Enfin, la semaine se termine, le Week-end arrive. Quelle semaine de dingue, tout s'était super bien passé, je suis arrivé en ville et on m'a repéré assez vite. J'ai même déjà signé chez MTI grâce entre autres à Liam et Brent. Je n'oublie pas non plus Delphino qui m'a offert l'opportunité de jouer. D'ailleurs, c'est la requête que j'ai faite à Brent. Je voulais jouer ici au Dizzy pour mon premier concert pour MTI. Disons que c'est ma façon de le remercier.

J'espère apporter du monde ce soir. J'avais aussi demandé à Brent de me trouver des artistes de sessions et il m'en avait trouvé trois, un guitariste, un bassiste et un batteur pour m'accompagner. On avait fait connaissance dans les studios de MTI et ces gens sont vraiment sympathiques. Je leur ai expliqué ma vision du concert et ils avaient l'air partants pour faire partie de tout le délire des masques et des tenues.

On avait cherché pendant des heures avec Brent des tenues et des masques pour tout le monde. Et on en trouve des tenues toutes noires et bien moulantes en une seule pièce. Puis des masques qui ressemblent à des casques d'aviateurs avec des cornes et je trouvais que ça rendait bien avec mon masque montrant le leader du groupe et les autres avec d'autres masques. On se retrouve tous ensemble dans la loge et on est tous assis autour d'une table. Je prends la parole déjà masquée.

Bon les gars, comme à la répétition, on déchire tous sur scène. Ce soir, on met le feu au bar et on fait chanter le public, je compte sur vous !

On se lève et on se tape dans les mains. On prend chacun nos instruments et on se dirige vers la scène. Les lumières sont éteintes et on se place, je sens que le bassiste est un peu en stress, il est vrai que pendant le débrief, je n'ai pas été cool. Je lui ai fait le schéma du groupe comme le schéma d'une maison et le seul truc que j'ai trouvé à lui dire, c'est qu'il portait le groupe sur son dos, à mes yeux le bassiste représente les murs de ta maison, si le bassiste se foire, la maison s'écroule. Je le regarde et lui fais un pouce en l'air, je l'entends souffler un coup et là le batteur tape les baguettes l'une contre l'autre pour donner le départ et...


Avec aucune originalité on commence avec "Don’t Want To Be An American idiot" de BleedingHearth. Le guitariste qui m'accompagne cours dans tous les sens sur scène pendant que je chante, il se donne vraiment à fond et ça me fait plaisir. Le bassiste quant à lui pose ces notes tout en regardant le public, il est vissé sur place, il joue bien, pour le reste, on verra plus tard si on a l'occasion de jouer ensemble. Et le batteur... Bordel, il tape fort, mais alors ce que ça rend bien ! Tout le monde est à fond et ça m'encourage à faire de même, ce que je fais. Je m'amuse même à partir en vrille et à improviser en plein milieu du morceau un solo.

Je ne sais pas ce que je fais, mes mains jouent toutes seules, j'espère que ça plait, en tout cas nous ça nous plait, j'ai même réussi à faire bouger le bassiste de sa zone et il se met à marcher sur scène. Je fais participer le public qui chante avec nous le refrain. J'espère que Brent voit ça, je fais tout ce que je peux pour le rendre fier, lui que je considère comme mon sauveur et mon père de substitution.



On profite à la fin du morceau, on laisse raisonner nos cordes et les cymbales. Le public, en tout cas, a l'air d'avoir apprécié cette première chanson. On se regarde avec les gars puis on lance "I walk alone" de The burning fire. Mon guitariste en second lance les premières notes et je n'ai même pas besoin de chanter, le public le fait de lui-même !

C'est incroyable, je n'avais jamais ressenti ça. Je leur laisse ce moment à eux, entre eux, un moment de partage qu'ils ont et... Bordel, ça me fait plaisir ! À la fin du premier couplet, je décide de faire une fausse chute au milieu de la scène. J'essaye de faire le show à ma manière. Au bout de quelques instants, le batteur se lance, puis tout le monde suit, je me mets à chanter. Ce morceau étant plus calme, on court un peu moins sur la scène, mais on envoie quand même dans les micros, on tente comme on peut de procurer des émotions, les gens ont les bras lever et chante avec nous, oui, c'est sûr, c'est facile en reprenant des morceaux d'autres artistes tout le monde les connait, mais encore faut-il les reproduire sans faute, et cela semble être le cas, en tout cas, je n'entends rien qui me choque.

Quand le morceau se termine avec mes compères gratteurs ont s'amuse, le bassiste parts en impro puis vient au tour du guitariste, du batteur et enfin de moi qui lance à nouveau un solo au pif, j'ai l'impression que c'est papa qui joue, mais non, c'est bien moi, c'est bien Johnatan qui joue, on se regarde tous puis on termine sur une note qu'on fait trainer pendant une dizaine de secondes avant de regarder le public.

Le reste de la semaine, entre la signature du contrat de Johnatan, et le week-end où j’avais réussi à lui avoir la scène du Dizzy Warhol, n’avait pas été de tout repos. Déjà, j’avais du écrire le contrat (bon, j’avais un modèle assez bien fait vu que ce n’était pas mon premier rodéo, mais tout de même), puis, comme le projet de Johnatan consistait à avoir un groupe entièrement masqué, il avait fallu trouver des musiciens de session et de quoi les habiller.

Je lui avais trouvé trois musiciens de session, un guitariste, un bassiste et un batteur… Tous plus ou moins au même niveau, du même âge et dans le même délire que l’artiste qu’ils devaient mettre en valeur sur scène ou en studio. Et ça avait semblé coller directement entre eux. Il fallait dire que Johnatan n’était pas le genre de gars avec qui on se disputait facilement. Il transpirait la sensibilité et la gentillesse.

En dehors de ça, j’avais fait des flyers à la va-vite pour promouvoir le concert au Dizzy Warhol. Dessus, il y avait une photo de Johnatan masqué… De Nameless, quoi, plutôt. Et j’avais recruté des étudiants et quelques roadies pour les distribuer sur le Walk Of Fame durant les quelques jours qui nous restaient avant le jour J.

Nous y étions, donc… Johnatan et son groupe occupaient la plus grande loge du Dizzy et j’avais invité mon filleul, Julian, à m’accompagner. Il avait bien besoin de sortir de son garage et de ses histoires de divorce. On était appuyés contre le mur à regarder opérer la magie que Johnatan et moi avions pris la semaine à mettre en place.

On se tenait un peu en retrait du groupe, laissant Johnatan briefer ses musiciens. Il leur demandait de tout donner et… effrayait un peu son bassiste. Mais ça me faisait sourire, parce que Johnatan me prouvait qu’il savait très bien où il allait, en tant qu’artiste.

Je regardai ma montre et constatai qu’au moment où le groupe se tapait dans la main, c’était quasi l’heure qu’ils se présentent sur scène. Je posai ma main sur l’épaule de Julian et le poussai légèrement vers la sortie de la loge.

-Viens, on y va…

La scène du Dizzy n’était pas bien grande. C’était un petit club bien sympathique et j’étais content de voir que, même si c’était petit, c’était comble ! Et je voyais certaines personnes avec le flyers en main. Ils étaient donc intéressés par le phénomène Nameless.

On se posta à un endroit stratégique entre la scène et le bar. Je tapotai sur l’épaule de mon filleul.

-Garde nos places, je vais chercher à boire.

Je me dirigeai vers le bar et, y voyant Delfino, souris et lui tendis la main pour qu’il la serre par-dessus le comptoir.

-Salut Delfino ! Belle soirée, non ? Tu sais me mettre un Martini Dry et une bière, s’il te plait ?

Mes boissons en main, je revins vers Julian et lui donnai sa bière. Je pris une grande inspiration, mon cœur battant légèrement plus vite comme si c’était moi qui allait monter sur scène. Nameless apparut sur la scène, suivi de ses acolytes et je pris une gorgée de Martini.

-Bon… Voyons voir ce que ça donne.

J’avais dit à Johnatan de me garder le secret de sa set list. Et je souris en l’entendant commencer par une reprise de BleedingHeart ! Très intelligent, le Dizzy étant le berceau du groupe punk de Duncan Keller.

Du coup, les gens se mirent directement à chanter avec lui.

Le bassiste était un peu figé, mais sinon, l’ambiance y était déjà. J’applaudis avec enthousiasme à la fin de la première chanson.

La deuxième chanson fut une reprise de The Burning Fire… Un très bon choix aussi. Johnatan avait misé sur des valeurs sûres pour attirer l’attention de son public.

J’étais très fier de mon protégé qui réussit même à ce que son bassiste prenne confiance et se mette à aller et venir sur la scène.

Je me tournai vers Julian, parlant fort.

-Ils sont bons, hein ? Qu’est-ce que tu en penses ?

J’avais demandé à jouer les barman ce soir. Pourquoi ? Parce que Nameless allait se produire sur scène sous la bannière MTI. Le gars que j’avais rencontré il y a quelques jours d’ici avait, visiblement, obtenu la chance de sa vie parce qu’il avait déjà, dans la poche, un contrat. Sans doute que la démo qu’il avait donné à Liam avait fait effet et, pour cause, c’est avec Brent Hughes qu’il avait signé.

J’avais appris ça pendant la semaine en allant bosser aux studios. Chez MTI, les nouvelles vont vite et quand j’ai appris qu’un certain Johnatan Silverwood avait signé, je ne pouvais qu’être content pour l’homme qui était fauché comme le blé mais qui avait montré un très grand talent pour la musique lorsqu’il avait fait une petite représentation au Dizzy. Avec ce contrat en poche, il n’aura peut-être même pas besoin de venir jouer les barmen.

Bref, le patron du Dizzy m’avait donné l’opportunité de bosser ce soir et c’est ce que je faisais alors que le bar s’était rapidement rempli pour venir voir Silverwood. Il faut dire que MTI avait fait un peu de promo autour de ce premier concert et que les nouveaux artistes, ça attirait des gens. Ça attirait même du très beau monde parce que j’avais pu voir, de loin, nul autre que Carrie Hughes et son mari s’installer à une des tables. Carrie étant la nièce de Brent Hughes, j’imaginais qu’elle était là pour voir la nouvelle perle de son oncle…

D’ailleurs, c’est Brent, justement, qui s’avança vers moi un peu avant le début du concert. Il me salua et je lui souris. J’avais remarqué qu’il était accompagné de son neveu, Julian Hughes. Par contre, je ne vis pas Livia, la jeune épouse de Julian et une de mes amies proches… Mais je ne fis pas de commentaire là-dessus. Je me fis simplement la réflexion, intérieurement, que ça faisait un moment que je n’avais pas vu Livia…

-Salut Brent ! Très belle soirée, en effet ! Je te sers ça tout de suite !

Et c’est ce que je fis servant un Martini Dry et une bière que Brent embarqua.

Peu après, le groupe grimpa sur scène. Les musiciens étaient tous masqués ce qui donnait un très bel effet. Déjà Nameless et son groupe avait une certaine identité qui les faisais se démarquer des autres petites artistes qu’on avait l’habitude de voir. En parlant avec lui, j’avais pu voir qu’il avait un certain sens du marketing.

Puis, le groupe se mit à jouer ! Ils commencèrent par la reprise de BleedingHeart. La même que Johnatan avait déjà faite lors de son passage ici. Sauf qu’avec des musiciens autour de lui, ça donnait une dimension supplémentaire ! On voyait vraiment la différence quand un artiste jouait avec les moyens d’une maison de disques.

Ils donnaient tout. Je regardais de temps en temps la scène du coin de l’œil tout en servant mes verres et je pouvais voir que Johnatan ainsi que son guitariste était vraiment bien dedans. De là même à entrainer le public dont certains se mirent à chanter des paroles qu’ils connaissaient bien. C’était l’avantage de faire des reprises.

Après cette première chanson, le public applaudis. Je fis de même avant que le groupe n’enchaine avec une seconde chanson. Encore une reprise. De The Burning Fire, cette fois.

Le public était bien dedans ! Il semblait adorer le choix des reprises que Johnatan gérait vraiment bien. Même le bassiste sembla se décoincer un peu. Comme lors de la première chanson, c’était tout simplement parfait ! Sincèrement, je trouvais que Nameless allait avoir un bon avenir dans la musique.

Quand il termina cette chanson, j’applaudis très fort. Silverwood allait, définitivement, gagner ses premiers fans ici.

J’étais sortis de mon garage, ce soir. Il faut dire que Brent avait insisté pour que je vienne voir son nouveau poulain jouer sur la scène du Dizzy Warhol. Je n’étais pas très chaud, au départ, parce que j’étais plutôt du genre casanier mais bon… Brent était tellement enthousiaste vis-à-vis de Nameless que j’avais fini par céder. Après tout, il avait été de bon conseils quand j’étais venu lui parler de ma rupture et je lui devais bien ce retour d’ascenseur. Puis… Si je voulais profiter du célibat, il fallait que je sorte… Ça allait me changer les idées parce qu’il n’était vraiment pas facile, pour moi, de me retirer de la tête ma dernière conversation avec Livia.

J’étais, donc, allé au Dizzy Warhol avec Brent et on s’était retrouvé dans la loge de Nameless et des musiciens de sessions trouvé par MTI pour épaulé le jeune artiste. Je disais « jeune » mais Johnatan Silverwood était un peu plus âgé que moi. Je les avais observé, les bras croisés, me demandant bien ce qu’ils valaient. Brent était enthousiaste mais je savais aussi que la plupart de ses artistes n’avaient jamais réellement percer et, pourtant, ça faisait des années que Brent était dans le business. Je ne remettais pas en cause ses capacités de management mais bien son manque de chance. Il était passé de près à côté de gros groupes comme The Army. Peut-être que cette fois-ci, c’était lui qui avait trouvé la perle rare, qui sait ?

Quoi qu’il en soit, il semblait déjà il y avoir une certaine alchimie entre les musiciens. On voyait que Johnatan était le leader. Il motivait ses troupes comme un entraineur avant un match important. Ça semblait impressionner le bassiste mais j’étais certain que l’exigence de Silverwood lui sera bénéfique. J’étais comme ça aussi avec mes équipes marketing et d’ingénieurs qui bossaient, désormais, pour moi.

Je regardais tout ça silencieusement, les bras croisé et appuyé contre le mur juste à côté de Brent. Jusqu’à-ce que celui-ci ne me dise qu’il était temps pour nous d’aller se placer pour profiter du concert vu que le groupe semblait prêt à faire sa représentation. J’hochai de la tête et suivi mon parrain qui nous trouva une place entre la scène et le bar. Je m’installai alors que Brent voulait aller nous chercher à boire. Je lui demandai une bière. Il fallait que je me détente et une bière suffira à ça étant donné que je ne suis pas un grand buveur d’alcool.

Il me quitta un moment pour aller vers le bar alors que le groupe se préparait sur scène. Je regardais silencieusement tout en m’allumant une cigarette. Quand Brent revint, je le remerciai pour la bière avant d’en boire une gorgée. Il était, apparemment, impatient de savoir ce que ça allait donné.

-En tout cas, ta pub à fonctionné. Il y a du monde.

Le bar était tout simplement comble. De quoi ne pas fort me mettre à l’aise ce qui ce voyait par mes quelques tiques nerveux.

Le groupe commença alors son concert par une reprise de BleedingHeart. Le public apprécia et, même si BleedingHeart n’était pas forcément mon groupe favori, je devais avouer que Nameless gérait parfaitement bien son sujet. Il bougeait sur scène et le seul qui semblait très peu à l’aise était le bassiste.

Nameless enchaina alors avec une reprise de The Burning Fire. C’est en entendant ça que je me rendis compte que, peut-être, Brent avait trouvé l’artiste qui pourrait percer un peu plus loin que simplement à Los Angeles. En tout cas, il avait du talent et j’appréciais beaucoup la vie qu’il mettait sur scène. Ça contamina même le bassiste. C’est dire !

J’analysais un peu tout avec mes quelques rudiments de connaissance en musique. J’étais plus branché cinéma que musique mais mon père étant patron de MTI, je savais tout de même séparer le bon grain de l’ivraie.

J’applaudis à la fin de la seconde chanson et Brent se tourna vers moi pour me demander mon avis. J’esquissai un petit sourire et parlai assez fort pour qu’il m’entende.

-C’est vraiment bon. Il a parfaitement repris les deux chansons. J’ai hâte de l’entendre sur ses propres compositions.

Car je me doutais qu’il n’avait pas que des reprises en stock.

-Ton bassiste est juste un peu timide, je pense…

Mais ça, ça n’enlevait pas vraiment au talent de Johnatan.

Je regardais alors autour de nous. Plus au fond du bar, je repérai ma sœur, Carrie. Elle croisa mon regard et je lui fis un bref signe à elle et Victor. Comme mon père, ils étaient aussi au courant pour mon divorce à venir… Je me retournai vers la scène en faisant la moue.

-Carrie est là… Avec Victor…

J’avais précisé « avec Victor » en faisant la moue pour bien montrer à Brent que je préférais rester ici plutôt qu’on se joigne à ma sœur.

En attendant, je me recentrai sur la scène m’attendant à ce que Nameless confirme son bon départ avec une troisième chanson.

J’avais mon week-end de libre ! J’étais content, parce que ça n’arrivait pas souvent. Soit parce que je travaillais avec mon ambulance, soit parce qu’il y avait l’une ou l’autre course en ville ou dans les environs.

Mais ce week-end, rien ! Nada ! Juste du temps libre à combler. Et je ne comptais pas rester devant la télé !

J’avais sonné à Howard pour savoir s’il voulait m’accompagner à un concert qui se donnait au Dizzy Warhol ce samedi soir. Mais il avait pas répondu… Je ne savais pas trop où était mon ami… Mais je savais qu’il avait un voyage en Afrique à préparer, sans compter que sa sœur, Kenzie (qui était aussi une très bonne amie à moi par la force des choses) était enceinte jusqu’aux yeux au point que l’accouchement semblait imminent.

Donc, je n’avais pas insisté. Ce ne serait certainement pas la première fois que je sortais seul. Et de toute façon, j’arrivais toujours à rencontrer des gens sur place avec qui faire la fête. Surtout qu’au Dizzy, si j’avais de la chance, il y aurait Delfino, un barman latino assez sympa et toujours prêt à faire la conversation. J’espérais qu’il y serait ce soir parce que je savais qu’il était aussi roadie pour MTI…

Et justement ! Pourquoi est-ce que j’avais tellement envie de sortir au Dizzy ce soir ? Et bien parce que, alors que j’étais parqué sur le Walk Of Fame un jour de la semaine, jeudi, je crois, et bien un petit gars m’avait donné un flyers qui annonçait un concert !

Ce qui m’avait intrigué, c’était la photo sur le flyers. Un espèce de démon doré ou argenté… Et puis le nom qui allait avec : Nameless.

Pas de visage et pas de nom… Mais trois lettres qui garantissaient que ce ne serait pas n’importe quel petit chanteur local qui se produirait : MTI.

Alors de deux choses l’une… Soit j’allais découvrir un tout nouvel artiste de la maison de disque… Soit il s’agissait d’un groupe déjà connu, mais tellement connu qu’il serait obligé de se produire masqué pour ne pas que ce soit l’émeute dans une petite salle comme le Dizzy.

Dans tous les cas, j’étais curieux. Et si c’était The Burning Fire ? Et si c’était pour ça qu’Howard ne répondait pas au téléphone ?

J’arrivai au club juste à temps pour ne pas rater la première chanson. J’écoutai depuis le fond de la salle bondée, ce qui n’était pas un problème pour moi, vu ma taille.  Direct, ce fut du BleedingHeart ! Mais ce n’était pas eux. Ce n’était pas la voix de Duncan Keller… Et puis les gars sur la scène étaient quatre. BleedingHeart n’avait que trois membres.

La deuxième chanson, du The Burning Fire. Mais ce n’était pas eux non plus. Parce que The Burning Fire comptait cinq membres dont un claviériste… Et il n’y avait pas de clavier ici. Mais finalement, plus les minutes passaient, moins ça m’importait vraiment. Parce que j’étais porté par leur musique et par l’ambiance qui en découlait, chantant avec le groupe les paroles que je connaissais par cœur.

Après la deuxième chanson, je jouais des coudes pour arriver jusqu’au bar. Et là, j’eus le bonheur de voir que c’était Delfino qui servait !

-Hey Delfino ! Hey ! Salut !!!

Le groupe allait entamer sa troisième chanson  au moment où Delfino approchait pour me servir.

-Une pinte de bière, s’il te plait !

Je lui lançai ensuite.

-Hey ! Toi qui es chez MTI, je parie que tu sais qui c’est qui est sur scène ! Allez ! Dis-moi ! C’est qui ?

Pffffffffffff l’Eastside !

Une « idée du siècle » qu’avait eu Brent de faire jouer son tout nouveau poulain au Dizzy Warhol, ce repère de drogués des basses classes. Il y avait plein d’autre bars à Los Angeles et il avait fallu que le concert de Nameless ait lieu ici.

Ouais ! Nameless ! C’était le « nom » du nouveau poulain de l’oncle de Carrie. Un nom qui signifie littéralement « sans nom ». Un non nom, donc… Mais tout ça faisait certainement partie d’un coup de marketing bien rôdé en vue de cacher le manque de talent de… Qui encore ? J’ai déjà oublié son vrai nom… Carrie me l’a dit mais je l’ai déjà oublié. Peu importe. Il n’en veut pas, de nom, de toute façon.

Bref… Carrie avait insisté pour qu’on se pointe ici pour voir la nouvelle trouvaille de Brent. Moi, j’étais certain que ça allait finir comme tous les autres artistes de l’oncle de Carrie… Nameless allait se faire un nom mais pas au-delà de Los Angeles. Brent était doué pour le local mais ses poulains s’exportaient très mal au niveau national et international parce que Brent manquait d’oreille et que ses poulains n’avaient, généralement, pas tant de talent que ça.

-Ce fichu champagne n’est même pas bon !

C’est ce que je lançai alors qu’on était installé à une table d’où on pouvait voir assez bien la scène. J’avais commandé du champagne alors que Carrie, elle, avait pris une espèce de cocktail à la couleur bizarre. Elle haussa les épaules.

-Il n’est pas cher, il faut dire…

Mouais ! Rien n’était cher ici parce que nous étions dans l’Eastside. Tout avait le goût des égouts, le champagne compris !  Je soupirai, dépité par ce champagne de mauvaise qualité. Le Dizzy, lui, se remplissait à vue d’œil. Je regardais les gens entrer, certains ayant, en main, un flyers que Brent avait distribué. Carrie m’avait dit que Brent s’était démené pour ramener un maximum de gens à ce foutu concert…

Bref… J’attendais le concert en buvant mon champagne bas de gamme et en regardant quel public allait se taper Nameless. Mon regard voyagea jusqu’à repérer, seul à une table, Hugh Crusher et sa tronche de petit latino perdu. Sans gêne, je montrai l’ex-acteur du doigt.

-Oh regarde, Carrie ! La meilleure amie de Vicky est ici.

Carrie fronça les sourcils avant de regarder vous où je pointais. Elle frappa alors du poing sur mon bras.

-Victor !

Je lâchai un « aïe » de protestation devant tant de violence de la part de Carrie. Je me frottais le bras avant d’hausser les épaules.

-Bah quoi ?

C’est ce qu’il est, non ? Ne me demandez pas pourquoi ma sœur s’était prise d’affection pour un immigré aux tendances très douteuses. Je n’ai jamais compris ça. Surtout que Hugh était une petite chose fragile qui avait dynamité lui-même sa propre carrière parce que le pauvre petit chou n’en pouvait plus. Moi ce qui m’avait toujours fait halluciner c’est comment autant la presse qu’Hollywood n’avaient pas vu ce qui sautait pourtant aux yeux.  Encore maintenant, des gens comme Sørensen pensait que ce foutu homo se tapait Jessica Hill. Comment ils ne voient rien ?!  C’est IN-CON-CE-VABLE.

-Hugh est quelqu’un de très gentil. Il ne mérite pas tes moqueries…

Je croirais entendre Vicky… Quand j’étais plus jeune, ma sœur m’avait même, une fois, foutu dehors parce que j’avais mal parlé à sa meilleure amie.

Bref… Je me centrai sur la scène où, enfin, le groupe grimpa. Ils étaient tous masqué et ils ne tardèrent pas à commencer en proposant une reprise de BleedingHeart. En gros, une chanson de punk. Je n’étais pas fan de punk rock. Carrie, elle, souriait en regardant. Elle semblait apprécier. Moi, pour l’instant, je trouvais ça aussi bon que mon champagne. Surtout que le bassiste semblait cruellement coincé du cul.

Le public ne semblait pas de mon avis.

Après cette chanson, le groupe enchaina avec une autre reprise. De The Burning Fire, cette fois. Je roulai des yeux. Brent avait engagé un groupe de cover ou quoi ? C’est pas avec ça qu’il allait aller loin.

-C’est vraiment très bon !

C’est ce que cria Carrie dans mon oreille alors que, enfin, Nameless fit un peu bouger son foutu bassiste. Je pensais qu’il avait pris racine, moi.

-Mouais…

Je n’étais pas convaincu ce qui fit rouler des yeux à Carrie. Elle le fait tellement souvent que je me suis déjà demandé si, un jour, ses yeux n’allaient pas rester coincer…

Quand le chanson s’acheva, je poussai un long soupire.

-J’espère qu’ils vont faire autre chose que des reprises, hein. Je suis pas venu ici pour entendre ce que j’ai déjà entendu.

C’était un fait !

C’est là que notre regard croisa celui de Julian. Carrie lui fit signe et il fit de même. Il était près de Brent, le futur petit divorcé. Quand j’ai appris pour sa séparation à lui et à la jeune ex-future-Cortez, j’avais bien ri. Enfin, pas devant Carrie bien sûr. Mais intérieurement. Avec Livia en moins dans la famille Hughes, ça faisait moins de gens pour l’héritage. En gros, je trouvais qu’elle avait bien fait de larguer le gamin.

Je lui avais fait signe aussi avant de reposer mon regard sur Nameless. Bon ! Il va, enfin, nous sortir une composition de sa part ? Je l’espérais sinon, Brent allait entendre mes critiques, je le lui garantis !

Quelques jours après ma rencontre avec l’étrange, mais sympathique, Johnatan Silverwood, qui m’avait confié pratiquement tout ce qu’il avait, c’est-à-dire une simple cassette, j’avais été appelé chez Billy par nul autre que Brent Hughes en personne !

C’était à lui que j’avais fait passer la démo du jeune artiste. Pourquoi lui et pas Timmy Evans ou Samantha Ricci ? Tout simplement parce que Brent Hughes était le seul manager de MTI à ne pas encore avoir de groupe ou d’artiste mondialement connu dans son carquois. Et pourtant, Dieu savait que c’était un bon manager. Quand il prenait quelqu’un sous son aile, il ne le laissait pas tomber, même si ce quelqu’un n’avait pas le niveau ou le charisme pour percer au niveau mondial.

Puis il ne fallait pas oublier qu’il avait quand même failli devenir le manager de The Army !

Bref, tout ça pour dire qu’il m’avait appelé, chez Billy Lighter, pour me prévenir que l’artiste que j’avais repéré avait décidé de signer avec lui et donc avec MTI ! J’étais super content ! J’avais pu contribuer à l’avenir de quelqu’un.

Je croisais les doigts pour que ça aille, maintenant !

Brent m’avait aussi dit que Johnatan donnerait un concert, son premier concert officiel, sous le nom de Nameless, le samedi même et m’encourageait à y aller.

Evidemment que j’allais y aller ! Je n pouvais pas, je ne voulais pas rater ça !

J’avais proposé à Billy de venir avec moi, mais il avait refusé. Il avait lui-même son concert au Hollywood Bowl à préparer et mêe s’il était dans une phase montante qui frisait l’euphorie pure et simple, il se voyait mal aller au Dizzy.

Dans un sens, ce n’était pas plus mal. Parce que la présence de Billy Lighter pourrait dévier l’attention des gens sur lui et voler un peu la vedette à Nameless. Or, ce n’était pas le but.

Billy m’avait donné mon samedi soir sans problème, lui-même plongé dans la répétition au piano de ses morceaux qu’il comptait jouer en live. Je pouvais donc aller profiter de ma soirée le cœur léger.

J’arrivai au Dizzy un peu avant le concert, saluai Delfino au bar (comme quoi tout MTI s’était donné le mot… Fallait dire que Brent avait mis des flyers partout), qui m’offrit une bière… Avec mon verre, j’allais me poster à un endroit stratégique… Un des endroits préférés de Billy parce qu’on pouvait tout voir sans être vu, de là.

Mais quand le concert commença, Nameless proposant des reprises plus que maîtrisées, convainquant le public avec des chansons qu’il connaissait, je fus encore une fois soufflé par le talent de l’artiste.

Alors je sortis de ma cachette et me faufilai entre les gens qui criaient, dansaient et chantaient. Nameless avait réussi, en choisissant bien ses chansons pour débuter le concert. Maintenant qu’il avait l’attention du public, il pouvait essayer des choses moins connues, voire des compositions personnelles.

J’arrivai juste devant la scène à la fin de I Walk Alone… Juste devant Johnatan. Et j’applaudis à deux mains ! Puis, quand je pensais qu’il me regardait moi, à travers son impressionnant masque, je lui fis signes les deux pouces levés.

Il gérait !

Nameless. C’était le nom qui était marqué sur le flyers que j’avais dans ma poche. Un flyers qui m’avait été donné par un collègue chez Guitar&Pen.

Nameless c’était le nom d’un nouvel artiste signé par MTI. Il donnait son premier concert sous le label de la maison de disques au Dizzy Warhol et, en tant que journaliste musical, j’avais eu envie de voir quel genre de musique allait pouvoir nous faire ce nouvel artiste de la maison de disques rivale à BSC.

Cette un mois faste pour les nouveautés, il faut dire ! BleedingHeart avait, enfin, sorti son second album dont j’avais fait une bonne critique. Le groupe avait eu l’intelligence de changer de bannière ce qui faisait que j’avais salué leurs nouvelles chansons. Shiri avait, quant à elle, sorti son premier album mais je doutais qu’elle fasse un aussi bon début de carrière que Livia pour la simple et bonne raison que Shiri, elle, s’était trompée de bannière.

M’est d’avis que Nameless subira le même sort que la rouquine mais pour parler en mal, il fallait encore savoir de quoi on parlait alors voilà pourquoi j’avais décidé de venir, ce soir, au Dizzy Warhol. Seul, vu que j’étais ici pour le boulot. J’avais, d’ailleurs, sur moi mon carnet au cas où j’obtenais quelques mots de l’artiste ou de son manager qui, si j’avais bien compris, était Brent Hughes, le frère de Don Hughes.

Je m’étais installé à une table un peu en retrait mais assez bien mis que pour voir la scène. Il y avait du monde et j’avais commandé un cocktail pour rendre la soirée plus agréable. Dans le public, je vis quelques VIP. Carrie Hughes et son mari… Mais aussi Brent Hughes, bien sûr, accompagné de son neveu, Julian. Je fronçai les sourcils en ne voyant aucune trace de l’épouse de Julian, Livia… Mais mes questionnements vis-à-vis de ça disparurent que le groupe grimpa sur scène.

Ils étaient tous masqués. Un choix marketing et réfléchis, je le supposais. Ça allait bien avec le nom de l’artiste, en tout cas. Mais ce qui m’intéressait, c’était ce que l’artiste principal avait dans le ventre ! Et il commença par une reprise de BleedingHeart. Je devais avouer que ce n’était pas un si mauvais choix que de commencer par une reprise. Ça avait au moins le don de mettre tout de suite le public à contribution et attirer l’attention avec quelque chose qu’ils connaissaient. Surtout au Dizzy Warhol qui était le bar où BleedingHeart avait fait ses premiers pas.

Je fronçai les sourcils. Le groupe gérait assez bien. Le bassiste était un peu figé mais ce n’était pas suffisant que pour pouvoir descendre la représentation…

Après cette mise en bouche, le groupe enchaina avec une seconde reprise. Ce n’était plus de BleedingHeart mais du The Burning Fire. Est-ce que Nameless avait ses propres compositions ? Je le supposais… Je doutais que Brent Hughes ait fait signé un type capable uniquement de faire des reprises… Quoi que ? On ne sait jamais… C’est MTI, après tout !

Je regardais le show analysant tout ce que je voyais sur scène. Le bassiste se mis à bouger un peu plus sous l’impulsion du chanteur. Je bus une gorgée de cocktails à l’affut de chaque faille.

J’étais arrivé tôt, très tôt, bien avant l’heure d’affluence au Dizzy. J’étais armé de mon meilleur appareil photo, qui pendait autour de mon cou. J’étais là pour L.A. People. Ce soir, un tout nouvel artiste de chez MTI allait faire ses premiers pas sur scène, et plusieurs choses m’intéressaient.

Déjà, sur le flyers que j’avais reçu, on ne voyait pas le visage de l’artiste, Nameless. Si j’avais l’occasion de choper le vrai visage de ce gars, ça pourrait faire un bon article et j’allais spoiler le mystère à tout le monde.

De deux, qui disait MTI disait VIP. Et qui disait VIP disait people.

En véritable charognard que j’étais, j’étais vite passé au bar me chercher une bière que le barman latino me servit… Puis j’étais allé me placer dans un coin stratégique du bar… Quelque part d’où je pouvais tout voir et presque tout entendre. Déjà, j’avais l’entrée dans le collimateur.

Je vis Brent Hughes entrer d’abord, avec son neveu Julian Hughes. Je pris quelques clichés, mais aucune trace d’un autre homme qui pouvait être Nameless… Je grimaçai de déception… Le groupe avait dû entrer par derrière. Pas grave… En soi, ce ne serait pas ce qui ferait vendre le plus.

L’absence, encore une fois, de la jeune Livia, par contre, allait faire jaser et j’allais d’ailleurs faire en sorte que ça jase. Ça faisait un moment qu’on avait plus vu le jeune couple ensemble, main dans la main et amoureux.

Ensuite, ce fut au tour de Carrie Hughes d’entrer dans le bar, affublé de son petit minet arrogant d’avocat. Je les pris en photo eux aussi, sans savoir si j’allais en faire quelque chose. Depuis qu’Hunter m’avait menacé de me trainer en justice pour un article, j’y réfléchissais à deux fois avant d’écrire sur lui.

La famille Hughes était largement représentée, du coup. Mais c’était un peu normal… Peut-être que j’étais en train d’assister à l’ascension tardive de Brent Hughes, après tout.

Je souris d’un air carnassier, par contre, quand je repérai Hugh Crusher qui s’installa seul à une table. Je le mitraillai. J’avais écrit sur lui récemment et j’étais un peu déçu de le voir seul et non accompagné par Jessica Hill, ce qui aurait confirmé mes dires.

Le groupe finit par monter sur scène, tous ses membres masqués. Le leader, Nameless donc, avait un masque différent des autres. Ça donnait vraiment pas mal sur scène et je fus ravi de les entendre commencer par une reprise de BleedingHeart, l’un de mes groupes préférés. Lost Cause représentait bien ma vie jusqu’ici. Mais ils avaient choisi une autre chanson, pour commencer et que j’aimais beaucoup aussi.

Ils gardaient l’essence de la chanson tout en la reprenant dans leur style à eux. C’était vraiment pas mal !

Entre les deux chansons, je me tournai à nouveau vers le public. Victor Hunter faisait une tronche comme s’il avait avalé un ver de terre. Julian Hughes avait l’air mal à l’aise… Mais Brent semblait plus que satisfait, de même que Carrie. Hugh Crusher avait lui aussi un sourire aux lèvres, mais toujours personne avec qui le partager.

Je vis alors mon confrère, Axel Moriarty… C’était également le mari de Sonne, mon amante. Je ne résistai pas à l’envie d’aller le saluer. Je sortis donc de ma cachette, déposant mon verre vide sur une table au hasard, mon appareil photo en main, et quand je réussis à me frayer un chemin jusqu’à lui dans la salle maintenant comble, je le pris en gros plan, le surprenant.

-Salut Axel ! Tu es venu cracher sur MTI ? Encore ?

Tout le monde savait qu’Axel était un pro-BSC et que ses articles étaient clairement orientés.

« Non ! ». C’était le mot que m’avait lancé Jessica quand je lui avais proposé de m’accompagner au concert de Nameless. Un « non ! » absolument non-négociable. Elle n’avait aucune envie de « foutre les pieds dans un trou à rats » pour entendre un artiste même pas connu. Je la trouvais un peu dure avec l’Eastside mais elle réussit à ce que je n’insiste pas en disant que si elle sortait avec moi à ce concert, ça n’allait faire qu’alimenter les conneries que déblatérais Sørensen.

Pour le coup, elle avait raison…

Alors, j’étais allé seul voir Nameless qui n’était autre que Johnatan. Quand j’ai vu l’homme masqué sur les flyers qui étaient distribués à certains endroit de la ville, j’avais tout de suite reconnu le masque de l’homme que j’avais rencontré au motel. Visiblement, sa petite démo avait fait son effet parce que c’était sous le label MTI qu’il faisait son concert au Dizzy Warhol. J’étais vraiment content pour lui et j’avais hâte de voir ce qu’il valait en concert.

Une fois au bar, j’étais allé me chercher un cocktail avant de prendre place à un table. Je voyais bien la scène d’ici. Il y avait déjà du monde mais une fois que je fus installé, je vis comme plusieurs flash illuminé l’endroit. Je clignai deux fois des yeux cherchant la source des flash sans arriver à la trouver. Je me disais qu’ici, à un concert d’un artiste pas encore connu, il n’y aurait pas de photographes mais, visiblement, je m’étais trompé… Jessica avait peut-être vraiment eu raison de ne pas m’accompagner…

Je sortis mes cigarettes et me mis à fumer tout en sirotant mon cocktail. Je finis par remarquer, plus loin, Brent Hughes qui était accompagné de Julian Hughes. Je savais que Brent était manager pour MTI. Est-ce que c’est lui qui a engagé Johnatan ? Si c’était le cas, le jeune artiste était vraiment bien tombé. Je connaissais un peu Brent. C’était vraiment un type bien. Il avait réussi à sortir le meilleur de moi-même lors d’une séance photo, il y a des années d’ici, et il avait même soutenu mes choix vestimentaires à cette même séance.

Je souris en voyant l’oncle et le neveu regarder vers la scène où, bientôt, Johnatan montrera ce qu’il a dans le ventre. Mais mon sourire fana quand mon regard croisa celui de Victor Hunter. Ce fut bref mais je savais qu’il m’avait bel et bien repéré car il me montrait du doigt comme si j’étais une foutue bête de foire. Il était accompagné de Carrie Hughes, sa femme… Ça n’a jamais été le grand amour entre moi et le frère de Vicky… Je ne sais pas pourquoi mais je représentais tout ce qu’il haïssait. Vicky m’avait souvent dit de l’ignorer et qu’elle n’avait aucune idée de pourquoi Victor se comportait comme ça de manière générale. Elle l’excusait souvent en disant que « Victor est comme ça » ou encore en envoyant des « je ne crois pas qu’on peut le changer ». Moi, je me suis toujours demandé comment le frère et la sœur pouvaient avoir une mentalité drastiquement différente alors qu’ils avaient été élevé de la même manière. Vicky était une fille très gentille. Victor était méchant. Une méchanceté qui devait avoir une source quelque part. Ce n’était pas possible autrement.

Je détournai le regard du couple. J’aimais bien Carrie mais je n’avais pas vraiment envie d’aller la saluée et subir les insultes de son mari. Alors, je restai bien à ma place alors que Nameless monta sur scène avec ses musiciens, eux aussi masqués. Je souris et ils commencèrent vraiment bien avec une reprise de BleedingHeart.

J’étais complètement transporté par la voix de Johnatan. Il m’avait déjà assez impressionné au motel mais, ici, avec ses musiciens, ça donnait une toute autre dimension. Il bougeait bien sur scène et arrivait à faire chanter le public. J’applaudis fort à la fin de sa première chanson. Il était vraiment doué !

Il enchaina avec une autre reprise. On pouvait entendre la sensibilité de Johnatan quand il chantait. Je savais qu’il avait une histoire pas facile avec la mort récente de ses parents. On pouvait entendre sa douleur dans sa voix ce qui donnait vraiment envie de l’écouter. Il était clair que, pour moi, Nameless pouvait aller loin et conquérir le cœur de Los Angeles.

Sortir d’entre les quatre murs de la chambre de Cash allait me faire le plus grand bien. Sachant que j’étais condamnée et que même en faisant le plus attention possible, je ne parvenais pas à combattre cette foutue maladie, j’en étais venue à me dire que je devais vivre ce qu’il me restait à vivre à fond et non pas en restant cloitrée à la maison.

Je ne savais plus d’où ni de comment mais Cash était revenue un soir avec un flyers annonçant la tenue d’un concert d’un nouveau groupe débarqué en ville, au Dizzy Warhol. C’était une belle occasion de lâcher son fou, de danser, de boire un coup, de me sentir encore un peu vivante. J’avais enfilé un jeans troué, noué un bandana au guise de t-shirt et couvert mes épaules d’une veste en cuir. À mes oreilles pendaient des anneaux surdimensionnées et j’avais étalé un rouge pompier sur mes lèvres. J’étais prête à faire la fête jusqu’à pas d’heure.

Ce n’était pas le SIDA qui allait m’en empêcher !

- Ça sent le bonheur !

La place était déjà bondée ! Plusieurs visages connus, des inconnus. J’adorais ça ! Ça sentait déjà la cigarette, la marijuana et la sueur ! J’inspirais profondément en souriant, flattant ma gorge comme si j’inhalais des effluves de la fontaine de jouvence.

Je regardais Cash en ondulant des hanches. J’avais envie de bouger, de me fondre dans la masse et d’oublier, ne serait-ce que pour une soirée, que c’était peut-être ma dernière de ce genre. Il n’y avait rien de pire que de vivre quelque chose et de penser que ce serait peut-être la toute dernière. Comme hier, quand nous avions fait l’amour. Peut-être était-ce notre dernière fois, c’est pour cela que nous nous donnions corps et âmes.

Ce soir, je ferais la fête comme s’il n’y avait pas de lendemain.

J’attrapais la main de Cash et nous dirigeais jusqu’au bar pour y commander à boire. J’avais soif de bière et d’alcool fort.

- Deux pichets et quatre shots de Tequila !

Ça casserait bien la glace et nous réchaufferait.

Sur scène, le groupe Nameless reprenait habilement une chanson de The Bleeding Heart, ça faisait du bien à entendre. Malheureusement, souvent, bien des groupes se pensaient en mesure de s’approprier une pièce déjà connue et apprécié et, plutôt que d’y rendre hommage, ruinait les efforts du groupe à qui elle appartenait. J’aimais bien voir le guitariste donner un show sur scène en allant et venant, d’un côté comme de l’autre alors que le chanteur masqué donnait le ton avec justesse.

- Ça promet ça !

Savannah et moi vivions clairement dans l’urgence. Autant nous étions restés bien tranquilles ces derniers temps, moi ne quittant la maison que pour aller faire ce qu’il y avait à faire pour nos prochains concerts… Autant là, avec la santé de Sav’ qui se dégradait, on était passé en mode Live Fast, Die Young…

Parce que… Il fallait être réaliste… C’était ce qui allait arriver à Savannah… La belle nymphe allait bientôt rejoindre le Désert de l’après-vie et peut-être y retrouver la reine des rues de L.A., Gaïana, morte dans mes bras d’une overdose quelques années plus tôt.

Je m’étais résigné… Je savais que j’allais revivre ça… Et si ça m’avait effrayé au début, voir que Savannah n’avait pas peur… Ou qu’elle essayait de ne pas le montrer, me poussait à être fort moi aussi.

Donc, quitte à mourir, autant faire ça bien et vivre à fond ce qu’il nous restait de chemin à parcourir ensemble.

Donc, quand j’avais trouvé un flyers dans les studios de MTI qui annonçait le concert d’un nouvel artiste, Nameless, au Dizzy Warhol, je l’avais ramené à la maison. Et direct, Savannah avait été partante !

Nous étions arrivés alors que le Dizzy était déjà plein à craquer ! Et dès passé la porte d’entrée, Savannah avait continué à avancer en ondulant gracieusement des hanches… Je sifflai comme un serpent entre mes dents, avide de la voir encore danser… Elle se frayait un chemin sans aucune peine au milieu de la foule et je la suivais, fasciné.

Elle finit par se tourner vers moi et je dansai avec elle, caressant son corps en mouvement de mes deux mains. Elle était belle, ma Savannah, même avec son maquillage destiné à masquer sa fatigue.

Le groupe sur scène donnait de bonnes reprises de titres bien connus à L.A., mais j’étais curieux d’entendre leurs propres compositions. Parce qu’on ne fait pas autant de publicité pour un simple groupe de reprises. Les covers, c’est bien, mais ça ne vas pas bien loin. Mais bon, comme c’était un artiste de Brent Hughes, ce ne serait peut-être pas si étonnant que ça.

Cela dit, ce qu’il proposait était vraiment bien. Sinon, je ne danserais pas, j’irais juste voir ailleurs.

A un moment, Savannah attrapa ma main et on se dirigea vers le bar. Elle commanda alors que je passai ma main par-dessus le comptoir pour serrer la main de notre roadie Delfino qui servait.

A la commande de Savannah, j’ajoutai :

-Et mets-nous une bouteille de Jack Daniel’s ! S’il te plait !

Savannah semblait conquise par Nameless. Je hochai la tête, mes yeux cachés par mes boucles.

-Ouais! Il a bien choisi ses chansons!

On s’enfila les tequilas en croisant nos bras… Puis je bu une partie de la bière au pichet avant de prendre ma bouteille de Jack et de l’ouvrir tout en regardant aux alentours. Avec le monde, c’était difficile de repérer s’il y avait des gens qu’on connaissait. Je vis néanmoins Carrie Hughes et le petit minet que j’avais essayé d’empêcher de se battre je ne savais plus dans quel bar. Il y avait aussi Brent Hughes, évidemment, et Julian Hughes. A croire que c’était réunion de famille.

-Oh ! Sav ! Il y a Liam tout près de la scène ! Viens !

Je lui pris la main, emportant ma bouteille et on se faufila à travers les gens jusqu’à rejoindre le garde du corps de mon meilleur ami. En approchant de la scène, je remarquai que Nameless, avec son masque, était encore plus impressionnant de près que de loin.

-Salut, Liam ! Billy est là ?

Je regardais déjà frénétiquement autour de moi pour apercevoir la tignasse rousse de mon chanteur.  

On mettait le feu sur scène et cela semblait vraiment plaire au public, les gens chantent, dansent, boivent. C'est étrange pour moi, habituellement, je joue en solo ou avec des bandes sons en fond, je n'ai jamais connu ça à Blackpool ou à Paris. Le bassiste me regarde puis viens me murmurer quelque chose, je fais un signe de la tête lui montrant que je suis d'accord avec lui et je vais voir les autres membres du groupe un par un, le batteur me fait un signe du pouce puis ce mets à taper sur ça charleston, le guitariste lance son riff, les gens semblent se demander ce qu'il se passe, et oui, on va leur jouer une de nos compositions.

On en a trois en stock et on va jouer les trois ce soir, c'était ce qu'on avait convenu à la répétition, si les gens aiment nos reprises, on jouait nos propres morceaux pour tâter le terrain. On s'amuse même à faire chanter avec nous le public, le refrain n'est pas trop compliqué et ça peut flatter les egos de tout le monde. On l'a baptisé "We are the perfect gentleman" les gens se mettent à sauter tous ensemble au rythme de la musique, je regarde à ma droite, le guitariste est à fond comme toujours, il bouge sur scène, je lui fais même signe de se rapprocher de la foule, le bassiste quant à lui ce mets aussi à réellement bouger, il monte sur les amplis face à nous et il se déchire, ça fait plaisir à voir. Il se libère enfin !

Du coup, ça me motive aussi quand je pars faire mon solo, l'autre guitariste se joint à moi et ce n'est plus un solo, mais un duo ! Les gens semblent vraiment aimer ce qu'il se passe et ça nous motive tous, avons-nous notre public ? Peut-être, quand je me penche en avant, je remarque que Liam était là ! Et ça me fait plaisir de le voir, je lui fais un signe du pouce comme pour lui montrer que je l'avais vue. Je vois aussi Delphino avec un grand sourire, il semblerait qu'il prenne son pied lui aussi. J'ai cherché Brent, mais je ne le vois pas. Je regarde le public à la fin de la chanson et souffle un grand coup.



Je finis par prendre la parole et m'adresser au public.

Mesdames et Messieurs Ladies and Gentleman Boys and Girls this is the real world !

Le public est dans l'ambiance, on a capté toute leur attention à nouveau. Ont leurs sorts notre deuxième composition "Our World" et on espère que ça marche, en tout cas, on se donne à fond, le bassiste est mis a l'honneur, il faut dire qu'on a beaucoup donné moi et mon guitariste alors, on a fait un morceau où il y a un peu plus de basse batterie, mais avec moi qui chante, ça casse complètement avec le reste puisqu'on est beaucoup moins présents, c'est ma volonté de vouloir mettre en avant tout le monde, sans eux, je ne suis rien et inversement alors disons que c'est pour les remerciés.

Malgré tout, on a mis un solo de guitare, mais cette fois-ci, ce n'est pas moi qui le joue, mais mon compère à ma droite et justement, il gère, c'est encore mieux qu'en studio, j'en suis le premier surpris, lui qui ne voulait pas être seul à faire les solos... Il ce débrouille et j'en suis fier, j'ai réussi à les décoincer tous les deux. Mon batteur lui tape toujours comme un sourd, mais c'est ce qui donne de la puissance au morceau, ça ne me gêne pas. Je finis par le rejoindre au milieu du solo comme prévu et ça se passe bien.

Les gens profitent de la soirée et ça nous fait plaisir. À la fin du morceau, mon guitariste me regarde et secoue sa main droite, je ricane devant la situation, il a tout donné, mais il nous reste un morceau et je regarde en direction de Delfino. Lui connait le morceau tout comme Brent que j'ai perdu de vue avant le concert.



Je regarde le public et je pose ma guitare. Je laisse le soin à mon guitariste de faire le morceau à ma place, je vais me contenter de chanter et de bouger un peu plus sur scène, on ce mets à démarrer "Arrival", et là quelques personnes se mettent à crier en entendent les premières notes, surement des gens qui sont venus la première fois que j'ai joué ici et qui ont reconnu le morceau, il faut dire que ce morceau a une histoire particulière, il englobe pas mal de monde, il y a peu sans l'aide de Liam, Delfino et Brent, je serai peut-être à la rue et, les étoiles m'auraient surement donné l'espoir de continuer à me battre pour réaliser mon rêve, les gens chantent avec moi et tout le monde prennent plaisir. Je fus même surpris quand à la fin de la chanson les gens continuent de chanter, on se regarde avec les autres membres du groupe et on laisse le public chanter. Puis je fais signe de la main avec trois doigts, puis deux, puis un, et on se remet à jouer le refrain et à chanter dès la la la avec le public, on peut au moins leur offrir ça, ils ont été géniaux tout le long du concert.



Je finis par regarder le public et à me mettre devant le micro.

Merci à vous ! C'était vraiment incroyable comme concert ! Vous avez été exceptionnel ce soir et on n'est pas près de l'oublier, merci pour tout, vraiment merci à toutes les personnes qui ont pu nous permettre de réaliser ça ! Vraiment merci infiniment !

Je souffle un coup, puis le batteur, le guitariste et le bassiste me rejoignent, on se prend par les épaules et on remercie le public avec une révérence. On récupère nos instruments et on repart en coulisse tous ensemble, heureux de notre prestation, j'attends l'avis de Brent avec impatience !

Les deux premières chansons de Nameless, des reprises, semblaient conquérir le public qui chantait, dansait… Bref, les gens s’éclataient. J’avais laissé carte blanche à Johnatan pour le choix de ses chansons et je trouvais vraiment intelligent qu’il ait pris BleedingHeart et The Burning Fire pour attirer l’attention. C’était bien joué.

Les gens autour de Julian et moi étaient tellement enthousiaste qu’on se fit bientôt engloutir par la foule, obligé de reculer un peu. C’était dommage parce que j’aurais voulu que mon artiste puisse s’appuyer sur moi au cas où, ne serait-ce qu’en me jetant des coups d’œil.

Julian avait constaté que la publicité que j’avais faite autour de l’événement avait bien marché. Je lui souris et lui criai pour qu’il m’entende par-dessus la musique.

-On me critique beaucoup, mais je sais ce que je fais…

De là où on était, on pouvait quand même bien voir la scène. Je tentai de faire un signe à Johnatan pour qu’il me repère, mais en vain.

Julian était satisfait des deux reprises jouées par le groupe. Je croisais maintenant les doigts pour que Nameless ait les couilles de jouer ses propres composition. Les quelques derniers jours qu’on avait passés ensemble m’avait bien fait comprendre que pour Johnatan, ce qu’il avait écrit lui-même n’était pas de simples chansons, mais des parties de sa vie.

Restait à voir s’il allait oser les jeter en pâture aux vautours qui se déchaînaient dans la salle.

On se fit encore pousser un peu en arrière. Ça ne servait plus à rien d’essayer de maintenir notre position au plus près de la scène. En plus, je savais que Julian détestait être bousculé.

Quand mon filleul repéra sa sœur et son mari, je sentis bien qu’il n’avait pas envie de se coltiner Victor.

Alors au moment où Nameless entamait, pour mon plus grand plaisir, We are the perfect gentleman et donc une de ses propres compositions, je poussai légèrement Julian vers une autre table que j’avais repérée et qui était occupée par une âme esseulée : Hugh Crusher.

-Viens ! Je vais te présenter Hugh Crusher !

Je connaissais Hugh pour lui avoir fait faire une séance photo, mais c’était il y avait de ça des années ! Dans la pénombre et avec les jeux de lumières, il avait l’air de ne pas avoir pris une ride. Et si Julian ne voulais pas se coltiner Victor, j’allais lui présenter son antithèse !

-Salut Hugh ! Tu te rappelles de moi ? Brent Hughes ! Et voici mon filleul, Julian !

Si Hugh n’avait pas fort changé, je ne pouvais pas me vanter de ne pas avoir pris une ride… Déjà rien que mes cheveux avaient complètement blanchi…

-On peut s’installer avec toi ? Qu’est-ce que tu penses de Nameless ?

Nameless qui, maintenant, prenait vraiment son pied, de même que ses musiciens ! Le bassiste que Julian trouvait timide sautait dans tous les sens. Quant à Johnatan lui-même, il avait apparemment décidé de se dévoiler un peu, à travers ses propres chansons qu’il enchaînait. Il osait même parler à son public, qui le lui rendait bien !

Il en joua quelques-unes, et les gens applaudissaient, sifflaient et hurlaient à chaque fois. Puis, le groupe se retira avec ses instruments. Je me levai en applaudissant, cherchant à créer une ambiance qui ferait que les gens demanderaient un rappel, réclamant encore une ou deux chansons. Estait à voir si ça allait marcher.

Depuis toujours, j’avais vécu ma vie à vive allure et ce n’était pas l’ombre de ma mort imminente qui allait y changer quelque chose. Si la nouvelle m’avait quelque peu freiné au début, je ne comptais plus me laisser intimider parla grande faucheuse. Au contraire, je l’attendais et je l’accueillerais comme une vieille amie. J’étais résolue à faire de mes derniers milles sur terre, une épopée rocambolesque et ça allait commencer ce soir, au Dizzy.

Avec Cash, nous avions fendues la foule jusqu’à se rendre au bar où je commandais à boire. J’avais soif d’alcool et de vie ! Cash ajouta à m a commande une bouteille de Jack Daniel’s alors que mon attention était déjà portée sur la scène. Ils se débrouillaient bien, les p’tits mecs, avec des succès déjà connu. C’était un truc à double tranchant. Soit ils risquaient de se faire cataloguer comme de bons interprètes soient on dirait d’eux qu’ils se cherchent une identité ce qui, avec un masque sur la tronche, ne serait pas très difficile à croire.

Cash disait ‘’qu’il avait bien choisit ses chansons’’ ce qui me laissa un peu perplexe. Il avait et non pas ils ont ? Ils sont plusieurs sur scène, non ? Nameless ne serait qu’un mec alors et non pas un groupe ? Si c’était le cas, pourquoi masquer tout le monde ? Pour bluffer les spectateurs ?

Honnêtement, je m’en battais les ovaires, la musique était bonne et nous n e manquions pas d’alcool que nous buvions déjà en s’entrecroisant les bras avant de passer à la bière. J’avais bien l’intention de me faire tourner la tête, d’abord avec l’alcool puis plus tard, dans les bras de Cash.

- Où ça !? Oh !

Cash avait repéré Liam alors, sa bouteille de Jack, mon pichet de bière en main et le dernier shot de tequila coincé entre mes deux seins, on se rapprocha de la scène, là où le fidele garde du corps de Billy se trouvait. Je cherchais près de lui, des fois qu’on ne verrait pas Billy ou Shiri, tient, puisque ces deux-là passaient beaucoup de temps ensemble.

- Salut, Liam !

Je devais presque crier, normal avec la musique qui bourdonnait entour de nous. Je suivis le regard de Cash qui devait lui aussi chercher son ami.

- Je paris que si on trouve Shiri, on trouvera Billy !

Je ne me moquais pas d’eux et de leur relation ( ou non relation ), ça ne m’appartenais pas de toute façon de le faire. Je trouvais ça plutôt mignon de les voir passer leur temps libre ensemble et quand j’avais apprit que Billy avait demandé que Shiri assure la première partie de leur tournée, je devais être la première à avoir trouvé l’idée excellente.

- Tiens, Liam. Un shot de tequila précieusement conservé pour toi !

Je lui offris le petit verre qui avait tenu bon jusqu’à lui, tel un brave petit soldat.

Les deux premières reprises de Nameless étaient très bonnes et semblaient avoir conquis le public, moi y compris. J’avais fait un signe, les deux pouces levés, mon verre vide de bière posé à terre, et Johnatan l’avait vu parce qu’il me fit signe à son tour, dessinant un grand sourire sur mon visage.

Le chanteur masqué avait ensuite choisi de se dévoiler un peu en jouant ses propres compositions. Et je devais avouer que c’était vachement bien !

J’étais ne train de m’extasier quand quelqu’un m’interpella en me saluant ! Je me retournai et serrai d’emblée la main à Cash qui se trimballait avec une bouteille de Jack Daniel’s, comme à son habitude, puis je souris à Savannah qui l’accompagnait.

-Salut, les amis !

Evidemment, la première question de Cash fut de demander où était Billy. Je me doutais que le guitariste espérait vraiment que son meilleur ami soit là, mais j’allais devoir le décevoir.

Mais avant que j’aie pu dire quoi que ce soit, Savannah affirma que si elle trouvait Shiri, elle trouverait Billy.

Je pinçai les lèvres pour ne pas faire une grimace et jetai un regard un peu inquiet à Cash avant de leur dire :

-Vous trouverez peut-être Shiri ici, mais pas Billy. Il travaille sur ses chansons pour le Hollywood Bowl, bien tranquille chez lui.

Je scrutais vraiment Cash, qui fit une réflexion à Savannah qui me prouvait qu’il fallait y aller doucement avant de donner de l’importance à Shiri. Parce que oui, elle passait un peu de temps avec Billy ces temps-ci, mais leur amitié n’égalait en rien celle de Cash et Billy. Entre eux, c’était plus que fusionnel.

Or, si Cash se mettait à penser que la jeune chanteuse avait plus d’importance que lui, ça allait pas aller. Cash avait déjà accepté que Shiri fasse leur première partie, ce qui était un foutu grand pas pour l’humanité. S’il la ressentait comme un danger, il allait se braquer et tout faire pour la détruire.

Cash était comme ça… Gentil en apparence, mais foutez la merde dans son ordre des choses et il pouvait se faire redoutable. Et ça, Savannah ne le savait peut-être pas encore, même si Cash lui faisait bien comprendre que, mourante ou non, elle avait moins d’importance pour lui que The Lightening.

En plus, je trouvais que Sørensen, avec son article sur Billy et Shiri, y avait déjà pas été de main morte. Heureusement, Cash ne prêtait que peu de crédit à ce que pouvait écrire le Danois.

Mon but à moi, c’était de garder un peu de cohésion dans tout ça. Parce que The Lightening, c’était aussi instable qu’un mélange matière et antimatière.

Cela dit, je ne cautionnais pas du tout la façon de fonctionner de Cash. Mais je savais qu'il était comme ça. Et tout ce que j'essayais de faire, finalement, c'était de protéger Shiri.

Savannah eut vite fait, cependant, de me distraire de mes réflexions existentielles en m’offrant gracieusement un shot de téquila qu’elle… prit entre ses seins. Je rougis en l’acceptant…

-Oh heu… Merci, c’est gentil…

Je m’envoyai le shot puis me retournai vers le groupe sur scène qui se donnait à fond ! Ils étaient vraiment bon… Je criai à l’attention de Cash.

-Qu’est-ce que tu en penses ? C’est un bon guitariste ou non ?

Moi, je trouvais que si ! Après encore quelques chanson, Nameless s’adressa à son public et je levai mon verre de téquila vite à sa santé ! Ils remercièrent le public puis s’éclipsèrent en coulisse avec leurs instruments.

-Quoi ? Déjà fini ?

Le public en voulait plus. Ne serait-ce qu’une ou deux chansons ! Je posai mon shot à terre et frappai dans les mains avec le reste du Dizzy qui, définitivement, voulait en entendre plus !

Avec Savannah, on alla saluer Liam ! J’étais content de voir le garde du corps ici, mais m’étonnai bien vite de ne pas voir Billy tout près. Où est-ce qu’il était ? Il fallait que je le sache. Parce que s’il était là, je voulais partager ça avec lui, encore bien plus qu’avec Savannah.

Alors, tout simplement, je lui demandai où était le chanteur à la tignasse rousse.

Et j’entendis alors Savannah faire une réflexion assez débile… Le genre que seule une femme qui croit que le monde est romantique pouvait faire.

Shir… Shiri… Comme si, parce que Billy avait proposé qu’elle soit notre première partie, elle était tot le temps collée à lui.

Non.

Je ne voyais pas les choses comme ça. Billy et Shiri s’appréciaient et passaient un peu de temps ensemble, certes, mais comme toutes les amies et petites amies, elle n’aurait pas sa place au sein de la planète The Lightening… Même pas en tant que lune. Et c’était pareil pour Savannah. D’ailleurs, Savannah connaissait très bien les limites.

On était des artistes… On appréciait ce que faisait Shiri comme musique. Ça s’arrêtait là.

-Shiri ne colle pas tout le temps Billy, hein, Sav…

Et Liam confirmait que Billy était chez lui, en train de répéter pour notre futur concert au Hollywood Bowl…

Je vis bien que le garde du corps n’en pensait pas moins que moi, au sujet de Shiri. Mais comme il était du genre diplomate, il ne s’aventura pas en terrain miné.

Je pris une longue lampée de bourbon alors que le groupe sur scène se déchaînait, de plus en plus à l’aise. Liam, lui, accepta le shot que lui offrait Savannah (je ricanai en le voyant rougir de voir d’où elle le sortait) et l’avala d’un coup avant de poser le verre à terre, à côté d’un verre de bière vide. Je souris, amusé de voir notre sérieux roadie se détendre un peu.

Je regardai Nameless jouer. Nameless, c’était le type avec le plus beau masque. Je savais que les autres étaient des musiciens de session de chez MTI et je pensais même bien que j’en reconnaissais un ou deux, derrière leurs masques.

Je m’étais rapproché de Liam qui voulait me parler et il fallait que je penche la tête vers lui pour l’entendre.

-C’est un bon guitariste. Mais il y a encore un peu de chemin à faire. Les paroles sont très bonnes, par contre.

A la fin de ce qui semblait être la dernière chanson, j’applaudis en tapant sur ma bouteille… Nameless avait parlé un peu au public et remercié tout le monde, ce qui augmentait leur capital sympathie au-delà de leur musique. Mais comme Liam, je fus surpris de les voir disparaître si vite.

Pour les motiver à revenir, j’émis un long sifflement bien fort entre mes doigts avant de frapper des mains avec une belle grande majorité du public.

Le bar était fortement sollicité ce soir étant donné le monde qu’il y avait. J’avais rarement vu le Dizzy Warhol aussi rempli et ça faisait plaisir à voir ! Même Savannah Prescott et Cash Izbel s’était amené au bar pour commander de la tequila et du Jack Daniel’s que je leur avais servi directement. Savannah semblait en forme malgré sa maladie. Ça faisait plaisir à voir. Surtout que vu tout l’alcool qu’ils venaient de commander, ils avaient, visiblement, très envie de faire la fête.

Une fois qu’ils furent servi, je continuai mon service tout en écoutant Johnatan se déchainer sur scène. Il avait vraiment gérer ses reprises et j’espérais qu’il allait faire ses propres compositions maintenant qu’il avait l’attention du public.

A la fin de la reprise de The Burning Fire, c’est Sonny Robson qui s’amena au bar pour venir me saluer. Sonny venait souvent au Dizzy. Je le croisais souvent dans l’Eastside et ça depuis des années car on avait grandis tous les deux dans ce quartier. Je savais aussi qu’il fréquentait les Pequeñas Manos.

-Salut Sonny ! Content de te voir ici ce soir ! Il gère, hien, le petit nouveau ?

Je parlais de Nameless bien sûr. Je trouvais qu’il gérait vraiment bien.

Sonny commanda et une bière et je la lui servis alors que Nameless avait enchainer avec une de ses propres compositions. Je souris. J’étais content qu’il se lance. Ce n’était pas toujours simple surtout face à autant de gens.

Sonny essaya alors de savoir qui se cachait sous le masque du musicien. J’esquissai un petit sourire en coin. J’étais dans le secret des Dieux mais c’était uniquement parce que j’avais vu Johnatan venir jouer ici quelques jours plus tôt et qu’on avait pris le temps de faire connaissance.

-Désolé, ça relève du secret professionnel. Je ne peux rien dire.

Je voulais respecter le choix de Johnatan et garder son anonymat. Si jamais le chanteur voulait se présenter, j’allais le laisser le faire lui-même.

-Tout ce que je peux te dire, Sonny, c’est qu’il ne vient pas de L.A. donc ce n’est pas quelqu’un que tu connais.

C’est tout ce que je pouvais lui dire et mon regard se posa sur la scène. Je crus bien voir Johnatan regarder vers moi alors je levai mon pouce pour lui montrer que j’appréciais beaucoup sa prestation surtout que ses musiciens se déchainaient de plus en plus.

Après cette chanson, il communiqua un peu avec le public avant d’entamer une autre composition de sa part. C’était vraiment très bon.

-Je crois que MTI a trouvé une belle perle.

Je dis ça à Sonny tout en servant d’autres personnes qui se présentaient au bar. Johnatan entama alors la chanson qu’il avait déjà joué lors de son premier concert au Dizzy. Avec des musiciens, ça donnait encore mieux. En tout cas, j’étais convaincu que Nameless pouvait aller très loin.

Quand il eut terminé, il remercia le public avant de saluer et de rentrer en coulisse. Le public, lui, en voulait encore. Il demandait à ce que Nameless fasse une autre chanson.

-Ils ont conquis le public. Quand je pense qu’il a joué ici il y a quelques jours seulement… Aujourd’hui, il a tout un public. C’est la magie de la promotion. T’en as pensé quoi ?

Je m’étais tourné vers Sonny pour avoir son avis.

Je m’étais installé au bar, où, heureusement, il y avait encore une place, les gens semblant vouloir s’approcher au plus près de la scène pour voir le tout nouveau phénomène de L.A. J’avais interpellé Delfino, que je connaissais depuis… pfiou… un bout de temps… On avait pas encore mués ni de poils en dessous des bras quand on s’était rencontré. Mais c’était normal, on venait du même quartier.

L’Eastside.

Et aujourd’hui, l’Eastside dansait !

Delfino se disait content de me voir et je lui servis un beau sourire !

-A fond, qu’ils gèrent ! Ça faisait au moins depuis les débuts de BleedingHeart que le Dizzy avait pas vu un aussi bon groupe.

En générale, les groupes et autres artistes solo qui se présentaient sur la scène du Dizzy étaient des artistes de passage qui voulaient juste partager quelques chansons.

Mais là, vu le flyers, c’était du sérieux. Nameless était un produit MTI.

Le pire, dans l’histoire, c’était que Delfino savait qui c’était et qu’il disait que ça relevait du secret professionnel !

Je fis semblant d’être extrêmement déçu, puis éclatai de rire avant de prendre une bonne grosse gorgée de bière. Il finit quand même par m’avouer que ce n’était pas quelqu’un de connu.

-Du nouveau tout chaud alors ! C’est bon ça !

Il nous fallait de nouveaux groupes pour mettre l’ambiance autour des courses de voitures illégales auxquelles je participais ! Changer un peu de The Lightening ne serait pas du luxe ! D’ailleurs, je pouvais voir la tignasse particulière de Cash Izbel un peu plus loin, près de la scène. Pas que j’aimais pas The Lightening, c’était du bon. Mais j’étais toujours avide de découvrir de nouveaux groupes.

Delfino, qui était arrivé à se rapprocher un peu de moi, me dit que MTI avait découvert un perle. Je regardai à nouveau le flyers que j’avais devant moi et cherchai le nom de leur manager.

-Brent Hughes… Je connais pas… Dommage que c’est pas Timmy Evans !

Ouais ! Parce que Timmy était mon frère ! Alors je ne lui souhaitais que le succès.

Nameless termina sa prestation, remercia qui de droit, y compris le public présent ici ce soir… J’applaudis en souriant. Il avait l’air sympa, ce gars, derrière son masque de démon !

Les gens en réclamaient plus, mais moi, je me concentrai sur Delfino.

-Il a joué ici il y a quelques jours ? Et ben, comme quoi, la pub, ça fait la différence.

Je regardai la scène.

-Tu crois qu’ils vont revenir ? Ou c’est fini ?

Nameless avait enchainé avec une composition qui lui était propre. J’écoutais attentivement avant que Brent et son filleul, Julian, ne viennent se joindre à moi. Je ne connaissais pas vraiment Julian Hughes hormis à travers les médias. Je le savais marié à Olivia Hughes. Et je savais qu’il était le fils de Kate Julian que je connaissais, par contre, très bien.

Je souris alors que Brent me salua. Il se demandait si je me rappelais de lui de quoi me faire rire un peu.

-Bien sûr que je me rappelle. La séance photo en 65. Content de te revoir, Brent.

J’étais sincèrement content de le voir. Et ça m’étonnait qu’il soit venu vers moi alors que sa nièce était là aussi… J’aurais cru qu’ils auraient joué la réunion de famille jusqu’au bout mais je me trompais. Il me présenta, donc, Julian à qui je souris.

-Heureux de te rencontrer Julian. Je t’ai déjà vu il y a longtemps mais tu n’étais qu’un bébé… Tu as bien grandi.

Et pas qu’un peu ! Il me dépassait de plus d’une tête ! Il tenait sûrement ça de sa mannequin de mère. Malgré tout, le jeune garçon avait bien les traits des Hughes avec ses yeux bleu et ses cheveux blonds.

Brent demanda s’ils pouvaient se joindre à moi ce qui agrandis mon sourire.

-Bien sûr ! Installez-vous.

Ça me faisait plaisir, en fait. J’étais parti pour passer la soirée tout seul alors voir que Brent voulait se joindre à moi me faisait me faire me sentir moins seul. Ils s’installèrent alors que Nameless continuait son show. Les musiciens suivaient vraiment bien son délire ce que je trouvais vraiment bien. Brent se demanda alors ce que je pensais de Nameless.

-Je pense qu’il gère vraiment bien. Il a une très belle voix et il est très à l’aise sur scène. Il est né pour ça, ça se voit. C’est ton nouveau protégé ? Je crois que j'ai lu ça sur le flyers...

Julian semblait concentré sur la scène. Je reposai mon regard dessus, moi aussi, alors que Johnatan avait un peu parlé au public avant d’enchainer. Je souris. Il savait faire des choses différentes mais j’étais particulièrement conquis par sa dernière chanson. C’était celle-là qu’il avait joué au motel. Quand je pense que plein de gens s’étaient plaints et que, peut-être, d’ici quelque mois, tout le monde allait entendre ça sur disque… Ça ferait une très belle histoire, tiens !

Quand la chanson se termina, j’avais un sourire aux lèvres. Tout le monde en redemandait… Il n’y avait que Victor pour se lever et montrer, avec ses deux pouces baissés bien en évidence, qu’il n’avait pas aimé. Je fis la moue.

-Victor Hunter… Toujours aussi charmant…

Il est pile dans mon chant de vision en plus ! J’aurais dû prendre une autre table.

Julian fit un commentaire sur son beau-frère lui avant de nous donner son analyse. Il semblait convaincu et je souris à Brent.

-Tu pourras dire à Johnatan qu’il gère. Je le connais. Je l’ai rencontré au motel. C’est un brave gars. Il mérite de réussir. Et, ce soir, il a prouvé qu’il en a les capacités.

Restait à voir si Nameless allait remonter sur scène pour un rappel. Je l’espérais.

Nos verres en mains, on se dirigea vers Liam que venait de repérer Cash. Il était seul et près de la scène,  une bonne place pour apprécier le spectacle. Il fallait presque hurler pour se faire entendre, j’adorais ça. L’ambiance unique des concerts dans les bars n’est comparable avec aucune autre.

Tout de suite, Cash s’enquit de savoir si Billy était là et je fis une réflexion qui valu tout l’or du monde rien qu’à voir les deux airs de truites fraichement sorties du lac que me servirent Cash et Liam. Rien de tel que deux hommes ayant du mal à jongler avec leur masculinité trouble pour penser tout de suite que ce serait un très gros drame que le petit Billy fasse mumuse avec la petite Shiri.

- Aucuuuuuune idée de si elle colle tout le temps ou non à Billy. Ce qu’elle et ce qu’ils font de leur temps libre ne m’intéresse pas, hein, Cash…

Et comme crier pour se faire entendre donne soif, j’offrir le shot que je gardais entre mes seins à Liam qui, si je me fiais à l’éclairage dans la salle, lui donna du rouge au joue. Mais il ne faut surtout pas se fier aux apparences, si vous le faites, malheur à vous !

Je regardais le spectacle sur scène, qualifiant ce que je voyais et entendais de très bon. Il ou ils s’en tirait plutôt bien et il pourrait aller très loin s’il continuait sur cette voix. Il ou ils devait continuer de travailler, de peaufiner un petit peu plus les textes et le tour serait joué, ou presque !  Malheureusement, je ne serais plus de ce monde pour apprécier son art.

Je bus une longue et rafraîchissante gorgée de ma bière à même mon pichet puis je le posais sur la première table que je vis près de moi. J’avais envie de bouger, de danser, de profiter le vie tant que je le pouvais.

Cash et Liam discutaient de Nameless alors que moi, j’attendais impatiemment comme pas mal tout le monde réunis ici ce soir, le rappel espéré ! Je considérais que le spectacle jusqu’à présent n’avait été qu’une mise en bouche et comme j’avais une très grande gueule, j’étais prête à en prendre encore !

J’analysais Nameless bien que le pauvre bougre soit chez MTI. Quoi que pour le moment, il ne faisait que des reprises alors difficile de savoir si Nameless avait un avenir. Sous le joug de Brent Hughes, on pouvait réellement en douter étant donné que Brent n’avait jamais mener bien loin les artistes qu’il manageait.

Alors que Nameless était en train de reprendre The Burning Fire, j’avais jeté un coup d’œil autour de moi. Je crois que j’avais vu Cash Izbel qui était accompagné de Savannah Prescott un peu plus loin. Je n’en étais pas certain. Ça avait été très bref. Par contre, j’avais bien vu Hugh Crusher seul à une table. Amon avait parlé de lui, récemment, dans la presse… C’était un revenant, le Crusher !

Parlant d’Amon, il ne tarda pas à me rejoindre. Il était là aussi, visiblement. J’aurais bien voulu me passer de le voir, lui qui se tapait ma femme au point que même Finan Quinn semblait être parfaitement au courant ! Je ne m’étais toujours pas remis de l’affront que j’avais subi ce jour-là même si ça commençait à remonter.

Bref, alors que Nameless enchaina avec, enfin, une composition de leur cru, Amon, lui, me salua et se demanda si j’étais venu ici pour cracher sur MTI. J’esquissai un petit sourire en coin.

-Salut, Amon…

Je suis tellement heureux de te voir !! C’est ironique bien sûr. Mais vu qu’Amon semblait vouloir se lancer dans une joute verbale, autant jouer le jeu.

-Cracher sur MTI ? Je n’en peux rien, moi, si leurs artistes ne sont pas aussi bon qu’on le dit…

Oui, ce n’était aucunement ma faute ! Moi, je ne faisais que rapporter ce que j’entendais. C’est tout. C’était mon job. Et il était clair que, à l’instant T, les artistes de MTI étaient bien en-dessous de ceux que BSC.

C’est totalement impartial, bien sûr !

-Et toi ? Tu es ici pour inventer l’histoire de qui cette fois ? Essaye d’être original, veux-tu… Tu veux de l’inspiration ? Sinon, je peux t’en donner.

Je ricanai. Inventer des histoires, c’était facile. Amon avait de la matière ici.

Je reposai mon regard sur la scène où le groupe avait l’air de plus en plus à l’aise de quoi m’arracher une petite moue. Je ne pourrais pas dire qu’ils ne sont bons qu’aux reprises car ce n’était pas forcément vrai. Mais comme Amon moi aussi je pouvais dire ce que je voulais, après tout…

-Objectivement, tu en penses quoi de Nameless ? Enfin, si tu as écouté le groupe… Parce que tu as l’air d’être en chasse alors c’est surtout les conversations que tu écoutes, je me trompe ?

Nameless qui, entre ses chansons, communiquait avec le public. Ils passaient à côté de toutes les erreurs de débutant ce qui était un peu râlant !

J’avais repéré mon collègue et rival de chez Guitar&Pen dans le public. Et, avide d’un peu de sensation et ‘avoir quelqu’un avec qui dire des méchancetés à tout va, je m’étais approché d’Axel. Il était seul et je me doutais que s’il était là ce soir, c’était pour son magazine, tout comme moi. Sonne était sûrement à la maison avec sa marmaille… Puis qu’elle n’était pas avec moi.

Une fois tout près de lui, je lui demandai en criant s’il était là pour critiquer alors que, sur scène, le groupe entamait enfin des chansons qu’on ne connaissait pas et, donc, certainement des compositions personnelles.

J’éclatai de rire quand Axel affirma que les artistes de chez MTI n’étaient pas aussi bons qu’on ne le dit.

-Ah oui ? Qui dit ça ? Tu es le plus grand critique de la ville, celui que tout le monde lit et tu ne dis certainement pas qu’ils sont bons.

Je repérai Cash Izbel et son imposante tignasse un peu plus loin… Il était avec Savannah Prescott ! Tiens ! Elle sortait encore ? Elle n’était pas encore sur son lit de mort ? C’était bon à savoir. Je braquai mon appareil photo sur eux tout en ajoutant à l’attention d’Axel.

-Pourtant, tu sais, tant chez MTI que chez BSC, les talents sont variés. Il y a un monde entre The Warriors et The Lightening, par exemple. Et chez BSC, il y a un monde entre Roadtramp et Livia…

Je cherchais à faire le point sur mon appareil photo mais au moment où je cadrais et appuyais sur le déclencheur, le public bougea, me cachant le couple que j’avais en ligne de mire.

-Et merde…

On verrait une fois les photos développées, mais j’étais sûr que celle-là était ratée.

Axel, lui, voulait savoir si j’étais venu ici m’inspirer quelques histoires. J’eus un sourire carnassier.

-J’essaye toujours d’attendre que les stars fassent des conneries, avant d’inventer. Et ce genre d’événement peut être une mine d’or pour moi.

Je pointai le doigt vers la table de Hugh Crusher qui venait d’être rejoint par Brent et Julian Hughes.

-Regarde… J’ai déjà écrit sur Crusher, il faut que je change un peu. Mais Julian Hughes, lui, se pointe encore une fois sans Livia. Si tu veux mon avis, il y a de l’eau dans le gaz entre ces deux-là…

Tout était une question de timing…

Alors que le groupe semblait toucher à la fin de son concert, Axel me demanda ce que j’en pensais, si toutefois, j’avais écouté. Or, j’avais écouté.

-Je ne suis pas mono-tâche, Axel. J’ai très bien écouté et même si tu vas certainement descendre Nameless parce qu’ils sont chez MTI, ils ont du talent, c’est indéniable.

Victor Hunter, à une table un peu plus loin, s’était levé et manifestait son mécontentement de la plus vulgaire des façons. Je le regardai, dépité, mais fit une photo de lui quand même.

-Dommage que cet enfoiré était avocat…

Si je le descendais dans un article, il allait me descendre au tribunal et je n’avais pas le temps pour ces conneries.

Nameless quitta la scène et le public en redemanda, mais moi, ce fut à Axel que je m’adressai.

-J’ai jamais compris pourquoi tu en avais après MTI… C’est parce que Sonne travaille chez BSC ?

La publicité qu’avait fait Brent avait assez bien marché vu le monde qu’il y avait au Dizzy ce soir. Au point même où j’étais peu à l’aise tellement l’endroit se remplissait à vue d’œil. Mon parrain disait qu’on le critiquait beaucoup mais qu’il savait parfaitement ce qu’il faisait. Il n’avait pas besoin de me convaincre moi à ce sujet. Je savais que c’était un très bon manager. Il avait le sens des affaires et du marketing.

-Je n’en doute pas du tout.

J’avais écouté les reprises faites par Nameless et j’étais plutôt convaincu par ce que j’entendais. Le chanteur avait assurément beaucoup de talent et je savais que c’était lui qui devait être mis en avant. Les autres étaient des musiciens de sessions que Brent lui avait fourni pour que Johnatan Silverwood puisse pratiquer son art de la meilleure des façon.

J’attendais d’entendre les compositions de Johnatan pour me faire encore un meilleur avis. Mais Brent et moi furent un peu repoussé en arrière par le public qui cherchait à être au plus près de la scène. On recula un peu. Je me sentais assez oppressé et ça se voyait sur mon visage. Je ne serais pas fâché si on pouvait rejoindre une table histoire d’avoir un peu plus d’espace vital. C’est pour ça que je me mis à regarder autour de nous repérant ma sœur et son mari. J’aurais bien été voir Carrie si elle n’avait pas été accompagné de Victor… D’habitude, je pouvais encaisser Victor mais depuis ma séparation avec Livia, je préférais éviter d’entendre ses petits commentaires acerbes dont seul lui avait le secret.

Je ne cachai pas à Brent la présence de Carrie et Victor mais je lui fis bien comprendre, avec mon ton de voix, que je n’avais aucune envie d’aller à leur table. C’est à ce moment que Nameless entama une nouvelle chanson que je ne connaissais pas. Ça devait être une de leur propre composition.

Brent déclara alors qu’il allait me présenter Hugh Crusher. Je connaissais Hugh Crusher de nom. Je savais que ma mère le connaissait très bien étant donné qu’il avait été acteur. Mais ça faisait longtemps qu’il ne faisait plus le moindre film même si, dernièrement, L.A.People avait dit qu’il sortait avec Jessica Hill et que, en plus, il semblait qu’il allait reprendre sa carrière d’acteur. A voir si ce n’était pas un ramassis de connerie !

-D’accord.

Je suivis Brent jusqu’à Hugh. Il était à une table, ce qui n’était pas plus mal. Brent salua l’ancien acteur qui, visiblement, se rappelait bien de lui. Il me salua à son tour déclarant que la dernière fois qu’il m’avait vu, je n’étais qu’un bébé. J’hochai de la tête affichant un léger sourire.

-Bonjour, Hugh. Content de faire ta connaissance aussi.

Il nous permit de nous installer à ça table. Je m’y installai sans hésiter content de ne plus être bousculé. Mon regard, lui, se porta à nouveau sur la scène où le groupe se déchainait littéralement. Ils semblaient encore plus à l’aise sur leur propre composition que sur des reprises. C’était bon signe, je suppose, pour la suite.

Hugh donna son avis sur la représentation de Johnatan. Il semblait vraiment bien aimer. J’avais hoché de la tête pour montré que j’étais plutôt d’accord avec son analyse même si mon regard était toujours porté sur la scène où Nameless enchaina avec une autre chanson tout aussi entrainante. Je buvais machinalement ma bière essayant de me laisser porter par la musique afin d’oublier le monde qu’il y avait ici mais, aussi, mes déboires avec Livia… Brent m’avait dit de vivre mon célibat à fond… Il fallait que j’essaye de lâcher prise.

La dernière chanson que proposa Johnatan était probablement celle que j’avais le mieux aimé. J’aimais bien le rythme, les paroles et la voix du chanteur sur ce titre. On voyait qu’il la chantait avec ses tripes au point que j’avais réussi à faire totalement abstraction de tout le reste.

Mais c’était la dernière car Johnatan y alla de quelques remerciements avant de saluer. Les gens applaudissaient. Je fis de même alors que, pile dans notre champ de vision, Victor Hunter se mit debout pour montrer que, lui, il n’avait vraiment pas aimé. Ça ne m’étonnait même pas… Et ça ne semblait pas étonné Hugh qui semblait connaitre l’avocat...

-C’est Victor, quoi… Je suis sûr qu’il montre qu’il n’aime pas juste pour t’ennuyer, Brent…

Le connaissant ça pouvait être juste pour ça. Et je ne regrettais pas, du coup, d’avoir évité sa table. Je me tournai vers mon parrain.

-Ils sont vraiment très bon. Tu as bien fait d’engager Nameless. La dernière composition m’a vraiment transporté et c’est rare quand ça me fait ça. Cette fois, je pense que tu as vraiment trouvé le bon artiste.

Parce que je savais que Brent était passé à côté de grands groupe… Comme The Army, par exemple. C’était juste par malchance qu’il était passé à côté.

Hugh, lui, demanda à Brent de dire à Johnatan qu’il avait assuré. Je levai un sourcil. Visiblement, Crusher connaissait déjà Johnatan. Il l’avait rencontré au motel… Au motel ? Je croyais que Crusher vivait avec Hill… Enfin… C’est ce que L.A.People avait insinué. Preuve qu’ils disent vraiment n’importe quoi… Mais je préférais ne pas poser de question là-dessus. Je ne voulais pas mettre Hugh mal à l’aise.

Le public semblait en vouloir encore. J’espérais que Nameless avait encore des chansons dans son réservoir.

Nameless avait fait des reprises et maintenant, Nameless avait décidé que c’était peut-être mieux de montrer ce qu’ils savaient réellement faire. Parce que, les reprises c’est bien, hein ! Mais c’est un peu facile aussi. Tout le monde savait faire des reprises ! Même l’artiste le moins talentueux du monde pouvait faire des reprises. Surtout des reprises de BleedingHeart, ces petits punk sans talent.

-C’est très bon ce qu’ils font !

C’est ce que venait de lancer Carrie alors que Nameless n’avait jouer que quelques secondes de leur propre chanson. Je levai un sourcil. Elle allait bien vite en besogne, la Carrie… Je suis sûr qu’elle dit ça juste parce que le groupe appartient à Brent et que, pour Carrie, tout ce que fait Brent était merveilleux. Si c’était le cas, il aurait déjà fait signé un VRAI groupe depuis bien longtemps. Mais Carrie n’était pas objective en ce qui concernait son oncle.

-Tu parles… J’ai déjà vu beaucoup mieux.

Carrie roula des yeux (si je dois encore le précisé) mais n’ajouta pas de commentaire. Mon regard, lui, se posa ailleurs que sur la scène. Je vis alors Brent et Julian se diriger vers la table de Hugh en évitant habilement la nôtre. Hey ! Et la famille alors ? On ne vient pas dire « bonjour » ? Il semblerait que non. Ils préféraient largement plus la présence du latino efféminé. Peut-être que Julian à une touche, qui sait, hein ? Après tout, il est libre, maintenant… L’idée me donna à la fois envie de vomir que d’éclater de rire.

-Il semblerait que ton oncle n’ait pas envie de notre compagnie…

Carrie détourna ses yeux de la scène pour regarder vers là où je regardais… Elle haussa alors les épaules.

-Il viendra sûrement nous voir après.

Elle ne s’en formalisa pas et regarda à nouveau vers Nameless qui entama alors une autre chanson après nous avoir brièvement parlé à tous. Je soupirai profondément… Pourquoi on était venu déjà ? Ah oui ! Parce que c’est le groupe de Brent… Pfffffff…

-C’est vraiment nul… Il faudra vraiment que je le dise à Brent avant qu’il ne s’en rende compte qu’une fois que le premier album aura fait un flop.

Carrie fit la moue avant de boire une gorgé de son cocktail qui, vu sa couleur, devait être immonde. Elle me lança ensuite :

-Sache que, moi, j’adore ! Je trouve que Nameless a vraiment beaucoup de charme.

Je levai un sourcil surpris par ce genre de réflexion. Je pris alors mon air le plus perplexe qui soit.

-Mais… Carrie… Comment tu peux savoir s’il a du charme alors qu’il a un foutu masque qui lui recouvre toute la tronche ? Tu as des rayon X pour voir au travers ?

Ouais parce que la tronche de Nameless, on la voyait pas et son masque était d’un très mauvais goût. Certainement que si Nameless sort un album, les catholiques du coin vont le boycotter en pensant que Nameless veut venir prendre l’âme de leurs enfants. Il a pensé à tout ça le Brent ? J’en doute ! Il avait juste trouvé ça bon et, désespéré, il avait fait signé sans réfléchir cette bande de pseudos Satanistes !

Carrie haussa des épaules.

-Le charme ne se défini par uniquement par un visage, Victor. Je sais simplement qu’il en a.

Mouais ! C’est tout ce qu’elle a trouvé ? Pfff… Carrie ferait une piètre avocate mais ça, ça fait longtemps que je le sais…

Je regardais à nouveau autour de moi. J’avais repéré ce petit connard de Moriarty qui discutait avec Amon Sørensen. Les journalistes étaient là pour un concert bas de gamme ? Mais où va ce monde ?!

Droit dans un mur, j’en ai peur… Ajoutons à ça la présence d’Izbel et de Savannah Prescott que je vis non loin de la scène… Putain, Savannah Prescott est ici aussi ?! Elle est folle ? Elle veut tous nous contaminé ou quoi ?! Mes lèvres se pincèrent de dégout.

-Je regrettes de plus en plus d’être ici…

C’est l’Eastside, Victor ! Tu aurais dû ne pas venir !

Carrie ignora ma réflexion. Elle semblait complètement prise par le concert qui, heureusement, finit par se terminer. Nameless remercia le public et si tout le monde applaudissait, moi, je me levai tendis mes deux bras en l’air, pouces baissés, pour bien montré que ça ne m’avait pas plu.

Carrie tira brutalement sur mon sweat pour me faire me rasseoir. Ouais, j’avais mis un bête sweat pour essayer de me fondre dans les basses classes qu’on trouvait dans l’Eastside.

-Victor ! Tu vas te tenir comme il faut, oui !

J’haussai des épaules.

-Bah quoi ? J’ai le droit d’exprimer mes opinions.

Elle roula des yeux et le public, lui, se mit à rappeler le groupe. Ce fut à moi de rouler des yeux et de laisser tomber mon front contre la table.

-Oh non ! Pas un rappel ! S’il vous plait !

Et pour bien faire, Carrie se mit à siffler demandant, elle aussi, à ce que le groupe revienne. Ma belle, si tu ne pesais pas des millions de dollars, je te jure que je te larguerais dans le caniveau en sortant…