On était de retour en coulisse et à peine le temps d'ouvrir la porte de la loge que le public nous rappelle, on se regarde tous les quatre puis d'un signe de tête, on y retourne, on revient sur scène puis je viens à poser ma guitare, je laisse donc mon guitariste seul sur celle-là. On avait essayé un morceau un peu plus punk que ce que nous avons fait jusqu'à maintenant, c'était le moment de voir si ça allait aller, j'avoue que j'avais un peu peur, mais quand je remarque tout le monde qu'il y avait, Liam était bien accompagné d'une femme et de quelqu'un que je reconnais... Enfin, je n'en suis pas sûr du coup, je n'y prête pas plus attention, le public en réclame encore plus, je vois Delfino vraiment déborder, mais ça me fait plaisir de voir que lui et son boss vont faire un gros chiffre ce soir, plus le temps de penser à tout ça puisque le batteur ce mets à démarrer le morceau, le guitariste lui gère bien les notes que je lui avais donné, le bassiste lui aussi, après, je n'avais pas trop cherché pour lui, il avait déjà assez de pression et le punk n'est pas vraiment ce qu'il a l'habitude de jouer alors, j'ai fait soft, on l'a appelé "I wanna be loved". C'est à moi et là, j'envoie puissance maximale et... Bordel, j'ai de la voix, il semblerait, puisque je m'entends encore mieux qu'avant. On court partout sur la scène, c'est encore plus le bordel, si je n'étais pas masqué et que je n'avais pas peur de le perdre, j'aurais même sauté dans la foule !




Bon... C'elle-là, ce n'est pas la plus facile à chanter et à jouer pour moi, je reprends ma guitare et me mets à gratter les cordes, tout le monde se met à me suivre. Cette chanson... Elle est spéciale à mes yeux, je l'ai écrit avant de partir quand j'étais seul à la maison, elle est pour tous mes amis que j'ai laissés derrière moi pour poursuivre mon rêve, j'ai mélangé anglais et français pour que tous mes amis, qu'ils soient de Blackpool ou de Paris puissent la comprendre, elle est pour Bob le barman qui nous a pris sous son aile moi et mon père, pour Victoire qui m'a donné le courage de me lancer et de venir ici à Los Angeles, qui m'a poussé à réaliser le rêve de mon père, à tous mes vieux amis de Blackpool, a tous les clients que j'ai rendus heureux avec ma musique, c'elle là, elle est pour tous ces gens-là ! Le morceau se déroule et l'émotion est très forte, j'ai vraiment envie de transmettre ça à tous les gens dans la salle, qu'ils pensent, eux aussi, à ceux qui les ont aidés, mais pas suivis. Je l'ai appelé "Je vous aime, je dois partir!",ça veut tout dire. Celle-là, Brent ne l'a pas entendue, je l'ai préparée en secret avec les autres, je voulais absolument la sortir, que tout le monde, tous mes amis l'entendent.



Quand la musique s'arrête, je reste là les bras écartés et je ferme les yeux, j'écoute le public et j'attends de voir s'ils ont envie d'en avoir une dernière ou si on arrêtait après ça, même si j'avoue que ça va être dur de passer après ça !

Savannah avait raison, quand elle disait que tout ce qui se passait, chez Shiri ou chez Billy, ne nous intéressait pas. Cela ne nous regardait pas… Et moi, garde du corps, encore moins que Cash ou les autres membres de The Lightening.

-C’est vrai, ça ne nous regarde pas…

Ma foi, si un jour, Billy avait des problèmes avec Cash à cause de ça, ce n’était certainement pas à moi d’intervenir. Ce ne serait jamais qu’une crise de plus.

Je fis donc un sourire de gratitude à Savannah, pour avoir à nouveau minimisé l’importance de la relation entre Shiri et Billy qui n’étaient qu’amis, hein, finalement… Et je sentis Cash se détendre, un peu moins sur ses gardes quant à cela.

On reporta donc tous les trois notre attention sur le groupe et je demandai son avis à Cash… On était obligés de se crier dans les oreilles les uns des autres. Cash trouvait ça bon, même s’il leur faudrait encore du travail.

Savannah y alla du même avis et je m’étais approché d’elle pour qu’elle puisse me crier dans l’oreille elle aussi.

Elle but un peu de bière à même le pichet avant de le déposer sur une table non loin et de revenir près de nous pour se déhancher sur la musique.

Malheureusement, le groupe quitta la scène. Mais comme tout le public trouva ça un peu prématuré, il y eu un rappel plus qu’enthousiaste.

Je criai à Savannnah :

-Saute avec moi ! On va faire trembler le plancher !

Et je me mis à sauter sur place pour faire le plus de bruit possible, Cash faisant de même lui aussi, maintenant tout dédié au concert et à l’amusement, jusqu’à ce que les musiciens reviennent sur scène. Alors, j’arrêtai de sauter et applaudis !

-Yeah ! Nameless !

Il était juste devant nous, sur scène, quand il ne courait pas à droite et à gauche.

On eut droit à encore deux chansons… La première invitant à se déchaîner, ce que je fis avec Savannah alors que Cash, lui, avec sa bouteille de Jack, sembla littéralement scotché. On ne pouvait pas voir son regard à cause de ses cheveux, mais sa bouche était grande ouverte devant le groupe.

Ce qui me fit éclater de rire.

La seconde chanson avait des parties dans une langue que je reconnu comme étant du français et je criai à Savannah.

-Il parle bien français !

Je ne comprenais pas les parties en français, mais je supposais que c’était plus ou moins le même message que dans les parties en anglais.

La chanson se termina sur, cette fois, ce qui semblait être une vraie fin, Johnatan les bras écartés comme pour recevoir toute la bienveillance sur public de ce soir.

J’applaudissais avec enthousiasme.

Savannah me rassura en disant que ça ne l’intéressait pas, ce qui se passait avec Shiri et Billy. Je me détendis un peu, l’attirant à moi et l’embrassant sur le front. Non, ça n’avait pas d’importance. Billy, comme moi, aimait juste la musique que faisait Shiri. Ce n’était qu’une question d’affinité artistique.

Je ne perdrais pas ma place. Et Shiri ne détruirait pas Billy comme l’avaient fait Savannah Osborne, Ruby Ashcroft ou, plus récemment, April Fox… Non… Billy allait faire attention, cette fois. Je lui faisais confiance.

Il ne pouvait quand même pas faire sans cesse la même erreur, si ?

On se concentra alors sur le groupe, moi, buvant ma bouteille, Savannah sa bière et Liam semblant vraiment apprécier ce qu’il se passait sur scène.

Tous les trois, on donna notre avis et la conclusion était que Nameless avait un grand potentiel. Avec un peu d’affinage, ça pouvait devenir un vrai bon groupe… Ou chanteur… l’alcool aidant, je ne savais plus trop si Nameless désignait le groupe ou juste le chanteur-guitariste.

Le groupe fini par se retirer, me laissant un peu sur ma faim. J’en voulais plus pour me faire une idée concrète de la musique que faisait Nameless.

Liam proposa de faire trembler le Dizzy en sautant sur place. Alors je le fis, passant un bras autour des épaules de Savannah pour sauter avec elle en rigolant. Un peu de bourbon nous éclaboussait à chaque coup, mais c’était pas grave… on puait déjà un mélange de vieil alcool, de joints et de transpiration.

L’essence du Dizzy…

Ça me rendait un peu nostalgique des débuts de The Lightening… Parce qu’on ne pouvait plus se permettre de jouer dans des clubs comme le Dizzy… A moins peut-être de porter des masques, comme Nameless, et de ne pas faire de pub.

Le groupe revint sur scène et fut accueilli par nos applaudissements. Ils jouèrent encore deux chansons. La première me laissa scotché sur place dès les premiers accords et ça fait bien rire Liam car j’avais la bouche assez grande ouverte que pour avaler des mouches.

Je dis, mais pas suffisamment fort pour que quiconque m’entende.

-C’est bon. C’est vraiment bon.

Quant à la dernière chanson elle était en partie en français, comme m’en informa Liam parce que je n’avais pas reconnu cette langue très exotique pour moi.

Nameless termina, les bras écartés, accueillant les applaudissement et sifflets du public. Moi, qui étais juste devant lui, je lui tendis ma bouteille de Jack Daniel's ! S’il voulait en boire un coup, libre à lui !

Nameless semblait avoir adopté la scène. C’était sa nouvelle maison, maintenant, et le public semblait plus que d’accord avec ça.

Mais comme on se faisait un peu bousculer là où on était et que je savais que Julian détestait ça, je choisis de l’emmener un peu plus loin. Et en repérant Hugh Crusher seul à une table, je proposai à mon filleul d’aller le rejoindre. Il semblait soulagé qu’on aille s’asseoir.

J’espérais seulement que Hugh allait me reconnaître parce que je n’avais plus mes cheveux d’antan… Ils avaient blanchi… Mais Carrie me disait toujours que mon sourire n’avait, lui, pas changé, tout comme mon regard.

Et comme de fait, quand je me présentai devant Hugh, il cibla directement où on s’était rencontrés la première fois. En 65…

Je rigolai.

-Exact ! On avait passé un bon moment ! Je m’en rappelle bien.

Je lui présentai Julian en hurlant presque parce que la musique allait bon train ! Hugh le salua, lui annonçant qu’il l’avait connu bébé. Aujourd’hui, Julian était plus grand que Hugh qui, lui, était un tout petit gabarit.

Il nous invita à nous asseoir, ce que l’on fit… Julian avec un soulagement non dissimulé.

Hugh me fit alors des compliments au sujet de Nameless, me demandant si c’était mon protégé. Je souris bien grand.

-Oui ! Fraîchement arrivé à Los Angeles.

Je regardai vers la scène, l’air rêveur.

-Et cette fois, je crois bien que je tiens quelque chose.

Nameless sembla terminer son concert là… Je ne savais pas s’il pensait que c’était vraiment fini ou s’il testait le public. Dans les deux cas, de toute façon, j’étais content.

Ce qui ne semblait pas être le cas de Victor. Tant Hugh que Julian semblèrent vraiment dégoûtés par le comportement du jeune avocat et mon neveu par alliance. Moi, je rigolai, déjà debout pour encourager Nameless à revenir sur scène.

-Ne faites pas attention à Victor… Il est comme ça… Faut pas s’en formaliser. Plus vous y ferez attention, pire il sera.

En gros, l’ignorer était encore ce qu’il y avait de mieux à faire. S’il se rendait compte qu’il pissait dans un violon, il allait se calmer.

Hugh avait apprécié le concert jusqu’ici et voulais que je fasse passer ses compliment à Johnatan… Julian aussi qui se disait transporté par Arrival…

-Merci pour lui !

J’allais lui demandé ce qu’il foutait dans un motel quand Nameless répondit à l’appel du public en remontant sur scène pour deux autres compositions. Je restai debout, sidéré, dans le sens positif du terme, par ce que Johnatan proposait. Et il termina par une chanson à moitié en anglais et à moitié en français. Je ne l’avais jamais entendue… Et je ne parlais pas un foutu mot de français. Mais sa musique à elle seule portait son message. Il remerciait tout le monde.

Vraiment tout le monde.

J’applaudis à la fin, alors que Nameless écartait les bras, surfant sur l’enthousiasme du public de ce soir.

A un moment, alors que les applaudissements de calmaient un peu, je lui fis signe de venir me rejoindre, en espérant qu’il comprendrait mon message. Après, à li de voir s’il voulait me rejoindre directement en gardant son masque ou s’il voulait passer par les coulisses avant.

Je regardai Hugh.

-S’il m’a compris… Tu vas pouvoir lui donner tes compliments toi-même.

Sonny trouvait que Nameless gérait et que ça faisait depuis BleedingHeart que le Dizzy avait pas eu, sur sa scène, un aussi bon groupe. Je souris hochant de la tête pour approuver. C’est clair que ça faisait un moment qu’on avait plus vu un concert qui ressemblait autant de monde. Mais MTI avait fait une très bonne promotion et Nameless était largement à la hauteur de la scène du Dizzy. Même seul, Johnatan avait géré il y a quelques jours d’ici.

Sonny chercha à savoir qui se cachait derrière le masque de Nameless. Je décidai de ne pas révéler son identité déclarant simplement qu’il ne s’agissait pas de quelqu’un de déjà connu. A vrai dire, Johnatan ne venait même pas de Los Angeles alors son nom ne dirait, de toute façon, rien à Sonny. Ce dernier fit une tronche déçue avant d’éclater de rire ce qui m’arracha un sourire en coin. Il semblait content de voir qu’un tout nouveau groupe se démarquait.

-Ouais ! Du tout neuf !

Je continuais d’écouter le concert tout en servant mes verres sans me déplacer trop loin de Sonny. Pour moi, MTI avait découvert une perle, ce que je ne cachai pas au grand ambulancier. Il disait ne pas connaitre Brent Hughes et trouvait dommage que Johnatan n’avait pas signé avec Timmy Evans. Je devais à Timmy Evans et à Abel mon entrée chez MTI.

-C’est clair qu’Evans est un très bon manager. C’est lui qui m’a fait signé chez MTI comme roadie. Mais Brent a de l’expérience. C’est le frère de Don Hughes, le patron de la boite. Puis, tu sais, quand tu es un nouvel artiste, tu prends le premier qui te propose un contrat.

Je crois que n’importe quel artiste rêvant de signer avec une maison de disques ne fait, en général, pas trop la fine bouche quand on lui propose le contrat de ses rêves.

Nameless termina alors son concert en remerciant le public et, alors qu’ils quittèrent la scène, tout le monde en redemanda. Sonny réagit alors à ce que je lui avais dit sur le fait que Nameless s’était déjà produit ici il y a quelques jours.

-Ouais ! La pub fait absolument toute la différence !

Et le nom de MTI aussi… Il n’y avait rien n’à faire. Mais Nameless prouvait ce soir qu’il méritait d’être sous le feu des projecteurs.

Je fixai la scène alors que Sonny se demandait s’ils allaient revenir.

-Aucune idée…

Mais le groupe ne tarda pas à répondre lui-même à cette question en remontant sur scène. Je souris satisfait qu’ils aient encore d’autres chansons dans leur répertoire. Ils offrirent alors une chanson plus punk. Et les gens, voyant que la fête n’était pas terminée, virent se resservir au bar. Je les servis profitant de l’ambiance avant que Nameless n’enchaine avec une autre chanson à moitié en anglais et à moitié en français. Je savais facilement repéré le français étant donné que j’avais mainte fois écouter l’album de Lola où elle chantait en français. Je me rapprochai de Sonny.

-Même ne deux langues, ça donne bien !

Et quand la chanson s’acheva, Johnatan écarta les bras pour profiter de l’ovation qu’il recevait. Ce qu’il venait d’envoyer concluait parfaitement bien ce petit concert. J’applaudis moi aussi.

-Ils auront bien mérité leur tournée de bière gratuite.

Je rigolai.

-Alors, tu as apprécié ? Tu veux une autre bière pour fêter ce nouveau groupe, Sonny ?

Le groupe qui jouait sur scène était tout neuf, en réalité. Pas un groupe connu qui aurait voulu faire sensation et s’amuser pour un soir. J’étais content, cela dit, parce que ce que j’entendais était vraiment prometteur et le chanteur avait clairement déjà sa signature avec son masque et son jeu de guitare.

Je buvais ma pinte à grosse gorgées ! J’avais bien l’intention de me faire tourner la tête ce soir ! Et la musique de Nameless aidait vraiment à me mettre dans l’ambiance !

Je me disais quand même un peu déçu que Nameless n’ait pas signé avec Timmy Evans. Mais c’était juste parce que je souhaitais le meilleur et surtout beaucoup de succès à Timmy. Delfino était d’accord pour dire que mon frère était un bon manager ! Ce qui apporta un grand sourire sur mon visage ! Surtout que Delfino ajouta que c’était Timmy qui l’avait engagé comme roadie.

-Oh ! Je ne savais pas ça !

Je me penchai un peu en avant pour lui crier.

-Moi aussi j’ai à t’annoncer un truc que tu ne sais pas : Timmy Evans est mon demi-frère.

J’étais fier alors je ne me gênais pas pour le gueuler sur tous les toits !

Je repris une belle gorgée de bière, exalté par l’alcool et la musique.

-Mais t’as raison… Quand t’es artiste, je pense que tu fais pas la fine bouche. C’est comme si une écurie me proposais de signer chez eux. Je cracherais pas dessus, que ce soit Ferrari ou BMW…

Devenir pilote professionnel était mon rêve… Mais plus on avançait, plus ça devenait un rêve. Bientôt, je serais trop vieux pour courir en tant que pro.

En plus, comme me le dit Delfino, c’était déjà la deuxième fois que Nameless jouait ici… Sauf que cette fois, son manager avait fait de la pub… Du coup, c’était plein ! Tout le monde était venu voir ce qu’était ce nouveau phénomène à L.A.

J’applaudis le groupe qui se retira… Pour moi, c’était un peu dommage qu’ils s’en aillent si vite. J’en voulais plus !

Mais ils finirent par céder à l’appel du public pour revenir avec deux chansons. Je ne dansais pas, restant vissé sur mon tabouret de comptoir, mais ce n’était pas pour autant que ça ne me plaisait pas ! Au contraire !

Je fus vraiment étonné quand, lors de la deuxième chanson, Nameless choisit à moitié une autre langue. Musicalement ça donnait bien mais… j’éclatai de rire…

-Dommage que je comprends rien. Je ne sais même pas quelle langue c’est !

Mais c’était très bon. Et quand Nameless salua à nouveau, bras écarté, je me levai pour lui faire une standing ovation.

Puis je me rassis et Delfino me proposa une autre bière !

-Ouais ! Et prends-en une aussi, pour boire avec moi !

Quand on fut tous les deux servis, je levai mon verre.

-A Nameless ! Puisse sa carrière commencer sur les chapeaux de roues !

Je souris à Brent qui s’était joint à moi avec son neveu, Julian. Je me rappelais bien de lui et de notre séance photo d’il y a 20 ans. Il y avait certains souvenirs de cette époque qui était bien gravé dans ma mémoire et cette séance photo faisait partie de ces souvenirs. Il disait qu’on avait passé un bon moment.

-Un très bon moment.

Je m’étais senti à l’aise ce jour-là et c’était en grande partie grâce à Brent.

Il me présenta Julian que je n’avais plus vu depuis des siècles aussi et il était clair qu’il avait, évidemment, franchement grandi.

Mais c’était de son nouveau protégé que Brent voulait avoir des retours. J’étais du genre très bon public mais je connaissais l’histoire de Johnatan et ce que je voyais sur scène, c’était un type qui chantait avec son cœur. Alors, je ne pouvais qu’être conquis par la musique qu’il proposait. Brent affirma que Nameless était fraichement arrivé à Los Angeles chose que je savais déjà étant donné que j’avais rencontré Johnatan il y a peu dans un motel de la San Fernando Valley. Mais je me retins, pour le moment, de précisé ça. Brent ajouta qu’il croyait bien, cette fois, tenir quelque chose.

-Je le pense aussi. Je pense vraiment que Nameless peut aller très loin.

Il avait beaucoup à raconter et, donc, certainement beaucoup de chansons à composer. Et il avait la sensibilité d’un vrai artiste. Le genre que j’avais aussi. Ça peut bouffer quelqu’un mais ça permet aussi de faire de belles choses comme le faisait Johnatan aujourd’hui. C’était à la fois un don et un fardeau.

Johnatan semblait en avoir terminé et remercia le public. J’étais totalement conquis. Contrairement à Victor qui, vu qu’il était dans notre champ de vision, manifesta son mécontentement sans se cacher. Julian disait que le frère de Vicky faisait ça uniquement pour ennuyer Brent. Quelque part, ça ne m’étonnait pas vraiment de Victor. Je crois que rabaisser les gens est un genre de sport pour lui.

Mais Brent ne se laissais pas déstabilisé par le mari de sa nièce. Il nous disait de simplement l’ignorer. Lui tout ça le faisait rire, en fait. J’esquissai un petit sourire.

-Oh, ça fait longtemps que je l’évite, tu sais…

Julian, par contre, n’avait pas d’autre choix que de fréquenter Victor de temps à autre, j’imagine… Ce n’était pas de chance. Moi, je pouvais l’éviter même en travaillant pour sa sœur.

Julian avait aussi apprécié le concert et je fus agréablement surpris de voir Johnatan répondre au rappel. Il revint avec une autre chanson qui bougeait pas mal. Je pouvais entendre son histoire personnelle à travers ses paroles. Je n’arrivais plus à quitter les yeux de la scène surtout quand il enchaina avec une chanson en deux langues. Je reconnu la langue français qui était proche de ma langue natale, l’espagnol. C’était un choix vraiment audacieux mais c’était payant et j’applaudis très fort quand Johnatan écarta les bras à la fin de la représentation.

Je vis Brent lui faire un signe et il déclara que, si Johnatan avait compris son signe, je pourrais faire mes compliments directement au principal concerné.

-Super ! Ça me fera plaisir de le revoir. Surtout qu’avec sa signature avec MTI, il va pouvoir vivre ailleurs qu’au motel. C’est pas une mauvaise chose vu que les gens, là-bas, n’aiment pas spécialement qu’on joue de la musique après 22h.

Je rigolai un peu en disant ça me rappelant les circonstances de ma rencontre avec Johnatan. J’achevai, alors, mon cocktail d’une traite attendant que le chanteur nous rejoigne.

Je ricanai quand Amon clama que j’étais le plus grand critique de la ville et que je ne disais pas que les artistes de chez MTI étaient bons. J’allais prendre ça pour un compliment même si je voyais bien qu’Amon critiquait mon indéniable partialité. J’haussai des épaules.

-Il n’y a pas que moi qui le pense, Amon.

En réalité, je savais très bien que l’avis que je donnais dans Guitar&Pen était suivi par ceux qui étaient incapable de se forger leur propre avis. Ce qui faisait un paquet de gens, en réalité. Et ça, Amon en était totalement conscient.

Amon était à l’affut de chaque photo bonne à prendre. Je le vis viser vers Cash Izbel et Savannah Prescott qui étaient venus, visiblement, ensemble. Je l’observais jouer les paparazzis alors qu’il ajouta que j’étais bien au courant que les talents étaient variés autant chez MTI que chez BSC. Il me donna quelques exemples. Je savais qu’il cherchait à me prouver par A+B que je descendais les artistes de chez MTI juste parce qu’ils étaient chez MTI…

-Je ne le nie pas. Mais MTI ne semble pas vraiment être un endroit où les artistes s’épanouissent. Comme je dis, je ne fais que juger ce que j’entends en live et sur les albums. Tu as entendu BleedingHeart ? Avoue qu’ils semblent plus inspirés depuis qu’ils ont changé de maison de disques. Je ne fais, dans mes articles, que de dresser un constat que n’importe qui peut faire… Si BleedingHeart avait sorti quelque chose de moyen chez BSC, je l’aurais dit aussi, Amon.

Ce n’était pas vrai mais je pouvais toujours le lui faire croire.

Amon sembla raté complètement sa photo ce qui m’arracha un sourire en coin. Ce fut à moi de tenter de le tacler sur son propre travail. Il était de notoriété public qu’Amon aimait beaucoup inventer des histoires à tous ces people. Ça ne leur plaisait guère, en général, d’ailleurs. Mais il se défendit disant qu’il attendait toujours que les stars fassent des conneries avant d’inventer. Waw ! Quel éthique ! Bravo, Amon ! Je ricanai avant qu’il ne pointe la table où se trouvait Crusher sur lequel il avait, récemment, écrit. A cette table, il y avait Brent Hughes mais, aussi, Julian Hughes. L’absence de Livia auprès de Julian, évidemment, fit penser à Amon qu’il y avait de l’eau dans le gaz entre les deux jeunes héritiers. Si la fille de Jimmy Reed n’avait fait été dans cette histoire, j’aurais certainement alimenté le moulin de mon confrère mais, là, je levai simplement un sourcil.

-Il se font peut-être simplement une sortie parrain-filleul… Et où est-ce que tu sors ce « encore »… Tu as vu Julian sortir seul d’autres fois ? Pour moi ça me semble bien maigre comme preuve…

Je n’avais aucune idée de s’il y avait de l’eau dans le gaz entre Livia et Julian mais que le jeune héritier sorte seul avec son parrain ne me semblait pas être une preuve suffisante pour justifier ça.

-Limite, je serais plus prompt à croire que Hugh Crusher sorte avec Hill que de croire que Julian et Livia sont sur le point de divorcer…

J’en revins alors au groupe qui semblait en avoir quasi terminé avec son concert. Je voulais avoir l’avis d’Amon bien que, dans l’article de Guitar&Pen que je ferais, son avis n’aura aucune importance. Il affirma avoir bel et bien écouté et trouvait que Nameless avait du talent. J’haussai des épaules.

-Tu es bien vite satisfait…

Le seul qui semblait être d’accord avec mon avis était Victor Hunter qu’Amon semblait ne pas avoir raté. Je me rappelle bien qu’Amon avait déjà parlé de Victor dans un de ses articles il n’y a pas si longtemps que ça. Un article qui avait été démenti. Je ricanai.

-Tu as peur des avocats, Amon ? Si tu disais la vérité, tu n’aurais pas d’ennuis avec eux.

Nameless quitta alors la scène même si le public en redemandait. Amon se demanda alors pourquoi j’en avais tant après MTI. Pour lui, c’était parce que Sonne travaillait chez BSC. Je roulai des yeux.

-Je n’en ai pas après MTI, Amon… Comme je te l’ai dit, je ne fais que critiquer ce que j’entends et ce que je vois lorsque j’écoute les album ou que je regarde des live. Si vraiment je ne faisais que prendre le parti de BSC pourquoi est-ce que je prendrais la peine de me déplacer ici ?

J’haussai des épaules.

-Que je descende MTI ne change rien au salaire et au travail de Sonne… C’est stupide de penser que je fais mes critiques en fonction du métier de ma femme…

Ça n’avait rien n’à voir avec Sonne !

Nameless remonta sur scène pour répondre au rappel. Je me recentrai sur la scène écoutant une chanson plus punk… Décidément, Nameless proposait un gros mélange de style. Voilà qui pourra agrémenter ma critique. Ils devraient se décider sur quel pied danser…

Ce morceau fit place à un autre en deux langues. Même sur la langue, ils ne savaient visiblement pas se décider. Je regardais attentivement jusqu’à la fin. Je m’adressai, alors, à Amon.

-Décidément, je ne suis pas du tout convaincu. Trop de mélange de style… Trop de mélange de langues… Brent Hughes a encore raté le coche.

Je regardais vers Brent. Victor Hunter et sa femme, Carrie était en train de le rejoindre. J’esquissai un sourire.

-Mais je n’aurais pas besoin d’aller le lui dire moi-même… D’autres s’en chargeront pour moi.

Je levai les yeux sur Amon.

-Et toi ? Tu vas aller écrire que Julian et Livia sont au bord du divorce c’est ça ? Tu sais qu’eux aussi ont des avocats ?

Je ricanai en disant ça.

Axel prétendait que ce qu’il écrivait, il n’y avait pas que lui qui le pensait.

-Normal, les lecteurs sont des moutons, Axel…

J’étais super bien placé pour le savoir ! Ces moutons étaient mon gagne-pain ! Quoi que je leur donne à bouffer, ils l’avalaient sans le mâcher et en redemandaient. Or, ce qui valait pour un torchon comme L.A.People valait aussi pour un magazine prétendument plus sérieux comme Guitar&Pen.

Alors que le concert battait son plein, j’essayais en même temps de prendre des photos et de mettre le nez d’Axel dans son caca. Mais je savais que mon confrère avait la joute verbale facile. Ce n’était pas pour autant que j’allais me laisser faire ! Je tenais à mettre en avant mes arguments.

Tout en essayant de me faire mon propre avis sur Nameless. Qui avait dit que je ne savais faire qu’une seule chose à la fois ? Je crois que c’était mon père… Ma sœur aussi. Ah… Et Timmy… Rooh…

Bref, je mis en avant que BSC et MTI se valaient en gros. Parce que la musique tant d’un côté que de l’autre était variée. Axel ne nia pas, mais souligna que les artistes de chez BSC avaient l’air bien plus épanouis que ceux de chez MTI…

Je fis la grimace tout en essayant de cadrer une nouvelle photo.

BleedingHeart était, en effet, un sacré exemple et difficile à contrer.

Je relâchai mon appareil photo qui pendait à mon coup et pointai Nameless sur la scène qui entamait des chansons à lui…

-Peut-être… Mais je crois qu’avec ça, MTI n’a pas dit son dernier mot.

Parce que c’était très bon. Et le public avait l’air d’accrocher !

Je regardai Axel.

-Et je ne te crois pas quand tu dis que tu aurais dit du mal de BleedingHeart s’il avait fait quelque chose de moyen chez BSC. Leur premier album, chez MTI, était excellent. Et tu l’as descendu quand même.

J’étais peut-être pas très dégourdi, mais quand même pas à ce point-là…

Mon petit manège avec mon appareil photo semblait vraiment beaucoup amuser Axel. Je lui expliquai que j’avais besoin d’images pour mon travail et que tout, en gros, était bon à prendre. Surtout que je remarquais que Julian Hughes était seul avec son parrain. Axel, d’ailleurs, d’y voyais que ça : une sortie en famille.

-Julian était seul très tôt à l’inauguration du yacht de Ricci et puis…

Je tapotai mon nez de l’index.

-A force, j’ai développé une sorte de flair pour ce genre de chose.

Mais ça ne convainquait pas mon interlocuteur qui disait être plus prompt à gober que Hugh Crusher sortait avec Hill plutôt que de penser les Hughes au bord du divorce.

Je le regardai en fronçant les sourcils.

-Mais… Hugh Crusher sort avec Hill… Moi, j’y crois… Qu’est-ce qui te fait penser le contraire ? Il VIT littéralement chez elle.

Il reporta quand même un instant son attention sur Nameless, qu’il allait probablement descendre par écrit… Il me trouvait vite satisfait. Je haussai les épaules… je ne savais pas ce qu’il lui fallait pour être satisfait.

A ce qui sembla être la fin du concert, Victor Hunter semblait rejoindre les premières impressions du journaliste de Guiatr&Pen. Et je regrettais de ne pas pouvoir écrire une nouvelle fois sur cet enfoiré. Je fis une grimace à Axel quand il se moqua de moi en disant que si je disais la vérité, je n’aurais pas de problème avec les avocats.

-Va-t’en savoir si ce n’était pas vrai, ce que j’ai écrit !

Je lâchai encore une fois mon appareil et frappai des mains avec le reste du public pour inciter Nameless à remonter sur scène.

Tout en continuant à titiller Axel au sujet de sa haine pour MTI… Il disait que s’il voulait descendre quelqu’un, il n’avait, en gros, pas besoin de se déplacer jusque dans l’Eastside.

-Il faut bien que tu donnes l’illusion de faire un travail de pro.

Selon lui, le fiat que Sonne travaillait chez BSC comme secrétaire de Ricci n’avait rien à voir avec ses critique. Je souris.

-Alors tu caches autre chose… J’en suis sûr.

Je connaissais le grand secret d’Axel… Sonne m’en avait parlé et ça faisait même partie d’un deal entre eux, pour leur mariage de convenance. Mais qui ? Qui chez BSC se trouvait dans les petits papiers d’Axel ? Ricci ? Reed ? Perry ?

Bref, Nameless nous gratifia encore de deux chansons que je trouvai géniales ! Et originale pour ce qui était de l’emploi de deux langues. Je reconnus du français. Mais c’était loin de contenter Axel.

-Ouais, t’aimes pas, on a compris.

Je suivis le regard d’Axel pour voir Victor et Carrie rejoindre Hugh Crusher et le reste des Hughes. Je pris une photo de tout ce petit monde. On savait jamais, tout était bon à prendre. Axel, lui, se disait que vu que Victor allait dire à Brent que son groupe, c’était de la merde, il n’avait pas besoin d’aller lui dire lui-même.

-Tout le monde le lira, de toute façon.

Axel acheva sur une dernière pique que je pris avec philosophie.

-Julian et Livia Hughes ne m’ont pas encore menacé, eux.

Je lui souris…

-Bon, je te laisse… J’ai de l’inspiration à trouver.

Et le concert avait l’air fini pour de bon, cette fois.

Et c’était reparti ! Nameless était revenu sur scène… Pfffffffffffffffff. Non ! Non ! J’avais toujours le front contre la table ma tête à côté de mon verre de champagne toujours à moitié rempli. Je n’avais pas envie d’entendre encore le nouvel artiste de Brent pleurer sur sa vie… Ouais ! Car les paroles c’était du pleurnichage ! On dirait BleedingHeart !

Carrie, elle, était toujours aussi emballée. Il faut dire que Brent aurait managé le groupe le plus naze de l’Univers, elle aurait quand même trouvé ça bien. Carrie n’était pas très objective quand il s’agissait de juger les poulains de Brent…

Bref, je dus me manger une autre chanson punk espérant que ça soit la dernière mais quand le groupe repris, juste après, pour une toute autre chanson, je crus que ce concert n’allait absolument jamais finir. Surtout que Nameless prit le parti de chanter sa chanson à moitié en français. J’avais bien reconnu cette langue qu’on pouvait entendre sur le dernier album de Lola. Sauf qu’à la différence c’est que Lola sait très bien parlé français ce qui ne semblait pas être le cas de Nameless.

-Bordel, il ne sait même pas parlé français… Pourquoi choisir de chanter dans cette langue alors qu’il ne la maitrise même pas !

C’est ce que je lançai à Carrie qui leva un sourcil. Ah tiens ! Elle n’a pas roulé des yeux cette fois ! C’est une très bonne chose !

-Qu’est-ce que tu en sais ? Tu ne parles même pas un mot de français, Victor…

Et alors ? Est-ce que ça veut dire que je ne sais pas quand quelqu’un le parle bien ? Ton argument est stupide, ma belle ! J’haussai des épaules.

-Et alors ? J’ai une bonne oreille, moi.

J’avais forcé sur le « moi » pour bien montré que, moi au moins, je savais reconnaitre quand quelque chose était mauvais. Or, soyons honnête, Nameless ne cassait rien.

Il y eu tout de même pas mal d’applaudissement quand le groupe, enfin, sembla avoir terminé ! Ouf ! Je pensais que ça ne finirais jamais ! Je poussais un soupir de soulagement à peine exagéré.

-Et bien ! C’est pas trop tôt !

Carrie, elle, se leva alors après avoir largement trop applaudis. Elle se tourna vers moi.

-Je vais aller saluer Brent et Julian. Il faut que je dise à Brent que son artiste est exceptionnel.

Ah oui ? Je me levai, moi aussi. Parce qu’il fallait bien que quelqu’un dise la vérité à Brent et, visiblement, ce n’est pas Carrie qui allait le faire.

-Je te suis.

On se dirigea vers Brent qui discutait avec Julian et Hugh. Carrie les embrassa tous les trois sur la joue.

-Salut, vous trois !

J’affichai un petit sourire et saluai d’un signe de mains le trio qui se tenait devant nous à la table.

-Salut Brent. Salut Julian. Salut…

Je plissai les yeux.

-C’est quoi encore ton nom à toi ?

Hugh fit une petite moue mais ne me répondit que par un poli « Salut, Victor ». Vous savez ce qui est drôle avec Hugh ? Il faut vraiment le mettre loin à bout pour qu’il explose et c’est un spectacle que peu de personne peuvent voir dans une vie.

C’est vers Julian que je me tournai.

-Tu es venus ici pour draguer, Julian ? Déjà ? Tu as bien raison… Mais ce n’est pas à cette table que tu trouveras chaussure à ton pied…

Je fis une moue en regardant vers Hugh…

-Quoi que…

Et mes mots semblèrent déjà être trop pour Julian qui se levant et déclara à Brent qu’il allait prendre l’air. Carrie soupira alors que le jeune Hughes, lui, se retira. Et c’est sans aucune transition que ma femme se tourna entièrement vers son oncle.

-Ton artiste était vraiment très bon, Brent. Je pense qu’il pourra aller loin. J’ai vraiment aimé ce qu’il a proposé ce soir.

Mais qu’est-ce qu’elle peut en dire des conneries… Je fis une petite moue.

-Mouais… Non… Brent… Ton artiste est trop dispersé. Un moment il fait du rock… Puis du punk rock… Puis il baragouine en français. Il lui manque beaucoup de choses. 

Hugh Crusher semblait réellement apprécié beaucoup Nameless. Quant à mon parrain, il était fier de ce que montrait son nouvel artiste. Il pensait bien, cette fois-ci, il tenait quelque chose. Je ne pouvais que lui espéré ça. Brent travaillait dur et donnait ce qu’il y a de mieux à ses artistes pour s’épanouir. Mais, surtout, il croyait en leur talent. La preuve était qu’il avait fait beaucoup de publicité pour un artiste qui venait de débarquer. C’était un coup de poker.

Un coup qui semblait porté ses fruits parce que j’étais assez conquis ainsi que Hugh mais, aussi, de beaucoup de gens dans la salle. Je souris devant l’ovation que reçu Nameless à ce qui semblait être la fin de sa prestation. Il n’y avait que Victor pour montrer qu’il avait détesté ça. J’étais certain qu’il faisait ça uniquement parce qu’il savait que c’était le protégé de Brent. C’était bien le genre de Victor. Hugh fit une remarque. Je fis de même mais Brent, lui, ça semblait l’amuser, le comportement de mon beau-frère. Il disait que le mieux c’était encore d’ignorer l’avocat. Je fis la moue.

-Mouais… Pas si simple que ça…

C’est ce que je lançai. Ce n’était pas toujours simple de ne pas faire attention à ce qu’il dit. Il est parfois extrêmement insistant et étouffant. Quant à Hugh, lui, il disait que ça faisait longtemps qu’il évitait Victor. Visiblement, il connaissait bien mon beau-frère. Parfois, j’aimerais avoir autant de détachement que Brent vis-à-vis des paroles des autres. Ça viendra avec l’expérience, je suppose.

Quoi qu’il en soit, Nameless remonta sur scène après un bref rappel de la part du public qui en voulait plus. Deux autres chansons furent jouée qui étaient aussi bonnes que celles présentées avant. Johnatan eut même l’audace de chanter en français. C’était très entrainant ! Il semblait vouloir remercier tout le monde avec cette chanson ce qui clôturais bien ce concert parfaitement construit. J’applaudis alors que Johnatan, sur scène, profita du moment. Si jamais ça l’amenait à une grande carrière, aucun doute qu’il se rappellera longtemps de ce concert. Là où tout aura commencé pour lui.

En tout cas, moi, il m’avait transporté et fait oublié mes ennuis pendant quelques instants.

Brent avait fait signe à son protéger pour donner l’occasion à Hugh de dire en personne à Johnatan ce qu’il pensait du concert. Ça semblait plaire à l’ex-acteur qui espérait qu’avec sa signature chez MTI, Johnatan pourra vivre ailleurs qu’au motel.

-MTI offre de bons salaires même aux artistes qui démarrent. Je crois qu’il pourra vivre ailleurs qu’au motel très rapidement.

J’étais un peu au fait des salaires que recevaient les artistes. Même si MTI ne m’intéressait pas, je savais comment l’entreprise fonctionnait.

On attendait Johnatan mais c’est ma sœur et son mari qui finirent par arriver vers nous. Je fis la moue avant de souffler :

-Oh non… Pas Victor…

Et si… Victor…

Carrie nous salua tous les trois.

-Salut Carrie…

Elle semblait très enthousiaste. Mais, moi, toute ma sérénité s’évapora dès que son avocat de mari se mit à nous saluer faisant mine de ne pas connaitre Hugh. Vu la tête de l’ancien acteur, c’était clair que l’avocat avait fait exprès de faire comme s’il ne le connaissait pas…

Mais ce fut quand il s’adressa à moi que ce fut la goutte de trop. Je n’étais vraiment pas dans une période à pouvoir encaisser les remarques de mon beau-frère surtout si ça commençait à parler de mon ex-couple. Je n’avais pas envie que tout le monde soit au courant et voilà que Victor venait de balancer ça devant Hugh Crusher. Et en plus, il sembla insinuer des choses qui me firent tiquer. Je ne savais pas bien pourquoi Victor insinuait ça hormis pour me foutre la honte. Mes muscles se contractèrent. Je crois que si je n’avais pas été au milieu d’un bar, je coup serais parti tout droit dans la tronche de Victor. Du coup, excédé, je me tournai vers Brent.

-Tu diras à Nameless que j’ai apprécié son concert. Je vais aller prendre l’air. Je te rejoindrais plus tard.

Je me tournai vers Hugh.

-Content de t’avoir rencontré.

Puis vers Carrie.

-A la prochaine, Carrie.

Et je quittai le petit groupe pour sortir du Dizzy. Il y avait trop de monde de toute façon et j’allais explosé si jamais j’entendais encore un mot sortir de la bouche d’Hunter.

Que Shiri et Billy soient ensemble en ce moment n’était qu’une possibilité parmi un océan de probabilité. Si j’avais dit ça, ce n’était pas parce que cela m’intéressait mais bien parce qu’au fond, j’espérais que quoi qu’ils fassent, ensemble ou non, ils passaient un bon moment. Ça avait sembler choquer Liam et irrité Cash mais ce qu’eux pensaient me coulait sur le dos comme sur le dos d’un canard. J’avais qu’un petit restant de vie à vivre et jamais avant aujourd’hui je n’avais fermé ma gueule pour dire ce que je pensais.

Ce n’était pas aujourd’hui que j’allais commencer à me soucier de la susceptibilité des uns même si l’un est l’homme avec qui je couchais.

Liam sembla se raviser alors qu’il ajouta que ce que je disais était vrai et Cash, lui, m’attira à lui pour m’embrasser. La masculinité toxique passe par ce genre de comportement. Un reproche puis une gâterie.

Je laissais le garde du corps de Billy et Cash discuter entre eux de ce qui se passait sur scène. Moi, je préférais m’imprégner de la musique, la laisser me faire vibrer, m’atteindre jusque dans mes tripes pour que je puisses me sentir vivante, encore un petit peu. Je pouvais accepter l’imminence de ma mort hâtive en vérité, je l’attendais impatiemment. Ce que je redoutais de ne plus jamais ressentir ce que seul la musique avait pu me faire ressentir dans toute ma chienne de vie.

Il y avait ces chansons qui exprimaient ce que je ressentais quand j’étais amoureuse, en colère, triste, épuisée ou effrayée. Il y avait ces mélodies qui planaient dans ma tête quand je rêvassais, quand un souvenir venait me faire coucou. Est-ce que ce serait comme ça de l’autre côté ? Y aurait-il une musique qui défilerait comme la trame sonore de mon repos éternel ? Pitié que ce ne soit pas du Atticus Fetch sinon je jure que je reviendrai hanté le monde ici-bas !

Le spectacle prit fin, laissant de toute évidence la foule sur sa faim. Nous en voulions plus, la nuit était jeune, le plaisir ne faisait que commencer. Nameless refoula la scène et redonna un peu de vigueur aux déchainés qui voulaient continuer de s’éclater. Liam s’approcha de moi et me cria à l’oreille de le suivre pour faire trembler le plancher.  Je pris mon pichet et en vidais au moins la moitié dans une seule et même gorgée avant de le cogner sur la table et de l’y abandonner pour me déchainer avec le garde du corps puis avec Cash qui passa son bras autour de mes épaules.

Le rappel fut à l’image du concert : à couper le souffle !  J’avais eu bien chaud, le restant de mon pichet n’était plus rafraichissant mais je le vidais tout de même, faut bien s’hydraté après avoir tant dansé !  Quand Nameless récolta le fruit de son labeur en accueillant les applaudissements à bras ouverts, je portais mes doigts à ma bouge et je poussais de longs sifflements stridents.

Je venais probablement de vivre ma dernière soirée de ce genre et, si je devais mourir cette nuit, je mourrais heureuse.

Après avoir pris les applaudissements et les sifflements du public, je baisse la tête et vois Brent qui me fait signe, je lui réponds avec un pouce en l'air puis lui fait signe que j'ai vu quelqu'un devant la scène et que j'arrivais après avoir saluer Liam et les personnes qui sont a coter de lui, j'espère avoir été compris. Je vois que l'homme qui se tenait au côté de Liam me tend une bouteille de Jack Daniel's, je la prends et bois une gorgée avant de lui rendre, je finis par descendre de la scène et je m'approche de Liam et du petit groupe, ils sont trois, je m'approche de Liam pour lui serrer la main.

Salut Liam, je suis content de te voir ici, j'espère que ça t'a plu ! Je vois que tu es bien accompagnée !

En effet, quand je suis arrivé au niveau de Liam, je remarque que c'est Cash Izbel en personne, je fais un pas de recul avant de me frotter les yeux avec mes doigts, j'ai du mal à y croire, mais c'est bien lui !

Waouh, si je pensais voir le guitariste de The Lightening... Pour mon premier gros concert en plus, avec mes premières compositions ! Je n'y aurais jamais cru. J'espère que ça vous a plus au moins. Je suis un grand fan !

Putain, quel fan boy, je fais ! Tu viens peut-être de passer pour un con après ta prestation, John, bravo. Puis, je regarde la femme qui se trouvait vers eux et je lui sors ma plus belle révérence bien à l'anglaise.

Madame. J'espère que le concert vous a plu à vous aussi !

Il est vrai que je ne sais pas quelle a été ma prestation, je l'ai vécue, mais en tant qu'artiste et non en tant que public, alors, je veux quand même savoir leur avis pour pouvoir m'améliorer, c'est toujours bon à prendre !

Après avoir fait quelques commentaires avec Cash sur la prestation de Nameless alias Johnatan Silverwood, on s’était lâché un peu. Je n’avais pas fort l’habitude de danser, et je dansais certainement extrêmement mal. Mais la musique et voir Savannah se déchaîner au bord de la scène me donnait envie.

J’oubliai complètement que je pouvais paraître ridicule.

Cash, lui, était resté un instant en admiration pendant le rappel qui avait été vraiment bienvenu parce que ça nous avait dévoilé encore un peu plus quel genre de musique faisait Nameless. C’était un style assez éclectique qui allait du punk au rock et presque jusqu’au métal.

Je ne regrettais vraiment pas d’avoir donné cette démo à Brent Hughes. Nameless méritait d’être connu.

Cash nous rejoignit pour danser, s’éclatant avec Savannah. Elle semblait bien décidée à vivre à fond ce moment et je pouvais la comprendre…  Elle, plus que n’importe qui d’autre au monde, ne pouvait savoir de quoi demain serait fait… Si elle serait encore apte à danser comme elle le faisait maintenant, si elle allait être terrassée par la fièvre ou si… si elle allait rendre son dernier souffle.

Je lui souris… Un sourire qui lui offrait toute mon amitié et tout mon soutien, mais qui disait aussi qu’elle ne serait pas oubliée, quoi qu’il arrive.

Le concert prit finalement fin pour de bon. On applaudit alors que Nameless écartait les bras pour recevoir son ovation de la meilleure des façons. Puis Cash lui tendis sa bouteille, à laquelle l’artiste bu une gorgée avant de la lui rendre.

Je croyais que Johnatan allait rentrer en coulisse comme un peu plus tôt, mais au lieu de ça, il nous fit l’honneur de descendre de la scène pour venir nous saluer. Je lui serrai la main avec un enthousiasme non dissimulé…

-Un peu que ça m’a plu ! C’était vraiment super ! Félicitations, vraiment !

Puis il se tourna vers Cash et même si son masque ne laissait rien paraître, forcément, je sentis dans sa voix qu’il était ému de voir que Cash était présent… je les regardai échanger puis il fit une révérence élégante à Savannah… C’était assez stylé, je trouvais… On aurait dit un démon saluant une déesse.

Ça aurait mérité une photo, mais je n’avais pas d’appareil sur moi.

Savannah lui dit qu’elle s’était vraiment éclatée et elle le remerciait pour sa musique. Johnatan, qui venait de débarquer, ne savait peut-être pas à quel point ça avait été important pour la bassiste parce qu’il n’était peut-être pas au courant pour sa maladie, mais moi, ça m’alla droit au cœur.

Je vis alors la foule qui s’écartait lentement… Brent Hughes cherchait à se frayer un chemin jusqu’à son poulain.

-Je crois que quelqu’un veut te féliciter, Nameless.

Je me tournai vers Cash et Savannah.

-Je pensais aller manger un steak au Rainbow, ça vous tente ?

Ils étaient d’accord et je tapai amicalement sur l’épaule de Nameless.

-Encore bravo et merci.

Lors du rappel, Nameless nous fit encore cadeau de quelques compositions personnelles. J’étais sincèrement impressionné au point d’en rester pantois alors que Liam et Savannah dansaient comme des fous à côté de moi.

Mais Nameless parlait au Shaman en moi. Le Roi Serpent était charmé…

Il y avait du travail, encore, mais la base, le cœur, l’âme, y étaient.

C’est en me faisant un peu bousculé par Liam, qui ne l’avait pas fait exprès, que je souris et vint me joindre à Savannah et à mon garde du corps pour bouger un peu. Je ne dansais pas mieux que Liam. Quand j’étais sur scène, je sautais et courais d’un côté à l’autre en jouant de la guitare, mais on ne pouvait pas appeler ça de la danse à proprement parler.

Je pris Savannah par les hanches et laissai mon corps onduler à son rythme.

Quand Nameless eut terminé, je savais que cet artiste était quelqu’un de très sensible, rien qu’à la pose, bras écartés pour recevoir l’énergie de son public et s’en nourrir…

Le public applaudit avec ferveur et moi, je lui donnai une gorgée de mon Jack Daniel’s… Comme un rituel indien, quand ils se passent le calumet de la paix.

Après ça, il descendit de scène pour aller directement saluer Liam. Mon garde du corps lui serra la main et le félicita. Ça me plaisait assez de le voir aller d’abord vers Liam avant moi. Pourtant, c’était moi la rockstar, mais Liam semblait plus important pour lui.

Quand il se tourna vers moi, je lui serrai la main également… Je ne pouvais pas voir les expressions de son visage à cause de son masque mais tout son corps émanait d’une énergie blanche et vigoureuse. Celle du travail bien accompli.

Il se disait être un fan. Je souris… C’était lui, la star, ce soir.

-J’ai vu le flyers et j’étais curieux. Je n’ai pas été déçu. Tes compositions sont vraiment belles.

Je pris une cigarette et l’allumai.

-Tout ce que je peux te dire, c’est de continuer, on veut en entendre plus encore !

Il se tourna alors vers Savannah et j’éclatai de rire quand il lui fit la révérence et l’appela « Madame »… Savannah avait tout, sauf la tête d’une « madame ». Mais c’était très respectueux de la part de Nameless.

Je passai mon bras autour des épaules de Savannah qui félicita également Nameless pour sa prestation puis Liam attira mon attention sur Brent Hughes qui arrivait.

-On va vous laisser débriefer. On se voit peut-être au studio, Nameless. Si t’es sans ton masque et que je ne te reconnais pas, ne m’en veut pas, hein.

Liam proposa d’aller manger un steak au Rainbow et avec Savannah, on accepta. On salua Nameless et on le laissa avec son manager qui pouvait être fier !

J’étais vraiment content de voir Hugh Crusher ici. D’autant qu’il semblait vraiment apprécier ce que faisais Nameless. Et il n’y avait pas que lui. Si je me fiais à l’ambiance générale du Dizzy ce soir, le coup que nous avions joué, Johnatan et moi, était un coup gagnant.

J’étais vraiment fier de l’artiste… Il avait tout ce qu’il fallait, mais il lui avait fallu arriver à Los Angeles, la ville où les rêves deviennent réalité, pour réellement avoir une chance de percer. Je savais qu’en Europe, c’était beaucoup plus difficile.

Oh attention ! Nameless n’était pas encore une rockstar, loin de là ! Mais il avait au moins réussi à charmer le Dizzy. Or, il fallait bien commencer quelque part et Johnatan n’avait pas manqué le départ. Que du contraire !

C’était aussi l’avis de Hugh et Julian, ce qui m’encourageait à penser que je tenais bel et bien quelque chose. J’avais pour habitude de m’occuper vraiment bien de mes artistes, même ceux qui ne perçaient qu’au niveau local. Il en irait de même pour Nameless que je comptais bien amener au sommet !

Pendant le rappel du public, seul Victor sembla vouloir être remboursé pour une prestation qu’il n’avait même pas payée. Mais ça ne m’étonnait vraiment pas de l’avocat. Mais son avis n’en valait vraiment pas la peine, ce fut ce que j’expliquai à mes deux compagnons de table. Victor cherchait à faire son intéressant, qu’ils ne lui donnent donc pas ce qu’il voulait.

Hugh disait éviter Victor depuis bien longtemps mais pour Julian, c’était une autre histoire puisqu’il était lié à Victor par alliance. En plus, Julian était vraiment vite touché par le jugement des autres. Je tapotai l’épaule de mon filleul, compatissant.

Johnatan offrit, à la demande du public, encore quelques compositions de son cru et j’avais été très étonné de l’entendre chanter en français même si je savais qu’il avait vécu à Paris. Et ça donnait bien ! Vraiment bien !

Je me levai pour applaudir à la fin de sa prestation puis Hugh le complimenta. J’avais fait signe à Johnatan de venir nous rejoindre puis je m’étais assis à nouveau en disant à Hugh qu’il allait pouvoir parler avec Nameless, si toutefois il avait capté mon signe.

Julian, lui, disait que Johnatan allait pouvoir subvenir à ses besoins, maintenant qu’il avait signé.

-En effet… S’il n’a plus à se tracasser de savoir s’il doit choisir entre manger et dormir, il pourra encore mieux se concentrer sur son art.

J’allais demander à Hugh, qui avait mentionné deux fois le motel, ce qu’il était allé foutre là-bas, mais ce fut le moment que choisirent Carrie et Victor pour nous rejoindre, au grand dam de Julian qui soupira.

Carrie nous salua et je me levai pour lui faire la bise. Victor, lui, nous salua d’un geste de la main. Je tirai une chaise pour que ma nièce puisse s’y installer, juste entre moi et Hugh. Hugh que Victor feignit de ne pas connaître. Pourquoi ? Mystère… je ne savais pas bien ce qui liait Hugh à Victor, même si je savais qu’ils gravitaient dans le même monde. Et aussi que Victor n’était pas le plus aimable des hommes donc leur relation ne devait pas être positive…

-C’est Hugh Crusher… un vrai acteur.

Rien de tel qu’une petite pique bien placée. C’était notre mode de fonctionnement, à Victor et moi… Un peu comme un jeu.

Et après Hugh, il s’attaqua à Julian. Evidemment, il fallait qu’il fasse pas si subtilement que ça référence au récent célibat de mon filleul.

Un filleul qui choisit de fuir en me laissant un message pour Johnatan, mais je pouvais comprendre. Victor, il fallait se le coltiner.

Carrie, elle, au contraire, était séduite par mon artiste et je la remerciai d’un sourire.

-Il sera content de l’apprendre. Je vais aller le chercher, je pense qu’il sera content d’avoir vos réactions à chaud.

Je me levai alors que Victor, lui affirmait que Johnatan ne savait pas sur quel pied danser. Je lui souris à lui aussi.

-C’est donc un artiste complet, si je te comprends bien. Merci, Victor.

Je signalai à Hugh.

-Ne bouge pas, je reviens. Tu n’es pas obligé de parler à Victor pendant ce temps-là, il est passé maître pour faire la conversation tout seul.

En contournant la table, je tapai sur l’épaule de Victor. Tout ça était de bonne guerre.

Je me faufilai à travers la foule, ensuite, pour aller rejoindre Nameless qui était en train de discuter avec Cash, Liam et Savannah… Mais ils s’éclipsèrent alors que j’arrivais à la hauteur du chanteur. Je les saluai au passa avant de faire l’accolade à Johnatan.

-Bravo ! Tu peux être fier de toi. Ton père peut être fier de toi.

Je lui mis une tape dans le dos avant de l’entraîner avec moi.

-Viens, je vais te présenter des gens.

Je l’amenai jusqu’à la table que j’avais occupée juste deux minutes plus tôt.

-Voici Hugh Crusher. Tu l’as peut-être vu dans Love In L.A.… Ma nièce, Carrie Hughes et son mari, Victor… Julian voulait te féliciter pour ta prestation, mais il avait besoin d’air.

Je lui tirai une chaise.

-Tiens, assieds-toi.

De loin, je fis signe à Delfino de nous faire resservir une tournée…

-C’est moi qui offre !

Sonny ignorait que c’était Timmy Evans qui m’avait engagé comme roadie, pourtant, c’était bien le cas. Sauf que je ne m’attendais pas à, moi, apprendre que Sonny était, en réalité, le demi-frère de Timmy Evans. A force que bosser chez MTI, j’en avais appris un peu sur le manager anglais. Notamment le fait qu’il était adopté. Mais je ne m’attendais vraiment pas à ce que Sonny ait le moindre lien familiale avec lui. Ainsi, je pris un air clairement étonné.

-C’est sérieux ? Waw ! Le monde est petit. Vous êtes si différents, pourtant.

Bien qu’ils étaient grand tous les deux. Mais de là à penser qu’ils étaient frères, il y avait une marge. Pourtant, je ne pouvais que croire Sonny sur parole. Ce n’était pas le genre à inventer n’importe quoi. Mais c’était quand même dingue que Timmy, qui venait d’Angleterre, ait un lien familiale avec Sonny, qui venait de L.A.. C’était une histoire digne d’Hollywood.

Mais Sonny était d’accord avec moi sur le fait que, pour un artiste, si un opportunité de signer un contrat arrivait, il n’allait pas faire la fine bouche. Sonny fit une comparaison qui me fit sourire. Mais elle était assez bien trouvée, je dois avouer.

-Exactement. Un contrat de maison de disques, ça ne se refuse pas… Peu importe le manager. C’est plus tard que ça compte, ça.

Bien que, pour l’instant, Nameless n’avait pas à se plaindre de son manager vu la publicité qu’il avait fait pour ce concert ici. Ça avait amené pas mal de gens. Même s’il était clair que Timmy Evans est un manager plus réputé de Brent Hughes.

On eut le droit à un rappel après le concert de Nameless. Il firent encore deux chansons qui, sincèrement, étaient très bonnes. On sentait qu’il y avait une vrai talent chez ces gars-là. C’était pas impossible qu’ils aillent loin. C’est en tout cas ce que j’espérais à Johnatan.

Je rigolai quand Sonny déclara ne pas tout comprendre à la dernière chanson qui était en deux langue.

-C’est du Français. Je le sais parce que Lola a déjà chanté en Français, elle aussi.

Et j’étais responsable de son fan club alors, ses albums, je les avais entendu des tonnes de fois. Et je ne m’en lassais pas. J’avais beaucoup de respect pour le travail qu’avait fait Peyton.

Je resservis une bière à Sonny après qu’il se soit rassit. Il voulait que j’en prenne une aussi pour la boire avec lui. Je ne me fis pas prier. C’est le genre de petit écart que le patron du Dizzy me pardonnait facilement.

Une fois qu’on fut servi, on trinqua à Nameless. Je levai mon verre.

-A Nameless !

Je bus une grosse gorgée de bière et discutait encore un peu avec Sonny avant de voir, au loin, Brent Hughes me faire signe de leur resservir une tournée à la table du fond. Il y avait tout un rassemblement là-bas. Johnatan avait, d’ailleurs, rejoint son manager. J’esquissai un petit sourire et lançai à Sonny.

-Le travaille m’appelle.

J’avais des cocktail et des Martini à servir. C’est ce que je fis envoyant la serveuse aller ravitailler la table des deux grands gagnants de ce soir : Johnatan et Brent.

Johnatan avait vraiment donné un concert parfait. Il avait montré qu’il était à la fois un très bon musicien, un très bon chanteur, un très bon compositeur mais, aussi, un très bon showman. Pour moi, il était suffisamment complet que pour espérer avoir une grande carrière dans la musique. Il y avait des gens moins talentueux que ça qui arrivaient à percer, après tout.

J’avais donné un retour très positif à Brent par rapport à son artiste. Un artiste que je connaissais du motel où j’avais séjourné une nuit. J’espérais sincèrement qu’avec le contrat qu’il avait avec MTI, Johnatan pourra s’offrir un endroit où vivre. Julian m’assura que ça sera le cas de quoi me faire sourire. Après tout, c’était le fils du patron de MTI alors, je supposais qu’il savait ce qu’il disait. Brent confirma alors qu’il se réjouissait surtout sur le fait que, du coup, Nameless pourra se concentrer uniquement sur son art. J’hochai de la tête.

-Tant mieux, alors ! C’est vraiment cool pour lui.

On attendait que Johnatan nous rejoigne mais c’est, avant ça, Carrie Hughes et son mari, Victor Hunter, qui ne rejoignirent. Je pouvais entendre l’exaspération de Julian Hughes jusqu’ici. Il faut dire que je connaissais suffisamment bien Victor que pour faire en sorte de l’évité un maximum. Je comprenais, donc, totalement la réaction de Julian. Malgré tout, je restai souriant faisant la bise à Carrie quand elle me la fit.

-Salut, Carrie.

Elle s’installa entre moi et Brent quand ce dernier l’invita à le faire. Victor, lui, nous fit un bref signe. Je le lui rendis vaguement alors qu’il salua tout le monde en faisant mine de ne pas me connaitre. Il savait parfaitement qui j’étais… C’était uniquement pour m’ennuyer qu’il faisait ça. Je fis la moue. Ce n’est pas Victor Hunter qui allait me gâché ma soirée…

-Salut, Victor…

Brent me présenta à Victor vu que celui-ci avait insinué qu’il ne me connaissait pas mais je me rendis compte qu’il avait fait ça uniquement pour taclé l’avocat en retour. Victoria m’avait récemment dit que son petit frère avait obtenu un rôle dans un film. Je n’avais aucune idée de ce que Victor valait en tant qu’acteur mais une chose était certaine : il n’avait strictement aucune expérience. Je crois que la réflexion à moyennement plus à Victor parce qu’en retour, il tacla MES talents de guitariste. Hey ! C’est votre petite guerre. Laissez-moi en dehors du champ de mine, s’il vous plait.

Brent avait dit d’ignorer ? J’ignorai, donc… Mais, du coup, Victor s’attaqua à son beau-frère, Julian. Sans aucune vergogne, il ne fit aucun secret sur le statut matrimonial actuel de Julian. J’ignorais que lui et la jeune Olivia n’étaient plus ensemble. Il y avait eu des rumeurs dans L.A.People mais, sincèrement, ce n’était pas la meilleure source d’informations qui soit. Si c’était le cas, Jessica Hill serait à mon bras à l’instant même… Or, je n’étais pas en couple avec Jessica et je n’y serais jamais…

Sauf que, encore une fois, je fus au milieu des piques de l’avocat. Je savais que le simple fait que quelqu’un comme moi pouvait respirer l’ennuyait mais ce n’était pas une raison. Surtout que, du coup, c’est moi qu’il mit mal à l’aise avec ses insinuations. Je soupirai alors que Julian, lui, préféra quitter la table pour aller dehors. Je ne pouvais pas vraiment l’en blâmer. Je crois que si je n’avais pas été tant motivé à féliciter Johnatan moi-même, je serais parti aussi.

-Bien joué, Vic…

C’est ce que je marmonnai alors que Carrie tenta de changer de sujet en montrant à quel point elle avait apprécié la prestation de Nameless. Brent en était ravi mais il reçu aussi un avis plutôt négatif de la part de Victor. Tu n’as pas aimé, Vic ? C’est étonnant ça ! On avait pas remarqué du tout ! Sauf que Brent était habile et retourna l’avis négatif de Victor à l’avantage de Johnatan. Ça me fit pouffer de rire. Surtout en voyant la tronche de Victor après ce retour de flamme très subtile.

Brent comptait aller chercher Johnatan et déclara que, pendant ce temps, je pouvais, en gros, laisser parler Victor tout seul. Ça fit bien rire Carrie. Je souris à Brent.

-Ok. Ne t’en fais pas pour moi.

J’en ai vu d’autres… Ce me touchait très fort il y a 20 ans d’ici me touchait bien moins aujourd’hui. Ou, en tout cas, j’avais appris à ce que ça me touche moins. Et, surtout, j’avais appris à ignorer. Ce que je commençai à faire en sortant mes cigarette pour m’en griller une. Victor m’attaqua tout de même… Mais, heureusement, Carrie était là pour le tempérer un peu. Elle devait avoir une patience monstre pour vivre avec ce type. Je ne vois vraiment pas ce qu’elle lui trouve, sincèrement.

C’est quand Victor me demanda si j’étais devenu muet que j’ouvris, enfin, la bouche prenant un air étonné.

-Ah tu me parlais, en fait ? Excuses-moi, Vic…

Il n’eut pas vraiment le temps de réagir parce que Brent finit par revenir avec Johnatan. Je lui fis un grand sourire alors que Brent nous présenta tous.

-Salut, Johnatan. Content de te revoir. Tu as vraiment géré ce soir ! Tes compositions personnelles étaient vraiment touchantes. J’ai adoré! Tu as vraiment tout pour aller très loin.

Brent le fit s’asseoir alors que Brent nous offrit à tous une tournée.

-Merci, Brent.

C’était vraiment sympa de sa part. Je tirai sur ma cigarette alors que Carrie se mit à complimenter, elle aussi, les talents du nouvel artiste.

Carrie avait eu envie de rejoindre la table de Brent alors je l’avais suivi. Arrivé près du trio, j’avais salué tout le monde à ma manière faisant mine de ne pas connaitre Hugh Crusher alors que je le connaissais probablement mieux que je ne connaissais Julian. Et si Hugh chercha à éviter ma pique par l’ignorant, Brent, lui me présenta Hugh déclara que c’était un vrai acteur. Oh mais c’est une attaque personnelle ça ! Pas bien Brent ! Ta Maman ne t’a jamais dit que ça ne se faisait pas ? Je fis une petite moue qui se transforma en sourire en coin.

-Et un piètre guitariste, aussi, parait-il !

Oui parce que Hugh était actuellement le guitariste de ma sœur et, d’après Ben Masters, c’était une véritable catastrophe. Ce qui n’était pas vraiment étonnant.

Ce fut, ensuite, à Julian que je m’adressais parlant ouvertement de son divorce prochain. J’avais encore une fois taclé Hugh au passage, tant qu’à faire. Histoire de lui faire regretter un peu d’être sorti de son trou. Il aurait dû y rester. C’est là que les gens comme lui doivent être. Et vous savez ce que mes quelques petites phrases eurent comme effet ? Et bien la fuite. Celle de Julian… Il voulait prendre l’air mais m’est d’avis qu’il allait aller plutôt s’enfumer avec ses clopes. C’est dingue comme Julian pouvait être coincé ! Quelques petites piques et il se mettait directement en boule. Pire qu’un foutu hérisson !

J’entendis la petite réflexion de Crusher et je lui lançais d’un air innocent.

-Désolé d’avoir ruiné ton coup…

J’étais faussement désolé, bien sûr ! C’était simplement une façon de souligner encore une fois ce que la presse et Hollywood se refusait, visiblement, de voir !

Encore une fois Hugh ignora ma réflexion et c’est Carrie qui y alla de compliment envers le poulain de Brent. L’oncle de Carrie comptait aller cherché le malheureux pour qu’il puisse avoir notre réaction à chaud. Ah oui ? Tu veux vraiment qu’il vive ça ? Mais, je t’en prie, Brent ! Vas-y !

Mais avant, je lui donnai ma propre critique qu’il… Retourna à son avantage. Mais je rêve ! Il se fiche de moi ? Pas étonnant qu’il n’a pas encore trouvé de bons artistes, le Brent, s’il n’écoute pas les critiques convenablement. Tout ça faisait bien rire, Hugh, en tout cas. Ah ah ! Ris tant que tu le peux.

-Je n’ai pas dit « complet ». J’ai dit « éparpillé ». On voit que tu n’es pas avocat. Tu sais que les mots ont leur importance dans la vie, Brent ? Ton artiste ne sait pas s’il veut faire du rap ou du métal et toi, tu le trouves merveilleux ? M’est d’avis qu’il a encore beaaaaaaaaucoup à apprendre. Et je sais de quoi je parle. Je viens d’une famille d’artiste, MOI !

J’avais forcé sur le « moi ». Parce que Brent, lui, ne venait pas DU TOUT, d’une famille d’artistes. Moi, oui.

Bref, malgré tout, Brent voulait aller chercher Nameless. J’avais regardé vers ce dernier qui était en conversation avec Izbel et Prescott. Ah ben, non alors ! Si Brent nous ramenait son artiste maintenant, on risquait bien tous d’avoir le SIDA ! Quoi que j’étais déjà à la table de Hugh alors m’est d’avis que je suis déjà foutu ! Que le foutu Seigneur me garde ! Je n’aurais vraiment pas dû venir dans les bas-fonds !

Avant de partir, Brent dit à Hugh qu’il n’était pas obligé de me parler pendant qu’il allait aller chercher Nameless. Je levai un sourcil alors qu’il ajouta que je savais très bien faire la conversation tout seul.

-Oh, Brenty, ce n’est pas très gentil ça !

C’est ce que je dis après qu’il m’ait tapé sur l’épaule. J’avais l’habitude de ce genre de piques de la part de Brent. Mais là, je le trouvais particulièrement en forme ! Et je n’étais pas sûr d’aimer ça.

Il s’en alla et je me tournai vers Hugh.

-Alors Crusher… Il parait que tu vas jouer dans le film de Christopher North ? C’est parce que c’est une film sur les immigrés comme toi que tu as décidé de sortir des bas-fonds du cinéma porno pour te lancer là-dedans ? J’imagine que ouais, hein ! Parait que tu as supplié North pour avoir ce rôle. C’est le cas ?

Carrie fit la moue et se tourna vers moi.

-Victor… Tu ne peux pas le laisser tranquille ? Qu’est-ce qu’il t’a fait ?

Ah bonne question, tien ça ! Il ne m’a rien fait en fait. Le feeling n’est simplement jamais passé entre lui et moi. Point barre !

-Il ne m’a rien fait, voyons, Carrie. Je ne fais que poser des questions.

Question auxquelles Hugh ne répondit pas. Il me sortait la carte de l’ignorance. Bah voyons.

-Tu es devenu muet, Crusher ? Pas pratique si tu veux revenir devant les caméras.

Son regard se fixa à nouveau sur moi et il demanda si je lui parlais à lui avant de s’excuser. J’allais répliquer mais Brent revint accompagné de Nameless et son masque ridicule.

Brent fit les présentation et je levai ma main pour lui faire signe.

-Salut, Nameless. Tu as un vrai nom, j’imagine ? Enfin un autre nom que Sans Nom ?

Hugh le salua à son tour et je compris que le petit Crusher connaissait déjà Nameless. Il y alla de pas mal de compliments… Putain, qu’est-ce qu’il pouvait lui lécher le cul !

Brent proposa alors d’offrir un verre à tout le monde.

-Ah ! Enfin des paroles sensées qui sortent de ta bouche, Brenty !

Parce qu’hormis du champagne dégueulasse, je n’avais pas encore eu l’occasion de me foutre grand-chose sous la dent ce soir. Le service, ici, est misérable, en plus ! Même s’il faut avouer que la serveuse a un beau petit cul !

Bref… Carrie se tourna vers Nameless.

-Votre concert était vraiment exceptionnelle. J’ai été transportée. Ça faisait longtemps que je ne m’étais plus autant amusée à un concert. Vous avez même chanté en Français. C’est une langue que je trouve vraiment magnifique et vous l’avez bien maitrisée. Je ne doute pas que Brent arrivera à vous emmené dans de plus grande salle. En tout cas, dés que votre premier album sortira, je serais la première à l’acheter !

Mais oui, Carrie, c’est ça. Et tu l’écouteras toute seule, pour la cause ! Bon ! Trêves de compliments ! Il était temps que Nameless entende une remarque un peu plus constructive. Je fixai l’artiste.

-Mouais… Mouais…  Tu ne penses pas que tu t’es un peu éparpillé pendant ton concert ? J’ai été perturbé par les différences de style entre tes chansons. Puis, il y a encore pas mal de travaille à faire à tous les niveau. Tu crois vraiment que tu pourras convaincre un large public avec ce que tu as proposés ce soir ? Parce que, moi, je n’en suis pas sûr du tout.

Je marquais une très légère pause avant de rependre :

-Puis… Ce masque… C’est parce que tu es défiguré en dessous ou bien c’est uniquement pour le marketing ?

Après être descendu de la scène et avoir fait connaissance avec le groupe qui discutait avec Liam, je lui souris et lui serre la main. Je lui demande si ça lui a plus et sans aucune retenue, il me confirme que oui, il a adoré, ce qui me fait sourire sous mon masque.

Merci Liam, ça me fait super plaisir, j'ai tout donné ce soir !

Puis je me tourne vers Cash Izbel lui-même et je n'en revenais pas, et j'ai fait ma révérence en direction de la femme qui était avec eux par signe de respect. Il me dit qu'il a vu les flyers et qu'il était curieux et que ça lui a plu lui aussi, tout comme à la femme qui était avec eux. Et qu'il fallait que je continue comme ça, c'était vraiment bien. Je le regarde et garde mon sourire sous mon masque.

Merci, je prendrai volontiers tous les conseils que vous prouver me donner. Et on se reverra dans les locaux de MTI, j'en suis sûr. Je viendrai me présenter à visage découvert cette fois-ci !

Je ris, puis tout le petit groupe me signale que Brent arrivait, ils s'en vont en me félicitant et je les salue en retour en les remerciant. Puis, je rejoins Brent en lui souriant. Il me met une tape dans le dos et me dit que je peux être fière de moi et que mon père l'est sûrement aussi.

Je suis sûr qu'il doit être vraiment content de là où il est... Et ma mère doit sûrement lui faire une crise à côté !

Je ricane, puis il me dit qu'il veut me présenter des gens. Il me présente Hugh que je connaissais déjà et je lui souris.

Ça me fait vraiment plaisir de te voir ici, Hugh, j'espère que ça t'a plu au moins ?

Je n'en doutais pas, mais je lui pose tout de même la question, on ne sait jamais. Puis, il me présente sa nièce et son mari, je regarde sa nièce et lui fais une révérence.  Puis je regarde son mari.

Madame, c'est un plaisir de vous rencontrer. Et vous aussi Victor.

Puis Brent me dit que Julian voulait me féliciter, mais qu'il avait besoin d'air. Je le regarde et acquiesce.

Je suis sûr qu'il aura le temps de le faire de lui-même, je pense que ce ne sera pas la dernière fois que je le vois !

Puis Brent m'invite à m'asseoir, ce que je fais et paye sa tournée.

Je vais prendre une blonde si je pouvais avoir une paille avec le masque, c'est chiant pour boire.

Je ricane et m'installe confortablement. Hugh m'inonde de compliments, me disant que mes compositions étaient vraiment bonnes et qu'il avait aimé le spectacle. Je le regarde et fais un pouce en l'air.

Merci Hugh, ça me touche beaucoup, j'ai vraiment mis mon âme là-dedans et je pense que ça c'est ressenti.

Puis vient au tour de Carrie, la nièce, de me complimenter. Je la regarde en gardant mon sourire sous le masque.

Je vous remercie, ça me fait vraiment plaisir. Le français est ma seconde langue, j'ai vécu dix ans à Paris et j'ai voulu remercier toutes les personnes qui m'ont aidée à venir jusqu'ici.

Victor fit un dommage collatéral sur Hugh quand je lui dis que le petit latino, lui, était un vrai acteur. Victor disait que Hugh était un piètre guitariste. Je souris, un peu désolé, à Hugh. Mon intention n’avait pas été qu’il soit pris pour cible, mais Victor n’avait aucun scrupule.

C’en était déjà trop pour Julian, dont Victor venait de parler du divorce, et mon filleul décida d’aller prendre l’air. Souvent, Victor allait trop loin, pour le simple plaisir de faire du mal aux gens. La plupart du temps, quand j’étais là, j’essayais de faire tampon pour montrer que ce que Victor disait ne valait pas tripette, mais ce n’était pas toujours évident.

Comme maintenant.

D’ailleurs, après Hugh et Victor, ce fut à Nameless que Victor s’attaqua. Il me semblait avoir bien retourné la chose à mon avantage, mais l’avocat insista, disant que je devais utiliser les mots justes. Et que lui venait d’une famille d’artiste et que donc, il avait plus d’oreille que moi. Je me levai pour aller chercher Johnatan et en passant près de Victor, je lui glissai à l’oreille.

-N’insiste pas, Victor. C’est pathétique. Parfois il faut s’avouer vaincu et passer à autre chose.

Avant de m’éclipser vraiment, je lançai à Hugh qu’il n’avait qu’à ignorer Victor, ce que Victor ne trouvait pas gentil. Je lui lançai en m’éloignant.

-Brento ! Pas Brenty, Victor.

C’était mon surnom, mais Victor s’évertuait à dire « Brenty »… ça ne m’énervait pas, mais je lui rappelais de temps en temps, pour le plaisir.

Quand je retrouvai Johnatan, fier comme un paon, je lui affirmai que son père devait être fier de lui. Même avec son masque sur sa tête, je sentais qu’il était vraiment heureux de sa prestation. Je rigolai quand il confirma en ajoutant que sa mère devait piquer une crise au Paradis, elle…

-Roh, je suis sûr que dans le fond, elle est fière aussi. Allez, viens !

Je lui présentai donc tout ceux qui étaient autour de notre table, lui présentant même Hugh en me rappelant au dernier moment que Hugh lui-même venaient de me dire qu’ils s’étaient déjà rencontrés. Mais ce n’était pas grave.

Il salua tout le monde et on s’installa. Nameless avait bien mérité de s’asseoir et de boire un bon coup ! Je lui donnai aussi l’avis de Julian qui n’était plus là pour le lui dire en personne.

-Oh oui, tu le verras encore. Je compte bien le faire sortir souvent, le môme.

Je fis signe pour une tournée. Avec Delfino, on se comprenait rien qu’avec des signes, depuis le temps. Et puis, il savait probablement quelles boissons on préférait tous. Il avait une excellente mémoire pour ce genre de chose. Je pris un gobet en plastique au centre de la table qui contenait des pailles de toutes les couleurs et le tendis à Nameless.

-Tiens, sers-toi.

Hugh y alla de ses compliments et Carrie également. Par contre, Johnatan ignora royalement tout ce que Victor lui cracha et en voyant Victor gonfler comme un poisson globe parce qu’il était frustré d’être ainsi nié, je me mordis la lèvre pour ne pas littéralement éclater de rire.

Ça lui était bon, ça lui ferait les pieds, un peu.

Carrie avait beaucoup apprécié la chanson à moitié en français. Nos boissons furent servies alors que j’ajoutai :

-Sincèrement, j’ai vraiment aimé cette chanson. On sentait ton émotion, même si on ne voit pas ton visage avec ton masque. J’avoue que j’avais un peu peur qu’avec ça sur la tête, tu perdes un peu de cette connexion que tu peux avoir avec le public.

Je pris une gorgée de mon Martini, satisfait.

-Mais ça n’a pas du tout été le cas et je pense que Victor ici présent a été le seul membre du public à ne rien comprendre à ce que tu as fait. Donc, tu peux être content de toi, Nameless.

Victor eut le don d’insister sur sa critiques que Brent avait, pourtant, ramener à l’avantage de son artistes. Décidément, l’avocat ne lâchait pas facilement l’affaire. Mais Vicky m’avait déjà dit que les juges et autres avocats détestaient quand Victor défendait une affaire parce que, justement, il avait l’art de chercher a toujours avoir le dernier mot.

C’était pareil dans la vie de tous les jours… Même si Brent semblait très doué pour déjouer les phrases assassines d’Hunter.

Brento s’éloigna alors de nous pour aller chercher Johnatan. Oui, Brento. Pas Brenty comme l’avait appelé Victor. Cet échange me fit sourire. Bien plus que tout ce que déclara Victor alors que Brent était absent. Je n’avais aucune envie de discuter du film de Christopher avec l’un des types les plus racistes de Los Angeles…

Brent et Johnatan, toujours masqué, ne tardèrent, de toute façon, pas à nous rejoindre pour mon plus grand soulagement. Je saluai Johnatan qui espérait que son show m’avait plus. Je souris d’un groupe sourire.

-Vraiment beaucoup !

Carrie et Victor saluèrent aussi Nameless même si Victor y alla de quelques questions de son cru. Questions auxquelles Johnatan ne répondit pas alors qu’il fit une petit révérence devant Carrie avant de saluer Victor au passage.

Brent avait donné le retour de Julian à Johnatan. Hélas, le jeune Hughes n’avait pas pu le faire en personne tellement il avait été excédé par Victor. Mais le chanteur ne s’en formalisa pas déclarant que Julian aura sûrement l’occasion de lui dire en personne une autre fois. Brent confirma en ajoutant qu’il allait s’appliquer à faire sortir son neveu plus souvent. Maintenant que je savais pour la rupture du jeune homme, je savais que ça ne devrais pas lui faire de mal.

Brent proposa de payer une tournée à tout le monde. Ça sembla plaire à Victor qui le fit savoir à sa façon. Quant à Johatan, il déclara qu’il aura besoin d’une paille. Je rigolai un peu.

-C’est clair que ce n’est pas évident, je te l’accorde.

Garder son identité secrète n’avait rien de facile. Je plaignais un peu Johnatan sur ce coup-là. Brent lui tendit des pailles.

Je pris le temps de dire à Johnatan ce que j’avais pensé du concert. Pour ma part, ça faisait bien longtemps que je n’avais plus entendu quelque chose d’aussi bon en live. Tout le Dizzy, à l’exception de Victor, semblait avoir vraiment apprécié Nameless. Johnatan confirma qu’il avait mis son âme là-dedans.

-Ça c’est ressenti. Chanter avec son âme, c’est ce qui fait les meilleures chansons.

Carrie aussi n’avait que des bons mots pour la prestation de Johnatan. Ce dernier confirma que le Français est sa seconde langue. Je connaissais un peu de son histoire ainsi je souris laissant Carrie réagir à ce que venais de dire Nameless.

Puis vint la critique de Victor… Une critique acerbe soupoudrée de questions posées dans le but de froisser Johnatan. Je soupirai… Il est vraiment obligé d’être comme ça ? Visiblement, oui… C’est comme si c’était plus fort que lui. J’avais toujours pensé que la méchanceté de Victor venait de la jalousie ou du fait d’être le seul non-artiste d’une famille d’artiste… Je n’avais jamais eu confirmation de ça pas même de Vicky qui n’avait jamais réellement cherché à expliqué pourquoi son frère était à ce point méchant. « Il est comme ça »… C’est ce qu’elle dit, en général. Et si on pouvait pensé qu’il se calmerait en vieillisant, ça semblait être tout le contraire qui se produisait.

Sauf que… Au lieu de répondre, Johnatan ignora complètement l’avocat. Je me mordis la lèvre jetant un œil vers Victor qui semblait ne pas avoir apprécié être ainsi ignoré. Ça sentait la bombe à retardement, ça… J’avais déjà vu Victor péter un câble et ce n’était pas beau à voir… J’espérais que la présence de sa femme le fasse se tenir.

Nos boissons arrivèrent et je bus une longue gorgée de cocktail entre deux bouffée de cigarette. Brent prit alors la parole déclarant qu’il avait vraiment apprécié la chanson bilingue de Johnatan. Il affirma qu’il avait eu peur, au départ, que le masque de Nameless trouble la connexion entre lui et le public mais ça n’avait pas été le cas. Il ajouta que Victor avait été le seul à ne pas avoir aimé. Je souris.

-Oui, tu peux être fier. C’est pas tous les jours qu’un nouveau groupe fait l’unanimité lors d’une premier concert du genre. Je crois que tu t’es fait quelques fans aujourd’hui. En tout cas, tu m’as gagné moi comme fan.

J’imagine que la prochaine étape, pour Nameless, était de faire un album. Je l’espérais pour lui.

J’avais tenté de réexpliquer avec plus de mot ma critique à Brent vu qu’il ne semblait pas avoir très bien compris. Mais il se leva prêt à aller chercher son poulain avant de me souffler à l’oreille que je devais passer à autre chose. C’est dingue comme les gens n’arrivaient pas à encaisser les critiques ! Pourtant, Dieu sait que ma foutue critique était constructive !

Je roulai des yeux avant que Brent ne s’éloigne après avait précisé que son surnom était Brento et non Brenty. Je lui lançai alors :

-D’accord, Brenty !

Il s’éloigna me laissant avec Carrie et Hugh. Mais Hugh joua les sourd-muet. Je n’eus pas le temps d’insister que, déjà, Brentino et Nameless s’amenèrent. Les présentations furent faites. D’abord avec Hugh puis avec nous. Il fit même la révérence devant Carrie. Il pense que Carrie est une reine ou quoi ? Ce n’est qu’une héritière, hein ! Défraichie, en plus. Pas de quoi faire une révérence. Carrie rougit visiblement flattée par le geste de Nameless.

-C’est un plaisir aussi !

Il ignora complètement mes questions sur son nom. De quoi me faire lever un sourcil. Lui aussi était sourd ? Ou bien il avait une audition sélective ? Quoi qu’il en soit, c’est de Julian que Brent parla alors que le gamin avait fui avant d’avoir pu donner son avis sur la prestation de Nameless. Ce dernier ajouta qu’il aura sûrement l’occasion de revoir Julian ce que confirma Brentyo. Je ricanai sans rien ajouter. C’est clair qu’il a besoin de sortir, le Julian. Il faut le décoincer un peu.

Après quoi, Brent s’engagea à nous payer une tournée ! Ce n’était pas plus mal ! J’avais soif ! Sauf que Nameless déclara qu’il lui faudra une paille parce que, avec son masque, il aura du mal à avaler le contenu de son verre. Pourquoi ? Son masque est collé à sa face ?

-Tu peux aussi enlever ton masque…

Simple suggestion, hein ! Même si j’avais bien compris que le type comptait garder son identité secrète. Il se prend pour Batman, ou quoi ? Le Batman du marketing ? Parce que je supposais bien que tout ça n’était qu’une question de marketing. Ou bien Nameless était tellement laid qu’il préférait se cacher…

Bref, Brent lui fourni des pailles alors que Carrie et Hugh y allèrent de leur commentaires positifs sur la prestation de Nameless. Hugh devait réellement un petit marshmallow fondu quand il causait ainsi ! A croire qu’il aimait plus que la musique de Nameless, hein ! Pff ! C’est pitoyable ! Bien qu’avec tout ça, j’appris tout de même que le Français était la seconde langue de l’artiste qui avait vécu à Paris.

-J’adore Paris ! J’y suis allé de nombreuses fois pour affaire ! C’est une ville magnifique.

C’est ce que lança Carrie qui semblait véritablement sous le charme de cette tête de démon.

Bref ! Il était plus que temps que je donne ma propre critique ce que je fis sans aucune vergogne en posant des questions à ma façon afin d’éclaircir les zones d’ombres. Sauf que ce type m’ignora royalement. C’était comme s’il n’avait strictement rien entendu. Croyait-il être à ce point bon que toute critique négative ne valait pas la peine d’entre entendue ? C’est l’effet que ça donnait, en tout cas ! Et me faire ignoré de la sorte par un type qui vient de débarqué en ville me foutait en rogne !  Il se prend pour qui, sérieusement ?! Je serrai mon poing… Celui qui était posé sur la table. Je fixai, ensuite, Nameless d’un regard assassin. Carrie regarda vers moi d’un air inquiet. Compte à l’envers, Victor !

Je me mis à compter à l’envers dans ma tête alors que les boissons arrivèrent. Je fus à nouveau servi de cet horrible champagne. De quoi ne pas améliorer cette colère qui grimpait dangereusement en moi.

Brent repris la parole parlant encore de la prestation ô combien merveilleuse, magnifique, impressionnant de Nameless. L’oncle de Carrie souligna que j’avais été le seul à ne pas comprendre ô combien tout ça était merveilleux !

-Brent…

C’est ce que souffla Carrie en se mordant la lèvre alors que le compte dans ma tête se perdit. Je me fichais des retours de piques. Mais qu’on m’ignore de la sorte, ça, je n’encaissais pas. Surtout quand ça venait d’un parvenu.

Ainsi, quand Hugh Crusher rajouta de la pommade sur le dos déjà dégoulinant de bons compliments de Nameless, Je tapai du poing sur la table faisant sursauter Carrie qui, pourtant, l’avait vu venir. C’est Nameless que je fixai.

-Si tu veux aller plus loin dans l’aventure, Nameless, il faudra apprendre à encaisser la critique et, surtout, à la prendre en compte. L.A. est loin d’être gentil. Elle peut vite te reprendre tout ce qu’elle t’a donné.

Ma voix était teintée d’une colère sourde. Je me levai alors persuadé que si je restais, j’allais défoncé la tête de quelqu’un.

-Viens, Carrie, on s’en va.

Je ne l’attendis même pas. Je finis par quitter cette table avant d’entendre plus de foutus bons compliments. De toute façon, j’avais largement assez respiré le même air que Hugh Crusher pour aujourd’hui.

Je ne vis et n’entendis, donc, pas Carrie se lever de la table que j’avais quitté. Elle pris un air désolé et fixa Hugh, Nameless et Brent.

-Désolé… Je vais devoir le suivre avant qu’il y ait des dégâts collatéraux.

Elle embrassa Brent sur la joue et fit de même avec Hugh avant de sourire à Nameless.

-Ce fut vraiment très sympa de faire ta connaissance. Comme tu es chez MTI, on aura l’occasion de se revoir. Et j’espère pouvoir voir qui se trouve en dessous de ce beau masque.

Elle lui fit un clin d’œil avant de se tourner vers Brent.

-A la prochaine, Brento. Merci pour ce concert.

Elle salua Hugh aussi avant de me rejoindre à l’extérieur.

Amon semblait enclin à vouloir me faire dire que je faisais du favoritisme envers BSC. Or, je me permis de mettre en avant tout ce qui faisait, objectivement, qu’actuellement, les groupes et artistes de BSC semblaient mieux gérer les choses. L’exemple de BleedingHeart était assez criant que pour qu’Amon me sorte une grimace. Inutile de jouer au jeu de la joute verbale avec moi, Sørensen, ça ne sert à rien.

Mais lui était sûr que Nameless pourra faire redresser la barre. J’haussai des épaules faisant une petite moue.

-Je n’en suis pas convaincu.

Quant à BleedingHeart, Amon disait que j’avais descendu leur premier album lorsqu’ils étaient chez MTI alors que j’avais fait une bonne critique de celui qui était sorti il y a quelques jours. Je soupirai, lassé qu’il pense que je faisais du favoritisme. J’en faisais mais je n’allais tout de même pas le dire ouvertement devant l’amant de ma femme !

-Leur premier album n’était pas au point. Ils ont bien évolué et j’ai salué cela.

Ce fut sur le travail d’Amon qu’on s’attarda, ensuite. Il prenait des photos pour agrémenter ses prochains mensonges. Il avait, visiblement, l’intention de lancer la rumeur d’une rupture entre Julian Hughes et sa femme, Olivia. Il basait ça sur des observations qui me paraissaient peu suffisante que pour valider une rupture. Amon expliqua que lors de l’inauguration du yacht de Ricci, Julian s’était retrouvé seul très tôt et que, de toute façon, il avait développé un flair pour ce genre de chose. Je ricanai.

-C’est surtout que tu as envie que ça soit vrai parce que tu es un journaliste people… Tes preuves restent quand même pauvres.

J’avais avoué que je croyais plus promptement que Crusher sorte avec Hill plutôt qu’une rupture entre les jeunes Hughes. Amon, lui, croyait dur comme fer à sa dernière allégation sur les deux acteurs.

-Tu sais Amon… Tant que l’un ou l’autre ne l’aura pas confirmé, je ne serais pas sûr que c’est vrai. Je n’ai aucune confiance en ton flair. Et vivre chez quelqu’un ne veut pas dire qu’on couche avec.

On regarda la fin du concert de Nameless. Un concert qui semblait ne pas avoir plu à Victor Hunter. Un avocat qu’Amon ne portait pas dans son cœur. Il crevait, pourtant, d’envie d’écrire sur lui. Amon semblait avoir peur d’Hunter certainement parce que c’était un avocat ce qui lui valu une pique de ma part. Amon rétorqua que ce qu’il avait écrit était peut-être vrai, malgré tout. Je ricanai. Encore une fois, il n’en était pas sûr… C’est affligeant ce manque de professionnalisme.

Le public voulait le retour de Nameless sur scène. Mais, encore une fois, Amon continua de me piquer sur mon soi-disant favoritisme. Ça devenait clairement fatiguant. Je finis par dire que pour descendre quelqu’un, je n’avais pas besoin de me déplacer mais Amon déclara que je devais bien donner l’illusion de faire du travail pro. Je roulai des yeux. Tant de bassesse ne valait pas vraiment que je rétorque, en fait. Quoi qu’il en soit, Amon était persuadé que je cachais quelque chose.

-Amon… Arrête de penser que tout le monde cache quelque chose. Je sais que tu es journalistes people mais il faut prendre des pauses de temps en temps.

Je dis ça en affichant un petit sourire en coin.

Nameless fit encore deux chansons et je donnais ma critique finale. Amon n’était pas d’accord avec moi, je l’avais bien compris aussi. Je vis Victor se déplacer vers Brent ce qui me fit dire que je n’aurais pas à donner ma critique à Brent. L’avocat le fera pour mieux et, comme le dit Amon, tout le monde pourra la lire ma critique. Je souris.

-Exactement !

Je finis par lancer une pique à Amon demandant s’il allait aller écrire sur Livia et Julian avant de préciser qu’ils avaient aussi des avocats. Mais Amon déclara que les deux jeunes gens ne l’avait pas encore menacé ce qui, au vue de notre conversation, ne semblait pas être le cas d’Hunter. Je ricanai.

-Pas encore.

Tu fais bien de le préciser Amon. Car il ne faut pas oublier que l’avocat de Jimmy Reed, qui est le père de Livia, est Victor Hunter.

Amon me quitta alors disant qu’il avait de l’inspiration à trouver. J’hochai de la tête.

-Bonne chasse, alors.

La chasse aux mensonges.

Sur ce, moi, j’en avais terminé ici. J’avais tout ce qu’il me fallait pour rédiger une critique. Je quittai alors le bar après avoir terminé mon verre.

J'étais assis à la table  et Brent me donne mon verre avec une paille. Je me mets à boire avec la paille qui passe sous mon masque. Je suis là et je profite de la discussion avec Hugh et Carrie, j'ignore complètement Victor parce que pour moi, c'est un con et les cons, je les ignore.

Merci Hugh, ça me fait vraiment plaisir et avec ce que tu me dis, ça me motive encore plus si tu aimes ce que je propose. J'ai été inspirée pour écrire.

Puis vient au tour de Carrie de me complimenter.

Merci beaucoup Carrie ! Et je vous fais une promesse, je vous dédicacerai votre exemplaire de mon album !

Je peux au moins faire ça, c'est le minimum. Je vois que Victor boue de l'intérieur et ça me fait bien rire intérieurement. Puis Brent vient me parler des émotions et du masque sur la tête, il avait peur que je n'arrive plus à communiquer avec le public, je le regarde en souriant.

Tu sais Brent, ça fait des années que je joue avec mon masque maintenant, c'est autoroute, je peux transmettre des émotions juste dans la voix et les gestes.

Puis soudain, Victor tape du poing sur la table et se met à gueuler. Je ne comprends rien parce que j'ai activé mon filtre anti-con. Je le vois partir et Carrie qui s'excuse. Je la vois partir et elle me dit qu'on aura sûrement le temps de se voir, chez MTI.

Évidemment que nous aurons le temps de se revoir, je suis aux studios pratiquement tous les jours !

Puis, quand ils sont partis, je regarde Brent et Hugh en riant.

Je ne suis pas sûr, mais je crois que je l'ai vexé, nan ? Pas grave, je suppose que je ne perds rien !

Je finis par terminer mon verre.