Bon… Willow était avec Cort. J’avais gagné un ami, sans doute, mais j’avais perdu mon coup d’un soir. Objectif suivant, récupérer un autre coup. Qui ? Telle était la question… Et mon regard-radar se mit en marche alors que je marchais vers le yacht prenant, au passage, un verre de whisky que je bus d’un coup remarquant, plus loin, ma sœur en compagnie de son petit ami, Tobby Cooper. Je ne savais pas ce qui avait pris à ma sœur de s’enticher de Cooper… Elle devait avoir ses raisons. Après tout, elle faisait ce qu’elle voulait. Je lui fis signe avant de continuer mon chemin vers le yacht.

Une fois sur le yacht, je repris un verre en cherchant des yeux une fille valable… Le soucis c’est que Ricci était vieux et que les gens intéressé par sa personne avaient le même âge… Même Willow, en soi, était plus vieille que moi.

J’avais trainé au bar du salon buvant un autre verre quand cette nouille de Kyle Davis vint me rejoindre.

-Viiiiiiiiiiiiiiiiiic !

Oh non, hein ! Je fis la moue me tournant vers lui. Je levai un sourcil en voyant sa tenue.

-Tu as oublié le reste de ta tenue chez toi, Kyle ?

Clairement, il était jeté. Sans doute qu’il avait pris de la coke ou quelque chose comme ça avant de venir. Il me regarda, l’air surpris par sa question.

-Bah non… On est sur la plage, non ? C’est la tenue réglementaire. C’est toi qui es habillé comme si tu retournais à l’école primaire. Au fait, Vic, tu me dois 20 dollars…

Quoi ? Qu’est-ce qu’il me baragouine, le shooté ? Que je lui dois 20 dollars ?

-20 dollars ? D’où ?

Il me regarda avant un grand sourire.

-Bah du Rainbow l’autre jour… Tu es partis d’un coup… Comme ça… Sans payer… J’ai dû payé pour toi pour que t’aie pas d’ennuis. J’ai un cœur… Je voulais pas que le Rainbow te poursuive pour recèle…

Je roulai des yeux. Je n’avais aucune envie de me rappeler de ce soir-là… Rien que d’y pensais, j’avais envie de gerber… Alors, je ne voulais pas tergiverser avec Kyler pour 20 malheureux dollars.

-Grivèlerie… C’est le bon terme. Pas recèle… J’ai pas de thunes sur moi, Kyle, mais je te payerais.  

Il sembla satisfait et s’éloigna… Je soupirai et achevai mon verre d’une traite avant d’en prendre un autre et de partir du bar pour aller prendre l’air sur le pont.

Et vous savez qui se trouvait sur le pont ? Juliet Jones… L’écrivaine… Elle était spécialisé dans les romans d’horreur. Preuve étant, elle était en train de rédiger la biographie de mon beau-père… C’est dans cette biographie qu’elle révèlera au monde que Don Hughes n’a pas deux descendant mais trois. Ce qui amènera, peut-être, un plus grand partage d’héritage et, donc, ce qui ne m’arrangeait pas vraiment. Bien que ce n’est pas tant ça qui m’intéressait dans la présence de Jones ici. C’était surtout de savoir ce qu’elle avait dit sur moi dans cette même biographie.

Je savais que Don ne me portait pas dans son cœur, alors… J’étais curieux !

Je m’approchai, donc, de Juliet qui, je devais l’avouer, avait un très joli minois. Vous avez vu ses yeux ? Un bleu de glace qui contraste parfaitement avec ses cheveux foncés. Du grand art.

-Bonsoir, Mademoiselle Jones. J’espère que je ne vous dérange pas…

Je lui souris. Elle était seule. Je lui tendis la main.

-Victor Hunter. J’imagine que mon beau-père vous a parlé de moi. Il parait que vous travaillez sur sa biographie. Je ne savais pas que vous faisiez des biographies… Je sais, par contre, que vous êtes un très bonne romancière d’horreur. J’ai lu quelques-uns de vos livres. Vous maitrisez très bien le suspens.

Je les ais lu dès que j’ai appris que c’était elle qui était en charge de la biographie du vieux Don… Avant ça, je me fichais des romans de Jones…

Pourquoi étais-je venu à l’inauguration du yacht de Daniele Ricci alors que j’avais bien mieux à faire de ma soirée. C’était une question à cent dollars ! La réponse, si je la trouvais, vaudrait certainement son pesant d’or. Cela dit, cela me plaisais bien que de jouer les tapisseries et d’observer la jet-set se gargariser de bons compliments. J’adorais observer le gens, m’imaginer leur conversation en lisant sur leurs lèvres, en décodant leur gestuelle.

Probablement, et cela n’était qu’une hypothèse, que j’étais ici ce soir parce que j’avais besoin de m’aérer l’esprit, de sortir de celui de Don Hughes, de m’éloigner de ses souvenirs poussiéreux l’espace de quelques heures. Fait intéressant, deux de ses enfants étaient présents ce soir alors que l’on se trouvait pour ainsi dire, chez la concurrence.

Certains visages figureraient dans la biographie de Don, évidement, sans être nommé directement mais ça m’amusais que de les observer eux aussi. Ils baignaient en pleine glorification comme s’ils étaient les dieux suprême.

Je songeais à partir, n’ayant pas vraiment d’intérêt à la fête quand je fus rejoint par nul autre que Victor Hunter, le beau-fils que Don ne portait pas dans son cœur. Cela me fit intérieurement sourire, réentendant les paroles du magnat de MTI. J’allais pouvoir me faire ma propre idée du personnage dépeint comme un profiteur et coureur de jupons.

- Bonsoir Monsieur, vous ne me dérangez pas du tout.

Son sens de l’observation lui faisait peut-être défaut, faute de quoi, il aurait remarqué que j’étais seule avec mon verre et que je ne faisais rien de plus que d’observer le va et viens d’un peu tout le monde.

Il se présenta dans les formes avant de se lancer dans un cours monologue sur son beau-père et ce qu’il aurait bien pu dire de lui. Il ne cacha pas être au courant que je travaillais présentement sur la biographie de Don avant d’ajouter que j’étais une très bonne romancière de l’horreur et même qu’il avait lu quelques-uns de mes romans.

- Je savais que c’était vous, j’ai vu des photos.

Don m’avait fourni tellement d’élément, comme s’il avait eu peur que je manque d’informations pour écrire. Je ne comptais pas faire de descriptions physiques des protagonistes gravitant dans son univers mais j’avais tout de même eu tout ce qu’il fallait pour les reconnaitre.

- Je suis ravie d’entendre que vous aimez mes romans. Puis-je vous demander lequel est votre préféré ? Je suis toujours curieuse d’entendre ce qu’en pense les gens.

Il n’y en avait pour tous les goûts mais un revenait le plus souvent dans les mentions des préférences. The Midnight Exorcism avait été mon plus gros vendeur et même qu’on m’avait approché pour en faire un film. Un honneur, rien de moins, dont j’étais très fière bien que je tardais à donner une réponse positive à la demande. J’aimais prendre mon temps.

- Il est vrai que je n’ai plus fait de biographie depuis très longtemps mais Don Hughes a su trouvé les bons arguments pour me faire accepter sa proposition.

Il avait surtout aligné les zéro sur le chèque annexé à sa demande. Parfois, l’argent facilite la réflexion.

J’avais rejoint Juliet que je ne dérangeai pas. Il faut dire qu’elle était seule. Ma question n’étant là que pour la politesse. Ouais ! Quand je veux, je peux être très poli ! Tout dépend de mes intérêts. Or, je n’avais pas envie de me mettre Juliet à dos, que du contraire.

Je lui souris me présentant. J’étais certain qu’elle avait entendu parlé de moi à travers Don dont elle faisait la biographie. D’ailleurs, c’était dans l’intérêt d’en savoir plus que je m’étais approché de Juliet. Ça et ses magnifiques yeux bleus. Je ne fus, donc, pas forcément surpris quand elle affirma savoir qui j’étais car elle avait vu des photos. Pour faire une biographie, on doit se plonger dans la vie des gens et je savais que Don était friand des photos des gens de sa famille. Il préférait ça que les réunions de famille pour être tout à fait honnête.

-Je n’en doute pas… Les photos de mon mariage, j’imagine ?

Don en avait peut-être d’autres que Carrie lui avait fournie… C’était fort possible. Après tout, Carrie parlait souvent à son père depuis qu’ils étaient réconciliés.

Je déclarai avoir lu quelques romans de Jones ce qui était vrai. Le pire c’est que je les avais réellement trouver très bons. Dieu sait, pourtant, que je n’étais pas forcément fans des romans d’horreur, préférant les films. Mais Juliet avait du talent. Elle semblait assez contente que j’avais lu quelques bouts de son œuvre et me demanda lequel j’avais préféré.

-The Midnight Exorcism. J’ai trouvé le suspens particulièrement bien géré dans ce livre. Les descriptions font froid dans le dos et on arrive à s’identifier aux personnages. En gros, tout ce qu’il me faut pour aimer un livre. Je l’ai dévoré celui-là.

Encore une fois, je ne mentais pas. Je devais rendre ça à Juliet qu’en plus d’avoir de très beaux yeux, elle ne manquait en rien de talent.

Par contre, je ne savais pas qu’elle faisait aussi des biographies. Elle confirma qu’elle n’en avait plus fait depuis longtemps mais que Don avait trouvé les bons arguments. Ça me fit un peu ricaner.

-L’argent ? Parce que ce n’est sûrement pas le vie de mon beau-père qui a dû vous emballer de premier abord. C’est un homme d’affaire qui n’a jamais fait le moindre scandale. Enfin… Si on oublie sa fille cachée, bien sûre… Bien que… Est-ce vraiment un scandale ? Ça arrive tout le temps dans la jet-set.

Dommage pour moi que ça soit arrivé à Don Hughes.

-Sinon, il a parlé de moi, Don ? En mal, j’imagine… Laissez-moi devinez… Je suis prétentieux et je parle trop. C’est ce qu’il a dit ?

J’aurais facilement reconnu Victor Hunter dans une foule planétaire tant Don me l’avait bien décrit. Son aura dégageait sa personnalité que je qualifierais de trouble. Derrière son attitude d’homme sûre de lui, Victor cachait quelque chose de fragile qu’il ne voulait pas que l’on découvre. Du moins, c’était l’idée que je m’étais faite de lui au travers des paroles de Don et de mes propres recherches sur l’avocat car, oui, je m’étais renseignée ainsi que sur Carrie, Julian, Olivia et toutes les personnes qui allaient figurer dans la biographie du chef de MTI.

- J’ai effectivement vu les photos de votre mariage. La pièce montée était magnifique.

Le fait que je complimente l’allure du gâteau de noces pouvait en dire long sur l’impression que j’avais eue en regardant les photos du mariage. Ça ne m’avais pas paru être comme le plus beau jour du marié contrairement à sa femme qui elle, souriait grand sur chaque cliché. Mais là encore, je me trompais peut-être. Je n’avais pas la faculté de lire dans l’âme des gens en ne regardant qu’une photo.

Victor disait avoir beaucoup aimé mes romans comme bien des gens me rencontrant pour la première fois et comme pour ces gens, je lui demandais lequel de mes livres il avait préféré. Souvent, les gens ne savaient pas quoi me répondre et disaient « le dernier » pour éviter de se mettre dans l’embarras et me donner le mérite d’un ivre qui ne serait pas de ma plume. Cependant, Victor parla de The Midnight Exorcism et cela me fis sourire. Je voulais bien croire qu’il l’avait vraiment lu, de par la façon dont il en parlait, et qu’il ne s’était pas simplement fié à mon palmarès de vente pour nommer celui qui avait eu le plus de succès. Je hochais donc de la tête, un sourire au coin de mes lèvres et je me levais pour lui parler en face.

Il avait maintenant toute mon attention.

Victor trouva surprenant que je consacrais présentement mon temps à l’écriture d’une biographie ce à quoi je répondis que je n’en avais plus fait depuis très longtemps mais que les arguments de Din avaient su me convaincre.

- Je suis comme tout le monde, Monsieur Hunter, je dois manger trois fois par jour.

Je ne cachais donc pas que l’offre monétaire de Don avait sur me convaincre. Cela allait me permettre de terminer de bien m’installer à Los Angeles et de m’offrir ce nouveau départ, voir même, de ne pas me mettre la pression pour pondre un nouveau roman qui donnerait bien froid dans le dos.

- Ah ! La fille cachée de Don Hughes… J’avoue avoir été surprise de découvrir son existence, probablement pas autant que lui qui s’est rendu compte qu’il ne pouvait plus garder ce secret dans le passé.

Je savais que Don en avait parlé à sa famille, autrement, je serais toujours en attente de savoir si je pouvais oui ou non parler d’elle.

Quand Victor me demanda en quels termes Don parlait de lui, je laissais un petit rire sortir d’entre mes lèvres avant de prendre une gorgée de mon verre et, laissant le temps couler un peu, je regardais les gens aller et venir, rigolant et buvant.

- Vous découvrirez tout cela en lisant la biographie. Je ne serais pas bonne pour entretenir le suspens si je vendais le punch avant de le publier. Cependant, je peux confirmer que Don vous trouve bien bavard… quoi que ce n’est pas en ces termes qu’il me l’a dit…

L’homme d’affaire ne portait pas son gendre dans son cœur sans pour autant lui vouer une haine. En fait, il trouvait surtout que sa fille avait fait un piètre choix comme époux et pensait que, ce jour ou Carrie prendrait le contrôle de la boîte accroitrait la soif de Victor pour le pouvoir et la renommée.

- Seriez-vous inquiet pour votre image, Monsieur Hunter ? Sachez toutefois que je ne suis que la messagère par qui les réflexions et souhaits de votre beau-père transiterons.

Ne tirez pas sur la messagère !

Si ce que Don dira de lui ne lui plaisait pas, il n’aura qu’à m’embaucher dans quelques décennies pour prendre à son tour parole et rectifier le tir. Je ne refuserai jamais un job, s’il est bien rémunéré.

- Si nous marchions un peu ?

Juliet Jones confirma avoir vu mes photos de mariage et complimenta… La pièce montée… Je ricanai un peu à cette remarque. De mon mariage, je me rappelais surtout que j’avais pris une grosse cuite. Carrie, elle, était sur son petit nuage. Moi, pas tellement… Je n’avais, avant ça, jamais poussé le vice à me mettre en couple. Je l’avais fait pour l’argent et le pouvoir mais, malgré tout, ce jour-là, j’avais eu le sentiment de m’être piéger moi-même. C’est après que j’étais soulagé de voir que Carrie était totalement aveugle vis-à-vis de mes escapades extra-conjugale. A partir de là, le mariage avait été plus digeste.

-Sans le photos, je ne me serais jamais rappelé la tête de la pièce montée pour être tout à fait honnête.

Elle pouvait conclure que j’étais bourré ce soir-là… Tout comme je pouvais conclure que tout ce qui avait vraiment impressionné Juliet, c’était la pièce montée et pas notre allure à moi et Carrie.

J’avais, ensuite, complimenté la plume de la romancière. Je devais avouer qu’elle excellait là-dedans. Je savais critiquer ce que je n’aimais pas mais je savais aussi le dire quand j’avais aimé quelque chose. Et Juliet Jones savait foutre les jetons quand elle écrivait des romans d’horreur. J’avais expliqué quel livre j’avais le mieux aimé et pourquoi. Elle était attentive à ce que je disais et semblait assez satisfaite de mon analyse.

Restait à savoir pourquoi elle avait choisi d’écrire la biographie de Don… Ce n’était pas vraiment le même registre mais mon beau-père avait réussi à la convaincre. J’en conclu que c’était l’argent, très certainement, qui avait convaincu la jolie écrivaine. Elle confirma. J’affichai un petit sourire.

-Je le comprends. On travaille avant tout pour pouvoir vivre. C’est tout à votre honneur.

Et elle ne le cachait pas et je devais avouer aimer ça. Elle m’aurait dit que c’était parce que la vie de Don l’intéressait que je ne l’aurais pas cru. Il n’y avait rien d’intéressant dans la foutue vie de Don Hughes… C’était un foutu homme d’affaire ennuyeux sans aucun charisme. La vie de Reed était plus courte mais certainement beaucoup plus intéressantes, de mon avis.

J’avais, d’ailleurs, confié ça à Juliet… Que la vie de Don n’avait absolument rien d’intéressant hormis sa fille cachée… Une information qui avait surpris la reine du suspens. Je ricanai.

-Ouais à partir du moment où tu décides de faire écrire ta biographie, il faut aller jusqu’au bout des choses, j’imagine. L’information a moyennement plu à Carrie mais elle s’en remettra.

Et moi, j’allais faire en sorte qu’Eleanor Harris ne se dresse pas entre moi et l’argent de Don… Pour l’instant, elle n’était pas une menace. Elle le deviendra si Don commence à s’y attacher.

J’étais plus curieux de savoir ce que Don avait dit sur moi… J’avais abordé le sujet en essayant de deviné ce que le magnat de MTI avait bien pu utiliser comme qualificatifs pour me décrire… J’imaginais qu’il avait pu dire que je parlais trop et que j’étais prétentieux. Il n’était pas le seul à le penser. Bien des gens me qualifiait ainsi. Certains allaient même plus loin… Demandez à Jake Snyder ce qu’il pense de moi, pour voir.

Mais Juliet semblait ne pas vouloir me révéler le contenu des paroles de Don. Elle me laissa juste un avant-goût en mettant en avant le fait que, effectivement, Don pensait que je parlais trop. J’esquissai un petit sourire en coin. Elle savait peser ses mots, la jolie romancière… Comme dans ses livres, d’ailleurs.

-Reine du marketing en plus de reste… Je vais être obligé de l’acheter maintenant. Bien joué…

Mon sourire ne disparu pas de mon visage.

-J’imagine, en effet, qu’il n’a pas simplement dit « bavard ». Je sais qu’il pense que Carrie aurait pu trouver mieux. Mais Don devrait se réjouir… Je ne suis pas autant un connard que Michael Brown.

L’ex-mari de Carrie. Brown la muselait et l’enfermait dans son petit rôle de mère au foyer. Depuis que j’étais avec Carrie, elle avait toute la liberté qu’elle n’avait pas avec ce possessif de Brown. Donc, Don devrait me remercier d’avoir brisé leur mariage.

Juliet se demanda alors si j’étais inquiet pour mon image avant de mettre en avant qu’elle n’était que la messagère. J’esquissai un petit sourire. Elle savait se mettre à l’abri. Mais elle avait raison… Si jamais Don disait des choses afin d’atteindre à mon image, il en était le seul coupable.

-Je sais faire la part des choses, ne vous inquiétez pas. Puis… Pour être honnête, je suis partisans du fait que de la pub reste de la pub qu’elle soit bonne ou mauvaise.

En gros, ce qui était important c’est que Don parlait bel et bien de moi dans sa biographie et que, donc, ceux qui le liront sauront que j’existe. Pour le moment, ça me convient parfaitement.

Juliet proposa qu’on marche un peu.

-Avec plaisir !

On se mit, donc à marcher côte à côte passant à côté des gens qui, d’un seul coup, n’avait pour l’instant plus aucun intérêt pour moi. Seul Juliet en avait pour l’instant parce que contrairement à d’autres filles que je connaissais, elle savait tenir une conversation.

-Ce que je me demande c’est si cette biographie rencontrera un public… Vous savez, de tous les personnages public de Los Angeles, Don Hughes est sans doute dans les moins intéressants. Même la toute jeune Livia, malgré sa très courte vie, ferait mieux vendre si elle décide d’écrire son histoire maintenant. Une fille venue de Tijuana qui est, en réalité, la fille de Jimmy Reed et qui, de surcroit, s’est faite enlevée… Ça, ça se vendrait comme des petits pains…

C’était clair que ça se vendrait…

-Mais Don Hughes… Qui ça intéresse ? A part ceux qui figureront dans le livre ?

Personne… Si je n’avais pas été son beau-fils, pas sûr que j’aurais lu une seule phrase de la biographie du vieux Don. Je fis une moue de réflexion.

-Quoi qu’avec votre plume… Ça peut-être intéressant…

Je pris une coupe de champagne sur un plateau, à la volée. Je savais que le mélange avec le whisky risquait de m’entrainer doucement vers le chemin de l’ébriété assumée…

-Mais assez parlé de Don… Parlez-moi de vous. Vous venez de Los Angeles, d’après ce que j’en sais. A peu près la même génération que moi… C’est votre première fois à une fête de Daniele Ricci ? Qu'est-ce qui vous a poussé à venir ce soir?

Juliet était jolie. Elle savait parler. Je voulais en savoir plus.

Je reconnue Victor autant parce que Don m’avait montré des photos de lui que parce qu’il n’était pas un visage inconnu de Los Angeles. En sa qualité d’avocat et époux de Carrie Hughes, héritière de Don, il ne passait plus inaperçu. C’est avec un peu d’humour que je confirmais avoir vu les photos de son mariage dont la pièce montée était mémorable.

- Ah ! Si les photos pouvaient parler.

Elles en diraient long sur les secrets cachés sur les clichés. Les sourires ne sont pas toujours ce qu’ils sont, la preuve sortant de la bouche même de Victor qui affirmait que dans lesdites photos, il ne se souviendrait pas du gâteau.

La rédaction de la biographie de Don tombait à point pour moi, surtout pour mes finances. Je ne manquais pas d’argent, mes autres livres s’étaient et continuaient de très bien se vendre mais un nouveau départ ne se faisait pas sans frais. Je ne m’en cachais pas à Victor qui se disait surprit que j’ai accepté de faire une biographie.

- Je peux aussi vous confier que j’aime sortir de ma zone de confort, de temps en temps. La biographie de Don s’avère être un beau défi.

C’était le moins que je pouvais dire car, sauf pour Eleanor Harris, la vie de Don se comparait à un long fleuve tranquille. Quelques houles provoquées par son divorce, des querelles familiales, des embuches professionnelles mais rien de bien transcendant ou qui donnera un peu de suspens à mes écris. J’allais devoir user de mes plus belles tournures de phrases et de ma profonde imagination pour rendre le parcours de Don passionnant.

- En effet, c’est un peu ainsi que je l’ai convaincue d’entrer en contact avec Eleanor.

Je ne fus pas surprise d’apprendre que Carrie n’avait pas sauté de joie en apprenant avoir une sœur. Don avait montré sa réticence bien qu’il avait assuré que ses enfants prendraient bien la nouvelle. Je ne le lui avais pas montré mais j’en avais douté et Victor me confirma sans le savoir que j’avais eu raison. L’enjeu pour le patrimoine de Don était gros or, une personne de plus pour le partager n’allait plaire à personne déjà sur la liste.

- Je peux concevoir que votre épouse n’a pas été enchantée. Ceci dit, peut-être qu’elle découvrira en Eleanor la sœur qu’elle n’a jamais eue et qu’elle aurait aimé avoir. Qui sait ?

On disait de Harris qu’elle était une personne très humble doté d’une générosité sans borne et qu’elle performait très bien sur scène bien qu’elle se vouait à une vie de bénévolat. Je la voyais mal faire main basse sur l’héritage de Hughes. Mais de ceci, je ne pouvais en être certaine, parfois, l’appât du gain changeait les gens et rarement en bien.

Victor tenta de me faire parler sur l’essence de mon travail, surtout de ce que disait Don de lui. Je n’allais certainement pas lui révéler les confidences de son beau-père. S’il voulait les découvrir, il allait devoir acheter mon livre ce qui le fit sourire.

- Je vous en enverrai une copie avec une dédicace personnelle.

Victor assumait que son beau-père puisse parler de lui en des termes peu élogieux mais comme il le disait si bien, une publicité n’était que ça. Qu’on en parle en bien ou en mal, tant qu’on en parlait !

Je lui proposais de marcher un peu, question de se dégourdir les jambes et de continuer de bavarder. Victor accepta en bon gentleman qu’il était. Il avait l’art et la manière et son verbe était agréable ce qui faisait de lui un bon interlocuteur. J’aimais sa façon de poser de vraies questions, sans chercher à me flatter ou à gagner mon admiration en étant trop gentil.

- À mon avis, oui, la biographie se vendra bien ne serait-ce que parce que les gens seront curieux et espéreront lire quelque chose de croustillant sur Olivia Cortez qui aura droit à quelques lignes puisque je ne peux parler de Julian sans parler de sa femme. Je mise aussi sur la surprise des gens, la même que là votre sur mon changement de genre littéraire. Enfin, faire rédiger sa biographie est parfois signe de fin, or, Don n’est pas mourant mais les gens le penseront peut-être et voudront avoir de quoi en dire.

Plusieurs facteurs pouvaient faire en sorte que les gens achètent mon livre. Je ne craignais pas de ne pas obtenir le succès escompté bien que je savais d’avance que je ne remporterais pas un prix littéraire pour cet ouvrage.

Victor attrape un verre de champagne et je fis de même avant de l’entrechoquer au sien et d’en boire une gorgée. Mon cavalier s’intéressait maintenant à ma vie et le fait que je n’étais pas une habituée des fêtes de Ricci.

- J’ai quitté Los Angeles pour m’établir à Londres afin de me consacrer à ma carrière, ceci explique pourquoi je suis si peu familière avec les fêtes de Daniele Ricci. J’y suis venue ce soir par plaisir et curiosité. J’avais envie de me fondre dans le décor et observer tous ces mondains, imaginer les histoires, tisser des ficelles, faire des rencontres intéressantes… voir où elles me guideront.

J’initiais le pas, vers le yacht qui, au bras de Victor, serait définitivement plus agréable à visiter.

Un défi. Voilà ce qu’était la biographie de Don Hughes pour Juliet Jones. C’est clair que de rendre la vie plate de Don intéressante relevait du miracle. Donc, je comprenais la notion de défi dans ce cas précis.

-Pour un défi, c’est, en effet, un beau défi.

Car la seule chose vraiment trépidante dans la vie de Don avait été sa relation extra-conjugale lors de son premier mariage qui avait produit la naissance d’Eleanor Harris. Enfant non désiré que Don avait décidé de contacté des années après… Un enfant qui pouvait bouleversé le testament de Don Hughes qui disposait d’une fortune colossale. Juliet avoua que c’est un peu elle qui avait convaincu Don d’entrer en contact avec Eleanor.

-Il ne l’aurait pas fait la pauvre fille serait tombée des nues en voyant que, désormais, tout Los Angeles est au courant de son lien avec Don… Je sais que mon beau-père a bien trop de morale pour faire les choses ainsi…

Une morale qui faisait de lui l’homme le plus ennuyeux de la jet-set. Quant à Carrie, je déclarai qu’elle s’en remettra. Elle n’avait pas apprécié mais avec le temps, elle allait encaisser la nouvelle. Elle n’avait pas vraiment d’autres choix. Quant à moi, je devrais juste la jouer légèrement plus stratégique. Juliet comprenais l’état d’âme de Carrie mais se disait que les deux femmes pourraient devenir amies… Je ricanai.

-Pour ça, il faudrait déjà que Carrie veuille rencontrer Eleanor… Il ne faut pas oublié que Don était avec la mère de Carrie à ce moment-là. Et je sais que Carrie a très mal vécu le divorce de ses parents. Je ne suis pas psy mais je pense que Carrie remet désormais tout ça sur Eleanor.

J’haussai des épaules. Je doutais que Carrie veuille devenir amie avec sa demi-sœur. Julian, lui, sera plus disposé à ça, je pense.

Je cherchai, ensuite, à savoir ce que Don avait bien pu dire sur mon compte mais la reine du suspens voulait, justement, l’entretenir, ce suspens. Elle était douée… Je devais bien l’avouer. Et j’esquissai un petit sourire quand elle ajouta qu’elle m’enverra une copie dédicacée.

-Je l’attends avec impatience.

Je savais, de toute façon, que Don n’avait pas dit des choses gentilles pour ça. Il ne m’aimait pas. Ce n’était pas forcément un scoop. Bien que j’aurais aimé savoir jusqu’où il ne m’aimait pas. Parce que Don était rarement franc devant les gens. Il pesait ses mots. En sera-t-il de même dans sa biographie ? Ou est-ce que ce sera un espèce de gros règlements de comptes avec tout les gens qu’il abhorrait ?

On se mit à marcher un peu avant que je ne lance que je doutais que cette biographie attire les foules. Je ne voyais pas beaucoup de gens qui verraient un intérêt à lire la vie de Don Hughes. Justement parce que Don Hughes n’était pas intéressant. Ce n’était qu’un vieil homme d’affaire qui n’avait jamais fait de vague dans son travail ou en dehors. Il n’y avait que quelques vicieux avide de savoir comment s’était passé sa relation avec la vil Kate Julian pour acheter ce genre de truc… Rien de plus.

Mais Juliet n’était pas forcément d’accord avec moi. Et elle balança un tas d’arguments de ventes qui, surprenaient, tenaient la route. Jones n’était pas que doué en écriture, elle avait un certain cense du marketing qui forçait le respect.

Mon respect.

Ce n’est pas tant Don qui sera intéressant. Mais les gens qui gravitent autour de Don… Olivia Hughes, sa belle-fille, entre autre. Kate Julian… Julian Hugues… Mais aussi des artistes de MTI… The Lightening… The Burning Fire… C’est clair que la biographie de Don ouvre des portes.

Puis, Juliet disait que les gens auraient tendance à penser que si Don écrit sa biographie, c’est qu’il est mourant. Je rigolai.

-Je l’ai cru aussi quand j’ai appris ça. Mais… Il va très bien, d’après ce que j’en sais. Mais les gens n’ont, en effet, pas cette information. Quoi qu’il en soit, vos arguments sont convainquant.

Je me pris un verre de champagne et Juliet fit de même. On entrechoqua nos vers avant que je ne pose des questions sur Juliet, elle-même. J’avais bien compris qu’elle ne dirait rien de plus sur ce que Don pensait de moi alors je décidai de la lâcher avec ça. Puis, je devais avouer que discuter avec elle était bien plus plaisant que je ne l’aurais imaginé.

Elle expliqua avoir longtemps résidé à Londres et qu’elle n’était, donc, pas familiarisé aux fêtes de Ricci. Si elle était venue, c’était surtout pour observer les autres. Dans sa façon de dire tout ça, je pouvais conclure une chose : Juliet Jones ne pensait pas faire partie de la jet-set. Elle se sentait comme un observatrice extérieur.

Intéressant.

Quand elle parla des rencontre qu’elle pouvait faire, j’esquissai un sourire avant de souffler.

-Alors voyons où ça vous guide…

On se dirigea ensemble vers le yacht pour replonger directement dans le luxe. Mais ce n’est pas tant le luxe sur lequel j’étais concentré mais sur notre conversation.

-Pour moi, il est difficile d’imaginer les histoires de tout ces gens… Parce que je les connais. Je ne suis pas né dans la jet-set mais j’y ait fait mon chemin très jeune. Par la petite porte. C’est ma sœur qui est connue, pas moi. La jet-set est remplie de gens qui ne se complaisent que dans le paraitre. Mais je crois que je ne vous apprends rien. Ils passeront ces fêtes à flirter, tromper leur conjoint, boire, s’envoyer quelques piques… C’est ce genre d’histoire qu’on retrouve ici. Rien de plus, rien de moins… Même si…

Je m’arrêtai, pensif… Alors qu’on atteignit l’un des ponts qui surplombais la plage. Je mis une main sur la rambarde alors que j’étais juste à côté de la jolie Juliet. Je la fixai alors plongeant mon regard dans le sien bien que mon regard semblait comme être ailleurs… Le mélange d’alcool sûrement. Un mélange qui aura sans doute le don de trop me faire parler… Enfin, plus que d’habitude et pas de ce que j’ai l’habitude.

-C’est clair que, parfois, ça peut tourner au film d’horreur…

Ce n'est pas pour les enfants...

Je venais de souffler ça alors que, sur scène, venait de monter Stone. Je l’avais vu monté mon regard s’étant perdu là pendant ma réflexion. J’esquissai un sourire quand le batteur, normalement persona non grata, commença sa chanson. Celle que Lola avait écrite.

-Ou à un tout autre genre de film…

Je dis ça en souriant un peu. Je fixai Juliet avant de montrer la scène du doigt.

-Alors ? Qu’est-ce que la reine du suspens prévoit comme avenir à cette fête pour ce pauvre batteur prochainement en détresse ?

L’offre de Don Hughes représentait un beau défi et je ne reculais jamais devant un défi. Je savais que j’aurais besoin de beaucoup d’imagination pour rendre mes écrits captivant avec l manque de péripéties, disons-le ainsi, dans la vie de Don. Loin de me décourager, au contraire, j’y prenais plaisir.

- Don n’avait pas l’intention de mentionner Eleanor dans son consentement, de toute façon, je ne l’aurais pas fait sans son accord mais j’ai fait comprendre à Don que cette histoire avait sa juste place dans sa biographie.

En comparaison aux nombreux voyages de pêche pour lesquels il n’a pour ainsi dire même pas toucher à une canne, laissant les autre récolter ses propres prises, le secret de la fille inconnue serait le point tournant de mon livre.

Don avait aussi prit l’initiative de parler à ses enfants, leur évitant l’humiliation d’apprendre en même temps que tout le monde l’existence de leur sœur. Si Julian semblait s’accommoder de la situation, aux dires de Victor, ce n’était pas la même chose pour sa femme, Carrie. Cette dernière ne désirait pas nouer de lien ce que je pouvais comprendre. Les situations des deux filles étaient parfaitement compréhensibles, je pouvais me placer dans les deux cas de figure.

- Il est fort probable que votre femme remette la faute de la séparation de ses parents sur Eleanor. D’un autre côté, un homme qui est incapable de la garder dans son pantalon ne peut qu’être l’unique responsable de tout ce qui en découlera.

J’aimais bien le sous-entendu grivois, la façon de formuler mon idée avec cette connotation à double sens.

Quoi qu’il en soit, je n’avais nullement l’intention d’en dire davantage à Victor concernant le contenu de la biographie de son beau-père. Il devra attendre, avec impatience comme il le mentionna, la copie dédicacée que je lui enverrais personnellement.

Tout en marchant, notre conversation se dirigea sur les ventes de mon ouvrage. Victor voyait mal les gens se ruer sur le récit de la vie d’un homme aussi peu frivole que Don pouvait l’être. Jimmy Reed, Daniele Ricci, le sénateur déçu Peterson auraient été des candidats parfaits, le livre se serait vendu sans effort, je pouvais l’admettre. Cependant, je voyais les choses sous un autre angle. Bien que Don ne soit pas aussi flamboyant que mes précédents exemples, le fait que sa vie soit parsemée de gens tel que Kate Julian, Olivia Cortez, qu’il dirige une maison de disque ayant eu son lot avec des groupes tel que The Lightening et si on ajoutait le fait que ce soit moi, la Reine de l’horreur qui écrivait cette biographie, il se pouvait bien que cela soit bien plus que suffisant pour attirer la curiosité des gens.

Victor ne s’intéressait pas qu’a la vie de son beau-père, mais à la mienne aussi alors que la conversation changea à nouveau pour me mettre en lumière. Il n’y avait rien de bien transcendant, aucun squelette dans mes placards contrairement aux héros de mes livres. Mes longues années à Londres m’avaient tenues éloignées de la jet-set Hollywoodienne et de la vie trépidante de Los Angeles. Ceci expliquait cela. J’étais de retour et je comptais bien profiter des fêtes pour renflouer mon inspiration.

De retour sur le pont du yacht, là où nous pouvions voir la plage et la scène, Victor ne voyait pas comment il pourrait être capable d’imaginer des histoires en observant les gens. Cela me fit sourire alors que je l’écoutais me parler de lui. Il n’effleurait que la pelure, mais moi, c’était la chaire juteuse et sucré qui alimentait ma curiosité.

- Vous ne voyez que la surface des choses. Il faut y plonger, creuser. Le film d’horreur n’est parfois pas bien loin de la réalité. Et pas que… Il y a bien d’autres genres à explorer.  

Je suivis alors le geste de Victor qui me pointa la scène sur laquelle venait de s’installer Howard Stone, le seul et unique dans tous les sens du terme, le pauvre étant inscrit solitairement sur la liste de noire de la fête. Quel avenir lui prévoyais-je ?

- Mon pronostique ?  Il fera son show sans entrave. Il est le chouchou de bien des gens et encore endeuillé. Si Daniele Ricci le fait descendre de la scène, il perdra tout capital sympathique de ses invités. ’’Mais quel genre de personne peut s’en prendre à quelqu’un qui extériorise sa douleur par la musique ?’’. Quand il quittera la scène, Stone se fera poliment mais fermement escorter par la sortie mais il demeurera le grand gagnant de la soirée.

Je bus une gorgée, écoutant la chanson qui avait fait beaucoup de bruit à sa sortie sur les ondes radiophoniques. Stone avait beaucoup trop à gagner et Ricci, beaucoup trop à perdre... La situation allait certes être intéressante à voir évoluer.

- Mon tour.

Je scrutais la plage pour trouver la perle que je cherchais. Elle me donna un peu de fil a retordre mais je découvris Carrie non loin de son frère qui discutait avec Kate Julian. Olivia Cortez n’était pas très loin non plus, comme si toutes les deux veillaient sur le pauvre garçon. Cela envoyait comme message qu’il n’était pas capable de faire face seul à son monstre de mère.

- Que pensez-vous qu’il puisse arriver à deux inconnus qui se rencontre lors d’une fête mondaine et qui, l’alcool aidant, se retrouveraient dans une cabine ?

Peut-être bien que je voulais vérifier par moi-même les dires de Don Hughes qui considérait son gendre comme un coureur de jupons.

Juliet disait que Don n’avait pas l’intention de citer Eleanor sans l’accord de la fille… De même Juliet ne l’aurait pas fait non plus. J’esquissai un petit sourire en coin. Parce que je voyais ça comme un traitement de faveur envers Eleanor. Elle avait le droit de dire si oui ou non elle voulait apparaitre dans la biographie de Don… Je n’ai pas eu le même traitement que je sache…

-Ethiquement correcte… Mais si on voit plus large, c’est injuste pour tous les autres qui n’auront d’autre choix que d’être dans cette biographie et à qui vous n’avez pas demander l’accord.

Comme moi, par exemple. Ou encore Kate Julian. Et bien d’autres encore. Je savais qu’il ne fallait pas demander le droit aux autres dans le cas d’une biographie. Ça serait bien trop fastidieux. Pourtant, Eleanor avait eu cette chance.

J’avais mis en avant la haine que Carrie vouait actuellement à sa demi-sœur. Elle remettait sur Eleanor le divorce de ses parents. Je savais que Carrie avait mal vécu ce divorce. Elle me l’avait mainte fois dit. Carrie me confiait absolument tout. Je ricanai à l’affirmation de Juliet qui disait que, finalement, le seul coupable était Don. Oui. C’était lui qui était allé voir ailleurs. C’était lui qui était, en partie, responsable de son divorce. Bien que…

-Je crois qu’à partir du moment où Don est allé voir ailleurs ça signifiait déjà que le mariage entre lui et la mère de Carrie était foutu depuis un moment.

Sinon, il n’aurait pas eu besoin d’aller voir ailleurs.

On marchait, Juliet et moi, parlant du plan marketing bien rôdé de la jeune écrivaine. Après ça, c’est d’elle que je parlais. Enfin, sur lequel je voulais en savoir plus et j’appris qu’elle n’était en rien familiarisé avec les fêtes chez Ricci vu qu’elle avait passé beaucoup de temps à Londres.

Elle disait s’imaginer les histoires des gens qu’elle observait. Quelque chose que j’avais du mal à faire et j’expliquais pourquoi me perdant un peu dans quelques souvenirs alors qu’on était désormais sur le pont du yacht à regarder la populace s’affairer sur la plage.

Tout ça pouvait finir en film d’horreur. Je le savais. Mais Juliet disait que je ne grattais que la surface. Je plongeai mon regard dans le sien. Elle disait que le film d’horreur n’était pas loin de la réalité. Là, je ne pouvais pas la contradire. La réalité est souvent pire. Elle ajouta que bien d’autres genres pouvaient émerger aussi. Une me vint en tête :

-Un film romantique dans une fête de la jet-set ?

Je ricanai un peu.

-Je crois qu’il y a plus souvent des films d’horreur…

Ou d’autres genre… Elle avait raison… Parce que Stone nous en donna la preuve en grimpant sur scène ce qui m’amenait en tête un film d’action. Mais je laissais à la reine du suspens le soin de me donner le scénario alors que Stone crachait sur la jet-set justement.

Et le scénario que proposa Juliet n’était pas emballant mais c’était probablement ce qui allait se passer. Je fis la moue.

-Le pire c’est que vous avez sûrement raison… Donc, pas vraiment d’action.

Je soupirai.

-Dommage…

Je levai, par contre, un sourcil quand Juliet déclara que c’était son tour. Elle regardait la plage et je tentai de suivre son regard plissant les yeux vers la direction que l’écrivaine regardait. Je vis Kate Julian, en bas, qui causait avec son fils. Non loin se trouvait Carrie…

Mon regard retomba sur Juliet qui me donna un scénario qui laissait peu de place à l’imagination… Ou trop. Je me mordis la lèvre avant que mon regard ne retombe vers Carrie… Je m’étais dit, avant de venir, que j’allais attendre qu’elle s’en aille avant de ramener une fille dans une cabine.

Mais…

Raaaaah c’est trop tentant. Comment je peux résister, moi ?

Mon regard retomba sur Juliet.

-Je pense qu’on devrait aller voir ce qu'il va leur arriver… Je pense que de tous les scénarios de cette soirée c’est celui dont je veux voir la suite !

Et j’entrainai Juliet vers le cabine du yacht. Tant pis pour Carrie ! Je savais, de toute façon, qu’elle n’ira pas mettre le nez dans les cabines. Je savais qu’elle allait éviter toutes les possibilités qui pourraient la conduire à voir ce qu’elle ne veut pas voir.

Arrivé près des cabines, je vis que plusieurs étaient réservées. Il y avait le nom de ceux qui l’avaient réservé sur la porte… Mais il en restait une libre et c’est là qu’on entra.

Je fermai la porte derrière nous et sifflai en voyant qu’il y avait un minibar. Je l’ouvris découvrant une bouteille de champagne et d’autres boissons alcoolisée. Je sortis le champagne.

-Ricci est réellement péter de thunes…

Je déposai la bouteille sur la table. La cabine n’était pas nécessairement grande mais assez pour pouvoir y faire tout ce qu’on voulait. Je me tournai vers Juliet achevant le verre de champagne qu’on avait pris plus tôt. Je déposai mon verre avant de lever ma main pour caresser sa joue…

-Voyons voir où ira ce scénario…

Et, sans attendre, je l’embrassai. Ses signaux avaient été clair et je détestais tourner autour du pot.

Victor soulevait un point quand je mentionnais que de parler d’Eleanor dans la biographie de Don sans son consentement n’était pas correct alors que tous les autres y figurant n’avaient pas eu le même traitement de faveur. Je le regardais avec un petit sourire en coin.

- On peut sortir un avocat du bureau mais pas l’inverse, hein ? Techniquement, nous avez raison mais comme vous le savez, s’il n’y a pas prescription, rien n’oblige un biographe à préserver l’anonymat des gens gravitant autour de son sujet à moins d’allégations criminels, disons. Auriez-vous un squelette dans votre placard, Maitre ?

J’en doutais, du moins, rien de bien transcendant. Je ne comptais pas parler de ses infidélités, de faire la liste de celles qu’on le lui prêtait tout comme je ne voulais pas non plus m’attarder sur le côté obscur de Kate Julian bien que je ne pouvais pas non plus éviter de, tout au plus, l’effleurer.

Carrie, la fille de Don et accessoirement la femme de Victor, n’avait pas bien réagit à la nouvelle de la fille cachée de son père. Je ne pouvais que la comprendre. Pour elle, cela pointait directement le divorce de ses parents et donc, Eleanor en était inévitablement responsable en partie. Victor relativisait plus large en disant que pour lui, du moment où son beau-père avait décidé de sauter la clôture, cela signifiait que son mariage ne l’intéressait déjà plus.  

- Les dires de Don vont en ce sens, oui. Son mariage avait déjà pas mal d’eau dans le gaz à ce moment et d’une chose en entrainant une autre…

En observant les gens depuis l’un des ponts du yacht, j’expliquais à Victor ce qu’il y avait de plaisant à observer, à imaginer les histoires qu’ont ne voyaient pas, de deviner les secrets bien gardés. Plusieurs de mes idées étaient nées alors que j’observais. Assise à un café, dans la fil au supermarché, en attendant un taxi sur le coin d’une rue.

- Pourquoi pas ? Imaginez l’une de ses femmes perdre pied sur le quai et être recourue par les bras fort et virils d’un des convives. Ceci dit, les histoires d’amour ne sont pas ma tasse de thé. Je préfère les histoire d’un tout autre style.

L’arrivée d’Howard Stone sur la scène en contre-bas attira l’attention de pratiquement tout le monde présent ici ce soir. Si tell e était son intention, celle de ne pas passer inaperçue, il venait de viser droit dans le mile. J’avais ma propre théorie sur le sort qui lui était réservé, quand il quitterait la scène, une théorie que Valisa Victor.

- Je le crains.

D’un scénario à un autre, j’en imaginais un qui devait plaire à Victor. J’avais très envie de m’amuser, d’oublier ma relation passée, de vivre autre chose puis si je pouvais vérifier les dites de Don sur les infidélités de son gendre, pourquoi m’en priverais-je ? Victor voulait même que nous allions vérifier de suite, la suite de mon scénario. Je le suivis donc vers une cabine, sachant très bien que sa femme pourrait le chercher à tout instant. Elle semblait cependant bien occupée à discuter ici et là sur la plage que pour se soucier de son époux. J’allais en prendre soin elle n’avait pas besoin de s’en faire.

La première cabine que nous tentions était libre, la chance, en plus d’être pourvue d’un mini bar bien garnie, encore plus de chance. Victor prit une bouteille de champagne et, alors que je m’attendis qu’il en fasse sauter le bouchon, ce fut plutôt vers moi qu’il se tourna pour d’abord caresser ma joue puis m’embrasser, un baiser que je lui rendis en pressant mon corps contre le sien, jusqu’à le faire assez reculer pour nous faire basculer dans l’immense lit.

- Au lit, c’est la que mon scénario les mène, lui dis-je en lui mordillant la lèvre avant de l’embrasser encore tout en défaisant autant que je le pouvais, les boutons de sa chemise.

Il y en avait trop ! Trop de boutons qui pouvaient sauter de leur boutonnière sans que je ne doive utiliser mes deux mains, me forçant à me relever pour exécuter ma tâche, soufflant sur une mèche de mes cheveux qui me barrait la vue. Je n’avais pas l’habitude d’être si entreprenante, l’urgence de vivre et l’impulsion du désir me faisait perdre la tête. L’alcool aussi, certainement. La chemise complètement ouverte, je la fis glisser du corps de Victor avant de me retourner pour qu’il puisse faire de même avec la fermeture éclair de ma robe.

J’esquissai un petit sourire en coin quand Juliet vit très bien l’avocat qui se trouvait en moi quand je soulignai que si elle avait demandé l’autorisation à Eleanor pour cette apparition dans la biographie, elle n’en avait pas fait de même pour tous les autres. Mais comme elle le disait si bien, en réalité, elle n’en était pas obligée sauf en cas d’allégations criminelles. Je le savais mais je voulais souligner le traitement de faveur qu’avait reçu la sœur de Carrie.

Mais la question de Juliet ne s’arrêta pas là… Elle se demanda si j’avais des squelettes dans mon placard. J’esquissai un petit sourire en coin.

-Celui qui répond « non » à cette question est un menteur. Tout le monde en a.

Surtout dans la jet-set. J’en avais… Mais loin de moi l’idée de laisser planer un doute qui forcerait Juliet à bien plus de curiosité.

-Mais de nature criminelle, non. Aucun squelette de ce genre. A vrai dire, je pense que vous trouveriez ma vie un poil ennuyeuse par rapport à ce que vous avez l’habitude de raconter dans vos livres de fictions.

Là, je mentais. Être rabatteur était une activité criminelle. Elle était juste bien acceptée dans la jet-set, cette activité, c’est tout. Mais Don n’avait aucune idée que son gendre s’adonnait à ce genre d’activité qui, je dois l’avouer, rapporte bien.

On parla alors d’Eleanor et de Carrie. Ma femme avait décidé de rejeter toute faute du divorce de ses parents sur la pauvre bénévole mais j’étais certains que Don n’avait pas trompé sa femme sur un coup de tête… L’entente ne devait pas être bonne déjà avant. Juliet confirma ça. Don le lui avait dit.

-Histoire classique…

Rien de transcendant là non plus… M’est d’avis que Juliet devra y mettre de son talent pour rendre la vie de Don trépidante.

Juliet parla des observations qu’elle faisait à cette fête. Des histoires qui pouvait s’y passer. Je voyais mal une histoire romantique naitre d’une soirée de débauche… Mais Juliet n’était pas aussi catégorique que moi. Je rigolai à son scénario alors qu’elle affirma que les histoires d’amour n’étaient pas sa tasse de thé. J’affichai un sourire en coin.

-J’ai vu ça, dans vos romans. Et je dois avouer que, moi non plus, c’est pas le genre de récit qui me passionne, ceux qui parle de romantisme.

Parce que le romantisme est trop mièvre pour moi. Je n’avais jamais été un romantique. Avec personne. C’est sans doute pour ça que ma seul relation longue est avec une femme que j’ai marié pour son héritage…

De toute façon, le romantisme n’existe pas dans la jet-set.

Stone s’amena alors sur scène mais le scénario était déjà tracé d’avance alors je préférais largement ce que me proposa Juliet. On s’éclipsa du pont avant pour rejoindre une cabine qui n’avait pas été réservée. A l’intérieur, je pus remarqué à quel point Ricci était riche. Je savais qu’il l’était mais c’est quand on voit tout ce qu’il possède qu’on peut voir où il se trouvait réellement sur l’échelle sociale.

Je sortis une bouteille de champagne du minibar mais c’était de Juliet que j’avais envie plus que du champagne. Alors je l’embrassai, un baiser qu’elle me rendit pressant son corps contre le mien.

Elle nous entraina sur le lit clamant que le scénario nous menait au lit. J’esquissai un petit sourire alors qu’elle mordilla ma lèvre avant de fermer les yeux pour savourer le baiser que je lui rendis.

Elle s’attela à m’enlever mes vêtements et je ne lui fournis aucune aide la laissant faire et profitant de son contact. Quand elle eut terminé je finis torse nu et ce fut à mon tour de lui faciliter la tâche. Je me redressai un peu, ouvrant sa robe que je fis, à mon tour, glisser. Je fis de même avec son soutien-gorge. Je me mordis la lèvre. Je n’étais pas déçu de ce que je voyais. Clairement ça changeait de Carrie et de Willow. J’aimais les terres encore non-conquise par ma personne.

Je l’embrassai à nouveau la faisant s’allonger complètement sur le lit, moi au-dessus d’elle. Je caressai sa poitrine nue d’une main enchainant les baisers de plus en plus langoureux avant que je ne me redresse pour enlever sa culotte dernier rempart à mon désir. Dans l’aventure, j’aidai Juliet à me débarrasser de mon jeans et de mon boxer. J’étais, de toute façon, trop à l’étroit là-dedans.

Mes doigts virent alors titiller son intimité. D’abord doucement avant que je ne sois plus entreprenant les immisçant en elle pour la faire d’autant plus réagir.

-Dis-le que tu en veux plus…

J’esquissai un sourire. Fallait que je l’entende.  

La conversation avec Victor était facile et plaisante. La façon dont il avait de me répondre franchement sans le toutefois le faire réellement avait un certains charme. C’était comme s’il cultivait le mystère tout en levant le voile sur ses secrets. Je ne pouvais qu’être charmée et comme il était bel homme, il n’aurait qu’à tendre la main pour me cueillir, aussi simple que cela.

- Tout le monde en a, c’est bien vrai.

Qui n’avait pas de squelette dans son placard ? Même moi j’en avais ! Oh, possiblement jamais d’aussi gros et effrayant que bien d’autres mais j’en avais et je les préservais jalousement. Je n’étais pas prête à en confesser la présence au premier venu, même à Victor qui pourtant lui, répondait à ma question en précisant toutefois que les siens n’étaient pas d’ordre criminelle.

- Un squelette demeure un squelette, monsieur Hunter.

À commencer par Howard Stone qui exorcisait les siens en chantant haut et fort ses griefs contre la jet-set. Ironique quand même un peu. Il avait besoin d’attention, qui étais-je pour l’en priver surtout qu’au vus des épreuves qu’il traversait, il avait bien le droit à une tribune pour s’évader un peu. Ceci dit, sa sortie de scène risquait d’être intéressante.

De fils en aiguilles, notre conversation devenait empreinte de sous-entendu qui ne laissait pas beaucoup de place à l’imagination, un comble pour une écrivaine telle que moi qui en débordait. Nos regards bordant la plages finirent par se rejoindre et conclure une entente muette qui nous conduisit tous les deux dans une cabine privée. Si Victor alla lui vers le bar pour en sortir une bouteille de champagne, ce fut sur lui que je jetais mon dévolu, le forçant à reculer jusqu’au lit pour finir à califourchon sur ses cuisses et en plein combat avec les boutons de sa chemise.

J’étais pressée ou excitée, peut-être bien les deux tout à la fois m ais vu comment Victor emboita mes gestes me libérant à mon tour de ma robe et de mon soutien-gorge, je pouvais conclure qu’il en avait tout autant envie que moi. C’était ce qu’on appelait un coup de foudre passager, l’histoire d’une nuit, quoi de plus excitant ?

Nos baisers étaient brûlants avides je dirais même. J’inhalais son haleine empreinte d’alcool, m’enivrant au passage, me faisant palpiter des paupières. Je soupirais déjà d’extases alors que ses doigts flirtaient à peine avec mes lèvres intimes, les écartant au passage. Son sexe palpitais contre ma cuisse que je relevais instinctivement avant même qu’il ne me prenne par surprise me demandant si j’en voulais plus.

- J’en veux plus ! Donne m’en plus !

L’heure n’était plus au vouvoiement, nous avions fait l’impasse sur la politesse élémentaire.

Je laissais mes mains couler le long de son dos jusqu’à ses fesses que je pris férocement pour les pétrir, y enfoncer les doigts comme pour l’intimer de se plaquer encore plus à moi. Mes lèvres glissaient sur son visage jusqu’au creux de son cou que je mordillais doucement, non sans grogner de plaisir. Ma dernière fois remontait à tellement longtemps que je craignais presque ne plus savoir comment faire, je ne voulais pas être au bas du tableau de chasse de Victor !

J’attrapais alors son visage entre mon pouce et mon index et j’accrochais son regard du mien, cherchant à décoder dans ses yeux, ses pensées les plus intimes.

- Victor ! Oh, Victor !

Si je n’avais pas oublié notre conversation une fois entré dans la cabine libre, j’en avais, par contre, oublié mes quelques moments de faiblesses. De bref instant où j’avais laissé transparaitre quelques ressentiments par rapport à ce genre de fêtes. Une partie de ce monde que j’avais détesté avant de, quelque part, l’assimiler et en faire partie au fur et à mesure des années.

Le richesse de la cabine montrait à quel point Ricci ne manquait pas de moyen et à quel point j’avais encore du pain sur la planche avant d’arriver à un tel niveau de richesse. Je ne me rendais pas compte que c’était ça, dehors, que voulait nous dire Stone entre autre chose. A vrai dire, j’avais complètement oublié Stone me concentrant uniquement sur Juliet avec qui j’avais échangé des baisers.

Des femmes, j’en avais vu de différentes sortes. Des faciles, de stupides, des vierges effarouchée, des prudes, des ambitieuses et j’en passe… Mais Juliet était un doux mélange entre un femme intelligente, intrigante et qui semble toute disposer à savoir s’amuser. J’aimais ça. Je ne pouvais pas le nier. Au point même où je n’avais même pas attendu que Carrie se barre pour commettre un adultère. Un énième adultère ça allait sans dire.

Juliet était aussi excitée que moi si bien que, rapidement, nos vêtements finirent au sol nous laissant totalement libre de tout mouvement. J’en profitai pour l’embrasser encore et encore avant que mes doigts ne flirtent avec son sexe qui se mouillait déjà au moindre petit contact. Je gémis un rien quand sa cuisse frôla mon sexe dressé par le plaisir avant de lui demander de me dire qu’elle en voulait plus.

Elle confirma m’arrachant un petit sourire alors que me doigts entrèrent encore plus en elle. Je sentis ses mains dans mon dos. J’en frissonnais. C’était dingue comme Juliet arrivait à me faire ressentir alors que ça faisait des mois que Carrie n’y arrivait plus aussi facilement. Sans doute parce que coucher avec Carrie était devenu plus une corvée qu’autre chose…

Je sentais dans ses gestes qu’elle en voulait plus. C’était encore plus éloquent que ses paroles. Elle mordillait mon cou alors que mes doigts faisaient des allées et venues de plus en plus profonde. Mon sexe, lui, frottai contre sa cuisse.

Moi aussi, j’en voulais plus. C’est ce qu’indiquait mon regard quand Juliet me fit la regarder dans les yeux alors qu’elle répéta mon nom. Son regard mon sondait comme si elle essayait d’obtenir mon plus grand secret.

Je souris d’un sourire en coin. Je n’étais pas sûr d’être prêt à la laisser me sonder ainsi alors, pour la prendre par surprise, je remplaçai mes doigts pas mon sexe d’un mouvement suave bien que légèrement brusque. Je l’embrassai, ensuite, langoureusement pour couvrir à moitié le gémissement qui s’échappa de mes lèvres.

J’allai et venais en elle. D’abord doucement et puis de plus en plus vite alors que le plaisir montait en moi. Je ne me retenais pas de gémir lâchant de temps en temps son nom alors que la tête de lit tapait contre le mur de la cabine. Il n’y avait probablement personne à côté… Les gens étaient sûrement en train de regarder le petit numéro de Stone… Enfin, si les choses n’étaient pas déjà finies…

Je n’en savais rien…

Je m’en fichais…

Il n’y avait que mon plaisir qui comptait alors que je me sentais tout doucement craquer. Mais je voulais l’entendre atteindre l’orgasme avant de me laisser aller en elle. J’aimais entendre ça avant de profiter moi-même de mon propre plaisir.

J’étais venue ici ce soir pour faire tapisserie, pour observer ma nouvelle jungle, pour déterminer qui était les tarzans de cette terre consacrée. J’avais apprécié ma solitude, m’abreuvant de champagne et de conversation que j’interceptais avant que n’entre Victor Hunter, dans mon paysage. Tout de suite, il m’avait intrigué, peut-être parce que jusqu’ici, les seules informations pour me faire une idée de l’individue me venait de son beau-père qui ne l’aimait pas beaucoup, en tous les cas, on ne pouvait pas dire que Don Hughes portait son gendre en haute estime.

Je n’étais pas de celles qui achètent tout ce que l’on leur dit sans chercher à se faire sa propre opinion. Évidement, je n’ai pas non plus besoin de me mettre les doigts sur le serpentin de la cuisinière pour deviner que je risque de me bruler. Cependant, l’opinion de Don sur Victor ne pouvait qu’être biaisé par le sentiment d’un père cherchant plus que le prince charmant pour sa petite princesse. Don me donnait l’impression de ne trouver personne à la hauteur pour sa progéniteur, à l’exception de sa belle-fille, Olivia Cortez-Reed-Hughes pour qui il ne tarissait pas d’éloge. C’était même parfois à se demander si le Don ne préférait pas la jeune chanteuse à son propre fils. J’exagérais mais pas tant que ça et si ce n’était pas le cas, Don aurait intérêt à changer de lexique, quand i complimentait sa bru.

Notre conversation, à Victor et moi, changea vite de sens, allant là où je ne l’aurais jamais soupçonné mais moi qui adorais l’aventure et le goût du risque, et ce malgré même que je soignais une rupture dû à l’infidélité de mon ex fiancé, j’avais envie de pousser plus loin et de m’évader avec l’avocat, malgré même que cela risquait de biaiser mon propre jugement, quand viendrait le temps d’écrire mes lignes sur le couple formé par Carrie Hughes et Victor Hunter.

Il ne fallu pas longtemps pour que, dans la cabine, nos vêtements se retrouvent au sol et qu’on soit plaqués l’un contre l’autre échangeant baisers passionnés et caresses torrides. Victor était un homme de fin doigté qui me faisait la démonstration de sa motricité la plus fine, m’arrachant quelques soupires avant qu’il ne m’extorque une supplication.

J’en voulais plus !

Déjà, son sexe contre ma cuisse provoquait en moi un désir des plus indécent. Jen e savais plus où le toucher tant il me faisait perdre la tête. Mes mains glissaient sur son corps ici et là comme si je voulais le toucher ou le posséder tout à la fois, en entier, d’un seul morceau. Je gémissais déjà avant que je ne prenne son visage entre mon pouce et mon index pour qu’il puisse savourer l’extase s’imprimant sur mon visage et s’en glorifier.  

Puis il entra en moi, d’un mouvement suave. J’en renversais ma tête, contre l’oreiller de plumes en m’en mordant si fort la lèvre inférieure que j’aurais bien pu me blesser. Je ne voulais pas hurler mon plaisir, tout luxueux le yacht pouvait-il être, nous n’étions pas à l’abri d’une oreille indiscrète plaquée cotre notre porte. Qui sait ?

Je calquais mes propres ondulations d’hanches sur les mouvements du bassin de Victor, m’agrippant à pleine mains sur ses fesses étonnamment froides et douces. Je fus la première à céder à l’orgasme, toute fragile et prompte que j’étais. J’aurais peut-être dû céder aux vices des relations sans lendemain, depuis ma séparation. Mais qu’à cela ne tienne, je ne m’avouais pas vaincue pour autant, profitant de cette première vague passée pour nous faire rouler sur le matelas et chevaucher Victor pour le mener à son tour à l’orgasme. J’ondulais des hanches, une main pose contre son torse et mon autre, sur ma poitrine bondissante. J’allais et venais aussi fougueusement que lascivement jusqu’à ce qu’il ne succombe et se répande en moi, avant de me laisser aller sur lui, essoufflée et ravie.

Une chose était certaine, cette petite aventure ne figurerait pas dans la biographie de Don Hughes !

C’était sans doute trop tôt dans la fête pour de tels ébats mais j’avais sans doute eu peur que l’occasion de m’éclipser de la sorte avec Juliet Jones ne se présente pas plus tard. Ou se présente mais qu’elle et moi soyons bien trop imbibé d’alcool que pour vraiment profiter de chaque instant de cette escapade.

Au départ, lors de notre rencontre, c’était des réponses sur la biographie de Don que je voulais extirpé à Juliet… Maintenant, je ne cherchais plus qu’à lui extirper des gémissements de plaisir. Mes doigts m’aidant à ça alors que mon sexe de plus en plus gonflé frottai contre sa cuisse.

C’est quand mon regard bleu s’attarda dans le sien, que je finis par la pénétrer suavement. Je la vis se retenir d’hurler ce qui me fit légèrement sourire. Elle n’avait sans doute pas envie d’attirer l’attention vers cette cabine que j’avais quand même pris la peine de verrouillée. J’aimais vivre dangereusement mais je voulais aussi un maximum calculer les risques. Je ne voulais pas perdre une petite fortune parce que je n’avais pas su me retenir d’emmener Juliet ici pour obtenir un plat que je n’avais encore jamais goûté.

Et quel plat ! Les caresses de Juliet sur mon corps alors que j’allais et venais en elle me faisait frissonner. Je la sentis alors atteindre le point de non-retour me faisant gémir au passage. J’allais continuer pour atteindre, moi aussi, l’orgasme mais elle prit les choses en main et je devais avouer que j’adorais ça. Elle ondulait sur moi et je cherchais à garder les yeux ouverts pour la regarder se donner complètement. Ce spectacle et la façon dont elle bouger me fit gémir jusqu’à ce que je vienne en elle dans un dernier gémissement.

Juliet retomba sur moi alors que je reprenais mon souffle en caressant distraitement son dos. Je ne dis rien… J’aimais profiter de ce moment après l’orgasme. Je finis même par fermer les yeux en continuant mes caresses sachant très bien que je ne pouvais pas m’éterniser ici.

Dommage…

C’est ce que je pensais alors que nos respirations semblaient comme synchronisées.

-Je resterais bien là…

C’est ce que je soufflai ma bouche près de l’oreille de Juliet. J’aurais même bien voulu un second round mais si je m’absentais trop Carrie ne pourrait plus aussi facilement jouer les autruches.

-Mais je ne peux pas…

Je la fis se redresser et je fis de même l’embrassant avant de me dégager de notre étreinte un peu à contre-cœur. Je commençais à me rhabiller. On entendait plus Fireworks dehors donc Stone devait en avoir terminé avec son petit numéro. Je me tournai vers le miroir pour réarranger mes cheveux profitant encore, dans le reflet, du corps de Juliet. Je m’en mordis un rien la lèvre avant de me retourner vers elle.

-Inutile de te dire que ça doit rester entre nous… Je crois que c’est évident.

Mais en tant qu’avocat avisé, je ne pouvais m’empêcher de le préciser. Je revins vers Juliet pour l’embrasser encore avant de lui sourire.

-J’espère qu’on se reverra.

Secrètement, j’avais envie de la revoir tout à l’heure. Mais je doutais que Juliet reste aussi longtemps. Bien que rien ne l’excluais.

Je m’approchai de la porte, l’ouvris, vérifiai si la voie était libre. Elle l’était. J’envoyai un dernier regard à Juliet avant de sortir.

Victor était un amant agréable pour ne pas dire exceptionnel. Je me perdais dans ses bras, laissant aller toutes pudeur. Ses beaux yeux bleus me faisaient fondre et ses baisers envoûtant m’ensorcelaient. Nous gémissements, au diapason, flottaient dans la chambre en une magnifique mélodie grivoise.

Je fus la première victime consentante de l’orgasme et, entre mes paupières mi closes, je pouvais voir la satisfaction de Victor sur son visage fier. Le plaisir avait été saisissant, foudroyant et loin de moi l’idée d’en arrêter là, je voulu donner le change à Victor, nous faisant rouler sur le lit pour m’installer en sensuelle cavalière sur ses cuisses. Mes seins bondissaient tout comme mes cheveux volaient autour de ma tête comme une auréole abstraite.

Victor abdiqua à son tour, jouissant béatement. Son corps trembla sous le mien alors que je me laissais aller à m’allonger sur lui, séparant nos intimités dans le mouvement. J’étais tout de même confortable alors que je reprenais mon souffle, donnant un peu de répit à mon cœur qui s’était emballé.

Pour une première participation à une fête Riccidienne,  on pouvait dire que j’avais fais fort. J’avais vécue l’expérience en son intégralité et je faisais maintenant partie des histoires qu’on murmuraient.

- Mais tu n e peux pas… répétais-je en écho alors que Victor lui-même avouait ne pouvoir s’éterniser dans cette cabine avec moi.

Il était effectivement plus sage que l’on ne prenne pas davantage de temps. Si j’étais ici de façon purement anonyme, il n’en allait pas de même pour Victor dont la femme n’allait pas tarder à le rechercher, si elle ne le faisait pas déjà.

J’attrapais mes vêtements, tout comme Victor, pour les enfiler et je lui demandais, en ne faisant que de me retourner, de m’aider à remonter la fermeture éclair de ma robe. Une fois fait, je replaçais mes cheveux pendant que Victor me faisait une recommandation superflue. Il était évident que ce que nous venions de faire ne devait pas s’ébruiter, autant pour lui que pour moi. J’imaginais sans difficulté les remontrances de Don Hughes s’il devait savoir que son écrivaine avait couché avec le mari de sa fille alors qu’il l’avait expressément mise en garde contre les habileté adultère de son gendre.

- Ce sera fort probablement au lancement de mon livre.

Autrement, je ne voyais pas en quelles autres circonstances nous pourrions-nous retrouver à moins que le désir d’une récidive naisse mais j’en doutais. L’acte avait été agréable, je m’étais laissé prendre au jeu de la séduction et pour le temps où nous avions été dans cette cabine, je m’étais sentie désirée ce qui avait aidé à panser quelques vieilles cicatrices encore douloureuse mais cela se terminait ici, avec Victor qui ouvrait précautionneusement la porte pour s’assurer qu’aucun témoin ne puisse nous trahir.

Je le laissais donc filer et attendis quelques instants avant de sortir à mon tour. Je refermais la porte lentement, avec douceur, comme si j’avais peur que son claquement transmettre la rumeur de ma petite aventure.

- Juliet ! Je suis ravie de faire votre connaissance !

Mon cœur se mit à battre à vive allure alors que Carrie Hughes me faisait amicalement la bise et que moi, par ce geste totalement anodin et débordant de bienséance, je me raidis en ressentant encore les mains de Victor sur mon corps.