Dans mes sacs, j’avais absolument tout pour transformer la villa d’Howard en véritable palais du Père Noël. Tout ce que je lui avais demandé était de dénicher un sapin naturel ou non et je me chargeais du reste. J’avais suffisamment de guirlandes de lumières multicolores pour enrubanner toute la maison sans compter sur les guirlandes aux paillettes brillantes, les fleurs de poinsettias blanches et rouges, des casse-noisettes de différentes grandeurs et des boules pour le sapin. J’avais aussi pris tout ce qu’il fallait pour emballer les cadeaux si toutefois mon ami avait eu le temps de courir les centres d’achats pour le premier noël de ses enfants.

La tête qu’avait fait Howard en me voyant débarquer les bras pleins de sacs ne surpassait pas celle qu’il a quand je lui avais dit que la voiture débordait et que j’avais besoin de son aide pour tout transporter à l’intérieur. Je lui avais promis de l’aider à rendre ce premier noël mémorable et je comptais bien me montrer à la hauteur de mes paroles. De toute façon, il devait se douter que je ne faisais jamais les choses à moitié.

La maman d’Howard venait de partir avec les petits. Apparemment, elle avait eu envie de les faire prendre en photo avec un père noël de centre d’achat et David était sorti avec Collins, c’est ce qu’Howard m’avais dit. Nous avions donc la maison à nous et assez de temps pour l’illuminer.

J’avais vidé tous mes sacs pour refaire l’inventaire de tout ce que j’avais et j’avais commencé à faire un plan dans ma tête d’où irait tel ou tel chose. Howard se sentait peut-être dépassé par mon ambition ou peut-être qu’il était autant excité que moi, c’était difficile à dire mais il ne pouvait pas résister à mon air décidé que j’avais coiffé d’un bonnet de noël.

C’est par le sapin que je décidais de commencer. Je me disais que ce serait un bon point de départ et, avec la musique de noël qui jouait en boucle à la radio, ce serait plus amusant. En tous les cas, moi j’étais à fond dans ma mission.

- Regarde ! Il est mignon cet ange, non ? Il trônera parfaitement au sommet de ton arbre. Ou bien tu préfères l’étoile ?  

J’avais plusieurs options d’ornement pour la tête du sapin. J’avais un faible pour l’ange que je tenais en main mais c’était l’arbre d’Howard, mon ami préférerait peut-être l’étoile dorée ou bien encore, celle qui allumait.

Je m’étais reculer tout en entortillant le ruban de l’ange autour de ma main et je regardais le sapin qui brillait magnifiquement avec toutes ses lumières et ornements. Sans aucun doute, j’avais autant d’étoiles dans les yeux qu’il y en avait de suspendu aux branches de l’arbre. C’était plus fort que moi, noël était ma période préférée de l’année, celle où je me sentais le mieux, celle pendant laquelle ne voulais encore croire à la magie comme lorsque j’avais quatre ans.

Happy Xmas , ma chanson préférée de noël succéda à une énième version de Jingle Bell Rock. Je déposais l’ange sur le dessus de sa boîte et je me penchais pour ramasser une guirlande de lumière dans laquelle s’était formé un nœud en la déroulant un peu plus tôt. C’était toujours ce qui m’arrivait, pendant que je décorais. Je sortais trop de chose avant le temps ce qui faisait que, au moment de les installer, il manquait un morceau ou un nœud se formait. Loin de me laisser impressionner, je dénouais patiemment la guirlande avant de me diriger vers l’escabeau posé contre le mur plus loin.

- Tu en penses quoi si je l’installe à cette hauteur et que je la fais traverser la pièce pour l’accrocher là-bas ?

À mon humble avis, ce serait très beau mais je gardais en tête que je ne décorais pas ma maison, mais bien celle d’Howard. Si ça trouvait, il avait peut-être envie que je remballe tout mon bardas.

J’avais acheté un sapin. Un super grand sapin… Il faut dire qu’un p’tit sapin, ça l’aurait pas fait dans mon grand salon… Alors, j’avais acheté un grand et des gens étaient venus me l’amener et le foutre dans mon salon. Le sapin était pas encore décoré. C’était Livia et moi qui allions le décorer. Elle s’était proposée pour m’aider à tout décoré y’a un p’tit temps d’ici et j’crois qu’il était plus que temps de s’y mettre.

Peu avant l’arrivée de Livia, ma mère avait décidé de partir avec les p’tits pour aller voir le Père Noël au centre commercial. Elle disait que c’était méga important et tout. Moi, j’étais juste content qu’elle se casse. L’était là depuis le matin et à part me critiquer elle avait rien fait d’autre.

Peu après, Livia était arrivée… Mais quand j’vis tous les sacs qu’elle avait et combien ils étaient rempli, j’en revenais pas. Surtout qu’elle m’avait dit qu’il y en avait plein d’autre dans la voiture. L’est sérieuse ? Ouais ! Elle l’était ! Vous auriez dû voir tous les sacs qu’il y avait ! Heureusement que ma villa était méga grande et qu’il n’y avait pas qu’une pièce à décorer. J’avais blagué en disant qu’on pourrait décorer tout Beverly Hills avec tout ce qu’elle avait apporté. Livia m’avait déjà montré à quel point Noël était important pour elle mais j’m’attendais pas à tant de dévouement.

Une fois les sacs à l’intérieur, on avait commencé à déballer. Y’en avait un tas de trucs. J’crois pas avoir déjà vu autant de décoration. Enfin, si… J’avais déjà été à des fêtes de Noël dans la jet-set où les décorations étaient légion. Mais jamais ça n’avait été le cas chez moi. Quoi qu’il en soit, l’enthousiasme de Livia inonda la pièce et j’dû céder quand elle mit un bonnet de Noël sur ma tête. J’avais quand même fait la remarque que ça allait m’décoiffer mais avec mon air nonchalant ça faisait plus rire qu’autre chose.

On avait mis la radio. Ils passaient que des chansons de Noël ces derniers temps alors c’est dans l’ambiance de Noël qu’on allait mettre du Noël partout. Surtout que j’avais mis, à notre disposition sur le bar de mon salon, toutes les bouteilles qu’il nous fallait pour tenir le coup. Une bouteille de vodka était déjà ouverte et entamée mais j’avais aussi sorti d’autre alcool et des softs au cas où Livia avait soif.

Première mission : le sapin. C’est par là que Livia voulait commencer. On s’était mis à le décorer mais il fallait, maintenant, trouver la meilleure décoration pour le haut du sapin. Livia proposa l’ange. Mais y’avait aussi des étoiles différentes. J’regardais et manipulai les décorations. L’ange était pas mal… Mais j’adorais les étoiles aussi. Livia, elle, se recula comme pour analyser ce qui irait le mieux. J’souris en la regardant. L’avait l’air aux anges. J’savais pas que décorer une pièce pourrait autant emballer quelqu’un. Moi, ça m’faisait juste plaisir de passer du temps avec elle. Depuis la fête chez Ricci, Livia était devenue une sorte d’échappatoire pour moi. Et j’avais l’impression que c’était réciproque.

-L’ange. Va pour l’ange. Y’a déjà quelques p’tites étoiles sur le sapin. Y’a pas encore d’ange. L’ange ça fera très bien.

L’était cool l’ange. Bien que ça l’aurait encore mieux fait si on avait mis une batterie.

J’regardais notre œuvre pendant que Livia déroulait une guirlande. Mon regard se tourna vers elle et j’rigolai un p’tit peu en la voyant se débattre avec la décoration. J’aurais pu l’aider. Mais l’était mignonne à essayer de défaire le nœud.

Elle finit par y arriver.

-Victoire !

C’est ce que j’dis avant de boire une gorgée de vodka à même la bouteille. Livia, elle, grimpa sur l’escabeau afin de trouver le bon endroit pour la guirlande. Je m’approchai de l’escabeau.

-C’est une bonne idée. J’pense qu’on devrait mettre une guirlande identique de l’autre côté de la pièce. Ainsi, ça fera un bel effet. Oh et j’pense aussi qu’on devrait mettre une guirlande de lumière le long du bar. Faut mettre le bar en valeur. L’est beau et utile mon bar.

Il était surtout utile.

Alors que j’tenais l’escabeau pour pas que Livia se plante, j’lançai alors :

-Chez toi, t’as pu décorer, finalement ? Parce que vu le dévouement que tu mets et les idées que tu as, ça serait bête de pas avoir pu…

J’savais que Julian aimait pas la poussière. C’est Livia qui me l’avait dit.

Howard exagérait à peine quand il disait qu’avec toutes les décorations que j’avais apporté avec moi pour chez lui, nous pourrions décorer tout Beverly Hills. J’avais vu grand mais c’était plus fort que moi ! Avec noël, il n’y avait pas de demi-mesure. Je lui avait fait comme réponse que le premier noël de ses enfants se devait d’être souligner en grand et que pour cela, il n’y aurait jamais assez de décorations. Je savais que les petits ne se souviendraient pas de cette grande première mais un jour ils verraient des photos et ils verraient que leur père avait tout fait pour que ce moment soit pour eux magique.

Nous avions commencé par le sapin qui était la pièce maitresse de toute décoration qui se respecte. C’était important de bien choisir les boules et leurs emplacements sur les branches. Je savais qu’en ce moment, je pouvais paraitre un peu intense mais Howard me remercierait plus tard quand il verrait le résultat puis, quelque par au fond de moi, je me disais que Peyton aurait certainement fait en sorte que son sapin soit le plus beau de Los Angeles.

L’ornement de la tête du sapin était crucial. Je ne savais pas quoi choisir entre l’ange ou une étoile mais puisque c’était le sapin d’Howard, je lui laissais le choix. Après tout, ce serait lui qui se lèverait tous les matins d’ici noël et qui contemplerait notre chef d’œuvre. Il décida pour l’ange alors je le lui tendis pour qu’il puisse l’installer lui-même.

- Va pour l’ange !

Pendant ce temps-là, moi, je me débattais avec une guirlande de lumière que je voulais suspendre d’un bout à l’autre de la pièce pour la rendre encore plus lumineuse.

- Ce n’est pas une guirlande de lumière qui aura le dernier mot avec moi !

Je grimpais dans l’escabeau pour fixer un but de la guirlande pendant qu’Howard me suggérait d’en installer une autre de l’autre côté de la pièce et aussi, autour de son bar. J’avais assez de guirlande pour enrubanner toute la maison alors nous pouvions nous permettre d’en mettre partout où il le souhaitait.

- C’est moi où tu développes doucement la passion de la décoration ? Va pour le bar ! Et j’en mettrais aussi une sur les main courantes de ton escalier. Ça ferait beau le soir.

Je descendis de l’escabeau en tenant le reste des lumières et je me déplaçais dans la pièce pour me rendre de l’autre côté où je fixerais l’autre extrémité alors qu’Howard, trimballant pour moi l’escabeau, me demanda si j’avais décoré chez moi.

- Je mettrai la veille de noël un sapin blanc avec des boules blanches et des lumières blanches et c’est tout… Julian trouvait que c’était déjà trop et que ça allait amasser trop de poussière si nous l’installions trop tôt…

Peut-être que c’était pour ça que je me lâchais complètement chez Howard aujourd’hui en couvrant de magie des fêtes, chaque recoin de son salon en débordant même dans son entrée et son grand escalier. Je fixais l’autre extrémité de la guirlande et descendis de mon perchoir pour admirer le résultat.

- Est-ce que tu as eu le temps d’acheter les cadeaux ? Je peux t’aider à faire les emballage si tu veux.

J’étais douée pour faire de beaux emballages au point ou mon père disait souvent que c’était dommage de déchirer le papier pour voir ce qui se trouvait à l’intérieur.

- Tiens, tu peux prendre celle-là pour ton bar. Nous pourrions suspendre des boules de noël sur la guirlande, ça ajouterait de la brillance. Ah et, j’allais oublier ! J’ai apporter ce qu’il faut pour cuisiner des biscuits en pain d’épices. Mais c’est si tu as envie, hein ! David et toi pourrez les manger la veille de noël pour faire comme si le père de noël était passé.

Bon, Phénix et Penelope n’en avaient rien à foutre des biscuits et du verre de lait, ils étaient trop petits encore mais je me disais qu’il n’était pas trop tôt pour commencer une belle tradition pour eux. Howard était un super papa, il avait simplement besoin d’un petit coup de pouce pour se diriger.

Je laissais Howard s’arranger avec la décoration de son bar et je fouillais dans mon sac à la recherche de canne en sucre d’orge pour disperser au travers des décorations mais au lieux des sucreries, je trouvais une fleur de gui et ça me fit sourire.

- La tradition veut que l’on doit s’embrasser quand l’on se trouve en dessous alors… Bah, peut-être que je devrais ranger celle-là si tu ne veux pas être obligé de faire la bise à ta mère ou que David se retrouve à devoir le faire.

De ce que j’en savais, la relation entre Howard et ses parents s’était un peu amélioré avec la naissance de ses enfants mais ce n’était pas non plus comme un long fleuve tranquille.

Ça sera l’ange qui trônera au-dessus du sapin. J’trouvais que ça allait bien donner tout comme la guirlande que Livia essayait tant bien que mal de démêler sous mon regard amusé. L’était sûr de pouvoir avoir le dernier mot sur ce coup-là ce qui me fit rigoler.

-Ouais, j’imagine bien que tu vas battre la guirlande.

Elle finit, d’ailleurs, pas y arriver avant de grimper sur l’escabeau pour trouver la hauteur idéale pour mettre la guirlande. C’était quand même tout un boulot de décorer tout ça… Du coup, j’trouvais un peu ça con de laisser tout ça l’espace de quelques semaines seulement. J’pourrais p’t-être laisser les décos jusqu’à Noël prochain… Naaan… Tout l’monde allait m’prendre pour un fou si j’faisais ça. Ou pour un foutu paresseux.

Livia lança des idées et j’me mis à faire la même chose voyant un p’tit peu mieux comment agencer les choses et ayant, soudainement, envie de foutre mon bar en valeur. L’était très beau mon bar. Pour Livia, je commençais à développer une passion pour les décorations de Noël. J’rigolai.

-Tu m’as filé ton virus méga contagieux, c’est pour ça.

Elle pensa mettre une guirlande sur la main courante de l’escalier. Ouais, ça fera cool aussi. J’hochai de la tête.

-C’est pas une mauvaise idée.

J’regardai Livia se débrouiller avec la guirlande avant de demander si, chez elle, elle avait pu décorer comme elle le voulait. Apparemment, l’avait encore rien fait mais elle allait mettre quelques décorations la veille de Noël. Pas grand-chose… J’fis une moue triste.

-Faut qu’il se fasse soigner. La poussière a jamais tué personne. C’est un peu naze de pas pouvoir décorer comme tu veux ta propre maison.

C’était mon avis… J’trouvais que Julian exagérait.

J’regardai le beau résultat de la guirlande accrochée avant que Livia me demande si j’avais eu le temps d’acheter des cadeaux. J’étais naze pour faire les emballages alors c’était cool que Livia se propose pour ça. J’esquissai un p’tit sourire.

-Ouais, j’crois que tu vas pouvoir faire les emballages. J’ai des cadeaux pour les jumeaux et pour David. J’ai acheté des jouets aux jumeaux. Ils sont encore trop p’tit pour jouer réellement mais vont grandir vite, donc… Y’a pas mal à emballer.

Ils grandissaient déjà vite. Ils avaient déjà changé pas mal depuis qu’ils étaient nés.

Livia me fila une guirlande pour le bar et j’la pris en me dirigeant vers celui-ci pour commencer à disposer la guirlande alors que Livia lança d’autres idées dont l’idées des biscuits aux pains d’épices.

-Oh cool ! J’sais pas faire de biscuit alors ça serait cool que t’en fasse.

J’savais pas faire grand-chose en fait. J’cuisinais jamais. J’me faisais livré de la bouffe ou j’allais manger dehors, en général.

J’continuai à me débattre un p’tit peu avec la guirlande. C’était chacun son tour sur ce coup-là. C’était pas simple avec tous ces nœuds mais j’finis par y arriver avant que Livia me parle de la fameuse tradition de s’embrasser sur le gui. J’fis une grosse grimace à l’idée d’embrasser ma mère sur la joue pour faire en sorte que la tradition soit respectée.

-Naaaan. Pas embrasser ma mère sur la joue. Quelle horreur. Tout mais pas ça. Et l’pauvre David survivra pas à ça non plus alors…

J’fis la moue avant d’esquisser un p’tit sourire.

-Met-le quand même. Au pire mon père embrassera ma mère.

J’abandonnai un coup mes guirlande pour m’approcher de Livia et du gui. J’le pris délicatement en main et je fis signe à Livia d’me suivre. Je l’accrochai alors en hauteur juste au-dessus de nous. J’pris le temps de bien l’ajuster. Depuis que Livia était arrivée tout à l’heure, j’commençais à avoir le tour pour accrocher des trucs.

-Là ! C’est très bien. Tu trouvas pas ?

J’esquissai ensuite, un p’tit sourire alors que Livia était juste à côté de moi. J’me tournai vers elle. On était en dessous du gui alors… Bah… Sans vraiment réfléchir j’embrassai Livia. Comme ça. Impulsivement. Sans prévenir personne.  

Il était hors de question qu’une simple guirlande de lumière ait l’avantage sur moi, pas aujourd’hui en tous les cas ! J’étais déterminée à dénouer tous les nœuds et, finalement, ce fut sans trop de mal que je parvenue à complètement libérer toutes les lumières et allonger de tout son long, la guirlande. Elle était assez longue pour traverser le salon d’Howard et mon ami disait même que d’en placer une de l’autre côté ferait un bel effet, autant que d’illuminer son bar.

De le voir s’amuser autant que moi me laissais croire qu’il s’était laissé contaminé par ma joie de noël. Il rigola en disant que je l’avais contaminé avec un virus ultra contagieux. En rigolant, je lui tirais la langue avant de continuer ma besogne. Ma mission étant de rendre la maison d’Howard aussi lumineuse que le royaume du Père Noël, je ne devais pas me laisser distraire, au contraire, j’avais même une nouvelle idée concernant l’escalier.

- Ça le rendra féérique…enfin, autant qu’un escalier peut l’être !

J’avais tendance à me laisser submergée par ma passion de noël. Pour moi, chaque lumière était synonyme de joie et de bonheur. Chaque décoration m’emplissait d’un sentiment d’allégresse, je redevenais la petite Olivia de six ans qui décorait le sapin en compagnie de sa maman avec, en fond, des airs de noël.

Howard me demanda si les décorations chez moi allaient aussi bon train mais ce n’était pas le cas. Julian ne partageait pas ma passion du temps des fêtes et même que son tic de plus ne plus envahissant et accaparant m’empêchait d’installer notre sapin de peur de voir ses branches se couvrir de poussière.

- Pourquoi tu crois que je me venge en décorant ta maison comme la vitrine d’un grand magasin  ? Faut bien que je satisfasse mes ambitions de mère noël qui sommeil en moi, quelque part !

Je tournais la situation à la blague mais au fond de moi, j’étais déçue. Howard avait raison en disant que c’était également chez moi et que je devrais pouvoir y vivre à ma manière et pas seulement comme Julian le voulait.

Ensuite, je proposais à Howard de l’aider avec les emballages des cadeaux, s’il voulait mon coup de main, bien sûr ! Il accepta et je souriais, satisfaite. Je n’étais pas pressée de rentrer à la maison de toute façon. Julian ne reviendrait que très tard d’une énième rencontre avec son équipe de production pour sa voiture et l’idée de passer la soirée dans ma maison trop grande, trop blanche et trop propre ne me disait pas grand-chose.

- On fera les biscuits avant l’emballage, si tu veux. Comme ça ce soir, tu pourras t’amuser à les décorer avec David.

Dans mon sac de décoration, je trouvais une fleur de gui et j’hésitais à l’installer parce que je voyais mal Howard embrasser sa mère chaque fois qu’ils e croiseraient en dessous, quoi que rien ne les forçait à se plier à la tradition. Il me fit rire avec sa réaction et frissonner quand il ajouta qu’il ne savait pas si David survivrait à ça. Malgré tout, il me demanda de l’installer, ce que j’allais faire avant qu’il ne me rejoigne et s’en charge lui-même.

- C’est parfait ! Il fait discret aussi au travers des…

Je n’eu pas le temps de terminer ma phrase que les lèvres d’Howard se posèrent sur les miennes, comme ça, sans crier gare. Ce serait cependant mentir que de prétendre que je ne m’y attendais pas. C’est probablement pour ça que je ne le repoussais pas et que même, je prolongeais le baiser en passant mes bras autour de son cou, en me pressant contre lui jusqu’à même me soulever et de l’enlacer de mes bras et de mes jambes tout en l’embrassant encore et encore, jusqu’à en perdre le souffle. Jusqu’à en perdre la tête.

J’rigolai quand Livia disait que la guirlande allait rendre l’escalier féérique. C’était qu’un escalier mais c’est clair que y mettre une guirlande le rendra quand même bien plus intéressant qu’un simple escalier.

Ma maison s’remplissait de la passion de Noël de Livia qui, chez elle, n’avait, malheureusement, pas pu laisser s’exprimer son art pour cette fête. Julian voulait pas vraiment qu’il y ait trop de décoration de peur d’attirer la poussière. C’était un p’tit peu n’importe quoi mais j’avais commencé à comprendre que Julian Hughes était un type méga spécial. J’me demandais bien comment Hank avait fait pour le supporter pendant 5 ans. Mais bon, l’avait supporté Kate pendant cette même période alors on va simplement dire qu’Hank était cinglé à cette époque, lui aussi.

Du coup, Livia disait que c’était pour ça qu’elle se vengeait ici. Parce qu’ici, elle pouvait laisser exprimer sa démesure. J’rigolai à nouveau.

-Au moins, avec ça, j’pourrais montrer à Kenzie que ma déco est bien plus proche de celle du Père Noël que la sienne.

J’savais que Livia aurait sûrement voulu pouvoir faire ça chez elle et nager dans la magie de Noël tous les jours. Parce qu’elle allait pas pouvoir vivre ici pendant le temps des fêtes. Même si j’aurais pas dit non, hein. Elle pouvait rester ici de mon avis.

Livia avait plein d’autres idées. De quoi prolonger longtemps la journée. Parce que des biscuits, ça se faisait pas en dix minutes. J’savais pas vraiment combien de temps il fallait pour en faire, d’ailleurs…

-Ok, on fera ça après les décorations. Puis, on emballera les cadeaux. J’crois que David va adorer décorer les biscuits.

On fera ça en écoutant de le musique. Ecouter de la musique c’était cool.

Livia finit par trouver du gui mais l’idée de devoir embrasser ma mère chaque fois que j’passais en dessous m’dégoutait un p’tit peu. Si on avait aplani les choses elle et moi, elle restait elle et j’restais moi. Y’avait des choses à jamais brisée qu’on pourra jamais recoller. Puis, l’avait son caractère et moi le mien et le fait est qu’ils étaient pas tellement compatible. L’avantage, c’est qu’elle reportait pas ça sur les gamins. Elle les aimait vraiment. J’devais lui rendre ça. J’pense même qu’elle voyait Roger en Phénix. Pourtant, il ressemblait pas du tout à Roger… Mais j’devais me rendre à l’évidence que ma mère avait perdu un fils et que j’serais pas celui qui comblerait ce vide chez elle. Elle adorait Roger… Moi, j’serais à jamais l’fils qui a détruit sa carrière.

Mais bon, j’pourrais toujours éviter le gui et mes parents auront qu’à s’embrasser en dessous. C’est ce que j’dis avant de m’avancer vers Livia pour placer moi-même le gui. Elle disait que c’était parfait mais, moi, sans hésiter vraiment et dans un geste impulsif, j’embrassai Livia sur les lèvres.

Elle aurait pu me repousser.

Mais elle l’avait pas fait. Au contraire, elle se colla à moi et me rendit mon baiser. J’en frissonnai. C’était intense. Tellement intense qu’on remarqua pas qu’on s’perdait totalement dans se baiser jusqu’à ce que Livia soit collée contre le mur moi la soutenant tout contre moi. J’la regardai dans les yeux quand, à bout de souffle, on dut briser le baiser. J’posai mon front contre le sien reprenant mon souffle.

On devrait pas…

Mais très sincèrement, je m’en foutais.

Avant que Livia ne puisse dire quoi que ce soit j’posai mon doigt délicatement contre sa bouche avant de souffler :

-Ne dis rien…

J’savais pas si elle avait voulu dire quelque chose mais j’avais voulu anticiper les choses. J’retirai, ensuite, mon doigt pour l’embrasser à nouveau passionnément. J’soutenais Livia ce qui limitait mes gestes et on bougea encore jusqu’à ce qu’on atteignit le fauteuil ou le l’allongeai pour me retrouver au-dessus d’elle pour venir, encore l’embrasser.

J’devrais arrêter. Mais j’en avais aucune envie. Et d’une main, j’vins la caresser sous son haut remontant jusqu’à sa poitrine.

Me trouvant devant l’impossibilité de décorer ma maison à la hauteur de ma passion du temps des fêtes, je me vengeais sur la demeure de mon ami qui se retrouvait tranquillement mais sûrement illuminées du plancher au plafond. Ça semblait bien plaire à Howard qui, petit à petit, apportait lui-même des suggestions. Il voulait décorer son bar, le mettre en valeur alors que moi je parlais de combien féérique son escalier menant au second étage de sa maison, serait.

Évidemment, mon ambition démesurée vis-à-vis les décorations de noël amusa Howard qui voyait là un moyen de faire compétition avec sa sœur, Mackenzie Stone.

- Ah ouais ? Les Stone ont l’esprit de compétition alors ?

J’avais confiance en mes décorations et en mon sens de l’organisation. La petite sœur d’Howard n’avait qu’à bien se tenir car, si je laissais ma créativité s’exprimer jusque dans le jardin de la ville, nous pourrions bien la voir depuis l’espace !

Quand nous terminerions d’installer guirlandes et lumières, je proposais à Howard de faire des biscuits de noël qu’il pourrait ensuite s’amuser à décorer avec David, puisque les jumeaux étaient encore trop petits pour participer à l’activité.

- Décorer des biscuits n’est qu’un prétexte pour manger le glaçage, tu sais. Quand j’étais petite, mes parents nous faisaient croire qu’il était presque minuit au moment de les décorer. Alors nous étions fières de rester si tard éveillés alors qu’en fait, nous allions au lit à la même heure que d’habitude. Je me souviens que j’étais toujours la première à courir au salon pour voir si le père noël avait croqué nos biscuits.

En fait, il ne s’agissait que de ça ! Le souvenirs que je gardais du temps des fêtes, de sa magie, de l’effet rassembleur et de l’émerveillement, tout ça faisait en sorte que mes yeux s’emplissaient d’étoiles et de nostalgie. Je crois que c’est surtout cela que je tentais d’offrir à Howard pour qu’il puisse à son tour, le partager avec ses enfants.

Je trouvais le gui qui suscita de drôle de réflexions avant qu’Howard ne me le prenne des mains pour l’installer lui-même et qu’il, sans prévenir, m’embrasse. Tout se passa à la fois rapidement et hyper lentement, mais une fois qu’il eu goûté mes lèvres, on se retrouva tous les deux enivrés. Le baiser nous transporta dans la pièce, jusque contre le mur où je me retrouvais adossé, le corps d’Howard me retenant contre lui. Le baiser se brisa, le temps que nous reprenions notre souffle et ensuite, Howard posa son doigt sur ma bouche en me demandant de ne rien dire. De toute façon, il n’y avait rien à dire, rien qui ne pouvait se mesurer à l’intensité du moment.

Il m’embrassa encore, me soutenait et nous guida au travers du salon, habilement, enjambant et évitant tous les sacs et emballages de décorations de noël abandonnés sur le plancher du salon comme des corps morts sur un champ de bataille. On se retrouva sur le grand fauteuil du salon, lui au-dessus de moi, l’une de ses mains se glissant déjà sous on chandail, jusqu’à ma poitrine.

J’aurais dû tout stopper à ce moment-là, il n’était pas trop tard, mais je n’en fis rien. Au contraire, je l’encourageais à continuer avec des caresses et des baisers enflammés. Je crois que nous en avions tous les des deux très envie depuis très longtemps, trop longtemps même et que nous n’aurions jamais pu faire machine arrière une fois la limite dépassée.

Morceaux par morceaux, nos vêtements se retrouvèrent au sol. Baisers après baisers, nous découvrions et couvrons le corps de l’autre comme si c’était la première fois. Quelque part, c’était un peu la première fois, la première dont je me souviendrais vraiment en tous les cas.

Peut-être que pour Howard, c’était une façon de tourner la page sur son deuil, de continuer d’avancer malgré le chagrin. Pour moi, c’était une façon de me réapproprier ma vie, de la vivre à ma manière sans chercher à trop calculer pour plaire et bien faire. Nous étions sur ce même divan sur lequel j’avais dormis après ma dispute avec Julian.

D’un main, je caressais son flan, aller et retour jusqu’à ce que finalement, ma main s’arrête sur le galbe de sa fesse et que je vienne y planter mes doigts, doucement mais fermement pour l’inviter à se presser plus à moi alors que je remontais instinctivement ma cuisse.

Avec tout ce que Livia avait ramené et toutes ses idées, l’était clair que j’allais avoir une bien meilleure décoration que la maison d’à côté qui était celle de Kenzie. Tout ça amusa Livia qui se demandait si les Stone avait l’esprit de compétition. J’rigolai un peu.

-Et comment ! J’adore la compétition. J’serais pas le meilleur batteur du monde si j’avais pas un p’tit peu d’esprit de compétition.

Car j’pensais bien être le meilleur batteur du monde. Ben Masters m’arrive pas à la cheville ! Si c’était le cas, il bosserait pour quelqu’un d’autre que Victoria Hunter. Pas que ce qu’elle fait est mauvais mais… L’est plus tellement dans le vent, la Vicky.

Livia avait, donc, plein d’idées dont celle des biscuit de Noël. J’rigolai quand elle disait que décorer les biscuit n’était qu’un prétexte pour manger le glaçage. C’est clair qu’il y avait pas meilleure que la glaçage. Ça me fait penser que ça fait une éternité que j’ai plus mangé de biscuit de Noël. Et tout ça rappela une anecdote de l’enfance de Livia.

-Ça m’étonne même pas de toi. C’est vraiment un beau souvenir.

Elle en avait quelques-uns de beaux souvenirs avec sa mère, notamment. J’savais que, désormais, les choses étaient différentes. Comme moi en 1975, Livia était entré dans un autre univers. J’savais que, pour moi, ça avait été une bonne chose. J’savais pas s’il en était de même pour elle. Bien qu’autant qu’elle que moi, on avait choisi ce destin-là.

Et nous voilà, tous les deux dans une grosse villa de Beverly Hills. Sous le gui que j’venais d’accrocher. Sauf qu’on change pas un Stone et c’est, donc, sans crier gare que j’avais embrassé Livia.

Un geste qui fit tout basculer… Cette distance qu’on cherchait à garder depuis des semaines, voire même plus, venait d’éclater en morceau. Ma faute… Mais, pour une fois, j’aurais pas vraiment de soucis à assumer. J’crois même pas que j’aurais de regrets, ni l’envie de revenir en arrière. Non… J’voulais ça… Et Livia aussi vu qu’elle me rendit mon baiser.

Et ça aurait pu s’arrêter là. Un baiser, un sourire gêné… Mais non. J’arrivais pas à m’arrêter là. Tout mon corps en voulait plus.

Alors, je l’embrassai encore jusqu’à-ce qu’on soit plaqué au mur. Nos corps se cherchaient alors que nos lèvres ne cessaient de se trouver jusqu’à-ce que, après une suite de mouvement, on se retrouve sur le divan, moi au-dessus d’elle. J’savais pas comment on avait fait pour ne pas tomber mais le fait est qu’on était trop enivrer par le moment que pour nous y attarder.

Je finis par caresser sa poitrine sous ses vêtements. Livia ne m’avait pas freiner. Au contraire. Elle semblait en vouloir plus ce qui rendit mes caresses plus sensuelles. Sa peau devenait plus chaude, tout comme la mienne et on finit par enlever nos vêtements dans la passion du moment. Je parcourrai son corps avec mes mains le découvrant alors que je cherchais toujours plus de baisers sur ses lèvres ou dans son cou.

Ce moment me permettait d’oublier la douleur que j’ressentais depuis la mort de Peyton. J’essayais de revenir et j’pensais bien que cet écart était une façon de revivre. J’savais pas ce qu’il se passait dans la tête de Livia… Les problèmes de ce genre, j’les laissais pour après.

Inutile de gâcher le moment.

Ses caresses me firent frissonner et j’laissai échapper un petit grognement quand elle planta ses ongles dans ma fesse. J’rigolai un peu enfouissant ma figure dans son cou avant de gémir quand nos sexes se frottèrent de plus en plus. J’embrassai Livia plus longuement, plus sensuellement. Ma respirations s’accéléraient à mesure que le plaisir grimpait. Mais j’faisais durer le plaisir en descendant une main entre son sexe et le mien pour venir caresser son intimité. J’arrêtai mes baiser pour la regarder alors que je la caressais.

Je finis par arrêter mes caresses pour qu’on ne fasse plus qu’un. J’avais fait assez durer le plaisir et souffrir Livia comme ça. Je soufflai son noms alors que nos va-et-vient se firent d’abord lent. Comme si on voulait profiter de chaque seconde.

Ainsi donc, il y avait une saine compétition entre le frère et la sœur et, sans le savoir, je participais à donner l’avantage à Howard. Ça me fit rire et puis, si je pouvais aider en même temps que d’assouvir ma passion de décoration des fêtes, ça m’allait ! Je pouvais même l’étendre jusque dans le jardin, j’avais assez de guirlandes de lumières pour ça !

Tout en décorant et en planifiant le reste de notre journée, je confiais un souvenir de mon enfance à Howard. Mamita et Enrique avaient toujours su entretenir la magie et ce, dès le début de décembre ce qui faisait que nous étions plongés dans la féérie de noël très tôt. Ils n’avaient pas les moyens financiers de nous ensevelir de cadeaux mais ça ne faisait rien ! Si vous me demandiez ce que j’avais reçu, je pourrais nommer quelques présents comme ma poupée préféré ou mon disque de the Burning Fire mais je ne me souviendrais jamais de tout alors que je pouvais cependant parler pendant des heures des choses que nous faisions en famille pour préparer nos réveillons.

- J’espère que tes enfants se souviendront avec autant que moi de leurs noël. Les souvenirs sont plus précieux que tous les cadeaux du monde !

J’eu un petit pincement au cœur en me souvenant que petite, je demandais souvent secrètement au Père Noël de me faire rencontrer mon père. Cela me tenait tant à cœur alors qu’aujourd’hui, je commençais à regretter de l’avoir trouvé. Cependant, si je ne l’avais pas fait, je n’aurais pas la vie que j’ai aujourd’hui. Je n’aurais pas rencontré Julian… Je n’aurais pas rencontré Howard.

La découverte du gui dans mon sac fit voler en éclat toute résistance. Je cédais à une pulsion que je refoulais sans le savoir, ou peut-être que je refusais de la voir.

Howard m’embrassa et je lui rendis son baiser avec fougue. On se laissa guider par la passion au travers de son salon pour finir sur le divan. À partir de là, plus rien d’autre que nous existait. J’avais envie de lui au point où mon cœur m’en faisait mal. Je le voulais tout entier et sans compromis peu importe que ce soit immorale.

J’avais toujours cru qu’entre Howard et moi, il y avait quelque chose de fort qui subsistait et que ce n’était qu’une question de temps avant que cela nous emporte. C’est ce qui se passait en ce moment alors que nos vêtements tombaient sur le sol et que nos corps se plaquaient l’un à l’autre comme deux aimants. Je l’embrassais partout où je pouvais poser mes lèvres, je le caressais partout où je pouvais le toucher.

- Howard…Howard…

Je soupirais son nom quand il vînt me caresser entre les cuisses.

Nous n’étions plus les mêmes qu’il y avait quelques années de ça, quand j’étais débarquée à Los Angeles avec mes ambitions et mes rêves. Nous en avions vécue des choses, des belles et des difficiles. Tout cela nous avait fait grandir, peut-être pas rendu meilleurs mais une chose était certaine, nous étions toujours amenés à se retrouver ensemble, envers et contre tous.

J’embrassais Howard quand il me pénétra.

Je palpais ses fesses pour guider son rythme en moi.

Je le regardais dans les yeux quand il gémissait mon nom entre deux coups de bassins.

Je me laissais complètement aller ne voulant rien d’autre que de vivre ce moment à fond, jusqu’à l’orgasme qui vînt me prendre, me forçant à me cambrer sous le corps de mon amant.

- Howard! Oh… Oui !!!!

J’enlaçais Howard alors que Silent Night ce fit entendre à la radio, la chanson que préférait Abuelo. Il la chantait chaque année pour nous et nous l’écoutions solennellement. Devais-je y voir un signe ? Si je commençais à trop réfléchir, j’allais finir par m’étourdir. Je caressais la joue d’Howard du bout de mes doigts puis je l’embrassais encore.

Il y avait plusieurs choses qui s’entrechoquaient dans ma tête. Est-ce qu’Howard était amoureux de moi comme je l’étais de lui ? Est-ce qu’il venait juste de se payer une aventure pour se soulager et passer à autre chose ? Est-ce que de coucher avec moi faisait partie de son plan de vengeance contre mon père ? Cette dernière idée m’apparaissait plus plausible avant que je ne me dise que ce serait un coup d’épée dans l’eau puisque j’en voulais autant à Jimmy. Quoi qui ait pu motiver Howard, de mon côté, je voyais plus clair.

Une opportunité et une pulsion… C’est ça qui, sans doute, m’avait fait céder. J’sais… J’suis Howard Stone. M’en faut pas beaucoup pour céder. M’en faut pas beaucoup pour faire le premier pas vers quelque chose de dangereux et d’interdit. Comme si j’étais attiré par ça comme un foutu aimant.

Parce que coucher avec Livia sentait l’interdit. L’était mariée et si c’était, avant tout, son problème, c’est un problème qui pouvait rapidement devenir le mien… Puis, c’était la fille de Jimmy Reed. Mon ennemi… Tout l’monde savait que c’était mon ennemi. La dernière fois que j’avais coucher avec sa fille m’avait fait tabassé dans l’Eastside. J’savais que faire ce que j’faisais c’était comme presque faire en sorte de participer à ma propre destruction.

Mais est-ce que c’était pas ça qui m’faisait vivre ? Depuis la mort de Peyton, j’étais vide. Les seuls moment où j’avais pu me retrouver moi-même c’était en compagnie de Livia. Une Livia qui, dernièrement, semblait avoir eu comme un électrochoc vis-à-vis de sa relation avec son père. Comme si l’avait subitement ouvert les yeux alors qu’il y a quelques mois, elle le défendait.

J’étais perdu… L’était perdue… C’était sans doute la première fois où on était synchronisé sur la même fréquence. La première fois où l’un n’avait pas le contrôle sur l’autre. Où on se laissait aller tous les deux.

Et ça faisait des étincelle.

On s’perdait dans nos baisers, dans nos caresses, nus sur le divan. Nos corps se cherchaient comme s’ils attendaient ça depuis des lustres. J’écoutais Livia gémir mon nom alors que je caressais son intimité. Ce n’était pas notre première fois ensemble. Mais c’était la seule fois qui comptait.

Le passé, l’est juste là pour me rappelé que malgré notre passif, on pouvait pas s’empêcher d’en arriver là. Parce que tout ça semblait faire partie d’une autre vie. J’étais plus le même Howard, l’était plus la même Livia. J’pense pas qu’on soit plus mature. J’pense qu’on est simplement différent…

J’savais pas si c’était en mieux. Mais c’était, incontestablement, pas la même chose.

On finit par ne faire plus qu’un. Je gémissais à chaque va-et-vient sentant ses mains sur mes fesses qui marquaient le rythme. Jusqu’à-ce que l’orgasme nous fauche. Je gémis son nom au moment où je vins en elle. J’étais essoufflé alors que la musique se faisait toujours entendre. Je souris d’un petit souris après avoir apprécié le baiser de Livia sur mes lèvres. Je vins replacer quelques mèches de ses cheveux.

Je l’embrassai à nouveau avant de me redresser doucement. J’avais peur que quelques mots lui mette le doute. J’savais que, parfois, le doute arrivait juste après.

Moi, j’avais aucun doute. Aucun regret. Mais j’avais le rôle facile. J’le savais.

-Le gui… La magie de Noël… J’crois que ça débloque pas mal de trucs.

Comme ce qui nous freinais ces dernières semaines.

J’vins me rhabiller doucement. Y’avait encore du boulot… J’vins encore lui voler un baiser.

-On continue ?

J’parlais des décos… Mais on peut interpréter ça comme on veut, hein.

À l’instant présent, il n’y avait plus rien dans l’univers qui comptait. Il ne s’agissait que de moi et d’Howard, jouant avec le feu de la passion. Il brûlait entre nous depuis toujours je crois ou du moins, il y avait toujours eues des étincelles alimentant ce que nous refusions de voir et d’assumer. Quand il avait déposer un baiser sur mes lèvres, innocemment ou non, tout c’était enchaîné à une tout autre vitesse, impossible de contrôler quoi que ce soit. Nos corps parlaient et décidaient pour nous.

Il avait suffit de nous laisser aller.

Je me perdais complètement entre les bras d’Howard mais plutôt que de m’effrayer, je m’y sentais bien et en sécurité. Un sentiment nouveau naissait en moi, une reconnexion avec celle que j’étais réellement.

Ce fut rapide, le temps d’une chanson, deux peut-être.

Mon regard était ancré dans celui d’Howard quand mes doigts glissèrent sur sa joue avant que je ne l’embrasse et qu’il ne m’embrasse à son tour avant de se redresser et de récupérer ses vêtements. Je l’imitais, sachant que nous ne pouvions pas non plus nous éterniser sur le divan. Cela ne serait qu’une question de temps avant que quelqu’un ne rentre et, si je ne regrettais pas mon incartade, je ne tenais pas non plus à le crier sur tous les toits.

- Oui… Mettons ça sur le coups de la magie de noël…

Je trouvais mon pantalon et je l’enfilais avant qu’Howard ne me vole un dernier baiser et qu’il ne me propose de continuer. Je le regardais alors que j’allais passer ma tête par le trou de mon t-shirt, d’abord un peu médusée puis je rigolais en terminant de me vêtir, oubliant mon soutien-gorge qui s’était retrouvé sous le divan dans l’action.

- Oui, continuons de décorer.

Je me levais, soufflais doucement tout en replaçant mes cheveux et je regardais autour de nous sur le sol, les sacs et les décorations qui attendaient d’être utilisés. Il n’y avait pas quinze minutes de cela, j’avais un plan clair dans ma tête de ce que nous devions faire, d’où pourrait aller tel ou tel décoration. Maintenant, j’avais le cerveau dans la brume et je ne voyais plus ce qu’il y avait à faire. Chaque fois que je me trouvais près d’Howard, c’était comme un électrochoc, une forte décharge de désir que je ne pouvais plus ignorer.

Les jours à venir allaient être un véritable enfer ! J’allais devoir réapprendre à refouler tout ce que j’avais libéré et partagé avec Howard. Je me reculais alors, imposant une distance physique avec lui, faisant mine d’observer le résultat de notre travail.

- Tu crois que ton salon est suffisamment décoré ? On peut faire l’entrée de ta maison aussi ou aller à la cuisine faire les biscuits. C’est comme tu veux.

Je ne dirigeais plus l’opération décoration, je ne contrôlais plus rien de toute façon. Je me prenais une bonne dose de leçon de vie en plein visage, un exercice pas simple mais que nous devrions tous faire de temps en temps… peut-être pas de cette façon, cela dit.

Laissant Howard décider de la suite des choses, je commençais à ramasser les boîtes vides, les emballage de plastique, trop nombreux à mon avis, dans lesquels tout ce que j’avais acheté avait été emballé et que nous avions simplement laisser tomber sur le plancher pendant notre mission décoration, puis je stoppais net. Je devais verbaliser la situation autrement, ce serait comme d’éviter un éléphant blanc au milieu du salon. Je regardais Howard, affichant toute ma vulnérabilité, il n’était plus question de jouer ou de se montrer forte, mais de laisser parler mon cœur.

- J’en avais autant besoin que toi en sachant très bien que je pourrais être troublée ensuite, pourtant, je n’ai jamais autant vu clair qu’en ce moment. J’ignore ce qui nous attend, ce que nous ferons mais je sais maintenant ce que je dois faire.

Et ça n’avait rien à voir avec de la pâte à biscuit ou des lumières multicolores.

Je m’étais relevé du divan. Il fallait bien… J’savais qu’on pouvait pas rester comme ça. Si ma mère revenait, j’imagine même pas l’histoire. Pas qu’elle en avait quelque chose que j’couche avec Livia, hein. J’crois que, ça, elle s’en fichait. Mais j’avais pas fort envie qu’elle me voit à poil dans mon salon… Rien que l’idée, ça me révulsait.

Alors, je m’étais extirpé de la chaleur de nos deux corps uni pour enfiler mes vêtements mettant cet instant, que j’trouvais à la fois magique et salvateur, sur la magie de Noël. Livia confirma… Elle ne parlait pas beaucoup. Elle semblait comme figé dans le moment d’avant. J’préférais ça que de la voix se liquéfier face à divers doutes. J’avais déjà vécu ça… J’veux dire, des filles qui flippe après coup. J’pouvais comprendre… C’est pas pour ça que j’aimais vivre ça.

Elle commença à se rhabiller, elle aussi. J’avis remis tout mes vêtements quand j’lançai qu’on devrait continuer. Ok… J’avais laissé un très grand interprétation dans ma phrase. Elle sembla interdite l’espace d’un instant ce qui me fit sourire. Et j’rigolai quand elle rigola avant de confirmer qu’on devait continuer à décorer.

-Ouais. J’dois toujours battre Kenzie.

Fallait pas oublier ça. J’regardai autour de nous m’attendant à ce que Livia parte à nouveau dans toutes ses idées. Mais non… Elle semblait pensive. Oh oh… J’sentais les doutes arriver, là… Mais non… Elle semblait plutôt intéressée par ce qu’on avait déjà fait comme décoration. J’regardais là où elle regardait cherchant à savoir ce qu’il se passait dans sa tête. Apparemment, elle se questionnait sur si on avait déjà assez décorer le salon ou non. J’tournai sur moi-même pour regarder tout ce qu’on avait fait.

-Ouais. J’pense qu’il est pas mal comme ça, l’salon.

Mais elle me laissait prendre en main la suite du programme. Elle avait tout dirigé jusqu’ici mais là, elle semblait me laisser le renne. J’réfléchis quelques secondes.

-J’pense qu’on peut faire les biscuit, non ? Tu crois qu’on peut en faire à la vodka ?

Ça serait cool, non ?

J’me tournai vers Livia qui s’était mise à ramasser le bordel qu’il y avait au sol. C’est clair que mon salon était un champ de bataille… Mais fallait bien ça pour décorer tout, non ? J’la regardais faire. Elle semblait un p’tit peu maladroite et complètement ailleurs. J’fis la moue. J’devrais p’t-être l’aider, en fait.

J’allais l’aider quand elle se stoppa net. J’fis de même comme si elle m’avait figé par son geste. J’la fixai. Elle me fixa. J’vis quelque chose dans son regard mais j’arrivais pas à déterminé ce que c’était.

Et elle se mit alors à parler. J’déglutis m’attendant à des remords. Mais non… Elle disait qu’elle en avait eu besoin. Qu’elle savait, avant de se laisser emporter, qu’elle risquait, après coup, d’être troublées. Qu’elle savait pas ce qui nous attendait mais qu’elle savait ce qu’elle devait faire.

J’savais pas ce qui nous attendait non plus… Ce qu’on avait fait, je l’avais fait pas instinct. Parce que j’en avais envie. Parce que Livia m’attirait et ça depuis longtemps. Y’avait quelque chose entre nous. J’savais pas déterminé ce que c’était mais c’était puissant.

-J’sais pas ce qui nous attends non plus… Mais j’regrette pas. Depuis que Peyton est morte, tu es un soutien puis… J’sais pas. Y’a quelque chose. J’sais pas expliquer quoi.

Quant à savoir ce qu’elle devait faire, tout ça m’intriguait, j’pouvais pas le nier.

-Mais… Tu dis que tu sais ce que tu dois faire… Qu’est-ce que tu vas faire Livia ?

Cette petite incartade passée, il fallait se remettre au travail et continuer de décorer la maison. Après tout, il y avait un concours d’honneur entre le frère et la sœur Stone et il était hors de question que je ne fasse pas tout en mon possible pour donner la victoire à mon ami. À cet instant, je pouvais même dire que j’en avais fait un petit peu trop mais ça, c’était une autre histoire.

Je pris un pas de recul, tant avec Howard que son salon qui brillait du plancher au plafond en passant par le bar et le sapin. Il était suffisamment illuminé pour que nous puissions concentrer nos efforts sur une autre pièce ou même, sur la préparation des biscuits.

- Je ne connais pas de recette de biscuits de pain d’épices avec de la vodka mais tu pourras toujours en tremper dedans et tu me diras si c’est bon, rigolais-je.

En même temps, je ne pu m’empêcher de grimacer parce que je ne voyais pas comment la vodka et le pain d’épices pouvaient s’agencer comme saveur.

Je me mis ensuite à ramasser notre bordel parce que nous n’avions pas fait attention à mettre les emballages dans un sac à ordure et que le tout recouvrait le sol. Ses bébés avaient quoi, maintenant ? Presque quatre mois? Ils ne rampaient pas encore au sol mais avec de si jeunes enfants, nous n’étions jamais trop prudents. Puis, je m’arrêtais net de faire ce que je faisais. Je devais verbaliser ce que je ressentais comme si, de le faire, allait sceller le fond de ma pensée.

Il ne s’agissait pas de regrets, je n’en avais aucun. Non plus de culpabilité, j’assumais ce que je venais de faire. Coucher avec Howard m’avait permis de remettre de l’ordre dans ma tête alors que pour une autre dans ma situation, cela n’aurait fait que compliquer les choses. Comme quoi ! Je devais visiblement déjà avoir un bon bout de chemin de fait dans mes réflexions pour avoir cette révélation à cet instant.

Howard me regarda, complètement attentif à ce que je disais. Peut-être qu’il avait eu peur que je lui fasse un remake de notre toute première fois…

Loin de là.

Tout comme moi, Howard ressentait aussi quelque chose mais lui non plus ne parvenait pas à le définir. C’était probablement la seule équation troublante dans cette histoire mais la moins préoccupantes. J’étais prête à laisser les choses couler et voir où elles nous mèneraient.

- J’ai toujours été amoureuse de toi. Mais… Amoureuse jusqu’à quel point ?

Ça, je n’en savais rien.

Et ça ne voulait pas non plus dire que j’étais prête à amorcer une relation avec lui. J’avais besoin de me retrouver moi, de faire mon bout de chemin, seule.

Quant à savoir ce que j’avais voulu dire avec ma réflexion…

- C’est fini avec Julian. Je le voyais sans vouloir le voir. Je l’aime toujours mais plus comme avant… en fait, il est pour moi le meilleur ami que je fréquentais à Fairfaxe. Je dois lui parler, ça ne sera pas facile.

Peut-être que le voyage en Afrique et l’éloignement me permettront d’approfondir ma réflexion et me donner par le fait même la force nécessaire.

- Et… peu impote où nos chemins nous mènent, s’ils se recroisent, je dois quitter BSC, me libérer définitivement de se monstre tortionnaire qui se dit être mon géniteur.

J’pensais que ça serait cool de faire les biscuits maintenant. J’me demandais s’il était possible d’en faire à la vodka. En réalité, j’pourrais foutre de la vodka dans tout que j’sentais même plus la différence tellement j’suis habitué au goût. J’buvais ça comme de l’eau et l’eau ça a pas de goût.

Mais Livia connaissait pas de recette de biscuit à la vodka. Elle disait que j’pourrais toujours tremper les biscuit dans la vodka. J’rigolai.

-Ouais, c’est une bonne idée. Puis, ça évitera que David pioche les mauvais biscuits. Doit pas trop mélanger alcool et médicament, l’pauvre David.

Livia commença alors à ramasser le bordel. Mais… Y’avait quelque chose qui avait changé dans l’air. L’était beaucoup plus pensive. Comme si ce qu’on venait de faire avait franchement changer l’ambiance. Pourtant, j’comptais pas regretter. Mais j’savais que Livia, qui était mariée, pouvait s’en mordre complètement les doigts.

Du coup, j’savais pas trop ce qu’il se passait dans sa tête et j’savais pas trop quoi faire… Alors, j’préférais me taire me concentrant sur nos actions. J’allais aider Livia à ranger mais elle s’arrêta net pour ouvrir les vannes. C’était pas des regrets qui sortaient de la bouche de Livia. Elle regrettait pas ce qu’on venait de faire et j’me sentis soulagé. Parce que j’me rappelais bien de mes deux autres fois avec Livia… Et j’savais qu’à chaque fois, ça avait mal tourné après.

C’était pas l’cas aujourd’hui. Parce qu’on était plus les mêmes.

J’déclarai que j’regrettais pas. Qu’il y a quelque chose entre nous. J’savais pas si c’était de l’amour. Pour être honnête, j’sais même pas si j’suis amoureux de Livia. Mais c’était un connexion forte dont j’arrivais pas à me défaire. P’t-être que, ouais, c’est une forme d’amour… J’suis pas tellement doué pour mettre des mots sur ce que j’ressens. J’passe peu de temps à faire de l’introspection. J’vis, c’est tout.

Livia, elle, déclara être amoureuse de moi. Elle l’avait toujours été. Mais, comme moi, elle savait pas évalué à quel point. J’haussai des épaules pour montrer mon impuissance face à sa question. J’en savais rien. J’savais même pas expliquer ce que je ressentais alors il m’était impossible de pouvoir aider Livia à comprendre ce qu’elle, elle ressentait.

-J’sais pas… J’sais pas pour moi non plus. Mais j’sais qu’il y a un lien entre nous. Depuis l’début c’est comme ça.

Ça, j’pouvais pas le nier.

Elle venait, par contre, de dire qu’elle savait ce qu’elle avait à faire. Curieux, j’lui posai directement la question. Et elle rétorqua qu’elle allait rompre avec Julian. Sans doute que le tromper l’avait fait comprendre par A+B qu’elle ne l’aimait plus comme avant. Elle le disait elle-même… Elle voyait plus Hughes comme un meilleur ami.

J’hochai de la tête.

-Non… Ça sera pas facile… J’ai quelques ruptures à mon actif. C’est jamais facile mais… Si t’es pas heureuse comme ça alors, j’pense que… Tu devrais suivre ce que tu ressens.

J’étais pas vraiment qualifié pour donner des conseils. Mais j’suppose que si elle aime plus Julian, ça sert à rien de continuer avec lui. C’est ce que j’pensais.

Et c’était pas la seule décision que Livia avait pris… Elle voulait aussi quitter BSC… Se défaire de l’emprise de son père. J’pris un air surpris. J’pensais pas que c’était notre moment ensemble sur le canapé de mon salon qui l’avait mené à cette décision, quand même ? Non… J’savais qu’elle était en froid avec Reed. Qu’elle semblait avoir ouvert les yeux sur le sale type qu’il est. Et elle comptait bien s’en éloigner.

-C’est courageux.

J’pense pas que Livia aura des difficultés à retrouvé une maison de disque. Mais tout ça, ça allait faire du bruit. De mon point de vue, j’pouvais voir ça que positivement. J’étais en guerre contre Reed. Que Livia quitta la maison de disques de son père, c’était un point pour moi. Moi, j’étais resté chez BSC parce que Jack m’avait convaincu que j’pouvais faire plus de dégâts dedans que dehors… Mais j’étais, pour l’instant, vu comme un sale hypocrite par certaine personne parce que j’tapais sur la main qui me nourrissait.

Alors, qu’elle est la meilleure tactique, hein ?

J’sais pas… Mais la position de Livia est complètement différent. L’est pas en guerre. Elle veut juste de l’air.

-Ça va faire du bruit. Tu vas avoir la presse à ton cul mais… C’est clair que si tu veux être libre, c’est l’seul moyen.

J’esquissai tout de même un p’tit sourire.

-J’suis content de savoir que tu vois enfin Jimmy Reed tel qu’il est.

Un monstre. Y’avait pas d’autres mots. C’était ce que j’voyais quand j’étais face à lui.

-Mais… Tu vas aller où ? Chez MTI ?

Ça semblait logique. Dans le monde d’Howard Stone, y’a que deux maisons de disques, t’façon.

Malheureusement pour Howard, je ne connaissais pas de recette de biscuits en pain d’épices contenant de la vodka. Je voyais même mal en quelle proportion je pourrais en inclure dans le mélange pour que ça vaille la peine. Le mieux restait qu’il trempe ses biscuits dans son verre de vodka, ainsi, comme il le disait, ça éviterait à David de prendre des biscuits alcoolisé quoi qu’en cuisant, l’alcool s’évapore et donc, il n’y a aucun risque comme le craignait Howard. Je n’avais pas la tête ni le cœur de lui faire un petit court de chimie pour les nul, là, tout de suite.

Ma tête bourdonnait de pensées toutes déclenchées par ce que nous venions de faire. Je ne regrettais pas bien que de tromper Julian ne me rendais pas fière. J’aurais préféré pouvoir tenir bon sur mes pulsions et rester droite mais j’avais bien faiblement cédée. J’allais l’assumer, je n’avais que ça à faire. Seulement, cette aventure m’avait permis d’y voir plus claire, de me rendre compte de ce que je refusais de voir avant. Entre Julian et moi, il n’y avait rien de plus que l’amitié qui nus avait liée au tout début, lors de notre rencontre quand nous étions tous les deux étudiants à Fairfaxe. Je ne savais pas si Julian ressentait la même chose mais notre détachement réciproque dans la vie de tous les jours ne rimait plus à rien.

Il y avait un fosset qui s’était creusé entre nous et il m’apparaissait impossible maintenant de le traverser. Il fallait aussi admettre que j’avais de très forts sentiments pour Howard, des sentiments qui autrefois me semblaient inaccessibles dû à tellement de barrières entre nous. Ce n’était plus le cas aujourd’hui. J’étais libre d’aimer qui bon mon cœur voudrait aimer et même Jimmy Reed n’y pouvait plus rien.

Howard était d’accord avec moi. La conversation que je devais avoir avec Julian n’aurait rien de facile mais je devais suivre ce que je ressentais.

- Ce que je ressens me conduis directement dans tes bras, Howard et ça n’a rien de facile.

Une chose dont j’étais certaine, je ne pouvais pas et je ne voulais pas me précipiter dans une relation avec Howard, libre ou non. Je devais être certaine que ce que je ressentais était assez fort pour devenir une base solide.

J’annonçais aussi mon intention de quitter la maison de disque de mon père pour signifier clairement ma rupture avec lui aussi. Demeurer chez BSC lui donnerait toujours l’impression de me contrôler d’une façon ou d’une autre. La seule chose qui me donnait le vertige était de rompre mon contrat avec Daniele. Je l’adorais mais si j’avais été capable de quitter Jack que je considérais bien plus qu’un simple manager, je serais capable de le faire avec Daniele.

- J’ai conscience que ça va faire du bruit mais c’est le prix à payer pour m’affranchir complètement de Jimmy.

À la remarque d’Howard sur son bonheur devant le fait que je puisse enfin voir Jimmy comme il l’étai vraiment, j’esquissais un frêle sourire.

- Peut-être que je l’ai toujours vue comme il l’est mais que je refusais de l’avouer.

Quant à savoir où j’irais ensuite, chez MTI ou ailleurs, je haussais des épaules.

- J’en sais rien… Si je divorce d’avec Julian, peut-être que Don refusera qu’on me prenne chez lui. Je pourrais lancer ma propre maison de disque ou simplement abandonner ma carrière et reprendre mes études en médecine ou continuer en droit. Ou tenter le cinéma. Ou juste vivre…

Il était trop tôt pour envisager un virage prononcer, j’avais quand même le droit de placer mes cartes, non ?

Je traversais la pièce et j’enlaçais Howard tout en l’embrassant passionnément.

- Quoi qu’il se passe dans l’avenir, je te dois beaucoup.

Livia voulait parler à Julian… Visiblement, le tromper lui avait fait se rendre compte d’une chose : elle l’aimait plus comme avant. Du coup, elle allait passer le pas d’aller lui parler. J’crois que j’aurais jamais réussi à penser de cette manière là à l’âge de Livia. J’crois que j’saurais jamais penser de cette manière. Quand j’trompais mes p’tites amies, j’faisais en sorte qu’elles le sache pas. C’était souvent un échec total, d’ailleurs.

Mais Livia, elle, voulait arrêter les frais avec son mari. Parce que, visiblement, ce qu’elle ressentait la conduisait tout droit dans mes bras. J’souris, parce que c’était flatteur.

-J’sais… C’est pas simple.

Mais est-ce qu’on formait un couple ? J’savais pas si j’étais prêt à, à nouveau, me mettre en couple. J’devais d’abord revivre avant ça. De ça, j’en étais sûr. Mais passer du temps avec Livia comme on l’avait fait aujourd’hui m’permettait de guérir p’tit à p’tit. Alors, autant vivre ça au jour le jour sans rien décider. C’était comme ça que j’voyais le trucs, en tout cas. Chaque fois que j’avais brûlé les étapes, j’m’étais planté. Alors, autant rien décider. J’comptais plutôt me laisser vivre.

Livia, elle, en dehors de ça, comptait rompre avec BSC. Ou plutôt avec son père. Parce que si elle quittait BSC c’est uniquement parce que Jimmy Reed dirigeait la boite. C’est ce que j’comprenais. J’savais pas réellement ce qui avait déclenché cette rupture entre eux. J’crois que c’est ce qu’il s’est passé à la fête de Ricci. J’avais pas vraiment tous les détails. Y’avait p’t-être d’autres trucs. Sincèrement, l’simple fait que ce type est un chef de gang, moi, me répugnait. M’en fallait pas plus…

Mais j’savais que si Livia faisait ça, ça allait faire du bruit. Elle en avait conscience. Mais l’avait pas vraiment l’choix. J’soupirai.

-Ouais… Y’a toujours un prix à payer.

C’était ça l’malheur de ma vie aussi. En tout cas, j’déclarai que j’étais plutôt content qu’elle voit enfin Reed tel qu’il est. Pour moi, c’est un meurtrier sans cœur. Et Livia déclara qu’elle l’avait p’t-être toujours vu comme ça sans l’admettre. Faut dire que Jimmy était son père et que j’savais que ça compliquait les choses.

-T’sais, j’sais ce que c’est d’avoir un parent toxique… J’me suis toujours dit que ma mère et ton père feraient un super beau couple. Genre une alliance du mal.

J’rigolai un p’tit peu. J’tentais de détendre un p’tit peu l’atmosphère. Le fait est que Livia avait ouvert les yeux. L’avait l’intention de s’barrer de sa maison de disques. La question était : pour aller où ? J’pensais à MTI mais elle avait peur que Don le lui refuse l’accès si elle divorçait de Julian. Elle avait d’autres idées mais, finalement, elle savait pas vraiment ce qu’elle voulait faire. J’haussai des épaules.

-Bah, j’connais pas assez bien Don pour savoir s’il te refusera un contrat chez MTI. J’en doute…

J’pense pas que le vieux Hughes était comme ça. M’avait plutôt l’air méga conciliant. Mais Livia le connaissait mieux que moi.

-Mais ouais… Fait comme moi. Vis au jour le jour et, surtout, fait ce que t’aime faire.

J’lui souris. L’avait le temps de décider, t’façon. Rien pressait.

Elle se rapprocha alors de moi pour m’enlacer et m’embrasser. J’lui rendis son baiser tendrement avant qu’elle ne me remercie de lui avoir ouvert les yeux. J’souris et lui fis un p’tit clin d’œil.

-Y’a pas d’quoi. Même si j’l’ai pas vraiment fait exprès.

Je l’embrassai à nouveau.

-Plus qu’à faire les biscuits, maintenant !