je le regardais avec un air légèrement moqueur. Devais-je lui rappeler qu’il m’avait abordé pour la toute première fois en me disant ‘’ Vous savez quoi ? Je dis pas ça contre vous mais, putain... Faut avouer que toutes les femmes sont des salopes...’’ ?  Ian me ramena en temps réel en avouant être partie avant même que Tobby ne vienne donc, il n’avait même pas donné sa chance au coureur avant de le disqualifier.

- Oh d’accord… Tu n’as pas du tout rencontré Tobby avant de décider qu’il n’était pas assez bien pour… Enfin… Tu as suivis ton cœur… Comme le dit Hank, si tu sais que ça ne va pas, c’est que ça ne va pas…

À entendre Ian, il savait mieux que Victoria elle-même ce dont elle avait besoin et envie pour être heureuse. Je n’étais pas psychologue ou pédagogue mais si quelqu’un me demandait mon avis sur la question, je répondrais sans avoir peur que Ian entretenait un complexe d’Œdipe et que c’est ce qui faisait qu’il disqualifiait Tobby avant même que ce dernier ait eu le temps de se prouver.

Bref, en attendant que le petit entende raison ou que sa maman ne rompre avec son amoureux pour sauver l’amour propre de son rejeton, Ian allait devoir partager son nouvel espace de vie avec deux petites filles qui étaient reines à temps plein dans ma demeure. Il allait apprendre à la dure que de partager sa maison et tout un tas d’autres choses avec ses illégitimes demi-sœurs, était bien plus contraignant que de partager sa maman avec un homme.

- Tu passeras beaucoup de temps dans ta chambre alors… ou dans la piscine mais je t’en prie, essaie quand même de remonter à la surface de temps en temps pour reprendre ton souffle, d’accord ?

Non, je ne me moquais pas de Ian mais je n’allais certainement pas chambouler la façon de vivre de mes filles qui étaient chez elles bien avant lui, sous prétexte qu’il avait besoin de calme et de se sentir chez nous comme chez sa maman.

Ian n’appréciait pas le fait qu’Hank ait téléphoné à Victoria pour la prévenir que Ian avait atterri chez nous. Je lui expliquais qu’Hank avait dû le faire ne serait-ce que pour rassurer sa maman qui, ne le voyant pas revenir, aurait pu s’imaginer les pires scénarios. La réplique du jeune Ian était sans équivoque. Dire qu’il était de mauvaise fois et centré uniquement sur son nombril ne serait pas encore assez fort pour bien le décrire. Il en avait réellement rien à faire des sentiments de sa maman, que ce soit de son amour ou de son inquiétude, Ian banalisait tout pour recentrer la situation sur son petit nombril.

Je regardais Hank l’air de lui dire qu’il allait gérer la suite puisqu’il était le père, après tout et si je continuais de m’avancer davantage, je risquais bien de l’entendre me dire alors que nous irions nous coucher que je n’avais pas à m’impliquer mais plutôt à subir.

- Bon et bien… je vous laisse gérer ça tous les deux et je mettrai un couvert de plus pour le souper de ce soir…

Ensuite, nous réévaluerons la situation mais je sentais que nous allions nous faire bouffer notre espace vitale, les filles et moi. Peut-être que je devrais inviter Riley à passer le week end à la maison, tiens ! Plus nous serions de fou, plus nous rigolerions ! Ou alors, ce seraient les filles et moi qui irions ailleurs, le temps que la tornade Hunter ne passe.

Bailey semblait vouloir avoir une conversation avec Ian… Evaluer la situation. Alors je la laissais faire, fumant tranquillement ma cigarette en les écoutant tout en gardant un œil sur les deux filles qui étaient tout accaparée par leurs cadeaux ramenés par leur mère.

Mais je savais que ça ne mènerait à rien. Contrairement à Bailey, je connaissais bien Ian pour avoir fait des tournages avec lui. Il était têtu, buté et quand il décidait quelque chose, il s’y tenait. Ce qui n’était pas toujours un défaut.

Ian semblait n’avoir même pas rencontré Tobby Cooper mais il savait de quoi il en retournerait… Bailey n’insista pas, se rangeant à mon avis. Ouais… Moi aussi des fois j’avais pas besoin de voir les gens pour savoir que ça n’irait pas avec eux. Et j’en avais strictement rien à foutre que ça plaise au monde ou pas que je me fasse une idée direct.

Ce que je comprenais surtout, c’était que la vie de Ian chez lui allait radicalement changer et que Ian détestait le changement.

Mais je ne poussai quand même pas Ian dans son vice en lui disant qu’il avait probablement raison de se méfier. J’avais pas envie qu’il reste ici jusqu’à ses 18 ans.

Mais on mit quand même Ian en garde sur le fait que… ben, on avait des enfants et pas des moindre. Il ne passerait pas en priorité pour nous et les filles allaient faire du bruit. Mais Ian avait déjà comme plan de s’isoler…

-Ce sera la meilleure chose à faire, je pense. C’est pas évident d’empêcher des petits bouts comme ça de faire du bruit.

Bailey fit… une sorte de blague sur la fait que si Ian restait sous l'eau pour échapper aux filles, il devrait remonter de temps en temps… Bah c’était pas très drôle en fait, au vu de la situation.

Ian me reprocha d’avoir prévenu sa mère. Mais je lui expliquai qu’il avait bien fallu… Il prétextait être presque un adulte.

-Le « presque » implique que ta mère a le droit de savoir où tu es.

Mais comme le devina bien Ian, sa mère ne comptait pas changer d’avis sur Tobby Cooper et mettre le chanteur dehors pour rendre sa place à Ian.

Je secouai la tête.

-Non, pas pour l’instant. Si elle l’aime vraiment, faudra t’y faire, petit gars.

Il voulait grandir, s’émanciper comme Julian l’avait fait. Je regardai Ian d’un air torve.

-Tu crois que t’es vraiment prêt pour ça ? Et à la faire juste parce que t’es contrarié que ta mère soit amoureuse ?

Je pinçai les lèvres… Espérant que Ian allait redescendre dans les tours au fil des jours.

Enfin, bref, Bailey se retira de la conversation… Apparemment, elle était arrivée au bout de sa patience… Elle voulait qu’on gère tous les deux. On allait surtout rien gérer du tout et aller faire un tour dans la piscine. Foutre la paix à Ian avec tout ça serait la meilleure solution pour que sa colère fonde comme neige au soleil. En parler, ça ne faisait que jeter de l’huile sur le feu.

-Je te conduirai aux studios. Mais t’iras à l’école en bus.

Je m’étirai et écrasai mon mégot dans un cendrier.

-Bon, arrêtons de parler de tout ça et allons dans la piscine.

Non ! Je n’avais pas besoin de rencontrer Tobby Cooper pour savoir que je n’ai aucune envie qu’il s’installe chez moi ! Maman aurait dû m’en parler avant de prendre sa décision. C’est aussi chez MOI !

Mais il y avait, ici aussi, des enfants… J’avais complètement oublié qu’Hank avait deux filles… Si je m’en était rappelé à temps, je serais, sans doute, allé chez Jimmy Reed… Il n’en avait qu’un, lui. Mais maintenant que j’étais ici je ne pouvais plus revenir en arrière de peur de perdre la face. Et ça même si Hank et Bailey disaient que leur fille faisaient beaucoup de bruit.

Pas grave ! Je resterais dans ma chambre ou au fond de la piscine. Bailey disait que je risquais, du coup, de passer beaucoup de temps dans ma chambre… Et que je ferais bien de parfois revenir à la surface de l’eau quand j’irais dans la piscine. Je fis la moue plissant des yeux alors qu’Hank approuvé mes idées.

-Oui ! De toute façon, il y a la télé dans ma chambre. Je ne risque pas de m’ennuyer.

J’avais dit à Hank que je n’étais pas content sur lui parce qu’il avait prévenu Maman. J’étais un adulte ! Je savais ce que je faisais ! Mais il disait que je ne l’étais pas encore entièrement et que, donc, ma mère avait le droit de savoir où j’étais. Je fronçai fort les sourcils.

-Tu aurais dû me le dire, pas le faire dans mon dos ! Ce n’est pas gentil !

Quant à Tobby Cooper, ma mère ne comptait pas changer d’avis là-dessus et Hank déclara que je devais simplement m’y faire. Je croisai les bras. Je n’étais pas content de cette situation au point où je pensais déjà à prendre mon émancipation. Hank trouvait que c’était excessif ! Je le fixai.

-Oui, je suis prêt ! Je saurais vivre seul ! Maman a décidé de vivre avec Tobby sans me demander avant de décidé alors je dois prendre ma vie en main !

Bailey se retira alors et j’hochai de la tête pour les couverts. Ce soir et demain aussi. Et après ! Il me faudra, d’ailleurs, quelqu’un pour me conduire au studios. Hank accepta mais refusa de me conduire à l’école. Je fis une drôle de tête quand il parla du bus.

-En bus ?! J’appellerais un taxi…

Je n’ai jamais pris le bus de ma vie et j’ai de l’argent pour le taxi. De toute façon, d’ici deux ans, je pourrais avoir ma propre voiture !

Hank voulait arrêter de parler et aller dans la piscine. J’hochai de la tête.

-Oui ! Allons-y !

Je voulais justement y aller !